samedi, mai 31, 2008

Le changement

Il y a les changements radicaux, impulsifs. Les coups de tête, ceux qui nous font bouger alors que l'instant d'avant, certains aspects de notre vie nous paraissaient suffisamment convenables pour qu'on ne les remette pas en question. Ceux-là sont des "inspirations divines", ceux-là font que l'on décide de quitter notre emploi subitement en se sentant prêt à en assumer toutes les conséquences sans nécessairement avoir de filet. Le changement se passe bien et on rit d'étonnement d'avoir fait une chose aussi rationnellement insensée, mais nécessaire pour s'aérer l'esprit ou demeurer fidèle à soi-même.

Parce que ce sont eux qui nous rendent le plus fiers, ceux dont je veux vous parler sont cependant les changements longuement mûris, ceux vers lesquels on aimerait converger sans toutefois sentir en soi suffisamment de courage, de solidité et de volonté pour y accéder. Ceux qu'on sait envisager sereinement avec notre tête sans sentir en soi l'appui total, entier et essentiel du coeur et de l'esprit qui assureront la solidité de notre décision quoi qu'il arrive.

Dans La maison sur la falaise -un de mes films préférés-, le père explique à son adolescent rebel que ces changements-là sont merveilleux parce qu'ils peuvent demeurer longtemps en latence et que dès qu'ils se mettent à s'amorcer en nous, on ne se rend même pas compte que le processus est enclenché. Un jour, on sent que la force nous habite et on s'en étonne parce que durant des mois ou des années, le changement n'était ni envisageable ni perceptible tant il demeurait au stade de fantasme. Pourtant, intérieurement, clandestinement, tout était en branle dans les plus insoupçonnables racoins de nous-même.

Subitement, tout devient clair. On sait. On est prêt. On fait le grand saut: on déménage; on part à l'étranger; on quitte sa sécurité; on règle une vieille querelle; on met fin à une relation qui nous rend malheureuse; on décide d'avoir un enfant; on affronte avec une force tranquille la personne qui nous effraie le plus; on cesse de s'exposer à une personne dont on savait l'influence négative sur nous, on cesse d'endurer ce qu'on tolérait par dépit, on prend un taureau -quel qu'il soit-par les cornes.

J'aime ces changements. Ils m'émeuvent parce qu'ils ont du mérite. La femme qui sait avoir la force de quitter son conjoint violent, l'exploité qui décide que ÇA SUFFIT, la personne tellement tolérante d'une situation insensée qu'elle se fait violence et s'éteint à petit feu. Quelle remarquable fierté que de pouvoir dire: "Je l'ai enfin fait!"

J'ai de l'admiration et du respect pour ceux et celles qui répondent à l'appel de détresse de leur intégrité intérieure, qui n'en peuvent plus d'avoir l'impression de se mentir, qui passent à l'action pour continuer de se sentir vivants.

Peut-être certains de mes lecteurs/trices en sont-ils là dans leur vie. Si tel est le cas, sachez que dans un silence pas si silencieux que ça, j'ai une pensée d'admiration pour vous.

Les traîneries

Ce qui est moche avec les traîneries c'est qu'on perd plus d'énergie à essayer de responsabiliser les fautifs (ce n'est bien sûr jamais personne) pour qu'ils se ramassent qu'en rangeant tout soi-même avec la triste et dévalorisante impression d'être la bonniche de la place.

jeudi, mai 29, 2008

Jacques


Voici Jacques. Un rescapé. Un kidnappé, en fait. Tout-Doux est tombé involontairement sur le nid du couple de colverts et émerveillé, il a voulu partager sa découverte avec ses amis en subtilisant un des oeufs.

Grand-Charme, après avoir fait la leçon à son frère sur le kidnapping du pauvre oeuf qui sera désormais loin de sa famille, a négocié l'entente suivante: l'oeuf contre deux bonhommes Lego. Tout-Doux (culpabilité aidant), n'a pu résister. "De toute façon, soutenait Grand-Charme, c'est moi le plus responsable avec les animaux entre nous, c'est donc naturel que ce soit moi qui m'en occupe."

Après recherche sur le Net, il semble que ce soit bel et bien un oeuf de colvert. Grand-Charme l'a installé douillettement sous lampes, pailles et mousse de toutou éventré spécialement pour l'occasion. Il a pris des notes sur les soins à apporter au futur caneton.

J'ignore si nous réussirons à le mener à l'éclosion et à nous en occuper mais pour l'instant, tout le monde ici se soucie du sort de Jacques.

J'espère que la cane ne détruira pas son nid (qui comptait une dizaine d'oeufs) sous prétexte qu'il a été découvert. J'en serais fort attristée. J'ignore aussi si un caneton de colvert pourrait survivre sans modèles parentaux ni fratrie malgré nos bons soins et notre volonté.

Enfin. Ne pas mettre la charrue devant les boeufs. Devant tant d'enthousiasme infantil, si l'oeuf de Jacques réussit à survivre à cinq enfants aussi bienveillants (à outrance), ce sera déjà un exploit.

mercredi, mai 28, 2008

L'éthique vs la logistique

Je vous ai déjà parlé de la préparation des lunchs ici. Avec les mille restrictions de l’école (dues aux nombreuses allergies alimentaires) et les goûts individuels des enfants, c’était déjà mon cauchemar.

Ce calvaire, je l’ai réglé (en partie) en début d’année scolaire en décrétant que chaque enfant devait préparer lui-même son lunch. Mon boulot est de leur fournir ce qu’il faut, à eux d’assembler selon leurs goûts!

Je tente de varier mais il est hélas ardu de plaire à tous en même temps, à mon capricieux en particulier qui n’est jamais satisfait de mes innovations pour faire changement des sandwichs.

Je rentre du dernier conseil d’établissement de l’année. On nous y annonçait une nouvelle politique de la commission scolaire (découlant d’une volonté du MELS d’accentuer l’éducation en matière de santé, une initiative avec laquelle je ne peux qu’être d’accord, d’autant plus en pleine lecture de Toxic).

Toutefois, cela signifie l’ajout de nouvelles restrictions que l’école devra « imposer » aux parents. Je vous avoue que j’éprouve une certaine difficulté avec toutes ces restrictions dont plusieurs liées aux allergies. Je comprends très bien que les enfants allergiques ne le sont pas de mauvaise foi et que leurs parents doivent vivre une certaine angoisse de savoir leurs petiots possiblement en contact avec des allergènes ailleurs qu’à la maison. Je le serais aussi.

Ils demeurent cependant la minorité qui régit le bagage de contraintes alimentaires imposé à l’ensemble. Cela devient d’une désespérante complexité à gérer pour les parents (Dieu merci, à la maison, aucune restriction). Au summum des contraintes des dernières années, à cause des allergies, les enfants ne pouvaient manger de noix (on y est habitués), de graines de sésame (pas de pain de grain ou quoi que ce soit contenant l’huile de la graine), pas de kiwis. Dans l’une des classes, un élève était allergique aux protéines bovines donc aucun produit laitier. Plusieurs enseignants refusent les fruits juteux (trop de dégâts à ramasser) en classe et non recommandation des fruits séchés par les hygiénistes dentaires qui font la visite des écoles, donc pas de dattes, raisins secs, abricots séchés.

Le dernier critère à considérer est la préférence de l’enfant.

L’enfer.

Après quatre (cinq?) ans comme membre du C.É., j’ai enfin osé la question qui tue, la question immorale, la question qu’il faut vite taire avant que le Journal de Montréal ne débarque dans la place avec un titre-choc à vous ruiner la conscience pour le reste de vos jours: pourquoi ne serait-il pas possible de faire dîner ensemble les enfants présentant des allergies?

L’entendez-vous, la lame du couperet qui a failli me trancher la tête?

Pas éthique. On ne peut pas ostraciser les enfants allergiques.

« Le but de l’exercice n’est pas de faire la ségrégation mais de permettre à des enfants présentant des contraintes semblables de manger ensemble en sécurité sans contraindre la majorité qui s’ajuste à ses propres dépends ».

Silence. Malaise. Il ne faut pas jouer sur les marges de l’éthique, surtout pas pour des questions de logistique.

On divise les jeunes pour d’autres raisons sans condamnation. Service des dîneurs et service de garde sont séparés le midi pour une question de logistique. Élèves de morale séparés de ceux en enseignement religieux (un « problème » qui disparaîtra l’an prochain), les classes de EHDAA sont isolées aussi. Certains parents envoient leurs enfants dans des camps d’handicapés pour les services adaptés qu’ils offrent. Est-ce de la ségrégation?

Je m’adapte. Nous le faisons tous. Je le fais dans d’autres circonstances sans problème avec les amis musulmans des enfants et je le ferais pour un ami allergique. Parfois, cela me pèse plus que d’autres. Cette fois je suis chatouillée. Beaucoup. Aucunement par la direction de l’école de mes enfants ou les enfants qui présentent des allergies. Ils n’ont rien demandé, eux.

Ce qui me chatouille, c’est cette tendance des dernières années à tout servir à la « sauce éthique ». Le jeune garçon isolé dans une « cage » (!) il y a quelques mois, quel plat les médias en ont fait pour dénoncer « l’odieux » d’une situation simple : le jeune dérange l’ensemble, il est mis à l’écart du groupe, point. Pourquoi en faire un drame?

Ce qui me chatouille, c’est qu’enseignants et directions voient leur latitude de manœuvre grandement réduite par l’épée de Damoclès qu’est « l’éventuelle première page du Journal de Montréal » si jamais un parent est insatisfait de quelque chose qui doit être étiré longtemps pour rentrer dans la petite case « pas éthique ».

J’ai parfois l’impression que les minorités (et je ne fais nullement référence à ce dont on parle dans les médias depuis une semaine) font plus de bruit que les majorités.

Pour colorer un brin davantage le portrait des dîners, notre direction nous a informé avoir un gros problème de gestion avec les fours micro-ondes à l’école. Trop de lunchs à réchauffer, les surveillantes du midi deviennent des préposées au réchauffement en détriment du groupe à surveiller, on ne sait plus où stocker les nombreux fours, on a tenté plusieurs solutions mais la situation est tellement problématique qu’on songe (officieusement) à bannir les fours à micro-ondes.

Idéaliste que je suis (et comme notre école vient d’embarquer dans un projet éco-citoyen), j’ai proposé que deux fois par mois, chaque parent prépare un plat pour l’ensemble de la classe de son enfant. Logistiquement, ce serait tellement plus facile de préparer une grosse bouffe deux fois (X 3 enfants dans mon cas) qu’un lunch chaque jour.

Ma naïve idée a bien amusé le corps enseignant/direction. Je suis encore trop idéaliste, les parents n’embarqueraient jamais dans un tel projet et on se retrouverait encore avec le problème des allergies et des contraintes alimentaires de certains.

Bref, c’est désespérée que je m’en vais au lit avec mon idéalisme!

PS. La directrice parlait d'éducation, de suggestions de menus comme outils pour les parents. Vous avez sans doute toutes-tous déjà lu ce dépliant couleur remis par l'école et émis par le Ministère de la Santé (?) avec plein de trucs pour présenter des lunchs épatants et diversifiés.

Vous, parents, vous vous donnez vraiment la peine de découper des formes mignonnes de ti-animaux dans la mie des sandwichs de vos marmots, d'éplucher les pelures de concombres une rangée sur deux pour faire joli, de couper des formes farfelues à vos légumes -variés, bien entendu- pour que votre enfant saute de joie en se disant "Youppi, des bons bons légumes! Miam miam miam, j'ai hâte d'en manger!" en voyant son alléchant plat de crudités?

Oui? Alors vous voilà mes nouveaux idoles.

Être ou ne pas être...baveux

En ce qui me concerne, une contravention débute fort mal une journée. Pour être honnête, ça la bousille entièrement. C’est humiliant, frustrant, culpabilisant. C’est honteux, odieux, monstrueux.

Après une contravention, je rentre chez moi en larmes à coup sûr. Doublement si je baigne dans les hormones de l’émotivité extrême. Je m’effondre d’avoir été prise en défaut, gyrophares comme une loupe géante sur ma scandaleuse faute (dans ce cas-ci, avec un Frédéric qui répète son leitmotiv pendant que j'attends en voiture: "C'est la poliiice, maman, c'est la poliiiice!?).

Ma journée fut donc horrible, non productive, infertile et moi, impatiente, sarcastique, intolérante.

En rentrant du travail, mon homme trouva une larve au bord des larmes sur le divan. Inquiet de mon silence, il me questionna et du bout des lèvres, je lui avouai ma terrible bévue: un stop américain. Trois points de démérite, 154$ d’amende et une innommable humiliation. La deuxième en deux ans.

La compassion de mon homme fut brève et entrecoupée de vacheries sur le thème des points de démérite perdus et de ma conduite.

Son assaut final arriva alors que je préparais le souper « aidée » de mon fidèle Lélic.

-T’as tellement l’air déprimé mon bel Amour!

Je n’entendais pas à rire.

« J’ai eu une très vilaine journée » me justifiai-je lamentablement en rajoutant les concombres dans la salade.

Se délectant déjà de son jeu de mots, il me lança avec une compassion tout ce qu’il y a de plus bidon un : « Ooh! Mon pauvre Amour! Je pense que ce dont tu as besoin, c’est d’un vrai moment d’arrêt. »

(Et moi qui croyais que la solidarité amoureuse était possible avec cet homme. Pfff!)

mardi, mai 27, 2008

L'ingérence et le stéréotype du banlieusard

Je ne connaissais guère le stéréotype du banlieusard avant de rencontrer mon homme, un citadin se complaisant dans son urbanité en positionnant avec suffisance son illustre personne au-dessus du malheureux banlieusard.

C'est donc lui qui pallia à mon inculture quant à la réputation apparemment répandue du banlieusard: citoyen misant grandement sur les apparences, amoureux de son BBQ, taillant sa haie à la perfection tous les samedis matin pour s'assurer que celle-ci ne soit pas surpassée en beauté ou en égalité par celle du voisin, lavant sa voiture avec soin et amour en s'assurant de faire mousser généreusement la blanche broue, arrosant son asphalte et se gonflant le torse de fierté en la sachant exempte de toute encombrante saleté et jouissant bruyamment en réalisant des motifs lignés parfaitement parallèles sur son parterre en tondant la pelouse. En tout temps, donc, s'assurer que sa demeure soit irréprochable et/ou à tout le moins aussi épatante que celle du voisin.

Native du Bas-du-Fleuve ayant grandi dans les Cantons-de-l'Est et vécu la fin de mon adolescence à Anjou, je n'avais jamais entendu parler de ce stéréotype (je n'aime pas de toute manière me conforter dans des stéréotypes).

J'habite en banlieue depuis presque onze ans et jamais encore je ne me suis identifiée par mes agissements, ma mentalité ou mes rites au mythe de la banlieusarde. Jamais non plus je n'avais été dérangée par la dévotion de certains voisins à l'égard de leur bijou de terrain. Je ne me sens nullement en compétition avec eux et ne souffre pas d'habiter la maison la moins bichonnée du quartier.

Non, je n'avais jamais été dérangée par l'amour-propre résidentiel de quel que pair que ce soit.

Sauf comme aujourd'hui, quand on se mêle de mes affaires. Quand il y a ingérence. Quand on me passe innocemment un commentaire sur la hauteur ou l'asymétrie de ma haie, qu'on fasse la moue parce que je fais brûler occasionnellement des feuilles dans mon poêle extérieur, qu'on passe des commentaires désobligeants sur la "négligence esthétique" de mon chez-moi pouvant potentiellement porter ombrage au leur.

Notre terrain est envahi de pissenlits? So what?
Notre cabanon est vieux, laid et tombe en ruines? So what?
L'arbre au bout de notre jardin avait vilaine mine l'an dernier? So what?
Des jouets traînent partout sur notre terrain. Est-ce la responsabilité d'un autre de les ramasser avant de tondre sa sacro-sainte pelouse?

Aussi dévoués, gentils et agréables puissent être nos voisins, certains commentaires passent de plus en plus difficilement.

Vivre et laisser vivre, c'est possible? En banlieue, je veux dire?

Comment faire paniquer ses jeunes en six étapes faciles

1. Considérer avec ouverture et clarté d'esprit la série de contrôles que votre jeune vous présente.

2. Féliciter le jeune pour ses bons résultats en mathématiques, français, éducation à la citoyenneté.

3. Laisser votre visage s'assombrir sans pudeur devant les résultats d'anglais.

4. Réitérer à voix haute pour vous-même cette idée du camp d'anglais auquel vous songez depuis qu'un autre de vos jeunes vous a présenté des difficultés similaires.

5. Après signature des contrôles de votre enfant, débuter sur le Net une recherche sur les camps d'anglais disponibles dans la région en lui expliquant qu'une immersion leur serait académiquement bénéfique.

6. (Tenter de) Ne pas tenir compte de la tempête que votre jeune est en train de tenter de soulever en courant alerter son (récalcitrant de) frère que "mauvaise nouvelle, cette fois, je pense que maman est vraiment sérieuse"!

lundi, mai 26, 2008

Il fallait bien que ça finisse par arriver...(édité)*

...Vous savez, ce moment où la présence d'un de nos parents nous gêne au point où l'on voudrait se fondre dans la masse, dans le sol ou dans...un arrêt d'autobus!

Je n'avais pas saisi, ce matin, lorsque Fils Aîné avait refusé que j'aille le chercher à l'école après ses cours, que son prétexte que "l'autobus était plus fiable" ne faisait nullement référence à ma non-ponctualité.

Après être allée conduire Grand-Homme à l'école où il enseigne après notre dîner, j'aperçus mon aîné à l'arrêt d'autobus discuter avec son ami. Je m'approchai dudit arrêt, pensant que le premier fils que j'ai engendré serait heureux du lift fiable qui s'offrait à lui.

Eh bien non. Il m'avait vue aussi. Et son visage souriant se drapa instantanément d'une espèce de désir de passer inaperçu, de ne pas s'encombrer de sa mère dans ce moment qui lui appartenait. Il me fit signe de ne pas m'arrêter et de poursuivre mon chemin.

J'éclatai de rire seule dans la voiture en respectant sa demande. Parce que, voyez-vous, je ne voyais pas ce jour où l'aîné de mes enfants, un de mes plus affectueux, celui qui cherche encore parfois à prendre tendrement ma main en marchant dans les centres d'achats, celui qui vient gentiment m'embrasser avant de partir pour l'école, celui qui me dit régulièrement qu'il m'aime, celui qui fait toujours attention à sa façon de me dire les choses pour ne pas me blesser, me repousserait pour préserver la bulle de l'intimité de ses amitiés.

Ce jour est arrivé. Une petite (nécessaire) brisure. Une sorte d'envol pour lui, une forme de rejet pour moi. Pas un rejet triste ou négatif, non. Un rejet comme la première vraie fois depuis la phase d'autonomie qu'on ose réellement dire: "Cette fois, je n'ai pas besoin de toi". Allez savoir pourquoi, cela me fait tout chaud au coeur que mon grand garçon ait osé.

*Après lecture de ce billet, mon fils m'expliqua que son embarras était issu non de ma personne mais du bordel à l'intérieur de notre voiture (dont le copain en question aurait été témoin puisque je lui aurais inévitablement offert un lift...:) )

Un merci moelleux

Un costaud et bien moelleux merci à vous, fidèles lectrices et bienheureux lecteurs, qui avez pris le temps de m'offrir (ainsi qu'à Fils Aîné) votre appui pour le Blog'Or 2008.

Grâce à votre support, Fils Aîné s'est vu mériter le prix du Meilleur second rôle masculin (il vous témoigne d'ailleurs sa gratitude dans un poignant discours lors du Gala).

Vos votes m'ont permis de recevoir le prix pour la Rigueur de la langue écrite (que mon présentateur a renommé d'une façon absolument charmante qui me plait beaucoup).

Je suis d'autant plus touchée d'avoir reçu ce prix que les candidats de cette catégorie étaient des blogueurs dont la profondeur, la grâce et l'intelligence du verbe me scient le coeur par ce qu'ils suscitent en moi plus souvent qu'autrement.

Merci donc à vous tous, mes lecteurs-trices dont j'apprécie le passage quotidien!

dimanche, mai 25, 2008

En ligne!

La blogosphère attendait avec impatience le fruit du labeur, du génie et de la créativité de La fêlée et de L'ex ivrogne dans le cadre de leur Gala blogu'Or 2008.

Vous pouvez en visualiser le bijou 3D ici.

Cela vaut la peine de le regarder du début à la fin pour l'apprécier à sa juste valeur (et apprécier du même coup mon allure 3D avec taille de guêpe et poitrine digne de mes plus grosses montées de lait Pamela Anderson)!

vendredi, mai 23, 2008

Le plaisir

Quels sont les moments de plaisir pur de votre vie?

Les miens ont tous une chose en commun: ils sont tous liés à une intense vulnérabilité.

L'amour et le plaisir charnel

Être entièrement à la merci de quelqu'un d'autre qui pourrait me faire énormément souffrir s'il était mal intentionné.

Le plaisir charnel intense ouvre l'âme autant que le corps.
Ai-je déjà ressenti une souffrance aussi béante que la première fois que nous avons fait l'amour après la mort de notre enfant?

Le plaisir d'une beauté si grande qu'intensément remuante

Le plaisir de me retrouver devant un paysage à couper le souffle (essentiellement pour moi les sommets de montagnes): l'intensité merveilleuse de ce sentiment d'être infiniment petite dans ce monde si majestueux, l'impression que le simple fait d'être là me rend totalement vulnérable mais me saoûle également à la fois de pouvoir et d'invulnérabilité (pour emprunter les mots si beaux d'Elizabeth Smart dans À la hauteur de Grand Central Station je me suis assise et j'ai pleuré).

Le plaisir de la musique

Jouer de la musique, doublement si c'est en harmonie avec quelqu'un d'autre. Produire de la musique, ressentir le fruit de sa musique, en être ému, se sentir vivant, en osmose avec elle.

Jamais je n'oublierai les yeux de mon père lorsqu'il jouait de la musique. Ils roulaient dans l'intensité du bonheur du moment présent. Les expressions de son si beau visage étaient régies par les notes qu'il jouait. Il chantait, son corps ondulait naturellement au rythme de ses accords, son corps et son âme se fondaient en une seule et même entité, il était au diapason de lui-même.

Le piano à quatre mains avec mon professeur. Même dans des pièces fort simples, le sentiment de faire partie d'un tout, de contribuer à nourrir l'harmonie était si intense que j'en aurais pleuré de bonheur. Idem lors des trop rares duos piano-violon avec mon homme. La musique nous coule dans le moment présent.

Les enfants

Dans des moments où la dynamique est particulière entre eux, où l'interaction, l'entraide, l'humour, les folies font d'eux la parfaite réussite à vous rendre ému de fierté (jusqu'à l'exaspération qui suivra parce que quelque chose aura inévitablement détruit ce si parfait moment).

Un de ces moments: il y a quelques jours, Fils Aîné entraînait ses frères dans une chorale, expliquant à l'ensemble ce qu'il attendait d'eux. Il fit alors jouer Fa la la, une pièce de Bundöck qu'il aime particulièrement. Fils Aîné s'attribuait les paroles de la chanson et ses frères devaient réciter les arrière voix de "Fa la la la la, la la la la". Tout le monde y mettait du coeur, l'harmonie était parfaite et ils recommencèrent plusieurs fois pour étirer le plaisir.

Frédéric, attiré par le plaisir contagieux au sous-sol, descendit rajouter sa voix à celles de ses grands frères tandis que Grand-Homme et moi finalisions le souper en riant de bon coeur de ce si parfait moment.

Le rire

Le rire est parfois si proche des larmes qu'une simple question de dosage peut tout faire basculer dans les pleurs pour drainer la trop dense émotion d'un moment de bonheur débordant.

Pourrait-on ressentir la pureté du plaisir si l'on ne savait du même coup se rendre vulnérable, ouvert à l'autre?

jeudi, mai 22, 2008

Les numéros

Tout-Doux, sautillant sur le chemin de pierres de la cour tandis que je désherbe mes plates-bandes: "Maman, est-ce qu'il y a des numéros sur les roches?"

-Non, pourquoi?

-Ah. C'est parce que j'ai entendu dire que certains animaux comme les tortues et les kangourous léchaient les roches pour avoir leurs numéros.

(J'avoue humblement que j'ai mis quelques secondes à allumer sur celle-là!)

De la paresse horticole

Habituellement, à cette période de l'année, ma folie du jardinage est déjà commencée: j'ai fait le tour de mes plates-bandes, repéré les pousses de mes vivaces qui s'éveillent, me suis mise maintes fois à quatres pattes sur le sol humide pour humer l'odeur sublime des jacinthes, ai désherbé les pissenlits qui poussent à travers le phlox rampant, ai visité la pépinière plusieurs fois en me demandant quelle plate-bande j'agrandirais cette année pour être certaine que TOUTES les vivaces que j'aime aient une place, le potager est déjà prêt et je suis aux anges à guetter la progression de mes nouvelles amies.

Cette année, niet. Pas trouvé le courage et l'énergie de tout nettoyer. La cour est bordélique, le gazon est long, mes plates-bandes s'y perdent, tout a l'air abandonné à l'heure où les lilas sont déjà en fleurs. Grosse, grosse paresse horticole.

***

Triste constat depuis deux jours: le beau mâle du couple de canards colvert vient seul faire trempette dans notre piscine. Le couple, qui nous est fidèle depuis huit ans, se serait-il défait? Je m'inquiète pour la femelle. J'ignore si elle s'est isolée pour aller pondre ses oeufs ou si elle s'est faite tuer. Le beau mâle a l'air si triste sans elle (d'accord, les canards ne connaissent peut-être pas la tristesse mais moi, ça m'attriste de les savoir séparés)!

L'humour du pharmacien

Après un mois d'éternuements incessants, je me suis décidée hier à aller consulter le pharmacien. C'était apparemment le doyen de la place.

Je lui explique que depuis que j'ai mis les pieds à Cuba, éternuer constitue une importante activité de fond de toutes mes journées. Je lui parle de mes symptômes d'allergies alors que je n'en ai jamais eu de ma vie.

Après un blabla à-propos sur les allergies, il me suggère des anti-histaminiques. Je m'en étonne (c'est supposé être proscrit durant la grossesse) et lui signale que je suis enceinte.

"Oui-oui, j'ai remarqué que vous vous étiez fait piquer par une grosse abeille." lance-t-il les yeux pétillants.

J'offre un sourire se situant entre un "Que vous êtes drôle!" et un "Quel culot!" surpris.

"...et son dard..." qu'il murmure pour lui-même, semblant apprécier beaucoup son humour.

Je sais pas pour vous mais pour ma part, je préfère le genre cinglant du Dr. House...avec d'autres que moi.

mercredi, mai 21, 2008

De la culpabilité...et des droits

J'admire la zénitude de ma sage-femme. Elle est toujours rayonnante, souriante, désinvolte, ne s'en fait pas pour rien. J'aimerais avoir son indulgence, son équilibre, sa sérénité.

Je lui racontais hier les nombreuses manifestations de mon incessante culpabilité: culpabilité de ne plus avoir envie de lire d'histoires avant le dodo des petits, culpabilité de ne pas offrir à mes enfants chaque soir un repas parfaitement équilibré, culpabilité parce que j'élève le ton, culpabilité de n'avoir plus beaucoup de patience en soirée, culpabilité si un de mes enfants fait des niaiseries qui pourraient découler du fait qu'il se sent négligé parmi la fratrie, culpabilité parce que je regrette certaines de mes paroles envers l'un d'eux, culpabilité de manquer d'enthousiasme pour certaines choses, etc.

Cela l'a bien fait sourire. Elle m'a parlé des droits des mères: droit d'être lasse ou fatiguée, droit de préparer un repas moins santé de temps à autre, droit d'être indulgente envers soi-même, droit de décrocher du syndrôme de la performance, droit de simplement être soi-même avec ses faiblesses, droit de se mettre la barre moins haute pendant une période demandante comme la grossesse.

C'est si facile avec sa philosophie! Même avec l'impression d'être une mère moche le soir où le repas que je sers à ma famille me gêne, elle arrive à me faire voir une même situation sous un angle autre.

Est-ce la voie du lâcher-prise? J'avais l'impression de m'en rapprocher depuis un certain temps, de choisir judicieusement mes batailles mais je constate que j'ai encore du chemin à faire!

mardi, mai 20, 2008

L'avantage des grands

L'avantage d'avoir des grands, c'est qu'ils peuvent maintenant être nos alliés en ce qui concerne les mythes et légendes entretenues pour l'imaginaire fantastique des petits.

Il y a quelques années à peine, Fils Aîné tenait tellement à démontrer qu'il faisait partie des grands qu'il trahissait avec bonheur les secrets de leur Ordre. Il a beaucoup gagné en discrétion et en humilité depuis.

Il y a deux semaines, nous avons déménagé Coco (6 ans) de chambre. Il dort maintenant dans la même pièce que le plus grand des grands frères, qui avait toujours eu sa chambre à lui seul.

J'expliquais à Fils Aîné que je ne comprenais pas pourquoi la Fée des Dents ne passait pas depuis que Coco partageait sa chambre. Peut-être était-elle intimidée par la présence d'un ado qui se couche plus tard? Pauvre Coco, quatre matins de suite, il se réveilla déçu, tentant de trouver par lui-même la raison pour laquelle il avait encore été oublié.

Saisissant ma subtilité, Fils Aîné ne fit que sourire et tendit naturellement la main: "Donne-moi l'argent. Je m'en charge dès qu'il sera endormi." La chose fut faite et il remonta aussitôt me livrer la précieuse marchandise d'ivoire.

Coco fut enchanté le lendemain parce que non seulement il avait reçu l'argent pour sa dent, mais la Fée avait même prit la peine de lui laisser une note d'excuse pour le retard.

C'est-y pas pratique d'avoir des alliés pareils?

Se mouiller

Voilà. Stop. C'est fait. Stop. Ai abordé quelques éditeurs. Stop. Première approche. Stop. Fébrilité et chienne en simultanée. Stop. Ouf. Stop.

On sait que c'est vraiment le dernier...

...quand on regarde son p'tit dernier de deux ans et trois quarts et que l'on se décourage à l'idée de devoir encore repartir à zéro au niveau autonomie avec un petit bout criant de chair rose dans quelques mois.

Je regardais la maison bordélique il y a quelques jours et faisais le commentaire à mon homme. Regarde ça et imagine...un siège de bébé qui encombrera partout dans la maison...des bains à donner à un nouveau-né...des nuits courtes....du régurgit sur l'épaule au moment de partir chaque fois que l'on est pressé...préparer le souper à un bras en allaitant de l'autre (mon karma)...une période où le bébé ne se tient pas encore bien assis et plante face la première sur le plancher en hurlant (parce qu'évidemment, le bébé plante toujours dans la zone de dix centimètres qui n'est pas coussinée autour de lui)...des jouets de bébé qui traînent (pour s'ajouter aux autres pour lesquels on n'a qu'à crier aux propriétaires de venir les ranger), un bébé qui marche à quatre pattes, donc passer le balai encore plus souvent, laver le plancher encore plus souvent...devoir mettre la barrière dans les escaliers (on vivait tellement bien sans!), courir après les suces pour calmer un bébé en pleurs...(soupir!)

N'allez pas croire que je regrette cet enfant, ce n'est pas du tout le cas, je vous parle simplement de cette certitude physique, mentale, psychologique et émotive que cette fois...c'est vraiment le dernier (quoiqu'en diront mes hormones dans quelques années).

Il y aura une si grande marge entre mon ado de presque quatorze ans (qui est plus technologisé que moi!) et le tout mini qui s'en vient! Mon grand sera déjà à l'université lorsque le bébé rentrera à la maternelle!

J'expliquais à ma sage-femme aujourd'hui que bien que je sois dans une fort agréable période de ma grossesse, je ne sens plus autant d'enthousiasme à vivre l'expérience de la maternité qu'à mes cinq premières (comprenez que la sixième fut elle aussi pénible).

La marmaille est nourrissante et enrichissante pour la mère que je suis, mais elle sait aussi dévorer un grand pan de la liberté que je convoite avec appétit depuis longtemps (bave comprise). L'autonomie des enfants qui grandissent, c'est-y pas de la belle liberté ça!?!

dimanche, mai 18, 2008

Le téléphone

On me dit que c'est pareil ailleurs, que c'est toujours au moment où l'on discute au téléphone que les enfants ont mille sollicitations à nous faire.

Comme je déteste parler au téléphone, j'y vais le plus souvent avec la formule "short and sweet".

Chaque fois, avec les enfants, c'est pourtant pareil: je fais des signes de tête témoignant de mon refus de les écouter, je fais de gros yeux fâchés, je les renvoie à Grand-Homme et dès que j'ai raccroché, je hausse le ton devant leur entêtement à préférer venir me solliciter moi qui suis occupée plutôt que Grand-Homme qui ne l'est pas (ils se justifient chaque fois en me disant qu'il est plus facile d'obtenir quelque chose de moi que de lui).

Leur nouvelle innovation m'indique que je ne suis ni assez persuasive, ni suffisamment autoritaire: ils m'inscrivent sur un bout de papier des petits mots du genre: "Je m'en vais chez tel ami", "Je peux aller jouer au parc?", "Je peux prendre un sandwich à la crème glacée?", "Tu peux me donner de l'argent pour aller au dépanneur?".

Je fais alors les (si peu convainquants) gros yeux en pointant le combiné téléphonique, refuse de lire leurs petits billets, hoche la tête en signe de refus. Rien à faire. Des moustiques qui tournent autour d'un lampadaire en pleine canicule.

N'empêche, il y a quelques jours, après que j'eus dû retourner Tout-Doux qui me suppliait de boire le cooler alcoolisé qu'il simulait savourer pendant que je réglais une affaire au téléphone, je trouvai sa demande suivante tout à fait charmante.

Depuis le début de mes semis il y a plusieurs semaines, il me supplie d'en avoir un juste à lui. Dans le tourbillon des demandes du quotidien (honte à moi), je ne lui ai jamais répondu. La question est revenue sur un billet pendant que j'étais affairée (cliquer sur la photo)...



(...et dire qu'il n'aime même pas les tomates!)

vendredi, mai 16, 2008

Pourquoi

utiliser sa propre brosse à dent pour faire la passionnante expérience de brosser un gros insecte en tentant de le noyer du même coup dans le lavabo quand la brosse à dent électrique de son frère fait si bien l'affaire?

Chocolat!

Pour la fête des Mères, nous nous sommes déplacés en Outaouais pour visiter la famille de mon homme. J'en ai profité pour assouvir ma rage de chocolats fins ici (les leurs sont équitables).

Les enfants me font chaque jour les yeux doux pour avoir droit de piger dans ma réserve. Qui a dit qu'il fallait partager à tous les coups?

Sinon, à Montréal, il y a celle-ci que j'aime beaucoup et dont j'ai par le passé été une très fidèle cliente.

Dans le Devoir d'il y a deux semaines, on parlait d'eux. Une nouvelle à essayer lors de notre prochain passage à Québec.

L'ai-je dit: j'adore les chocolateries!

Bio vs achats locaux

J'ai (encore) annulé mes paniers du Jardin.

Même si c'est toujours un plaisir de les recevoir, même si le service y est excellent, le personnel sympathique et courtois, même si cela me donne bonne conscience, même malgré la fraîcheur de leurs produits.

Nous payons ces fruits et légumes environ 40-45% plus cher que ce que l'on paie dans une fruiterie traditionnelle ou au marché et nous en gaspillons plus (ça, ça ne me donne vraiment pas bonne conscience).

L'été, il y a notre potager, mais il y a aussi ce petit kiosque de fruits et légumes d'un cultivateur du secteur où j'aime bien aller. Je me demande si je ne devrais pas prendre entente avec un cultivateur local même si ses légumes ne sont pas bio. Cela nous coûterait beaucoup moins cher que le Jardin, nous aurions moins de fruits exotiques gaspillés et nous consommerions très frais.

Je pense depuis un bon moment que le bio est (malheureusement) un luxe de riches. D'un côté, c'est normal vu les règles à respecter pour être certifiés bio qui empêchent l'exploitation entière des terres agricoles dont on doit garder de grandes zones vierges mais d'un autre côté, pour les bien-pensants qui ne sont pas nécessairement nantis, ça vous gruge un budget. Il faut faire des choix.

Ce sont les petits producteurs (bio) qui paient pour cet état de fait mais cela n'empêche pas le bio d'être de plus en plus en demande au Québec. J'ai bien envie d'essayer un autre type de paniers, quitte à devoir me déplacer pour aller les récupérer.

jeudi, mai 15, 2008

L'intégrité de la personne

Nous avons reçu récemment à la maison une visite qui m'a pour le moins déstabilisée. J'avais mis en vente un meuble et c'est un homme qui prit contact avec moi pour en faire l'acquisition.

L'acheteur se présente donc à la maison tel que convenu. Oh! Surprise, l'homme se présente comme une femme: traits adoucis par un léger maquillage, seins énormes (lire ici: simplement plus gros que les miens) sous un t-shirt féminin, coupe de cheveux féminine ornant la tête de ce costaud corps d'homme.

Malaise. Je tente de faire abstraction de ces "futilités" physiques pour m'en tenir à la transaction et fais de mon mieux pour éviter tout accord de la langue en genre.
Je bafouille, il est évident que la situation me déstabilise.

Mon homme aide son acolyte à transporter le meuble et Frédéric demande: "Papa pati avec le monsieur?"

-Euh...Papa est parti aider...la personne.

-Ah.

Transaction terminée, Fred demande: "Pati le monsieur?"

Grand-Homme corrige: "Partie la madame".

Moi: "Il faut dire monsieur ou madame?"

Grand-Homme: "Je ne sais pas, mais c'est la première fois que je rencontre une femme qui porte à gauche."

Je descends border mes fils. Grand-Charme demande: "C'était un transexuel?"

-Euh...genre. Je dirais plutôt "travesti".

Tout-Doux rajoute qu'il a aussi remarqué.

Coco demande c'est quoi un "tranche sexuel". Grand-Homme lui explique.

S'ensuit une longue réflexion personnelle et en partie avec les enfants: pour qu'une personne en vienne à changer complètement ses habitudes vestimentaires, son allure et éventuellement, son sexe, il faut que le malaise suscité par son sexe "originel" soit supérieur au poids éventuel (et inévitable) du jugement et du regard des autres (ce qui est énorme en soit).

J'en suis encore secouée. Il y eut la surprise, mais je pense aussi au le fardeau qui a amené cet homme à faire le choix d'affronter le lourd et souvent incommodant regard des autres. Cela demande un courage immense et une intégrité hors du commun!

J'ai beau faire de mon mieux pour ne pas juger, je suis grandement remuée par le calvaire intérieur que devait vivre cet homme pour en venir à choisir de se métamorphoser tranquillement et à s'affirmer ainsi.

J'ai lu il y a quelques mois un blogueur dont j'ai oublié le nom qui parlait de sa propre expérience en la matière. Ça fait réfléchir. Tous les marginaux font réfléchir.

mercredi, mai 14, 2008

Si je n'avais pas eu d'enfants

J'aurais fait de l'aide humanitaire avec tout mon coeur. À l'heure actuelle, je serais peut-être en Chine, au Myanmar, au Darfour ou dans un autre épicentre de misère dont on n'entend pas parler. Je tenterais de métamorphoser ma désolation, mon impuissance et mon amour de l'humanité en gestes concrets.

mardi, mai 13, 2008

Le piano

Il trône dans la salle à manger. C'est un grand clavier, en fait. À tour de rôle, les enfants viennent pianoter, le plus souvent pour nous casser les oreilles avec la multitudes de sons bizarres qu'offre l'instrument.

Tout-Doux a cessé les cours de piano il y a deux ans, après un an et demi de pratique. Il n'était plus motivé et c'était une corvée de le faire pratiquer (à cause de mon manque de discipline). Depuis qu'il a cessé, il pianote plus que jamais. Il explore, patient, absorbé. Je lui demande souvent de fermer le piano car sa musique se fait plus agression que douceur à l'oreille. J'ai toujours su que cet enfant aurait l'oreille musicale, ou du moins de grandes capacités pour la musique.

Tout petit, dans les soirées de famille, il se tenait près des instruments et attendait "l'heure". Lorsque oncle et cousins s'apprêtaient à s'y mettre, il figeait, ne les lâchait pas des yeux, guettait chaque mouvement, chaque ajustement d'instrument, devenait tout ouïe, avalé par les instruments aurant que par la musique qu'ils produisaient.

C'est avec tristesse que je l'ai retiré de ses cours. De toute façon, c'était la guitare qui l'intéressait mais il était trop jeune.

Voilà qu'à présent, Coco, à près de sept ans, s'installe régulièrement devant le piano et explore à son tour. La surprise c'est que lui, chez qui je n'aurais jamais soupçonné une oreille, joue des pièces d'enfants du début à la fin uniquement par ses explorations musicales. Je suis béate de le voir si doué.

Fils Aîné, lui, rêve de batterie depuis qu'il a joué à je ne sais plus quel jeu sur un Playstation (??) chez son ami.

Chaque fois qu'enthousiaste, j'offre des cours, réponse à l'unanimité: NON.

Pourquoi s'encombrer de cours quand on peut simplement s'amuser sans pression?

N'empêche, je rêve secrètement qu'un jour, l'un d'entre eux vienne me manifester son intérêt pour pousser plus loin la musique.

L'accordéon

Chaque fois que je roule seule en voiture, il me semble entendre et voir mon père assis sur le siège passager avec sa guitare, sa voix, son sourire et son visage si radieux quand il jouait. Je ne peux alors faire autrement que de l'accompagner et mon coeur s'emplit de joie.

J'ai sorti mon accordéon -celui qu'il m'a offert parce que ma mère lui avait offert et qu'il ne pouvait utiliser puisqu'il jouait uniquement du musette- et me délecte de ce son qui me rappelle mon père. Comme je paierais cher pour chanter encore avec lui, pour m'immerger dans sa musique!

Je me suis décidée hier à rappeler à cette école de musique -la seule que j'ai trouvée- qui offre des cours d'accordéon. Le problème, c'est qu'elle n'offre que deux absences récupérables par année. Or, le peu de plages horaires disponibles (et mon organisation) de l'école fait en sorte que si je m'y inscris, je devrai immanquablement rater un cours par mois (payé quand même bien sûr).

Je tente donc de trouver un professeur d'accordéon piano. Je me suis informée auprès de l'école des arts de la veillée, mais eux n'offrent que de l'accordéon musette.

Beaucoup d'offres de professeurs d'accordéon existent mais...à Paris! Ça fait un peu loin! Je désespère!

L'approche de L'école des arts de la veillée me plaît beaucoup, mais impliquerait que je me procure un nouvel accordéon (c'est que n'est pas donné ces petites bêtes!).

J'espère vite trouver une solution pour le plus grand bonheur de mon coeur et de mes oreilles (le comble du bonheur: apprendre d'Yves Lambert! Ouf!)!

lundi, mai 12, 2008

Fidèles au poste!


Nos charmants et fidèles amis sont de retour! C'est un réel plaisir de les revoir chaque année!

Qui plus est, j'ai enfin eu un couple de chardonnerets dans ma mangeoire installée depuis Noël! Bon, il y eut bien quelques mésanges cet hiver mais cette fois, ma joie d'ornithologue amateure est au comble puisque cette mangeoire avait été installée spécialement pour eux.

Je n'ai hélas pu prendre de photos car dans mon enthousiasme excessif, j'ai appelé les enfants pour leur partager ma joie. Ils ont tous été discrets pour les observer à l'exception du tout-petit, qui est allé se flanquer directement devant la porte-patio en frappant dans la vitre pour saluer passionnément les "pitit oiseaux". Hmm...

Déception

Je vous ai parlé d'une nouvelle acquisition appréciée par Fils Aîné.

Peut-on se consoler qu'au moins l'un de nous ait apprécié? Le premier livre du coffret à faire rougir m'a déçue. Je m'attendais à plus de subtilité pour ce type de littérature. Si l'auteure possède l'imagination fertile, elle possède moins l'art d'écrire et de surprendre: j'ai trouvé la plupart des nouvelles aussi prévisibles que les dialogues...

Et si...

Je regardais mon petit homme de deux ans et demi cette semaine si enclin à embarquer dans nos niaiseries, comptines, chansonnettes, à répliquer aux blagues avec enthousiasme, à faire de l'esprit taquin et je m'émouvais devant l'épanouissement de cet enfant.

Je me demande si par sa simple position dans la famille, cet enfant aurait été aussi choyé si Thomas avait été encore avec nous. Avec du recul, Frédéric a été (et est encore beaucoup) un réceptacle à câlins de tous (comme Thomas l'était aussi), y compris ses frères. Il est souvent gâté (même si je déteste ce qualificatif quand on parle d'enfants, je dois admettre qu'il l'est), surprotégé, bénéficie d'une attention supérieure aux autres enfants, qui reconnaissent le statut de bébé-chouchou de leur frère en l'alimentant eux aussi quand ils ne se moquent pas gentiment des petits caprices du jeune homme.

Malgré qu'il soit extrêmement affectueux, je me demande si les excès d'amour reçus depuis deux ans le feront souffrir après la naissance du bébé. Je me demande si la présence parmi nous de son frère malheureusement décédé aurait modifié les impacts de tout ces excédents d'amour et de protection reçus sur sa personnalité. Je me demande de quelle façon il est en train de conceptualiser la mort.

Ce matin, durant notre séance de colle-colle au lit, il a abordé la question de lui-même pour la première fois: "Papi est dans ciel avec Thomas? Papi est pati? Ahh. Ouiii."

Je lui raconte régulièrement des anecdotes sur Thomas. Quand il m'en reparle, questionne, valide naïvement, je ne peux qu'être fière de sentir que l'intégration de l'histoire que je tente de lui graver dans le coeur commence à se faire.

Je ne connaîtrai jamais la vie telle qu'elle aurait été si jamais notre drame n'était survenu. Cela laisse place à tant de: "Et si?" avec lesquels je tente de composer.

samedi, mai 10, 2008

Nouvelle saveur

Tout-Doux (huit ans), en se trempant l'index dans la crème qu'il est en train de verser sur sa gaufre: "Ça goûte les calories!"

vendredi, mai 09, 2008

Luxe d'après-midi

Qu'est-ce qu'un luxe d'après-midi?

C'est un moment insolent dans un centre de massothérapie avec l'Amour de sa vie pendant que les enfants sont à l'école et que le reste du monde travaille.

Est-ce parce que sa mère était full détendue, Bébé (que nous avons eu le bonheur de pouvoir espionner dans son antre hier) n'a pas cessé de manifester sa présence par ses insistantes pirouettes.

La norme

Fils Aîné rentre de l’école avec son copain N. et vient me retrouver pour m’informer qu’ils doivent faire une recherche sur internet. Pas de problème. Les deux amis s’installent sur mon ordinateur et débutent leur boulot.

Quelques instants plus tard, je les rejoins dans le bureau et m’informe du sujet de leur recherche.

-C’est sur les morpions, m’informe Fils Aîné.

-Les morpions? je m’étonne.

-Oui, c'est cool les morpions! précise-t-il.

-??

-Le prof de sciences nous a demandé de faire une recherche sur une MTS et les morpions, c’était le sujet le plus cool.

L’ami approuve d’un hochement de tête enthousiaste.

-Ah bon, dis-je en souriant.

-On peut même en avoir dans les sourcils m’informe l’ami aux épais sourcils noirs tandis que Fils Aîné continue de lire l’information trouvée.

-Ah oui?

-En tout cas, on pense que le moyen le plus sûr de se débarrasser de ces bestioles c’est vraiment de se raser les poils pubiens tranche Fils Aîné en ne quittant pas l’écran des yeux.

-Hm, je ne sais pas si c’est réellement suffisant. Est-ce que ça permet aussi de se débarrasser des larves, qui sont collées solidement à la base des poils? m'informe-je.

-Moi je pense qu’un bon shampoing en plus du rasage serait plus sûr renchérit le prudent ami.

Je laisse les deux ados poursuivre leur recherche. L’ami suggère à Fils Aîné de faire du copier-coller. Ce dernier refuse « parce que c’est interdit » et les deux copains assimilent et résument de leur mieux l’information étudiée.

Tous les enfants vont jouer dehors et les ados vont rejoindre les plus jeunes après avoir imprimé leur travail d’équipe.

Sur mon écran d’ordinateur, leur document sur les morpions demeure ouvert. Je décide d’y approfondir mes connaissances sur ce cool sujet.

J’y apprends, entre autres, qu’un des moyens d’attraper ces sales bestioles est d’avoir des relations sexuelles « avec un partenaire qui a plus de morpions que la norme ». J’éclate de rire.

Le repas de Grand-Homme est presque prêt et Fils Aîné rentre demander la permission d’inviter son ami à souper. Durant le repas, je questionne mon fils sur « la norme maximale » de morpions souhaitable pour éviter de les transmettre à son partenaire.

La gêne colore les joues de mon ado préféré et il se tourne à son tour vers le copain : « Je te l’avais dit qu’on n’aurait pas dû mettre cette expression! » Les joues de l’ami aux épais sourcils se colorent à leur tour. « C’est pas grave, on mettra du Liquid paper » conclut-il.

Bienheureux lecteurs, hygiéniques lectrices, je vous dis ceci : Pour votre santé pubienne et celle de votre partenaire, de grâce, assurez-vous de toujours respecter la norme!

mercredi, mai 07, 2008

Facebook ou Comment faire délirer une fille

Je ne suis pas une grande utilisatrice de Facebook. Je trouve plusieurs des quelques fonctions que je connais de cette interface stupides et je n'ai jamais pris le temps d'en étudier les autres (utiles) possibilités. Rares sont les fois où j'accède à mon profil et nombre de fois j'ai songé supprimer mon inscription.

Cependant, j'y ai retrouvé quelques copines du passé et cela m'a fait réellement plaisir.

Récemment, j'ai reçu un courriel qui m'a rendue folle l'espace de quelques vérifications: c'était un message de Facebook m'informant qu'un homme du nom ET du prénom de mon défunt père venait de m'ajouter à sa liste de contacts.

Je vous l'ai déjà dit, nous avons un nom de famille très peu commun. Après vérifications, j'ai constaté que ce type ajoutait à peu près n'importe qui portant le même nom de famille que lui sur sa liste de contacts.

Finalement, il aurait pu se prénommer n'importe comment mais il a fallut que son prénom soit aussi celui de mon père. Une coïncidence.

Tant mieux, parce que mon coeur a réellement faillit flancher.

Je voudrais me déposer la tête

Joss en avait parlé à quelques reprises sur son blog, Je voudrais me déposer la tête, de Jonathan Harnois, est un livre touchant et très beau dont j'ai aimé les images livrées par la prose poétique.

Je m'attendais à un roman à proprement parler, pas à un récit si intimement écrit avec des mots si évocateurs et des images si fortes.

Ce livre, sur le délicat sujet du suicide d'un ami, m'a fait penser à quelques reprises au mien (que je vais bien finir de réviser un jour). Des images, des allusions. On parle de la mort, facile de s'y croiser.

Prière de ne pas déranger

Lasse et fatiguée en fin de journée, je me laisse tomber sur la causeuse du bureau où Grand-Homme et Fils Aîné sont chacun installés à leur ordinateur respectif.

J'ose réclamer un peu d'attention de mon homme: "Mon amouuuur! J'ai besoin que quelqu'un qui m'aime beaucoup s'occupe de moi!"

C'est Fils Aîné, qui affairé à lire des futilités amusantes sur internet, me répond sans même se retourner: "Je t'aime beaucoup maman mais je n'ai pas le temps".

Gageons qu'il ne sera pas le premier de la gang à venir me visiter dans mon hospice de vieux dans quelques décénnies...

mardi, mai 06, 2008

Apprivoiser la disgrâce

J'ignore si ce dont je vais vous parler est une tendance dans les familles recomposées, mais ça l'est dans la mienne et ça l'était aussi dans la famille recomposée dans laquelle j'ai vécu entre 15 et 19 ans.

Je veux parler de cette espèce de tendance à demi avouée entre les parents de croire que leurs enfants sont nécessairement un brin mieux que ceux de l'autre (les parents semblent indubitablement plus tolérants envers les travers de leur propre progéniture). Ainsi, pour mon père, ses enfants étaient, mon Dieu, tellement plus responsables, plus matures et plus engagés que ceux de son amoureuse, qui elle défendait bec et ongles l'intégrité de son fils. Cela a évidemment engendré de nombreux conflits conjugaux malgré tout ce qui unissait la famille.

Mon cher Grand-Homme a aussi cette tendance à s'imaginer, lorsque mes enfants font/disent des niaiseries que ses enfants à lui seront bien au-dessus des "bassesses" de mes petits garnements. Le père fera donc toute la différence!

Les enfants de mon homme sauront partager, seront plus intelligents que la moyenne, ne tomberont pas dans le piège de l'incontournable phase pipi-caca-pet, auront un langage impeccable, ne mentiront jamais, ne subiront pas d'influence négative extérieure et feront en tout temps la fierté de l'heureux papa qu'il est.

Je suis plutôt désillusionnée sur la chose. J'adore et estime mes enfants -les nôtres comme ceux que j'avais avant- mais ne m'attends pas à ce qu'ils brillent de partout et en tout temps. Il est arrivé que mes enfants me gênent par certains de leurs commentaires ou de leurs gestes, mais encore plus souvent que j'en sois fière pour les mêmes raisons.

Ainsi, il y a quelques jours, lors de notre souper dans ce sublime et chic restaurant italien, je me suis bien amusée de la tronche un brin embarrassée de mon homme lorsque notre fils de deux ans et demi ressortit au bout de l'index enfoncé dans sa narine une énorme chose jaunâtre et collante.

Le fils, heureux de son incroyable trouvaille, s'exclamait à voix haute dans le restaurant (où nous étions assis face à un grand miroir): "Regarde papa! Regarde mon gros cot'e nez! Regarde papa! C'est mon gros cot'e nez! C'est à Lélic!"

Le père (qui ne cessait de répéter depuis le début du repas que son fils était dont mignon), tentait en vain de le convaincre d'essuyer "la chose" sur la serviette de table.

Le fils, refusant bien entendu de se départir de l'objet auquel il vouait une sincère affection, s'écriait de plus bel: "C'est mon beau cot'e nez papa! T'as vu papa? Regarde maman!" en brandissant l'index devant nous comme un athlète olympique sur le podium brandit fièrement sa médaille au monde entier.

La chose ne pouvait que m'amuser et je confiai à mon homme: "Mon amour, j'espère que tu as conscience qu'un jour ou l'autre, la trouvaille de notre fils, peu importe ta volonté, passera directement d'ici (en pointant le nez) à ici (en pointant la bouche du petit garçon). C'est inévitable, quoiqu'en disent les parents, tous les enfants passent par là. C'est embarrassant, mais c'est comme ça."

Et mon idéaliste d'amoureux, refusant même de songer à une aussi grossière éventualité, de se faire accroire: "Pas mon fils, non, chut. Lui ne fera jamais une chose pareille."

Que faire d'autre, devant tant de charmante naïveté, que de sourire malicieusement?

dimanche, mai 04, 2008

Gala Blog'or 2008

Une blogueuse a eu la charmante initiative d'organiser un gala spécialement pour les blogueurs: le Gala Blog'or 2008.

Mon blog a été mis en nomination dans les catégories "Rigueur de la langue" et "Meilleure bedaine" (dans le sens de meilleure maman).

Vous pouvez allez voter pour le blogo-candidat de votre choix en cliquant sur l'icône en-haut à droite (mille mercis à ceux qui voteront pour moi!)

Fils ainé est également en nomination (vous auriez dû lui voir le fier sourire lorsque je lui ai fait part de ça!) dans la catégorie "meilleur second rôle masculin".

Merci à mes lecteurs-trices qui ont proposé mon blog -et mon fils- dans ces catégories.

Vous avez jusqu'au 16 mai pour enregistrer vos votes.
Aux urnes web-o-citoyens!

Compensation

Comment réagit un jeune adolescent à qui sa mère interdit (consciente qu'il cherchera à satisfaire sa curiosité ailleurs d'une façon ou d'une autre) d'écouter les films qui sont diffusés tard-tard à la télé le samedi soir (en ne manquant pas de lui souligner qu'elle est LA SEULE mère à être si restrictive)?

Une fois l'indignation passée, il se replie à moitié discrètement sur la collection dont ladite mère vient tout juste de faire l'acquisition (elle se garde bien d'avouer qu'elle faisait pareil dans la littérature éro personnelle de sa propre mère).

Si la mère ne recevait aucun feed-back des émissions tardives, elle est maintenant informée de l'appréciation des lectures du jeune homme: "Pffiou! En tout cas maman, c'est une vraie cochonne la fille qui a écrit ça!"

Hmpht, oui, parlons-en, justement...

samedi, mai 03, 2008

Le bon vin m'endort me rend joyeuse

Un des pires renoncements de la grossesse pour moi: l'alcool. J'adore prendre un apéro, partager une bonne bouteille qui accompagne un repas cochon en agréable compagnie, j'aime le rituel de servir le vin, j'aime savourer un Amarula ou un porto en fin de soirée, j'aime la légèreté et les sourires qui viennent avec le verre que l'on sert, j'aime les toasts, j'aime le partage, j'aime l'amitié, j'aime l'amouuur!.

Si j'ai été très raisonnable (voir héroïque) dans mes consommations (ou l'absence de) à mes grossesses passées, il m'arrive de me permettre le plaisir d'une bière à celle-ci (directement pendant la campagne d'Educ'Alcool destinée aux femmes enceintes!).

Hier soir, mon homme et moi avons été satisfaire l'envie capricieuse de mes papilles dans un excellent resto italien. J'avais une envie folle d'accompagner mon repas d'un verre de vin, ce que je ne me suis pas privée de faire.

Est-ce la privation, ce fut orgasmique. Un excellent vin rouge rond-fruité-équilibré-un brin corsé, juste comme je les aime, un verre unique rendant chaque gorgée plus précieuse que jamais.

Dieu que c'est interminable une grossesse! Dire qu'il m'en reste encore la moitié!

Note: Parce que ses mots sont bien plus beaux que les miens, je vous suggère ici à ce sujet un très évocateur billet d'un inspirant blogueur.

jeudi, mai 01, 2008

L'ingratitude vs la reconnaissance

Ces derniers temps, j'ai entendu à plusieurs reprises dire dans différents contextes que les enfants étaient ingrats alors que de façon générale, je trouvais les miens plutôt reconnaissants. Par le passé, j'exigeais qu'ils remercient pour une sortie spéciale, qu'ils prennent la peine de téléphoner pour remercier lorsque quelqu'un leur donne quelque chose par notre biais et qu'ils ne sont pas présents (cela me gênait terriblement lorsque ma mère me faisait faire cela).

Je n'y pense plus toujours mais eux, habituellement, me devancent et prennent le téléphone et pensent remercier pour le souper au resto, la crème glacée, le film loué, le dessert spécial, etc. Ils ne sont pas infaillibles mais remarquent les attentions qu'on n'est pas obligés de leur offrir.

Depuis notre retour de vacances, je me trouve plus patiente et plus enjouée. Sauf hier. Les enfants étaient énervés, se provoquaient, se faisaient crier (mes oreilles sont intolérantes au bruit), rapportaient, me faisaient répéter. J'ai donc haussé le ton à plus d'une reprise.

J'avais tout de même pris la peine de leur cuisiner des muffins au retour de l'école, de leur préparer une raclette (ils sont habituellement fous de joie devant leur repas préféré), Bébé n'avait pas fait de sieste, était donc très irritable et cherchait à régir la fratrie (qui protestait devant le mini boss-des-bécosses, qui pleurait doublement de contrariété), Tout-Doux et Coco jouaient, comme toujours, les incorrigibles et quasi permanents ennemis, Grand-Homme était absent, les enfants n'ont presque pas touché mon repas et la soirée s'est finie grognonne pour à peu près tout le monde, moi la première.

La cerise sur mon sundae: mon grand (pesant toujours ses mots avec moi) m'a affirmé alors que je l'envoyais dans sa chambre pour un sarcasme non apprécié que ce qu'il s'apprêtait à me dire n'allait certainement pas me plaire mais que mon attitude n'était vraiment pas agréable ce soir.

L'insulte finale après le travail que je m'étais imposé pour leur préparer un régal.

Je m'apprêtais à cris*er (pour le rebel Voyou qui se plaint de mon langage trop soigné) mon camp de la maison dès le retour de Grand-Homme pour aller cuver au cinéma toute seule ma désolation d'avoir des enfants aussi ingrats que ceux des parents que j'avais entendu se plaindre.

Finalement, chose étonnante, mon aîné est venu s'excuser de m'avoir blessée (sans rajouter de "mais" à son excuse, fait doublement exceptionnel).

Je suis finalement sortie avec mes deux grands (réconciliée avec l'aîné). Nous avons terminé la soirée à la librairie, où ils ont dépensé avec bonheur les cartes-cadeaux reçues pour Noël. J'en ai profité pour acheter de nouvelles chaussures à Grand-Charme et un manteau de printemps pour petit Fred.

Ils ont pensé dire merci pour la courte séance de magasinage. J'aime penser qu'ils sont récupérables.

Contemplation

Croyez-vous que ça signifie que mon tout-petit s'est ennuyé durant notre voyage s'il se réveille à trois heures du matin en pleurant pour réclamer à plusieurs reprises des "misous" de maman, qu'il vient nous rejoindre dans le lit en se couchant littéralement sur moi, que je m'endors et me réveille une heure plus tard en plissant les yeux pour bien valider ce que je crois apercevoir dans l'obscurité: les grands yeux de mon coco à quelques centimètres de mon visage qui me contemplent tendrement dans mon sommeil accompagnés d'un sourire béat? :)

Choyée

Ces sept derniers mois, j'ai dû me rendre à Ste-Justine à maintes reprises pour la chirurgie, l'ergothérapie et le suivi pour le doigt coupé de Grand-Charme ainsi que pour la dent de mon tout-petit (qui s'est pété la fiole solidement en tombant au point où une de ses dents d'en-avant est complètement rentrée dans la gencive, sectionnant le nerf de la dent d'à-côté et possiblement celui de deux autres dents encore sous observation).

Trop souvent au début, je pestais de devoir me taper le traffic le matin pour m'y rendre, de devoir trouver un stationnement dans ce quartier pas évident de la ville. Je pestais (et peste encore) devant les interminables heures d'attentes en chirurgie plastique malgré l'excellence du service offert et l'indéniable compétence de la chirurgienne.

Chaque fois cependant, j'en ressors émue et reconnaissante d'avoir des enfants en parfaite santé qui doivent s'y rendre pour quelque chose de mineur. J'ai alors honte de me plaindre pour quelque chose d'aussi futil que la dense circulation ou les quelques heures investies. J'en ressors bouleversée d'y croiser des enfants handicapés, condamnés ou dépendants à vie de médicaments alors que leur attitude est cent fois plus positive que la mienne.

Leçon d'humilité renouvelée pour mon exigeante personne.