lundi, mars 31, 2008

Chaos

Un voyage, tant de questions...

Partir en Europe avec la gang complète...

-La beauté des découvertes et la richesse des moments passés en famille compenseront-ils pour la lourdeur logistique d'un tel voyage à mon sixième mois de grossesse?

-Faudra-t-il privilégier la location de voiture comme nous l'envisagions malgré toutes les mises en garde de ceux qui qualifient de suicidaire la conduite automobile en Europe ou se risquer en transport en commun avec la logistique que cela implique, encore une fois, avec une si large marmaille?

-Devrais-je laisser mes garçons découvrir le monde par eux-même alors que j'ai cette conviction que de leur offrir cela maintenant pourrait tellement changer leur perception du monde, leur ouverture aux autres, leurs possibilités d'avenir?


Et si nous partions moins longtemps, mais juste en amoureux...en Grèce...pour amorcer les vacances familiales à notre retour en louant un chalet au bord de la mer?...

-Survivrions-nous à deux semaines loin du tout-petit?

-Survivrais-je à la chaleur grecque à six mois de grossesse?

-Survivrais-je à la déception de mes enfants, que j'ai largement contaminés avec cette idée de voyage?

-Aurais-je la patience d'attendre encore quelques années avant de repartir avec eux outre-mer?


J'y pense sans arrêt. Au voyage. Aux contraintes. À la lourde logistique. À la planification. À mon besoin de respirer, d'être libre en dualité avec ce que je désire offrir à mes enfants et mes capacités réelles. Où se trouve le juste milieu entre mes désirs et mes besoins? Encore une fois, je cogite...

Erreur sur l'individu


Voilà huit mois qu'elle partage notre vie, la grosse dépendante affective. Depuis toujours, elle me suit partout, se colle contre moi dans le lit, se déplace de deux centimètres si je me déplace de deux centimètres, elle m'accompagne à la toilette la nuit, elle me colle, ronronne dans mon cou, s'enroule autour de mon cou comme un boa, me pétrit la nuque avec ses pattes.

Elle me harcèle, cherche trop à s'approprier ma personne. Depuis un mois, c'en est trop, je ne peux plus supporter un tel envahissement. Plus je la chasse, plus elle m'est fidèle et loyale et plus elle s'offre à moi.

Je me suis décidé ce matin à rappeler mon amie Isa qui avait laissé un message il y a plus de trois semaines. Je l'ai interrompue sèchement alors qu'elle me racontait les merveilles de ses derniers voyages.

Je ne vous raconte pas mon émoi devant la turgescence rosée émergeant du poil beige de Mimi, qui se lavait à mes côtés pendant ma conversation téléphonique. J'en suis encore ébranlée, moi qu la considère depuis toujours comme une femelle.

Cela explique au moins l'odeur fétide qu'elle/il laisse au sous-sol depuis quelques semaines et qui nous fait remettre en question sa présence parmi nous...

jeudi, mars 27, 2008

Juste au bon moment

Il arrive parfois que quelque chose de réconfortant se produise juste au bon moment. Une question de minutes ou même de secondes.

Lorsqu’on m’annonce avec enthousiasme : « Il m’est arrivé tel truc, c’est incroyable! C’est un signe! », parfois j’adhère et y appose le sceau (bidon) de mon approbation. C’est bel et bien un signe. Rien n’arrive pour rien, j’en suis persuadée, seulement, on n’en comprend pas toujours le pourquoi sur le coup.

Il m’arrive aussi de sourire tendrement et avec ma (faible) part de rationnel, je me dis qu’il pourrait s’agir d’une coïncidence, un simple concours de circonstance. Évidemment, je n’en dis rien. Dans ces circonstances, il n’y a pas grand-chose de plus indélicat que de péter la bulle de quelqu’un qui trouve réconfort dans un « signe » qui lui « parle ». De toute façon, qui suis-je puis décréter qu’il s’agisse bien d’un signe ou pas? Ce qui est anodin pour quelqu’un peut être d’une importance capitale pour un autre et c’est absolument parfait comme ça.

Lorsque ça m’arrive à moi, j’ai beau y chercher du rationnel, je n’en trouve pas. Mes « signes » sont réels. Mes « signes » ne sont pas des concours de circonstances. N’importe qui aurait beau sourire tendrement devant mon ingénuité, je m’en fous. MOI je sais que mes « signes » ont une signification et c’est ce qui importe. S’il fallait ne jurer que par la rationalité de la science l’authenticité des « signes », cela finirait pas tuer tout espoir, par anéantir la beauté de l’intuition, de la sensibilité. Certaines choses sont beaucoup trop grandes, beaucoup trop intangibles pour mériter une explication cartésienne.

Environ dix jours après la mort de Thomas, j’ai téléphoné à une femme que je ne connaissais pas. J’avais besoin que quelqu’un ayant perdu un enfant me donne une recette pour survivre en trouvant une certaine paix dans mon amputation. J’avais lu quelques semaines auparavant un livre que son mari avait écrit sur l’histoire de leur petite Léa. Dans son livre, le mari écrivait qu’après sa mort, alors qu’ils roulaient en voiture, Léa était apparue à sa maman légère, libérée, dansant dans une magnifique lumière. Cela avait rassuré la mère et lui avait apporté une certaine quiétude.

J’avais besoin qu’elle m’explique l’intangible, qu’elle m’explique la constitution de la paix qu’elle avait trouvée (et qui pouvait, à la limite, être agressante parce que moi je n’avais pas trouvé la mienne). La gentille femme, bien que je fusse sortie de nulle part, prit la peine et le temps de m’expliquer avec une douceur qui m’avait donné confiance où et comment elle avait trouvé sa paix.

Je souffrais de n’avoir pas reçu de « signe » que l’âme de Thomas s’était rendue à bon port. La femme m’avait expliqué qu’il fallait trouver ses propres « signes » et surtout, il ne fallait pas attendre que quelqu’un d’autre valide leur probable pertinence à notre place car un signe, c’est très personnel à chacun et ça se perçoit avec le coeur. Avant de raccrocher, elle m’avait promis que je finirais par avoir mes signes.

J’ai fini par recevoir mes signes que Thomas s’était rendu à bon port et à plusieurs reprises, j’ai rencontré son âme d’une façon magnifiquement bouleversante dans mes rêves et cela a énormément contribué à apporter une certaine sérénité à mon deuil.

À présent, je ne peux m’empêcher d’attendre des « signes » que mon père s’est aussi rendu à bon port afin de pouvoir avoir l’esprit en paix.

Lorsque je pleure en relisant à voix haute une lettre significative écrite pour lui et qu’une pulsion intérieure indiscutable me dicte d’allumer la radio là, maintenant, que je l’écoute et qu’alors j’entends les premières notes d’une de nos chansons, je ne peux qu’y trouver réconfort et éprouver de la gratitude envers lui comme s’il m’avait réellement entendue.

Comme par magie, la nostalgie fait alors place à la certitude qu’il est libre et heureux et j’arrive à écouter cette chanson avec légèreté comme s’il était près de moi. Cela me suffit pour penser qu’il a trouvé sa paix et que je peux à mon tour trouver la mienne.

Hier, je suis revenue du cinéma déprimée après avoir visionné Dansez dans les rues. Je trouvais profondément révoltant qu'une jeune femme de pas encore vingt ans puisse trouver sa voie alors que moi qui en ai 33 réfléchis encore à que je ferai de ma vie.

Je suis sortie du cinéma désabusée, mélancolique et honteuse d'avoir été aussi émotive lors des scènes prévisibles et cul-cul du film.

J'ai alors imploré mon père de faire quelque chose pour moi à l'égard de mon avenir professionnel à présent que de sa position, il peut possiblement avoir une "vision" plus large que la mienne. Je l'ai secoué en paroles, me suis fâchée contre son apparente "inaction" et suis rentrée désespérément déprimée à la maison.

Ce matin, une chose étonnante s'est passée et je ne puis qu'y voir l'intervention divine de mon tendre et bienveillant papa: alors que je révisais tranquillos en sirotant mon café latté glacé, une rédactrice en chef que j'estime énormément m'a téléphoné.

J'avais rédigé pour elle quelques articles à la pige dans le passé. Notre collaboration remontait à il y a plus de trois ans et elle désirait tâter mon intérêt pour de la pige pour son principal client.

Le plus incroyable dans tout cela, c'est que les contrats de rédaction à réaliser sont dans mon domaine, la COMMUNICATION ORGANISATIONNELLE ET LA CULTURE D'ENTREPRISE, ce que je n'ai jamais eu la chance de faire auparavant parce qu'il s'agit d'un domaine où il faudrait presque commencer senior pour avoir une solide crédibilité. Or, cette femme (qui est également auteure) possède la crédibilité tandis que moi je possède toute la connaissance théorique. Parfait mariage, n'est-ce pas?

Qui plus est, elle se cherchait un pigiste spécialisé dans ce domaine et lorsque je lui ai signifié que c'était ma spécialité au BACC, elle m'a offert une collaboration régulière. Je lui ai également parlé de mon livre et une porte supplémentaire s'est entrouverte.

N'ai-je pas toutes les raisons du monde aujourd'hui de penser que mon père m'a entendue et veille en silence? :))))

mercredi, mars 26, 2008

La liqueur de Jacky

J'ai longtemps été mystifiée par l'hydromel à cause de la chanson de Jacky. Puis, ma copine Émilie a eu la gentillesse de me culturer un peu en matière de cet alcool fait à base de miel et je dois vous avouer que j'en suis tombée sous le charme (encore meilleur en agréable compagnie).

Comme Fils Aîné se fiait sur moi pour lui procurer de la gelée royale et que je passais à l'hydromellerie, j'en ai profité pour me constituer une petite réserve de ce vin particulier.

Il y avait longtemps que je n'avais pas ébloui quelqu'un avec ma large marmaille et cela n'a pu que me flatter.

Pendant la transaction, je discutai un brin avec la fort aimable dame de l'hydromellerie. Celle-ci déduit naturellement que j'attendais mon troisième enfant (équation étant: la gelée royale de l'aîné + le petit Fred + le futur bébé).

Je pris habilement mon air modeste pour lui signifier qu'il s'agissait de mon septième enfant. Évidemment, la dame manqua de s'étouffer.

Elle valida l'information une première fois.

"Oui, il s'agit de ma septième grossesse" que je lui confirmai.

Elle considéra Frédéric, puis me regarda à nouveau, incrédule.

-Mais vous avez SIX enfants?"

-Oui.

-Ils sont tous à vous?

-Oui, ce sont mes enfants.

-Mais...je veux dire...vous les avez tous portés?

Je haussai les épaules pour signifier l'évidence.

L'élégante dame me dévisagea discrètement de la tête aux pieds et précisa sa question: "Et vous avez accouché SIX fois?"

(attendez que je me rappelle....)-Oui, j'ai accouché six fois.

(enfin elle se décide à éclaircir le fond de sa pensée) -Mon Dieu Madame! Vous avez l'air toute jeune (elle secoua la tête)! Ça ne paraît pas du tout!

N'est-ce pas que pour une femme, ce genre de commentaire fait du bien au moral et appose un petit velours sur l'ego, surtout dans un moment où il n'est pas toujours régulier?

mardi, mars 25, 2008

Racines

Je pensais intensément à mon père qui me manque tant hier, me remémorais son histoire et celles qu'il aimait me raconter. Je cherche à m'en rapprocher pour me souder à mes racines.

Enfants, il nous amenait une fois par année au cimetière de St-Marc-sur-Richelieu (village où il est né) pour voir nos aïeux qui y reposent. Chaque année, je ne pouvais que m'amuser du prénom original de mon arrière-grand-père que je lisais sur la pierre tombale: Wilfrid.

Vous connaissez peut-être le très réputé restaurant/hostellerie (maintenant aussi SPA Givenchy à ce que je lis sur leur site)
Les Trois Tilleuls?

Initialement, c'était la maison de cet aïeul au prénom peu commun. Mon oncle m'expliquait que Wilfrid s'était marié "sur le tard" (29 ans!) car il tenait à terminer la construction de sa demeure avant son mariage. Une fois terminée, il y planta les trois arbres maintenant réputés malgré eux.

Une cousine de mon père a eu la gentillesse de me partager quelques tranches d'histoire de la maison et de me faire parvenir une photo d'elle telle que construite par son grand-père. En 1910, les tilleuls étaient encore tout petits! L'aîné des enfants, c'est mon grand-père que je n'ai pas eu la chance de connaître. Tous les enfants de la famille sont nés dans la demeure familiale.



En 1940, la maison fut reprise par un des fils avant d'être vendue au milieu des années 70 pour devenir la magnifique et somptueuse hostellerie dont vous pouvez voir les splendides photos sur le lien plus haut.

Je n'y ai jamais mis les pieds. Je fus étonnée de voir sur l'historique du lieu si peu d'information. Je crois bien que mon arrière-grand-père se briserait les os de la mâchoire dans sa tombe en s'émerveillant devant le lieu pittoresque et majestueux qu'est devenue "sa" maison.

vendredi, mars 21, 2008

Dieu vs le Big Bang

Avons amené manger les enfants à la pizzeria ce midi. Deux tables valent souvent mieux qu'une seule pour assurer la quiétude dans la dynamique d'un restaurant. Grand-Charme, Tout-Doux et Fred sont assis calmement à leur table tandis que Grand-Homme, Fils Aîné, Coco et moi patientons juste à côté.

Grand-Homme et moi en profitons pour parler de destination vacances. La discussion tombe dans l'oreille de Fils Aîné, qui tente de se tailler une place dans nos bagages. Il réalise soudainement que l'on parle d'un pays tropical.

Fils Aîné (13 ans) -Oh-oh, oubliez ça, je ne viens pas avec vous. Savez-vous que dans plusieurs pays tropicaux, une sorte d'insectes pond ses oeufs sous le ventre des mouches et que lorsque les mouches se posent sur des humains, la chaleur de leurs corps fait fondre la colle qui retient les oeufs? Les oeufs se retrouvent donc sur la peau de l'humain, pénètrent dans ses pores et les larves s'y développent. Des pustules poussent ensuite et quand on les crève, des larves "grosses comme ça" peuvent en sortir! Hors de question que j'aille avec vous.

Coco (six ans) se fait incrédule -Pourquoi Dieu aurait inventé des bébittes pareilles!?

Fils Aîné, formel -Parce que DIEU N'EXISTE PAS!

Coco, philosophe -Ah oui? Et qui a crée la Terre, d'abord?

S'ensuit alors une longue, exhaustive et très scientifique explication de Fils Aîné sur le Big Bang (j'avoue que je suis impressionnée par les détails, l'articulation des idées et la pédagogie de mon aîné).

Coco, perplexe, mais néanmois pas prêt à baisser les bras -Et qui nous a crée nous, hein?

Fils Aîné, prenant plaisir à narguer son jeune frère -Ben à vrai dire, tu viens du ventre de maman, qui elle vient du ventre de grand-maman!!!

Coco, insatiable -Mais avant??

S'ensuit mon explication de la théorie de l'évolution de l'homme à partir du singe et celle de Fils Aîné à propos des petits organismes vivants.

Cela ne l'impressionne pas. Il pose ses yeux bleus emplis de questions dans les miens et me pose la pire qui soit: "Maman, est-ce que Dieu existe?"

Je réussis à m'en sauver de justesse: "Certains aiment penser que oui, d'autres pensent que non".

Cherchant sa vérité dans la mienne: "Mais TOI, est-ce que tu crois en Dieu?".

Merde. Vite, vite, de l'air, une diversion, quekchose!

Fiou. Voilà Fils Aîné qui change de sujet et crée diversion.

Me voilà sauvée. Jusqu'à la prochaine fois. Parler de Dieu (et voyez ici comme ici que ça ne fait pas l'unanimité chez nous), voilà qui est bien pire que de parler de sexualité avec les enfants.

Les attraits du "Sud"

Suis en train de zieuter les forfaits dans différents "resorts" afin de me donner une idée tangible du voyage qui ressemblera à l'idéal que je m'en fais: cabine simple mais confortable sur une plage paradisiaque où je ne marcherai pas parmi maints québécois qui ont les mêmes besoins que moi.

Mais n'est-ce pas principalement cela, "le Sud"? Des Québécois qui en ont marre du froid et de l'hiver et qui rêvent d'exotisme pour fuir une réalité morne?

Comment se faire une idée réelle de ce qu'offrent les principales destinations vacances lorsque sur un site comme celui-ci , on ne voit essentiellement que des photos aériennes d'un méga complexe hotelier auto-suffisant où la piscine est tellement belle que la mer et le paysage autour devient subitement moins attrayants?

C'est trop romantique mon affaire? Les gens trippent vraiment à s'agglomérer par centaines autour du bar flottant d'une piscine?

Existe-t-il des destinations vacances réputées pour leurs hotels discrets au bord d'endroits paradiaques? Ce que l'on voit dans des films, des amoureux qui marchent au bord d'une plage magnifique en regardant le ciel étoilé avant de s'effondrer sur le sable au bruit des vagues pour y faire l'amour autrement qu'entre les dix-neuf autres couples qui font pareil, c'est arrangé avec "le gars des vues"?

mercredi, mars 19, 2008

Le désengagement comme prémisse à la glorification

Lorsqu'on est séparée et que l'autre parent demeure à l'écart de certaines réalités des enfants pour lesquelles on souhaiterait qu'il s'implique pour obtenir un soutien plus que minimal, on finit malheureusement par s'habituer au désengagement.

On finit par tout prendre sur ses épaules en n'osant plus rien demander parce que les refus sont trop familiers, les conditions exigées dépassent l'entendement et que le contact avec l'autre parent encore empli d'amertume acidifie une relation qu'on voudrait depuis si longtemps enfin exempte de fiel.

Lorsque l'autre parent accepte enfin de donner un peu d'implication pour quelque chose qui aurait dû être dès le début, on finit presque par le glorifier pour cela et on n'ose rien demander de plus qui pourrait faire basculer l'engagement tout frais qui nous offre enfin un petit répit. Un tien vaut mieux que deux tu ne l'auras peut-être pas.

On se tait donc. On assume les coûts qu'on passe sous silence parce qu'oser demander en plus une implication financière supplémentaire pour des besoins particuliers alors qu'on vient d'obtenir la grâce du temps qu'il est prêt à accorder à son enfant risquerait de nous faire perdre des acquis.

Je remarque beaucoup cela chez mes amies monoparentales. C'est dommage, mais fréquent. Hélas, je ne fais pas exception à la règle. Je suis tombée moi aussi dans ce triste panneau.

Le pattern est aussi remarquable dans la gestion des tâches ménagères, pour lesquelles c'est souvent le même qui hérite (malgré lui) d'une série de tâches. Lorsqu'enfin l'élément du couple le plus détaché de l'entretien de la maison (voyez comme ma formulation prudente tend à préserver l'anonymat et à ne formuler aucun sous-entendu) réalise enfin l'exploit d'une brassée pliée ET rangée, d'une salle de bain nickel ou encore plus remarquable, d'un plancher propre, on n'ose plus rien revendiquer. Le miracle vient de se produire, nous avons été béni des Dieux, il nous faut laisser quelques jours de répit au nouveau héros pour lui permettre de se reposer et d'apprécier pleinement le sens et la portée de sa bravoure domestique.

Une tâche exceptionnelle a été réalisée, en demander plus serait un outrage à l'exploit qui vient de se produire en ce bas monde. On en vient à banaliser avec humilité nos propres réalisations, on se prosternerait presque pour afficher toute la gratitude qui nous habite envers l'autre. On remercie à voix haute, on s'extasie de bonheur. Il faut absolument que l'autre sache que nous avons remarqué. Renforcement positif à grandes pelletées.

Jamais je n'oublierai la façon ridicule qu'avait mon père d'étaler sur la table de cuisine toute la vaisselle propre qu'il venait de laver (et qu'il nous interdisait formellement de ranger). Il tenait à tout prix à ce que sa femme bénéficie du spectacle éblouissant de tout le travail qu'il venait de réaliser dans un remarquable labeur. Non mais, pensez-y, il n'avait pas seulement lavé, mais ESSUYÉ la vaisselle à la sueur de son front après avoir passé un épuisant après-midi à jouer au pendu sur le (défunt?) Videoway!

Sa femme arrivait de sa journée au travail épuisée et devait subir l'atroce discours de mon père en quête d'un peu de mérite pendant qu'elle préparait le souper. C'était l'unique fois du mois qu'il faisait la vaisselle et c'était à peu près la seule chose qu'il faisait comme implication domestique mais on en entendait parler longtemps. Il se plaisait à s'auto-glorifier d'être le SEUL à avoir à coeur le souci de la vaisselle de cette maison. Nous l'écoutions s'emporter parce que nous n'avions pas encore fait faire de statue de bronze en l'honneur de sa bravoure domestique d'homme. Des années après cette courte période, il nous parlait encore de son héroïsme et ma foi, je crois qu'il attendait encore de nous fleurs et vénération. Nous riions de lui de bon coeur et il s'emportait encore davantage avant que nous ne percevions l'ébauche d'un sourire lorsqu'il réalisait son ridicule (Cher papa! J'aimerais bien l'entendre à nouveau et me payer sa tête de héros non officiellement reconnu...si peu d'honneurs pour un si grand don de soi!!).

N'est-ce pas triste, pitoyable et malsain, quand on y pense, d'en arriver là?

mardi, mars 18, 2008

Bureaucratie...et un peu de vrac...

Le côté plate des beaux projets, ce sont les tonnes de formulaires à remplir et à joindre aux documents officiels on ne peut plus standardisés. Je fais référence aux multiples demandes de passeports, aux exigences pointues. Suis tannée de répéter la même information tant de fois (pourquoi donc ai-je fait tant d'enfants? personne ne m'a jamais mise en garde..."si tu en fais un de plus...puis un autre, songe-y, ça te fera une tonne de paperasse bureaucratique de plus à remplir...mieux vaut y penser deux fois...")

La gastro est entrée dans la maison sans y avoir été invitée. Les enfants sont d'une désespérante turbulence et je cours comme une folle. Le doigt de Grand-Charme occupe beaucoup de mon temps (vous vous souvenez, en septembre, il s'était coupé un doigt nerfs-tendons-veine et avait dû subir une chirurgie pour tout remettre en place?). Les suivis en ergothérapie, les multiples téléphones pour trouver un hôpital où on acceptera de lui faire des ultra-sons malgré la controverse de cette méthode chez un enfant en croissance (son doigt ne plie plus), la particularité de son dossier pour laquelle je dois me battre pour faire respecter les exigences post-opératoires de la chirurgienne, les plaintes, l'insistance auprès de divers acteurs en physiothérapie, les séances de ping-pong sur répondeurs téléphoniques. Épuisant. Jamais je n'aurais pensé subir les contre-coups de cette mésaventure durant si longtemps.

Mon Grand-Charme, il est tellement agité depuis quelques semaines qu'il m'étourdit littéralement. Il s'extasie, prend ses grands airs théâtraux, mime à peu près tout ce qu'il raconte, parle vite et sans arrêt, a toujours une anecdote plus importante que n'importe qui à raconter, prend à peine le temps de respirer entre deux phrases. Ouf!

Ma santé mentale exige que je lui demande parfois de se taire. Simplement se taire. Lorsque je n'en peux plus, je lui fais la menace de la gousse d'ail. Vous connaissez? Cela sous-entend qu'il a des vers au derrière, problème auquel mon antidote le plus délicieusement cruel est la gousse d'ail (la plus grosse possible pour mieux terroriser vos petits anges) que je menace de lui insérer en guise de suppositoire afin de l'exorciser de son mal grouillant qui nuit à la quiétude familiale.

Mes gars ont tous déjà goûté au supplice de la gousse d'ail par l'orifice de service. Tous, ils s'en souviennent et contractent certains muscles simplement à entendre la menace planer.

Il arrive que ce soit efficace pour retrouver une certaine accalmie.

L'altruisme (édité)

J'explique aux enfants que ma cousine vit une période difficile et qu'il faudrait bien faire quelque chose pour elle. Je me sens un peu loin et impuissante. Je pense à une autre cousine qui s'était sentie impuissante envers moi lorsque Thomas est décédé et qui s'était mise à préparer des tartes et des plats pour ma famille (on avait fait la même chose pour elle lors d'une épreuve) pour se rendre utile. Tant de proches ont encore tant de délicatesses pour nous!

J'avais idée de lui préparer quelques repas. J'appelle donc ma tante, vois ce qui serait le plus utile pour sa fille, la croyant encore hospitalisée. Elle me suggère de préparer des desserts. Parfait. Si c'est ce qui fait plaisir aux enfants et allège la mère...

J'annonce à mes mousquetaires que durant les prochains jours, je préparerai des tartes pour S.

Bouches bées, ils m'écoutent me soucier, posent quelques questions, se rassurent puis retournent jouer.

Tout-Doux (grand amateur de mes trop rares tartes) vient me voir, s'inquiète: 'Est-ce que tu vas en préparer aussi pour nous?'

-Je ne sais pas. Ma priorité, c'est S. Elle en a plus besoin que nous.

Il amorce une hésitante insistance: 'Oui mais nous ...", puis se ravise. J'entends dans ma tête la suite: '...aussi, on aime ça des tartes et tu n'en fais pas souvent."

Je suis fière de lui qu'il se soit tu. C'est peut-être comme ça que nait l'altruisme; à partir du moment où l'on se rend compte qu'on peut parfois mettre un peu de coté nos gâteries et notre confort pour quiconque vit une épreuve un peu plus hard que la nôtre.

Note: Ce n'est pas la première fois que je vous parle de gestes d'altruisme qui m'ont particulièrement touchée, certains plus que d'autres parce que venant de personnes moins proches. Je nous trouve choyés parce que bien soutenus. Combien de gens ont réellement des appuis solides pour offrir du support lorsque nécessaire?

lundi, mars 17, 2008

Intolérance

Parce que la mère que je suis ne tolère plus un cri, un chamaillage, une question...

Parce que la seule façon d'obtenir le silence tant convoité est d'envoyer les enfants jouer dehors ou de me pousser en douce de la maison...

Parce que je ne voudrais devoir me soucier que de mon humble personne...

Je crois qu'il est temps de nous sauver du pays en amoureux afin de voler un brin d'insouciance (autant cela puisse être possible quand on est mère) et de liberté...

TIC, pub et conventions sociales

J'ai lu il y a quelques semaines chez Intellex son "appréciation" des nouvelles pubs de Telus.

Ce matin, dans le métro, j'ai pu "apprécier" à mon tour le mauvais goût et l'insignifiance de l'anti-civisme véhiculés par cette série de publicités.

Il est tout à fait désolant qu'aux yeux de cette entreprise, à l'ère des multiples technologies de communication, l'humain soit justifié de manquer de courage et de tact parce que des outils lui permettent une telle facilité.

Le geste de démissionner (souvenez-vous de Denise Bombardier qui avait reçu son congédiement de Radio-Canada par courriel avec l'offense -justifiée- que cela avait engendré), de rompre, d'annoncer quelque chose d'important devrait nécessiter le courage des paroles, la délicatesse et le ton soigné et approprié du non-verbal. C'est aussi une question de dignité humaine et de respect pour son interlocuteur.

Réduire l'importance d'une telle convention m'inquiète. C'est le civisme qu'on menace de relèguer aux oubliettes. Je me demande comment réagirait un dirigeant de Telus se faisant remettre la démission d'un subalterne sur texto. Je suis persuadée qu'il saurait s'en sentir outré.

Depuis la facilité que procure Internet pour rencontrer virtuellement de nouvelles gens, je me découvre plus réservée socialement dans la "vraie" vie (malgré cette urgence et ce besoin de socialiser). Les relations humaines, l'art de socialiser, ça se cultive. J'ai peur d'où nous nous dirigeons comme société si nous n'avons même plus à ouvrir la bouche ou à user de tact pour assumer gestes, paroles et décisions.

Communiquer demande d'user de compétences sociales, d'entregent, de savoir-vivre. De spontanéité, aussi. Les technologies de communication sont des moyens nous permettant de faciliter la communication. Pas une fin nous permettant de nous soustraire lâchement à nos responsabilités sociales.

Voilà

Alors voilà, c'est fait, je suis allée à cette entrevue. Le poste et les conditions de travail me paraissent absolument alléchantes mais je ne suis pas prête à faire n'importe quel sacrifice pour l'obtenir. J'ai mis mes conditions sur table dès le départ.

Je parlerai peut-être de ma grossesse si je me rends en deuxième entrevue. L'employeur semble juste et flexible, c'est plus facile d'être loyale et juste en retour en considérant cela. Je ne vendrais pas mon âme pour un emploi.

J'ai passé mon avant-midi à me considérer dans les vitres du métro et les vitrines du boulevard pour vérifier si j'avais l'air enceinte.

Je suis allée à cette entrevue libre, désinvolte et pleine d'assurance. J'en suis repartie avec un bon feeling dont je me méfie: chaque fois que je me sens trop confiante, on ne m'embauche pas.

Advienne que pourra! Je ne serai pas malheureuse quelle que soit l'issue de cette possibilité mais je saurai que pour l'avenir, c'est ce genre de poste que je convoiterai.

vendredi, mars 14, 2008

Chasseurs de nuages

Dans un autre ordre d'idée, Fils Aîné et moi sommes allés voir le spectacle de ces jeunes gens hier soir. Des billets de compensation pour une climatisation déficiente lors du spectacle de mon préféré il y a quelques mois.

La première partie du spectacle était assurée par cette jeune relève entière, authentique et absolument touchante. Évidemment, après ma journée d'hier emplie d'émotions, les compositions, l'intensité et les paroles de la jeune musicienne ont fait de moi une spectatrice braillarde qui tentait de sécher ses larmes discrètement aux côtés de son fils.

Je regardais les musiciens tripper dans leurs bulles respectives parallèlement à leur cohésion de groupe et je soupirais en me disant que faire de la musique (ou tout autre travail créatif) est sans doute le métier le plus enivrant du monde.

Inévitablement, les musiciens me font penser à mon père. Il est si facile de le voir dans ma tête se fusionner avec ses instruments au rythme de ses accords, les yeux qui roulent de bonheur et la tête qui suit la mesure du pied! L'image parfaite pour tourner le fer dans la plaie!

Heureusement, les folies, le rythme et l'absurdité (je vous ai déjà dit que j'adorais l'absurde?) des trois jeunes hommes a réussi à chasser ma mélancolie le temps du spectacle, ce qui représentait un défi monstre à ce moment.

Échos intérieurs d'un boum-boum

Je me connais, je le savais bien que cette grossesse allait avoir un goût particulier, mais je n'en réalisais pas encore la portée parce que la fatigue, l'irritabilité et les nausées prenaient toute la place et qu'un premier trimestre, c'est aussi lourd qu'intangible.

Je suis habituellement fébrile de me rendre à mes premiers rendez-vous pour entendre, émue, le coeur de mes bébés. Ce ne fut pas le cas hier. D'abord, parce que je n'avais pas envie des formalités de début de grossesse et encore moins avec une stagiaire sage-femme. Oh je n'ai rien contre les stagiaires et celle-là était techniquement correcte, mais ce n'était pas ma sage-femme, celle à laquelle je me suis tant attachée durant ma grossesse de Frédéric et surtout, celle qui a été si merveilleusement généreuse, présente et discrète à la fois lors du décès de Thomas.

À elle, j'aurais pu m'ouvrir, lui dire les choses telles que je les sens: je n'ai pas vraiment envie d'être enceinte. C'est un fait: j'étais bien, très bien même toute seule dans mon corps. Si j'ai conçu un autre enfant, c'était pour cesser de me torturer une fois pour toutes avec cette question, c'était pour mon homme, c'était pour gagner un certain dû de la part de la Vie: avoir à nouveau six enfants (mon coeur en comptera désormais sept) vivants, pour pouvoir dédier ma portion d'âme condamnée à un autre enfant capable de la recevoir et peut-être, de la colorer un peu. J'aurais pu lui dire aussi que la nouvelle vie en moi a secoué du même coup tous les échos de la mort: Thomas me manque plus que jamais et tout le chagrin confiné depuis des mois à certaines parts secrètes de moi-même déborde de façon incontrôlable.

J'ai entendu le boum-boum régulier du mini-coeur. Et j'ai serré les dents. Pour tuer dans l'oeuf toute éventuelle source d'émotion. Pour demeurer de glace. Pour taire tout sourire mais surtout, pour éviter de pleurer (et devoir expliquer à cette fille qui ne me connaît pas que je suis bien que trop consciente de ma culpabilité envers ce tout petit bébé qui n'a rien demandé du rôle inconscient que je crains de lui attribuer malgré moi: celui de devoir combler le vide abyssal et aride de la mort).

Je suis lucide, je sais rationnellement qu'aucun humain sur Terre (ou ailleurs) ne saura jamais rendre à nouveau vivace cette portion d'âme éteinte avec la mort de mon enfant. Je sais aussi rationnellement que je ne désire confier à aucun de mes fils le mandat de me consoler. Seulement, je me demande si dans l'inconscient, cela peut faire une différence.

Plusieurs personnes ont eu le réflexe de me dire avant ma grossesse lorsque je parlais de la possibilité d'avoir un autre enfant: "Aucun enfant ne remplacera jamais Thomas!" comme pour me mettre en garde contre un éventuel "bébé de remplacement". Les grossesses me rendent folle mais pas stupide. Cette profondeur innommable que je voyais dans les yeux de Thomas, jamais je ne la verrai ailleurs.

Même si je sais pertinemment que je tomberai sous le charme de ce nouvel enfant pour son individualité propre comme je suis tombée sous le charme de mes autres marmots, je suis triste de penser que celui-là devra sa vie à la mort de son frère. Parce qu'en toute honnêteté, si j'avais pu ramener Thomas, jamais ce tout petit bébé n'aurait été conçu.

mercredi, mars 12, 2008

L'autonomie

J'ai tendance à oublier entre chaque bébé les exigeances de l'âge de l'acquisition de l'autonomie.

Scène d'un matin...

Frédéric se réveille en appelant maman. C'est Grand-Charme qui entre dans sa chambre, lui dit bonjour et ouvre son store. Frédéric réclame que Grand-Charme referme le store. Grand-Charme s'exécute.

Les grands terminent leur déjeuner, je supervise la préparation de leurs lunchs. Ils partent à l'école pendant que Frédéric joue aux voitures dans sa chambre. Frédéric entre dans la cuisine, demande où sont ses frères.

"Ils viennent de partir à l'école", que je lui réponds.

-Lélic veut dire bye.

Il lance donc un "bye" symbolique dans la cuisine à l'endroit de ses frères qui ont déjà tourné le coin de la rue.

Frédéric aperçoit soudainement mon verre de jus d'orange.

"Non c'est Lélic veut boire jus" me lance-t-il impérativement. Il vient vers moi, je lui laisse terminer mon verre.

-Lélic a fait gros caca, Lélic pue.

Frédéric se dirige vers le divan où il s'installe pour changer sa couche. Il me voit arriver avec une couche et se fâche: "Non c'est Lélic veut chercher couche!"

Indigné, il se précipite dans sa chambre en bougonnant pour ranger la couche que je viens de prendre, la laisse sur le meuble à couches quelques secondes puis la saisit à nouveau au moment où IL le décide. Il revient s'installer sur le divan gentiment.

Je le lange, m'apprête à lui mettre la couche propre. Il bougonne au moment où je décolle les velcros: "Non c'est Lélic veut". Je soupire, lui laisse décoller les fichus velcros et lui mets enfin sa couche.

Je m'apprête à aller mettre la couche souillée à la poubelle et il me court après en hurlant: "Non c'est Lélic veut mettre poubelle!". Je lui tends donc la couche et vais me faire des toasts, que je tartine au beurre de peanut.

Je m'apprête à venir m'installer sur la chaise berçante. Il m'intercepte: "Non c'est Lélic veut apporte assiette". Je le laisse faire en me disant: "Fichue quête d'autonomie!"

Nous nous installons ensemble sur la chaise berçante. Il me prend une toast et ne fait que lécher goulûment le beurre de peanut sans toucher au pain.

-Frédéric, mange comme il le faut! que je lui dis. Tu dois aussi manger le pain!

-Non c'est Lélic mange pain, c'est Lélic décide.

Je l'installe sur sa chaise et descends au sous-sol chercher quelques vêtements. Je remonte, m'habille, me prends un verre de lait.

Voyant que la pinte est vide, il se précipite pour changer lui-même le sac.

-C'est Lélic! C'est Lélic veut mettre lait!

Trop tard, je viens de le faire moi-même. Il est insulté et pleurniche: "C'est Lélic veut lait, c'est Lélic veut mettre lait!" (dire que ses frères essaient toujours de se pousser du changement de la pinte!!)

Je me dirige vers le lecteur cd. Nonchalant, il demande: "Maman mettre mélique?"

-Oui maman veut mettre de la musique.

Panique subite et totale: "Non c'est Lélic mettre mélique, c'est Lélic, non maman c'est Léliiiic!"

-C'est maman.

-Non c'est Lélic!

Une crise s'ensuit. Je cherche le cd désiré, le trouve. Il tente de me bloquer le passage jusqu'au lecteur en hurlant, visiblement très contrarié. "Lélic" tient absolument à mettre lui-même de la musique (ce qui signifie appuyer sur n'importe quel bouton jusqu'à ce que musique -quelle qu'elle soit- s'ensuive.

Je le déloge, mets mon disque. La crise se poursuit.

-Tu as terminé ton pain?, que je lui demande sur un ton qui commence à sentir l'impatience.

-C'est Léliiic mélique-EEEE, conclut-il en retournant s'asseoir à table en faisant la gueule.

S'ensuit une période où il prend une léchée de beurre de peanut sur son pain, joue avec ses voitures, puis prend une autre léchée. C'est interminable. Cela doit faire trente minutes qu'il étire le plaisir du léchage de pain.

Il finit par s'installer sur le plancher avec ses voitures et son pain désormais sec.

Je vais chercher ses vêtements, les dépose près de lui et lui demande de s'habiller.

-Non Lélic veut pas 'biller, Lélic joue vroum-vroum-EEEE!

Je le contrains à enfiler son pantalon. Il bougonne en coopérant. J'essaie de lui retirer son haut de pyjama. Il refuse sous le prévisible prétexte que "c'est Lélic".

Je lui tends un chandail qu'il refuse obstinément de mettre malgré que je lui aie vanté la beauté du chien qui l'orne. Il est formel.

"D'accord, alors va en choisir un autre".

Il prend un chandail orange. J'essaie de l'aider à l'enfiler.

-Non c'est Lélic, Lélic mettre 'dail!

-D'accord, mets ton chandail, maman va chercher des bas au sous-sol.

-Non c'est Lélic veut chercher bas! C'est Lélic veut aller!

Il se lance désespérément à mes trousses. Je me retourne: "Non, toi tu mets ton chandail".

Je remonte avec les bas, essaie de profiter du fait qu'il soit prisonnier des manches de son chandail pour les lui enfiler. Il pleurniche en répétant un "C'est Lélic" pour la forme mais se laisser faire malgré tout.

Il est temps de partir. Il refuse. Je me poudre les joues.

-Lélic aussi veut!

Il fouille dans mon sac, ouvre le contenant de poudre, se regarde attentivement dans le miroir en poudrant les siennes. Il éternise sa séance beauté, me voilà qui m'énerve. Je tente de lui enlever mon contenant pour le ranger et il refuse: "Non c'est Lélic veut! Attends! C'est Lélic!"

Je le presse, il est presque dix heures et j'ai un programme chargé cet avant-midi.

Il refuse de mettre son manteau, réclame des voitures à emporter dans ses poches. Je suis entièrement prête et je trouve qu'il abuse. Tant pis pour son autonomie. Je lui confisque ses voitures jusqu'à ce que son manteau soit enfilé.

Vient le tour des bottes. Il me niaise, simule entrer son pied dans la botte pour le retirer aussitôt que les orteils en effleurent le rebord. Il sourit, oublie complètement ses voitures. Le jeu lui plaît tandis que je n'en retire aucun plaisir.

Je prends sur mon épaule mes deux sacs puis sous l'autre bras, le jeune homme autonome. Sous ma surcharge et les blocs de neige que les enfants ont laissé dans l'entrée étroite, je bêche et tombe à genoux dans la neige.

Un mot très vilain sort alors de ma bouche et je ne m'en tiens nullement rigueur.

Frédéric s'amuse à répéter jusqu'à la voiture: "Maman boumbie! Boum! Maman boumbie neize avec Lélic!"

-Oui Frédéric, j'ai remarqué que nous étions tombés dans la neige. C'est une excellente observation.

En arrivant près de la voiture, je cherche les clés dans ma poche en tentant de ne rien échapper de ma lourde cargaison. J'installe Fred dans son siège en m'exclamant: "Merde! Nous avons oublié Doudou!"

Frédéric se raidit: "C'est Lélic veut aller chercher Doudou!"

-Non! (et clip la ceinture de sécurité!!)

-C'est Léliiiic veut Doudou!!

Je retourne chercher Doudou sans me soucier de la neige que j'échappe sur mon plancher propre de la veille.

Le jeune homme à la garderie, me voilà enfin libre de faire les choses à ma façon sans me soucier du désir d'autonomie de quiconque.

Quelle période épuisante que celle-là!

Les décisions

Habituellement, je prends les décisions majoritairement avec mon coeur et mon senti.

Une question que je croyais réglée en moi revient me titiller. Il y a deux mois, une opportunité d'emploi très intéressante se présentait à moi au moment où j'avais décidé de consacrer l'essentiel de mon temps à la rédaction de mon livre et à ce bébé en construction sans m'imposer de stress extérieur.

Voilà qu'on me convoque à l'entrevue qui suit les tests passés. Ma tête dit oui, ce serait bien à long terme. Mon senti dit bof, pourquoi se mettre tant de pression dans ce moment de grande quête d'équilibre dans ma vie? Pourquoi stresser à l'idée de passer une entrevue (perdue d'avance?) avec un petit bedon déjà à la limite du "cette fille est-elle enceinte ou fait-elle simplement un léger embonpoint?"

Cet emploi compromettrait-il le voyage que je souhaite faire cet été? Certaines conditions peuvent-elles se négocier?

Une journée de réflexion, donc.

Strauss

Des valses de Strauss (fils) le matin dans le tapis, quoi de plus puissant pour débuter une journée où l'on doit cogiter sur une décision à prendre avant d'aller rédiger puis dîner en tête à tête avec un jeune homme de six ans qui s'ennuie trop de sa maman?

lundi, mars 10, 2008

Combien de temps?

Combien de temps une mère minimalement équilibrée peut-elle survivre à la question: "Il reste combien de jours avant ma fête?" lorsque cette dernière est posée minimalement deux fois par jour et que ladite fête est dans plus de quatre mois (et que la salvatrice et approximative réponse "dans quatre pages de calendrier" n'est jamais assez précise et qu'une fois sur trois ledit enfant se met à pleurer du refus cruel et obstiné de sa mère de se retaper mentalement le calcul exact chaque soir)?

Une mère peut-elle réellement répondre tendrement chaque soir en caressant le toupet de son enfant: "Il reste 108 jours mon beau coco...Il reste 107 jours mon beau coco....il reste 106 jours mon beau coco..." Si ce type de mère existe, me voilà complexée.

Tiens, je devrais faire comme cette astucieuse maman et sortir le truc du pot de vitamines question d'assurer ma santé mentale jusqu'en juillet...

dimanche, mars 09, 2008

L'intimidation

Pourquoi est-ce que cela me révolte autant d'entendre Grand-Homme me parler de son élève, garçon de quatorze ans intimidé depuis l’an dernier par une jeune fille du même âge?

Chaque jour, la belligérante trouve des moyens sournois, constants et renouvelés d’écoeurer, d’humilier, de jouer hypocritement, de narguer, de taper sur la tête usée du clou qui n’a rien demandé. Amusement, exutoire, divertissement, sentiment de puissance? Le garçon, vulnérable et à bout de nerfs, utilise les vaines voies officielles pour dénoncer la situation d’intimidation et de harcèlement, qui ne fait que s’aggraver davantage à tous les coups.

Cette usure des moyens qui vient avec l’intimidation et qui rend la victime de plus en plus vulnérable, je l’ai connue. Au même âge.

À l’école, on prône et affiche fièrement un « tolérance zéro » pour toute forme de violence. Dans l’application des règles du code de vie cependant, on n’est réellement outillé que pour sévir contre la violence physique. On a besoin de faits, de marques et de pleurs. Et dénoncer la violence psychologique revient à, tut tut tut, une forme de rapportage, de faiblesse. Tant qu'il n'y a pas de menaces ouvertes, on n'a rien de tangible pour agir. Donc soit on dénonce et risque pire, soit on se tait et endure (ce que moi, à l’époque, j’ai fait).

Évidemment, étant cruellement insidieuse, la violence psychologique imposée par la petite bitch continuera de faire son œuvre, la mignonne continuera de taper sur le clou hypocritement derrière ses airs angéliques.

Éthiquement et moralement, aucun prof, aucun parent, aucune direction d’école ne dira à une fille intimidée (donc encore moins à un garçon) de se défendre. Oui, je veux dire se défendre physiquement. Quitte à se faire suspendre quelques jours, se défendre parce que les voies officielles, malheureusement, encouragent l’hypocrisie. Se défendre physiquement. Pas pour blesser ou maltraiter, non. Se défendre pour heurter la bulle de sécurité et d’insensibilité de l’autre, pour secouer son ego, pour ébranler son apparente outrecuidance, pour préserver ce qu’il pourrait subsister de notre estime personnel fortement massacré. À l’adolescence, un estime massacré, ce n’est pas beau à voir. Je suis dure, vous trouvez?

C’est pourtant ce qui, à 14 ans, a sauvé mon estime. On s’en était pris à moi toute une année durant. Chaque jour, entre chaque période, des moqueries non fondées, un plaisir de luxe entretenu pour quelques filles légères et ricaneuses. Le dernier jour d’école, elles s’en s’ont pris à ma meilleure amie. Je suis accourue et j’ai bousculé une fille de la gang. Oh, pas grand-chose : je l’ai plaquée, poussée, secouée. Je l’ai insultée avec tout le plaisir que la situation imposait. Je ne l’ai pas frappée, mais grandement déstabilisée. J’ai porté atteinte à ce petit corps frêle pourtant dense de méchanceté.

J’ai retrouvé ma solidité intérieure, ma dignité et surtout, la sainte paix. Chaque jeune opprimé devrait pouvoir défendre son intégrité de la sorte.

La force physique ne règle rien (triste frère de Léolo), mais elle peut aisément démontrer à l’intimidateur que sa bulle n’est pas inébranlable.

L’élève de Grand-Homme, doux et bon élève, si j’étais sa mère, c’est ce que je lui recommanderais, maintenant qu’il a tenté tout ce qu’il pouvait pour se défaire du parasitage de la garce. Un croche-pied pour faire planter son joli minois et l’humilier parmi ses livres éparpillés, un bon coup d’épaule pour qu’elle embrasse de près les casiers, what else? Pas une baffe de dur comme celles que les gars peuvent se permettre, mais quand même, voyez le genre? Les garces tenaces, c'est malheureux, mais c’est parfois le seul langage qu’elles comprennent.

Savon lavande-avocat


Voici mes derniers savons affectueusement nommés lavande-avocat. L'avocat donne une couleur jolie et pigmentée, l'odeur est prononcée mais olfactivement agréable.

Essai-erreurs: je les ai laissés trop longtemps au congélateur, la couleur en a été altérée et la texture également. Ils sont poreux et je soupçonne qu'ils se désagrégeront vite une fois dans l'eau. Ai ajouté à mon mélange (essentiellement huile d'olive + noix) de l'huile de sésame grillée. Erreur! Cette huile est tellement exquise que je la garde dorénavant jalousement pour mes vinaigrettes!

Camouflage





Je n'ai jamais vu un hiver pareil!

vendredi, mars 07, 2008

Image et musique

Je ne connaissais du groupe ABBA (que j'écoute en boucle depuis une semaine) que la musique, qui a coloré les voyages en voiture avec mon père lorsque j'étais enfant. Inutile de vous dire que je vogue dans la nostalgie de cette musique et qu'elle m'apporte une douce chaleur au coeur puisque nous l'apprécions énormément tous deux.

Il y a quelques jours, je me suis tapé tous leurs vidéos sur youtube et j'ai lu l'histoire du groupe, que je ne connaissais pas en-dehors du fait qu'il était formé de deux couples suédois.

Comme je connaissais déjà et adore depuis toujours leur qualité musicale, leurs harmonies et les arrangements vocaux de leurs chansons (presque toutes des hits!), ce n'est pas cela qui m'a frappé sur eux.

La plupart de leurs succès datent de la moitié des années 70 jusqu'au début des années 80. Je sais maintenant qu'ils assumaient entièrement le fonctionnement de leur groupe, de l'écriture de la musique jusqu'à l'administration et au marketing sans pourtant avoir été autre chose que d'excellents musiciens.

Je suis grandement impressionnée par l'écart dans la prise en charge d'un groupe entièrement autonome d'il y a vingt-cinq ans et la gestion d'image des vedettes pré-fabriquées et éphémères d'aujourd'hui.

Les deux jeunes femmes du groupe étaient jolies et séduisantes (sans commentaires pour les coupes de cheveux en vogue à l'époque) et la qualité de leur musique et de leurs textes supérieures à celles d'un grand nombre de chanteuses des dernières années.

Je ne peux m'empêcher de me désoler devant le fait que beaucoup de femmes qui percent dans le milieu musical doivent désormais le faire en ayant besoin de se dénuder à moitié et d'avoir une attitude provoquante à l'excès, de provoquer des scandales et de faire parler d'elles par leur attitude ou leur corps plutôt que pour leur talent réel. Ce n'est certainement pas le cas de ce qui a assuré le succès d'ABBA, les deux chanteuses étant d'une décence quasi prude et d'une immobilité morbide sur scène!

Outre Nina Simone, Ginette Reno, Cesaria Evora et peut-être Lulu Hugues, quel talent féminin est suffisamment affirmé pour pouvoir d'emblée se passer de l'atout du corps pour assurer son succès?

Il y a quelques années, Lynda Lemay racontait en entrevue qu'après le Festival de la Chanson de Granby (qu'elle avait remporté), on lui avait proposé de changer son look. Souvenez-vous, elle portait alors des leggings et des t-shirs amples devant sa candeur et sa guitare. Elle avait eu la force et l'intégrité de refuser. Devant l'insistance des spécialistes de l'image qui lui assuraient qu'elle mettrait plusieurs années de plus à se tailler une place dans le showbizz si elle ne dévoilait pas plus, elle a tenu tête et a affirmé qu'elle préférait mettre plus longtemps à percer mais d'avoir l'assurance que ses fans l'apprécieraient pour ses chansons plutôt que pour son allure.

Peu de jeunes femmes possèdent cette solidité devant la pression de l'apparence aujourd'hui.

Amateurs de hamburgers

Vous vous régalerez au café bistro L'enchanteur, coin Henri-Julien et de Castelneau, à Montréal. Leurs divers hamburgers de luxe sont un pur délice (j'oserais même dire qu'ils ne sont pas loin de surclasser ceux du Bâton Rouge!) et je ne parle pas de leurs frites et salades!

Nous en fûmes à une certaine époque de très bons clients. Avons renoué avec une vieille habitude ce midi. Pour dessert: une crème brûlée au Bailey's. Miam!

Le service y est sympathique mais toutefois un peu lent. Non non, je ne me lance pas dans la critique de restos, mais celui-là...

Note: Je n'ai pu m'empêcher de questionner un client qui révisait son manuscrit pour publication l'an prochain. J'ai hâte que ce soit mon tour!!!

Ce n'est pas moi qui le dis

(mais je n'ai AUCUNE misère à le croire)

Selon une récente étude de l'université Riverside, les hommes s'impliquant dans les tâches ménagères auraient une meilleure vie sexuelle. Cela s'expliquerait par la satisfaction mutuelle lié au partage équitable des tâches. Les femmes, moins débordées et plus satisfaites n'en seraient que plus câlines.

Cela fait beaucoup de sens (mais avait-on réellement besoin d'une étude pour démontrer cela, si ce n'est pour satisfaire l'esprit rationnel-cartésien-scientifique de ces messieurs?)

jeudi, mars 06, 2008

Les vertus pédagogiques d'Amélie

Fin du déjeuner. Grand-Charme passe un commentaire à la fois gêné et désolé que les femmes soient privées de plaisir durant leur grossesse. Devant mon étonnement, Fils Aîné et lui m'expliquent que c'est Maxime Martin (?), un humoriste, qui l'a dit.

Mère soucieuse de l'éducation sexuelle de ses rejetons, j'estime donc bon d'informer mes fils: "Les garçons, les femmes enceintes continuent de faire l'amour!"

-Oui, mais pas jusqu'à la fin de leur grossesse, rectifie l'aîné.

-Et pourquoi cela? je demande.

-Ben, parce que ça peut causer un risque de fausse-couche! rajoute-t-il, défendeur de ces petits êtres vulnérables en construction.

Je leur explique alors que les femmes enceintes peuvent (heureusement) bénéficier des vertus de l'amour jusqu'à la toute fin de leur grossesse, même jusqu'à la journée de leur accouchement dans la majorité des cas et que la principale contrainte physique vient plutôt du fait que certaines positions sont à privilégier vu l'encombrant bedon.

Je viens de prononcer un mot qui produit une onde de malaise. Regard à la fois gêné et complice entre frères.

-Quoi? questionne ironiquement Grand-Charme, ce sont les femmes qui viennent sur le dessus!?? (comme si la chose était inconcevable)

Il répond lui-même à sa question: "Mais non! Les femmes vont toujours en-dessous...

(Interrogation et attente d'explication dans le visage maternel).

-...ben oui, je le sais m'instruit-il,je l'ai vu dans Amélie Poulain; les femmes sont toujours en-dessous!

-!!!

mercredi, mars 05, 2008

Chevaucher la veille

Mon beau Grand-Charme peut enfin vivre la fébrilité de son anniversaire en toute légitimité. Comme beaucoup d'enfants, il est toujours excité à l'approche de cette journée spéciale. Le hic avec lui, c'est que depuis deux ans, pour accéder au bonheur des gâteries et de l'attention de sa journée, il doit d'abord chevaucher la veille. La veille, c'est la journée particulière où nous sacrifions sciemment chacun quelques mouettes et tortues de mer en envoyant au ciel des ballons sur lesquels nous écrivons un mot destiné à notre fils et les garçons, à leur frère.

Sensible, Grand-Charme tergiverse entre sa fébrilité et la culpabilité d'être heureux de vieillir d'une année alors que maman et Grand-Homme sont plongés dans le recueillement et les souvenirs de l'atroce journée du décès de Thomas.

Il y a deux ans, alors que nous étions des parents mécaniques, absents et submergés de chagrin, Grand-Charme avait pris tout son courage pour venir me confier, après deux ou trois semaines de deuil: "Maman, je sais que Thomas est mort et que tu as beaucoup de peine mais des fois, je reviens de l'école et je me dis que c'est peut-être aujourd'hui qu'on va me fêter."

Cher Amour! Il réclamait sur la pointe des pieds un dû légitime que je ne savais plus lui offrir. Une copine avait alors proposé d'organiser la fête en se chargeant de tout de A à Z, probablement un des gestes d'empathie et de générosité qui m'a le plus touché dans mon existence.

Même à côté d'un sanctuaire temporel de chagrin, il y aura toujours de la place pour honorer la vitalité contagieuse et grandissante de notre beau Grand-Charme.

Bonne fête mon grand!

lundi, mars 03, 2008

Aider

Il m'arrive, dans des moments où je me sens soit moche et inutile, soit débordante de joie et d'altruisme, d'espérer pouvoir aider quelqu'un là, sur-le-champ. Je roule en voiture et pense: "Ce serait bien de pouvoir avoir l'occasion d'aider quelqu'un aujourd'hui." Très égoïstement, uniquement pour le plaisir de me sentir utile.

Il se produit quelque chose d'incroyable (superstition??). Un jour, environ trente secondes après avoir pensé cela, je croisai sur la route une joggeuse qui m'envoya la main en tenant sur son nez un mouchoir. Je m'arrêtai, l'embarquai (je n'embarque jamais de "pouceux"). Elle avait le nez en sang et m'expliqua qu'elle s'entraînait pour un demi-marathon et ne comprenait pas pourquoi elle se mettait parfois à saigner du nez lors de ses entraînements. Toute la journée, je surfai sur le bonheur de m'être sentie utile gratuitement et spontanément!

Une autre fois, sur la route avec mon homme, un handicapé dans sa chaise roulante sur un trottoir enneigé. Halte mon amour! Nous nous arrêtons, aidons l'homme à dépasser le rond de glace sur lequel il était bloqué. Quel bonheur d'avoir des occasions de se sentir humainement bon!

Encore, cette autre fois où une jeune maman de la garderie rentrait péniblement de chez le dentiste avec sa petite fille. Elle venait de se faire enlever les dents de sagesse lorsque je la croisai à quelques km de chez elle. Un lift? Oooh, ouiiii!

Existe-t-il un bonheur plus enivrant que celui de se sentir utile simplement parce qu'on se trouve au bon endroit au bon moment?

Après deux mois...


Elle est minuscule, mais bien là: une jolie mésange dans ma mangeoire à chardonnerets!

samedi, mars 01, 2008

Comme à la clinique

Je suis irritée lorsque je vais à la clinique et qu'un grand panneau à la réception indique: "Nous ne donnons pas le temps d'attente".

Je devrais pourtant mettre ça sur la porte de la maison lorsque j'envoie jouer les garçons dehors à 10h30, que je leur mentionne que je ne les veux pas dans la maison avant dîner et qu'ils passent leur temps à venir me demander il reste combien de temps avant midi.