mardi, mai 13, 2008

Le piano

Il trône dans la salle à manger. C'est un grand clavier, en fait. À tour de rôle, les enfants viennent pianoter, le plus souvent pour nous casser les oreilles avec la multitudes de sons bizarres qu'offre l'instrument.

Tout-Doux a cessé les cours de piano il y a deux ans, après un an et demi de pratique. Il n'était plus motivé et c'était une corvée de le faire pratiquer (à cause de mon manque de discipline). Depuis qu'il a cessé, il pianote plus que jamais. Il explore, patient, absorbé. Je lui demande souvent de fermer le piano car sa musique se fait plus agression que douceur à l'oreille. J'ai toujours su que cet enfant aurait l'oreille musicale, ou du moins de grandes capacités pour la musique.

Tout petit, dans les soirées de famille, il se tenait près des instruments et attendait "l'heure". Lorsque oncle et cousins s'apprêtaient à s'y mettre, il figeait, ne les lâchait pas des yeux, guettait chaque mouvement, chaque ajustement d'instrument, devenait tout ouïe, avalé par les instruments aurant que par la musique qu'ils produisaient.

C'est avec tristesse que je l'ai retiré de ses cours. De toute façon, c'était la guitare qui l'intéressait mais il était trop jeune.

Voilà qu'à présent, Coco, à près de sept ans, s'installe régulièrement devant le piano et explore à son tour. La surprise c'est que lui, chez qui je n'aurais jamais soupçonné une oreille, joue des pièces d'enfants du début à la fin uniquement par ses explorations musicales. Je suis béate de le voir si doué.

Fils Aîné, lui, rêve de batterie depuis qu'il a joué à je ne sais plus quel jeu sur un Playstation (??) chez son ami.

Chaque fois qu'enthousiaste, j'offre des cours, réponse à l'unanimité: NON.

Pourquoi s'encombrer de cours quand on peut simplement s'amuser sans pression?

N'empêche, je rêve secrètement qu'un jour, l'un d'entre eux vienne me manifester son intérêt pour pousser plus loin la musique.

5 commentaires:

Une femme libre a dit...

Il y a beaucoup de théories sur l'enseignement et particulièrement sur celui de la musique. Dans notre société québécoise et nordaméricaine, on ne force pas les enfants. On leur propose, comme vous le faites et ils sont libres de choisir même très jeunes. Mes amis asiatiques, eux, ne fonctionnent vraiment pas comme ça. L'enfant de quatre ou cinq ans commence le piano et on ne songerait jamais à lui demander si ça lui plaît ou non. Il étudie le piano donc et pratique assidument. Là non plus, on ne lui laisse pas le choix. Ma tante musicienne et professeure de piano a en très grand majorité des élève asiatiques et ils gagnent des concours. Plus doués pour la musique? Mais non, me dira-t-elle, plus travaillants et avec des parents plus sévères. Petits, ils pleurent parfois devant leur piano, mais plus grands, quand ils sont applaudis et qu'ils gagnent des prix, ils seront les premiers à reconnaître que ce qu'ils ont accompli, ils le doivent à leur mère.

Grande-Dame a dit...

J'ai connu un Mario comme ça: il avait 16-17 ans et était ceinture noire en karaté. Il disait que sa mère l'avait poussé même quand il était écoeuré et avec du recul, il lui était reconnaissant de ne jamais l'avoir laissé abandonner. C'est vrai que nous, Québécois, laissons bcp nos enfants avoir leur mot à dire dans leur (notre!) éducation.

D'un autre côté, comment déterminer si je ne suis pas en train de faire de mes fils les modèles de tous mes cousins musiciens que j'admire tant? Si mes fils ont un intérêt pour la musique, probablement le manifesteront-ils pour la chose le moment venu.

On peut puiser du bon et du vrai dans les deux théories.

Solange a dit...

Un enfant qui aime vraiment la musique pour en faire une carrière, ira avec plaisir suivre des cours et pratiquera assidument.
S'ils le font seulement pour le plaisir, c'est plus tard qu'ils s'y mettront sérieusement.

Une femme libre a dit...

J'ai élevé mes enfants tout comme vous le faites, en leur offrant des choix et en les respectant dans ces choix. Sauf mon fils qui a été enfant unique pendant dix ans. Lui aussi, je lui offrais des choix mais il se devait de choisir quelque chose dans ces choix. Je te donne huit choix et tu dois en choisir deux. Résultat: il a tâté du karaté, de l'escrime, du volleyball, de l'aquarelle, de la natation, du water-polo, du piano mais aussi de la guitare et de la trompette et plein d'autres activités que j'ai oubliées. Ce qu'il a choisi comme sport une fois adulte et vraiment libre: la boxe que je ne lui aurais jamais proposée!

Pour les trois autres, elles pouvaient s'inscrire à une activité ou pas (j'étais passée à une activité par enfant!) et elles ont aussi essayé pas mal de choses. Ma Dix-Neuf ans me reprochait cependant en fin de semaine de ne pas l'avoir incitée à continuer quand elle a quitté le piano au bout d'un an (je les forçais tout de même à persévérer une session ou une année quand elles décidaient de s'inscrire à quelque chose). "J'avais du talent et tu le savais. Je n'avais que dix ans, c'était à toi à me forcer à continuer."

En fait, si j'avais d'autres enfants à élever, je serais plus coercitive, pour leur bien. On se plaint que les enfants n'ont plus le goût de l'effort, ce goût s'entretient en en faisant des efforts, que ça nous plaise ou non. La vie, ce n'est pas toujours un loisir. Mais heureusement ou malheureusement, il n'y aura pas d'enfants qui bénéficieront de ma nouvelle philosophie d'éducation plus spartiate! ;o)

Grande-Dame a dit...

Vous avez sans doute raison Femme Libre. Personne n'aime être contraint, même quand c'est "pour notre bien".

Une camarade qui faisait du judo avec moi disait que son père l'obligeait à faire au moins un sport. De son choix, mais tout de même. Le sport garde en santé. Elle faisait du judo par choix, avec l'appui de son père.

Parents, nous avons une vision beaucoup plus large que nos marmots. Grand-Charme a du talent en théâtre. Il y a trois ans, je l'ai inscrit à des cours malgré lui. Il ne connaissait pas alors ne pouvait approuver l'idée mais ce ne fut pas long qu'il fut déjà vendu au théâtre. C'est sa troisième année et il en mange. Si j'avais attendu que ça vienne de lui, j'aurais pu attendre longtemps.

Les activités sont cependant exigeantes pour les parents. Il y eut une époque où tous les soirs de la semaine étaient occupés: piano pour Tout-Doux et moi, violon pour Grand-Homme, théâtre pour Grand-Charme, plongeon pour Fils Aîné. Après un an de ce régime (en plus de tout le reste), nous étions brûlés.