samedi, juin 25, 2011

Emploi, humilité et dignité

Je ressens depuis très longtemps une grande admiration pour ceux et celles qui accomplissent quotidiennement un travail peu gratifiant mais qui savent le faire avec dignité.

J'ai ma fierté, je possède le luxe de pouvoir jauger certains critères avant de retourner sur le marché du travail. J'éprouve le désir de trouver un emploi qui convienne à mes compétences, ma motivation, ma volonté de réalisation, mes exigences, ma fierté et ma réalité de mère de famille nombreuse. Je suis une chercheuse d'emploi de luxe.

Certains ne peuvent se permettre le luxe d'oeuvrer dans leur domaine de compétence et pourtant, ils demeurent souriants, courtois, heureux, investis et dévoués dans toutes leurs tâches. Ils apprécient la chance qu'ils ont d'avoir un emploi dont la motivation première est la nécessité financière.

Je m'incline devant leur dignité. 

jeudi, juin 16, 2011

Un départ

La fin du secondaire, mon aîné qui travaille d'arrache-pieds sur ses maths pour terminer à temps, l'entrée au cégep à la fin août, un premier emploi cet été...Mais avant, il y aura un départ. Fils Aîné quitte le nid familial dans moins de deux semaines pour participer à un échange linguistique. Tandis qu'il passera six semaines en Ontario dans une famille que je crois être d'origine jamaïcaine, une adolescente de cette famille viendra occuper la place de Fils Aîné dans notre famille. Nous avons hâte de la rencontrer et de vivre cette nouvelle dynamique.

Fils Aîné a dû travailler dur pour nous convaincre de lui permettre cet échange qui hypothéquait nos vacances (nous ne pouvons nous éloigner de la maison à cause de son "échangiste" (tiens, appelons-la plutôt "jumelle").

Une étrangère dans notre maison, cela demandera nul doute une adaptation de toutes parts. Et puis, cela donnera l'occasion à Frédéric de régler une fois pour toutes la question de la couleur de la peau, question qui le mystifie depuis un bon moment déjà.

Une belle expérience à vivre pour mon grand (qui travaillera dans un camp de jour de sa nouvelle communauté), mais il nous manquera beaucoup ici.

mercredi, juin 01, 2011

Georges, sa femme et nous

Je m'entends bien avec Georges. Bien qu'il nous visite tous les printemps depuis une dizaine d'années, c'est seulement cette année que nous nous sommes officiellement présentés. Comme toujours, sa timide dulcinée l'accompagne.

Si la visite du couple nous ravis chaque fois, elle demeure de courte durée. Les amoureux restent environ une semaine avant de repartir dans leur nid d'amour.

Or, cette année, comme nous sommes plus avenants et enthousiastes qu'à l'habitude, le couple a décidé de prolonger son séjour chez nous. Si bien que la femme de Georges a commencé à pondre sur le rebord de notre piscine. Nous avons beaucoup lu pour tenter de comprendre leur comportement mais les habitudes de la femelle nous laissent perplexes.

La femme de Georges a pondu cinq oeufs jusqu'à maintenant et de manière si irrégulière que croyant qu'elle avait abandonné les deux premiers, nous les avons mis sous couveuse. Puis, aidée de Fils Aîné, elle s'est fait un nid sur notre deck. Cependant, trop en évidence, le lendemain, l'oeuf avait été dévoré. Qu'à cela ne tienne. Elle a continué de pondre, mais encore sur le rebord étroit de notre piscine. Résultat? Il arrive que ses oeufs tombent dans le gazon à la merci des animaux avoisinants.

Ce matin, je l'observais. Je savais que c'était son heure de ponte et à la manière dont elle remuait son arrière-train, cela n'allait pas tarder. Elle était juchée sur le bord de la piscine, le derrière au-dessus du vide. Arriva ce qui devait arriver: son oeuf est tombé -encore une fois- dans l'herbe.

La femme de Georges semble ne pas trop savoir où-quand-comment protéger son éventuel nid. Désirant mettre l'oeuf à l'abri pour lui éviter le même sort que les deux derniers jours, je l'ai pris.

Je voudrais bien aider la cane (et les enfants espèrent TELLEMENT voir des canetons naître et partager notre été !) mais il semble que ses oeufs ne soient en sûreté nulle part.

*

Georges est vraiment galant. Je dirais même que tous les deux, nous avons des atomes crochus. Il est volubile, élégant, observateur, courtois et protecteur. Qui plus est, c'est un gros malpropre  mais je lui pardonne aisément. Lorsque sa dulcinée mange, il étire le cou, monte la garde tant qu'elle n'est pas repue. C'est seulement lorsqu'elle a terminé qu'il revendique des bouts de pain. Je connais maintenant leurs habitudes et eux reconnaissent ma voix. Ils ne sont pas les seuls car dès que je sors dans la cour en m'adressant aux canards (toujours sur le même ton), des oiseaux noirs opportunistes s'amènent aussitôt et espèrent.

Hier, nous avons cru à une orgie dans la piscine. L'eau de notre piscine n'avait jamais remué autant sans qu'elle ne soit pleine d'enfants. Georges, vissé solide sur le dos de l'autre, tentait fougueusement de le noyer. Nous avons cru à des ébats passionné dans le genre triolisme mais il s'agissait en fait d'une épique bataille de colverts. C'est évidemment Georges qui a gagné. Son rival ne s'avisera plus de convoiter la femme d'un autre.

J'espère vraiment que nous -ou encore mieux, elle- réussirons à protéger et couver les oeufs comme il se doit. La première chose que mes tout-petits font le matin, c'est d'aller vérifier si les canards ont passé la nuit ici. Ce n'est généralement pas le cas, mais quand ils arrivent à l'heure du déjeuner, les enfants délaissent leur repas pour aller saluer les canards qui, ma foi, sont aussi enthousiastes qu'eux.