mardi, juillet 31, 2007

Phase du non

Mignonne comme tout au début, la phase du non peut devenir exaspérante pour les parents lorsque Bébé emploie le "non" à toutes les sauces.

Pour la fratrie, le Bébé en phase du non devient plutôt un livreur de vérité largement exploité à l'heure des repas, lorsque toute la famille est attablée:

"Est-ce que Grand-Charme est intelligent?"

-Non!

Hilarité.

"Est-ce que Coco est beau?"

-Non!

Hilarité.

"C'est mon tour! Est-ce que Tout-Doux sent bon?"

-Nooon!

Hilarité.

"Oh! Attendez, j'en ai une autre: est-ce que c'est à mon tour de vider le lave-vaisselle?"

-Nooon!

Hilarité.

Bébé est aux aguets, attend de voir de quel côté fusera la prochaine question.

"Moi aussi! Est-ce que maman refuse de me donner 5$?"

-Noon!

-Ooooh, maman! Tu dois me donner 5$!

Hilarité.

"C'est mon tour maintenant: Bébé, est-ce que tu aimes Frère Aîné?"

-Nooon!

Hilarité.

Vous croyez que Bébé est las de ce petit jeu? Détrompez-vous. Il ne comprend absolument pas pourquoi ses frères rient, mais le simple fait de prononcer un mot qui provoque l'hilarité générale fait de lui un être de pouvoir. On attend de lui un mot magique tout simple, accessible, linguistiquement parlant, à ses capacités d'orateur débutant. Il n'a qu'à varier minimalement le ton de sa réponse pour tirer les ficelles des rires de ses frères et hop, il les a tous dans sa poche.

Pluie

Rédiger par une chaleur humide accablante. Suer. Rédiger. Être lasse de cette humidité. Se proposer d'aller s'immerger dans la piscine, mais n'avoir pas la force de se déshabiller pour enfiler son maillot. Mettre l'idée de côter. Rédiger.

Aller au jardin chercher une tomate. Se préparer un sandwich. Rédiger, toujours.

Pluie torrentielle se met subitement à tomber. La rue est rapidement inondée. Cesser de rédiger. Regarder la pluie, les gens qui courent pour se mettre à l'abri. Sourire. Vénérer les pluies torrentielles. Vous sentir revivre par cette pluie folle.

Vous lever subitement, déposer la moitié de sandwich dans laquelle vous alliez mordre. Retirer cette jupe, enfiler ce short, ces chaussures et prendre son élan pour courir sous la pluie.

Courir au bord des rivières d'eau qui ruissellent le long des rues désertes en souriant. Respirer cette odeur de poussière mouillée, de terre, d'herbes dont l'humidité accentuent le parfum.

Rentrer à la maison satisfaite et plonger dans la piscine.

Et puis tiens, penser à dévorer l'autre moitié du sandwich.

dimanche, juillet 29, 2007

Un peu de sport...

Nathalie m'a invitée à une partie de ping pong virtuel en me posant la question ping pong suivante: quel est le plus grand avantage à avoir une grande famille et le plus grand désavantage?

Le plus grand avantage est purement égoïste: je me sens riche. Mes enfants me rendent heureuse, ils me font rire, ils m'émeuvent, ils me rendent fière, ils mettent une fabuleuse fantaisie dans ma vie et pire encore (!), ils alimentent mon narcissisme maternel. Plus ils vieillissent, plus ils m'offrent la chance inouïe de découvrir leur incroyable potentiel et plus je suis submergée de bouffées de fierté de les avoir dans ma vie.

Je suis fascinée par le nombre de différents prototypes d'enfants que deux amoureux peuvent engendrer. Mes enfants sont tous différents, ont leur personnalité propre, des forces qui les distinguent, des faiblesses qui les rendent vulnérables et me font ressentir le besoin sauvage de les protéger.

J'aime les voir interagir entre eux. J'aime la dynamique de ma famille. Souvent, en écoutant parler mes enfants ou en les regardant agir, je souris de reconnaître l'influence de leur père, de leur beau-père ou de moi-même. Ils sont un beau reflet de ce qu'on leur inculque.

J'aime susciter les regards avec ma grande famille. J'aime sentir les regards se tourner vers moi et mes canetons qui suivent en grappe ou à la queue leu leu. Cela m'amuse, doublement si des commentaires sont sussurés pas très discrètement pas des gens scandalisés par le nombre. Je me sens alors délicieusement majestueuse Souveraine de la Nombreuse Marmaille. Il m'arrive de me retourner tout sourire pour commenter les commentaires avec ma plus tendre fierté.

Les désavantages? Hm, avoir une grande famille, ça tire du jus! Les moments de solitude et de tranquillité me manquent, la patience aussi, souvent. Je n'arrive pas à leur consacrer individuellement tout le temps qu'ils méritent. Je suis parfois expéditive et je m'en veux en me disant que les parents ayant des familles moins nombreuses ont sans doute plus de temps imparti à chacun de leurs marmots.

Je suis souvent inquiète qu'il arrive malheur à l'un d'entre eux. Malgré mon grand besoin de solitude, lorsqu'éloignée trop longtemps de mes mousquetaires, j'angoisse. Je m'imagine toutes sortes de scénarios horribles qui pourraient m'en enlever un. Je suis parano, louve excessive. Je n'ose imaginer l'état de folie qui m'engloutirait s'il fallait qu'il arrive malheur à un autre de mes Amours; je les aime tellement!

L'interminable lavage m'exaspère. Avoir six enfants (il fut un temps où j'étais encore plus héroïque!), c'est se taper deux fois plus de lavage qu'une famille type de deux adultes-deux enfants! Double de traîneries aussi. Le ramassage est toujours à recommencer. C'est désespérant de ne jamais voir le bout d'une tâche aussi lourde!

Voilà, si j'ai bien compris le principe, je renvoie à Nathalie la question que voici: le fait d'avoir des enfants a-t-il changé ta perception de toi-même?

Et je "ping pogne" à S@hée la question suivante: le fait d'être mère influence-t-il tes élans créatifs (peu importe leur forme).

samedi, juillet 28, 2007

Escapade abitibienne

Toute une organisation que de partir en camping sauvage avec cinq enfants: planification d'activités, bouffe, bagages, matériel de camping manquant à emprunter, logistique, paquetage de la voiture, mais surtout, pour la route...beaucoup de patience!!!

C'est que l'Abitibi, c'est loin. Et que les enfants ne pensent pas nécessairement réserver une place dans leurs bagages pour leur stock de patience.

Si ce n'était que des sempiternels: "Quand est-ce qu'on arrive?", "C'es-tu encore loin?", "Cinq heures, c'est long comment?", ça passerait toujours. Mais en voiture, mes garçons aiment bien s'assurer de la délimitation de leur espace personnel déjà très chargé, et gare au frère qui aura la mauvaise idée de mettre le gros orteil sur le territoire de l'autre.

S'ensuit alors une interminable suite de guéguerres et de pleurnichage, de "C'est lui qui a commencé" et de "Mamaaaan, il arrête paaaas!".

Habituellement, Tout-Doux se faisant manger allègrement la laine sur le dos par ses frères, c'est lui qu'on tente d'épargner pour les longues routes en l'asseyant sur la banquette du milieu. Mais les tentacules de la baverie de la fratrie sur le siège arrière étant longue, on n'échappe pas à tout, même assis sur la banquette du milieu. C'est si facile de lancer innocemment, de la banquette arrière, que "Philippe est amoureux d'Alexandrine" et voilà le Doux qui part au front pour rétablir les faits.

Voilà donc les grandes lignes de notre voyage dans cette contrée lointaine pourtant habitée (!) qu'est l'Abitibi.

***

Après quelques heures de voyage, nous nous arrêtons au bord d'un petit lac dans l'interminable parc de la Vérandrye. Une fois leur collation engloutie, Grand-Charme, Coco et Tout-Doux partent explorer les lieux.

Quelle n'est pas leur joie de trouver dans le lac...une sangsue! La sangsue représentant le mythe d'épouvante de mon adolescence, je ne peux que vouloir la voir de près. Grand-Charme n'est pas peu fier de me présenter sa nouvelle copine, qu'il a baptisée d'un nom que, je m'en confesse, j'ai déjà oublié. Il me montre avec un enthousiasme contagieux de quelle façon il la manipule et comment il la rattrape après lui avoir accordé une courte récréation dans le lac.

Je ne peux que vouloir expérimenter le truc du sel sur la sangsue -truc que mon père m'avait expliqué ado et qui eut pour effet de me mystifier face à ces étranges et repoussantes créatures. Je me dirige donc vers la voiture et dépaquete la boîte de bouffe à la recherche de mon pot de sel, dont je saupoudre la sangsue dans l'espoir avoué de la voir se tortiller et agoniser pour le simple fait d'être membre de l'espèce qui a malheureusement alimenté mon imaginaire adolescent.

Grand-Homme se moque de ma volonté à saler la sangsue de Grand-Charme: "Oh attends un peu là, tu t'apprêtes à saupoudrer cette sangsue de ton sel de Guérande qui coûte si cher et auquel tu tiens tellement?"

Ben quoi? Ce n'est pas tous les jours qu'on a sous la main notre créature mythique personnelle!

Après l'interminable trajet, nous arrivons enfin dans la civilisation du (petit) nord-ouest du Québec. Mon Homme est au comble du bonheur d'aboutir à Val d'Or sur la fameuse 3e avenue de la chanson de Desjardins (qu'il n'a pas manqué de fredonner chaque fois que nous passions par là).

Nous trouvons notre emplacement et montons notre campement rapidement avant que la pluie ne se mette à tomber. La mouffette -notre voisine- vient nous visiter pour la première fois cette nuit, annulant de ce fait toute chance de me voir sortir de cette tente pour aller faire pipi à la noirceur. Elle reviendra nous visiter chaque soir.

Dans ce pays au ventre en or, nous ne pouvons manquer de visiter le village minier de Bourlamaque (merci Papi-Mamie!). Les garçons ont adoré descendre dans la mine d'or et visiter le laboratoire. Fort intéressant et guides tout à fait sympathiques.

Pour moi, appréciation de l'observation du décalage entre la floraison des vivaces par rapport à mon chez-moi. En plein juillet, des myosotis en fleurs! Chez-nous, les myosotis fleurissent en mai-juin. Les pieds d'alouettes et la lysimaque, eux, n'avaient que deux ou trois semaines de retard par rapport à la région de Montréal.

Vient ensuite notre deuxième souper-fin de soirée-nuit sous la pluie. Moche, la pluie en camping, en soirée! Les enfants espéraient tant que nous fassions un feu!

Le lendemain, pic-nic à Amos. Dans un parc au bord de la rivière Harricana, un écriteau indiquant les règlements de la place me fait sourire. Est-ce coutume, en Abitibi (ou seulement à Amos) d'informer les visiteurs de ne pas relâcher leurs fluides et solides corporels en public dans le parc? Ça va de soi, non? Peut-être ont-ils eu des problèmes avec des gens prenant le parc pour une toilette...

Entre Val d'Or et Amos, deux champs jaune fluo bordant la route. Magnifiques. J'ignore toutefois de quelle culture il s'agit.



Ensuite, direction le Refuge Pageau, un refuge pour animaux sauvages blessés ou dans le besoin. On les soigne et les garde au refuge le temps que les animaux reprennent la forme, puis on les remet en liberté par la suite si leur état le permet.

La mère de ces deux oursons, par exemple, s'est faite tuer à la chasse. Le Soigneur a pris sous son aile les deux petits orphelins et les remettra plus tard en liberté avec l'aide d'agents de conservation de la faune.

Ces petits ratons enjoués avaient aussi perdu leur mère (comme c'est adorable un raton laveur quand ça n'éventre pas les sacs à ordures!)

Dans ce genre de visite, difficile de retenir les enfants, qui nous devancent de plusieurs dizaines de mètres. Sauf Coco, qui a le grand souci de s'assurer que son petit frère suit. Il le materne à qui mieux mieux, prend à coeur toutes ses demandes, lui prend la main tendrement, lui parle. Coco aimait énormément Thomas et depuis son départ, il a jeté son dévolu sur Bébé, qui ne manque assurément pas d'amour fraternel.



Un peu plus tard, visite de l'usine de pompage des eaux de l'esker. Très intéressant! J'aime bien ce genre de visite simple, mais instructive sur les ressources qui nous entourent et que l'on prend souvent pour acquis.

Troisième soir: encore de la pluie. C'est qu'on en a marre de la pluie! On aimerait bien faire un feu (les enfants nous le rappelent sans cesse). D'accord, on accepte, on fait un feu sous la bruine avant que ça ne se mette à tomber davantage.

Qu'est-ce qu'ils sont heureux, mes mousquetaires! Grand-Charme, Tout-Doux et Coco prennent réellement à coeur l'alimentation de leur feu, courent dans tous les sens chercher du bois, des brindilles et de l'écorce qu'ils regardent brûler. Ils font griller des saucisses et des guimauves. Le feu, c'est l'apogée du plaisir en camping!

Je n'ai jamais été attirée par les voyages confortables en roulotte (sauf depuis les aventures de Caro), mais avec cette pluie, j'en suis au point où j'envie royalement ceux qui peuvent s'installer dans un confort plus que minimal pour cuisiner leur repas sans être restreint sous une toile de huit par douze dont la moitié de l'espace est occupé par une demi-table et quelques enfants qui n'ont plus envie de jouer sous la pluie.

On ne s'énerve pas, tout de même, il ne nous reste que deux soirs, aussi bien en profiter (!).

Dernière journée: direction parc national d'Aiguebelle. Marcher sur des sentiers, j'adore!! On s'enfonce donc dans la forêt abitibienne. Arrêt pour un pic-nic, trouver un endroit pour recharger le cellulaire, puis hop la marche. Les garçons ont un pas rapide et tout le monde est de bonne humeur.

Fils Aîné, s'occupe de Bébé, l'aide à enjamber roches et racines d'arbres. Puis, il décide de prendre les devants sur les sentiers. J'aime beaucoup les parc nationaux pour les sentiers, les paysages exceptionnels, le goût de liberté de la nature.



Après près de quatre kilomètres de marche, ces petits garçons ont faim. Collation, puis retour dans la civilisation. Nous sommes attendus pour souper chez "les amis de Val d'Or" et leur famille, que je n'ai pas vue depuis treize ans. S'armer de patience pour enfin les rejoindre car les ondes du cellulaire ne se rendent pas du fin fond des bois.



En voiture, les enfants se chamaillent, s'insultent, se provoquent, crient, rapportent, pleurnichent. Ils sont insupportables. Cent fois, je me retourne, fais les gros yeux, pousse des soupirs, lance des avertissements. Cent fois, j'ai envie d'en laisser un sur le bord de la route, mais je n'arrive pas à me brancher sur lequel (le problème de l'embarras du choix).

Nous nous arrêtons sur le bord de la route. Je fais sortir Grand-Charme de la voiture et change de place avec lui. Le calme revient enfin.

Nous trouvons enfin la maison des amis, mais aucune trace d'eux. Bon. Nous trouver un plan 2.

Hors de question que je prépare un repas ce soir. Je suis épuisée, je rêve d'une vraie chaise pour m'asseoir, de manger sans me faire interrompre, de décompresser. Nous arrêtons chez St-Hubert chercher du poulet et des frites pour tout le monde...sauf pour les trois plus vieux, qui ne le méritent absolument pas et qui sont condamnés à se préparer EUX-MÊMES des tartines pour souper.

C'est le drame, l'injustice totale. Grand-Homme, Coco, Bébé et moi savourons notre repas devant eux. Fils Aîné (qui a une attitude fort désagréable depuis le début du voyage) et Grand-Charme en sont profondément insultés, Tout-Doux, quant à lui, est aux anges en mangeant sa tartine car comme il fait soleil, il pourra faire un autre feu ce soir.

Grand-Charme prend son air théâtral pour réclamer le droit de s'EXPRIMER et fait de grands gestes dramatiques pour nous expliquer que ce voyage est une catastrophe, que rien ne va comme il le voudrait, que tout le monde est cruel envers lui, et ainsi de suite.

En fin de soirée, il vient me retrouver à la douche pour s'excuser de son attitude moche depuis le début du voyage. J'apprécie son humilité.

Dernière soirée. Les enfants sont calmes et coopératifs. Tout-Doux est fasciné par son feu. Avant d'aller au lit, il nous remercie de l'avoir laissé faire un feu, m'embrasse, embrasse Bébé et revient pour se jeter dans les bras de Grand-Homme, auquel il ne démontre jamais d'affection. J'en suis grandement touchée car l'affection et la spontanéité de cet enfant sont extrêmement difficiles à obtenir.

Le lendemain, démontage de la tente en vitesse. Coopération difficile de Fils Aîné. Grand-Homme (clément) déclare que c'est sans doute parce qu'il n'a pas déjeuné. Exaspéré, il compare Fils Aîné à un lion affamé dans une cage auquel il faudrait lancer une tranche de steak de temps en temps pour calmer la furie. J'aime bien l'image.

Pour les sept heures de routes du retour, vous demandez? Des ANGES! Un trajet agréable, des enfants calmes, respectueux entre eux, coopératifs, reconnaissants. J'ai l'impression que la privation du repas du soir fût nettement plus persuasive que mes demandes récurrentes de cesser de se chamailler. Comme quoi parfois, la ligne dure...



Je suis heureuse d'avoir vu l'Abitibi. Somme toute, les garçons sont reconnaissants chaque fois que l'on fait une activité. En rentrant dans la voiture, l'un d'eux remercie pour la sortie, puis tous les autres suivent en choeur. J'apprécie la gratitude. Nous ne sommes pas obligés de leur offrir ça, alors je m'attends à ce qu'ils démontrent un minimum de reconnaissance pour ce qu'ils reçoivent.

L'an prochain, nous irons probablement au lac St-Jean.

PS. C'est dans ma tête, où les Abitibiens disent une "chéseuse" pour désigner une sécheuse?

jeudi, juillet 26, 2007

Libre

Enfin terminé ce cours de marketing en affaires électroniques auquel je m'étais inscrite dans l'espoir de pouvoir bien rendre un contrat que je n'ai pas obtenu.

Ma mère avait (encore) raison: je m'en étais trop mis sur les épaules avec cet engagement supplémentaire (mon premier cours de deuxième cycle), aussi intéressant fut-il. Moi et mes idées de grandeur!

Avec du recul, je me rends bien compte que c'était utopique de ma part d'espérer suivre un cours tout en prospectant, réseautant, m'occupant de ma maison, m'impliquant au Bureau des diplômés de mon université, siégeant sur le conseil d'établissement et au comité de parents de la commission scolaire et en tentant également d'être une dirigeante de micro-entreprise-solide-qui-a-de-la-vision-et-de-l'ambition-tout-en-étant-d'abord-et avant-tout-une-mère.

J'avais juste oublié que j'étais humaine, que les humains ont besoin de respirer de temps à autre et que mon deuil allait me rattraper même si je calfeutrais tous les trous de ma vie par des responsabilités supplémentaires. Il fallait que je craque et j'ai craqué. Ai donc mis de côté l'entreprise pour réfléchir à ce que je voulais vraiment qui était dans mes compétences et intérêts RÉALISTES.

J'ai abandonné un comité, puis l'entreprise aussi après plusieurs mois de réflexion(dur coup pour l'égo), mais je n'ai pu me résoudre à abandonner ce cours, qui me servira assurément ailleurs, j'en suis certaine.

À présent, je peux poursuivre la rédaction de mon livre, ma recherche d'emploi, jardiner ou même lire sans culpabilité parce que mon cours est
F-I-N-I!

Sentiment d'accomplissement tout à fait bienvenu. Je me trouve tenace d'y avoir mis le point final par une journée de chaleur accablante pareille.

mercredi, juillet 25, 2007

Allégeance de consommatrice


Par principes et convictions, je boycotte certaines entreprises dont les valeurs entrent en conflit avec les miennes.

J’achète, autant que possible, localement d'entreprises qui considèrent leurs employés autant que leurs clients, qui ne sont pas des oligopoles, qui se soucient de l'environnement, qui s'impliquent dans leur communauté, qui sont capables, dans une certaine mesure, de s'ajuster aux demandes de leur clientèle sans zèle excessif et dont les actions sont cohérentes avec leur philosophie.

Récemment, j’ai dû faire face à un conflit de valeurs : un café où j’aime aller rédiger, entreprise québécoise, environnement agréable et anonyme offre un service à la clientèle « bof », en particulier via l’une de ses jeunes préposées antipathique et à l'attitude un brin suffisante.

Je suis une cliente minimalement exigeante : je m’attends à ce que le personnel de toute entreprise dont je suis cliente me vouvoie, me serve avec amabilité et réponde à mes questions s’il y a lieu. Si ces critères sont remplis, je suis généralement une cliente loyale.

Il y a quelques mois, j’ai décidé de passer outre mes convictions pour essayer un autre café (que je jugeais sévèrement pour sa simple américanité). À ma grande surprise, l’environnement y est encore plus agréable qu’à l’autre commerce, le personnel magnifiquement courtois, avenant (il surclasse dix fois son concurrent) et, à ma grande satisfaction, « vouvoyant » (meilleure formation?).

Qui plus est, le personnel commence à connaître mes goûts, donc j’ai droit à un service personnalisé. Comble du bonheur, j’adore leur musique : je rédige en écoutant Cesaria Evora, Bob Marley et autre inspirante musique.

Résultat : j’ai presque entièrement délaissé le café québécois pour le sympathique café américain que j’ai si longtemps boudé.

Cela me laisse perplexe : au-delà des valeurs sociales de l’entreprise et des rigoureuses campagnes de relations publiques lancées pour les mettre en valeur, au bout du compte, ce qui fidélise le consommateur, c’est le service qu’il reçoit une fois sur place.

Le simple fait d'être une entreprise québécoise n’immunise pas contre le service douteux et la nécessité de rectifier le tir auprès de ses employés s'il y a lieu. Si l'entreprise-aux-si-touchantes-valeurs offre un service à la clientèle de merde, sa notoriété en sera affectée. Tant pis pour l’entrepreneur québécois qui n’aura pas su comprendre cela.

Sexe et parentalité

Avoir une famille sous-entend vivre avec plusieurs contraintes quant à la spontanéité de certains élans amoureux. Dans les moments de désir ardent (mutuels!), peaufiner sa capacité à savoir s’éclipser –et ne pas se faire trouver- avant un essentiel moment pour avoir droit à une vie sexuelle digne de ce nom est un must.

Dans les épisodes d’amour en camping (dans certaines régions éloignées du Québec, par exemple), cela signifie, lorsque l’aîné des enfants refuse la petite tente À LUI TOUT SEUL qu’on espérait tant qu’il accepte, de devoir entendre, au petit matin, des confidences de fratrie du genre : « Psst! Maman et Grand-Homme se sont offert une partie de jambes en l’air hier soir! » (et ceci vous fait remettre en question votre discrétion amoureuse dans la nécessité, que vous croyiez quasi sans faille) .

Avoir plusieurs enfants signifie vivre avec la possibilité de se faire interrompre plusieurs fois dans de douillets moments intimes par la marmaille qui suppose naïvement que vous dormez au petit matin.

Avoir plusieurs enfants de deux pères différents signifie que vous pouvez vous réjouir de la charge de travail diminuée la semaine où quatre d’entre eux sont en vacances chez l’autre parent.

Toutefois, s’il est vrai que la maison est plus calme au matin (en partie parce que les systèmes d’alarmes communément appelés « enfants » ne sont pas là pour rapporter les bêtises du Bébé), il serait hasardeux de miser sur cette tranquillité pour vous permettre des épisodes lubriques exempts de soucis parentaux.

Le cas échéant, cela pourrait vous coûter très cher. À titre d’exemple, quel serait l’impact financier sur le budget familial d’une concupiscence matinale en ce milieu de semaine (ou, si vous préférez, à combien monte la facture de la bêtise réalisée par Bébé le temps que vous vous gaviez de délices charnels)?

Allez, osez un chiffre!

mardi, juillet 24, 2007

Parfum d'aisance

Dans un couple, vous le savez d'expérience, les débuts amoureux sont la grande majorité du temps fort rosés et les côtés sombres de l'un et de l'autre, occultés.

La simple vue de l'Élu nous donne des palpitations, ses effleurements nous rendent folle, sa voix sur le répondeur nous caresse l'ouïe, ses effluves nous renversent.

L'autre est idéalisé, souvent côtoyé à son meilleur, frais et dispos, bien mis, alléchant. Rarement nous nous montrons sous notre mauvais jour. À tout prix, préserver la lune de miel de la perfection de notre image.

Puis, au fil des années (des mois, parfois), un certain relâchement s'installe. Une disgracieuse impudeur.

***

Elle était là, accotée sur le cadre de porte de l'atelier, à discuter avec son bel Amour fouillant dans ses outils. Même après quatre ans, elle tirait toujours autant de plaisir à l'admirer. Il était beau. Quand il était profondément affairé, sa concentration décuplait son sex-appeal.

Si lui pétait sans vergogne depuis plusieurs années déjà, elle était beaucoup plus soucieuse de préserver son image intacte de femme au parfum inaltérable. Sa pudeur l'avait, jusqu'ici, immunisée contre la disgrâce des mauvaises odeurs.

Toujours dans l'entrée de l'atelier, elle libéra discrètement un léger extrait de son côté sombre, le croyant, comme ses pairs, tout ce qu'il y a de plus inoffensif.

C'est à ce moment que, muni de son outil, son Amour se dirigea vers la sortie de la pièce. Elle jugea prudent de l'aviser du risque: "Je t'informe que tu t'apprêtes à traverser une zone de turbulence."

L'Amour comprit le sens des propos de sa Douce à la respiration suivante: "Pouaah! Mon Dieu, quelle horreur! Je la qualifierai vraiment plus de zone de flatulence!"

La gêne la fit s'esclaffer.

Il était déjà dans une autre pièce. Avec réserve, mais pourtant incapable de s'arrêter de rire, elle le rejoint dans le but de continuer la discussion de l'atelier.

Il était de nouveau concentré, si viril, à tenter de dévisser la structure de métal d'un meuble. Il déposa son outil, puis s'exclama: "Ah merde! Ce n'est pas la bonne clé! Pourrais-tu retourner dans l'atelier en chercher une juste un peu plus petite? Moi, je ne retourne pas dans cet enfer..."

-Je ne connais rien à tes outils!

-Écoute, je viens d'apprendre à me familiariser avec le fruit de tes entrailles, ce serait la moindre des choses que tu apprennes à te familiariser avec mes outils!

Elle ne contenait toujours pas son rire et découragé, le brave Amour prit son courage à deux mains pour traverser les tumultes olfactifs et aller chercher lui-même l'outil désiré.

Devant les nombreux et disgracieux commentaires fusant de l'atelier, elle lança entre deux fous rires: "Arrête! Tu m'humilies!"

Le Brave ne manqua pas de rétorquer: "Et toi, tu m'asphyxies. À toi de me dire ce qui est pire entre humiliation et asphyxie."

Coup final: perte de sa dignité.

Leur vie conjugale allait-elle s'en remettre?

samedi, juillet 21, 2007

En attendant mon récit abitibien...


Ma plate-bande "Tommy" à son meilleur. Je suis littéralement enchantée par la facilité et la non-nécessité d'entretien de cette plate-bande. C'est elle qui enjolive la vue de mon bureau et qui me réchauffe le coeur chaque matin.

Celle-ci, c'est l'autre de la cour qui ne requiert pratiquement aucun d'entretien, si on exclut la chasse aux pucerons, que je contrôle très bien à présent.



Mes deux plus belles plates-bandes sont donc à l'intérieur de ma cour, cachées des regards des passants, pour mon grand plaisir égoïste.

(Bon d'accord, j'aimerais bien réussir à partager généreusement avec les passants l'harmonie de mes autres plates-bandes, mais ce n'est pas encore tout à fait gagné. Les essais-erreurs se corrigent hélas sur plusieurs années en jardinage! Il faut être d'une patience!)

vendredi, juillet 20, 2007

L'Abitibi, c'est loiiiin!


Nous revenons de Val d'Or. Première visite pour moi dans cette contrée lointaine où les ondes de cellulaire ne se rendent pas dès qu'on s'éloigne minimalement de la ville. Je comprends à présent tous ceux qui disaient que le trajet était long. Et long est un euphémisme.

Quand on voyage vers Charlevoix, les Laurentides, le Bas-du-Fleuve ou la Gaspésie, le paysage change, on peut s'émerveiller devant le charme des petits villages, les montagnes à l'horizon ou la vue pittoresque sur le fleuve. En roulant vers l'Abitibi, le paysage change très peu: de vastes forêts à perte de vue qui longent la route, des lacs ça et là. Des forêts d'épinettes. Magnifiques, certes, mais d'une constance monotone.

La route vers l'Abitibi est interminable. Surtout avec quatre garçons de 6 (eh oui, c'est l'anniversaire de Coco aujourd'hui!) à 12 ans qui veulent s'entre-tuer pour une question vitale d'espace. Une chance pour notre santé mentale que Bébé (22 mois) fut un voyageur hors-pair.

Je suis épuisée. Je vous reviens avec un portrait de notre voyage dès que le K2 de lavage aura fondu un brin...

dimanche, juillet 15, 2007

Famille injuste et heureuse de l'être


Certains parents, dans leurs craintes profondes de léser un de leurs enfants par une immonde iniquité, affirment les aimer "tous égal". Cet "amour théoriquement équitable" se démontre parfois par une répartition juste des biens matériels, du temps consacré à chacun ou des privilèges accordés.

Mon ex belle-mère, par exemple, offrait, chaque Noël, le même cadeau en quatre exemplaire à chacun de ses enfants sous prétexte d'une équité familiale sans failles. J'observais chaque année la scène avec un sentiment d'amusement (et celui de vivre sur une autre planète). Elle repérait mon sourire et justifiait chaque fois: "Ben quoi? Je les aime tous égal...".

Est-ce que j'aime mes enfants "également"? Pas du tout! Je les aime tous profondément, certes, mais ils sont tellement différents, comment pourrais-je leur offrir exactement le même amour, la même attention, la même part de moi? Comment pourraient-ils susciter chez moi exactement le même sentiment?

Pour mes enfants, je suis louve et lionne, cane et chatte (et "lapine", rajouteront les langues sales) indéniablement. Cela ne teinte toutefois pas mes rapports avec eux d'une parfaite rationalité.

Je possède des affinités plus affectives avec l'un, intellectuelles ou ludiques avec l'autre, tout cela nuancé à différents degrés avec chacun d'entre eux. Certains possèdent la fabuleuse faculté de me taper royalement sur les nerfs durant une période donnée par un aspect précis d'eux-même et la relation s'affine (ou se dégrade, snif) jusqu'à la lune de miel suivante. J'admire et apprécie mes enfants pour certaines raisons et ils m'exaspèrent pour d'autres.

Parfois, je rentre de faire des courses avec une attention pour un seul mousquetaire. Assurément, il s'en trouve un autre pour pleurnicher que ce n'est pas juste, comme s'il n'avait jamais eu lui aussi son jour de gloire.

Rien n'est juste et rien ne sera jamais juste chez nous. C'est ainsi. Même si ça l'était, pour mes mousquetaires, tout serait quand même injuste. Ils trouvent le moyen de s'obstiner même quand ils ont tous la même fichue réglisse! S'il fallait qu'il y en ait un qui en ai reçu une plus grande que les autres, le D-R-A-M-E!! C'est quand même too bad, c'est ainsi que ça fonctionne.

L'injustice, aux yeux de mes enfants, est la principale dysfonction de notre famille.

Une fois de plus, j'ai constaté aujourd'hui qu'on ne s'en sortait jamais.

Au volant de ma voiture, musique entraînante dans les oreilles, je m'étirai un bras pour tapoter tendrement la cuisse de Coco. Je me retournai le temps d'un sourire, qu'il me rendit de bon coeur.

Puis, j'ai cherché à tâtons la cuisse de Tout-Doux derrière moi. Il a guidé ma main vers son mollet, que j'ai caressé un peu plus longtemps.

Coco n'a pas manqué de me passer le commentaire: "Maman, tu l'as flatté plus longtemps que moi."

Évidemment.

J'ai trouvé à nouveau la cuisse de Coco et bonifiée ma caresse de quatre secondes et quart.

Tout le monde était-il content?

Bien sûr que non.

"Maman, tu as flatté sa jambe deux fois et la mienne juste une.", a évidemment protesté Tout-Doux.

Voyez. On ne s'en sort pas. L'herbe est définitivement toujours plus verte dans la cour de son frère.

jeudi, juillet 12, 2007

Pub

À défaut d'aimer les dessous capitalistes de la publicité, j'aime beaucoup l'analyse de pub. Durant mes études, j'y ai pris grand plaisir.

Une audacieuse, humoristique et controversée pub de Thule (portes-bagages pour voitures) sur un mediacom qui me fait sourire chaque fois que je passe devant: "Vous tenez à votre belle-mère? Nous aussi".

Une encore plus audacieuse, un brin grivoise de surcroît, encore sur un mediacom (pub de bière Coors Light): "Encore plus froide que Kim quand tu l'appelles Chantal". Peut-on avoir une clientèle-cible plus évidente? Sans équivoque.

Je suis une femme virile

Il y a d'exceptionnelles journées où je me sens intensément virile. Non, ce n'est pas parce que je suis une femme à barbe, une femme musclée à l'extrême ou parce que je suis accro au hockey ou la formule 1.

Je me sens virile lorsque je conduis une voiture manuelle. Je n'ai jamais aussi profondément conscience de ma conduite automobile que lorsque j'entends le grondement du moteur qui me supplie de changer de vitesse.

La conduite manuelle évoque pour moi virilité, liberté, assurance.

(Voilà que j'ai l'air de sortir d'une pub de voiture sport. M'enfin. C'est ça pareil.)

Mi-juillet

Je suis mûre pour un petit billet sur le jardinage. Juillet signifie habituellement l'apogée de la beauté de plusieurs vivaces et je peux enfin jouir, l'espace de quelques semaines, de l'impression que je suis une jardinière merveilleuse en dépit des grandes carences de soins apportés à mes (trop?) nombreuses vivaces.

Bon, évidemment, sur mes sept plates-bandes, j'ai mes mariages de fleurs préférés et je me fie précisément sur eux pour me faire croire que je suis épatante. Heureusement d'ailleurs qu'ils sont là car si je ne me fiais qu'aux plates-bandes extrêmement misérables, cela ruinerait mon estime horticole.

Voici donc quelques fleurs qui font ma fierté. Tout d'abord, ma plate-bande "Tommy". Elle porte ce nom en mémoire du petit garçon d'une copinaute d'un forum de discussion que j'ai fréquenté jadis et qui est décédé à quelques mois. Son histoire m'avait profondément touchée. En aménageant cette plate-bande, j'ai beaucoup pensé à lui et étrangement, bien que plus jeune que mes autres plates-bandes, celle-ci a toujours été ma plus belle.



Un mélange de mauve musquée, d'astilbes, de pieds d'alouettes, de gysophile, de véroniques, de trois différents types d'achilée, d'échinacées, d'héliopsis et même de mûriers y poussent de façon entièrement chaotique et lui donnent une allure sauvage qui me plait beaucoup.

Un autre coin de plate-bande un peu sauvage est celui-ci: véroniques, héliopsis, pied d'alouette et derrière, lys, rudbeckies et marguerites, entre autres. J'aime beaucoup les vivaces hautes qui contrastent harmonieusement entre elles.



Encore véroniques, héliopsis, astilbes (j'adore!), une tonne de mauvaises herbes (glurp!) et lys. Ces pauvres lys orientaux...je les ai lâchement oubliés cette année. Trop concentrée à trucider les criocères sur mes lys oranges, je n'ai pas pensé que les orientaux pourraient être dévorés. Les criocères ont donc eu le temps de faire un ravage épouvantable dans le feuillage et même sur les fleurs avant que je ne découvre leur nouveau délice.




Celle-ci est une autre de mes préférées. Tout est facile avec elle, on dirait qu'elle coopère naturellement (peut-être à cause de son emplacement soleil + meilleure terre?) Majoritairement d'héliopsis, elle compte aussi des marguerites (mes fleurs préférées), hosta, véroniques, une astible rouge solitaire et un pied d'alouette légèrement paresseux cette année.

Je vous montre celle-ci pour la monarde rouge sortie de je ne sais où. J'ignore si elle s'est resemée d'une plate-bande de ma voisine ou s'il s'agit du plan qu'elle m'avait donné il y a trois ans et qui n'avait jamais fleuri. Quoiqu'il en soit, je l'aime bien là, elle y fait son exquise marginale.




Enfin ici, c'est la clématite blanche plantée pour Thomas. Elle grimpe le long de la fenêtre de sa chambre. La plupart des clématites sont en fleurs actuellement, sauf la mienne (sentiment profond d'envie ici). Snif. Je crois que le pommier lui fait trop ombrage (les clématites ont besoin de soleil). Nous avons donc coupé des branches au pommier et là, j'attends impatiemment de voir poindre un bouton de fleur.

Juste devant, un des trois plants d'asclépiades plantés il y a six ans pour attirer les monarques. À ma grande déception, je n'y ai jamais vu un seul monarque. J'attends toujours avec impatience le moment où j'y verrai des chenilles, que je laisserai amoureusement dévorer le feuillage pour grandir et devenir ces splendides papillons.

lundi, juillet 09, 2007

Grandes choses expliquées aux petits

Coco (5 ans), compassif: "Maman, toi tu pleures des fois parce que Thomas est mort...c'est parce que c'était ton enfant préféré, han?".

-Ooh, non! Tu penses vraiment ça?

Il acquiesce en souriant, désinvolte.

Je lui explique que je les aime énormément lui et ses frères et que je me trouve vraiment chanceuse de les avoir avec moi, de les entendre se chamailler, rire, apprendre de nouvelles choses comme écrire, lire ou faire du vélo. Ils grandissent! Je suis choyée de pouvoir les embrasser, les serrer dans mes bras ou jouer avec eux si j'en ai envie. Je lui explique qu'avec Thomas, je ne peux plus faire cela et que ce sont toutes ces impossibilités qui causent le vide et qui me rendent triste.

Tout-Doux (7 ans) soupire et explique à son frère: "Coco, tu ne comprends vraiment rien! Maman NOUS AIME! Thomas n'était PAS son préféré, elle pleure parce qu'il est mort, si tu étais mort, elle pleurerait aussi pour toi!"

Coco sourit. Il n'en demandait pas tant. Il est heureux.

Mort et conventions

Lorsque Thomas est décédé, j'ai beaucoup cherché à entendre d'autres mères ayant vécu une perte aussi capitale que celle d'un enfant. J'avais besoin de savoir comment elles avaient réussi à survivre, pour continuer de respirer -et d'avancer, par quel étrange coup du destin elles n'étaient pas devenues folles (folie auquelle je ne crois pas échapper, hélas).

J'avais besoin de jauger mon désormais nouveau rapport à ma famille, à mes amies, à mon homme, à moi-même. Je possédais un nouveau statut et il me fallait m'assurer de l'éventuelle continuité de compatibilité de certains liens. Comme si la douleur qui me dévorait de l'intérieur allait assurément faire de moi quelqu'un de différent qui allait inévitablement devenir incompatible avec les personnes habituées à me voir toujours joyeuse, par exemple. Certaines relations "hédonistes" allaient nécessairement s'effriter, puis lentement, mourir de leur belle mort.

J'ai entendu, lu et répertorié empiriquement, pour me faire un schème approximatif de ce qui m'attendait, plusieurs dénominateurs communs de mères endeuillées: toutes avaient la viscérale impression d'avoir perdu une partie d'elles-mêmes, toutes possédaient très nettement un elle "d'avant" et un elle "d'après", toutes vouaient une loyauté très grande à leur enfant disparu, etc.

Il y eut, bien entendu, différents tracés de cheminement propres. Ne sommes-nous pas tous uniques dans nos réactions?

Je me suis dissociée des impressions d'autres mères qui elles, se dissociaient radicalement des humains n'ayant jamais perdu d'enfant. Comme si l'empathie reçue n'avait de valeur que si elle provenait d'une personne "qui savait", pour l'avoir vécue elle-même. Cela m'avait grandement choquée; c'était de ne pas reconnaître la sincérité et l'importance du soutien de nos familles et de nos amis, qui sont toujours, même après seize mois, aussi précieux.

Il y a quelques temps, je suis tombée sur un paragraphe d'un billet de Joss qui s'est voulu catalyseur chez moi d'une réflexion déjà poussée sur la mort. Il y expliquait, en gros, sa révolte que les émotions, dans certains contextes comme des funérailles, soient maquillées de convenances sociales plutôt que d'être réellement vécues au diapason du sentiment de perte de celui qui la vit.

À ce sujet, je me souviens avoir été touchée par une révolte semblable de Nat dans l'excellente série Six Feet Under. Il se révoltait alors de l'aspect froid et retenu de nos rites funéraires en comparaison avec ceux d'autres cultures où l'on ose réellement pleurer, avoir mal sans retenue, se laisser tomber sur une tombe sans craindre les Ô si importantes apparences et conventions sociales.

Ces derniers temps, mon Beau Bonhomme me manque éperdument. Une vilaine "rechute". Tout d'abord, mon tout-petit Fred approche à grands pas de l'âge de décès de son frère. Déjà, il prononce des mots que Thomas ne disait pas, franchit des étapes auxquelles Thomas ne faisait qu'aspirer.

Aussi, je regarde autour les enfants de 3 ans et quelques mois. Mon coeur se tord à l'idée que mon Canard en serait là, lui aussi, s'il était encore avec nous. Je songe aux obstinations que j'aurais avec lui, aux discussions loufoques, je songe aux jeux qu'il partagerait avec son petit frère -et les grands, je songe aux sorties que l'on ferait ensemble. En voiture, sa place est douloureusement inoccupée par lui.

Je parle de moins en moins de Thomas. Autour de nous, on y fait de moins en moins référence. Comme si notre lien à la mort devenait plus intime, plus secret. C'est sans doute ce que l'on appelle "la vie qui continue". Toutefois, le vide et la douleur n'en sont pas moins là. Ils sont apaisés, certes, parce que le temps est heureusement clément, mais ils ne sont pas moins là. Implosion.

J'en suis à me demander, au fil de mes interminables cogitations sur la mort, si ces convenances sociales existent réellement ou si elles ne sont que le fruit des limites que l'on s'impose soi-même parce qu'on a l'impression que l'on a pris suffisamment de place, que de parler d'une mort qui nous remue encore revient à un égocentrisme dont il faut revenir avant d'avoir l'air de refuser d'avancer.

On s'attend, par exemple, à ce que l'une personne pleure souvent aux suites temporelles proches d'un décès. On s'attend à ce qu'elle soit possiblement dysfonctionnelle. On s'attend à la ramasser à la petite cuillère. Si une vilaine journée suit un deuil, ce dernier en portera nécessairement l'odieux. "On est plus fragile".

Si j'éclatais en sanglots dans une réunion de famille seize mois après un décès important, la sollicitude, selon mon évaluation de la situation, devrait être compromise car on ne peut plus, socialement, systématiquement attribuer tout chagrin à la vulnérabilité du deuil. J'agirai donc en conséquence et m'organiserai pour ne pas me retrouver en situation où je pourrais démontrer des excès de souffrance devant les autres.

La légitimité de mon deuil, de ma douleur, est moins grande qu'il y a un an, lors de l'épicentre du choc. Vous me suivez?

Si, durant les funérailles de mon fils, j'avais fait abstraction des convenances et que j'avais été au bout de ces impulsions réprimées pour retirer mon enfant de son cercueil pour le serrer une dernière fois entièrement dans mes bras, m'aurait-on estimée odieuse et sans pudeur aucune pour avoir brisé cette si forte et officieuse convention d'Intouchabilité de la Mort?

Toute mère agit-elle comme on s'attend d'elle: se tenir droite, contrôler son chagrin en public, serrer des mains, accueillir des étreintes, demander des nouvelles de ceux qui sont venus de loin et surtout, surtout, ne pas craquer, à tout prix, préserver son image de femme forte?

Je cogite énormément sur la mort et les conventions qui y sont reliées. Tous ces questionnements, toutes ces réflexions continuent d'alimenter le contenu de mon recueil...

vendredi, juillet 06, 2007

Une femme exceptionnelle


À l'occasion de son 100e anniversaire de naissance, une exposition hors du commun à Mexico que celle de la moitié de l'oeuvre de Frida Kalho.

Voir à ce sujet ce très intéressant reportage.

Si je possédais les moyens de mes coups de coeur, je ferais le voyage spécialement pour voir l'exposition et visiter la maison de cette artiste, mais surtout femme exceptionnellement avant-gardiste, audacieuse, authentique et forte dans sa vulnérabilité.

Son intégrité, sa manière de foncer, de briser les interdits, de provoquer, sa passion pour son art et son homme en dépit de ses faiblesses avouées ont fait d'elle une femme magnifiquement respectable...quoi qu'on en ait dit comme réaction à sa témérité il y a plusieurs décennies.

J'avais été entièrement séduite par l'intense personnage dans le film racontant sa vie. Un grand coup de coeur.

jeudi, juillet 05, 2007

La grande bonté du Créateur



Fin de journée. J'ai démissionné de l'idée de tenter de rattraper le lapin, qui jouit à fond de sa liberté dans la cour. Il gambade, fait des steppettes, se pousse dès qu'on s'en approche. Il semble décidé à ne pas retourner dans sa cage.

Je m'apprête à envoyer les plus jeunes au lit.

Triomphant, Tout-Doux rentre en serrant son lapin contre lui: "Maman! J'ai réussi!"

Je suis impressionnée. Vraiment. Ce lapin est d'une rapidité!

Je le somme d'aller le remettre dans sa cage. Il se plante alors devant moi, bien décidé à me détailler sa victorieuse stratégie: "Tu veux que je te dise comment j'ai fait?"

-Alors, comment t'as fait?

-J'ai couru, couru, couru. Il se sauvait tout le temps. J'ai eu besoin d'aide, alors j'ai pensé demander à Dieu de m'aider. Je lui ai dit: "Dieu, aide-moi à rattraper mon lapin".

Il hausse la tête de fierté: "J'ai continué de courir, puis mon lapin s'est coincé une griffe dans la roue du vélo. Ça m'a permis de me rapprocher et de l'attraper. J'ai dépris sa griffe et j'ai pu le prendre. C'est Dieu qui m'a aidé!"

-Hmm! Eh bien! Impressionnant! Bravo!

Dieu est d'un altruisme aujourd'hui!

mercredi, juillet 04, 2007

Juste être bien

Je crois que la nature est le seul environnement dans lequel j'arrive à décrocher de mes trop fidèles soucis. La nature et ses grandeurs me permettent de faire le vide de mes angoisses, de m'immerger entièrement dans le moment présent.

Marcher, marcher, marcher. J'y marcherais jusqu'à être à sec de soucis. Juste pour être bien, juste pour sentir que je n'ai plus de matière à penser. Pour retrouver ma précieuse liberté d'esprit, ma confiance, ma légèreté, mon humour, mon sourire, le plaisir de me sentir gazelle sur les sentiers.

Dans le parc des Hautes-Gorges de la Malbaie, les montagnes à perte de vue, la rivière Malbaie qui serpente dans la vallée, les falaises rocheuses, la végétation dense dans tous les tons de vert, L'Acropole des Draveurs, aussi, évidemment. Puis le vent, la pluie, les odeurs de la forêt, le thrill d'y rencontrer un ours. Si les soucis parfumaient agréablement la chair humaine, ils se régaleraient assurément avec la mienne.




Escapade-éclair dans Charlevoix le week-end dernier. Un délice pour l'esprit, quoiqu'aient envie de rouspéter mes genoux qui ont eu à amortir ma descente du genre "quête de vitesse excessive".

lundi, juillet 02, 2007

Délivrance

Voilà. C'est décidé, elle règlera enfin ce problème qui la hante depuis toujours. Elle respire un grand coup et frappe à la porte. Elle est déterminée à en finir avec les vestiges de ce passé qui la font souffrir.

C'est un homme grand à la voix mielleuse qui lui répond: "Bonjour! Je vous attendais. Entrez!". Il lui tend cordialement la main.

Une vague d'incertitude l'envahit. Cette approche est nouvelle pour elle. Elle tente de maîtriser ses appréhensions.

L'homme l'invite à le suivre. Elle sourit niaisement, puis s'assied sur le joli coussin qui repose sur une chaise en osier. L'ambiance de la pièce est zen. Elle regarde les poissons colorés dans l'aquarium. "J'aimerais bien être un poisson tropical", pense-t-elle. "Les poissons ne doivent pas avoir de soucis."

"Alors, mademoiselle. Je peux vous aider en quoi?", demande-t-il.

-Je...(grande respiration) J'éprouve une grande difficulté à avoir confiance aux hommes. Ça me cause des problèmes dans mes relations avec eux. Je ne réussis pas à considérer quelque relation que ce soit à long terme puisque, comme les hommes sont indignes de ma confiance, la relation basculera inévitablement un jour ou l'autre. Par leur faute, il va sans dire. Je mets donc fin à toutes mes relations de façon prématurée malgré que je sois profondément amoureuse. Avant d'être trop déçue, bien entendu.

-Je vois. Vous savez pourquoi vous réagissez de cette façon? Avez-vous des souvenirs précis de façon consciente?

-Euh, non. Je ne possède aucun souvenir...

-Bien. Je vais vous aider. Nous allons travailler avec votre inconscient. Puisque vous êtes ici, votre inconscient a envie d'être aidé. Il appelle à l'aide, vous êtes d'accord?

-Oui, je suis ici consciemment et j'ai besoin d'être aidée.

-Bien. Étendez-vous sur la table coussinée.

-Sur le ventre ou sur le dos?

-Sur le dos.

Hésitante, mais volontaire, elle grimpe sur la table.

L'homme s'approche: "Êtes-vous confortable?"

-Oui.

-Bien. Je vais m'adresser à votre inconscient. Fermez les yeux. Vous vous souviendrez de tout ce que je dis. Vous n'êtes pas obligée de me répondre. Si vous avez envie de me dire quoi que ce soit, j'en tiendrai compte.

-Entendu.

Bien décidée à en finir, la jeune femme ferme les yeux tandis que l'hypnothérapeute pose une main à la fois ferme et réconfortante sur son épaule nue.

-Laissez-vous guider par le son de ma voix. Vous pouvez avoir confiance en moi, je suis là pour vous aider. Je vais faire un décompte à partir de 10 pour vous aider à vous détendre et lorsque j'arriverai à zéro, vous serez complètement détendue.

-...

-Vous êtes venue me voir pour une difficulté dont vous êtes décidée à vous affranchir. Cette difficulté vous pèse, votre coeur et votre esprit portent des marques qui sont très vives au contact des hommes....dix, neuf, huit.... Vous êtes venue quémander une aide je suis disposé à vous offrir.... sept, six, cinq.... Détendez-vous, écoutez ma voix, elle vous guidera vers cette liberté d'esprit que vous convoitez...

La jeune femme fait quelques soubresauts. Son corps se détend. Elle s'imagine de toute sa volonté converger vers la libération, elle voudrait pouvoir vivre ses amours sans soucis, en toute confiance. La voix de l'homme est rassurante, elle s'en remet à lui.

-...Vous vous sentez lourde, vous vous sentez vous fondre dans le matelas. Décrochez de votre mental. Visuellement, c'est comme si vous dévaliez une pente, vous êtes attirée vers le bas, vous aspirez à atteindre le bas pour vous laisser tomber dans l'herbe verte...quatre, trois.... Vous y arrivez, vous sentez la victoire, vous atteignez l'herbe verte, vous vous y abandonnez, votre corps n'a plus à fournir d'efforts, votre esprit n'est plus en lutte, vous êtes simplement abandonnée...votre mental est éteint...complètement....deux un....

Ça y est, là voilà étendue dans l'herbe. Un répit pour l'esprit. Elle se sent déjà un peu libérée. Enfin, ne plus penser, ne plus souffrir...

-Maintenant que vous êtes vierge de toute pensée, essayez de vous visualiser jeune et insouciante. Imaginez-vous....à cet âge qui représente pour vous l'apogée de l'insouciance...Est-ce quatre ans? Huit ans? Onze ans?

La jeune femme fronce les sourcils, agite un peu les doigts. Des vestiges de tension que trahit son corps. Elle déglutit.

-Retrouvez cette insouciance...immergez-vous dedans... Tout doucement, je vais déposer vos pieds sur de petits appuis. Ne vous inquiétez pas, tout ira bien.... Rappelez-vous comme vous êtes libre et insouciante.... Sentez, également, comme le port de certains vêtements peut être incommodant... Votre corps, comme votre esprit, convoite cette liberté, cette insouciance... Sentez profondément comme votre esprit a envie de me crier de vous libérer de la superficialité de ces inutiles tissus.... Sentez, aussi, comme je suis bon pour vous. Je suis bon parce que je n'attendrai pas que vous me demandiez de vous en libérer... Je vais le faire...pour vous aider... Vous avez toujours confiance en moi?

Plongée dans un profond bien-être, elle se sent effectivement immergée dans cette zone d'abandon. Victorieuse, elle hoche la tête en souriant aussi bêtement que béatement.

-Bien. Maintenant, nous allons ouvrir une petite porte secrète. Une petite porte qui ne doit jamais être ouverte. Lorsque je vous le dirai, vous refermerez la petite porte, d'accord?

-Hmmm.

-Bien. Je vois que votre subconsient répond très bien. Vous êtes décidée et bien brave...

-...

-...

-...

-...

-...

-...

-Hm....Oooh!

-Ne vous inquiétez pas, c'est terminé! Maintenant, nous refermons la petite porte. Vous vous souvenez? Nous devons la refermer. C'est mieux ainsi. Pour vous.

-...

-Je vais maintenant faire un décompte. Vous convergerez tranquillement vers votre cérébralité habituelle au fil des chiffres...dix....neuf...huit...vos muscles bien détendus commencent à s'éveiller....sept...six...cinq... Vous avez l'impression d'être tirée d'un réparateur sommeil...quatre...trois...deux... Les barrières que vous sentez sont uniquement celles que vous vous imposez...un...zéro....éveillez-vous doucement....

La voilà qui ouvre les yeux. Interdite, elle fixe le plafond, s'étire. Elle est calme.

-Comment vous sentez-vous?

"Bien", répond-elle stoïquement.

Elle s'assied sur le bord de la table.

Bienveillant, il sourit.

"Nous avions discuté de mes honoraires au téléphone, je crois..."

Elle fouille dans son sac, lui tend l'argent en le remerciant de toute sa naïve sincérité.

C'est avec galanterie qu'il la conduit jusqu'à la porte.

"Monsieur?" ose-t-elle.

-Oui?

-Votre braguette...elle est ouverte...

Pudiquement, il la remonte.

"Je suis heureuse d'avoir fait votre connaissance. J'espère très fort que mes relations en seront améliorées...".

-Ce fut un plaisir, Mademoiselle. Revenez si vous en ressentez le besoin. Il me fera toujours plaisir de vous aider.