mardi, septembre 30, 2008

L'infection de Coco

À mon fils de sept ans qui embrasse de façon compulsive (mais quand même pas autant que moi) sa petite soeur, je m'exclame: "Lâche-la un peu, Coco!"

Avec son grand sourire d'épris, il se justifie: "Mais maman, je lui donne de l'infection!"

J'en conclus que certains concepts devront être réexpliqués d'ici l'amorce de l'adolescence et de ses premiers contacts avec les demoiselles.

Quatorze ans plus tard

C'est complètement trempée que je m'éveillai au milieu de la nuit il y a quatorze ans.

"Maman! C'est tout mouillé!" que je m'exclamai à ma mère qui dormait près de moi dans mon premier appartement.

-Tu viens de perdre tes eaux ma chérie, répondit-elle à sa "petite" fille de dix-neuf ans.

Les heures qui suivirent furent infernales. J'ignorais alors qu'accoucher pouvait faire autant souffrir tandis que le bienveillant père de mon bébé pleurait d'impuissance à mes côtés.

Dix-sept heures après avoir perdu mes eaux, épuisée et ne voyant pas d'issue à ma douleur, j'implorai le médecin de m'euthanasier. Les infirmières se concertèrent des yeux, perplexes devant ma radicale demande.

"Épidurale" déclara l'une d'elle.

Malgré les lectures de ma grossesse, je n'avais aucune idée de ce qu'était une épidurale. On me soulagea et quatre heures plus tard, émue jusqu'à la moelle, je tenais mon premier-né dans mes bras.

Un premier grand coup de foudre. Ce bébé m'a par la suite suivie partout: au restaurant, au cinéma, en camping, durant mes études, parfois à mon travail et toujours dans mon coeur. Dans les marges de mes livres d'université, on trouve encore les mots d'amour que j'adressais à mon fils durant la rédaction de mes travaux.

En quatorze ans, il est passé de petit garçon sensible à la fois décidé et hésitant à grand frère insécur aux élans tantôt de leader, tantôt de dictateur-faisant-soupirer-sa-mère.

Ces dernières années, le plus ordonné et responsable de mes garçons a eu l'idée géniale de se doter d'un excellent sens de l'humour. Il est donc passé de jeune pré-ado susceptible et sur la défensive à celui qui sait habilement jouer de l'esprit et de la répartie.

Je ne me lasse pas de découvrir de nouvelles facettes de la personnalité de mon grand. Je sais depuis longtemps qu'il est créatif, discipliné et organisé. Je sais qu'il est à son affaire et que j'ai rarement besoin de répéter avec lui. Je sais qu'il est sensible aux autres mais sait aussi être baveux à souhait.

Récemment, je lui ai découvert une générosité que je ne lui connaissais pas, une grande loyauté et un soutien indéfectible envers ceux qu'il aime.

À un ami qui lui demandait combien il avait de "vrais" frères, Fils Aîné lui répondit qu'ils étaient tous ses frères. Sous l'insistance de l'ami qui tentait de se créer un schème mental de la famille recomposée, Fils Aîné ne broncha pas. Ses frères étaient tous ses frères, point. Je souris alors en me disant que mon grand était aussi un garçon intègre.

Depuis quelques jours, je le vois grand frère d'une délicate petite soeur qu'il prend plaisir à venir prendre contre lui pour la contempler avec toute la tendresse imaginable dans les yeux.

Avec l'argent qu'il économise depuis plusieurs mois, il vient de s'acheter une PS2 et un jeu de Rockband. Son nouveau dada: s'installer dans sa chambre et s'appliquer à son drum. Hier soir, Grand-Homme et moi l'avons accompagné au chant et à la guitare (ses frères n'ont pas (encore?) le droit de toucher à sa nouvelle acquisition).

Il est parti à l'école ce matin discrètement sans que je n'aie pu lui adresser quelques mots pour cette journée spéciale.

Je suis très fière du grand jeune homme que mon premier fils devient.

Bon anniversaire à toi mon beau grand Fils Aîné!

dimanche, septembre 28, 2008

Encore un mot...

...pour vous signifier, lecteurs et lectrices, ma gratitude pour tous vos touchants mots de réjouissance pour notre bonheur suite à la naissance de notre bébé.

Je n'ai guère pris le temps de répondre à chacun-chacune mais soyez assuré(e)s que vos mots me/nous sont allés droit au coeur.

Le lavage

Chez nous, le lavage n'est pas séparé en couleurs comme chez la plupart des gens.

Il est séparé en catégories:

1- Pantalons

2- Chandails

3- Bas et bobettes

4- Serviettes et draps

Lorsqu'un bébé arrive en la demeure se rajoute aussi le "tas du bébé", qu'on lave avec un savon différent.

Ce matin, nous avons été surpris par la prédominance d'une certaine couleur dans ledit dernier tas.



Les grand-mères et amies s'y sont donné à coeur joie dans le magasinage d'une catégorie jusqu'alors inexistante. Ça frappe l'oeil.

Symbiose

Me reposer? Je voudrais bien mais je suis en contemplation intense permanente. Pour combler ma nécessité viscérale d'admiration de ma fille, je suis une loque béate d'émerveillement qui sors rarement de sa bulle (au prix d'une certaine culpabilité avec mes si gentils grands garçons qui revendiquent leur part de bébé mais également leur petite part de maman).

Soudée à elle en quasi permanence, je n'en reviens pas de la Vie. Je n'en reviens réellement pas d'avoir su concocter une fille, je n'en reviens pas qu'elle soit si merveilleusement belle, je n'en reviens pas qu'elle ne soit pas née chiante avec un chandail bedaine exhibant ses piercings dans le nombril en chiquant de la gomme (quoiqu'elle soit bel et bien née avec un mystérieux piercing --si, je vous l'assure!-- à l'oreille droite), je n'en reviens pas du nombre de plis à nettoyer dans la couche d'une petite fille, je n'en reviens pas de me surprendre à avoir envie de pleurer de bonheur chaque fois que je la mets au sein, je n'en reviens pas d'aimer autant son papa.

En dépit de mon état végétatif et de mon teint blafard, c'est un privilège immense que de manquer de sommeil pour elle, de la retrouver la nuit miaulant pour revendiquer le sein, de la voir prendre des poses de diva en allongeant ses interminables doigts de pianiste sur son délicat visage, de me délecter de son inégalable odeur de Bébé Fille.

En tant que maman jusqu'alors de garçons, je connaissais un de mes plus importants devoirs de mère: éduquer mes garçons en gentlemans. M'assurer qu'ils deviennent de jeunes hommes responsables, respectueux d'eux-mêmes, de leurs pairs et de leur environnement, civilisés, conscients de ce qui les entoure, capables d'assumer ce qu'ils sont, d'être honnêtes et à l'écoute des autres.

Avec une petite fille, inquiétude jusqu'alors inconnue: les parents des futurs prétendants de ma fille auront-ils su inculquer la même chose à leurs garçons? Saura-t-elle se faire respecter? Son futur amoureux saura-t-il prendre grand soin d'elle sans étouffer tout son potentiel?

Ma petite fille est "enduite" d'une couche supplémentaire de vulnérabilité par rapport aux garçons et cela est doublement angoissant.

Cette surprotection dont m'encombrait parfois mon père (et ma mère, autrement), je la comprends. Je comprends pourquoi moi, même à 22, 27, 30, 33 ans je devais téléphoner pour informer de mon arrivée chez moi après l'heure et demi de route qui séparait la maison de mon père de la mienne alors qu'il semblait aller de soi pour lui que mon frère n'avait pas besoin de cette double validation que tout était sous contrôle. Cela, même si j'ai maintes fois démontré que j'étais une fille forte, indépendante, débrouillarde et fonceuse. Je sais que je serai pire que mes parents.

Pour une petite fille, les bienveillantes ailes parentales s'allongent peut-être tout naturellement. C'est ainsi, du moins, pour nous envers notre petite Béatrice.

jeudi, septembre 25, 2008

À intégrer au vocabulaire

Un nouveau pronom: elle - didier barbelivier.

(Là, j'aurais voulu faire super concept et vous trouver la version complète mais on repassera pour les fantaisies blogguesques!)

Notre septième merveille du monde est bien une exquise petite demoiselle de 8 lbs pour laquelle nous finirons bien par dénicher un prénom (en attendant, tout le monde ici doit se défaire du "il" pour désigner celle qui se prénomme temporairement "Bébé Fille"!)

La confiance

Ce n'est pas parce qu'il n'est "plus là" que je ne peux plus lui faire confiance. Eh oui, mon père avait raison: Bébé est effectivement arrivé(e) hier à notre plus grand bonheur après un interminable et désespérant travail (qui évidemment en valait vachement la peine!).

La question suspendue à toutes les lèvres maintenant: est-ce un beau garçon ou une ravissante petite fille?

Je vous laisse languir encore un peu, j'ai beaucoup de sommeil à rattraper! :-)

lundi, septembre 22, 2008

Comment négocier (ou se faire imposer) deux jours supplémentaires de patience

Encore un soir où je me suis endormie en pleurant de désespoir de ne pas voir la fin de cette grossesse et l'Ultime rencontre avec ma/mon petit/e entêté/e.

C'est pathétique, je ne m'endure plus, enverrais promener royalement tous ceux qui osent prononcer devant moi les mots maudits "Accouchement", "Pas encooooore?" ou "Patience, il ne t'en reste pas long".

Voyez-vous, c'est tout faux. Trois jours, c'est INTERMINABLE quand il s'agit de notre corps et de notre bébé. C'est connu, les grossesses des autres passent nettement plus vite. Prenez Nath ou Dr. Maman: aussitôt leur grossesse annoncée, elles avaient déjà accouché! C'est d'une injustice!

Donc, disais-je, je me suis endormie hier soir en pleurant des larmes d'un misérable désespoir et en implorant mon papa parti depuis maintenant neuf mois et douze jours de m'expliquer pourquoi cet enfant tenait déjà tête effrontément comme ça à ma Très Puissante Volonté.

Dans mon rêve cette nuit, mon cher-papa-qui-me-manque-tant, de nature nettement plus impatiente et impétueuse que moi me demandait avec un calme déconcertant: "Patiente encore deux jours ma Fille, deux jours. Il naîtra le 24."

Parce que c'est l'Impétueux-de-mon-coeur qui me le demandait dans mon rêve, je ne puis que faire ma grande fille docile et obéissante et calmer les ardeurs de mon impatience (bien oui, certaines personnes, même décédées, ont une influence instantanée sur moi!).

Je saurai donc "bientôt" (bientôt étant tout à fait relatif, je vous le rappelle) si c'était un rêve prémonitoire visant à m'amadouer et ainsi rendre la vie plus facile à ma famille qui marche sur les oeufs de mon impitoyable intolérance depuis quelques jours ou une autre vile trahison de mon esprit qui conspire avec mon corps pour me bullshiter davantage, m'humilier en me démontrant une fois de plus que ma détermination n'a pas le contrôle sur tout et que je dois apprendre à me résigner humblement et à accepter mon sort de femme misérablement impuissante devant les aléas de la vie.

samedi, septembre 20, 2008

Le temps des pommes


Cueillette de pommes avec ma perle d'ado et mon tout-petit hier. Je n'ai donc pas chômé aujourd'hui. Satisfaisant que de regarnir de tartes le congélo!

vendredi, septembre 19, 2008

Équilibre

Pour racheter des matinées comme celles d'hier et apporter l'équilibre, il y a des matins comme aujourd'hui où après une nuit de contractions mais de sommeil tout de même récupérateur...

...je prends le temps de préparer des gaufres pour ma gang;

...la maison commence à avoir un peu d'ordre (si on ferme les yeux bien sûr sur le sous-sol en rénos);

...je suis fière que Fils Aîné prenne l'initiative d'ajuster les sièges et guidons de vélo de ses frères;

...je suis touchée que Grand-Charme me propose d'allumer des bougies et de l'encens dans la salle de bain pour que je puisse relaxer pendant qu'il amène le tout-petit jouer au parc;

J'aime quand l'harmonie et l'entraide règnent dans la famille, que chacun est capable d'avoir des égards pour les autres.

Maintenant que j'ai pu apprécier l'excellent spectacle d'André Sauvé, mon dead-line psychologique est passé pour accoucher.

En attendant que tout se déclenche, j'aurai peut-être le temps et l'énergie d'amener ma gang cueillir des pommes en après-midi. Et peut-être aussi de préparer des tartes.

Un beau vendredi automnal, n'est-ce pas une journée idéale pour mettre au monde une petite fille brune?

jeudi, septembre 18, 2008

...de ces matins...

Il est de ces matins où l'anarchie momentanée et l'insatisfaction de certains dans la vie au sein d'une grande petite communauté nous donnerait envie d'envoyer paître tout le monde afin que chacun s'organise enfin réellement avec ses problèmes ou encore d'imposer une impitoyable dictature pour mettre un peu d'ordre auprès des dissidents chroniques de la place (et tant pis pour les larmes, et tant pis pour les petits moi, et tant pis pour les pauvres incompris).

Où donc puis-je acheter mon billet pour cette montagne déserte le temps de ventiler un peu?

dimanche, septembre 14, 2008

Tête à tête

Tête à tête avec moi-même dans une crêperie que j'aime après une journée productive et efficace.

Ma vie sent le changement. Je le sens dans plusieurs aspects de mon existence. Je suis rendue là, prête à tourner des pages, à briser des suspenses, à régler du non-dit et des irritants, à être plus honnête avec moi-même et donc dans mes relations avec autrui.

Aussi, à récupérer des parties de moi mises trop longtemps en veilleuse ces dernières années, à cesser de perdre de l'énergie pour des choses qui ne le méritent pas, à permettre fluidité et latitude à des émotions mises en quarantaine trop longtemps pour me permettre de survivre, à cesser d'attendre après les autres.

Réorienter mes voiles. Le reste viendra tout seul, je le sens dans l'air aussi bien que dans chacune de mes cellules.

Des vêtements et des souvenirs

C'est aujourd'hui, à quelques jours de l'arrivée de nouveau bébé, que nous avons libéré le bureau de Thomas pour faire de la place pour les vêtements du/de la tout/e mini.

Que de souvenirs dans de simples chandails, des paires de jeans, des petites culottes dans lesquelles je vois encore ses fesses dodues ou encore dans la chemise carreautée qu'il portait à Noël et dans laquelle il était si parfaitement beau!

Des vêtements sont associés à des photos précises, des événements particuliers. Le chandail orange qu'il portait à son dernier Jour de l'An. Je le vois encore danser et taper des mains au rythme des accords de la guitare de mon oncle Paul. Le chandail kaki et beige de son dépouillement d'arbre de Noël au collège de ma belle-mère. Thomas accoté sur l'immense ballon jaune, langue sortie d'un peu d'embarras et de timidité et toupet trop long. Le chandail bleu-gris qu'il portait sur la photo où il lèche le batteur du gâteau au chocolat de l'anniversaire de sa marraine deux semaines et demi avant de nous quitter. Les pyjamas bleus qu'il portait dans mes rêves chaque fois qu'il me faisait le bonheur de venir m'y visiter après son décès.

Il y a pire, aussi. Pire, ce sont ces morceaux qui ne me disent absolument rien et pour lesquels mon homme m'assure que oui, lui se souvient avoir habillé son fils avec. Pour ma part: effacé de ma mémoire. Inévitablement, des souvenirs pâlissent et je dois malheureusement faire avec.

Cela m'attriste un peu mais en même temps, il fallait la faire, cette place pour bébé. Il y eut de tendres: "Oooh! Tu te souviens de ce morceau, il était si mignon dedans!", des sourires d'un amour parental immuable, des souvenirs communs profondément ancrés. Un beau moment pour se rappeler.

De minuscules pyjamas ont pris place dans les tiroirs propres et dégagés. Le bureau accueillera une nouvelle histoire vestimentaire.

Ça s'appelle peut-être tourner une page mais jamais pour nous les pages du dessous ne disparaitront réellement. Il y a de ces pages qui nous façonnent à un point tel que nous ne pourrions dissocier de ce que nous sommes l'effet qu'elles ont eu dans notre "construction personnelle". Ce sont de précieuses pages de référence.

jeudi, septembre 11, 2008

Les poètes

Allez comprendre pourquoi, l'enseignante de français de Fils Aîné a trouvé que sa critique de l'oeuvre des poètes Jean de la Fontaine, Boris Vian et Arthur Rambo n'était pas suffisamment développée.

(Re) Découvrir

J'aime me faire surprendre par mes enfants. J'aime découvrir des aspects d'eux que je vois peu à la maison. Je sais que certains de leurs traits dominants à la maison sont complètement occultés ailleurs et vice versa.

Par exemple, un de mes enfants a su par le passé se montrer désespérément arrogant à la maison tandis qu'ailleurs on l'encensait: sa politesse était sans faille. C'était à n'y rien comprendre.

Si l'entraide naturelle et le partage s'observent beaucoup à la maison chez tous mes enfants, c'est plus difficile avec l'aîné. Il est très territorial, ce qui lui appartient est sacré et les conditions exigées pour partager un de ses biens avec ses frères sont si impossibles que tout le monde en a fait son deuil (même si lui se permet de faire la promotion du partage auprès du reste de la fratrie).

Toutefois, quand il s'agit de se montrer généreux, courtois ou galant avec des membres extérieurs à la famille (autres que sa mère adorée), il sait nous étonner.

Ce fut le cas hier. Son ami qui a fait un (en fait, il s'agit de cinq consécutifs) arrêt cardiaque a téléphoné. Il vient de sortir des soins intensifs, s'emmerde à l'hôpital toute la journée et peut maintenant recevoir de la visite.

N'écoutant que ses pulsions salvatrices, Fils Aîné est décidé: il lui apportera ses collections sacrées de BD (auxquelles nous ne sommes pas autorisés à toucher), des jeux pour son DS (aussi intouchables) et je ne sais plus quel autre divertissement. L'empressement est là, le coeur aussi.

Pour son ami, sa crainte de bris de matériel n'existe plus. Fils Aîné a une âme secourable. Nous le découvrons agréablement sous un angle nouveau.

Au fond, j'ai toujours su que derrière ses apparences de dur, il était un grand sensible. C'est un ami fidèle, solidaire, empathique et loyal. Je suis très fière de lui.

mardi, septembre 09, 2008

La Chose

Quand on est à quelques poils de ses quatorze ans, on ne connait généralement pas grand chose de la grossesse et encore moins de ses tabous.

Sauf peut-être quand on est l'aîné d'une famille de bientôt sept enfants. Dans ce cas alors, on a vu sa mère plusieurs fois enceinte et entendu maintes fois ses plaintes désespérées sur la fatigue, les nausées, le gros cul, l'essoufflement. On devient aussi plus observateur, plus attentif (attentionné, aussi), plus avide de comprendre certains phénomènes spécifiques à cet état physique.

En fin de grossesse, les mots "contractions", "bouchon muqueux", "dilatation" reviennent souvent dans la bouche de sa mère, surtout si elle est du genre à casser les oreilles de son amoureux (exaspéré?) à chacun de ses petits changements physiologiques.

La curiosité physiologique de l'ado étant ce qu'elle est, cela donne souvent lieu à des discussions mère-fils intéressantes visant à expliciter des bribes de conversations entendues plus tôt avec l'amoureux.

Fin de journée hier, nous avons bien cru que ça y était, que bébé allait enfin nous offrir le privilège de faire sa connaissance. La sage-femme nous confirma la chose quelques heures avant que le travail ne cesse quasi complètement et que l'on ne rentre à la maison à deux plutôt qu'à trois.

J'expliquai à son retour du travail à mon homme ce soir ma satisfaction d'avoir perdu ce matin un morceau de bouchon teinté de sang "gros comme ça", signe que toutes les contractions d'hier n'avaient pas été vaines.

Fils Aîné s'intéressant à notre discussion sur la Chose, je pris un plaisir sadique à rajouter des détails des plus ragoûtant sur la texture gluante de la muqueuse, sur le "sploush" -imaginaire- s'étant fait entendre au moment où la Chose avait rencontré le fond de la baignoire, sur le grand soin que j'avais pris (mon discours étant bien sûr agrémenté de gestes pédagogiques) pour récupérer la Chose afin de la lui montrer à son retour (ce que je ne fis qu'en paroles pour scandaliser le fils).

Devant l'enthousiasme exagéré de ma description, l'aîné ne put qu'être horrifié de tous ces détails physiologiques dont il ignorait tout.

"Le bouchon que tu as gardé pour Grand-Homme, c'est la chose jaune bizarre qu'il y a dans le grand bol sur le comptoir?" s'enquit-il, visiblement inquiet de la texture autant que de la quantité.

Je ne pus m'empêcher de rire: "Ben non Fils Aîné, la chose jaune dont tu parles, c'est le gras du bouillon de poulet que nous avons dégraissé hier soir!"

Il s'indigna qu'une femme (sa future, particulièrement) puisse éventuellement avoir l'idée de partager quelque chose d'aussi ignoble et répugnant que des morceaux de muqueuse ayant servi à colmater le col d'utérus de sa douce durant l'attente de leur enfant.

Je ne pus évidemment me retenir de poursuivre en expliquant à mon grand garçon quelques tabous de l'accouchement, en particulier ceux sur les fluides et solides intrinsèques à ce grand moment. Ses sourcils froncés et son air de profond dégoût précédèrent sa conclusion: après tant d'horreurs, on persiste à affirmer que la naissance d'un enfant est la chose la plus magnifique qui soit?

vendredi, septembre 05, 2008

Enceinte, entêtée et orgueilleuse

Bon d'accord, la grossesse n'est qu'un prétexte; je suis orgueilleuse naturelle et aussi entêtée lorsque je n'ai pas envie d'être contrariée ou que j'ai une idée indélogeable en tête.

S'il y a quelques années j'étais une cliente fidèle d'un même café au service "bof" où la jeune préposée tutoie allègrement avec une certaine suffisance, j'ai transféré ma loyauté au méchant café américain qui vend plus cher mais offre quant à lui un service impeccable.

Après environ un an de loyauté à l'Américain (ou à "l'États-Unien", pour faire plaisir à Fils Aîné), je suis retournée rédiger récemment à "mon" ancien café. Il était quasi vide et je m'y suis plu dans mon fauteil préféré. Tellement que j'ai décidé d'y retourner aujourd'hui. Un petit sursis pour eux. Une chance de me reconquérir.

Eh bien ils ont échoué. Parce qu'aujourd'hui, même si je venais d'avoir un déjeuner fort agréable avec une amie, je n'avais pas envie de me faire contrarier pour une niaiserie.

Le gérant a fait l'erreur magistrale de venir me demander de retirer mes pieds du fauteuil. C'est que moi, je manque apparemment de classe et dans les cafés, je retire mes sandales et m'assieds en indien sur le fauteuil ou encore j'appuie mes orteils nus sur le fauteuil d'en face.

Son commentaire fut suffisant pour que je le fixe insolemment en retirant mes pieds, lui demande si je pouvais récupérer le temps restant sur ma carte Internet et qu'une fois qu'il m'ait répondu par l'affirmative avant de redescendre, je déchire ladite carte (sur laquelle il restait la moitié du temps), la laisse négligemment tomber sur la table en prenant grand soin de poser à nouveau mes pieds sur le fauteuil d'en face, paquete mon portable et quitte le café avec la ferme intention de ne jamais y revenir.

Et tant pis pour lui pour les centaines de dollars intrinsèques à ma loyauté de cliente perdus.

Il n'avait qu'à ne pas me contrarier. Je suis chiante comme ça.

Na.

jeudi, septembre 04, 2008

Immortaliser


Je l'ai écrit et écrit sur ce blog depuis le début de ma grossesse (et répété et répété autant à ma famille et mes amies): cette bedaine est définitivement ma dernière.

Même si elle est lourde à porter, m'a fait vivre des émotions de toutes les couleurs et certains renoncements dont je me serais bien passée, n'empêche qu'elle abrite mon bébé d'amour et que j'ai tenu à l'immortaliser.

J'ai donc fait appel à JulieJulie en lui présentant quelques suggestions particulières. C'est que j'avais envie d'un style de photo différent de celui très naïf pris à ma première grossesse. J'avais envie de pousser l'aspect créatif et artistique vers la fantaisie. Elle a su alimenter et saisir à merveille les idées et concepts exposés avec une patience et une sérénité angélique et le résultat me plaît beaucoup.


Je vous présente quelques uns de mes coups de coeur décents (que je ne laisserai cependant pas très longtemps ici...à preuve...ils sont déjà partis!).

Les couches lavables

Voilà déjà un bon bout que j'ai décidé de passer aux couches lavables pour Futur bébé et que je voulais rédiger un billet sur mes réflexions à ce sujet. Mais avec la série de billets fort bien documentés que vient de pondre La Mère Michèle, tout y est pour vous convaincre.

Dans mes idéaux écologiques de l'époque, j'avais tenté l'expérience des couches lavables à mon premier bébé. Cependant, j'ai vite jeté l'éponge après moult fuites et misères. C'est qu'alors je n'avais pas encore reçu le cours pratique personnalisé de mon amie Madame Unetelle avec sa petite soie toute neuve qui m'a fait soupirer d'envie.

Il faut dire également que les couches ont évolué depuis 1994 et que la lecture de plusieurs blogs de mamans ont eu sur moi un effet persuasif quant aux avantages et à la facilité des couches lavables.

Vous me pardonnerez de n'avoir pas eue la patience de repérer sur les blogs concernés les billets rédigés à ce sujet mais je vous mets en liens les adresses web de ces quelques mères aussi soucieuses de l'environnement que du petit popotin de leur(s) bébé(s) qui m'ont inspirée, puis convaincue.

Maman Papoute est admirable. Si je ne m'abuse, elle confectionne ses couches elle-même.

La très polyvalente Juliejulie a aussi commencé (ou est-ce depuis le début?) à confectionner ses propres couches.

Nath a rédigé il y a quelques mois deux billets rigolos sur son expérience de magasinage de couches lavables et ses déboires avec notre chère ville de Laval pour les subventions municipales.

Soucieuse de deux petits derrières, Anne-Lise est aussi aux couches lavables.

Je vous recommande fortement, si vous n'êtes pas déjà convaincu-e (hm, Grand-Hom...?), la lecture des billets de La Mère Michèle.

Pour ma part, je dois acheter les miennes avant que Bébé ne se pointe le bout du nez...

mercredi, septembre 03, 2008

Surstérilisation

Lorsque sous l'insistance de votre petit dernier qui a très envie d'ouvrir le paquet de suces pour le nouveau bébé vous décidez de les stériliser, il serait préférable de ne pas attendre l'alerte de l'avertisseur de fumée pour vous informer que les suces sont prêtes.

mardi, septembre 02, 2008

Gratter la gale

Comme beaucoup de gens, je n'ai pas une grande résistance émotive aux drames qui impliquent des enfants.

Depuis le début de l'été, les noyades (ou autres accidents) d'enfants médiatisées me remuent profondément. La semaine dernière, une petite fille de sept ans se faisait frapper à vélo par un camion sous les yeux de sa mère. Je suis sortie de la pièce pour aller pleurer tranquille en préparant le repas. Cette mère que je ne connais pas, je la connais, je suis liée à elle.

Cette insoutenable douleur, cette familiarité de la perte, ce calvaire qui vous décharne le coeur et l'âme...

Hier, téléphone du père de mes grands en panique: Grand-Charme venait de s'écraser devant lui. Je ne comprenais pas bien, j'entendis que mon Grand-Charme venait de se faire écraser et l'ampleur de ma perte me tua un trop long instant. La panique me prit aussi, mon coeur manqua de rompre. L'ex se calma un brin et m'expliqua: Grand-Charme s'était levé, avait perdu momentanément conscience, s'était effondré au sol et s'était mis à faire le bacon. Lorsqu'il revint à lui, il était confus, absent, désorienté.

Mon Dieu, s'il fallait qu'il arrive à nouveau quelque chose à un de mes enfants, comment pourrais-je y survivre...encore? Des mères y sont exposées pourtant et elles trouvent je-ne-sais-où au fond d'elles-mêmes une deuxième fois la force de continuer. (Après consultation, semble-t-il qu'il ait fait une syncope...je ne connaissais de l'affliction que l'expression populaire...)

Au retour de l'école, Fils Aîné m'expliqua que son bon ami était absent aujourd'hui pour faire son choix de cours. Il entendit dire qu'il était hospitalisé et avec un autre copain, il prit l'initiative d'obtenir pour le convalescent la permission de procéder à l'inscription de ses cours pour lui planifier un horaire.

En soirée, il téléphona chez l'ami pour l'aviser de sa démarche. Sa soeur l'informa que son jeune frère venait de faire une crise cardiaque. Nous savions que l'ami avait un coeur fragile...mais qui aurait pu concevoir qu'un jeune garçon de 14 ans (si aimable, si poli!) soit sujet à des maux si graves de grandes personnes?

Fils Aîné en fut remué, j'en suis bouleversée depuis le début de la soirée. En dépit des remous que doit vivre cette famille en ce moment, je ne puis m'empêcher de songer à ce que cette mère vient de s'éviter. L'ami s'en est heureusement sorti mais sera en convalescence pour les prochains mois.

Chaque drame est un couteau affilé qui gratte une gale qui croyait avoir le dessus sur la plaie. Chaque drame est une porte grande ouverte sur la vulnérabilité silencieuse. Chaque drame est une gifle qui rappelle le fouet de la possible fatalité.

lundi, septembre 01, 2008

Le potager

Mon potager est un excellent exercice d'humilité cette année. Il faut y voir les pissenlits de 70 cm de hauteur, le persil dissimulé à travers l'étouffante menthe qui a envahit le jardin, les laitues rouges en train de monter en fleurs, les plants de concombre qui grimpent sur les mauvaises herbes environnantes (leurs treillis se seront avérés complètement inutiles).

Je n'arrive plus à distinguer la salade printanière des mauvaises herbes. On ne voit plus les rangées si soigneusement faites par ma maman au printemps. Les oignons rouges sont morts, tous mes semis de tomates aussi et je n'ai récolté que quelques pois mange-tout. Ne subsistent que les plants de tomates achetés qui me rappelent mon manque de soins en me fournissant un minimum de fruits.

Et vous savez quoi? Pour la première année, je n'ai pas honte de ma négligence. J'ai été une médiocre jardinière cet été et je m'en fiche totalement. Je n'avais aucune envie de stresser pour le jardin et ai lâché prise très tôt en saison. Je remets même en question la pertinence d'avoir un potager quand je n'ai guère le temps de l'entretenir.

Avoir quelques bacs de jardinage serait définitivement une meilleure solution pour moi. Nous verrons l'an prochain. En attendant, il y a les marchés. Et moi, j'adore les marchés en automne.

Les marchands anti-progressistes

Une chose me fait illico sortir d'un commerce: l'absence de TPV (appareil de paiement direct). Nous sommes en 2008!!

Je suis insultée d'entrer dans un commerce qui refile les frais bancaires directement à ses clients (en plus de ceux que la banque lui imposent déjà) au lieu de payer les quelques centaines de dollars par année nécessaires à la location d'un terminal de paiement direct qui démontrerait son ouverture à la progression technologique et lui assurait la loyauté de la clientèle de mon genre.

Je ne puis concevoir que dans un endroit touristique comme le Vieux-Montréal, certains marchands pourtant fort achalandés n'acceptent pas ce mode de paiement ultra répandu. Je trouve cela entêté et rétrograde. Et qu'on ne me dise pas que c'est pour accélérer le traitement; des commandes à l'auto de plusieurs restaurants de bouffe rapide offrent le service de TPV cellulaire et l'attente n'est pas plus longue!

Nous avons bien entendu déserté aujourd'hui le vilain marchand qui n'offrait pas ce type de paiement. L'alternative: aller chez un compétiteur pour se rendre compte après achat et consommation entamée...que lui imposait des frais de 0.50$ supplémentaire à l'achat pour l'utilisation de l'Interac.

Les frais de location de terminal devraient faire partie des frais fixes de l'entreprise et être répartis sur l'ensemble des produits et services. Le principe de l'utilisateur-payeur ne devrait pas s'appliquer ici, c'est une simple question de service!

Je suis indignée, pfff!

L'immensité

Ce fut un bel après-midi pour aller marcher dans le Vieux-Port. Avons été voir le Grand Canyon en 3D.

Moi qui voulais partir le voir en vrai sur un coup de tête cet été (le Grand Canyon m'a toujours éblouie par l'immensité de son relief), c'était un excellent compromis.

Je suis fascinée par les merveilles d'immensité de ce monde, le genre de merveilles qui nous fait sentir petit, reconnaissant, ivre d'intensité du moment présent, détaché du superficiel et de l'accessoire, juste délicieusement vivant.

Je voudrais vivre ainsi toute ma vie.

PS. C'est charmant d'amener un bonhomme de presque trois ans voir du 3D. Tout le long du film, il tentait d'attraper la troisième dimension intangible avec ses petites mains. :)

La fourmi

La fin de l'été, bien qu'elle ressemble davantage à son milieu, donne envie de faire des provisions. La fin de grossesse aussi. J'ai l'habitude de faire des recettes doubles ou triples pour pouvoir congeler des repas et je me sens toujours efficace et satisfaite lorsque notre congélateur se remplit.

Comme j'essaie d'acheter moins de collations déjà préparées aux enfants, je profite de la préparation d'une recette à consommer maintenant pour la doubler et congeler l'excédent. J'apprécierai sans doute ces réserves dans les semaines à venir.