mardi, juillet 28, 2009

Les abus de pouvoir de l'adulte en position d'autorité ou les dangers du rose dans la construction identitaire du jeune garçon

Imaginez…

Un garçon de douze ans. Un bon garçon drôle, sympathique, bourré de fantaisie. Le deuxième d’une famille comptant sept enfants, une personnalité explosive et expansive. Un grand ado à la fierté aussi haute que ses 5’11’’.

Une grand-mère habituellement bienveillante, grano-ésotérotico-urbaine dans l’âme, avant-gardiste et autonome désireuse de faire une sortie avec une partie de ses petits-enfants.

La grand-mère décide de les amener pique-niquer au jardin botanique.

Pour l’expédition, elle prépare un lunch (santé, assurément) qu’elle range soigneusement dans un sac à dos.

Avant de partir, elle confie le sac à dos au jeune adolescent, qui devra le trimballer en autobus. On pourrait penser : « Normal que le jeune pétant de santé aide sa bonne mère-grand » et on aurait raison.

Sauf que.

La grand-mère est malicieuse et n’a pas pris n’importe quel sac à dos. Parmi sa collection, elle a pris soin de prendre le ROSE afin de s’amuser de l’humiliation prévisiblement engendrée chez son petit-fils en pleine construction identitaire. Le petit-fils a beau manifester son malaise, la grand-mère prend un plaisir sadique à insister : il doit aider et tut tut tut, on ne fait pas de cas d’une simple couleur.

L’ado est contraint, sous l’autorité de sa grand-mère, de s’exposer publiquement de la sorte. Devant les belles filles de son âge, devant les autres ados, devant ses frères moqueurs de son sort, il est résigné à se faire voir sous un jour qui ne lui ressemble pas.

Pendant ce temps, la grand-mère se cache à peine pour rigoler (elle avouera plus tard avoir ressenti la dilatation progressive mais intense de sa rate) et savoure le pouvoir de son autorité malsaine sur celui qu'elle préfère comme bouc émissaire. L’adolescent en question rapportera que son frère aîné prenait un malin plaisir à lui signifier de manière peu discrète dans l’autobus lorsqu’il tentait d’éloigner un peu le sac posé à ses pieds : « Grand-Charme! Garde un œil sur TON SAC ROSE! TON SAC ROSE, Grand-Charme! ». Le frère aîné a corroboré avec plaisir les dires de la victime et n'a pas manqué souligner le regard de contentement dans l'oeil de la grand-mère.

Je ne sais pas pour votre lecture de la situation mais de mon point de vue, cela ressemble grandement à un cas d’humiliation trans-générationnelle, phénomène de plus en plus courant chez les baby boomers: un parent ayant par le passé ressenti quelconque embarras via un de ses enfants (par son allure marginale ou sa personnalité par exemple) tend, de façon plus ou moins consciente, à infliger à un de ses petits-enfants une forme de vengeance destinée en réalité au parent contre lequel le grand-parent conserve une amertume inavouée.

Voilà des jours que je me cherche une ligne ouverte pour dire haut et fort ce que je pense de ces abus d’autorité par des adultes en position de pouvoir. N’ayant point réussi à en obtenir une, je fais de ce blog ma tribune. C’est épouvantable et la situation me renverse. Je dirais même plus, je suis épouvantée et renversée. Je vais téléphoner au Journal de Montréal pour une indignation en bonne et due forme. J’espère qu’ils me prendront en photo...

dimanche, juillet 26, 2009

La croissance

Pour Frédéric, il existe trois catégories d'aliments: ceux qui font grandir, ceux qui font grossir et les saucisses. Les saucisses surclassent n'importe quel aliment (en Italie, dans chaque resto, c'était son choix #1. Nous n'avions qu'à balayer le menu du regard à la recherche du mot essentiel: salsiccia).

Depuis quelques temps, quand il ingurgite quelque chose, il s'informe: est-ce qu'il y a des vitamines dedans/est-ce que ça fait grandir/ou grossir? Il n'est pas rare qu'il prenne le temps de s'arrêter au milieu d'un jeu pour venir me demander s'il a grandit (depuis sa dernière ingestion vitaminique) et si oui, si ça signifie qu'il a maintenant 4 ans (pour ensuite se diriger vers le miroir de la salle de bain afin d'évaluer tout changement dans son apparence physique).

La formulation qui s'ensuit, accompagnée chaque fois du bon nombre de doigts, me fait sourire: "Maman, est-ce que maintenant ze suis cratrr...est-ce que ze suis cratran...maman, est-ce que ze vais bientôt être craquant?"

Entendu à la radio

...et ayant fait grimper de huit crans ma pression: "...Restez avec nous, dans quelques intstants, on vous parle de cet homme qui a fait débarquer ses enfants au bord de la 10...imaginez...aucun bon sens!!!! On veut savoir ce que vous auriez fait, ce qu'aurait dû faire cet homme...bla bla bla...On prendra vos appels!"

Assommez-moi quelqu'un! On n'a pas fini de vouloir appeler les bien-pensants qui ont tout vu/tout connu/tout vécu à tout coup à la rescousse des parents ignares dont la crédibilité est sérieusement amochée par la loupe sociale subite par laquelle on les observe? Bon sens que ça m'énerve cette tendance moralisatrice à condamner celui qui fait différemment!

Je ne sais rien de cette histoire, pas entendu parler de ce fait divers et au fond ce n'est qu'un prétexte pour dire que j'en ai marre du focus médiatique issu d'une banale anecdote, de cette amplification sociale qui fait de l'ordinaire de l'extraordinaire à partir d'un fait hors-contexte.

N'importe qui que vous soyez, quelles que soit vos méthodes d'éducation, n'importe qui pourrait noter un de vos travers (un travers se définissant par "ce que vous faites autrement des autres" -et je ne parle aucunement de violence-) momentané et crier au scandale du mauvais parent que vous êtes.

Pernicieuse, pernicieuse manière que de porter un regard sur autrui!

Ça m'épuise et m'abasourdit la quantité de gens qui sont prêts à lever la main pour vous dicter avec leur ton infantilisant ce que vous auriez dû faire au lieu de crier après votre enfant/le traîner par le bras/lui donner une tape/vous arrêter sur le bord de l'autoroute et lui accorder un moment toute votre attention pour bien le mettre en garde des conséquences de son énervement. Faites gaffe, un seul de vos gestes pourrait bien se faire le catalyseur de votre droit (ou pas) à la parentitude!

J'ai parfois l'impression qu'on n'attend que ça, pouvoir prendre l'autre en défaut et secouer la tête à l'idée que des choses aussi é-p-o-u-v-a-n-t-a-b-l-e-s aient pu se passer, allez donc le croire, tout près de chez vous! Certains ont réellement l'air de carburer aux scandales qui impliquent de près ou de loin un enfant.

Qu'on cesse donc de chercher la mire parfaite chez ses pairs et qu'on se regarde le nombril! Êtes-vous donc à ce point irréprochable que légitimé de pouvoir vous permettre de dire comment les autres auraient dû agir?

jeudi, juillet 23, 2009

Italie: coups de coeur et défis

La dernière (et première) fois que nous sommes partis en voyage avec les enfants, c’était destination Cuba dans un tout-inclus avec deux mamies + un papi + une tante, donc ratio de 1/1 pour nos six enfants. Facile!

Cette fois, l’aventure était quelque peu différente même si le ratio était le même.

Vous êtes plusieurs à avoir suggéré dans mes billets d’angoisse de voyage qu’une fois à la maison, la perspective avec laquelle je regarderais notre aventure serait différente puisque le stress se serait envolé.

Voici ce que je retiens de ce beau voyage.


Coups de coeur :

-Se déplacer à pied dans une ville comme Venise, en absorber l’âme, marcher dans des ruelles loin des masses touristiques, s’émerveiller devant la capacité d’adaptation d’une ville si particulière (bateaux-taxis, bateaux-ambulances, bateaux de la poste, méthodes de construction des bâtiments, multitude de petits ponts pour relier les nombreuses îles, etc.). Idem dans le coeur de Bolzano ou à Rome.

-Le train comme moyen de transport (et pour impressionner Frédéric toujours intéressé par la couleur du train ou du bus que nous allions prendre)

-Se déstabiliser l’esprit en regardant des écriteaux auxquels on ne comprend rien (tant qu’on n’est pas en voiture…).

-Mon écharpe pour transporter Béatrice bien lovée contre moi ou agitant les jambes de bonheur.

-Les stations service en Italie qui sont directement sur les voies de service de l’autoroute

-À Rome, prendre un circuit touristique pour gagner du temps (un seul circuit pour une dizaine d’attractions touristiques) de déplacement tout en admirant la ville et profitant du service d’audioguide (Fred a adoré ce bus à deux étages et sans toit) et l’exploiter comme il se doit.

-Magasiner dans les épiceries locales et s’amuser des différences avec notre façon de consommer. Aussi, en Italie, le client pèse lui-même ses fruits et ses légumes (comme dans certains magasins d’aliments naturels au Québec). L'eau "frizzante" est très populaire. J’ai été étonnée de la grandeur des étalages de Nutella, je me suis désolée de ne pas trouver de beurre de peanut (je suis accro) et en voyant les emballages d’œufs Kinder Surprise dans un genre de plastique pré-moulé, j’en suis venue à la conclusion que nos emballages nord-américains de papier aluminium n’étaient pas adaptés à la chaleur italienne.

-S'amuser en observant les petits détails du quotidien qui rendent votre enfant heureux comme appuyer sur le bouton de l'ascenseur ou nous expliquer (et nous ré-expliquer à chaque nouvelle chambre d'hôtel) à quoi sert un bidet (et insister pour que nous l'utilisions).

-Les vitrines de souliers tous plus magnifiques et originaux les uns que les autres qui vous font de l’œil. Pouvez-vous croire que je n’ai pas eu le temps d’en acheter une seule? :o(

-Le nombre démesuré de boutiques de souvenirs est idéal pour comparer…et peaufiner vos méthodes de négociation. C'est ainsi que nous avons épargné 45 euros sur le glaive tant espéré par Fils Aîné.

-Le nord de l’Italie. Mille fois coup de coeur. J’y aurais séjourné plusieurs jours de plus pour en profiter davantage. Les paysages, les gens, la beauté et la propreté des lieux, le climat social très sain, l’organisation des villes, la cocasserie de devoir se débrouiller avec la langue, l’espace, les téléphériques pour accéder aux panoramas pittoresques, la courtoisie des gens. J’ai déjà dit que c’était ma partie préférée du voyage?

-La conduite sur l’autoroute à 150 km/h. On prend goût à la vitesse et au non-tataouinage sur les routes.

-Avoir un début d’allée en avion et en prime, un lit suspendu pour bébé.

-Rencontrer de bons samaritains.

-La Toscane, magnifique avec ses oliviers qui n’en finissent pas, ses fenêtres fleuries, ses arbres fruitiers, ses vieux italiens typiques qui ne parlent pas un mot de français ou d’anglais mais qui vous baragouinent en italien avec la meilleure volonté du monde le trajet que vous devez prendre pour retracer votre chemin.

-Parler sur msn avec ses grands enfants demeurés à la maison et se réjouir d’entendre leur voix et/ou de recevoir des courriels d’eux (beaucoup de rapportage mais bon, ça fait sourire de savoir qu’à 7000 kilomètres de la maison, on a encore vent de ce qui a irrité ses marmots. Ça rapproche de leur essence, nous aide à tenir bon...un must pour une maman accro de ses marmots comme moi...)

-Les châteaux pittoresques, les traces d’histoire qui émeuvent

-L’air climatisé en voiture et dans les chambres d’hôtel (un must).

-Les Dolomites, majestueuses et impressionnantes

-Les Cinque-Terre et ses paysages, ses hauteurs, le défi que cela représente, la satisfaction qui vient au bout

-Être demeurée six jours au même endroit (pour prendre le temps de relaxer le soir venu, pour apprivoiser les environs et y prendre de l’assurance, pour un peu de stabilité, pour prendre le temps de ranger nos vêtements dans les armoires, pour avoir l’impression de mieux s’imprégner d’une région)

-Les haltes dans les parcs pour enfants et y voir le nôtre heureux de faire enfin quelque chose de ludique.

-Le musée du Vatican et surtout, surtout, la chapelle Sixtine.

-L’auto-dérision, l’ironie, les fous rires et les high d’adrénaline

-L’émotion devant la beauté

-Prendre le temps de s’arrêter dans les Dolomites pour discuter avec vaches et alpagas

-Reconnaître un accent québécois sur une terrasse et tenter d'en repérer visuellement le propriétaire



Défis :

-Le décalage horaire (ma première expérience), que les enfants et moi avons mis près de quatre jours à encaisser (ce qui est bien c’est que depuis notre retour, je suis devenue ce que j’ai toujours rêvé être : une fille matinale)

-Choisir un bon vin dans une épicerie italienne. Au Québec, un vin d’épicerie fait d’emblée vilaine figure. Les Italiens ont la réputation de boire plus que mieux. Il existe d’excellents vins italiens mais sans conseillers en épicerie, on les distingue comment? Au prix? À la région? Essais-erreurs?

-La sollicitation est exécrable à Rome. Le nombre de vendeurs itinérants qui vous harcèlent pour vous vendre nombre de cossins inutiles est carrément envahissant.

-Finir de casser une nouvelle paire de sandales en voyage : très mauvaise idée.

-L’absence quasi universelle de chaises hautes dans les restaurants. J’ai pris, en 15 jours (excluant la Toscane pour les repas du soir), un seul repas les bras libres de bébé parce que le resto avait une chaise haute (pas sécuritaire pour une cenne mais quand même, UNE CHAISE HAUTE! Quel bonheur de pouvoir manger sans bébé qui tire sur la nappe (et les ustensiles, et la vaisselle, et les serviettes de tables, et le panier à pain, et…))

-Boucler ses valises sans avoir au préalable vérifié le nombre de vêtements inutiles que votre amoureux/euse a jugé bon apporté et qui vous alourdit : mauvaise idée. Ça peut sembler ingérant ou infantilisant mais la pertinence, ça se discute. Nous aurions pu éviter quelques kilos en discutant « bagages » (je suis encore étonnée que mon homme ait pu estimer avoir besoin de QUATRE paires de pantalons et presque autant de paires de chaussures dans un pays où il a rarement fait moins de trente degrés…)

-La conduite italienne sur les routes étroites et sinueuses (quoique je pense y avoir pris goût), mais pire encore : la conduite italienne sur les routes pavées médiévales qui montent en tournant et en devenant de plus en plus étroites.

-À Rome, la crainte constante des larcins.

-La crainte de perdre Frédéric. À Rome, dans l’église Santa Maria Sopra Minerva, il s’est soudainement mis à courir vers la sortie. Emplie de panique, je me suis mise à courir après lui avec l’envie folle de lui hurler de s’arrêter sur le champ mais comme on était dans une église, je me suis pliée à l’usage en étouffant mes mots. Lui, en me voyant courir derrière, courait de plus bel en riant aux éclats. Une envie irrépressible (quand même…) de scander des mots sacrés me triturait violemment de l’intérieur. Je maîtrisais mes pulsions maternelles qui me dictaient de l’engueuler en pestant contre le ridicule de la situation. C’est aussitôt le pas de la porte franchi que Frédéric eut droit à un (énième) sermon (!) sur la p-r-o-x-i-m-i-t-é.

-Manquer d’argent liquide.

-Être accueillis par mes enfants et nos parents à l'aéroport.

-Être séparée de son homme dans l’avion (et gérer le survoltage de l’enfant 1 de 2 avec la patience à zéro).

-La chaleur intense et ce qui en découle (litres d’eau à prévoir…Rome et ses nombreuses fontaines originales et potables sont géniales pour faire le plein, fatigue, vêtements trempés de sueur).

-Pas de mini-frigo dans la plupart des chambres d’hôtels italiennes. Nous misions là-dessus pour stocker lait, jus, viandes froides. Nous avons dû nous ajuster.

-La lourdeur des déplacements à Venise et à Rome (pas de voiture) malgré l’organisation que nous avons voulue la plus simple possible. Nous avions deux grosses valises, une petite, le parc pour bébé (que nous avons grandement apprécié vu l’âge de notre fille), un sac à dos de randonnée, le porte-bébé dorsal et le petit sac à dos de Frédéric. Même pour un seul petit kilomètre, c’est lourd.

Avoir eu un bébé plus jeune (ou plus âgé), nous aurions évité d’apporter le parc et le contenu des valises aurait été élagué davantage. Prochaine fois...

-La densité des sites touristiques. Je préfère nettement les endroits plus calmes, plus discrets.

-Être prise dans les interminables corridors du musée du Vatican dans une foule qui avance à pas de tortue avec un bébé à l’heure de la tétée et trouver un endroit calme où pouvoir allaiter discrètement sans scandaliser qui que ce soit.

-Ne pas avoir de répits d’enfants pour un repas, une visite ou une ballade en amoureux.

-Devoir être sélectif dans les musées et/ou choisir des visites interactives ou stimulantes où les enfants peuvent bouger.

-Le mal des transports pour Frédéric

-L’insécurité de notre bonhomme le soir venu

-Le stress de l’inconnu (je crois que je l’aurais géré autrement si nous n’avions pas eu deux jeunes enfants avec nous)

-Les prises de bec entre pilote et co-pilote (et les vacheries, et les vérités un peu crues)

-Tenter de manger son repas en avion avec un bébé de 9½ mois qui vous réforme le plateau le temps de le dire (ou écouter un film avec sur ses genoux un bébé ET devant soi un écran tactile ET des écouteurs avec un fil qui a beaucoup de sex-appeal...)

***

Après expérience et réflexion, je me sens maintenant bien équipée pour optimiser la logistique d'un éventuel autre voyage (et explorer d'autres manières de voyager)...

Mais c'est qu'on y prend goût à ces petites escapades...:o)

lundi, juillet 20, 2009

La conscience

Coco a reçu un nouveau jeu de Stratego version elfes, dragons et sorciers pour son anniversaire (huit ans aujourd'hui!). Depuis deux jours, Tout-Doux et lui alignent une partie après l'autre.

En rangeant le jeu, Coco (d'ordinaire très bon perdant): "Ben là, t'aurais pu me laisser gagner!"

-Si je te laisse gagner, ça sera pas vraiment comme si t'avais réellement gagné.

-Mais là, tsé, c'est pas juste (au bord des larmes), j'ai pas gagné une seule fois avec le nouveau jeu!

-Mais non, c'est pas vrai, souviens-toi d'hier, t'as gagné la partie où tu avais placé ton dragon à côté de telle pièce et l'autre partie où tu avais fait tel déplacement...

Triste et repentant, Coco de préciser en essuyant une larme du revers de la main: "Mais non, ces fois-là ne comptent pas, j'avais triché. C'est pas comme si j'avais gagné pour vrai..."

Coco: 0 Conscience: 1

***

Nous sommes rentrés à la maison. Quel bonheur de se replonger dans les aléas du quotidien avec mes grands mousquetaires que j'aime et qui m'ont tant manqué!

dimanche, juillet 12, 2009

L'arrivée à Rome

Je vous ai parlé de la conduite en Italie, mais je ne vous ai pas encore parlé de Rome.

Plusieurs jours à l'avance, je me suis mise à angoisser sur notre arrivée dans la ville la plus visitée au monde, dont les conducteurs ont très mauvaise réputation.

D'abord, c'était prévisible, nous nous sommes égarés. Après un peu d'exploration involontaire (et beaucoup de stress), nous avons demandé à des romains la direction pour la gare, où nous devions laisser la voiture de location.

Devant une fourche...gauche ou droite...vite...gauche ou droite....allez vite, réponds....j'ai failli causer un accident mais tout a bien été, nous nous en sommes sortis avec quelques coups de klaxon (tout à fait légitimes) de mes successeurs sur la route.

Un peu plus loin, j'ai demandé une information à une dame romaine que je n'ai pas pu remercier comme elle l'aurait mérité. D'abord, il faut savoir que dans le quartier où nous roulions, il n'y a pas de lignes sur les routes. Piétons, voitures et beaucoup de scooters roulent dans n'importe quelle voie, tout le monde se coupe sans égard à celui qui lui succède, les piétons traversent sans crier gare, les noms de rue sont mal indiqués. Il est d'usage de s'ajuster au conducteur de devant.

Ici, il n'y a pas de stationnement, donc tout le monde se stationne en double de la rangée de voitures déjà stationnée sans se soucier des autres. Les voitures s'arrêtent n'importe où et il est d'usage de simplement les contourner. Une vraie jungle urbaine.

Donc la dame romaine, après m'avoir donné les indications, est embarquée dans sa voiture et m'a fait signe de la suivre. Pendant QUARANTE minutes, elle a cherché avec nous l'endroit où nous devions rendre la voiture, s'arrêtant chaque fois en double, allant questionner des chauffeurs de taxi en me faisant signe d'attendre. Chaque fois, avec un calme désarmant, elle tentait de m'expliquer le chemin mais réalisant que c'était beaucoup trop complexe (rues non parallèles, one way nombreux, conduite de fou), elle finissait par soupirer gentiment et nous faire signe de la suivre. Et nous repartions pour une autre course, effrenée il va sans dire car je ne devais pas la perdre de vue par la densité de la circulation. Toujours, elle s'organisait pour m'attendre quelque part, quitte à bloquer la circulation, si elle ne me voyait plus.

Pour réussir à la suivre, j'ai dû conduire en malade (mais avec sang-froid) d'une manière que j'espère à ne JAMAIS avoir à revivre de mon existence. Alerte, sur le gros nerfs, je vous dis, mais tellement reconnaissante à cette inconnue (qui a refusé l'argent que nous avons voulu lui donner pour son aide). Dans une autre ville dans le nord de l'Italie, c'est un homme qui nous a guidé de la même manière jusqu'à une pharmacie où nous avions un besoin urgent pour notre fils).

Une fois débarrassés (yes!!) de la voiture, nous avons marché par une chaleur exténuante chargés de bagages, tentant tant bien que mal de trouver un taxi (j'ai l'air vraiment dramatique, ma foi, je commence à penser que c'est dans ma nature! Je suis encore ébranlée de ma journée d'hier!). Nous devions marcher un très loin coin de rue pour arriver à l'arrêt de taxi.

En attendant pour traverser la rue, Grand-Homme a rattrapé Frédéric de justesse par un bras quelques secondes avant qu'une voiture heurte celle qui la précédait dans un fracas de verre. Nous l'avons échappé bel mais notre arrivée dans la ville fut suffisamment brutale pour que j'en tremble encore après 24h quand j'y pense. Je DÉTESTE circuler ainsi trop chargée pour le peu de bras que nous avons, avec de jeunes moussaillons à protéger à tout prix. À cet instant, j'ai été vraiment heureuse de n'avoir pas amené mes grands en voyage avec nous.

Enfin nous avons trouvé un taxi. Au moment où je commençais à déstresser un peu (nous arrivions à l'hôtel), nous avons réalisé que le chauffeur de taxi était un arnaqueur et qu'il essayait de voler Grand-Homme. Heureusement, après de légers doutes, mon amoureux a été alerte et le type s'est poussé en nous accusant de le voler et en nous insultant en italien lorsque nous avons menacé de faire venir la police.

Il a quand même réussi à nous rouler mais pour moins qu'il l'aurait espéré. Le salaud!

Voilà pour notre arrivée. Pas très réjouissant mais la suite est plus agréable, rassurez-vous. J'y reviendrai.

San Gimignano et le musée de la torture

Nous avons été visiter il y a quelques jours San Gimignano, une ville médiévale fortifiée magnifiquement conservée. Après un repas sur une terrasse (où nous avons entendu des accents québécois qui nous ont fait chaud au coeur), nous avons été visiter un musée bien particulier.



Quelques unes des tours de San Gimignano.



Une rue étroite de cette magnifique ville fortifiée.



La visite du musée de la torture fut assez ébranlant. D'apprendre que le but de la plupart des instruments de torture était de prolonger les souffrances de gens du peuple, souvent condamné pour des offenses banales par rapport au châtiment m'a causé plusieurs hauts-le-coeur.

Voici quelques outils utilisés par les bourreaux...

Une ceinture de chasteté, souvent imposée aux femmes durant les absences de leur mari. Il n'était pas rare qu'elles les blessent au point d'en mourir de septicémie. Les ceintures lacéraient le corps et si la femme était enceinte sans le savoir au moment du départ de son mari, cela pouvait lui être fatal.



Une poire que l'on pouvait insérer dans la bouche, l'anus ou le vagin. Une fois insérée, on l'ouvrait et elle déployait des sortes de griffes qui lacéraient l'intérieur des orifices.



Des griffes servant à déchirer la chair.



Une image d'empalement. On "asseyait" le condamné sur un long bout de bois à l'extrémité arrondie (qui était enfoncée dans l'anus). Tranquillement, le pieux s'enfonçait et ravageait l'intérieur du corps. Le pieux était fait de telle manière qu'en s'enfonçant, il évitait les organes principaux afin de prolonger l'agonie. Le sujet pouvait mettre plusieurs jours à mourir, en plein soleil, tué ainsi à petit feu sous les yeux de ses pairs dans une abominable souffrance, jusqu'à ce que le pieux lui ressorte par la bouche.



Voilà des haches à dépecer qui intéresseront sans doute Fils Aîné.


Une chaise à interrogatoire recouverte de piquants. D'autres types de chaises étaient faites avec des lames.


Ici, toutes sortes de pinces à torture. Celle qui impressionnera mes garçons est en bas, à gauche. On voit peu les détails, mais elle est magnifiquement gravée en tête de serpent. Ce type de pince était chauffée à rouge puis était utilisée pour écraser et déformer le pénis des suspects interrogés. Le même type de pince existait pour les mamelons. Quel supplice! Je ne puis croire qu'on ait puisse être aussi insensible...



Frédéric s'intéresse au panier de la guillotine dans lequel il n'y a pas de tête à admirer. On raconte qu'une tête guillotinée, en roulant dans le panier, avait encore conscience pour quelques secondes de son sort.



Ici, le marquage au fer rouge portait atteinte de façon définitive à l'intégrité physique de la victime. Le poids de l'humiliation sociale se chargeait du reste.



Cet instrument de torture servait à "emprisonner" les victimes à la manière de la femme sur l'image. La position prolongée obligée suscitait rapidement inconfort puis insoutenables crampes. Le supplice pouvait durer des jours.



La dernière que je vous présente inflige des souffrances telles que vous ne pouvez les imaginer. Des cris de terreur alarmant les voisins les plus éloignés sont suscités à la simple vue de l'instrument de torture. Le cruel principe consiste à étendre une sorte de pâte odorante sur la tête de la victime après lui avoir préalablement enduit le crâne d'eau tiède (malgré l'envie du bourreau parfois de carrément immerger la tête dans l'eau glacée). La tête est ensuite frottée vigoureusement ou avec douceur (à la discrétion du bourreau). Il arrive occasionnellement qu'en dépit des précautions prises, de l'eau mélangée à la potion s'écoule dans les yeux de la victime, créant de ce fait un catalyseur d'agonie. Les cris d'épouvante émis par la victime sont susceptibles d'éveiller des soupçons réels sur ce qui se passe derrière la porte de votre chambre d'hôtel...

vendredi, juillet 10, 2009

Florence (il y a trois jours)


Le Duomo (Dôme), que nous n'avons admiré que du bas.



Photo prise du Ponte Vecchio.



Un lion sur la loggia dei Lanzi sur lequel Frédéric a tenté de grimper pour un safari florentin improvisé. Le gardien l'a averti gentiment mais le mal à l'orgueil était fait: de longues minutes de bouderie s'ensuivirent. Le souriant gardien était bien désolé.



Une reproduction grandeur nature du David de Michel-Ange sur la piazza della Signoria.

Dîner sur ladite piazza. Les cover charge sont de mise en Europe pour un repas sur une terrasse. Je trouve cependant ridicule qu'on m'ait facturé un euro et demi pour ma Demoiselle, qui bien qu'elle soit la pire ogresse qui soit, mange toujours sur nos genoux (parce qu'évidemment, pas de chaises hautes).



J'étouffe dans ces endroits denses et très touristiques. Heureusement que nous avons fait le plein de montagnes et de grand air au début du voyage.



Un kiosque qui m'a fait sourire en pensant à Grand-Charme et aux misères perpétuelles de son fond de culotte.



Je n'en reviens toujours pas de la popularité du scooter en Italie. Nul doute que c'est le moyen de transport idéal pour les rues étroites et le manque d'espace.

Nous devions retourner à Florence aujourd'hui pour visiter les Officines mais avons plutôt opté pour une destination allant plaire à Fred: le zoo de Pistoia. Misère. Avoir su que l'endroit serait si médiocre, les animaux si négligés, l'environnement si malpropre, nous serions retournés à Florence, où nous avions une réservation en après-midi.

Je n'aime pas les zoos et ai fait l'effort pour stimuler notre bonhomme. Pauvre animaux confinés à des espaces restreints sur fond de béton. Beurk. Déception.

jeudi, juillet 09, 2009

La villa

Journée relaxe aujourd'hui. Grand-Homme désirait visiter le musée Leonard de Vinci. Comme je suis fatiguée de courir et d'imposer ce rythme aux enfants, je suis restée ici avec eux pendant que l'homme explorait. Nous avons quand même fait un arrêt au parc en fin d'avant-midi. Frédéric est en manque d'enfants, l'esprit du jeu avec ses frères ou les amis de la garderie lui manque.

Habituellement, il est timide avec les enfants étrangers et sollicite un peu de support parental pour établir le contact. Depuis que nous sommes en Italie, il se mêle plus facilement à eux même s'ils sont plus âgés et qu'il ne comprend rien à leur langage. Parmi les enfants, il retrouve son sourire, devient joyeux et rayonnant. Le besoin intense des autres semble le rendre plus autonome pour socialiser.

Nos voisins de villa sont des Français qui ont des enfants dont un jeune garçon de six ans. Frédéric cherche sa compagnie, aime courir avec lui et est triste quand Valentin ne peut pas jouer avec lui. Il se plante à côté de la terrasse des voisins et attend piteusement. Je me sens un peu mal vis-à-vis des parents que mon fils attende autant du leur.

Depuis notre arrivée ici, nous avons croisé deux fois mes mousquetaires sur msn. La dernière fois, nous avons pu leur parler de vive voix. Frédéric s'est alors emballé d'entendre leur voix, de pouvoir leur parler de son ami Valentin. "Grand-Charme, Grand-Charme, est-ce que tu m'entends? Z'ai un ami, il s'appelle...(en aparté: "Il s'appelle comment déza maman?" -Valentin"....il s'appelle Laventin...Laven...Valentin!"



La villa. Petite mais sympathique et chaleureuse avec ses murs de pierre dignes des faux-finis de ma copine Joselle.





Il y a de la lavande partout ici. Il faut faire gaffe en les humant et en marchant tout près: un seul plant compte des dizaines d'abeilles et de bourdons.



Le chien bien sympathique qui nous attend souvent à la porte.



La piscine avec vue sur les collines environnantes.



Moi dans la campagne toscane.



Le grand terrain derrière où Frédéric aime s'amuser avec Valentin lorsque ce dernier a (enfin!) un peu de latitude...

La villa est vraiment la formule idéale pour se familiariser avec une région. Ce type de pied à terre est plus avantageux que l'hôtel pour le prix et la possibilité d'y préparer nos repas. Nous allons à l'épicerie à tous les deux jours, découvrons de drôles d'emballages (comme des croissants au chocolat qui ont vraiment l'air d'être emballés dans un plastique de serviettes sanitaires). Observation étrange: j'étais persuadée que tout coûtait plus cher en Europe, coût de la vie oblige. Je suis étonnée: la bouteille de Bailey's que nous payons 26$ au Québec ne coûte que 10.90 euros ici (donc près de 10$ canadiens de moins). J'ai pensé à toi hop mama, en m'achetant une bouteille de Sheridan (que je culpabilise à acheter chez nous vu le prix)...

Quel ne fut pas notre bonheur aujourd'hui de découvrir du pain MOU! Comprenez que le pain italien ordinaire a un avantage majeur: on peut le mettre au fond du sac d'épicerie et l'ensevelir de boîtes de conserves, il s'en sortira toujours intact, protégé par sa dureté brise-dents...

Les routes toscanes

Je pense avoir compris une chose dans le fonctionnement du réseau routier italien: si les autoroutes sont semblables aux nôtres en ce sens que pour se rendre du point A (départ) au point B (arrivée), vous n'avez qu'à suivre la direction finale Z, les routes nationales exigent que l'on connaisse très bien la géographie locale pour se rendre à destination.

Par exemple, pour aller du point A (départ) au point Z (arrivée), il est impératif que vous connaissiez au préalable l'emplacement des villes B, C, D et ainsi de suite.

Lorsque, comme nous, vous n'y connaissez rien, vous vous frappez à des ronds-points indiquant huit villages (parmi lequel votre unique repère ne figure pas) dans quatre directions différentes qui exigent que vous pensiez vite pour vous orienter par essais-erreurs.

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Les routes toscanes...eh oui, je vais encore vous en parler! Que voulez-vous, elles me fascinent autant qu'elles me terrifient. D'abord, je ne peux absolument pas les regarder car la moindre seconde d'inattention nous enverrait direct au fond des ravins et des vallons qui les bordent (évidemment, pour la plupart sans garde-fou). Idem pour les champs de tournesols que je n'ai pu voir que du coin de l'oeil (snif).

Les routes serpentent les collines toscanes comme une infinité de courbes qui n'en finit jamais. Dans les vallons, des oliviers, des vignes, des oliviers, des tournesols, des olivers, encore des vignes mais encore et surtout des oliviers. De toute beauté.

Sur ces routes sinueuses, des cyclistes qui semblent s'entraîner pour de solides compétitions. Je rêve d'en arrêter un pour tâter ses cuisses d'acier juste pour voir.

Il y a des codes tacites sur la route. Contrairement au Québec où les routes sont larges et où l'on empiète souvent sur la voie inverse pour épouser grossièrement le tournant, ici, il est impératif que vos pneus de droite demeurent continuellement en contact avec la ligne blanche qui borde la route. Le moindre écart peut vous coûter la vie. Si les Italiens ont mauvaise réputation au volant, je trouve les habitués du coin plutôt exceptionnels pour leur rigueur aux codes tacites sur ces routes sinueuses. Bien que j'aie pris de l'assurance au volant dans la région, je ne suis pas toscane dans l'âme au point d'encaisser les courbes aussi vite.

Si la côte qui m'effrayait il y a quelques jours est devenue pour moi (presque) de la petite bière, c'est Grand-Homme qui a dû aujourd'hui retenir son souffle pour la grimper (et assise à ses côtés, j'ai retenu le mien du même coup). Il a hérité du pire scénario qui soit: trois voitures venaient en sens inverse, lui valant de s'arrêter juste au pied de la côte (donc pas d'élan en 2e vitesse, ouch). N'empêche, il s'en est hyper bien sorti!

Cinque-Terre (il y a quatre jours)

Une ruelle étroite idéale pour trouver un petit coin d’ombre dans le petit village de Corniglia, dans les Cinque-Terre. Nous y avons mangé une gelato, récompense pour les épuisantes marches que nous venions de grimper sous le soleil écrasant de midi. Nous n’avions pas idée alors que les marches, c’était de la petite bière par rapport à ce qui nous attendait pour les deux heures suivantes!



Adorables que ces boîtes aux lettres rouges qu'on trouve un peu partout en Italie. Elles me rappellent un jouet Fisher-Price fétiche de mon enfance qui en avait une pareille.



Corniglia vu de haut, la mer Méditérannée juste en bas.





Début du sentier. Inutile de rêver en couleur, on ne marchera pas dans une zone ombragée. 90-95% du sentier est sous le soleil tapant. À l'ombre, il fait plus de 35 degrés. Inutile de vous dire qu’en pleine heure du midi, ça frappe. Sous les quelques rares coins d’ombres des quatre kilomètres en zig-zag et ascension escarpés, les marcheurs épuisés s’agglomèrent. Malgré l’hydratation fréquente, Béatrice n’a presque pas mouillé ses couches cette journée-là. C’est tout dire.



À flanc de falaise.



Les aloès géants et les cactus qui bordent le sentier font plus de deux mètres de haut.






Une pause bien méritée sous le soleil écrasant.



Arrivée à Vernazzo. ENFIN, car nos réserves d’eau étaient à sec.

Je me suis demandé, en portant épisodiquement un Frédéric épuisé, où un parent lui-même épuisé par la chaleur intense et le manque d’eau trouvait chaque fois la force de porter son enfant.

lundi, juillet 06, 2009

Braver le monstre

Nous avons branlé dans le manche tout l'avant-midi avant d'oser braver le monstre. Frédéric était tout heureux de voir dehors des petits garçons jouer à côté de notre villa. Ce fut un motivateur suffisant pour qu'il s'habille pour aller les rejoindre. Il s'est mis à pleurer quand il a réalisé qu'ils étaient partis. Il voulait tellement zouer avec des garçons! La maison lui manque, il voudrait voir ses frères.

Nous sommes finalement partis, moi armée des bons conseils d'Elena et Grand-Homme de ses cartes routières. J'ai triomphé: j'ai bravé la côte et ça m'a étampé un sourire dans la face dont les effets se font encore ressentir. En arrêtant au village, nous avons aperçu un parc. Frédéric a vu quelque chose de très convoité: DES ENFANTS. Nous n'avons pas pu lui refuser. Aussitôt lâché lousse, pas de petite gêne habituelle, juste le grand bonheur de circuler, errer, aller et venir, bouger parmi ses semblables à la langue étrange. Nous étions heureux de le voir heureux. Il ne comprenait rien à l'italien autour mais on s'en fout puisque le langage du jeu est universel.

Comme vous le constatez, j'ai aussi survécu aux routes sinueuses et escarpées. C'est donc une belle journée. Nous avons fait les courses, nous nous sommes baignés et en ce moment de siesta, ça commence à ressembler à la dolce vita. Jusqu'à la prochaine sortie sur le réseau italien.

La Toscane

D'abord, merci à toutes celles qui m'ont laissé des commentaires suite au billet précédent. Cela m'a fait chaud au coeur.

Nous sommes arrivés en Toscane hier après moults détours. Le stress vaut quelques haussements de ton entre pilote et co-pilote ici. À notre grand regret car c'est dans ces moments où plus que jamais nous avons besoin de solidarité.

J'imaginais la Toscane comme un endroit très rural plein de bonne bouffe, de beauté, sans stress.

Une fois à notre villa, la chose est confirmée: c'est pittoresque, il y a des oliviers partout autour de nous, des talles de lavandes emplies de gros bourdons, un gros Montagne des Pyrénées sympathique qui suit Frédéric, une piscine, des fleurs, des murs de pierre et Elena, notre hôtesse de la maison adjacente.

Cette femme est souriante, joyeuse, pleine d'éclat. Nous avons été accueillis chaleureusement. J'aimerais être une femme comme elle, sur qui aucune ombre ne semble pouvoir enrayer le sourire et la bonne humeur.

Le défi, c'est d'y arriver, mais surtout d'en repartir, de cette magnifique villa.

D'abord, pour y arriver, il faut emprunter une route sinueuse TRÈS étroite dont une courbe (et quelles courbes!) n'attend pas l'autre et où les habitués du coin roulent vitesse grand V. Sur les bords de la route (TRÈS étroite, je vous le rappelle) escarpée, des cultures d'oliviers magnifiques qu'il ne faut pas regarder pour demeurer attentif à ce qui pourrait venir après la courbe (parce qu'évidemment on ne voit rien venir).

On traverse deux villages aux rues étroites sur des pentes (mais pourquoi donc les voitures manuelles ont-elles été inventées?) et on arrive à la rue de notre villa.

C'est là que ça se corse: la jonction de cette rue, elle est dans une de ces courbes étroites et il faut descendre une côte que je n'ai pas encore eu à remonter. Un autre long chemin étroit s'ensuit sur plusieurs kilomètres. Je sais maintenant qu'il est d'usage ici de klaxonner avant les courbes.

Elena a eu la gentillesse devant ma frayeur d'hier de me faire monter dans sa voiture pour faire le trajet sens inverse afin de m'expliquer de façon pratique tous les trucs pour survivre à cette route, tout ça avec son sourire et sa bonne humeur. Cette femme a un sang-froid incroyable.

Cette côte, elle semble très simple à monter quand c'est elle qui est au volant. Aujourd'hui, je devrai le faire moi-même. Nous avions prévu décompresser ici pour la journée mais n'aurons pas le choix d'aller aux provisions. Si je réussis ce défi du jour, je pleurerai de joie et me trouverai vraiment hot.

Comme nous n'avions rien à manger hier, Elena nous a apporté un panier de provisions pour nous cuisiner un repas.

***

En me cherchant une place dans le creux de l'épaule de mon homme...

-Pourquoi tu pleures maman?

-Je suis découragée de conduire en Italie et j'ai envie d'être dans ma maison.

-Oooh (plein de compassion). Il nous reste zuste deux dodos.

-Non, il en reste huit.

-Oooh. Demain, ça va allez mieux maman.

-Hm...

-Tu veux ze te fasse un gros câlin?

Hochement de tête. Il s'approche, m'entoure de ses petits bras.

-Ça va mieux maintenant?

Petit Amour va.

dimanche, juillet 05, 2009

Les limites

Nous sommes plusieurs à avoir atteint les nôtres. Frédéric oscille entre coopération et confrontation d'une façon assez magistrale. Il en résulte donc que j'oscille entre culpabilité à son égard, colère de le voir si provocateur et fierté de le voir si gentil et désireux de nous faire plaisir par moments.

Depuis deux nuits, il dort avec nous et son sommeil vient nettement plus vite. Je réalise à quel point il est insécur, même si son propre lit est à moins d'un mètre du nôtre.

Pour ma part, je suis extrêmement stressée par la complexité du réseau routier ici et depuis deux jours, je fantasme sur MA maison, MES enfants, la simplicité (!) de MA vie, de MA voiture, de MON réseau routier québécois tellement simple, de MES rues larges et faciles à manoeuvrer.

Béatrice a atteint sa limite hier. Elle qui nous suit toujours sans chichi, elle a manifesté radicalement qu'elle n'en pouvait plus. Nous avons roulé sur les routes secondaires pensant qu'il serait plus facile de pouvoir s'arrêter avec les enfants si besoin était. Et puis, nous étions à cours d'argent liquide donc pas de possibilité de prendre l'autoroute. Erreur. Le temps en voiture fut démesurément long, les enfants avaient besoin de bouger (malgré les nombreuses pauses), nous nous sommes perdus plusieurs fois.

La pause prolongée était nécessaire. Malheureusement en Italie, tout est fermé en début d'après-midi (on se fait toujours prendre) alors nous avons dû arrêter dans un petit aéroport. Elle en a eu pour une dizaine de minutes à reprendre son souffle et cesser les spasmes d'épuisement. Comme je m'en suis voulu pour ce voyage, cette idée de fou imposée à mes deux merveilles! J'avais le coeur déchiré et je serais partie immédiatement direction ma maison.

Nous sommes arrivés à l'hôtel crevés et moi au bord des larmes de découragement, certaine de ne jamais revoir mes enfants, mon chez-moi, ma vie normale.

Je le pense: malgré toutes les beautés ici, ce voyage m'occasionne beaucoup plus de stress que d'agrément. J'ai l'air ingrat de l'admettre mais c'est la réalité. Je m'en veux de leur imposer tant de route et j'envie les passagers du bus du club de pétanque français que nous avons croisé en route.

La conduite ici = stress assuré.

Une autre fin de journée au bord des larmes en dépit de la villa magnifique où nous sommes rendus en Toscane.

Château Besano

Arrêt au château Besano, à Rovereto entre Bolzano et Vérone. Bien que la visite fut intéressante, nous n'aurions pas dû réveiller les enfants qui dormaient en voiture. Avec le kilométrage que nous avions à faire hier, il aurait été nettement plus sage d'omettre cette visite pour profiter de chacunes de leurs minutes de sommeil pour rouler. La journée d'hier fut TRÈS chaude et TRÈS difficile.

Quand même, voici un aperçu. Mes grands auraient adoré (snif snif, ils me manquent de plus en plus intensément). :o(











Un brave chevalier extrêmement entêté et orgueilleux qui m'a fait dire beaucoup de mots pas toujours jolis en cette journée exigeante.



Quoi de mieux qu'une petite séance de bouderie sur un rempart du château en fin de visite pour manifester son écoeurement?

Majestueuses Dolomites

Randonnée en montagne à plus de 1200 mètres d'altitude dans les Dolomites de Bolzano. J'aurais espéré m'en enivrer encore davantage mais nous avons surtout profité de paysages à couper le souffle. Les tout-petits n'avaient pas encore récupéré de leur décalage (jour 4) et nous avons passé une journée "heure locale" malgré tout après la visite du château du billet précédent.













Sur le chemin du retour: "Attends maman, ze veux cueillir une belle fleur pour toi!"

Château Roncolo

Je suis crevée (et étonnée d'être encore en vie malgré l'aliénation mentale que me valent les innombrables kilomètres des derniers jours), alors je coupe dans le gras.



Sur la route du château Roncono (Bolzano Bozen).



Le sourire magique de ma chérie d'amour. Elle aime le porte-bébé, y gazouille et en profite pour placoter gros comme ça dans le dos de son père. Et puis elle est teeeellement belle!



Pour mes garçons, l'intérieur de la cour.