Que de gens chaleureux que les sexagénaires de la troupe! Ils me font bien sourire car parmi eux, on pourrait se croire dans un salon anglais: les hommes, des grisonnants aisés emplis d'une prestance désinvolte se racontent leurs souvenirs, remettent avec humour les pendules de leur vie à l'heure un verre en main et debout au centre d'un salon chic.
Ils ont tous mené de bonnes vies qui semblent davantage faire la fierté de leur épouse que la leur. Ce sont des forces tranquilles qui ont du vécu et de l'humilité.
Les dames font connaissance essentiellement assises. Sympathiques et empathiques, elles parlent avec fierté du parcours de leur époux, des mutations qui ont occasionné des déménagements pour la famille, des voyages qu'ils font depuis leur retraite, de leur résidence principale qu'ils ont vendue pour ne garder que la secondaire. Ce sont elles qui ont préparé avec soin le splendide album de scrapbooking présentant la vie reluisante de leur sweet mari. Elles sont distinguées, dévouées, attentionnées, intéressées et loyales. Elles se sont endurcies aux départs récurrents de leur époux, savent se tenir et comblent leur temps libre ici en faisant du shopping.
En couple, ils sont charmants à voir (j'essaie encore de me rappeler qui est la femme de qui). Le couple avec lequel nous avons partagé ce soir notre repas se partageait la même paire de lunettes comme l'objet représentant le paroxysme du diapason conjugal. Je leur ai passé le commentaire. La dame a éclaté de rire et m'a confié que son homme ne voulait pas encore admettre qu'il avait besoin de lunettes.
Au son de l'orchestre de blues (j'adore le blues!), plusieurs couples sont allés danser. Les couples de cet âge m'impressionnent. Ils savent naturellement danser comme si c'était la chose la plus simple du monde au même titre que le latin à l'église. Et ils ne s'écrasent même pas les orteils!
Cela me fait chaud au coeur de penser que mon père aurait pu y être. Il avait leur humilité, leur prestance, leur galanterie même s'il vivait beaucoup plus modestement. Dans mon coeur, j'arrive à entendre les échos de son rire, son enthousiasme à leur contact. Mon père était un rassembleur. Dans les réunions, les gens s'aggloméraient naturellement autour de lui. Par sa seule présence, il aurait modifié complètement la dynamique du groupe. Je suis heureuse d'être venue.
1 commentaire:
Tu me fais penser à la prestance et le calme anglais avec ta description. Ils sont sûrement heureux de voir la descendante de leur collègue. Tu as bien fait d'y aller!
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