mardi, mai 27, 2008

L'ingérence et le stéréotype du banlieusard

Je ne connaissais guère le stéréotype du banlieusard avant de rencontrer mon homme, un citadin se complaisant dans son urbanité en positionnant avec suffisance son illustre personne au-dessus du malheureux banlieusard.

C'est donc lui qui pallia à mon inculture quant à la réputation apparemment répandue du banlieusard: citoyen misant grandement sur les apparences, amoureux de son BBQ, taillant sa haie à la perfection tous les samedis matin pour s'assurer que celle-ci ne soit pas surpassée en beauté ou en égalité par celle du voisin, lavant sa voiture avec soin et amour en s'assurant de faire mousser généreusement la blanche broue, arrosant son asphalte et se gonflant le torse de fierté en la sachant exempte de toute encombrante saleté et jouissant bruyamment en réalisant des motifs lignés parfaitement parallèles sur son parterre en tondant la pelouse. En tout temps, donc, s'assurer que sa demeure soit irréprochable et/ou à tout le moins aussi épatante que celle du voisin.

Native du Bas-du-Fleuve ayant grandi dans les Cantons-de-l'Est et vécu la fin de mon adolescence à Anjou, je n'avais jamais entendu parler de ce stéréotype (je n'aime pas de toute manière me conforter dans des stéréotypes).

J'habite en banlieue depuis presque onze ans et jamais encore je ne me suis identifiée par mes agissements, ma mentalité ou mes rites au mythe de la banlieusarde. Jamais non plus je n'avais été dérangée par la dévotion de certains voisins à l'égard de leur bijou de terrain. Je ne me sens nullement en compétition avec eux et ne souffre pas d'habiter la maison la moins bichonnée du quartier.

Non, je n'avais jamais été dérangée par l'amour-propre résidentiel de quel que pair que ce soit.

Sauf comme aujourd'hui, quand on se mêle de mes affaires. Quand il y a ingérence. Quand on me passe innocemment un commentaire sur la hauteur ou l'asymétrie de ma haie, qu'on fasse la moue parce que je fais brûler occasionnellement des feuilles dans mon poêle extérieur, qu'on passe des commentaires désobligeants sur la "négligence esthétique" de mon chez-moi pouvant potentiellement porter ombrage au leur.

Notre terrain est envahi de pissenlits? So what?
Notre cabanon est vieux, laid et tombe en ruines? So what?
L'arbre au bout de notre jardin avait vilaine mine l'an dernier? So what?
Des jouets traînent partout sur notre terrain. Est-ce la responsabilité d'un autre de les ramasser avant de tondre sa sacro-sainte pelouse?

Aussi dévoués, gentils et agréables puissent être nos voisins, certains commentaires passent de plus en plus difficilement.

Vivre et laisser vivre, c'est possible? En banlieue, je veux dire?

9 commentaires:

Évangéline a dit...

Ouf! C'est difficile ce que tu demandes la... les apparences sont tellement importantes.... Ici aussi c'Est comme ca et je ne suis meme pas en banlieue, je suis dans un village...
Dommage que les gens ne connaissent pas cette belle phrase

Anonyme a dit...

Bien pas chez nous en tout cas ;) Mais pour moi c'est une fierté que d'avoir la maison et le terrain le plus asymétrique possible. Amenez-en du pissenlit, de la pelouse longue et des bébelles. Pis la neige je la laisse fondre. Vive la liberté ;)

Dobby a dit...

Ils n'y comprennent rien, c'est beau du pissenlit à perte de vue! Bon d'acord ça peuple en maudine, mais suffit d'arracher et c'est tout si ça nous tape tant que ça. Sinon, enjoy. Quant à la pelouse, avec les vers blancs et les barbots (hannetons) qu'on a d endurer, on est passé rapidement du beau gazon plein de brindilles ^vert tendre à un savant mélange de "mauvaises" herbes pas trop laides (on arrache les autres et c'est tout), de trèfle blanc et autre gugusses vertes pas trop bien vues sûrement. Au diable les voisins et leurs avis!
Je ne suis par contre pas une référence, restant en ville, mais quand même un peu vu que mon coin de ville a toujours gardé sa "mentalité de village" (sans vouloir t'offenser Évangéline ;))

Anonyme a dit...

Quand Évangéline jase de son village, ça me fait penser à la chanson de Brassens "Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part" qui est un ode charmant à ces gens qui s'enorgueillissent des particularités parfois biens anodines de leur coin de pays natal !

Sans offense !

Tania a dit...

Je n'ai qu'une chose à dire; Vive la campagne!!!!
(quoique la pelouse, ça semble être une épidémie répandue à la grandeur de la province)

Anonyme a dit...

Je crois humblement que je ne pourrais être une bonne banlieusarde. Quoi, que tu as le penchant inverse en campagne où tout le monde se connaît et se plaît à jaser de ceux qui sont pas comme eux sur le perron de l'église. Et les "montréaleux" sont allègrement critiqués.

PS, moi aussi j'ai fini mon adolescence à Anjou

Ysa_la_tite_mere a dit...

Ici, le voisin mitoyen a réglé le problème: Il a pelleté mon banc de neige, il tond mon gazon, arrache mes pissenlits, je pense même qu'il a a fait traiter ma pelouse. Un peu plus et il lavait notre char le samedi matin!!!
C'est ridicule, mais ça semble l'amuser, alors tant mieux pour lui.

Méli a dit...

Bien d'accord avec tes : "so what" ! ;-D

bibconfidences a dit...

Mon chum habite Outremont, peut-on habiter plus en ville que ça? J'habite Beloeil. Je ne parle qu'occasionnellement à certains de mes voisins, ils me laissent tranquille, idem pour moi. Chez mon chum par contre c'est la chicane pour tout...deux voisins sont en cour pour une histoire de tuyau, deux autres ne se parlent plus pour une histoire d'arbres coupés et mon chum est en chicane avec sa voisine du haut. Alors vous voyez, je ne crois pas qu'on puisse appliquer des généralités en banlieue comme ailleurs...