Quels sont les moments de plaisir pur de votre vie?
Les miens ont tous une chose en commun: ils sont tous liés à une intense vulnérabilité.
L'amour et le plaisir charnel
Être entièrement à la merci de quelqu'un d'autre qui pourrait me faire énormément souffrir s'il était mal intentionné.
Le plaisir charnel intense ouvre l'âme autant que le corps.
Ai-je déjà ressenti une souffrance aussi béante que la première fois que nous avons fait l'amour après la mort de notre enfant?
Le plaisir d'une beauté si grande qu'intensément remuante
Le plaisir de me retrouver devant un paysage à couper le souffle (essentiellement pour moi les sommets de montagnes): l'intensité merveilleuse de ce sentiment d'être infiniment petite dans ce monde si majestueux, l'impression que le simple fait d'être là me rend totalement vulnérable mais me saoûle également à la fois de pouvoir et d'invulnérabilité (pour emprunter les mots si beaux d'Elizabeth Smart dans À la hauteur de Grand Central Station je me suis assise et j'ai pleuré).
Le plaisir de la musique
Jouer de la musique, doublement si c'est en harmonie avec quelqu'un d'autre. Produire de la musique, ressentir le fruit de sa musique, en être ému, se sentir vivant, en osmose avec elle.
Jamais je n'oublierai les yeux de mon père lorsqu'il jouait de la musique. Ils roulaient dans l'intensité du bonheur du moment présent. Les expressions de son si beau visage étaient régies par les notes qu'il jouait. Il chantait, son corps ondulait naturellement au rythme de ses accords, son corps et son âme se fondaient en une seule et même entité, il était au diapason de lui-même.
Le piano à quatre mains avec mon professeur. Même dans des pièces fort simples, le sentiment de faire partie d'un tout, de contribuer à nourrir l'harmonie était si intense que j'en aurais pleuré de bonheur. Idem lors des trop rares duos piano-violon avec mon homme. La musique nous coule dans le moment présent.
Les enfants
Dans des moments où la dynamique est particulière entre eux, où l'interaction, l'entraide, l'humour, les folies font d'eux la parfaite réussite à vous rendre ému de fierté (jusqu'à l'exaspération qui suivra parce que quelque chose aura inévitablement détruit ce si parfait moment).
Un de ces moments: il y a quelques jours, Fils Aîné entraînait ses frères dans une chorale, expliquant à l'ensemble ce qu'il attendait d'eux. Il fit alors jouer Fa la la, une pièce de Bundöck qu'il aime particulièrement. Fils Aîné s'attribuait les paroles de la chanson et ses frères devaient réciter les arrière voix de "Fa la la la la, la la la la". Tout le monde y mettait du coeur, l'harmonie était parfaite et ils recommencèrent plusieurs fois pour étirer le plaisir.
Frédéric, attiré par le plaisir contagieux au sous-sol, descendit rajouter sa voix à celles de ses grands frères tandis que Grand-Homme et moi finalisions le souper en riant de bon coeur de ce si parfait moment.
Le rire
Le rire est parfois si proche des larmes qu'une simple question de dosage peut tout faire basculer dans les pleurs pour drainer la trop dense émotion d'un moment de bonheur débordant.
Pourrait-on ressentir la pureté du plaisir si l'on ne savait du même coup se rendre vulnérable, ouvert à l'autre?
4 commentaires:
Vous êtes vraiment une grande dame...vos mots...vos maux...me prennent à la gorge et vous me donnez envie de rire et de pleurer à la fois...Merci, je ne peux plus me passer de vous.
Marie
Je trouve ton message très inspirant. Je vais écrire mes plaisirs sur mon blogue, question de poursuivre cette merveilleuse idée que tu as eue.
Certains plaisirs que tu décris ressemblent beaucoup aux miens.
Merci pour ce Grand Billet.
Marie, merci pour ce si beau compliment. Continuez de me livrer de si gentils commentaires, ça fait toujours plaisir à recevoir!
Souimi, merci d'avoir partagé les tiens à ton tour!
J'ai eu de la difficulté à lire ce billet parce qu'après avoir lu la dernière phrase du 'plaisir charnel' j'ai eu les yeux dans l'eau durant quelques minutes...
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