mardi, mai 06, 2008

Apprivoiser la disgrâce

J'ignore si ce dont je vais vous parler est une tendance dans les familles recomposées, mais ça l'est dans la mienne et ça l'était aussi dans la famille recomposée dans laquelle j'ai vécu entre 15 et 19 ans.

Je veux parler de cette espèce de tendance à demi avouée entre les parents de croire que leurs enfants sont nécessairement un brin mieux que ceux de l'autre (les parents semblent indubitablement plus tolérants envers les travers de leur propre progéniture). Ainsi, pour mon père, ses enfants étaient, mon Dieu, tellement plus responsables, plus matures et plus engagés que ceux de son amoureuse, qui elle défendait bec et ongles l'intégrité de son fils. Cela a évidemment engendré de nombreux conflits conjugaux malgré tout ce qui unissait la famille.

Mon cher Grand-Homme a aussi cette tendance à s'imaginer, lorsque mes enfants font/disent des niaiseries que ses enfants à lui seront bien au-dessus des "bassesses" de mes petits garnements. Le père fera donc toute la différence!

Les enfants de mon homme sauront partager, seront plus intelligents que la moyenne, ne tomberont pas dans le piège de l'incontournable phase pipi-caca-pet, auront un langage impeccable, ne mentiront jamais, ne subiront pas d'influence négative extérieure et feront en tout temps la fierté de l'heureux papa qu'il est.

Je suis plutôt désillusionnée sur la chose. J'adore et estime mes enfants -les nôtres comme ceux que j'avais avant- mais ne m'attends pas à ce qu'ils brillent de partout et en tout temps. Il est arrivé que mes enfants me gênent par certains de leurs commentaires ou de leurs gestes, mais encore plus souvent que j'en sois fière pour les mêmes raisons.

Ainsi, il y a quelques jours, lors de notre souper dans ce sublime et chic restaurant italien, je me suis bien amusée de la tronche un brin embarrassée de mon homme lorsque notre fils de deux ans et demi ressortit au bout de l'index enfoncé dans sa narine une énorme chose jaunâtre et collante.

Le fils, heureux de son incroyable trouvaille, s'exclamait à voix haute dans le restaurant (où nous étions assis face à un grand miroir): "Regarde papa! Regarde mon gros cot'e nez! Regarde papa! C'est mon gros cot'e nez! C'est à Lélic!"

Le père (qui ne cessait de répéter depuis le début du repas que son fils était dont mignon), tentait en vain de le convaincre d'essuyer "la chose" sur la serviette de table.

Le fils, refusant bien entendu de se départir de l'objet auquel il vouait une sincère affection, s'écriait de plus bel: "C'est mon beau cot'e nez papa! T'as vu papa? Regarde maman!" en brandissant l'index devant nous comme un athlète olympique sur le podium brandit fièrement sa médaille au monde entier.

La chose ne pouvait que m'amuser et je confiai à mon homme: "Mon amour, j'espère que tu as conscience qu'un jour ou l'autre, la trouvaille de notre fils, peu importe ta volonté, passera directement d'ici (en pointant le nez) à ici (en pointant la bouche du petit garçon). C'est inévitable, quoiqu'en disent les parents, tous les enfants passent par là. C'est embarrassant, mais c'est comme ça."

Et mon idéaliste d'amoureux, refusant même de songer à une aussi grossière éventualité, de se faire accroire: "Pas mon fils, non, chut. Lui ne fera jamais une chose pareille."

Que faire d'autre, devant tant de charmante naïveté, que de sourire malicieusement?

10 commentaires:

Anonyme a dit...

...sourire malicieusement ET en faire un sublime billet ! héhé !

Anonyme a dit...

ha ha h a!

Tania a dit...

Trop tordant!!! Je l'ai pouffé de rire pendant 2 min, puis j'en ai fait bénéficié mon copain qui a beaucoup apprécié les trouvailles de "fiston". Franchement dégoûtant, mais d'imaginer la scène, c'est trop drôle!! Merci ;o)

Karim'Agine a dit...

Très mignon et très digne de sortir de la bouche et "du nez" d'un enfant. hihihi

grenouille verte a dit...

VRAIMENT TRÈS MIGNON......DES FOIS ,IL SUFFIT DE NE RIEN DIRE POUR FAIRE RÉALISER À TON HOMME QU'IL N'EXISTE PAS D'ENFANTS PARFAITS...HIHIHI !! QUELLE BELLE LEÇON !! DIS MOI DONC....TOI TU AS COMBIEN D'ENFANTS À TOI ? ET LUI ? ET À VOUS ?....C'EST VRAIMENT MERVEILLEUX DE TE VOIR ALLER !!

Anonyme a dit...

Quelle belle naiveté ou confiance devrais-je dire à Grand Homme. Il faut parfois fermer les yeux sur cette complaisance face à notre progéniture.

Bizarrement, ce matin dans l'autobus j'ai observé amusée un jeune enfant qui faisait la chasse au trésor dans son appendice olfactif. Il observa avec plaisir le trophée et oui "il le mit dans sa bouche". Oup! Avalé. En moins de deux.

Les habitudes prises dans le jeune âge s'observent encore assez souvent chez les adultes...une cliente aujourd'hui consulte pour la perte de poids.

Et première nouvelle, elle commence la cure de nettoyage avec le doigt dans le nez. Assez surprenant dirais-je? Cou donc, s'il faut commencer par là, il en restera moins ailleurs.

Mais tout de même ça vaut mieux qu'un "finger?"

Caro et cie a dit...

Un peu comme la belle Sara qui avait chanté: Au clair de la lune, j'ai pété dans l'eau, etc... Dans un resto justement!

Pour ma part, ça me fait craquer les enfants qui commettent de telles innocences!!! Vraiment, trop mignon... Avoir vu ça au resto, ça aurait fait ma soirée!!!

coeurtendre2 a dit...

trop mignon le petit Lelic. Je le verrais bien dans un roman, ou même dans une télésérie. Un Quel Famille, version 2008 en plus adorable.

Grande-Dame a dit...

Grenouille, notre famille est composée de mes quatre aînés nés d'une union précédente et des deux enfants (bientôt trois) que nous avons eus ensemble.

Anonyme a dit...

Hihihihi!! Ça m'a rappellé quelques souvenirs disons!!

Petite scène de la vie quotidienne racontée avec beaucoup de brio et d'humour!! Même l'héritier qui a 12 ans et quelques a beaucoup apprécié ;)