mardi, septembre 02, 2008

Gratter la gale

Comme beaucoup de gens, je n'ai pas une grande résistance émotive aux drames qui impliquent des enfants.

Depuis le début de l'été, les noyades (ou autres accidents) d'enfants médiatisées me remuent profondément. La semaine dernière, une petite fille de sept ans se faisait frapper à vélo par un camion sous les yeux de sa mère. Je suis sortie de la pièce pour aller pleurer tranquille en préparant le repas. Cette mère que je ne connais pas, je la connais, je suis liée à elle.

Cette insoutenable douleur, cette familiarité de la perte, ce calvaire qui vous décharne le coeur et l'âme...

Hier, téléphone du père de mes grands en panique: Grand-Charme venait de s'écraser devant lui. Je ne comprenais pas bien, j'entendis que mon Grand-Charme venait de se faire écraser et l'ampleur de ma perte me tua un trop long instant. La panique me prit aussi, mon coeur manqua de rompre. L'ex se calma un brin et m'expliqua: Grand-Charme s'était levé, avait perdu momentanément conscience, s'était effondré au sol et s'était mis à faire le bacon. Lorsqu'il revint à lui, il était confus, absent, désorienté.

Mon Dieu, s'il fallait qu'il arrive à nouveau quelque chose à un de mes enfants, comment pourrais-je y survivre...encore? Des mères y sont exposées pourtant et elles trouvent je-ne-sais-où au fond d'elles-mêmes une deuxième fois la force de continuer. (Après consultation, semble-t-il qu'il ait fait une syncope...je ne connaissais de l'affliction que l'expression populaire...)

Au retour de l'école, Fils Aîné m'expliqua que son bon ami était absent aujourd'hui pour faire son choix de cours. Il entendit dire qu'il était hospitalisé et avec un autre copain, il prit l'initiative d'obtenir pour le convalescent la permission de procéder à l'inscription de ses cours pour lui planifier un horaire.

En soirée, il téléphona chez l'ami pour l'aviser de sa démarche. Sa soeur l'informa que son jeune frère venait de faire une crise cardiaque. Nous savions que l'ami avait un coeur fragile...mais qui aurait pu concevoir qu'un jeune garçon de 14 ans (si aimable, si poli!) soit sujet à des maux si graves de grandes personnes?

Fils Aîné en fut remué, j'en suis bouleversée depuis le début de la soirée. En dépit des remous que doit vivre cette famille en ce moment, je ne puis m'empêcher de songer à ce que cette mère vient de s'éviter. L'ami s'en est heureusement sorti mais sera en convalescence pour les prochains mois.

Chaque drame est un couteau affilé qui gratte une gale qui croyait avoir le dessus sur la plaie. Chaque drame est une porte grande ouverte sur la vulnérabilité silencieuse. Chaque drame est une gifle qui rappelle le fouet de la possible fatalité.

10 commentaires:

Anonyme a dit...

J'ai eu des frissons en te lisant, ce soir...
Et je n'ai même pas d'enfant... J'ose à peine croire ce que tu as pu ressentir...
La vie est si fragile...

Anonyme a dit...

Je suis sans voix et le coeur bien lourd de lire ce billet. Grand-charme va-il mieux? Ici aussi mes larmes se versent lors de drames tel qu'écrit.

Yannick

Pur bonheur a dit...

Les retour en classe sont de grandes sources de stress pour nos jeunes, c'est clair. En plus de l'état de santé de son copain, ça dû être trop pour lui.
Et pauvres parents. J'imagine aisément leur désarroi...

Nanou La Terre a dit...

Grande Dame,

lorsque j'ai vu ce drame à la télé, j'ai tout de suite pensé à toi lors de ce matin terrible où tu as découvert Thomas...Comme je me sentais impuissante et en même temps tellement avec toi lorsque tu m'as téléphoné le lendemain matin à 7 heures. C'était un Dimanche.

Chose certaine, plus on vit de choses difficiles, plus notre coeur devient ouvert et sensible aux drames que vivent les autres.

On ne peut que devenir meilleure non?
Je t'embrasse bien fort...

Anonyme a dit...

Je vous suis depuis plusieurs mois et pour la première fois, je ne peux m'empêcher de répondre à ce si toutchant papier...

Le titre et le sujet de votre texte ne pourraient mieux dépeindre le mal qui m'envahie, depuis l'annonce du diagnostic de récidive de cancer de mon fils, que nous avons eue le 19 août dernier... En effet, mon fils aîné à moi, du haut de ses 10 ans, vient de terminer un combat contre un cancer des os qui lui avait été diagnostiqué le 13 juin 2007. En février, après 49 traitements de chimiothérapie, 31 sessions de radiothérapie et 3 chirurgies (dont une qui consistait à lui faire l’exérèse de deux côtes), nous étions enfin libérés de cette lourde tâche médicale et de tous ses aléas. Mon fils était en rémission, en route vers la guérison complète. Il a fallu qu’une petite cellule décide de revenir à la charge et se multiplie pour reformer une petite masse, annonciatrice de cette récidive si dure à accepter… Les médecins sont confiants, il a été opéré et ont retiré tout ce qui était cancéreux… Nous devons maintenant attaquer avec de la chimio… Encore… Quel mandat pour un enfant de cet âge et pour tous les autres qui, en temps de rentrée scolaire, troquent leur sac d’école pour sac de chimiothérapie…

Mais je me dis : Nous avons perdu une bataille, mais nous n’avons pas perdu la guerre… Ah ça non…

Alors oui… le grattage de gale… connaît ça…

C’est un plaisir de vous lire…
Le titre et le sujet de votre texte ne pourraient mieux dépeindre le mal qui m'envahie, depuis l'annonce du diagnostic de récidive de cancer de mon fils, que nous avons eue le 19 août dernier... En effet, mon fils aîné à moi, du haut de ses 10 ans, vient de terminer un combat contre un cancer des os qui lui avait été diagnostiqué le 13 juin 2007. En février, après 49 traitements de chimiothérapie, 31 sessions de radiothérapie et 3 chirurgies (dont une qui consistait à lui faire l’exérèse de deux côtes), nous étions enfin libérés de cette lourde tâche médicale et de tous ses aléas. Mon fils était en rémission, en route vers la guérison complète. Il a fallu qu’une petite cellule décide de revenir à la charge et se multiplie pour reformer une petite masse, annonciatrice de cette récidive si dure à accepter… Les médecins sont confiants, il a été opéré et ont retiré tout ce qui était cancéreux… Nous devons maintenant attaquer avec de la chimio… Encore… Quel mandat pour un enfant de cet âge et pour tous les autres qui, en temps de rentrée scolaire, troquent leur sac d’école pour sac de chimiothérapie…

Mais je me dis : Nous avons perdu une bataille, mais nous n’avons pas perdu la guerre… Ah ça non…

Alors oui… le grattage de gale… connaît ça…

C’est un plaisir de vous lire…

Anonyme a dit...

Oups! Mon message est apparu deux fois dans la même boîte! Désolée...

Il s'arrête après: C'est un plaisir de vous lire...

Anonyme a dit...

Que dire? J'en ai le souffle coupé, juste à lire.

Incroyable, la vie est souvent injuste et les épreuves tellement difficiles!

En espérant que tout ira bien sous peu...

Sincèrement!

Monica au Panama

Grande-Dame a dit...

Carton, bienvenue! Vous avez raison, la vie est fragile, on ne se doute pas toujours de ce qui peut nous pendre au bout du nez.

Yannick, merci de vous informer. Grand-Charme va mieux, plus de peur que de mal, finalement.

Pur bonheur, nous avons su aujourd'hui que l'ami de Fils Aîné avait en fait fait une série de 5 crises cardiaques car sa valvule (mon chum préfère le lapsus "valvulve"...) mécanique avait lâcher. :S

Nanou, ce sont des moments que l'on oubliera jamais.

Anonyme, je suis remuée à la lecture de votre histoire. Tous ces traitements que vous énumérez, si durs pour un corps adulte...les imposer malgré nous à un enfant qui sans doute vous épate par sa résilience et sa faculté de ne pas se plaindre de son sort (ce qui serait pourtant dont légitime!)...et tout recommencer à nouveau...ouf...

Merci de votre mot, n'hésitez pas à récidiver. Je souhaite de tout coeur que vous regardiez un jour cette épreuve derrière votre épaule en vous émerveillant encore (et encore) avec votre fils de la démonstration de force qu'il vous aura naturellement démontrée et qui en aura inspirée plus d'un.

Monica, merci.

AMBRE a dit...

Et bien oui, ne mourir qu'un court instant, qu'elle tragédie, en effet aussi préparatoire soit-elle!

Puisque la syncope et la crise cardiaque me laisse froide comme un glaçon dans un verre de scotch et par surcroît je suis mère...

Cette effondrement semble presque intéressant, que l'on peut malheureusement survivre à la mort d'un enfant mais qu'il est bien mieux de vivre et partager avec eux!

Il est facile de concevoir ces maux pour un jeune de 14 ans...pour une personne tout court...aussi mère soit-elle!

Pour le moment d'inconscience...
Petit conseil...
Achète 3 bmw et la vie de ceux qui les conduises...
Avec la première, fais-lui livrer de la pizza...
La seconde, met-lui une robe à fleur pour qu'elle émousille...
La troisième, pour la pub...

Remballe le tout et surtout, surtout assure toi que l'écrasement se passe soit très loin de chez toi ou chez toi....et n'accepte plus en aucun cas plus les noyades!

N'oublie pas non plus que contrairement à la croyance populaire, certaines choses ne peuvent pas s'écraser!

Et que même si l'on nous rapporte aux nouvelles le danger des q-tips, essaie de leur montrer la démarche!

Pour le reste....sacré charlemagne!

Et n'oublie pas, un changement de médications express à un quelconques moments durant cette urgence...

Bonne chance...:)

AMBRE a dit...

Et bien oui, ne mourir qu'un court instant, qu'elle tragédie, en effet aussi préparatoire soit-elle!

Puisque la syncope et la crise cardiaque me laisse froide comme un glaçon dans un verre de scotch et par surcroît je suis mère...

Cette effondrement semble presque intéressant, que l'on peut malheureusement survivre à la mort d'un enfant mais qu'il est bien mieux de vivre et partager avec eux!

Il est facile de concevoir ces maux pour un jeune de 14 ans...pour une personne tout court...aussi mère soit-elle!

Pour le moment d'inconscience...
Petit conseil...
Achète 3 bmw et la vie de ceux qui les conduises...
Avec la première, fais-lui livrer de la pizza...
La seconde, met-lui une robe à fleur pour qu'elle émousille...
La troisième, pour la pub...

Remballe le tout et surtout, surtout assure toi que l'écrasement se passe soit très loin de chez toi ou chez toi....et n'accepte plus en aucun cas plus les noyades!

N'oublie pas non plus que contrairement à la croyance populaire, certaines choses ne peuvent pas s'écraser!

Et que même si l'on nous rapporte aux nouvelles le danger des q-tips, essaie de leur montrer la démarche!

Pour le reste....sacré charlemagne!

Et n'oublie pas, un changement de médications express à un quelconques moments durant cette urgence...

Bonne chance...:)