lundi, janvier 07, 2008

Un regret

Celui de n’avoir pas filmé mon père auprès des enfants qui décorent le sapin deux jours avant son décès.

J’avais pris la peine d’amener la caméra justement pour immortaliser ce moment! Parce que je craignais de heurter l’orgueil de mon père (qui fut avant la maladie un homme d’une exquise beauté), qui savait son apparence diminuée depuis sa maladie, j’évitais de le prendre en photo.

Quelle valeur sentimentale aurait eue ce petit film si j’avais osé le faire! Je paie d’un grand regret ma crainte peut-être injustifiée du 8 décembre dernier.

10 commentaires:

Anonyme a dit...

le souvenir reste toutefois bien gravé dans ta mémoire et ça rien ne pourrait y altérer la valeur sentimentale que tu y accordes...Les paupières fermées peuvent également faire d'exellents canevas, diaporamas...

Une femme libre a dit...

Il ne faut rien regretter. Si, tout naturellement, vous avez refusé de filmer votre père diminué physiquement, c'est tout probablement parce que vous saviez que ce n'était pas cette image-là qu'il voulait que vous gardiez de lui. La sensibilité fait bien les choses. Le souvenir de l'arbre de Noël, vous l'avez,en vous, bien vivace, comme vous nous l'avez décrit.

Encre a dit...

Même si je comprends ce regret, j'abonde dans e sens de femme libre.
C'est l'essentiel de ce qu'à été l'existence de nos chers disparus que nous conservons. Je ne crois pas en l'âme au sens traditionnel du terme, mais je suis attachée à l'idée que ce que nous laissons aux autres, la façons dont nous marquons leurs existences et dont ils marquent la nôtre, ce que nous nous transmettons mutuellement et retenons les uns des autres, cela et l'essentiel de nos existences. Ce l'est plus que les cellules de notre corps. Ainsi, ce que nous retenons, dans notre souvenir et dans nos existences de ceux que nous avons aimés est beaucoup plus que ce qu'une photo ne pourra jamais nous transmettre. Le souvenir est plus qu'une image, c'est un leg et une survivance en nous de l'essentiel d'une vie. Nous sommes les enfants spirituels de nos morts. C'est en nous que nous portons nos morts et c'est peut-être, finalement, une forme de survie plus réelle qu'une autre. Mais bien sûr vous savez tout ça.

Pur bonheur a dit...

Quand on perd un proche on a toute sorte de regrets les premiers temps. Dis toi que tes fils et toi avez cette image bien encrée dans vos mémoires.

Ce Bref Réveil a dit...

Je ne fais que répéter ce qui a été joliment écrit pas vos lectrices. Ce dernier souvenir sera peut être plus important encore parce qu'il n'a pas été filmé. Il vous appartient désormais totalement.

Caro et cie a dit...

Tu nous feras surement vivre ce moment par écrit... Comme tu sais si bien le faire..:-)

Je crois que si tu t'es abstenue de filmer, c'est que tu as bien perçu comment il se sentait... C'est une marque de respect de ta part...

J'en profite pour te souhaiter une bonne et belle année.. ON essaie de se voir!!

Anonyme a dit...

Avoir évité de le filmer pour ne pas l'indisposer témoigne d'une grande attention. Cela vous honore et c'est peut-être ce geste qu'il faudra retenir, en y associant votre pèere qui a su vous inculquer ces valeurs.

Accent Grave

Grande-Dame a dit...

@Tous, il y a une belle douceur et une grande spiritualité dans vos propos.

Je les garde dans ma boîte à "précieusetés".

Merci.

Yannou a dit...

Avant le décès de mon grand-père, lors d'une visite chez lui, j'avais amenée ma caméra vidéo. Je lui ai demandé si il acceptait que je le filme, pour lui poser quelques questions sur sa vie si riche. Il a dit non, pas maintenant, je suis fatigué. Nous savions qu'il était trop tard, que cette entrevue aurait été possible quelques années auparavant, même quelques mois, mais là il était trop tard. La caméra est demeurée dans le coffre arrière de la voiture. Étrangement, je n'ai jamais regretté de ne pas l'avoir filmé. Il était l'ombre de lui-même, et le souvenir n'aurait pas rendu justice à l'image de l'homme jovial et énergique qu'il était. J'ai la douce conviction que sa mémoire vivra un jour dans un roman qui relatera sa vie. Ce récit, je l'espère, saura partager au monde toute la force et l'inspiration de cet homme qui sera toujours un modèle pour moi.

Tes écrits qui touchent, tous les récits que tu partages si bellement, ce livre à venir sur le deuil, tout cela contribue à t'apporter la paix face à des regrets que tu pourrais avoir. Enfin, je l'espère.

Grande-Dame a dit...

Tu as sans doute raison Yannou. J'aurais aimé immortaliser ce moment, mais il est certain que jamais je n'oublierai les confidences de mon père ce soir-là.