Je crois ne pas croire en Dieu. Cependant, je trouve beau de voir quelqu’un avoir la foi. Avoir la foi requiert une certaine naïveté et l’acceptation de cette naïveté (qui n’est pas du tout péjorative). Je n’aime pas être naïve. Je crains trop la déception.
Avoir la « naïveté » de la foi, c’est aussi, d’une certaine façon, savoir lâcher prise et j’aimerais bien avoir cette capacité.
Dans le très beau film pour enfants Le Prince d’Égypte, avant de transformer l’eau du fleuve en sang, Moïse dit à son peuple qui s’inquiète de l'oppression du Pharaon qu’on peut bien leur prendre leur maison, leur femme, leurs enfants mais que jamais on ne pourra leur prendre leur foi. Comme si c’était la pire chose à perdre.
Même si la vertu de la foi est très belle, c’est très gros comme sacrifice! Si j’avais eu la foi, j’aurais préféré la perdre plutôt que de perdre un de mes enfants.
Depuis la mort de mon père, je me sens étrangement zen. Mélancolique, mais zen. Je me questionne sur le pourquoi de cette apparente indifférence.
Plus j’y réfléchis et plus je crois que, loin de l’indifférence, je réagis ainsi parce qu’en portant mes morts, je me sens divinement proche d’eux. J’étais proche de mon père et je ne me suis jamais sentie si proche de lui que depuis sa mort.
À partir du moment où j’ai pris conscience des vices de mon père, j’ai toujours su qu’ils allaient le tuer. Adolescente, j’étais hantée par l’éventualité qu’il décède avant de connaître mes enfants. C’est l’une des raisons pour lesquelles je les ai conçus si tôt.
Que peut-on craindre à partir du moment où ce que l’on a toujours craint s’est finalement concrétisé?
Je porte mon père en moi, et comme Moïse le dit à son peuple pour la foi, je sais que rien ne pourra plus me l’enlever.
Je porte amoureusement mes morts comme d’autres portent leur foi. Ma foi, c’est la certitude inébranlable que je les retrouverai.
6 commentaires:
Si tu as cette intuition que tu les retrouveras, et que tu portes cette paix, c'est déjà cela "la foi". La foi, c'est surtout de ne pas trop intellectualiser, et de laisser être nos intuitions et cette douce confiance que nous sommes qu'une partie d'un grand tout. Le reste (à savoir: les bondieuseries et autres croyances déployées à toutes sauces culturelles) est sans importance, et n'est pas du tout lié à la foi. Croire est un acte personnel, très intime.
C'est magnifique ce que tu écris. "Ne pas trop intellectualiser..." Malgré les avenues philosophiques si faciles à emprunter en tentant de démontrer la pertinence de sentiments ressentis...
Je partage ta vision Grande Dame, l'idée d'un dieu vengeur... quelle blague !
Pourtant, j'ai aussi l'impression que "mes" morts veillent sur moi.
Mais, l'idée d'un paradis et d'un Etre Supérieur... bof.
Très bon texte.
Pour ma part je n'aime pas ni n'admire la naïveté. C'est par là que s'infiltre l'endoctrinement. Si l'être humain était né moins naïf, il y aurait eu moins de sang dans son histoire.
"Je porte amoureusement mes morts comme d’autres portent leur foi. Ma foi, c’est la certitude inébranlable que je les retrouverai."
Il y a teeeellement d'amour dans ce soupir....
Tu es une divine plume xx
Vivi, merci beaucoup.
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