jeudi, mars 27, 2008

Juste au bon moment

Il arrive parfois que quelque chose de réconfortant se produise juste au bon moment. Une question de minutes ou même de secondes.

Lorsqu’on m’annonce avec enthousiasme : « Il m’est arrivé tel truc, c’est incroyable! C’est un signe! », parfois j’adhère et y appose le sceau (bidon) de mon approbation. C’est bel et bien un signe. Rien n’arrive pour rien, j’en suis persuadée, seulement, on n’en comprend pas toujours le pourquoi sur le coup.

Il m’arrive aussi de sourire tendrement et avec ma (faible) part de rationnel, je me dis qu’il pourrait s’agir d’une coïncidence, un simple concours de circonstance. Évidemment, je n’en dis rien. Dans ces circonstances, il n’y a pas grand-chose de plus indélicat que de péter la bulle de quelqu’un qui trouve réconfort dans un « signe » qui lui « parle ». De toute façon, qui suis-je puis décréter qu’il s’agisse bien d’un signe ou pas? Ce qui est anodin pour quelqu’un peut être d’une importance capitale pour un autre et c’est absolument parfait comme ça.

Lorsque ça m’arrive à moi, j’ai beau y chercher du rationnel, je n’en trouve pas. Mes « signes » sont réels. Mes « signes » ne sont pas des concours de circonstances. N’importe qui aurait beau sourire tendrement devant mon ingénuité, je m’en fous. MOI je sais que mes « signes » ont une signification et c’est ce qui importe. S’il fallait ne jurer que par la rationalité de la science l’authenticité des « signes », cela finirait pas tuer tout espoir, par anéantir la beauté de l’intuition, de la sensibilité. Certaines choses sont beaucoup trop grandes, beaucoup trop intangibles pour mériter une explication cartésienne.

Environ dix jours après la mort de Thomas, j’ai téléphoné à une femme que je ne connaissais pas. J’avais besoin que quelqu’un ayant perdu un enfant me donne une recette pour survivre en trouvant une certaine paix dans mon amputation. J’avais lu quelques semaines auparavant un livre que son mari avait écrit sur l’histoire de leur petite Léa. Dans son livre, le mari écrivait qu’après sa mort, alors qu’ils roulaient en voiture, Léa était apparue à sa maman légère, libérée, dansant dans une magnifique lumière. Cela avait rassuré la mère et lui avait apporté une certaine quiétude.

J’avais besoin qu’elle m’explique l’intangible, qu’elle m’explique la constitution de la paix qu’elle avait trouvée (et qui pouvait, à la limite, être agressante parce que moi je n’avais pas trouvé la mienne). La gentille femme, bien que je fusse sortie de nulle part, prit la peine et le temps de m’expliquer avec une douceur qui m’avait donné confiance où et comment elle avait trouvé sa paix.

Je souffrais de n’avoir pas reçu de « signe » que l’âme de Thomas s’était rendue à bon port. La femme m’avait expliqué qu’il fallait trouver ses propres « signes » et surtout, il ne fallait pas attendre que quelqu’un d’autre valide leur probable pertinence à notre place car un signe, c’est très personnel à chacun et ça se perçoit avec le coeur. Avant de raccrocher, elle m’avait promis que je finirais par avoir mes signes.

J’ai fini par recevoir mes signes que Thomas s’était rendu à bon port et à plusieurs reprises, j’ai rencontré son âme d’une façon magnifiquement bouleversante dans mes rêves et cela a énormément contribué à apporter une certaine sérénité à mon deuil.

À présent, je ne peux m’empêcher d’attendre des « signes » que mon père s’est aussi rendu à bon port afin de pouvoir avoir l’esprit en paix.

Lorsque je pleure en relisant à voix haute une lettre significative écrite pour lui et qu’une pulsion intérieure indiscutable me dicte d’allumer la radio là, maintenant, que je l’écoute et qu’alors j’entends les premières notes d’une de nos chansons, je ne peux qu’y trouver réconfort et éprouver de la gratitude envers lui comme s’il m’avait réellement entendue.

Comme par magie, la nostalgie fait alors place à la certitude qu’il est libre et heureux et j’arrive à écouter cette chanson avec légèreté comme s’il était près de moi. Cela me suffit pour penser qu’il a trouvé sa paix et que je peux à mon tour trouver la mienne.

Hier, je suis revenue du cinéma déprimée après avoir visionné Dansez dans les rues. Je trouvais profondément révoltant qu'une jeune femme de pas encore vingt ans puisse trouver sa voie alors que moi qui en ai 33 réfléchis encore à que je ferai de ma vie.

Je suis sortie du cinéma désabusée, mélancolique et honteuse d'avoir été aussi émotive lors des scènes prévisibles et cul-cul du film.

J'ai alors imploré mon père de faire quelque chose pour moi à l'égard de mon avenir professionnel à présent que de sa position, il peut possiblement avoir une "vision" plus large que la mienne. Je l'ai secoué en paroles, me suis fâchée contre son apparente "inaction" et suis rentrée désespérément déprimée à la maison.

Ce matin, une chose étonnante s'est passée et je ne puis qu'y voir l'intervention divine de mon tendre et bienveillant papa: alors que je révisais tranquillos en sirotant mon café latté glacé, une rédactrice en chef que j'estime énormément m'a téléphoné.

J'avais rédigé pour elle quelques articles à la pige dans le passé. Notre collaboration remontait à il y a plus de trois ans et elle désirait tâter mon intérêt pour de la pige pour son principal client.

Le plus incroyable dans tout cela, c'est que les contrats de rédaction à réaliser sont dans mon domaine, la COMMUNICATION ORGANISATIONNELLE ET LA CULTURE D'ENTREPRISE, ce que je n'ai jamais eu la chance de faire auparavant parce qu'il s'agit d'un domaine où il faudrait presque commencer senior pour avoir une solide crédibilité. Or, cette femme (qui est également auteure) possède la crédibilité tandis que moi je possède toute la connaissance théorique. Parfait mariage, n'est-ce pas?

Qui plus est, elle se cherchait un pigiste spécialisé dans ce domaine et lorsque je lui ai signifié que c'était ma spécialité au BACC, elle m'a offert une collaboration régulière. Je lui ai également parlé de mon livre et une porte supplémentaire s'est entrouverte.

N'ai-je pas toutes les raisons du monde aujourd'hui de penser que mon père m'a entendue et veille en silence? :))))

14 commentaires:

Taïga a dit...

J'ai déjà entendu quelque part, et pas parce que je suis très très croyante: Quand Dieu ferme une porte, il ouvre une fenêtre... Quelque chose du genre.

La Souimi a dit...

Il a fait son ratoureux! Il a tout préparé en douce.
Lorsqu'on décide d'ouvrir son coeur aux signes, c'est le merveilleux qui s'installe.
Merci pour ce beau billet!

Mi-trentaine a dit...

Merci Grande-Dame pour ce billet qui fait chaud au coeur.

S@hée a dit...

C'est génial ma chouette!

Je suis super contente pour toi.

(mais les coïncidences n'existent pas... elles s'expliquent aisément pas la loi des grands nombres... pour te taquiner ;)

Zygoth a dit...

Ton papa a bien entendu ton appel faut croire hein? Suis d'accord moi zaussi avec les coïncidences sont souvent étonnantes et formidables

Anonyme a dit...

ha que je contente!!!! heureuse pour toi de ce signe de ton père WOW et de cette porte qui s'ouvre en grand mais si tu savais combien ca ne me surprends pas!!!!!

Pur bonheur a dit...

Après avoir perdu en trois ans mon frère 'presque jumeau' , mon père et mon grand-père , je me suis rendue compte qu'ils partent pour leur destination quand NOUS les laissons partir. Tant que nous avons du chagrin ils restent autour de nous...

Je suis bien contente pour toi et tu sais 33 ans c'est très jeune encore et contrairement aux femmes qui ont leurs enfants après après s'être taillé une place sur le marché du travail toi tu as tout ton avenir devant toi. D'après moi, la famille sera complète d'ici quelques mois! C'est pour quand déjà?

Anonyme a dit...

WOW Félicitations!!!!

À la pige en plus, c'est génial avec ta belle gagne et ton tout petit qui arrive bientôt!!!
Merveilleux aussi que ce «signe» te montre que les êtres que tu aimes et qui te sont chers, veillent en quelque sorte sur toi...C'est un super «une pierre trois coups!» (presque quatre avec l'ouverture pour ton livre!..)
Continue de demander, ça marche!!!!(Faut dire aussi que tu as une très belle plume et beaucoup de qualifications...Tu peux aussi garder un peu de mérite pour toi!)

France

Solange a dit...

C'est un beau texte. Bonne chance dans vos nouvelles fonctions.

Grande-Dame a dit...

Sache chère Émilie que je n'ai pas obtenu le poste pour l'entrevue passée.

La collaboration proposée l'est par un contact dont je n'avais pas eu de nlles depuis trois ans, donc tout à fait "fortuit" et rien à voir avec le nombre. Na! :)

S@hée a dit...

Nan Nan Nan Grande Dame. Je parlais de la loi des Très Grands Nombres.

On est dans un autre registre là.

N'empêche que faute d'hydromel, je lève mon verre de porto à ta santé...

Et à la santé des différents signes...

Anonyme a dit...

Bonjour DameLibre,

On arrive à discuter en temps réel avec des gens situés à l'autre de la planète, alors je ne vois pas pourquoi on ne pourrait entendre ceux qui sont situés si près de nous, même s'ils ne sont pas sur le même plan?

Bien sûr que c'était ton père et puis Thomas aussi.

Anonyme a dit...

Yung a été un des premiers à parler de la synchronicité comme quelque chose de réel et de fréquent!...:-)le hasard n'existe pas! ;-)

Pour ce qui est de ton père, je suis très bien placée pour savoir que des choses très surprenantes peuvent arriver en ce haut monde...:-)

Nanou La Terre a dit...

Chère Grande Dame,

je t'invite à aller lire mon " Jean de l'invisible".Plus on est à l'écoute, plus les signes se révèlent à nous. C'est réconfortant de savoir qu'il existe quelque part un autre monde où vivent éternellement tous ceux qui nous ont quitté.