Je vous ai parlé ici de nos nuits infernales. La situation s’était améliorée avec la barrière et la fermeté mais notre semaine de vacances nous a fait faire un ou deux pas en arrière.
Notre petit dernier, c’est une méga dose d’entêtement sur deux pattes. Adorable minet le jour, il se transforme à l’heure du dodo en un petit monstre d’une ténacité remarquable.
C’est le prix à payer, nous en sommes conscients, pour la surprotection dont nous avons entouré cet enfant depuis ses cinq mois. Cinq mois, c'est l’âge qu’il avait lorsque nous avons perdu Thomas.
Le sommeil de Frédéric a été guetté, après la mort de son frère, de façon maladive. Nous en avons surveillé chaque petit soubresaut, chaque soupir, nous nous sommes réveillés en sursaut en imaginant le pire, nous nous sommes levés pour vérifier si son petit coeur battait sous sa poitrine, nous l’avons couché avec nous pour ne dormir que d’un œil afin de demeurer toujours alertes.
Durant six mois, j’ai harcelé avec une inépuisable énergie le coroner, l’enquêteur et le pathologiste ayant procédé à l’autopsie du petit corps de Thomas pour que quelqu’un me dise enfin pourquoi notre fils était mort subitement durant la nuit après avoir fait une simple forte fièvre.
Avant que la réponse ne vienne –et même après, je vous l’avoue-, nous avons envisagé le pire à la moindre fièvre de Frédéric. Nous l’avons couvé dans notre nid ouaté plus que nécessaire. Le mal sournois que nous craignions était pire que les conséquences que nous pourrions éventuellement devoir assumer –et que nous assumons actuellement.
Nous ne dormons presque plus. Notre diable nocturne revendique comme un droit acquis le nid ouaté dans lequel il a eu un peu plus que les autres le droit de s’endormir avant que nous ne le ramenions dans son propre lit. Brave, il confronte, se heurte à notre autorité parentale lorsque notre position est aussi indiscutable que la sienne.
Il a développé certains arguments pour toucher notre fibre sensible mais devant leur inefficacité ces dernières semaines, son génie n'a pu que se peaufiner et sa persévérance, s'aiguiser. La nôtre aussi, malgré la difficulté d'être constants quand on est tant carencés en sommeil.
La nuit dernière, après plusieurs tentatives un brin mielleuses de Grand-Homme pour renvoyer le tenace au lit, je me suis levée avec une poussée de violence intérieure que l’on massacre ainsi sciemment mon précieux sommeil. J’en avais marre de ces crises nocturnes et mon ton de maman TRÈS fâchée ne permettait pas d’appel.
DODO. Point.
J’ai mis la barrière, bordé le récalcitrant, suis retournée au lit et qu’on me sacre enfin patience! Il était 3h30 du matin et le manège durait depuis une heure et demie.
Le jeune homme n’a point aimé le ton sec de sa maman.
Des pleurs à fendre l’âme se sont fait entendre quelques minutes après mon départ. Je suis retournée le voir et eus droit au spectacle désolant de ses deux mains sur sa bouche tentant de contenir les fuites de sanglots à travers tout son désarroi : « Toi l’as fait de la peine à moiiiii! Toi l’as fait de la peiiiiine à moi!!! Moiiii l’a d’a peiiiiiine! »
Bien oui, j’ai trouvé le moyen de trouver ça trognon, mais il n’en a rien su. J’ai seulement baissé le ton d’un cran pour réaffirmer mon leitmotiv : « La lune est dans le ciel. Quand le soleil sera revenu dans le ciel, tu pourras venir faire des colle-colle. Là, c’est la nuit, papa et maman sont très fatigués et aussi fâchés quand tu fais des crises. Tu fais dodo maintenant. »
Reprendre le beat. Reprendre du sommeil, aussi.
11 commentaires:
WOW! Admirable, cette Grande Dame...Admirable!
Bravo!
ouf... effectivement ca brise le coeur, mais il n'y a rien de pire qu'un squatteur de lit!!!
Ah, les nuits infernales! Vous le savez sans doute déjà, mais n'attendez pas pour briser ce cirque nocturne! Je sais de quoi je parle... Mon fils a 4 ans, et pour toutes sortes de raisons, sa ténacité surtout, nous avons laissé les choses un peu trop longtemps à sa main la nuit. Le laisser dormir dans le salon à côté de notre chambre, rester à côté de sa chambre pour qu'il s'endorme après deux heures d'âpres discussions... bref, l'enfer.
Mais j'ai décidé qu'il fallait que ça cesse. Depuis deux jours, la discipline est resserrée. Il se lève? Je le remets dans son lit, sans lui parler. Je quitte la chambre. Il recommence? J'y retourne, et je refais la même chose, sans JAMAIS lui parler. Ça le rend furieux, parce que ce qu'il cherche, c'est une interaction la nuit. Bonne ou mauvaise, pourvu que maman me parle! Donc, le silence, c'est pire que tout pour lui. Il fait des siennes à 5h30 et ne veut pas se recoucher? Cool, pas de problème. Il peut se lever, mais il doit rester sur le sofa sans faire de bruit, parce que NOUS, on dort.
J'ai glané ces trucs auprès d'une chronique de l'experte en sommeil de Sainte-Justine, Évelyne Martello, et auprès de Super Nanny à la télé (eh oui!).
Je vois la lumière au bout du tunnel... qui est toutefois encore long! La première nuit, je l'ai remis dans son lit 11 fois. Cette nuit, 3 fois mais il était debout à 5h.
Ah oui, et quand il fera une belle nuit, il aura le droit de piger dans mon sac à surprises!
Isabelle, ouah, vous avez la Force pour réussir à ne JAMAIS lui adresser la parole! C'est si facile de péter sa coche! :S Bravo, vous avez toute mon admiration.
Cette nuit...aussi étrange cela puisse-t-il paraître...nous avons DORMI! Je ne crie certainement pas victoire mais c'est fou ce que je suis posée le matin après plusieurs heures de sommeil d'affilée!
Évangéline, je te l'accorde. Il faut se préserver une bulle!
La Souimi...merci, mais là, je ne vois vraiment pas pourquoi!
Pourquoi? Je m'explique. Parce que vous n'avez pas cédé à la manipulation. Trop de gens auraient succombé après avoir perdu patience. Je trouve que ce qui est admirable, c'est d'avoir été capable de reprendre pied en lui expliquant pourquoi vous étiez fâchés mais en ne cédant pas à cause de la culpabilité.
Vous êtes humains, vous étiez à bout et ce n'est pas vrai que les enfants ne doivent pas être mis face aux limites de leurs parents.
C'est mon point de vue...
Pauvres vous-autres!! Je crois que c'est ce que j'ai trouvé le plus difficile en ayant des bébés; des nuits parsemées de nombreux réveils. Votre réaction à tous les deux est tout à fait normale, après ce qui est arrivé à Thomas. J'aurais fait la même chose.
Mais là, à ce point-ci de ta grossesse va falloir jouer de la fermeté comme tu as fait hier. Si tu es très convaincue de vouloir ENFIN dormir la nuit, il va le sentir et se dira qu'il n'a plus aucunes chances, maman est très ferme là!!!
Je te souhaite une vraie bonne nuit complète dans les jours qui viennent.
Les limites sont atteintes, le petit le sait et la fin de vos tracas approche.
J'ai deux petits squatteurs dans mon lit aussi. On se réveille la nuit et ils sont là. Le lendemain, mal de dos assuré (à quatre dans un lit). On a tout fait. Il y a des périodes où ils ne se lèvent pas, puis comme pour vous, après les vacances, on a fait un bond en arrière. Ouf... Bonne chance! Tenez bon! Je sais à quel point le manque de sommeil est difficile pour le corps, surtout en fin de grossesse!
Virginie
Ma plus jeune a 15 mois et se réveille encore chaque nuit, au moins 2 fois. C'est cette réalité qui fait en sorte que je SAIS qu'il n'y en aura pas une 5e. J'aimerais retrouver mon rythme de sommeil pour mes 40 ans. C'est pas si pire, ça me laisse 5 ans encore ;-)
Bonne nuit Grande Dame!
En espérant qu'il comprendra bientôt que maman est fatiguée, elle!
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