samedi, septembre 08, 2007

Appréhensions d'auteure

Voilà neuf mois que je rédige un manuscrit dans lequel je verse immensément de moi-même, nombre de recherches, d'échos de perception et d'expériences de la mort qui sont venus jusqu'à moi depuis la mort de mon fils.

Chaque samedi, angoissée, je feuillete religieusement le cahier littéraire du Devoir pour m'assurer qu'un autre auteur n'aura pas terminé un livre proposant la même approche, la même formule, le même filon que le mien.

Il y a quelques mois, un auteur utilisait presque mot à mot "mon" titre. J'en fus bouleversée, puis je me suis raisonnée. J'en ai trouvé plusieurs autres évocateurs qui me pourraient me plaire. Et puis, ce n'était qu'un titre. Au moins, le contenu du livre différait.

J'ai bien trouvé des critiques de livres qui abordaient la mort, mais ils étaient toujours "acceptables" parce que jamais sous mon angle.
Il y a quelques semaines, nous avons été voir en spectacle Martin Matte, mon humoriste préféré. Lui aussi abordait la mort avec un filon qui aurait pu ressembler au mien. Mais bon, "cesse de t'énerver!" que je me suis ordonné, "c'est un humoriste et même si l'approche et les réflexions peuvent se rejoindre, ton livre n'est pas menacé."

Si j'avais réussi à me contenir jusqu'à aujourd'hui, c'était justement parce que le cahier littéraire du Devoir d'aujourd'hui n'avait pas été publié.

Pourquoi ce grand cri intérieur silencieux, vous demandez-vous si vous n'avez pas lu ce fameux cahier?

C'est qu'on y fait une excellente critique de Pourquoi faire une maison avec ses morts, d'Élise Turcotte, une auteure qui m'est inconnue et qui à présent, m'intrigue.

On parle de sa formule en disant: "(...) Tout ça prend une forme inattendue. Nous ne sommes pas dans un roman. Pas vraiment dans un recueil de nouvelles proprement dit. Sept histoires, interreliées. Sept situations, comme autant de méditations, d'études sur le même sujet."

C'était suffisant pour me stupéfier. J'en suis encore grandement remuée! Je ne peux -ni ne veux -évidemment pas me permettre de lire ce livre maintenant pour m'assurer qu'à défaut d'avoir une formule commune, le contenu et le style diffèrent du mien.

Silence. Je fus (suis) aspirée à l'intérieur de moi-même. Voilà neuf mois que j'y travaille. À ce jour, 224 pages. J'espère seulement (très très fort) que tout n'est pas perdu pour mon livre, qu'il y aura de la place pour moi, mon approche, mon style, mon imaginaire, ma créativité et mes idées chez un éditeur.

12 commentaires:

S@hée a dit...

Tu sais, on n'invente jamais rien. Tout a déjà été dit.

L'idée, c'est d'y intégrer quelque chose de neuf, une façon d'écrire différente. Écrire, c'est passionnant et c'est aussi angoissant. Et lancer son manuscrit à l'univers (on le poste à des maisons d'édition, mais on l'envoie à l'Univers), ça prend un culot fou. Je suis chaque fois renversée et un peu gênée d'avoir osé le faire.

Mais ça vaut la peine.

Continue, belle amie. Et stp, arrête de lire ce fichu cahier littéraire!

Grande-Dame a dit...

Comment pourrais-je alors tomber sur la critique qu'on fera du tien si je cesse de le lire? ;-)

Taïga a dit...

Toujours le dernier mot Grande-Dame? Hihi

Hortensia a dit...

Je comprends votre angoisse et votre déception, mais, il y a de très fortes chances, comme vous le dite, pour que le contenu et le style de vos deux livres soient très différents. Ça se produit plus souvent qu'on pense qu'une idée, qu'un concept ou un thème soit dans l'air du temps sans que les oeuvres qui en découlent soient réellement ressemblantes. Allez, dépêchez-vous de mettre ce manuscrit à la poste! :-)

p.s. Je dois dire qu'Élise Turcotte est une excellente écrivaine que vous aurez certainement plaisir à lire lorsque votre bouquin sera terminé et sur les tablettes!

S@hée a dit...

Ça m'étonnerait beaucoup que tu trouves la critique de mon livre dans le devoir... tannante :-)

S@hée a dit...

(mais juste au cas... tu peux continuer alors... ce sera bon pour ta résistance à la critique future ;)

Anonyme a dit...

Il est certain que ce que tu dis n'est pas ce qu'elle dit. Ton vécu n'a rien à voir avec le sien. Néanmoins, il y a face à la mort et aux grands événements de la vie une certaine trame commune, un lieu commun si tu veux, qui fait que tout se rejoint aussi. Je lirai avec beaucoup d'émotions ton livre qui je n'en doute pas aura sa personnalité propre et donc sa place. N'angoisse pas trop avec ça et surtout ne trouve pas d'excuse pour ne pas envoyer ton livre ;)

Anonyme a dit...

tu as un style très unique,personnel!C,est vrai que ça semble intriguant mais il y ade la place pour ton oeuvre j,en suis persuadée!!

Annette a dit...

Grande dame,

Je ne suis pas inquiète. Tout livre est unique : le choix des mots, les exemples, l'histoire de son auteur, etc. Ne t'en fais pas...

Anonyme a dit...

et bien j'espère que votre livre arrivera en France ...

Anonyme a dit...

Tu sais, des romans qui se ressemble il y en a des dizaines !! Et pourtant chacun est spécial...et si un est assez spécial ben il est édité...même s'il ira trôner au milieu de milliers d'autres!

Tu écris comme nulle autre personne, alors arrête d'avoir peur et lance plutôt ce livre dans l'Univers qu'il en prenne soin le temps que tu l'achève...

Quand j'ai commencé à peindre et que je n'avais pas encore tout à fait explorer mon moi-même pour y faire surgir mon style de peinture à moi, j'avais les mêmes raisonnement que toi, ayant peur qu'au détour d'un sympo j'aperçoive un style qui se rapproche !...pourtant non, je suis unique comme tu l'es ! ;-))

Dr Maman a dit...

Vivement l'opportunité de lire ton livre Grande-Dame...