samedi, juin 30, 2007

Blues du coup de moppe au cul


En début de semaine, nous avons pris sur le fait un raton laveur (probablement celui-là même qui a pris la peine de ronger le bord du couvercle pour réussir à l'ouvrir) fouillant effrontément dans nos poubelles.

La présence de Grand Homme sur le balcon ne l'a nullement impressionné. C'est à grands coups de moppe au cul (bon, j'exagère...encore...mais juste un peu...) qu'il l'a chassé.

Ce soir, nous avons pris une nouvelle coupable à l'allure aussi désinvolte. Malheureusement, hors de question de la chasser à grands coups de manche, celle-là, (insérer ici un mot grossier de votre choix)!

En spectateurs impuissants que nous fûmes, nous la regardâmes avec frustration fouiner dans nos chastes déchets.

Diantre, comment être offensif face à une petite bête si puissante, olfactivement parlant?

jeudi, juin 28, 2007

Pyramide fraternelle



Voici ce à quoi se sont appliqués avec beaucoup de plaisir trois de mes garçons hier avant-midi.

Au dîner, je leur ai lancé un défi: s'ils réussissent à intégrer un quatrième frère à la pyramide, je leur offre chacun 5$.

Évidemment, ils étaient emballés de mon offre et prêts à tout pour relever le défi et bien sûr, empocher l'argent.

Qu'ont-ils fait en après-midi, d'après vous?

Prévisible! Ils sont retournés dans la piscine. Ont-ils tenté de réussir?

Euh... Oui et non. En fait, après avoir tenté quelques essais infructueux selon différentes techniques proposées par l'un et l'autre, ils se sont mis à s'accuser entre eux d'être le maillon faible qui fait rater l'exercice et perdre 5$ à tout le monde.

J'ai fini par en avoir marre de les entendre pleurnicher et s'accuser d'être trop mous, trop faibles, pas assez musclés, de n'avoir pas assez d'équilibre, de vouloir tout décider. Après avoir tenté désespérément de les aider, j'ai décrété que c'en était assez, qu'il n'y avait aucune harmonie entre eux et que tout le monde devait sortir de l'eau.

Tout le monde est rentré en accusant tout le monde de l'échec de l'opération, il y eut des frustrations de toutes parts, je dus en consoler un profondément heurté de la dictature de l'autre et avoir une discussion plus sérieuse avec un autre sur la nécessité de l'écoute et de la cohésion pour réussir un défi pareil.

Puisqu'ils sont avides de ce genre de défi et surtout, de l'appât du gain, je parie fort qu'ils auront envie de récidiver -et de s'organiser pour réussir.

mercredi, juin 27, 2007

Quête de silence



Envie de n’avoir à répondre à aucune demande. De pouvoir demeurer silencieuse sans me faire tirer sur le bras pour que je réponde, sans devoir offrir une caresse sur la tête en guise de réconfort parce qu’il y a encore une victime aux négociations fraternelles injustes, sans devoir répondre d’urgence à quelque besoin infantile que ce soit.

Les demandes qui fusent continuellement de toutes parts me rendent folle.

Être assaillie de requêtes me donne envie de devenir sourde, insensible à ce qui m’entoure. Être assaillie de plusieurs questions simultanément fait grimper de plusieurs degrés ma chaleur corporelle. Je m’évanouirais pour jouir d’une intouchable bulle, pour devenir entièrement indisponible.

« Maman, est-ce qu’on peut se baigner? Maman, je peux aller chez Maxime? Maman, je peux jouer à l’ordi? Je peux prendre un popsicle (« Nooon, c’est pas juste, c’est lui qui a pris le dernier Mr. Freeze! ») Tu veux jouer au Stratego? Je peux écouter la télé? Tu peux venir me conduire chez Ulrich? Tu joues avec nous au Monopoly? Quand est-ce qu’on mange? Mamaaaan, j’ai faim!!! On peut se baigner? Je peux faire un feu? Je peux mettre des guimauves au micro-ondes? Si ça explose, je vais tout nettoyer, promis! Maman, quand est-ce qu’on va aller passer une semaine chez Papi? Il reste combien de jours avant qu’on aille chez papa? On peut se baigner? Où est mon maillot? (« Où tu l’as laissé traîner la dernière fois? ») J’ai cherché partout et je ne le trouve pas, peux-tu m’aider? Mamaaan! Benjamin ne veut pas que je joue dans ses Lego! Mamaaan, quand est-ce que je pourrai appeler Gabriel? Mamaaan, Charles m’a dit que je pue! Maman, lis, lis, lis ça! C’est drôle, han maman? Trouves-tu ça drôle? Vraiment drôle? Mamaaan, ma chaîne de vélo s’est brisée! Maman, je peux aller au dépanneur? Maman, peux-tu me donner des sous? Je peux faire une tâche pour les mériter. Dis-moi quelle tâche je pourrais faire pour 1$ -ou plus, si tu insistes- et je vais la faire? Tu as besoin d’aide au jardin? Maman, as-tu réfléchis à ce que je t’ai demandé ce matin? L’eauuuu, l’eauuuu, l’eauuuu, maman, l’eauuuu!»

À travers ces incessantes -légitimes- demandes, terminer mon travail de fin de session, dénicher un boulot, m’occuper de maison + marmaille et trouver une denrée rare –le temps- pour poursuivre la rédaction de mon livre.

Les vacances viennent à peine de commencer, au secours!!

Mes soupirs excessifs à la sursollicitation infantile m’indiquent que j’ai vachement besoin de m’éloigner d’eux pour redevenir une mère digne de ce nom.

Je voue une admiration royale à mes copines qui sont heureuses d’avoir leur marmaille avec elles pour l’été pour faire plein d’activités palpitantes tandis que moi, je fantasme allègrement sur le camp de jour, bienheureux fournisseur de répit.

Les grands partent trois jours chez leur père et dans ma tête, je suis déjà évadée en camping dans un parc national loin, loin de chez moi dans cette épatante nature qui possède la faculté merveilleuse de nous faire décrocher du quotidien et de nous éloigner des sources de sollicitation extrême.

Camping, marche, dodo tôt, lever tôt, silence, sainte paix, ma simple exquise personne à penser (ma foi, ce serait du jamais vu!) et idéalement, montagnes. L’Acropole des Draveurs? Depuis l’an dernier qu’il me fait de l’œil…

mardi, juin 26, 2007

Conventions et autres marques de politesse



Ils sont tous passés par là: ils arrivent un jour de l'école avec un bout de papier sur lequel est inscrit le numéro de téléphone d'un ami.

Ils sont rayonnants de bonheur d'avoir enfin un copain et doublement heureux d'avoir EN PLUS passé le stade du numéro de téléphone.

La première des choses qu'ils demandent en brandissant le bout de papier, c'est la permission de lui téléphoner. Comment refuser un bonheur potentiel si grand (qui plus est, est gratisss) à son enfant dont les yeux brillent déjà?

Le téléphone est un outil de communication tellement usuel pour nous qu'on oublie que quelques règles d'usage ne sont pas innées.

Ainsi, les premières fois se passent souvent de cette façon:

Enfant aux yeux brillants - Allo Ami?

Parent -Euh, non, je suis son papa...

Enfant aux yeux brillants - Je pourrais parler à Ami s'il-vous-plaît?

Parent - Un instant...

Ami - Allo?

EAYB - Veux-tu jouer avec moi?

Ami - C'est qui?

EAYB -Bin c'est moi!

Ami -Qui?

EAYB - Jérôme!

Ami -Ah!

EAYB -...

Ami -...

EAYB -...

Ami -...

EAYB -...

Ils n'ont rien à se dire, mais le simple fait de savoir que l'ami est au bout du fil les remplit de joie. Le silence est probablement un catalyseur de bonheur, si on se fie au sourire béat qui illumine le visage de son enfant.

Souvent, le parent est derrière et inculque à son marmot du même coup quelques conventions téléphoniques (et de politesse) de base pour une conversation réussie:

1) On dit toujours bonjour à la personne qui nous répond

2) On peut lui demander, par courtoisie, comment elle va (un atout)

3) On se nomme lorsque son ami prend le combiné de façon à ce qu'il sache à qui il s'adresse

4) On ne s'impose pas chez lui s'il ne veut ou ne peut pas jouer avec nous

5) On n'insiste pas

6) On ne harcèle pas

7) On n'insiste pas

8) On ne harcèle pas

9) On n'insiste pas

10) On ne harcèle pas

11) Il est inutile de téléphoner plusieurs fois dans la même heure (surtout si on veut gagner des points auprès des parents!)

12) Lorsque ça fait "bip---bip---bip", c'est parce que la ligne est déjà occupée

13) On doit toujours parler poliment aux parents de ses amis

14) Idéalement, on vouvoie les adultes que l'on ne connaît pas

15) On utilise toujours une salutation de circonstance avant de raccrocher (Ok, merci, bye, à tantôt, etc.)

16) On ne prend pas d'ententes de visite avec un ami si on n'a pas au préalable l'accord de maman ou papa

Les premiers temps, on supervise la conversation, on dirige notre enfant devant les imprévus (comme les répondeurs, les deuxièmes lignes expéditives, les erreurs de numéro). On rectifie le tir avec eux s'ils ont oublié de se présenter à leur ami, s'ils ont été impolis avec les parents, si la timidité les a empêchés de bien articuler. Puis, l'utilisation du téléphone devient chose courante.

Parfois, il y a tout de même des ratés. Comme pour mon Tout-Doux de 7 ans désespérément en quête d'amis depuis la fin des classes. Deux (uniques) amis sont sur sa liste VIP. Il les appelle à tour de rôle, demande à aller chez l'un, puis chez l'autre. Chaque jour.

Parfois, je me dis que les parents doivent en avoir marre de ses innombrables téléphones. Je lui impose donc certains espaces-temps où il doit faire autre chose que de vouloir téléphoner chez ses amis.

Il s'étend alors sur le divan comme un animal mort, quelquefois en sanglotant de ma cruauté envers lui quant à l'importante édification de ses amitiés, quelquefois avec ses soupirs et son air piteux à côté du téléphone jusqu'à ce que je l'autorise enfin à l'utiliser.

Récemment, c'est en soupirant qu'il a téléphoné -encore- chez un de ses amis VIP.

Tout-Doux -Bonjour, je pourrais parler à Gabriel? (Bravo, belle introduction)

Parent - Gabriel fait une sieste en ce moment, il va te rappeler quand il se réveillera.

Tout-Doux, soupirant de désespoir -Bin là! (re-soupir!) La dernière fois que vous lui avez dit de me rappeler, il ne l'a pas fait. Pouvez-vous, cette fois-ci, lui dire pour vrai parce que j'aimerais vraiment lui parler. (Oups, besoin d'un petit refresh sur la politesse...)

Parent -???

Tout-Doux -Ok. Bye. (Va pour la conclusion)

***

J'aime bien inculquer quelques conventions de politesse à mes enfants. Certaines codes sociaux vont tellement de soi pour les adultes (courtois) que ceux qui ne les utilisent pas se font regarder de travers.

Quand on va dans un lieu public, par exemple, et qu'une personne entre en même temps que nous, on peut la laisser passer d'un geste en tenant la porte. Je souris de fierté lorsqu'ils se laissent imprégner tranquillement par ces conventions. En voiture, idem. Je leur explique certaines conventions existantes entres automobilistes.

Un jour, en allant conduire mes fils au service de garde, j'observai mon aîné se faufiler rapidement sous le bras d'une jeune fille qui tenait la porte et qui s'apprêtait à entrer.

Le soir venu, je lui expliquai qu'en bon gentleman, il aurait dû prendre la relève de la porte et laisser la demoiselle entrer. "Ah. Je savais pas." Comment aurait-il pu savoir?

Le lendemain, je le vis faire le piquet pour tenir la porte alors que les élèves qui le suivaient étaient encore à une vingtaine de mètres de l'entrée. J'étais morte de rire dans la voiture. Le soir venu, j'apportai une précision: "Si les gens qui te suivent sont à une certaine distance derrière, tu peux entrer, ce ne sera pas impoli."

***

En roulant en voiture avec Grand-Charme (10 ans) hier, il me demandait s'il nous restait des chips que nous avions acheté la veille. "Non".

Devant son incompréhension, je lui expliquai que j'avais laissé les sacs chez une copine qui recevait massivement pour la St-Jean. "Pourquoi?"

-Parce que quand on est invité chez quelqu'un, dans certains contextes, il est poli de ne pas arriver les mains vides. En général, on apporte une bouteille de vin, une baguette. On peut aussi apporter un dessert, une attention".

Chaque fois que je leur livre quelques rudiments de savoir-vivre et que je les vois ahuris comme s'ils venaient de s'éveiller, comme s'ils s'étonnaient d'avoir pu vivre huit, dix, douze ans sur cette Terre sans se rendre compte que certains codes se vivaient sous leurs yeux, je souris.

Je suis souvent amusée (ou parfois, gênée) de les voir, quelques temps après, appliquer d'une façon peu naturelle ces codes de conduite, ces conventions sociales. Un peu comme s'il fallait les expérimenter quelques fois d'une façon exploratoire avant de les intégrer avec sérieux.

Ils ont encore du chemin à faire pour devenir de bons gentlemans, mais ils sont sur la bonne voie. Je suis fière de mes mousquetaires.

Note à moi-même


Surtout, ne pas oublier de me taper près de 400 km (800 km!) pour aller réclamer la partie gratuite que je me suis méritée grâce à mon incroyable 18e trou au mini-putt de l'Isle-aux-Coudres l'été dernier.

lundi, juin 25, 2007

L'été...

Les voilà, mes toutes timides, elles sortent l'été à tour de rôle pour mon plus grand bonheur...

Voici mon premier pied d'alouette...derrière, les fleurs roses, cette satané mauve musquée dont je n'arrive pas à me débarrasser! Elle se resème tellement, j'en arrache une quarantaine de plants chaque année! Des chevaux de Troie qui profitent de leur beauté pour nous séduire...et nous envahir!




Voici mes beaux lys oranges qui sont toujours fidèles au poste pour la St-Jean. Autour, marguerites, aubrieta, coreopsis ont commencé à fleurir. On voit une autre vilaine mauve musquée ainsi que la salicaire qui cherche à annoncer ses couleurs.

J'ai plusieurs héliopsis qui ont commencé à poindre aussi... Enfin, celles que je n'ai pas encore arrachées pour éliminer les TONNES de pucerons qui y ont élu domicile. Jamais eu de pucerons sur ces vivaces ces dernières années.

Ai fait un peu de recherche sur le net, vais préparer demain des potions pour les pulvériser. Je déteste ces intrus!

vendredi, juin 22, 2007

Beau jaune pétant...



D'année en année, j'aime de plus en plus ma lysimaque!

Au début, elle était si peu fournie qu'elle n'enrichissait en rien l'effet d'ensemble et j'ai pensé l'enlever.

Puis, il y a trois ans, j'ai vu en Gaspésie des massifs de lysimaque dans un décor champêtre et je suis tombée sous le charme.

Je pense rajouter cet automne un pied d'alouette mauve (j'ai un faible pour les King Arthur!) à ses côtés. Le jaune pétant et le mauve foncé offriraient un remarquable contraste. Encore faudrait-il que leurs floraisons se chevauchent, ce qui est envisageable. Mes King Arthur de d'autres plates-bandes sont presque en floraison...



Plus haut, on voit les tiges de ma liatris mauve qui s'ouvriront bientôt. J'espère que la lysimaque sera encore en fleurs à ce moment.

Pour régler la question sucrée

Sucre à la crème à la Mirage

(réglons donc cette question de guimauve! :-) )

-3 tasses de sucre

- 3/4 tasse de beurre

-1 boîte de lait condensé Carnation (160 ml)

-17 grosses guimauves

-4 barres de chocolat Aero ou Mirage


1) Fondre ensemble sucre, beurre et lait Carnation et faire bouillir pendant 7 minutes en brassant continuellement à feu moyen-élevé.

2) Retirer du feu. Ajouter guimauves et chocolat. Brasser jusqu'à homogénéité.

3) Verser mélange dans plat 9 X 9

4) Refroidir au frigo environ une heure. Couper.

Note: Ce sucre à la crème est extrêmement sucré. Dans mes expériences passées avec cette recette (qui a toujours fini en tartinade), je diminuais la quantité de sucre. La prochaine fois, je mettrai également moins de guimauves.

jeudi, juin 21, 2007

Et vlan dans le coeur!


Journée spéciale aujourd'hui: fête de fin des classes pour Fils Aîné.

Il a invité quatre amis, ils souperont ici, dormiront dans la tente. Ils feront aussi un feu de joie qu'ils attendent avec impatience avec les cahiers d'exercices terminés.

Pour l'instant, ils se baignent. Notre piscine est remplie de jeunes garçons enjoués.

Ils s'enlignent pour jouer au ballon à la façon impitoyable des adolescents. Trois ballons flottent dans la piscine, dont le préféré de Thomas, celui qu'il aimait tant tenir contre lui dans l'eau.

Fils Aîné sait à quel point ce ballon est sacré pour moi.

Un ami prend spontanément le ballon sacré. Fils Aîné avertit calmement, mais fermement: "Non, pas celui-là."

L'ami insiste, s'apprête à le lancer. Fils Aîné répète calmement, mais indiscutablement: "Pas celui-là."

-Pourquoi?

-C'est celui de Thomas.

L'ami tend le ballon respectueusement à Fils Aîné, qui me le rend aussi respectueusement sans rien dire.

Reconnaissante, je souris.

Thomas est intouchable et j'aime qu'il en soit ainsi.

Les enfants parlent de moins en moins de lui. Dans ce genre de geste, je suis rassurée: ce n'est pas parce qu'ils n'en parlent pas qu'ils l'ont oublié.

Oh.

Tout-Doux s'empare du ballon sacré et le relance dans la piscine. Fils Aîné l'intercepte et élève le ton à l'endroit de son frère: "On ne TOUCHE PAS à ce ballon. Va le donner à maman TOUT DE SUITE."

Loyauté absolue. Et vlan dans le coeur!

mercredi, juin 20, 2007

Première mondiale

Je viens de réussir le premier sucre à la crème de ma vie.

Après avoir raté ces douze dernières années, plusieurs fois par année, toutes les recettes de matantes-amies-gardiennes-voisines qui te disent en te donnant une petite tape complice sur l'avant-bras: "Celui-là, il est tellement facile, c'est impossible de le manquer!", je viens de scorer.

Il est destiné à un des profs des enfants, ce qui désole bien Fils Aîné: "Tu pourrais pas juste lui donner la recette?"

Grand-Homme (qui croit fort peu aux compétence culinaires de sa dulcinée), qui prévoyait pour moi un autre échec ce soir, s'en mordra les doigts en apprenant que la volonté peut venir à bout de beaucoup...

(Je suis touchante hein, avouez!) ;-)

Qui dit mieux?

En m'écoutant parler ce soir, je pensais à la Maman de la Couvée, qui est parfois exaspérée par le nombre de questions que pose sa petite Juliette.

J'ai réalisé ce soir mes incroyables performances en matière de condensé de questions (je m'étourdis moi-même):

-À qui le sac qui traîne dans l'entrée? (à personne, évidemment)

-Qui n'a pas débarrassé son assiette? ("Pas moiiii!", évidemment)

-À qui le papier de Mr. Freeze qui traîne sur le plancher ("Pas à moiiii!", évidemment)

-Qui a laissé traîner sa serviette dans le gazon? ("Pas moiiii!", évidemment)

-À qui le maillot en boule qui traîne sur la table à pic-nic? (à personne, ça non plus, comme je suis étonnée)

-Qui n'a pas flushé après avoir été à la toilette? ("Pas moiiii!", évidemment!)

-Qui a laissé traîner les crayons sur la table? ("Pas moiiii!", évidemment!)

-À qui les découpages sur la table, sur les chaises et sur le plancher? ("Pas à moi!!!", évidemment)

-Qui n'a pas remis les ciseaux à sa place? ("Pas moiii!", évidemment!)

-Qui n'a pas changé la pinte de lait? ("Pas moiii!", évidemment)

-Est-ce que ton sac d'école a été vidé comme j'ai demandé? (...)

-Peux-tu me répondre quand je te parle? (...)

-Est-ce que toutes les mains ont été lavées?

-Je ne veux plus t'entendre dire ce vilain mot, c'est clair?

-Qui n'a pas accroché sa serviette? ("Pas moiiii!")

-Les pipis sont faits?

-Les dents sont brossées?

-Tu as passé une belle journée?

-As-tu bien nettoyé ton pupitre?

-La classe doit être très propre?

-La chambre est-elle rangée?

-Non. Non. Je suis tannée du rapportage, tu te souviens?

-Est-ce que tu l'aimes fort fort ta maman?

-...

-...

Poser des questions est épuisant. Réussir à obtenir une réponse convenable l'est deux fois plus.

mardi, juin 19, 2007

Attendre

Y a-t-il quelque chose de pire que l'incertitude?

L'être humain, je crois, est capable de faire face à beaucoup. D'encaisser. Tous, nous possédons de fabuleuses facultés qui demeurent en latence jusqu'au jour où les circonstances les interpellent en secouant notre personne. Un jour ou l'autre, les circonstances nous forcent à réagir et à découvrir des aspects de nous-mêmes que nous ignorions jusque là.

La fille d'une copine a eu une leucémie il y a quelques années. Devant son apparente zénitude, j'ai dit à cette femme que j'admirais son courage. "Ce n'est pas du courage", qu'elle m'avait répondu. "Je ne fais que faire face à cette épreuve et j'ai choisi d'être auprès de ma fille pour la vivre".

Elle m'avait bouchée. Heureusement, car j'avais fait une grosse erreur de perception.

À la mort de Thomas, beaucoup de personnes m'ont dit que j'étais forte, que j'étais courageuse. Une cousine bouleversée m'a pris le bras pour me dire, le jour des funérailles: "Comment tu fais pour être si forte, comment tu fais?". Je venais de perdre mon fils et j'avais l'impression qu'elle attendait de moi que je la console.

Je n'étais pas forte. Je réagissais au coup dur que la Vie venait de m'infliger. C'était mon épreuve. La mort de mon fils est mon épreuve. J'ai porté la vie de Thomas, je porte à présent son départ. C'est mon fardeau. Je peux et je veux faire quelque chose de ma vie, mais tout ce que je ferai, je le ferai en étant celle que la venue et le départ de Thomas ont façonnée. Avec mon éternelle loyauté envers mon petit garçon, avec ma vulnérabilité, mais avec ma dignité également.

***

Samedi soir, la femme de mon père organisait un souper pour la fête des Pères. Je n'y étais pas. Pour ma conscience, j'ai promis que j'irais déjeuner avec eux dimanche matin.

Malgré mes maigres deux heures de sommeil, j'ai fait un aller-retour dans les Cantons de l'Est. Mon père et sa femme étaient heureux, ils avaient leurs trois enfants avec eux. Ça n'arrive pas souvent. Nous étions tous heureux d'être là. Nous ne disions rien, mais je pense que nous cinq considérions l'importance d'être réunis puisque nous n'avons aucune idée de ce qui nous attend.

Nous savions que bientôt, nous saurions. Nous saurions si le cancer avait frappé à nouveau.

Hier, c'était l'anniversaire de mon père. Bien que son état ne lui permette pas de manger de gâteau, il a soufflé ses soixante-trois bougies. Pour le faire sourire, je lui ai chanté de ma voix la plus sensuelle au téléphone le "Happy birthday" de Marilyn Monroe.

Ce matin, il avait rendez-vous au CHUS et le couperet est tombé: la nouvelle masse est presqu'assurément cancéreuse. Nous nous en doutions tous.

Habituellement, face à ce genre de diagnostic, on ferme les yeux, le couperet tombe, on soupire de soulagement d'enfin savoir, on prend une grande respiration qui peut durer plusieurs jours, plusieurs semaines, puis on finit par dire: "Ok, c'est bon, maintenant que j'ai encaissé, dites-moi quels sont les choix qui s'offrent à moi". On s'en remet à plus grand, c'est-à-dire en la sacro-sainte Sainteté des médecins.

Ce fut ainsi pour mon père, pour nous tous. Sauf que là, rien, niet, nada. On ne fait rien. On attend. Parce que la tumeur est très mal située du point de vue d'une opération ou d'une éventuelle radiothérapie, on doit simplement guetter le développement. Attendre.

Je ne blâme personne parce que bien entendu, ce n'est pas la faute des médecins si la tumeur a choisi de s'installer là. Je nomme simplement l'état lourdement passif de l'attente.

Attendre en sachant qu'en soit grandit une tumeur dont on ne fait qu'observer l'évolution. Pas vraiment de contrôle sur la situation. Attendre. Le jour où les ravages deviendront plus grands que les risquent de l'éliminer immédiatement, là, on réévaluera la situation.

Il s'agit de la troisième récidive du cancer en deux ans. Ces tumeurs sont dues aux abus d'alcool et de cigarette. Enfant, je dessinais des têtes de mort sur les cigarettes de son paquet, je dessinais des cartes avec de gros X sur d'approximatives bouteilles de bières, je pleurais au téléphone pour le supplier d'arrêter.

Durant des années, nous l'avons sermonné, nous avons condamné ses habitudes, je lui ai écrit de longues lettres pour lui expliquer à quel point cela me blessait de le voir s'auto-détruire, mon frère, ses frères, sa femme ont fait pareil. Pour le punir, sa femme l'a privé de sexe (se privant du même coup). Nos moyens coercitifs ne furent pas suffisamment persuasifs sur une décision qui n'est nullement démocratique.

Mon père a fait ses choix. Nous avons cessé de perdre nos énergies à tenter de le convaincre de quelque chose qu'il ne voulait pas changer. Nous avons lâché prise. Parfois en secouant la tête, parfois en nous mordant l'intérieur des joues.

À présent, nous ne faisons que l'accompagner. C'est lui qui porte le fardeau des choix de sa vie, mais c'est nous qui assurons ses arrières. Parce qu'il doit manger de la purée depuis huit mois, parce qu'il est horriblement maigre -et faible, parce qu'il ne peut plus conduire sa voiture, parce que son moral a eut besoin de beaucoup de notre support, c'est toute la famille qui assume ses choix.

Pourtant, malgré ma rancoeur envers lui d'avoir fait des choix qui n'étaient pas les miens, je ne le laisserai pas tomber. J'aime énormément mon père. Nous attendrons avec lui. J'attendrai avec lui.

samedi, juin 16, 2007

Symbolique de la page titre

Plus que deux semaines pour rédiger les deux derniers travaux d'un cours qui s'éternise et me siphonne depuis des mois par mon désengagement à son égard.

Le contenu est intéressant, mais je suis ainsi, je procrastine jusqu'à la dernière minute, jusqu'à ce que la pression devienne à ce point forte que je me mette à rédiger de façon torentielle.

Le pire est de me motiver à commencer. Même si je n'ai qu'une idée approximative du sujet du travail, l'ampleur du boulot ne me stresse pas. C'est mon inaction qui me tue.

Il me suffit pourtant de rédiger la page titre pour que tout le reste coule de lui-même. Ce n'est qu'une page blanche avec les infos habituelles: date, nom, numéro de groupe, nom de la tutrice, sigle du cours, titre bidon.

Rédiger la page titre est tellement porteur de sens que j'ai l'impression, une fois que c'est fait, d'avoir déjà rédigé les trois quarts du travail. Rédiger une simple page titre crée chez moi de façon prématurée un élan de triomphe considérable et gonfle mon narcissisme estudiantin, suscite cette quête du sentiment d'accomplissement merveilleux qui fait que je ne suis plus arrêtable.

Puis, je me relis, je me sens aussi brillante que légère lorsque j'envoie le tout à l'impression et me voilà à nouveau une femme libre et sans contraintes.

La page titre préparée signifie la première brique, le premier pas, le début de la fin de ma procrastination.

Je viens d'allumer mon portable.

Au boulot!

vendredi, juin 15, 2007

Chroniques d'une anti-magasineuse déprimée

Avant de débuter mon billet, voici quelques énoncés véridiques:

1) Ma femme de ménage a 58 ans.

2) Je ne possède plus mon corps d'adolescente.

3) Je déteste magasiner.

Je me disais récemment qu'il était, d'un point de vue purement physique, dommage que j'aie eu mes enfants si tôt. Malgré mon grand bonheur d'avoir une famille nombreuse, j'aurais volontiers profité de ma chair fraîche de jeune femme quelques années de plus. Déjà que le potentiel de "perfection physique" d'une femme est limité temporellement par rapport à celui d'un homme, par mes choix, j'ai sacrifié mon corps et raté quelques unes de ces années.

Après mes quatre premiers enfants, obsédée par mon rachitisme, je ne savais apprécier ma sveltesse, ni même l'exploiter en portant de jolis bikinis.

Aujourd'hui, notre femme de ménage, fort épanouie, me fit part de son appréciation de ses moments au bord de sa piscine "en bikini".

Je me dis donc que j'étais peut-être extrêmement sévère envers moi-même, que si une jolie femme de 58 ans pouvait porter un bikini, je pouvais peut-être me réconcilier avec mon extrême pudeur et risquer le coup au lieu de pleurnicher sur mon sort et de me dire une fois rendue à 58 ans que finalement, à 32 ans, j'aurais pu en porter un.

Convaincue par le touchant témoignage de notre FDM ainsi que par la nécessité qui est ce qu'elle est, je pris ce soir mon courage à deux mains et décidai d'accepter le décès imminent de mon vieux maillot de presque sept ans.

Grand-Homme accepta de m'accompagner. J'en fus heureuse parce que:

1) Tourner en rond durant vingt minutes pour chercher du stationnement me met hors de moi (je deviens frustrée contre les propriétaires de voitures, que je soupçonne irrationnellement d'aimer magasiner et de prendre encore toutes les places de stationnement qui pourraient être libres autrement).

2) Un avis extérieur pourrait toujours être utile, malgré la fâcheuse et galante tendance de mon Homme à vouloir me dire les mots gentils qui réconfortent plutôt que les mots francs mais percutants qui désillusionnent sur mon allure réelle.

3) Comme je déteste magasiner, partager mon calvaire pourrait l'alléger.

Avant de poursuivre, voici quelques platoniques constats tirés de mes observations:

a) Les mannequins sont toujours parfaitement proportionnés (tiens donc!).

b) Sur un mannequin parfaitement mince et proportionné, un maillot, même affreux, finit par n'avoir pas l'air si moche.

c) Les patronistes de maillots semblent penser que les femmes ont tous des seins énormes.

d) Les patronistes de maillots semblent considérer uniquement deux types de femmes: les nymphettes et les femmes obèses appréciant les imprimés de palmiers et les nénuphars.

e) Je ne suis pas une nymphette.

f) Je ne suis pas obèse.

g) Je déteste magasiner.

Après l'essai de TREIZE maillots, je me suis découragée. De voir le jeune femme de la cabine du bout de la rangée essayant un maillot qui lui seyait à ravir m'acheva.

Ne me restait que ces solutions:

a) Repartir chez moi bredouille en pestant contre les patronistes qui ne pensent qu'aux filles parfaites, aux obèses et jamais aux grandes.

b) M'empiffrer de chocolat jusqu'à ce que mon corps atteigne une taille convoitée par les patronistes.

c) Me précipiter à la cabine du fond pour forcer la jeune fille au corps parfait à avaler tout ce chocolat ET PLUS VITE QUE ÇA de façon à partager mon terrible fardeau.

d) L'étrangler froidement avec son soutien-gorge au fond de sa cabine, plaider la folie passagère et pour soulager ma conscience, me confier à Grand-Homme, qui ne pourra de toute façon témoigner contre moi.

e) Boycotter les maillots à jamais et pratiquer le nudisme.

f) Me convertir à l'islam et déménager en Irak.

g) Me faire confectionner un maillot sur mesure.

h) Angoisser car finalement, comme je n'ai pas trouvé de maillot, je vais devoir récidiver bientôt.


Hm. Finalement, je n'ai rien à rajouter que... Je suis déprimée par mon statut de cliente oubliée...

Le Canada, un pays libre!?

Les Canadiens et les Québécois ont souvent critiqué leur système de justice.

Par le passé, j'ai été choquée de l'incroyable gaspillage de fonds publiques au ministère de la Justice, des peines ridicules purgées par des récidivistes (ou encore leur possibilité de libération après le tiers de leur peine), dans certains cas, de peines purgées dans la société dites plus efficaces que l'emprisonnement (bien qu'à présent, après qu'on m'ait démontré la pertinence du concept, je l'approuve) ou les délais extrêmement longs pour le début de certains procès.

Là, je suis outrée d'apprendre ici qu'au Canada, un conjoint ne peut pas témoigner contre l'autre conjoint dans un procès.

C'est odieux! Cela signifique que si je suis témoin d'un meurtre crapuleux perpétré par Grand-Homme et que je détiens le fardeau de la preuve, par solidarité conjugale, mon témoignage ne pourra être accepté. "Règle d'incompétence conjugale". À quoi ça sert cette règle passéiste? À "préserver l'harmonie matrimoniale". Oh pardon, selon la Cour, à servir "des raisons politiques basées sur des intérêts sociaux plus larges".

N'est-ce pas franchement rétrograde? Notre système privilégie "l'harmonie matrimoniale" à une réelle justice.

Si un psychiatre estime son client potentiellement dangereux pour la sécurité du public, il est non seulement autorisé à briser le sceau du secret professionnel, mais il doit prendre les mesures nécessaires pour le dénoncer. L'épouse, quant à elle, demeurera muette aux yeux de la Justice.

Dans le cas relaté dans l'article de Radio-Canada, tant pis pour les familles ruinées des deux victimes, il ne faudrait pas que le couple de Monsieur l'Assasin soit menacé par les aveux de sa tendre épouse.

Pfff.

jeudi, juin 14, 2007

Derrière l'écran

Dans un ordre d'idée beaucoup plus tragique, j'ai appris il y a quelques jours le décès de René, en lequel le fichu cancer a décidé d'étendre ses tentacules en à peine quelques mois.

J'y pense beaucoup depuis plusieurs jours et même si je ne connaissais pas cet homme, sa mort m'affecte, me fait réfléchir.

À travers notre écran, nous sommes parfois anonymes, parfois pas. Toutefois, deux choses sont certaines:

1) à travers la fenêtre d'un blog, nous avons la possibilité de livrer les aspects de nous-mêmes que l'on veut bien dévoiler (donc d'avoir le contrôle sur notre degré "d'auto-livraison");

2) à travers la fenêtre d'un blog, il est souvent plus facile que dans le mode de communication face à face de faire connaître ses tréfonds, son essence (donc d'avoir une zone de fluidité absolue pour laisser couler les grandes réflexions, les grandes douleurs, les grands pans occultés de nous-mêmes).

Dans la réalité, sommes-nous si nombreux à parler de ce qui nous touche réellement, sommes-nous si nombreux à nous intéresser, à écouter vraiment ce qui touche nos pairs, ce qui les anime, ce qu'ils ont à dire?

Je visitais le blog de René parce que sa créativité me touchait, me faisait rire. Sa passion transparaissait dans ses billets.

À plus d'une reprise, j'ai été conquise par ses photos-romans, j'ai éclaté de rire devant son audace, ses expressions, son humour exquis, sa vitalité. Sa volonté de vaincre son assaillant, aussi.

Encore empli de cette volont de vivre, il a laissé un message fort bouleversant. Je le réécoute régulièrement, pour me mettre dans la face une réalité crue que je tente d'intégrer.

Lu dans le journal local


Une chronique vétérinaire. On y relate le cas de madame Tanguay, qui jardinait tranquillos par une journée splendide. Carlos, son petit chien, était au comble du bonheur.

Un peu plus tard, alors que la famille était attablée, le pauvre petit Carlos attira leur attention: il titubait, perdait l'équilibre, son corps s'affaissait. Son état s'aggravait rapidement, il fallait réagir!

Après contact avec la vétérinaire et questionnaire d'évaluation rempli, on diagnostiqua que Carlos s'était intoxiqué avec une dilution d'engrais. S'ensuivit une visite à la clinique vétérinaire et un traitement approprié.

Le cabot finit par retourner chez lui sain et sauf. Fiou.

On termine la chronique en spécifiant que l'histoire est véridique, mais que le nom du chien a été modifié, ainsi que celui de sa propriétaire. Pour préserver leur anonymat, bien entendu.

Heureusement, car avoir été "Carlos", j'aurais ressenti une forme d'humiliation sévère de savoir que mon histoire avait été publiée dans le journal. Cela aurait pu grandement affecter mon estime canin que Brutus, Fido et la belle Daisy sachent que j'avais manqué de jugement et léché un produit hautement toxique.

S'il avait fallu que la vétérinaire n'ait pas la présence d'esprit de songer à la préservation de mon identité, ç'aurait pu anéantir toutes mes chances de séduire Daisy, qui est si adorable depuis que sa propriétaire lui a affublé les oreilles de ces splendides bouclettes roses estivales.

Ce n'est pas parce qu'on est un chien qu'on n'a pas droit à des services confidentiels. Cette vétérinaire l'a compris.

Wouaf!

mercredi, juin 13, 2007

Logique d'enfants

Halte à l'épicerie.

Département de la boulangerie.

Je prends quelques pains et aperçois deux charmants messieurs en uniformes. Petit Caractère les observe depuis un moment.

Département de la viande.

Petit Caractère tire sur ma manche pour me murmurer quelque chose à l'oreille: "Regarde maman, deux policiers".

-Hm-hm, je les ai vus.

-Mais maman! Les policiers vont acheter de la viande!

-En fait, ce sont des pompiers. Et oui, les pompiers mangent comme nous. Ce sont des humains.

-C'est pas des pompiers.

-Eh oui.

(Perplexe, m'offrant son argument-massue) -Ah oui? Ok d'abord, si ce sont des pompiers, ils sont où leurs boyaux, han?


***

En préparant les sandwichs...

Moi -Tu sais ce que je vais faire aujourd'hui?

Tout-Doux -Quoi?

Moi -Je vais me faire hypnotiser.

Tout-Doux -Pourquoi?

Moi -Parce que j'ai des soucis et j'espère que je pourrai m'en débarrasser de cette façon.

Tout-Doux, déposant son couteau -Ben maman!

Moi -?

Tout-Doux -Moi aussi j'ai des soucis!

Moi -Ah oui?

Tout-Doux -Mais oui, je t'en ai déjà parlé...

Moi -Quels soucis?

Tout-Doux, baissant le ton, pour ne pas trop réveiller le démon -Tu sais, au sous-sol....le lion...

Moi -?

Tout-Doux, soupirant de mon ignorance -Le lion qui me surveille chaque fois que je passe à côté de la chambre de rangement!

Ah oui, celui-là. Voilà qui justifie assurément une sérieuse séance d'hypnose.

mardi, juin 12, 2007

Ma popularité

Nous avons tous un contexte privilégié dans notre vie où, en s'y immergeant, notre popularité croît subitement d'une façon incroyable. Pour certains, il s'agit du milieu professionnel, du cercle social, du gym, du Cercle des Fermières ou d'une quelconque équipe de baseball.

Je vous avoue humblement que je ne suis une femme populaire ni dans mon milieu de travail, ni dans mon réseau social, ni même dans un quelconque cercle ou rectangle d'intellectuels.

Toutefois, à l'inverse de Cendrillon, ma notoriété croît magnifiquement en fin de soirée. Il suffit que huit heures sonnent pour que ma popularité atteigne des sommets inespérés et que je sois glorifiée, louangée, convoitée comme jamais.

Comme les oreillers possèdent, chez nous, la faculté de réactiver la mémoire, dès que les enfants y déposent leurs têtes, TOUT leur revient à l'esprit EN MÊME TEMPS à ce moment. De la feuille qu'on a oubliée de me faire signer à l'incident fâcheux qui s'est produit à l'école, d'une bêtise qu'un membre de la fratrie a faite et qu'il faut absolument que je sache maintenant à la sempiternelle question: "Quand est-ce que la piscine va être prête?" à la réitération de leur amour pour moi ou de mon illustre beauté, il faut s'attendre à tout.

Cela a pour effet de faire empiéter le temps des enfants sur mon essentiel Sacro-Saint Silence de fin de journée.

Chaque soir, au rituel des couchers, je raconte ma journée à ma marmaille. Ils en sont avides. S'ils sont agités ou m'ont fait répéter en soirée, ils ont droit aux grandes lignes d'une façon extrêmement platonique. S'ils ont été sages (lire ici: si mes réserves de patience ne sont pas épuisées), je leur offre une version enrichie avec détails colorés. Parfois même, les bonus de mes expéditions dans la jungle et mes batailles avec différents animaux aussi terrifiants que mystiques.

Évidemment, si les agités n'ont obtenu qu'une piètre version de mes activités quotidiennes tandis que dans la chambre d'à-côté, les sages ont eu droit au récit exhaustif, il en résulte une bruyante déception qui devient parfois un feu à éteindre.

Certains soirs d'intense chaleur, des oreillers émanent une espèce de phéromone d'imagination qui fait que les enfants se relèvent pour venir me voir dix-huit fois plutôt qu'une avec des raisons aussi farfelues les unes que les autres.

Récemment, l'heure du dodo fut extrêmement pénible et il en résulta que les petits obtinrent la version abrégée de ma journée tandis que Grand-Charme, bien calme, s'était vu dévoiler les détails les plus sensationnels.

Tandis que je chantonnais avec désinvolture les deux seules paroles connues de l'honorable pièce Tites patates (de Patrick Groulx) -technique généralement équivalente à un frottage de menton avec le pouce et l'index pour stimuler la réflexion, une lamentation d'insatisfaction en provenance de la chambre d'à côté attira malheureusement mon attention. Je soupirai.

"Mamaaan, c'est pas juste, t'as pas chanté Tites patates dans ma chambre!"

-Petit Caractère, tu te couches et TU DORS.

-Mais mamaaaan! T'as JAMAIS chanté Tites patates dans ma chambre, jamais-jamais!

-C'est vrai, et ce n'est pas ce soir que ça va se passer.

-Maiiiis mamaaaaan! S'il-te-plaît, je veux juste que tu rentres dans ma chambre et que tu dises "tites patates, tites patates". Juste une fois. Après tu t'en vas et je ne me relève plus. Han maman???

Non seulement ma popularité avait dépassé en sollicitation tout ce que j'avais connu comme gloire, mais je venais de me découvrir un nouveau créneau à succès: la chanson absurdo-grossière.

Cela confirma la tenace impression qui m'habite depuis presque treize ans: je suis une mère aux possibilités infinies.

PS. Après maints essais pour insérer un fichier mp3 à ce texte, je rends les armes.

dimanche, juin 10, 2007

Crémeux et rafraîchissant

La semaine dernière, une blogueuse à l'âme très exploratrice a tenté de séduire son lectorat par sa recette maison de cappucino glacé. Elle a fort bien réussi en ce qui me concerne.

Grande amateure de ce dément nectar à défaut d'en être une de café, je suis déjà accroc à sa recette maison. Vous avouer le nombre de verres de ce délectable breuvage ingurgité par moi seule durant le week-end serait de vous démontrer à quel point je suis une personne excessive. Euh...eh bien quoi? J'étais déshydratée après la quinzaine de kilomètres à vélo! :-)

Alors, puisqu'en perpétuelle quête d'amour, pour tenter à mon tour le coup de la séduction, voici:

Cappucino glacé

-6 tasses de café fort (9 cuillères à thé pour 6 tasses d'eau)

-9 cuillères à thé de sucre

-une tasse de lait (j'en mets un peu plus)

-aléatoirement, quelques cubes de crème 15% et de lait glacé

-quelques cubes de glace

Passer le tout au malaxeur.

C'est un DÉLICE!

J'ai rajouté dans un de mes mélanges quelques gouttes de vanille. Grande amateure d'Amarula, j'ai pensé tenter ultérieurement l'expérience avec pour agrémenter mon mélange. J'imagine aussi très bien avec Bailey's ou kalhua...

samedi, juin 09, 2007

Prometteuse jeunesse

Ça sent la fin d'année scolaire à plein nez.

Les enfants ont commencé à ramener des livres, les examens approchent, la fébrilité de la fin des classes les anime, les galas Méritas soulignent la performance des élèves talentueux et les spectacles de musique ont lieu.

Je suis toujours impressionnée par le travail des professeurs de musique qui doivent coordonner tout le travail des élèves avec différents instruments, avec souvent une quinzaine de groupes différents, des chorégraphies pour chacunes des pièces et parfois plusieurs pièces par groupe.

L'an dernier, le spectacle de l'école de Fils Aîné était majestueux et nous nous disions que le travail de recherche (spectacle de musiques multiethniques oblige), pour en arriver à un tel résultat avait dû être ardu. J'en retenais pudiquement mes larmes devant la passion du professeur mais surtout, devant la fierté et la rigueur des élèves. Sans mots devant tant de beauté musicale, nous avions pourtant dû en trouver pour écrire une lettre à l'enseignante afin de lui témoigner notre appréciation.

***

Cette annnée, cette même professeure a migré vers l'école de mes petits et je m'en réjouis. Tel que je l'imaginais, elle a su faire monter d'un (ou deux, ou trois) crans le standing musical de notre petite école loin d'être à vocation musicale. Elle a un don merveilleux pour mettre en harmonie le chant, le xylophone, la flûte, la guitare, le tam-tam. Avec elle, les élèves se surpassent et je m'émeus devant la rigueur, la musique, la fierté des enfants.

Regarder les petites filles timides jouer nerveusement avec les coutures de leur jupe en chantant et en se dandinant le haut du corps me fait me désoler de n'avoir pas de petite fille à moi qui joue nerveusement avec les coutures de sa jupe en chantant et en se dandinant le haut du corps.

De voir les garçons plus indisciplinés être ramenés à l'ordre par un discret geste du professeur me fait sourire. De voir mon Grand-Charme simuler jouer de la flûte au lieu de suivre le groupe m'émeut parce que dans ce geste, il affiche ce dont il ne se cache pas dans d'autres contextes: il n'aime pas la musique. Grand-Charme, c'est un garçon de show, un théâtral, une vedette sensible.

Volonté de fer requise pour une mère comme moi d'essuyer discrètement ses larmes d'émotion.

***

Puis, hier soir, on monte encore de quelques crans: spectacle du groupe de comédie musicale de l'école de Grand-Homme sur le Big Bazar de Fuguain.

Wow.

Coup de barre de fer dans le coeur. J'étais, encore une fois, bouleversée de voir l'assurance, l'aisance et la passion des jeunes pour leur art. Ils étaient magnifiques, talentueux, fluides. Et ils avaient l'air heureux.

J'étais fascinée de voir le travail, la discipline autant pour les comédiens/chanteurs que pour les musiciens de l'harmonie encadrés par un professeur-pieuvre. Re-wow.

Tant de potentiel dans ces beaux ados. Encore une fois, j'aurais pleuré de la fierté de voir les "petits" devenir grands, j'aurais pleuré d'être humaine et de faire partie de cette même espèce pleine de promesses.

J'aurais aimé que Grand-Charme nous accompagne. Il aurait adoré!

Dans ces situations d'accomplissement, je me dis toujours: "C'est décidé, je vais en faire deux ou trois autres." Pour avoir un encore plus large éventail de fierté, pour voir encore plus de potentiel humain -issu de moi!- être exploité, pour pouvoir m'émouvoir encore plus devant l'énergie, la fougue, la passion, le talent, la volonté, le travail.

Puis, je rentre chez moi émue, amoureuse de tout ce qui m'entoure, conciliante.

Puis, je vois la tonne de vaisselle sale qui traîne sur le comptoir, les jouets qui traînent sur le plancher, la tonne de lavage qui attend, la salle de bain qui hurle pitoyablement sans que personne ne l'entende: "Au secours, lavez-moi, je ne me sens pas bien dans ma peau, je ne respire plus"....et je me dis que je n'ai aucune allure d'avoir des aspirations familiales de si grande envergure, que les enfants, c'est magnifique, oui, mais qu'il faut savoir les assumer gaiement sans se sentir continuellement contraint par l'aspect domestique, logistique et prenant de leur éducation.

Et je soupire. S'émouvoir devant le spectacle final, l'accomplissement ultime, c'est une chose, mais au quotidien, ces petites bêtes de succès, il faut les encourager, assumer leurs incessantes demandes, leurs bouderies, leurs obstinations, leurs sales gueules quand ils sont contrariés, il faut les soutenir et les écouter, leur consacrer amour, énergie et temps. Et Ô, plus on a d'enfants, plus le temps imparti à chacun s'en trouve amoindri. Et à cette étape, c'est la culpabilité maternelle qui prend la relève. Ils exigent un si grand don de soi!

Il y a deux ans, parce que je voulais faire plaisir à tout le monde, nous avions une vie de fou: le lundi, il y avait le violon de Grand-Homme et le piano de Tout-Doux. Le mardi, mon piano. Le mercredi, ALLELUIA, RIEN! Le jeudi, le plongeon de Fils Aîné. Le vendredi, le théâtre de Grand-Charme. Le samedi, jour de repos. Le dimanche, cours de valse viennoise pour Grand-Homme et moi.

À ce rythme, les jeunes ne risquent-ils pas de s'épanouir au prix de parents vieillissant prématurément? Il nous faut souffler un peu!

Et, en toute honnêteté, je ne pourrais m'enorgueillir uniquement des accomplissements de mes enfants. J'ai besoin d'une zone réservée, une bulle intacte, un espace de réalisation autre que maternel.

Cet espace, pour moi, c'est le travail.

Et vous?

vendredi, juin 08, 2007

Odeurs de vanité

Fils Aîné prend très au sérieux son nouveau statut d'adolescent. Il voue à son image physique, son style et son hygiène corporelle un soin quasi démesuré.

Si certaines filles sont vendues aux crèmes diverses et au maquillage, Fils Aîné, en fait de rituel beauté, n'a rien à leur envier. C'est ainsi que chaque matin, il se coiffe avec soin, utilise religieusement (*ALERTE* Exagération maternelle!!! *ALERTE*) son déodorant, ses crèmes pour la peau et le rasoir électrique que lui a offert son père.

Ce matin, il y eut innovation dans sa rigoureuse toilette. Après la délicate opération, il vint me voir dans le bureau arborant des effluves nouvelles pour quémander ma féminine opinion sur l'effet olfactif de la lotion après-rasage offerte par sa marraine.

Bien que profondément incommodée par l'odeur qui me donna envie d'éternuer, je me fis un devoir d'épargner son jeune mais Ô combien puissant ego: "Euh...c'est plutôt... concentré."

Je humai son cou pour évaluer l'odeur réelle par rapport à l'odeur surexploitée.

"L'odeur n'est pas mauvaise. Je crois simplement que tu en as trop mis. Quoique...attends un peu, elle va peut-être finir par se dissiper..."

Confiant de la pertinence de l'opinion de sa mère, il partit améliorer les bases de Légo dans la chambre de Grand-Charme.

Au bout d'une trentaine de minutes, je descendis au sous-sol et décrétai à ces jeunes hommes que nous allions prendre une marche.

Je me dirigeai vers la chambre de Grand-Charme. C'est là que, prise d'un profond dégoût, je me mis à toussoter.

"Pouaaah! Ah que ça sent mauvais ici! Non, Fils Aîné, tu as VRAIMENT exagéré avec la quantité d'après-rasage! C'est vraiment trop concentré! Sors d'ici!"

Interloqué, il me regarda comme si je venais de lui proférer une impardonnable insulte.

Voyant qu'il ne bougeait pas, je le pressai: "Fils Aîné, reste pas ici! Tu te souviens de ce qui est arrivé la dernière fois que tu as abusé des odeurs! Tu te souviens aussi de comment ça s'est fini. Ouste!"

C'est alors que Grand-Charme réalisa le grave danger qui se tramait sur son territoire. Hystérique, il se mit à pousser de grands cris aïgus et se rua sur la cage de son animal.

Il le sortit de là et héroïquement, il lui prodigua une respiration artificielle nouveau genre qui consistait à prendre la tête de l'animal dans sa bouche tandis que lui-même respirait par le nez tout en continuant de pousser ses cris perçants.

La scène était d'un ridicule et mes requêtes le sommant de cesser d'entretenir ses angoisses théâtrales demeuraient stériles.

Nous convinrent donc qu'il pourrait apporter son animal avec nous en promenade afin que Chicko puisse "renouveler avec nous l'air de ses petits poumons".

Dans l'espoir naïf qu'une promenade au grand air améliore la situation chez mon fétide aîné, je lui suggérai de nous accompagner. Devant son hésitation, je lui avouai cruellement que si j'étais une fille de sa classe, je ne m'asseoirais pas à ses côtés aujourd'hui.

Il fit quelques pas avec nous, puis déclara d'un air mystérieux qu'il allait rentrer à la maison. Quelques minutes plus tard, alors que je rentrai pour récupérer mes clés, je compris à son torse nu que mon aîné possédait un excellent jugement: il s'enlignait pour une douche.

jeudi, juin 07, 2007

Solidarité humaine

Je me pose sans cesse des questions, et malheureusement, rarement des questions simples. Vraiment dommage, mais mes parents, lorsqu'ils m'ont conçue, bien que m'ayant plutôt bien réussie, ont oublié de doter mon cerveau et ses interminables questionnements existentiels d'un piton "off" .

En suspend dans mon esprit depuis quinze mois: cette question sur la compassion et les élans de ces deux mamans Algériennes...

Lorsque Thomas est décédé, la mère du meilleur ami de Fils Aîné (femme magnifiquement humaine et excellente couturière) a accepté de fabriquer l'intérieur de son cercueil. Elle a conçu pour Thomas un nid magnifique et y a brodé l'espiègle petite grenouille de son casse-tête préféré. Elle y mit, je crois, toute sa sincérité et sa compassion.

Plusieurs proches ont préparé pour nous des repas (une bonne chose, car durant plus d'une semaine, "j'oubliais" de manger, ne ressentais plus la faim, mais uniquement cette dévorante douleur de l'amputation maternelle). Une de mes cousines a préparé des tartes (délicieuses, dont nous avons mangé la dernière récemment), un organisme communautaire dont je faisais partie nous a apporté une quantité incroyable de nourriture et de plats préparés par leurs cuisines collectives, les autres mamans de la garderie de Thomas ont préparé aussi des repas.

Il y eut même un voisin à qui nous ne parlons pas beaucoup qui eut pour nous un geste qui me toucha profondément: environ deux semaines après la mort de notre fils, il vint frapper à notre porte pour nous dire qu'il avait préparé un gâteau le matin même et qu'il avait pensé faire une recette double pour nous en apporter un. Un délice de gâteau à la solidarité.

Nous avons reçu des cartes de personnes que nous ne connaissions pas et entre quatorze séances de larmes, nous riions de tenter d'imaginer qui pouvaient bien être ces inconnus.

Au salon funéraire, les éducatrices du service de garde, les professeurs des enfants avec chacune une grande enveloppe contenant les cartes de tous les élèves de la classe. Dans les cartes de Fils Aîné, des mots étonnamment touchants d'enfants de 11-12 ans. Dans celles de Grand-Charme également, de magnifiques mots d'enfants.

Ma famille, mon ami Alain qu'à peine une dizaine de jours avant, Thomas appelait sans cesse "gand-papa" (peu avant de mourir, Thomas hallucinait des grands-papas partout, c'était si mignon!), mes amies. Même mon ex est venu ici tous les jours s'occuper des enfants, du ménage, de la préparation des repas. Il était plutôt incongru de le voir changer la couche de ce bébé qui n'était pas le sien, mais il le faisait de bon coeur.

Le fils ado d'une amie et une autre amie ont proposé de s'occuper de Bébé durant les deux jours du salon funéraire. Ils se sont relayés pour les changements de couche, les dodos, le "caring".

Aussi, un camarade de classe de Fils Aîné est venu. Pas vraiment un ami, mais il était là, accompagné de sa mère, puis est allé naturellement porter une fleur à Fils Aîné qui, un peu embarrassé, l'a remercié. J'ai ressenti de la gratitude pour cette femme qui avait été sensible à nous qu'elle ne connaissait pas au point de se déplacer. Des tas de personnes venues pour nous et qui m'ont touchée par leur présence silencieuse. J'ai même ri intérieurement malgré ma torpeur et mon absence d'esprit en apercevant l'ancienne maîtresse de mon père!

Dans mes moments de mélancolie ou d'overdoses de responsabilités où j'ai l'impression de tout porter seule, je songe à ces moments de solidarité humaine et une bouffée de chaleur me réchauffe le coeur.

Pour certaines personnes nous connaissant moins bien, il pouvait sans doute être embêtant de ne pas trop savoir de quelle façon démontrer son empathie. Plusieurs personnes sont mal à l'aise face à la mort, doublement lorsqu'il s'agit de la mort d'un enfant.

Mes enfants, particulièrement Grand-Charme, ont beaucoup d'amis. J'ai toujours trouvé étrange et en même temps, été prise d'un profonde gratitude que deux mères Algériennes de ses copains pas particulièrement proches aient osé s'armer de courage et de solidarité pour venir vers nous là où les parents des amis Québécois et plus proches sont demeurés à distance.

La première maman est arrivée en trombe chez nous en se jetant littéralement dans nos bras en nous distribuant des "ma soeur, ma soeur, mon frère, je suis désolée, Ô ma soeur, mon frère!!!" à tours de bras en cherchant maladroitement des explications à une mort aussi subite qu'inattendue.

La deuxième, je ne lui avais jamais parlé, mais nos fils sont copains et elle nous a téléphoné pour nous offrir ses sympathies avec son bel et doux accent. J'en ai été fort touchée.

Je me suis depuis demandé si pour les membres de la communauté moins proches, il était normal, dans la culture algérienne, d'aller naturellement vers ses pairs lors des épreuves. Ou alors j'attribue à une culture des gestes qui appartiennent en fait uniquement aux individus qui les ont posés. C'est banal, direz-vous, le geste posé est le même au bout du compte, mais cette question ne me quitte pas.

Chez nous, pour les proches, les démonstrations d'empathie allaient de soit tandis que pour les membres plus éloignés, le contact était plus difficile, le tabou de la mort, le malaise, la culture plus individualiste créant une barrière. Devant l'hésitation, on occulte.

Il faudrait que je pense un jour remercier ces deux dames.

mardi, juin 05, 2007

Maurice et la terre ferme


Par un agréable dimanche ensoleillé, Momo roule dans la voie de gauche avec son 4 X 4 qu'il n'utilise pas assez souvent à son goût. Aux côtés de sa dulcinée sur cette route paisible, Momo est un homme heureux.

Par ce dimanche ensoleillé, Momo se sent libre et sans contraintes. Momo, bien que sachant généralement bien gérer son stress, apprécie les journées sans contraintes. Il sourit à sa dulcinée et lui pose amoureusement la main sur la cuisse. Dulcinée rougit de bonheur. Elle aussi, elle est heureuse. Elle est heureuse parce qu'aujourd'hui, elle a son Homme avec elle.

Après plusieurs kilomètres, le boulevard sur lequel roule Momo tombe à une seule voie. Momo clignote à droite pour ne pas se diriger ultérieurement vers les blocs de béton qui bloquent la fin de la route.

Soudain, il aperçoit dans son angle mort une camionnette blanche. Il ralentit pour la laisser passer. La camionnette garde une vitesse constante. Momo accélère donc pour la doubler. La camionnette accélère à son tour.

Momo retire la main de la cuisse de sa dulcinée. Il ralentit pour laisser passer la camionnette. Elle ralentit également.

Momo se sent contrarié et prononce spontanément un mot grossier: "Voyons tabarnak, branche-toi!".

-Maurice, je n'aime pas quand tu dis des mots grossiers, fait remarquer calmement Dulcinée.

Maurice soupire en vérifiant à maintes reprises son angle mort. Le conducteur de la camionnette semble s'amuser de sa non cession de passage et Momo n'apprécie pas que l'on s'amuse à ses dépends.

Il freine brusquement, espérant piéger le conducteur de la camionnette blanche. Ce dernier freine également et, apercevant dans son rétroviseur Momo infliger à son volant un coup de poing de découragement, il s'esclaffe impitoyablement.

Momo scande pour son interlocuteur indisponible: "TA-BAR-NAK! Crisse de cave! Parfait abruti!"

Dulcinée se redresse dans son siège, réalisant soudainement que les mots grossiers de Maurice sont destinés à une seule et même personne. D'effroi, elle pose la main sur sa poitrine et regarde autour d'elle. Elle estime avec justesse que tout reproche quant à l'écart de langage de son époux serait en ce moment superflu.

Momo réussit à détailler l'allure de l'hurluberlu: homme mi-quarantaine conduisant vitre baissée, le coude gauche accoté nonchalemment sur le cadre de la portière. L'individu porte une chemise blanche parfaitement repassée et Maurice reconnaît aux galons sur ses épaules l'uniforme d'un capitaine de bateau.

Maurice prend une grande respiration et serre les poings si fort que ses jointures craquent. Il est rassuré quand il sait à qui il a affaire. Il sourit malicieusement. Maurice, aujourd'hui, n'a pas envie de perdre sa bonne humeur.

Docilement, il accepte le manège de Capitaine. La voie est maintenant devenue unique et les deux conducteurs doivent obligatoirement tourner à droite. Capitaine passe devant.

Maurice a retrouvé son calme. Il tapote la cuisse ferme de Dulcinée qui, pudiquement recouvre ses genoux de sa jupe grise. Maurice lui sourit. Il aime sa femme.

La camionnette blanche termine d'embrasser la courbe et s'engage sur l'autoroute. Maurice la suit. Sociable, il anticipe avec joie le moment où il pourra serrer amicalement la pince de Capitaine.

Ayant retrouvé la liberté des voies multiples, Maurice se positionne à côté de la camionnette blanche et offre un sourire narquois à Capitaine.

Offusqué, ce dernier le méprise du regard et lève insolemment le majeur de sa main gauche.

Maurice estime que Capitaine manque de classe. Il l'imagine à la barre de son cargo et se demande s'il a plus de respect pour les conventions marines que pour les conventions routières.

Clément, Maurice ignore l'offense.

L'égo de Capitaine est heurté et il clanche Momo en le recoupant par le devant.

-MAURIIIICE! C'est un malaaaade! Fais quelque chose! Sac-à-papier! S'exclame Dulcinée.

Maurice pose une rassurante main sur la cuisse de son épouse et décide de prendre la prochaine sortie. Tant pis pour l'égo. Maurice est un homme responsable.

Capitaine, outré de se faire couper l'herbe sous le pied de son plaisir, freine brusquement et recule sur l'accotement pour accompagner Momo dans la sortie. Il le colle sans répit en ne manquant pas de faire gronder son moteur.

Maurice freine sèchement et Capitaine s'écrase net sur son pare-choc.

Capitaine frappe violemment le volant. Il est contrarié.

Maurice décide d'aller serrer la pince de celui qui vient de sodomiser son véhicule.

-Eh bien bonjour Capitaine!! Vous êtes un pro de l'abordage à ce que je constate! Alors, on aime jouer les corsaires sur la route?

-Va chier.

-Votre honneur, Capitaine! (il lui tend la main chaleureusement) Enchanté. Je m'appelle Maurice Bordeleau.

Capitaine sort de son véhicule, en fait le tour et évalue les dommages. Il se retourne vers Maurice: "Tabarnak! Tu as scrappé le devant de ma camionnette!"

Maurice s'impose de retenir son impertinent sourire en regardant le moteur fumer et le prestone s'écouler généreusement: "Eh bien Capitaine, il ne nous reste qu'une chose à faire."

Il lève les sourcils et brandit un constat amiable. Capitaine fulmine du regard.

Maurice s'installe sur la tôle retroussée du capot de Capitaine en ne lui tenant pas rigueur de sa position inconfortable: "Aloooors, Capitaine, je vais d'abord prendre votre nom."

Capitaine croise les bras et fixe le vide: "Gaétan Malenfant-Marleau".

-Pièce d'identité je vous prie.

Capitaine ouvre la portière coulissante de la camionnette pour récupérer la pièce requise dans sa mallette. Un sac de plâtre lui atterrit sur le pied.

Il marmonne un mot grossier et contrôle avec succès son envie de sautiller de douleur sur place.

-Un problème avec votre fret?, s'enquit gentiment Maurice.

Un permis de conduire lui arrive désagréablement par la tête. Il regarde Capitaine Malenfant-Marleau, le considère longuement sans perdre son calme: "Votre permis. Ramassez-le." Le ton est sans appel.

Capitaine se penche, scrute le sol sans succès.

-Là, à babord, précise Maurice en désignant la flaque de liquide vert sans quitter des yeux le constat.

-Tabarnak!

Maurice note avec soin les détails du malencontreux accident et en trace le schéma explicatif.

-Vous appréciez déployer le grand foc sur la route, Capitaine? Si vous voulez mon avis, vous allez devoir abandonner le navire.

Capitaine s'avance et montre les poings d'un air menaçant: "T'as fini de me faire chier oui ou merde?"

Maurice réclame la signature de Capitaine, qui méfiant, étudie la déclaration.

Capitaine rouspète sur quelques détails graphiques dont Maurice refuse de tenir compte. Ce dernier le saisit par l'épaule et lui conseille amicalement: "Capitaine Malenfant-Marleau, la prochaine fois que vous prenez la route, assurez-vous d'être convenablement amariné".

Capitaine a un moment d'hésitation. Il regarde s'éloigner Momo. Puis, une vague de panique s'empare de lui. Capitaine se sent aussi minuscule qu'une goutte d'eau dans l'océan Atlantique.

Maurice rejoint Dulcinée dans son véhicule indemne en envoyant la main à Capitaine sans se retourner.

Capitaine aperçoit les sirènes de la remorqueuse qui approche. Sa main tremble. Il regarde le constat amiable pour valider l'objet de sa crainte. Son attention se pose sur la signature à côté de la sienne: Maurice Bordeleau, Commissaire de la Garde côtière canadienne.

PS. Voyou, considère que j'ai abusé des gros mots spécialement pour ton plaisir personnel dans ce billet.

lundi, juin 04, 2007

Échantillonnage

Cent fois par jour, ces charmants moussaillons me font rire. Tantôt par leurs expressions, leur imagination, leur ruse ou leur candeur, tantôt parce qu'ils savent s'exprimer ou se tirer du pétrin avec des excuses aussi originales que lamentables.

Voici un échantillonnage des derniers jours...

***

Lassant parfois d'être de la fratrie celui a le plus de Légo et celui qui partage tout de surcroît. Les autres finissent par prendre certains droits pour acquis.

Grand-Charme s'en est plaint cette semaine: "Mamaaan! Tous mes frères se permettent d'aller dans ma chambre comme si c'était un jardin d'accueil pour les enfants pauvres!"

***

Vraiment étonnée de la générosité de mon frère dont l'amoureuse est venue nous porter une grande boîte remplie de provisions, je demande aux garçons tous attablés: "Vous les gars, lorsque vous allez être plus vieux, si jamais un de vos frères est dans une passe plus difficile, allez-vous l'aider?"

Grand-Charme s'empresse alors d'afficher son extrême générosité: "Moi je vais aller porter une banane dans leur boîte aux lettres!"

***

Conflit de fratrie, drame familial, scandale: Tout-Doux distribue de la gomme à tout le monde sauf à Coco (5 ans).

La victime d'exclusion se plaint, réclame que justice soit rendue "puisque lui, il partage toujours quand c'est lui qui a le paquet!".

Je demande au bourreau s'il aimerait se sentir le seul exclus de la fratrie. Il réfléchit, puis hausse les épaules: "Ça ne me dérangerait pas."

-T'es sûr? Il me semble que lorsque tu es le seul exclus de la chambre de Grand-Charme, tu es triste, tu te sens rejeté.

Il réfléchit, puis hausse les épaules à nouveau: "C'est ça la vie!"

***

dimanche, juin 03, 2007

Sept

Non, je ne parle pas des péchés capitaux. Parce qu'alors, vous en sauriez beaucoup, beaucoup trop sur moi.

Moi et ma couvée et ma copine Émilie m'ont taguée pour que je vous apprenne sept choses sur moi. Je suis un grand livre ouvert, que pourriez-vous savoir de plus que je ne vous aie jamais livré, outre le fait qu'en réalité, je suis un homme de soixante-quatorze ans schizophrène qui aime bien s'imaginer en femme en s'écrivant une vie?

Mes muffins sont au four et il me reste seize minutes devant moi.

1- Je ne me lasse pas des après-midis sur une terrasse avec sangrila, guacamole et mon amie So.

2- Ça m'émeut: mes fins de soirée de lecture dans le bain tandis que j'entends mon Homme chanter. Il a une voix enveloppante et il me touche.

3- Deux semaines avant la mort de Thomas, j'ai senti qu'il se préparait quelque chose de très grave, je sentais que j'allais perdre un de mes enfants. Une angoisse folle m'habitait et j'aurais menotté mes mousses à ma ceinture si j'avais pu pour les avoir à l'oeil 24h/24h et m'assurer de les tenir à l'écart de tout élément extérieur qui aurait pu m'en enlever un. Finalement, l'agresseur, le salaud, est venu de l'intérieur.

4 - J'ai accouché de mon sixième bébé dans l'eau. Une naissance magnifique, la plus belle de toutes. C'est le seul bébé dont je ne connaissais pas le sexe avant la naissance. Je me suis mise à pleurer de désespoir lorsque j'ai vu son pénis et ses énoooormes testicules flotter sur l'eau. Après cinq fils, j'avais tellement espéré avoir une petite fille! Mais bon, aujourd'hui, mon Minet, je ne l'échangerais pas, même contre la plus coquette des petites rouquines.

5- Il y a deux ans, je souffrais d'un grave complexe car j'avais l'horrible impression d'être la seule de mon entourage à n'avoir jamais vu le Rocher Percé.

Maintenant que c'est fait, il me semble qu'il y a toujours un proche, une amie, un membre de la famille pour débuter une phrase par: "Quand j'étais à Paris", "Quand j'étais en France" ou "C'était lorsque je suis revenu d'Europe". Je suis en train de développer un nouveau complexe: celui de n'avoir jamais été outre-mer.

6- Mes rêves sont d'excellents indicateurs de ce qui cloche dans ma vie, ce qui se prépare, ce qui me trouble. Je m'y fie beaucoup pour analyser certains aspects de ma vie.

7- J'ai l'habitude depuis ma tendre adolescence de me brosser les dents en me tenant sur un pied tandis que l'autre pied est déposé à côté du lavabo.

8 -Mes muffins sont prêts.

Délice du début juin

C'est la première année que cette sorte rampante de véronique (si je ne m'abuse) fleurit en même temps que la saponaire (une de mes vivaces préférées). Je trouve l'effet assez réussi!

Le reste de la plate-bande n'est pas encore à mon goût. Orgueilleuse, j'ai évidemment choisi mon plan de photo!




Début juin, c'est le temps des lupins. Courte floraison, mais en massifs, ils ont un réel panache avec leurs inspirantes érections mauves (oui-oui, je sais Gooba, je vais encore attirer des pervers en discutant d'inoffensif jardinage ;-) )! En mariage avec d'autres vivaces, ils sont encore plus remarquables.

samedi, juin 02, 2007

Leçon de toponymie

Ceci est un billet dénonciateur. "De quoi, de quoi?", me demanderez-vous avidemment? "Diantre, lisez la suite et vous le saurez!", vous répondrai-je aussitôt!

Ceci est un billet dénonciateur des gens qui abusent de la confiance que l'on place en eux. Vous savez, de cette confiance aveugle que l'on accorde à quelqu'un que l'on estime à un point tel que parfois, nous omettons d'utiliser notre propre jugement pour obtenir réponse à une question complexe dont nous pourrions très bien assumer seul le dénouement, ou alors même, pire encore, des questions très simples dont les réponses sont d'une évidence déconcertante?

Ceci est un billet dénonciateur de ce genre d'abus fait par mon Homme, qui prend un plaisir sadique à se foutre de ma gueule et qui ne rate pas une occasion pour le faire. Mon Homme, il est articulé, cultivé, très crédible pédagogue même quand il n'a aucune idée de ce dont il parle. Du gros, gros abus de confiance!!

Comme je me réfère souvent à lui spontanément pour obtenir une information dans mes épisodes de paresse intellectuelle, je lui offre une multitude de filons idéaux pour me bullshiter joliment.

Prenez cette fois où, recevant son Devoir du samedi, il s'exclame fièrement en voyant la première page: "Ah ben maudit, ils l'ont publié! Ils l'ont publié!". Et il se promène partout dans la maison, son journal à la main, le torse gonflé de fierté et expirant son bonheur à gorge déployée.

Et moi de le suivre naïvement en tentant de comprendre: "Quoi? Qu'est-ce qui se passe?"

Il finit par arrêter son (ridicule) manège et me montre la première page: une analyse politico-économique sur les hausses abusives du prix du pétrole. Devant le point d'interrogation dans mon visage, il pointe le nom du journaliste qui signe l'article. Je reconnais le sien et suis alors aussi ébahie que lui.

C'est alors qu'il m'explique: "Lorsque j'étais à l'université, avec quelques autres étudiants, nous avions fait une analyse sur le prix du pétrole et son influence par les situations politiques. Nous l'avions envoyée au Devoir, mais je n'aurais jamais cru qu'ils la publieraient, surtout pas plusieurs années après!"

Me voilà bouche bée. "Eeeeeh....Bien....Bravo! Félicitations! Je comprends que tu sois fier! C'est quand même fantastique: faire publier son article plusieurs années après qu'on l'ait envoyé!!".

Tandis que je lui distribue "gros comme ça" des félicitation pour "sa" première page, il continue son manège, se pavane, recueille goûlument mes généreuses flatteries.

Puis, il finit par éclater de rire et m'avouer: "Voyons Grande-Dame, penses-tu réellement que c'est moi qui ai écris ça? Je n'ai jamais signé d'article de ma vie! C'est simplement que le journaliste porte le même nom que moi!".

Et moi de l'assassiner alors froidement (du regard, s'entend).

Habituellement, il me dûpe sur des questions scientifiques, économiques ou politiques. Toutefois, féru d'histoire, c'est là qu'il s'en donne le plus à coeur joie.

En gros, ça donne à peu près ceci:

Nous revenons des Cantons de l'Est en fin de soirée, les cinq garçons sont endormis et nous écoutons tranquillos la musique que nous offre la radio.

Embarquons sur le pont Champlain. Je lis distraitement l'état de la circulation sur le tableau numérique du Ministère des Transports. On peut y lire: "Circulation sur le pont clement".

Je m'exclame aussitôt: "Circulation sur le pont "clémente"?" Quelle drôle d'expression! Veut-on nous signifier que le pont sera clément avec nous? Habituellement, on indique "circulation fluide"!!

Grand-Homme de saisir aussitôt l'occasion de me bullshiter royalement: "Oui, c'est tout à fait naturel. Voyons Grande-Dame, tu ne connais pas ton histoire? On fait référence à Clément. Oui, Clément, c'est bien ça, Clément Champlain."

Et moi (pleine de cette candeur qui me rend si irrésistiblement charmante), de répliquer: "Ah oui? C'est curieux, je ne me rappelle pas avoir entendu parler du pont Champlain comme étant le pont Clément".

Impitoyable, Grand-Homme en rajoute: "Non? T'as pas entendu parler de Clément? Clément Champlain, fondateur de la ville de Québec..."

Mon cerveau est éteint, je suis en mode "confiance aveugle", "jugement zéro", "références historiques indisponibles". Avec mon Homme, je ne me vets que trop rarement de mon nécessaire filtre critique.

Grand-Homme éclate de rire. Je lui inflige alors la claque sur la cuisse qu'il mérite. J'ai encore été la cruche idéale, il s'est encore fichu de ma gueule!

Nous continuons de rouler et si je regarde du coin de l'oeil, j'aperçois son sourire victorieux tandis que nous traversons Montréal.

Je m'auto-flagelle alors intérieurement, frustrée de m'être encore faite avoir: merde, je connais bien Samuel de Champlain, je connais minimalement mon histoire du Québec, quand même!! Clément Champlain, pfff!

Je secoue la tête de ma désespérante tendance à tout gober gratis ce qui vient de lui tandis qu'il savoure son plaisir sadique.

***

Arrivons sur le métropo.

Moi, avide de vengeance -Tu sais pourquoi la 40 s'appelle la 40?

Grand-Homme -(?)

Moi -La 40, tu sais pourquoi elle se nomme comme ça?

Grand-Homme, euh, déstabilisé? -Pourquoi?

Moi- C'est à cause de Roger Quarante, un grand personnage hystérique.

Grand-Homme me sourit tendrement, genre "Bel essai".

Bon d'accord, je ne suis nullement bullshiteuse dans l'âme.

Mais d'une façon ou d'une autre, j'obtiendrai revanche.