On me demandait récemment comment allait ma grossesse. Me plaindre de mes petits malheurs serait peut-être une insulte à celles qui souffrent de maux bien pires que les miens.
Toutefois, même si je suis capable de relativiser, les maux pires de certaines femmes n'amoindrissent pas nécessairement les renoncements que je trouve difficiles à cette grossesse (comme à la dernière).
Mes quatre premières grossesses furent faciles. Faciles parce que j'aimais être enceinte, parce que ma charge de travail était moins lourde, que je n'avais pas l'impression de faire de renoncements et que j'étais plus jeune et débordante d'énergie.
Je suis plus facilement amère à cette grossesse. Amère parce que la nature est ainsi faite que c'est la femme qui porte l'enfant du couple (et donc qui expose son corps à tous les malaises, à la prise de poids, aux vergetures, au manque de sommeil, à l'émotivité extrême, à l'essoufflement, à la fatigue, à l'inconfort physique et aux vestiges souvent permanents). Amère parce que c'est souvent la femme qui vit avec les renoncements professionnels intrinsèques à une grossesse, qui vit l'isolement social dû à ces renoncements (dans mon cas), qui se prive d'alcool (même si mon homme est solidaire pour cette question), amère de ne pas recevoir rigoureusement tout le soutien dont j'aurais besoin, amère parce que je ne pourrai pas sauter en parachute cet été ni recommencer l'escalade ou m'aventurer en expédition en montagne, amère parce que tout le crédit physique que j'avais gagné avec la course à pieds les mois qui ont précédé/chevauché ma grossesse a été perdu avec l'impossibilité de courir après le deuxième trimestre, angoissée que mon homme finisse par me trouver grosse, exigeante et moche (adieu mon cul d'acier!), amère de toutes ces injustices naturelles qui font que les hommes ont la vie beaucoup trop facile à mon goût durant ce calvaire féminin.
En bref, en dépit de mon attachement très grand à ce bébé, la situation de la grossesse me rend amère (et étonnamment, même si j'ai meilleur caractère qu'à mes grossesses précédentes).
Je sais que quoiqu'il arrive, il s'agit bel et bien de ma dernière grossesse. Je sais que j'ai assez donné, que mon corps s'est suffisamment offert comme nid douillet, qu'il sera ravi de retrouver son espace et son intégrité et que plus personne ne pourra lui soutirer quelle que contrainte physique que ce soit liée à la maternité après la naissance de cet enfant (et je ne parle pas de l'allaitement qui est un plaisir nécessaire, non une contrainte).
Mais vous savez, je me connais, je connais mon corps, mes besoins, mes capacités, mes réactions, mon esprit. Je connaissais déjà l'effet que cette grossesse aurait sur moi. C'est donc en toute connaissance de cause que je me suis embarquée dans cette nouvelle aventure et donc que je peux la qualifier de Grand Renoncement Volontaire (masochisme diront certains...MAIS...).
Ça, c'était le côté sombre. Une fois cette amertume nommée, je peux dire que cet enfant surclasse en matière d'agitation tous mes autres bébés, que j'ignore pourquoi il m'arrive naturellement de parler de lui au féminin alors que je n'ai jamais été intuitive pour la question du sexe de mes enfants, je peux dire que j'éprouve grande hâte de le mettre au monde, de faire sa connaissance, de le dévorer, de le prendre contre moi, de le respirer, de l'allaiter, de surveiller les légers soubresauts de son sommeil, de l'intégrer tendrement dans la fratrie, de voir ses frères passer près de lui en le bécotant, le caressant ou lui sussurant quelques mots doux au passage, de le voir grandir en m'émerveillant une fois de plus des merveilles que peut faire la génétique.
Je sais que ces moments viendront panser et compenser le côté sombre de la grossesse qui sera alors presque complètement derrière.
8 commentaires:
Chère Grande Dame, je ne laisse pas souvent ma trace ici, un petit homme de presque 2 ans et demi et un puce de 4 mois ça occupe! Mais je te lis toujours.
Je me reconnais beaucoup dans ce que tu écris sur la grossesse, si ce n'était de ce renoncement à ma forme je planifierais déjà la 3e grossesse malgré que je n'aime pas être enceinte ( mis à part pour afin avoir enfin des courbes que tous trouvent jolies... et que j'assume...) Les deux fois que je suis tombée enceinte après les quelques jours d'euphorie j'avais déjà hâte que ça finisse! ;-P
La nature est ainsi faite que les hommes n'ont pas à souffrir et se fatiguer bien fort pour faire des enfants et ça me fâche....À part les porter ces beaux bébés et en vivre les conséquences que tu énumères, c'est aussi nous qui devons travailler pas mal fort pour perdre les kilos en trop après la naissance, et retrouver nos formes "d'avant" alors que la baloune a tellement été étirée que parfois c'est juste impossible...
Ma petite a 4 mois et je suis en plein dedans.... je te remercie pour ton texte, il illustre bien pourquoi je dis à mon chum d'attendre encore un peu pour fabriquer notre petit dernier!
Tu as dû passer quelques échographies jusqu'à maintenant, et tu dois même être devenue une spécialiste pour reconnaitre à l'écran s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille, je me demande comment tu as fait jusqu'à date pour ne pas le demander ou regarder toi-même! (ça m'intrigue! )
Sinon, si ça peut t'encourager, Oprah Winfrey reçoit demain à son émission une jeune maman de HUIT enfants!!(j'ai pensé à toi tout de suite).
Voilà que je suis flattée de me sentir comprise Marie-Pascale. Le discours habituel sur la grossesse est un peu trop couleur bonbon à mon goût (cela n'empêche pas que c'est une expérience agréable à vivre...quelques fois...mais avec les conséquences qu'on connaît et assume)
Pur bonheur, eh bien non, je suis absolument incompétente pour identifier un petit garçon lors d'une échographie et cela, même si on me montre "clairement" un appendice masculin (difforme, minuscule et en noir et blanc). Moi, j'ai besoin que ce soit clair et net sinon je ne décèle rien du tout (Comme quoi la question du nombre n'a en rien amélioré mes compétences)!
Votre grossesse me fait penser à mon cours de professeure de yoga: une épreuve qui mène à un but.
''masochisme diront certains...MAIS...''
Semblez trop humaine pour ca''
Bonne chance xxxxxxxxx
Je peux dire honnêtement que je n'apprécie pas la grossesse pleinement, moi non plus.
Plus de petit vin rouge, attention à la viande saignante, trop gras/trop sucré/calories vide exit!!!! etc...
ET maux de pieds, et maux de dos, alouette...
En fait, je suis comme toi.
j'apprécie ce qui vient au bout, mais pas le pendant.
Tu sais, c'est pas grave ;o)
On va pas culpabiliser de ne pas aimer avoir mal hin?
C'est vrai que la grossesse, ce n'est pas évident.
C'est normal d'avoir envie de se plaindre. C'est aussi normal d'apprécier de se faire dire:"JE TE COMPRENDS!" C'est un peu à ça aussi que ça sert, un blogue! :c)
Bonne fin de grossesse à toi et surtout, garde en tête ce qui vient au bout! C'est ça qui compte et qui justifie tous ces efforts. Bravo à toi qui couve la vie!
Je n'ai pas vécu de grossesse et n'en vivrai probablement jamais... Ça ne m'a pas vraiment manqué, ça me faisait peur... Par contre, une chance que l'adoption m'a permis d'être mère, car si je n'avais pas pu avoir d'enfant, ça aurait été un véritable manque, je crois que je n'aurais pas été aussi pleinement heureuse. J'ai trouvé très intéressant ton billet, car n'ayant pas vécu cela, je ne m'étais pas attardée à la réflexion sur le sujet beaucoup, j'avais surtout peur de l'accouchement et je n'avais pas beaucoup pensé au reste et finalement, après t'avoir lue, je me dis que de ne pas avoir vécu cela n'est pas une si grosse perte... J'aurais aimé allaiter par contre... mais je n'ai pas de regret réel, je suis heureuse d'avoir ma fille et une si belle relation avec elle, et c'est tout ce qui compte pour moi... Je préfère voir ce que j'ai de beau plutôt que ce que je n'ai pas eu... ;-D
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