Avons été invités à souper. Nous connaissions (et apprécions) les adultes mais pas encore les enfants.
Beau préambule, présentations en règles avec les enfants, parlotte naturelle durant l’apéro. Moment agréable. Nous n’avions que Fred avec nous qui, après la gêne habituelle, est parti explorer les environs pour ne revenir qu’à l’occasion se coller contre maman.
Les filles du couple (7 et 10 ans) semblaient gentilles, ricaneuses et bien éduquées.
Cependant, je fus surprise de constater que l’espèce de zone « adulte » préservée généralement au sein d’une rencontre où les enfants sont présents fut inexistante du début jusqu'à la fin de la soirée. À peine quelques mots furent échangés entre adultes uniquement durant près de quatre heures.
Les enfants prenaient toute la place. L’homme du couple entertainait à tours de bras, les filles en redemandaient et la scène s’est répétée toute la soirée. Je croyais qu’il était naturel qu’un moment ou l’autre, les enfants se retirent, aillent s’amuser ensemble ou du moins que les adultes finissent par mettre un "holà, maintenant, les grands ont le droit de parler, de rigoler et de s’amuser entre eux aussi."
Plus jeunes, ça a toujours été ainsi dans notre famille et adultes, avec nos amis. Tout le monde se rassemble, des petites cliques d’enfants se forment et s’éparpillent, vont se cacher, jouer, refaire le monde. Une conversation peut donc avoir lieu sans que les petits ne viennent constamment interrompre les grands et s’imposer au premier plan. La dynamique est réelle, mouvante et non monopolisée par une seule personne ou un seul petit groupe.
Comment profiter d’un moment entre famille ou entre amis si les adultes peuvent à peine arriver à s’adresser la parole? Finalement, je me suis sentie la spectatrice désolée du plaisir des enfants et de l'entertainer presque toute la soirée.
J’aime les enfants, les miens comme la plupart de ceux des autres mais je me sens envahie (pour ne pas dire irritée) lorsqu’on leur accorde toute la place, lorsque les adultes deviennent les accessoires pratiques de ces petits souverains et qu’ils doivent (ou acceptent de) s’ajuster continuellement aux exigences des enfants sans réclamer un tant soit peu de temps pour eux. Constat de fin de soirée: un brin déçue de la tournure de cette rencontre. J'aurais bien aimé discuter davantage avec eux.
Rencontre agréable la semaine dernière chez Émilie. Près d’une dizaine d’adultes et deux dizaines d’enfants. Les adultes ont parlé un peu avec les enfants puis naturellement, ces derniers sont partis s’amuser ensemble une fois les retrouvailles enclenchées, revenaient coller leurs parents, repartaient jouer avec les autres, revenaient pour une main dans les cheveux ou quelques mots entre quatre yeux. Il me semble que les enfants n’ont pas ou ne devraient pas avoir besoin d’un infatiguable entertainer adulte toute une soirée durant.
La Souimi a rédigé un excellent billet à ce sujet.
16 commentaires:
Oh, c'est dommage, ça! Je suis de ton avis. C'est vrai que c'est l'fun d'avoir un moment où l'on peut parler entre adultes sans avoir de petites oreilles qui demandent à tout se faire expliquer ou à "entertainer", comme tu le dis si bien.
J'espère que ce papa n'est pas toujours comme ça, parce que sinon... comment fait-il pour avoir une vie de couple?
Entièrement d'accord! Je ne tolère pas que les enfants restent assis autour de la table quand je prends un café avec une amie ou un souper entre amis. C'était comme ça quand j'étais enfant d'ailleurs!
Mes filles détesteraient que j'aille écouter leurs conversations ou que je reste à côté à les regarder jouer et donner mon opinion sur leurs jeux!
Beaucoup de parents adoptent malheureusement l'attitude de ce papa... Comme s'il était mal venu (ou pire encore, mal vu, surtout devant des étrangers) de circonscrire des limites aux enfants.
À moins que ce ne soient les enfants qui se sachent plus comment se divertir sans un "entertainer"... Ils sont si habitués à être "organisés", pris en charge toujours et tout le temps, partout... si ça se trouve, ces deux jeunes filles n'ont jamais véritablement eu à passer du temps "pour elles-mêmes, par elles-mêmes"...
Je comprends que les petites filles aient pu être enthousiasmées par ce nouveau beau-papa qu'elles ne voient pas tous les jours (et idem pour lui) mais en certaines circonstances, tout est dans le dosage il me se semble...
Tu as entièrement raison.
Tu sais, mes filles sont grandes maintenant et elles me font souvent la remarque qu'elles doivent tout organiser lorsqu'elles sont entre amis. Elles me disent que les autres ne prennent pas d'initiative. Leur a-t-on permis de jouer, d'inventer le monde lorsqu'ils étaient petits? Probablement pas.
Ce matin, ma copine, celle chez qui j'avais été invitée lorsque j'ai écrit le billet auquel tu réfères, vient de répondre à ce dernier. D'une merveilleuse façon. C'est dommage que tant d'enfants n'aient pas l'espace nécessaire pour vivre. Les "entertaineurs" remplis de bonne volonté construisent la plus belle barrière à la créativité et à la liberté. Et ils ennuient tout le monde....
ouais, tu as bien raison :)
Exactement! Je tolère que ma fille zieute nos conversations un gros 5 minutes après c'est "là on parle entre grands si tu restes la prochaine fois quand M (sa bonne amie) couche à la maison je dors dans ta chambre". Étonnamment elle ne reste pas longtemps ;)
Pas évident, surtout toi qui sort pour te changer les idées. Avoir voulu passer la soirée avec des enfants j'imagine que tu serais rester chez toi!(les miens aussi se débrouillaient tout seuls).
Totalement d'accord :)
Quand j'étais petite, j'ai appris à doser mes apparitions quand les adultes étaient entre eux. S'il y avait d'autres enfants, j'étais rarement dans leurs pattes. Sinon, je restais près des adultes, mais je restais discrète pendant qu'ils refaisaient le monde. Je savais que ce n'était mon temps. J'écoutais quelques fois, d'autres fois je me "déconnectais" dans ma bulle.
Maintenant, ce sont mes amis qui ont des enfants. Une de mes amie, que j'adore inviter et chez qui j'adore aller, fait sensiblement la même chose que mes parents faisaient. Sa petite poupoune a appris à faire la différence et à s'amuser seule. Lorsqu'elle vient chez moi, avec la méga collection de poupées et de toutous que j'ai, la petite vient souvent me demander pour "jouer" ou voir ce qu'elle fait avec les toutous. Par contre, quand je lui dis "là je jase avec ta maman, je finis mon café, etc.", elle sait qu'elle devra attendre son tour. La première fois elle a fait une crisette; je lui ai dit que si elle continuait, je n'irais tout simplement pas la voir. Elle a arrêté.
Il faut que les enfants sachent qu'il y a leur place, mais que leur place ne prend pas toute la place, que chacun a droit à sa place. Sinon, il y a problèmes en vue. Par exemple, j'ai eu un élève très nombriliste cette année. Il n'a vraisemblablement jamais appris à prendre sa place, sa famille dit lui avoir toujours donné toute la place et même leur propre place. Dès son arrivée à l'école, il a réquisitionné toute la place, les places de tout le monde et croit à peine moins maintenant que tout se rapporte à lui. Dans le fond, il n'a pas sa place, n'a pas sa personne... il est tout le monde tout le temps et il ne se connaît pas je crois. Je ne sais pas comment expliquer mieux que ça, mais c'est assez épuisant disons. Il aura probablement toujours besoin d'asttention, mais plus tard, jusqu'où ira-t-il pour en avoir?
Dobby,
J'ai une copine qui est directrice d'école et elle m'a fait remarquer un jour que je ne pouvais pas imaginer le nombre de profs qui ont besoin d'attention. Ça se pointe à son bureau à 7h30 le matin pour dire une niaiserie, ça frappe à sa porte (qui est rarement fermée mais elle a averti ses profs que lorsque c'est le cas c'est parce qu'elle doit régler quelque chose en priorité et ne veut pas se faire déranger)pour n'importe quel motif qui n'a pas besoin d'intervention de la direction, ça coupe une conversation pour dire un hello à la directrice, ça fait des stepettes pour montrer que ça travaille, ça a tout le temps besoin de l'approbation. Des vrais enfants, qu'elle me dit. Et c'est vrai, je remarque que dans mon secteur, des gens dans la quarantaine, dans la cinquantaine agissent comme cela. Probablement des enfants qui ont toujours eu besoin de popa ou moman pour exister....Probablement.... C'est peut-être ça que ça donne à long terme...
@ Souimi: Il ne faudrait pas généraliser. Je suis dans la cinquantaine et je peux t'assurer qu'à l'époque, vu les familles nombreuses, nous n'avions pas le dixième de l'attention qu'ont les enfants d'aujourd'hui. Et nous étions très débrouillards.
Selon moi, ces profs ont un autre problème, va donc savoir lequel?
Rendu à 7 et 10 ans en plus... my god...
J'aurais trouvé la soirée épuisante moi.
Miss, j'allais te dire que oui, je trouvais cette complicité charmante et touchante mais que tout était dans le dosage...surtout quand on invite des gens qui finissent par se retrouver spectateurs.
Nathalie, voilà un argument bien persuasif. :)
Dobby, je partage ton point de vue.
Souimi, bcp de gens ont besoin d'attention. D'autres aiment simplement socialiser. Pas évident j'imagine de faire la scission entre les sociables et les carencés en attention.
Pur Bonheur et Grande Dame,
Il me semble que c'est évident de voir qui a besoin d'attention par rapport à celui qui est simplement sociable. Il me semble que c'est facile. Puis, selon moi, ça se situe au niveau de l'écoute. Les sociables "échangent et partagent." Pas les autres.
Ouais,,, c'est vrai,,, je généralise peut-être...
Comme c'est dommage. On a vécu une situation comme celle-là une fois et je dois te dire qu'on n'est pas près d'y retourner! :)
Virginie
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