dimanche, mars 08, 2009

Comment mon homosexualité fut diagnostiquée

Durant les semaines qui ont précédé ma séparation, j'avais développé avec le père de mes grands une relation particulière. J'eus l'impression d'une complicité, d'une bienveillance mutuelle, d'un respect de l'autre, d'une affection sincère, d'une volonté d'épargner l'autre dans la déchirure qui s'élargissait. Pendant ces semaines, j'eus enfin l'impression que nous savions parler des vraies affaires, qu'un dialogue réel s'était installé entre nous.

À la limite, j'oserais peut-être même dire que cette période fut riche de la sérénité que n'avait pas su nous fournir de façon constante notre relation. Ce n'était pas une période facile émotivement mais je nous trouvais chanceux de posséder ce "fragile acquis".

Un soir, il décréta qu'il était temps qu'il aille annoncer notre séparation à ses parents. D'un regard entendu, je lui démontrai mon soutien et ma compassion. C'est que bien que fort gentils, généreux, aimants et attachants, ses parents...enfin, nous savions tous deux que la réception du message allait probablement être teintée par une certaine simplicité d'esprit.

Le père de mes grands revint quelques heures plus tard avec un air abattu.

-Ça ne s'est pas bien passé? que je demandai en anticipant la réponse.

Je vous épargne les détails de l'annonce et la réaction étonnante du père, c'est la mère et son diagnostic qui m'intéressent.

La mère, donc, à l'annonce de la séparation, s'exclama en parlant de moi: "ELLE EST LESBIENNE!"

-M'man....

-Je l'savais!

-M'man, c'est pas ça...

-J'ai toujours su qu'elle était lesbienne! C'est avec sa meilleure amie? C'est ça? J'ai toujours su qu'il y avait quelque chose entre ces deux-là...

-M'man, écoute-moi...

-Je l'savais!

Et mon ex et moi, dans le calme du début de la nuit, de rire ensemble de découragement (et peut-être même d'une certaine tendresse vis-à-vis la candeur de sa mère) devant la nouvelle orientation sexuelle qui venait de m'être gracieusement attribuée.

Bien qu'il y ait entre mon ex belle-mère et moi un respect et une affection sincères qui ont survécu à ma séparation d'avec son fils, il y a parfois un certain effort à fournir de ma part lorsque je la revois pour ne pas sourire impertinemment en songeant à l'image qu'elle s'est faite de moi au fil des neuf années et demies passées au sein de la famille...

7 commentaires:

Unknown a dit...

Ayoye... moi je pense que j'aurais été insultée :)

Pur bonheur a dit...

Une lesbienne qui , depuis son adolescence a passé sa vie avec un homme à ses cotés et qui eut six enfants... lesbienne jusqu'au bout des cheveux!!!! Nom mais!!

M a dit...

Vaut mieux en rire! C'est meilleur pour la santé!

Elle a peut-être cru que le fait d'être entourée de tant de testostérone t'ait fait changer d'orientation sexuelle? ;-))

Anonyme a dit...

J'avoue que j'ai bien ri en lisant ton billet !!!
Dans ma belle famille de pieds-noirs, je suis toujours la "féministe" à cause de mes cigarettes et de mes prises de position véhémentes quand je ne suis pas d'accord..... Sans doute moins radical que pour toi !!!

Pur bonheur a dit...

*Correctif : 7 enfants!
( sont si nombreux qu'on en perd le nombre!)

Anonyme a dit...

Ouch ! Elle a pensé au pire de ce qui pouvait arriver ! Atteinte par ce grand mal, je ne peux pas vraiment trouver cette réaction homophobe très amusante.

Jeanne

Grande-Dame a dit...

Jeanne, ce n'est même pas de l'homophobie. Dans cette famille (élargie), il y a beaucoup d'homosexuel-les. C'est une référence normale.

La cocasserie se situe plus dans la rapidité du sautage à la conclusion.