J'ai observé, dans ma vie, les patterns qui me permettaient de me garder la tête hors de l'eau dans mes moments de recherche d'emploi, de stress financier, de prises de décision difficiles opposant tête et coeur.
Et j'ai remarqué que si la plupart des gens respirent mieux en étant assis sur de solides acquis, moi, bien que je ne privilégie pas l'option de vivre dans l'incertitude, je possède une indéniable force de carburation là où les énergies de dernier recours sont nécessaires parce que les acquis s'effritent.
Alexandre Jardin, lors de son passage à Tout le monde en parle chez nous, expliquait que son père avait besoin, pour demeurer inspiré, d'un certain qui-vive, ce qui faisait en sorte qu'il lui arrivait, lorsqu'il avait reçu une trop grande et menaçante entrée d'argent, de s'arrêter dans une cabine téléphonique et de glisser un chèque en blanc entre les pages du bottin. Pour le thrill. Pour garder éveillée en lui la fibre de la bonne créativité. Pour se mettre volontairement dans un état qui le rendait encore plus proche de lui-même (ce ne sont pas ses exactes paroles, mais plutôt ce que j'en ai tiré).
Plusieurs ont été étonnés de ses propos. Pour ma part, je fus enchantée d'entendre pour la première fois quelqu'un qui reconnaissait les élans d'inspiration et la fougue que procurent les états d'urgence.
L'insécurité, l'angoisse, le stress pèsent, certes, mais vient un moment, une fois que nous les avons surmontés, où une lucidité incroyable nous éclaire, où une invincible volonté nous habite, où nous nous sentons rempli de ressources, où nous nous sentons stratégique, avisé, rusé, débordant de potentiel, incroyablement déterminé à voir poindre le changement tant attendu dans la situation en crise.
Cet "élan" de dernier recours me fascine. Il sent bon. Il goûte la bonne détermination. C'est un genre de confiance absolue que les efforts finissent par être récompensés, que tout finit par se placer, il fait goûter encore meilleur le sentiment d'accomplissement le moment venu.
Dans chacunes des embûches de ma vie, cet élan m'a forcée à demeurer positive, à prendre position, à me relever, à m'imposer, à faire des choix parfois marginaux, à mieux me connaître dans l'adversité, à prendre de l'assurance lorsque tout le monde disait: "Non, ce n'est pas possible" mais que dans mes tripes, je me sentais mise au défi, qu'en-dedans, ça hurlait: "Oh que oui, attachez vos tuques, vous allez voir!" et que j'accordais ma confiance à cette force qui se magnait en moi.
Bien sûr, je convoite la sécurité de l'acquis, l'insouciance matérielle, l'aisance. Mais ce n'est pas ma priorité absolue. Il ne s'agit pas d'une absence d'ambition, loin de là. Mais s'il fallait que je ne sache plus me relever parce que le confort m'a empêchée de me faire de la corne, s'il fallait que cette puissante volonté/inspiration/créativité/force/ardente détermination me quitte, je serais prête à faire le choix de la précarité.
Il ne m'est jamais arrivé de vivre de cette tension d'adrénaline dans les moments où tout allait trop bien dans ma vie. C'était la routine, et la routine donne des répits mérités. Elle permet aux énergies de secours de se refaire. Elle permet de souffler. Jusqu'à la prochaine sollicitation.
4 commentaires:
J'aime beaucoup ton billet !! J'y ai reconnu des états que je vie très souvent et avec lesquels je me sens tellement bien !...et jamais je n'aurais été capable de les décrire et les mettre en contexte comme tu l'as fais ! Merci !
Bravo!! Très belle réflexion qui porte à... réfléchir..
Je t'admire!
TA... que c'est vrai! Tu viens tellement de m'éclairer, MERCI! Je viens de trouver, je carbure à l'insécurité d'une manière. Trop confortable je ne me sens pas bien on dirait. Bon là faut juste que je trouve le moyen d'être zen dans la sécurité!
Merci!!
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