mardi, mars 31, 2009

La saine gestion financière...

vue par un garçon de neuf ans.

Au moment du dodo, suite à une longue discussion sur notre style de vie, celui chez son père, les intrants d'argent, le budget, les dépenses, les projets onéreux, les choix et les priorités, conclusion de mon fils : "...En tout cas maman, moi je trouve que tu gères bien ton argent. C'est vrai, tu achètes des choses utiles. Tu dépenses pas ton argent pour des choses inutiles comme....ben...comme une poupée gonflable."

Voilà enfin quelqu'un qui a remarqué les effets de l'abollition du poste budgétaire qui portait préjudice au maintien de l'équilibre financier de la famille! Dire que mon homme estime encore que je dépense trop!

jeudi, mars 26, 2009

Les pots-de-vins

Un certain après-midi de printemps…

Fils Aîné rentre de l’école et comme il apprécie profiter du calme de la maison avant l’arrivée de ses frères, il demande la permission de jouer à l’ordinateur. Dans un souci d’équité pour les autres qui n’y ont pas droit quand il fait beau dehors, je refuse.

Alors indigné de la perte soudaine de ce qu’il croit être un droit acquis, Fils Aîné (fidèle à son habitude) argumente, tente de démontrer qu’il ne joue pas aussi souvent que je le prétends, insiste sur le fait qu’il a bien travaillé ses maths cette semaine et qu’il mérite largement la permission.

Je m’en tiens à ma consigne : il fait beau, pas d’ordinateur. Fils Aîné redouble d’ardeur dans son argumentation. Si je suis habituellement (trop) négociable, cette fois, je n’ai pas l’intention de démordre de ma position : c’est non.

L’ado tourne les talons, apparemment résolu à me faire changer d’idée.

En m’installant à mon ordinateur un peu plus tard, un document Word fraîchement rédigé m’attend. Puisqu’il m’est destiné, j’en prends connaissance sous l’œil attentif de son auteur. Le document détaille de façon structurée les jours de la semaine où le jeune homme concerné a joué à l’ordinateur par rapport aux journées où il a fait des activités que j’encourage comme faire de la bicyclette ou travailler ses maths.

Je réprime mon sourire devant l’insistance et ne reviens pas sur la question.

« Je vais faire du vélo », annonce le jeune négociateur.

Quelques instants plus tard, il rentre à la maison. Grand-Homme est revenu du travail entre-temps et s’affaire à prendre ses courriels. Fils Aîné se penche au-dessus de son épaule en brandissant une tablette de chocolat.

« C’est pour moi? » demande mon homme étonné.

-Oui.

Regard concerté. La générosité subite de l’aîné nous surprend.

Grand-Homme prend le chocolat, s’apprête à le déballer, remercie l’aîné.

-Je peux jouer à l’ordi? lui demande Fils Aîné.

-Euh…oui fait Grand-Homme déstabilisé par l’audace.

-Fils Aîné! Que je m’exclame. Tu offres un pot-de-vin à Grand-Homme pour pouvoir jouer à l’ordi! J’en reviens pas!

Sourire de vainqueur aux lèvres, il s’approche de moi, sort de nulle part un de mes chocolats préférés et me le brandis sous le nez : « C’est pour toi ma belle maman. ». La tablette de chocolat est déposée bien en évidence sous mes yeux. L’ado m’embrasse sur la joue et susurre à mon oreille : « Je peux jouer à l’ordi? »

-Tu m’offres un pot-de-vin à moi aussi!?! T’as vraiment pas d’allure! Tu cherches à m’acheter!

Je le considère en secouant la tête et plissant les yeux. Il quitte la pièce avec le sourire triomphant qu’il cherche à réprimer et me laisse sournoisement macérer dans mon jus, le chocolat toujours sous mes yeux.

Les autres garçons venant d’arriver de l’école, les mots « chocolat » et « ordi » ne passent évidemment pas inaperçus. Grand-Homme vient de finir de déguster son chocolat en toute quiétude.

Agglomération subite autour de moi : « On peut en avoir nous aussi? ». L’étau se resserre. « Mamaaaan, s’il-te-plaaaît! » Mon pot-de-vin fait fureur.

Et c’est là que se produit le déshonneur (je m’en confesse, chers lecteurs, je n’ai aucune dignité) : je déchire le papier du chocolat, je le partage et me contente du minuscule morceau qu’il me reste.

-Ça veut dire que tu as accepté de te faire acheter? Que demande Tout-Doux dont l’inconditionnalité de l’amour ne m’inquiète pas en dépit de mes faiblesses.

-J’ai accepté le chocolat, on verra pour le reste (n’importe quoi!!).

L’heure du souper approche. Je vois bien dans les yeux de mon ado chaque fois que je le croise dans la maison le ravissement total de ce qu’il croit être une victoire.

Grand-Charme rentre pendant que Fils Aîné dresse la table.

-Tu sais quoi Grand-Charme?

-Hm…

-J’ai réussi à soudoyer Grand-Homme et maman pour pouvoir jouer à l’ordi.

-Comment ça?

-Je leur ai acheté du chocolat…

-Ça a marché?

-Oui, maman va me laisser jouer.

Le contentement dans sa voix d’arriviste, je vous dis pas.

Je m’en mêle : « Tu penses que tu nous a soudoyés Fils Aîné mais je t’aurais laissé jouer. »

Froncement de sourcils en guise de quête d’explication.

-J’avais l’intention de te laisser jouer mais après le souper. Pas en après-midi quand la température est si agréable.

Je disais vrai.

Qui s’est mordu les doigts (je l'espère) pour la dépense inutile?

mercredi, mars 25, 2009

L'ironie

J'aime l'ironie. L'absurde, l'incongruité, aussi. Trop. Avec les inconnus j'ai tendance à en (ab)user lorsque j'estime le contexte fertile à la chose. Évidemment, ça déstabilise, on me considère le doute dans l'oeil. La lueur de sourire dans le mien ou le ridicule de mes énormités trahissent parfois l'ironie, d'autres fois pas.

Il arrive qu'on demeure stoïque ou inquiet de ne pas savoir si je suis sérieuse si je ne rajoute pas d'élément confirmant le sens de mes propos.

On se retourne parfois avec un peu de méfiance devant l'étrangeté de la personne que je suis. Avec les proches, c'est exquis, l'ironie. De part et d'autres. Avec les étrangers, ça peut l'être aussi. Plus souvent qu'autrement, par contre, c'est osé et impertinent.

Je l'ai constaté une fois de plus hier dans ce café en discutant avec deux femmes.

Apprendre à me taire malgré la forte tentation de faire de l'esprit. Voilà ce qu'une fois de plus je me suis dit lorsqu'elles se sont retournées un peu secouées par mes énormités spontanées.

Je suis incorrigible.

dimanche, mars 22, 2009

S'y retrouver

À défaut d'avoir trouvé un chalet à louer dans le bois, avons été squatter la maison de mon père (je finirai par apprendre à dire désormais "la maison de sa femme") ce week-end.
Après un après-midi de randonnée dans la montagne avec les tout-petits au parc du mont Orford, quoi de mieux (ne me le dites pas!) que rentrer à la maison (pas la nôtre), faire une sieste de bonne fatigue, ouvrir une bonne bouteille, se préparer une bonne bouffe et écouter un bon film?

Euh...rendus là, j'abandonne. Fils Aîné dirait que je suis une analphabète technologique. Moi, je le taponnage à n'en plus finir pour trouver la bonne télécommande pour la télévision, la radio, le foyer électrique et je-ne-sais-quoi d'autre, je déteste.

Non mais, comment s'y retrouver? C'est à vous rendre fou!

jeudi, mars 19, 2009

Couches lavables: vos préférences?

C'est suite au billet référence de La mère Michèle que j'ai fait mon choix de couches lavables quelques semaines après la naissance de ma fille. Je me suis fiée à son appréciation et son expérience pour orienter mes propres achats.

Mon stock de couches est constitué majoritairement des minky à poches de mamannature. Elles sont belles, douces, pratiques, solides, originales, faciles à entretenir. D'entre toutes, ce sont mes préférées.

Il y a ensuite plusieurs Bumgenius sur lesquelles je n'ai rien à redire au niveau de l'efficacité et deux Anne-Marie Padorie qui sont douces et plus minces que les autres couches à poche.

Comme j'ai décidé de grossir un peu mon kit (qui ne fera bientôt pas plus de seize couches), j'ai zieuté sur le net pour en commander de nouvelles. J'ai constaté que mamannature avait fermé boutique jusqu'en juin et que Bicetbiquette, un des coups de coeurs de La mère Michèle vers lequel je me tournais, avait fermé boutique (temporairement?) elle aussi.

Quoi qu'il en soit, j'ai besoin de plus de couches, idéalement minky ou du moins avec imprimés pour mignons popotins. Des suggestions? Quels sont vos coups de coeur?

Des perspectives

Je vous ai parlé il y a quelques mois de ma déception de voir le géant Starbucks se prétendre soucieux de l'environnement.

Récidive en début de semaine. J'ai remarqué leur section promotion pour la nouvelle tasse thermos réutilisable. On affiche gros de même qu'en achetant ladite tasse, on bénéficie d'un rabais de 10 cents le café au remplissage et qu'en plus, on envoie moins de verres de carton à la poubelle. Pardon? On se soucie soudainement du nombre de verres envoyés à la poubelle uniquement comme argument lorsque vient le temps de vendre une élément promotionnel?

Poche.

L'aimable préposée, quelques jours plus tard, déballait ses nouvelles tasses design en s'extasiant sur leur beauté.

J'ai été sèche. Je lui ai expliqué que je trouvais niaiseux de faire la promotion des tasses design allant permettre d'éviter le gaspillage du carton alors que systématiquement tous les cafés Starbucks, y compris ceux consommés sur place, sont servis dans des verres en carton.

Elle s'indigna poliment: ils ont beau commander des vraies tasses, les clients partent avec! Ils s'en sont fait voler vingt-cinq depuis l'été dernier.

Vingt-cinq tasses VS des dizaines de milliers de verres de carton à la poubelle et le maintien de cette image d'insouciance environnementale.

Les règles mathématiques ne sont pas universelles. Elles sont des perspectives.

mercredi, mars 18, 2009

On sait que le beau temps revient quand...

...on se met à chercher ses enfants dans les rues du voisinage quand vient l'heure des repas...

...ce ne sont plus les amis des enfants qui téléphonent mais leurs parents pour vérifier si leur progéniture est rendue chez vous...

...la maison est tellement calme que chaque membre de la famille qui rentre demande où sont les autres...

...au souper --quand on a réussi à rapatrier tout le monde--, on récapitule les consignes à respecter pour qu'en tout temps on sache qui est où...

...il faut vérifier avant d'embrayer la voiture si un vélo n'a pas été laissé juste devant...

...il y a souvent un ou plusieurs enfants pour vous accueillir dès que vous sortez de la voiture (et vous profitez de leurs bras pour sortir les sacs d'épicerie)...

...what else?

mardi, mars 17, 2009

Comprendre le langage de ses enfants (ou de ses parents)

Dans ma famille, je suis souvent la dernière à comprendre les néologismes qui rentrent à la maison. J'éprouve bien du mal à m'y retrouver dans toutes les nouvelles expressions de jeunes (comment prononcer le mot "jeune" sans entendre Pierre-Paul Paquet?).

Du "fafa" d'il y a quelques années aux néologismes à la mode qui pullullent depuis que mon grand est à l'école, je m'y perds. J'ai beau observer les contextes dans lesquels ces expressions juvéniles sont utilisées, il me semble que je m'y perds encore plus vu leur grande polyvalence. Je n'ai pas observé de constante dans leur utilisation. En fait, j'aurais besoin d'un lexique.

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En voiture avec Grand-Charme, une occasion d'apprentissage se présenta enfin à moi. Pour une fois, je fournis une définition et obtenus en retour sans avoir à le demander le terme à la mode employé.

Je roulais en voiture, Grand-Charme assis à mes côtés. Depuis la veille, il tentait de me convaincre de lui offrir le portefeuille de mon père. Je le lui avais laissé le temps que je prenne ma décision. Ce portefeuille, ce n'en était pas un ordinaire. C'était un portefeuille de la GRC avec le badge de retraité de mon père. En le dépliant, on exposait le badge et cette possibilité séduisait mon fils.

En roulant, donc, il simulait ouvrir le portefeuille et exposer aux passants "son" badge en se gonflant le torse pour se donner de l'importance. Je le sommai d'arrêter ce jeu.

-Pourquoi? demanda-t-il, semblant me trouver trop straight.

-On ne s'amuse pas à montrer un badge de police aux inconnus.

Silence. On poursuivit la route.

Arrêt à une lumière rouge. Sur Pie-IX, un abribus regorgeait de spectateurs potentiels pour admirer "son" badge.

-Maman?

-...

-Je peux leur montrer?

-Non.

-S'il-te-plaît! Je veux juste faire "Police!" et déplier l'étui de cuir. Juste pour leur faire peur.

-Penses-tu vraiment qu'ils auraient peur d'un p'tit gars de ton âge?

-Mais mamaaan!

-Grand-Charme, tu manques vraiment d'humilité.

-Je manque d'humilité? C'est quoi ça?

-T'as souvent besoin de te donner de l'importance, tu fais ton frais, tu cherches à péter plus haut que le trou...

-Hein? Ça veut dire quoi?

-...t'es en quête d'attention, t'as constamment besoin d'être la vedette, t'arrives pas à taire un atout si tu peux l'exposer pour te faire du capital dessus, t'as du mal à être modeste, discret...

Soudainement illuminé sur ce que je tentais de lui expliquer: "Aah! Tu veux dire que je suis chaud!"

-?

Flairant mon incompréhension: "Oui, je suis chaud."

-Ah, être chaud, ça veut donc dire "manquer d'humilité"...?!

Depuis le temps que je cherche un sens à cette expression...je la rajoute à mon lexique...

jeudi, mars 12, 2009

Le piège

Ai été piégée hier soir durant repas. Tout a commencé par une discussion sur une fille, une amie de Grand-Charme chez qui je soupçonne un petit béguin juste à voir la façon dont elle se tord le cou pour le saluer quand il passe à proximité. Trouvant cette amie particulièrement jolie, Fils Aîné est tombé en mode bitchage sur la beauté de son frère pour discréditer toutes ses chances avec la demoiselle.

Chez nous, la compétition est forte quand il s'agit de prouver la supériorité de sa mâlitude (force physique, beauté, talents et...supériorité de l'équipement électronique, bien sûr).

En quête d'objectivité (si-si, une mère en est capable), Grand-Charme voulut en avoir le coeur net: "Maman, lequel de tes enfants tu trouves le plus viril?"

Je le considérai avec désolation: "Fils Aîné. Définitivement. Il est grand, costaud, a de la barbe, des beaux favoris, une belle voix de jeune homme. Donne-toi un peu de temps."

Son ego écorché, il lui fallait trouver un moyen de changer l'angle de sa question pour augmenter sa note. Vaniteux, il demanda alors: "Maman, sur dix, tu me donnes combien pour ma beauté?"

-Euh. Dix étant "beauté tout court" ou "beauté suprême" du genre photos de magazine?

-Beauté suprême.

Je réfléchis. "Hum.....(gratouille le menton)...Euh...(j'observe son visage)...Hm....."

-Je dirais 8-8,5.

Un peu étonné, il digéra ma réponse.

Évidemment, les autres voulurent avoir leur cote et espèrerent obtenir mieux que leurs frères.

-Et moi? demanda mon Tout-Doux de neuf ans les yeux emplis d'espoir.

-Toi, isssh...(hésitation) Pas plus que 3 ou 4 certain!

Hésitation-assombrissement sur son visage candide.

-Meuuuh non mon Loup, c'est pas sérieux, je blaguais. Toi, je te donne...8,5.

-Mais là! Tu lui donnes la même note que moi parce que tu ne veux pas lui faire de peine, c'est pas réaliste, je suis bien plus beau que lui!

-Je lui donne une note honnête sur l'échelle de la beauté, mais pour des raisons différentes: toi Grand-Charme, tu as de beaux grands yeux bruns, un regard pénétrant...

-Houuuu! fit Fils Aîné revigoré par un participe présent qui fait toujours de l'effet aux ados.

-J'suis pas gai! se défendit Grand-Charme.

-Ça n'a rien à voir. Un regard pénétrant, c'est un regard profond qui nous trouble, qui nous regarde vraiment. Il y a une belle intensité dans ton regard. Tout-Doux, lui, sa beauté est dans la douceur de son visage. Il dégage quelque chose de calme, de paisible. Toi tu es une beauté dynamisante, pleine de vie et de fantaisie.

-Et moi? Et moi? que voulut savoir mon Coco de sept ans.

-Je te donnerais...8.25-8.5.

-Encore la même note!! fit Grand-Charme. Tu pourrais pas changer?

-Coco a une autre sorte de beauté. Lui, il est léger, toujours souriant, pétillant, serviable, c'est un rayon de soleil. Dans son visage, on le voit, ça.

-J'aime mieux une note sur 100 précisa Coco.

-Ça donne 85/100. Tu ne seras pas plus beau sur 100 que tu l'es sur 10!

-Et moi?, se risqua Fils Aîné.

Là, ça se corsa. Parce que Fils Aîné...isssh. Il fallait épargner son ego mais ce n'est pas chose facile quand il faut demeurer honnête.

-Toi...euh...tu es...(mais comment lui avouer une chose pareille?) Toi...je te donnerais...un 7.

-Pfff!

Rires. Je blague, bien sûr. C'est toujours tentant de faire réagir un Fils Aîné qui attend avec une petite angoisse (injustifiée, il va sans dire) perceptible son verdict.

-Je te donnerais 8.5...

-Encore la même note, évidemment! commenta Grand-Charme.

-...Toi, tu as une beauté plus...discrète, plus mystique, il y a quelque chose dans ce que tu dégages....

-Ouais, quand on cherche la beauté chez Fils Aîné, on est mieux de miser sur la beauté intérieure! que provoqua Grand-Charme.

-Va chier! trancha Fils Aîné.

Évidemment, rires de tous les autres.

-Je préfère ce genre de beauté, moi. Vous savez, les beautés qui ne sautent pas dans la face. Je n'aime pas les beautés arrogantes trop parfaites. Je préfère quand on doit prendre le temps de regarder l'autre pour apprécier tout ce qui émane de sa personne et qui enrichit l'ensemble. Je n'aime pas quand le physique prend toute la place. Fils Aîné est ce genre de beauté, le genre de beauté qu'une photo ne réussit pas à bien rendre parce que tout le charme, l'humour, la personnalité qui va de pair avec la beauté n'y parait pas.

-Fils Aîné, nous, on l'aime ta beauté intérieure fit Grand-Charme faussement flatteur.

Et voilà Fils Aîné qui assassina Grand-Charme du regard.

-Et Fred, tu lui donnes combien?

-Hm....8, 8.5 pour ses beaux yeux verts, son minois espiègle, son petit air décidé et contestataire.

-Évidemment.

-...

-Et Béatrice?

-Aaaah, Béatriiice! fis-je en soupirant d'admiration pour ma petite fille. Elle, je lui donnerais...hm...un gros 9.

-9!!! s'indigna Grand-Charme. Pourquoi tu lui donnes plus que nous?

-Je pensais que tu attendais impatiemment de la diversité dans mes notes?

-Oui, mais en autant qu'elles ne dépassent pas la mienne! répondit mon grand lucide de douze ans.

-C'est à cause des barrettes expliqua Grand-Homme. Si tu veux augmenter ta note, essaie les barrettes. Maman craque pour ça.

Heureusement qu'il est là parfois, lui, pour me sortir du pétrin.

mardi, mars 10, 2009

Le coupable

Je sais pas pour chez vous, mais ici, il faut souvent patiner longtemps pour trouver le coupable d'à peu près n'importe quelle bêtise, omission, dégât, niaiserie.

J'aimerais que ce soit toujours aussi simple de mettre la main sur le responsable.

-Qui a joué avec la caméra?

Le plaisir de l'oeil

Un des plaisirs de l'oeil est de porter un regard satisfait sur l'ensemble du travail accompli.

Dans la savonnerie, le premier plaisir est l'aperçu de l'allure finale du savon à l'ajout des ingrédients à la trace. Le démoulage représente un pas de plus en ce sens. Enfoncer ma tranche dans un bloc de savon, j'adore aussi.

Et enfin, le dernier plaisir avant de le faire mousser sur ma peau est l'emballage soigné de mes merveilles.

Ici, il y a les savons en cure, les savons qui attendent d'être emballés et le résultat final.

Retour sur le lancement des webisodes de Mère Indigne


Malgré ma fébrilité, les rassemblements de l'envergure de ceux d'hier m'angoissent. L'angoisse de la traversée du miroir, de la tombée de l'anonymat, de la baisse graduelle de la garde.

Au fil de nos lectures, on se forge une idée des blogueuses que l'on lit, on développe des affinités épistolaires avec certaines, on apprécie le ton de l'une, le style ou les thématiques de l'autre. On décide parfois de se rencontrer et oh, coup de foudre ou...malaise. Le courant ne passe pas toujours comme on l'anticipait. On doit parfois réajuster des mois, voire des années de notre perception de ceux qui se trouvent derrière les autres écrans. C'est le choc des constructions mentales.

Pour ma part, il y a toujours cette crainte de décevoir et d'être déçue. C'est un risque à prendre (les habitués du réseau contact finissent-ils par s'habituer?).

Je suis très heureuse d'avoir pris ce risque hier soir.

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Je fus enchantée du concept de cette soirée, des rencontres que j'y ai faites, de la convivialité de la formule et de l'atmosphère qui y régnait. Tout était en place pour que nombre de mères blogueuses puissent honorer l'exquise plume et l'inégalable humour de leur consoeur Mère Indigne doublé de l'excellente adaptation en capsules web de Myriam Bouchard.

Un de mes coups de coeur de la soirée: ma brève discussion avec Michelle Blanc, que j'espérais rencontrer depuis un bon moment déjà.

Donc pour la soirée et les rencontres, A+.

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Les webisodes? Un gros, GROS hit! Décapant. On sent le ton parfaitement maîtrisé de la comédienne Marie-Hélène Thibault dans le rôle de Mère Indigne. Elles se ressemblent tellement dans la gestuelle, les expressions, la spontanéité et le physique qu'à plusieurs reprises j'ai confondu les deux.

Pour les webisodes, A+.

Je salive déjà à l'idée de visionner la suite. Je prédis un succès monstre. Je ne suis pas devine, juste réaliste.

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Très intéressante discussion suscitée par l'animatrice France Beaudoin sur les motivations du blog, sa place dans notre vie, la censure et les limites que l'on s'impose. Bref, cette soirée m'a permis de peaufiner une introspection bloguesque amorcée il y a quelques semaines.

lundi, mars 09, 2009

Autour de la table

Une de mes tares de mère est de souvent remettre à plus tard les réponses aux demandes qui pullullent chez nous. "On en reparlera plus tard", "Pas maintenant", "Je suis occupée." Évidemment, quand je passe à côté, je feel cheap.

J'ai donc décidé d'être proactive et d'organiser un surprise party pour Grand-Charme, qui a eu douze ans il y a quelques jours. En rentrant à la maison supposément pour venir chercher un maillot pour aller à la piscine avec son père, S-U-R-P-R-I-S-E! Tous ses fébriles amis étaient là. Ils étaient sept, huit incluant Grand-Charme (et neuf, si on inclut Frédéric qui les suivait partout en brandissant son espoir déterminé d'en convaincre un d'écouter Dora avec lui).

Si en temps normal les amis de Grand-Charme sont plutôt réservés avec moi, en attendant le gâteau autour de la table, je les ai trouvés particulièrement remplis d'enthousiasme. La dynamique de la discussion était vivante et tout à fait charmante. Elle débuta par un commentaire d'un ami sur la peinture de Thomas qui orne le mur de notre salle à manger.

-Grande-Dame, je trouve que cette peinture ressemble beaucoup à votre fils.

-C'est vrai, que je répondis. Frédéric et Thomas sont des frères qui ont quelques airs de famille.

-Thomas, c'est celui qui est mort? demanda un autre?

-Oui.

-Moi, je trouve cette peinture vraiment très belle! déclara un autre ami.

-C'est vrai, fit un autre.

-Qui est-ce qui l'a faite? demanda W.

-C'est une artiste que j'admire beaucoup et qui s'appelle Nancy.

-Cette toile, elle était là avant qu'il meure, non?

-Non, on l'a fait faire après son décès pour qu'une partie de lui soit toujours avec nous.

-En tout cas Grande-Dame, je comprends ce que tu ressens déclara W. avec empressement et empathie. Parce que moi, ma mère, je l'aime tellement, s'il fallait qu'elle meure, je voudrais toujours avoir une photo d'elle avec moi. Je garderais des photos d'elle partout et je dormirais même avec! J'aurais tellement de peine, je ne voudrais plus m'en séparer! Peut-être que moi aussi, je ferais faire une peinture d'elle et je mettrais des photos sur les murs!

Les autres amis se mirent à rire du ton passionné avec lequel W. parlait de son amour pour sa mère.

-Pourquoi vous riez? que je demandai à la gang de gars. C'est super beau ce que W. raconte sur sa mère! C'est même très poétique! Vous ne ressentez pas quelque chose de semblable pour votre mère?

W. m'interrompit pour continuer d'étaler son ode à l'amour qu'il portait à sa mère et l'étendue de son chagrin s'il en venait à la perdre.

Et là, trois-quatre autres amis se mirent à parler en même temps pour exprimer eux aussi que leur mère, ouf! Elle était importante, s'il fallait qu'ils la perdent, eux aussi garderaient une photo d'elle pour ne jamais l'oublier et pour pouvoir la regarder tout le temps.

En attendant le gâteau, ces futurs gentlemans de 11-12 ans qui quelques instants plus tôt parlaient des filles faisant battre leur coeur s'enflammaient à présent pour la première femme de leur vie. C'est-y pas assez charmant?

Braves petits sentimentaux va!

dimanche, mars 08, 2009

Comment mon homosexualité fut diagnostiquée

Durant les semaines qui ont précédé ma séparation, j'avais développé avec le père de mes grands une relation particulière. J'eus l'impression d'une complicité, d'une bienveillance mutuelle, d'un respect de l'autre, d'une affection sincère, d'une volonté d'épargner l'autre dans la déchirure qui s'élargissait. Pendant ces semaines, j'eus enfin l'impression que nous savions parler des vraies affaires, qu'un dialogue réel s'était installé entre nous.

À la limite, j'oserais peut-être même dire que cette période fut riche de la sérénité que n'avait pas su nous fournir de façon constante notre relation. Ce n'était pas une période facile émotivement mais je nous trouvais chanceux de posséder ce "fragile acquis".

Un soir, il décréta qu'il était temps qu'il aille annoncer notre séparation à ses parents. D'un regard entendu, je lui démontrai mon soutien et ma compassion. C'est que bien que fort gentils, généreux, aimants et attachants, ses parents...enfin, nous savions tous deux que la réception du message allait probablement être teintée par une certaine simplicité d'esprit.

Le père de mes grands revint quelques heures plus tard avec un air abattu.

-Ça ne s'est pas bien passé? que je demandai en anticipant la réponse.

Je vous épargne les détails de l'annonce et la réaction étonnante du père, c'est la mère et son diagnostic qui m'intéressent.

La mère, donc, à l'annonce de la séparation, s'exclama en parlant de moi: "ELLE EST LESBIENNE!"

-M'man....

-Je l'savais!

-M'man, c'est pas ça...

-J'ai toujours su qu'elle était lesbienne! C'est avec sa meilleure amie? C'est ça? J'ai toujours su qu'il y avait quelque chose entre ces deux-là...

-M'man, écoute-moi...

-Je l'savais!

Et mon ex et moi, dans le calme du début de la nuit, de rire ensemble de découragement (et peut-être même d'une certaine tendresse vis-à-vis la candeur de sa mère) devant la nouvelle orientation sexuelle qui venait de m'être gracieusement attribuée.

Bien qu'il y ait entre mon ex belle-mère et moi un respect et une affection sincères qui ont survécu à ma séparation d'avec son fils, il y a parfois un certain effort à fournir de ma part lorsque je la revois pour ne pas sourire impertinemment en songeant à l'image qu'elle s'est faite de moi au fil des neuf années et demies passées au sein de la famille...

vendredi, mars 06, 2009

Expérimentations savonnesques

Ce n'est pas que mon stock de savons était à sec, loin de là. J'avais simplement envie d'expérimenter de nouvelles recettes conçues pour satisfaire mon obsession de la nouveauté en la matière.



Voici mon savon avoine, miel et lait de chèvre. Aucun parfum, sinon celui prononcé de l'huile de germe de blé, qui donne également une apparence jaune foncé au savon. Ma recette était inspirée d'une de celles de mam'zelle emie, qui semble apprécier beaucoup plus que moi l'huile de germe de blé.

Lors de mon dernier élan savonnesque, je m'étais mise une note de mettre un bémol sur la quantité d'huile de germe de blé la prochaine fois (c'est qu'une trop grande proportion de cette huile dans un savon pourtant parfaitement équilibré altère l'odeur des HE de bergamote et amandes). Bien qu'elle soit un excellent anti-oxydant naturel et qu'elle soit riche en vitamine E, son odeur trop marquée masque le parfum subtil mais sucré du miel. Bref, excellent savon pour la peau mais il faut aimer l'odeur marquée de l'huile qui sans être la plus importante en proportions est toutefois la plus odorante.



Celui-là est issu d'une nouvelle recette qui je le sens deviendra un coup de coeur. Citron-benzoin-lavande. Les HE d'agrumes se dissipent apparemment rapidement dans les savons en plus de rendre la peau sensible à l'exposition au soleil. Il s'agit de mon premier essai avec cette HE. On verra ce qu'il en restera dans un mois mais pour l'instant, l'odeur me ravit! J'y ai ajouté des fleurs de lavandes pour la texture et la pâte se travaillait à merveille.



Ceux-là sont aux poires. Une fragrance sucrée déjà éprouvée -et appréciée. J'ai simplement amélioré la recette initiale.



Argile rouge et chèvrefeuille. L'argile dans les savons rend la peau extrêmement douce et assèche les peaux grasses. L'extrait de chèvrefeuille est excellent pour nettoyer les peaux capricieuses d'ados. N'ayant rajouté aucune HE, l'odeur est neutre. J'ai hâte de l'essayer celui-là!



Amandes et chocolat. Mix très réussi au niveau de l'odeur. Je désirais des savons de Pâques. Je voulais également un marbrage différent de ceux que je réalise d'habitude. J'ai moulé la pâte dans un pot de Pringles dont j'ai séparé l'espace intérieur avec un carton. Hélas, la pâte chocolatée (versée la première) a exercé une pression sur le carton et a donc empiété largement sur la part destinée à la pâte aux amandes. Même si mal équilibré au niveau du look, le résultat est joli.



Voici le "vanille-vetiver-lemongrass-gingembre". L'odeur citronnée et sublime. Sur le
forum fait maison, l'HE de lemongrass avait la cote. J'ai décidé de l'essayer et je ne suis pas déçue de mon mariage d'HE. Ah, et le moule de plastique qui fait de si parfaits savons et me cause aussi de parfaites misères pour le démoulage, je l'ai graissé GÉNÉREUSEMENT, cette fois, avec de la Vaseline et enfin, je me suis épargné le calvaire du démoulage.



Choco-poires. Même principe que pour les amandes et chocolat pour le marbrage. L'odeur nous agace agréablement les narines quand on passe à côté.

Reste à trouver un endroit pour stocker tout ça à présent!

Encore un détail: je ne fabrique plus de savons autrement qu'en grande quantité. Tant qu'à sortir le stock et tout nettoyer la cuisine au vinaigre, aussi bien tout faire d'un coup. La première fois que j'ai fait de si grandes quantités, j'ai fini par ne plus savoir quel chaudron allait avec quelle part de soude. J'ai développé-breveté la méthode des Post-it. Le Post-it suit dorénavant le chaudron du mixage des huiles au brassage et enfin, au séchage. Plus question de m'y perdre!

La patience

Je suis une mère plate. 'Savez, vieux principes. C'est du moins ce que semblent penser mes garçons lorsque je leur refuse la permission de jouer avec leur DS dans certains contextes.

Par exemple, ce n'est pas parce qu'on s'apprête à faire un trajet d'une heure et demie en voiture que cela leur donne le droit acquis de jouer sur leur jeu électronique. Ils l'apportent et s'ils sont bien sages en route (lire ici: pas de chamaillage, de provocation et de harcèlement à la sauce "je peux jouer, làààà, maintenant?...Est-ce que j'ai été assez gentiiiil? Et maintenant?....Et maintenant?...Et là, maintenant???") après un certain moment, j'autorise. C'est un privilège.

À table, interdiction de jeux électroniques. "Dans notre temps" (je croirais entendre mon père!), on n'écoutait pas son walk-man à table. C'était impoli. S'isoler dans sa bulle aux repas avec son mp3 ou son DS, je trouve cela aussi inconvenant que le walk-man de mon époque lors de moments qui devraient être partagés.

Je me dis que je suis conservatrice lorsque je vais souper au restaurant, que j'interdis les jeux électroniques à mes enfants et qu'aux tables autour, cela semble être la norme de jouer avec son DS en attendant le repas.

Et la patience, dans tout ça? Pourquoi faut-il toujours à tout prix divertir les enfants pour leur éviter de devoir apprendre à patienter? On apporte de petits jouets à un jeune enfant dans certains contextes mais à partir de quatre-cinq ans, il me semble que la patience devrait s'inculquer tranquillement, s'apprendre.

On fait quoi du temps à tuer, alors? On en profite pour discuter avec les nôtres, pour relaxer un peu avant de manger et/ou en route, pour apprécier ce moment d'arrêt, pour réfléchir, pour créer une bulle familiale au lieu de s'isoler des autres.

Comment les enfants peuvent-ils apprendre la valeur de la patience si on se précipite toujours au-devant d'eux pour éviter qu'ils puissent ressentir l'espace d'un instant une petite dose d'ennui?

L'anonymat

Il m'est arrivé d'activer sur ce blog la fonction qui enlève la possibilité de laisser des commentaires anonymes. Je l'ai cependant remise car plusieurs de mes lecteurs l'utilisent en ayant l'amabilité de s'identifier comme propriétaires de leurs propos à l'intérieur de l'encart de texte. En activant cette fonction, je m'étais privée de la précieuse interaction avec une partie de mon lectorat.

Je vais vous confier un truc: je suis mal à l'aise avec les commentaires anonymes, particulièrement s'ils véhiculent un contenu qui demande un minimum trop minimal d'intégrité pour l'assumer. Et on s'entend, assumer peut parfois être un bien grand mot sur le net: il est tellement aisé de signer un billet d'un pseudonyme qui préserve l'anonymat!

Je tente de répondre le plus souvent personnellement à mes lecteurs-trices qui ont la générosité d'alimenter mon blog de leurs opinions et ce, même si elles diffèrent des miennes. J'éprouve d'ordinaire de l'estime pour ceux qui savent articuler leur pensée, apporter des nuances à mes propos, démontrer de l'ouverture, de l'objectivité, qui savent me faire réfléchir et nourrir mon jugement vis-à-vis certaines situations. Doublement s'ils ont la délicatesse à mon égard de s'identifier et l'intégrité pour eux-même de ne pas se dissocier de leurs opinions, aussi respectables et valables soient-elles.

Je tenterai de rédiger sous peu un condensé de ce billet à insérer dans la colonne de droite.

Ne soyez donc pas étonnés si vous constatez que je m'accorde la liberté de ne pas répondre à certains commentaires anonymes. J'aime écrire sur mon blog, encore plus au fil du temps lorsque j'ai l'impression de tisser un lien avec un lectorat que j'apprends à connaître avec ses similitudes, ses différences, ses réflesxions et son souci de s'assumer.

mardi, mars 03, 2009

La forêt

La forêt en hiver a un son particulier: celui du silence. Que le bruit de nos pas sur la neige et quand on s'arrête, plus rien. Impeccable silence, sinon le chant de quelques oiseaux en bruit de fond. J'adore.



Dans la nature, emplie du moment présent, adios soucis et tourments.


Marcher derrière permet d'agrémenter la randonnée en reluquant les fesses de votre prédécesseur.


Autre bruit de fond agréable: celui des éclats de rire d'un petit garçon qui adore les promenades en traîneau.

J'y suis presque!

Je vous ai déjà parlé de ma fixation sur les brownies de chez Juliette et Chocolat, juste en face du théâtre St-Denis.

La fin de ma dernière grossesse a été ponctuée de mille et uns essais de recettes de brownies trouvées sur le net pour lesquelles on commentait que c'était LA meilleure. Je ne cuisinais les recettes que pour les tester et mes garçons se chargeaient de finir le plat une fois que le couperet tombait: celle-là non plus n'est pas arrivée à la cheville de ceux de Juliette et Chocolat.

Je vous annonce que ce soir, nous y sommes presque! Frédéric et moi avons suivi cette incroyable recette de Bergamote, qui la considère comme un gâteau plutôt que comme un brownie. J'affirme ceci: on se rapproche énormément du brownie-à-manger-avant-de-mourir de chez Juliette et Chocolat.

Recette toute simple et délice (un vrai) assuré. Nous le mangeons sans glaçage et c'est cochon à souhait.

Apprendre à se contrôler maintenant, puisque mes grands ne sont pas là pour faire une razzia dans le plat.

Une faiblesse

J'ai une faiblesse. Vous savez, celle qui vous fait (presque) perdre la raison devant l'étalage dès que vous vous mettez à zieuter d'un peu trop près?

Il s'agit des huiles. Pas celles que j'utilise pour mes savons. Je parle des huiles parfumées à savourer dans les salades ou simplement pour le plaisir d'y tremper son pain. Lorsque je mets les pieds ici, je sens toujours une petite angoisse monter chez mon homme. C'est que je l'entends s'inquiéter du coût de la facture. J'adore les épiceries fines!

À cet endroit, il y a un choix incroyable d'huiles de toutes sortes dans des bouteilles aussi raffinées que les huiles elles-mêmes. Je craque pour la forme des bouteilles, je lis les étiquettes en attendant mes charcuteries et j'essaie de me convaincre qu'il serait insensé de dépenser pour un flacon hors de prix.

Je sais qu'un jour, je céderai. Mais pas maintenant. Je suis comme le gars fou des voitures qui arrête toujours chez le même détaillant pour caresser son bolide de rêve et s'imaginer dedans.

Mon fantasme à moi, il est gustatif.

lundi, mars 02, 2009

L'étranger


Nous rentrons à l'hôtel après une randonnée en forêt. À peine installés à notre table dans la majestueuse salle à manger presque vide, j'entends une femme un peu plus loin raconter une anecdote à son petit groupe de convives. Comme je reconnais qu'elle parle de moi, je suis amusée de sa lecture de la situation et je l'écoute s'exclamer:

-...et là, la femme me flanque son bébé dans les bras et s'en va!

-De même? s'exclame un de ses interlocuteurs.

-Ben oui! De même!

-Ben voyons donc!

-En tout cas, une chance que j'aime les enfants parce que...

Son ton est outré de mon geste et la discussion se poursuit tandis que je me rends compte que ça ne m'amuse plus. Je suis devenue dérangée par ses propos et je tente d'identifier la source précise de mon malaise. Je pense d'abord à aller la remercier devant son groupe d'avoir "si gentiment" accepté de prendre mon bébé un instant pour lui signifier que je fais aussi partie (malgré moi) de son auditoire mais je m'en abstiens. Une dame du petit groupe me sourit, peut-être en réponse au sourire que j'adresse encore dans la direction de l'assemblée, puis tout le monde quitte tandis que nous nous apprêtons à commander.

Je continue à cogiter sur sa perception de la situation et songe au scandaleux titre qu'elle aurait donné à son article si elle avait été journaliste au Journal de Montréal: "Une mère impitoyable abandonne son enfant dans les bras d'une étrangère et disparaît".

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Ma propre lecture, à présent...

C'est l'heure de quitter l'hôtel. Grand-Homme part avec notre fils et les bagages tandis que je termine d'habiller Béatrice et ramasse les dernières traîneries de la chambre. Il est convenu que j'irai le rejoindre dans le hall une fois tous les bagages dans la voiture et que nous partirons ensuite en randonnée avec les enfants.

Je descends dans le hall, où je m'installe dans un fauteuil en tentant de calmer ma fille qui hurle. J'essaie de l'allaiter mais ce n'est pas ce qu'elle veut. Voyant que mon homme n'arrive pas, je la déshabille. C'est qu'à côté du foyer, elle commence à avoir chaud. Elle cesse de pleurer et retrouve son sourire.

C'est alors que je vois mon homme arriver avec la voiture. Plusieurs voitures viennent récupérer leurs bagages restés dans le hall et je ne veux pas le faire attendre et ainsi bloquer inutilement l'entrée. Comme je viens de déshabiller ma fille et que je ne veux pas l'exposer au froid, je demande à la dame assise à mes côtés (qui discute avec une autre femme depuis un moment) si elle veut tenir ma fille un instant. Ce faisant, je lui tends mon bébé, qu'elle prend non sans avoir l'air un peu étonnée.

J'accours à l'entrée porter à mon homme le dernier bagage à ranger dans la voiture avant de partir pour la randonnée et reviens une quinzaine de secondes plus tard récupérer ma fille et remercier la dame.

J'habille ma demoiselle à nouveau et nous partons marcher dans la forêt.

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Je ne sais pas ce que la dame a pensé et je suis dérangée qu'elle ait pu percevoir mon geste comme étant quelque chose d'odieux. A-t-elle trouvé que je manquais de délicatesse? A-t-elle considéré que j'avais mis la vie de mon enfant en danger (genre qu'elle aurait pu s'enfuir avec ou la jeter dans le feu si elle avait été mal intentionnée)? Se serait-elle sentie plus à l'aise si je lui avais expliqué que voulais éviter que notre voiture ne bloque l'entrée trop longtemps, que je ne voulais pas exposer ma fille au froid sans son manteau et que je n'en avais que pour quelques secondes, promis-promis? S'est-elle sentie contrainte par ma demande?

J'en conviens, ce n'est pas chose courante que de se retrouver avec un bébé étranger dans les bras. Cependant, j'aurais aimé qu'elle estime que j'avais pesé les "risques" et misé sur l'altruisme plutôt que de (peut-être) penser que j'étais une mère inconséquente.

Dans cet hôtel isolé dans le bois, tous les éléments sont en place pour créer une ambiance fraternelle, rustique, raffinée. J'y ai vu des bambins en pyjama se promener dans le hall et le bar sans leurs parents (ça m'a étonnée, mais bon), des enfants ayant terminé leur repas aller jouer dans le hall sans souliers (pour illustrer l'aspect "salon familier" du hall) alors que leurs parents continuaient de discuter en terminant leur bonne bouteille, des enfants jouer dans les escaliers ou courir dans les couloirs labyrinthiques de la place.

Dans cet endroit, comme c'est souvent le cas dans les contextes de nature/plein air, les inconnus se saluent sur les sentiers, dans la salle à manger, dans le hall. Les clients sont en vacances, décontracts, souvent sympathiques et enclins à la discussion.

Je suis dérangée par cette méfiance à outrance, par ce nivellement par le bas du danger continuel, par le refus de prêter, dans certains contextes, de bonnes intentions à des étrangers. Je suis dérangée qu'il soit mal perçu de prendre un "risque" calculé, qu'on ne puisse pas envisager que l'humain, plus souvent qu'autrement, est bon, généreux et capable d'entraide. Je suis dérangée que cette dame n'ait pas pensé que j'avais pu miser sur cette coopération naturelle entre deux plaisanciers plutôt que sur je-ne-sais-quelle malveillance.

Cette dame croisée sur un sentier alors que je portais ma fille dans un bras et tenais dans l'autre main celle de mon fils en larmes parce qu'il avait froid, m'a-t-elle trouvée aussi odieuse lorsque je lui ai demandé si elle pouvait tenir mon bébé le temps que je recouvre le visage de mon fils avec son foulard?

On apprend aux enfants à se méfier des étrangers. Avec raison. Puis, on grandit et on apprend à utiliser notre jugement au-delà du concept "étranger = danger à tout coup". On apprend à peser les risques. Dans certaines situations, la présence de l'étranger est salutaire. Le concept du bon samaritain existe-t-il encore?

J'aurais aimé pouvoir éclaircir la question avec cette dame, comprendre ce qui l'avait tant dérangée, de son côté, vis-à-vis mon approche.

Lecteurs, lectrices, auriez-vous été choqués, à la place de la dame, dans pareille situation et si oui, pourquoi?

L'étonnement