Comme chaque année, la femme de mon père a préparé des sacs d'Halloween pour les enfants.
Émue, elle me raconte sa "bévue": spontanément, elle a préparé six sacs. C'est mon père qui lui a passé un commentaire sur son nombre de sacs. Elle a réalisé son "erreur" et ça l'a attristée.
Je la comprends. Moi aussi, je me trompe. C'est irrationnel, mais depuis que j'ai perdu un fils, j'oublie combien nous sommes de membres dans la famille, combien nous avons de chaises à table, combien nous avons de places dans la voiture.
Chaque soir, je dois refaire le calcul pour savoir le nombre de couverts à mettre pour souper. Bien sûr, je sais que maintenant, nous sommes sept concrètement (mais huit dans mon coeur), mais de tirer cette conclusion exige de moi un calcul rapide, m'impose une hésitation dont j'étais exemptée avant.
Comme si ce nombre ne me rentrait pas dans la tête, comme si c'était contre-nature, comme si j'étais gauchère et que je devais apprendre à devenir droitière, comme si mes réflexes devaient être altérés, comme si pour apprendre à vivre dans ce qui est je devais constamment me référer à ce qui fut.
J'imagine que ce doit être une forme de réadaptation émotionnelle.
1 commentaire:
Dans ton coeur vous aller toujours etre huit
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