Comme j'ai moins couru ces dernières semaines, je craignais avoir perdu du cardio. Je me trompais: c'est la motivation qui en arrache. Lorsque je me botte le cul (celui-là même qui gêne Fils Aîné), j'ai encore cette bonne impression de courir sans effort, de flotter et d'être libre.
Je crains de cesser de courir l'hiver car je déteste le froid et la slush* du début de la saison. Perdre tous mes acquis, non merci. Juste de m'imaginer braver le froid et je suis découragée.
Sur les rochers, ce soir, je prends ma pause habituelle. Courir à l'obscurité, un autre mood. Je me couche sur le dos, respire et regarde les étoiles -les rares étoiles qui sont encore visibles malgré la pollution par la lumière de la métropole.
L'air de la campagne me manque, ses ciels étoilés aussi. La terre de mes grands-parents où, chaque hiver, durant les vacances, mon frère et moi passions nos journées dehors à concevoir une incroyable glissade de neige où nous nous élançions en crazy carpet de la butte jusqu'au lac.
L'immense jardin de ma grand-mère où j'allais chiper des bouts d'échalotte et des fèves pour me régaler, la forêt si calme, la cabane à sucre où tout le monde mettait la main à la pâte, le réduit que me faisait boire mon grand-père, les immenses champs dans lesquels j'aimais tant courir et surtout, les très gros érables centenaires dans lesquels j'adorais grimper pour espionner les passants ou me jeter dans les immenses tas de feuilles l'automne.
L'hiver, lorsque je suis à la maison et qu'une tempête de neige collante se lève pendant que mes garçons sont à l'école, il m'arrive de leur construire un super fort haut, large et solide (une de mes spécialités) avec des compartiments à munitions. Mon plaisir: les voir arriver à la maison d'un pas traînant et accélérer subitement au contact visuel de la merveille qui les attend.
Ils ne prennent alors pas le temps de rentrer ranger leurs sacs, ils se laissent plutôt tomber à genoux pour m'aider à rouler des boules après avoir bien sûr pris le temps de visiter le fort, qui fait l'envie des rares enfants du voisinage.
Encore une fois, braver l'hiver. Pour la trente-troisième fois.
*Soupir*
*Pour mes lecteurs hors-Québec: en français correct, la gadoue, mélange de neige, d'eau et de calcium qui recouvre tristement les rues et massacre le paysage des beaux hivers québécois.
8 commentaires:
Mieux vaut en profiter de cet hiver. Se feront rares et courts à l'avenir.
J'en viens à penser que ce n'est pas tant le froid de l'hiver qu'on aime, mais tous les souvenirs qu'il implique durant les saisons chaudes. L'impression, souvent, qu'on est exilé pendant le 3/4 de l'année.
Bonne fête!?
C'était il y a deux semaines. ;-)
Merci!
Merci pour ce si beau billet... mes filles seraient ravies d'avoir des souvenirs aussi blancs et cotonneux... une maman qui leur construit un fort mieux que personne... génial!
Dans notre région, la neige est une rareté et même si nous en avons eu une journée l'an dernier, ça paralyse les habitants qui ne savent pas rouler par ce temps... et la mairie est toujours prise au dépouvu... c'est un beau carnage...
La neige est tombée à Paris quand j'y vivais et je me souviens encore du périphérique bouché, des gens gelés dans leur voiture, des soupes chaudes distribuées, des cafés... c'était en février, sur le retour des vacances dans les Alpes...
Pour ma part, je vais aller voir la neige deux jours en janvier, histoire de ma casser une jambe (!) et de faire rêver mes demoiselles... dans les Pyérénees... mais cela n'a rien à voir avec la féérie de ce que tu décris...
gros bisous
véro
Wow ! Ca donne la nostalgie ce texte...très beau !...et pour ce qui est de l'hiver, j'aime beaucoup cette saison, même si je ne suis pas une skieuse...juste l'air pur mérite à elle seule qu'on s'y attarde, assis dans un gros banc de neige...
En tant que skieuse, j'adore l'hiver. (évidemment).
En tant que "coureuse", j'adore aussi l'hiver. Habituellement, ça surprend tout le monde cette association douteuse.
As-tu déjà "essayé" de courir l'hiver ? Il fait froid pendant les dix premières minutes. Après, le corps se réchauffe...et je trouve ça toujours absolument incroyable et agréable de sentir que j'ai chaud, que mon corps a CHAUD alors que je sens l'air froid sur mon visage.
bb, n'empeche, l'hiver, c'est du trouble!
Véro, j'imagine qu'il y a tout un monde entre les hivers français et les hivers québécois. :)
Cricri, ma perception de l'hiver diffère selon mes activités: sortir par obligation et devoir superviser l'habillement de tout le monde, gérer la disparitition subite d'UNE mitaine de chaque paire CHAQUE matin, chaos des vetements mouillés à faire sécher, froid intense, pelleter par obligation, déneiger la voiture, aller mettre de l'essence l'hiver, beurk!
Jouer dans la neige avec les enfants, aller patiner, enfiler nos snowblades et aller skier en amoureux ou entre copines, construire des forts, m'émouvoir devant les mega-tempete, pelleter pour le plaisir, miam.
Tout est une question de perspective. :)
Véronique, courir en respirant de l'air très froid ne te donne pas mal à la gorge, toi? L'adhérence au sol doit etre nettement différente (désagréable) en hiver...
*Désolée pour les accents manquants!
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