Je me suis souvent questionnée sur la nécessité pour nombre d'ex de se faire la guerre. Écouter des hommes, des femmes parler de leur ex avec mépris, surtout quand il y a des enfants en jeu me déprime au plus haut point. Parce que tant de rancœur, de rage et de susceptibilité comme de l’huile sur le malheureux feu qui finit par consumer autant les enfants que leurs belligérants de parents me donne envie de vomir.
Je suis, chaque fois, stupéfaite par la facilité et le désengagement avec lesquels nombre de personnes séparées rejettent de facto tout blâme actuel ou passé sur celui ou celle ayant partagé leur vie sans jamais assumer quelque responsabilité que ce soit.
Rarement ai-je entendu un homme séparé parler avec considération de celle qui fut son amoureuse et la mère de ses enfants. Rarement ai-je entendu une femme parler avec respect de l’homme qui demeurait père, comme si, une fois la séparation annoncée, les virus de l’intolérance, de la rancœur, du blasphème, du dénigrement, des jugements gratuits contaminaient chacun des nouveaux ex et annonçaient de ce fait une guerre en bonne et due forme.
Cela me désole et m’attriste profondément. D'abord pour le coeur des enfants, mais aussi pour celui de ces parents porteurs de fiel.
Responsabilités, argent, conséquences des décisions de l’un, tâches, vêtements, activités des enfants, horaires, méthodes d’éducation de l'autre, paroles dénigrantes à l’endroit de l’autre parent, tout devient le combustible idéal pour alimenter le feu de la guerre.
J'entretenais la certitude que mon défunt couple faisait exception à la règle, qu'il avait héroïquement échappé à l'agresseur invisible. Durant plusieurs années, ce fut réellement le cas, à ma grande fierté. J’avais l’impression que le père de mes aînés et moi étions de bonne foi, modérés et respectueux de l’autre et de ses façons de faire parfois différentes. J'avais l'impression que nous savions être coopératifs. J’avais l’impression que nos enfants pouvaient aisément aller de papa à maman sans se frotter à une amertume qui ne fut pas la leur et cela me rendait fière. La communication était convenable entre nous, je nous sentais un modèle d'harmonie post-séparation admirable.
Durant plusieurs années, je me suis réjouie que nous ayions une bonne entente. Nous nous sommes entraidés de plusieurs façons: j’ai fait preuve d’altruisme à son égard, il a fait preuve de compassion appuyée de gestes envers moi, nous avons su être généreux l’un envers l’autre de différentes manières.
J’avais foi en ma qualité d’ex. J’aimais me sentir juste, j’aimais entretenir cette impression que nous avions réussi à nous concentrer sur les enfants sans succomber au pernicieux besoin humain de tout démollir ce qu’il y eut derrière et qui s’appelait jadis notre vie conjugale. J’étais heureuse de n’avoir rien gardé d’amertume.
J’aimais jouir de ce sentiment de victoire sur le vilain virus des ex. Je me sentais forte d’avoir triomphé de lui -le virus. Nous avions survécu à quatre ans de séparation sans mesquinerie majeure, la menace du mal aurait donc dû être passée.
Puis, un jour, sans crier gare, je reçus une poche de fiel. Un train de fiel. C’était quelques mois après l’arrivée d’une amoureuse stable dans sa vie. Je suis alors devenue coupable de tous les problèmes de l’autre, la source de tous les maux, la sorcière, la porteuse de tous les chapeaux aux qualificatifs peu édifiants.
Désillusion. Ne jamais crier victoire trop vite. Pas d’immunisation contre ce fléau. Ma mère -femme avant-gardiste possédant un long carnet de route en la matière, m'a toujours dit que la relation que j'aurais avec mon ex serait teintée du type de femme qui partagerait sa nouvelle vie.
Mes actions passées, mes intentions présentes défilent et j’ignore toujours où se situe l’épicentre de tant d’amertume.
Je ne suis pas à l'aise d'entretenir une relation avec quelqu’un qui a déposé sur le dernier étage d’un édifice pacifique un étage de rancœur si dense qu’il semble annihiler la solidité et l'harmonie de tous les étages précédents.
Je sais simplement que toute discussion est perdue d’avance sur le terrain miné d’un sentiment injustifié de persécution. Un individu affecté du virus de l'ex ne voit qu’à travers les lunettes maudites de sa susceptibilité.
Aucune parole n’arrive à calmer ce genre de rancœur virtuelle. Impuissante, écouter sans rien rajouter puisque tout parole sera inévitablement perçue comme une agression, puisque toute parole sera réfutée avant même d’avoir été prononcée.
Désabusement.
9 commentaires:
Je te comprends tellement.. bien que ma relation avec le pere de mon plus jeune n'a pas toujours été facile, elle est très bien en ce moment.
Par contre, elle suit la vague des humeurs de sa blonde. Quand cela va moins bien avec sa blonde je suis super et on s'entende très bien. Et quand elle ressert la ceinture et veut refaire fonctionner son couple là mon ex me garroche un paquet de niaiseries par la tête. Je sais que ça vient plus souvent d'elle et de la pression qu'elle lui met.
Pas drôle devoir vivre en relation avec les nouveaux amoureux de nos ex même si on ne leur parle jamais.
Ouf, le père de mes enfants n'a pas encore d'amoureuse. Je dirais que pour l'instant notre relation est teinté de respect et d'harminoe.
Je comprends que l'arrivée d'une tierce personne "brisera" sans doute quelque chose... Je m'y attendais un peu...
Merci Grande Dame pour ce réalisme!
ah mince....moi qui me réjouit trop vite donc de ce que nous avons réussit à créer depuis 3 ans. Il faut dire que l'amoureuse stable est là depuis le début et que c'est une fille bien.
Tu écris très bien cette profusion de sentiments et de risques. Un vrai plaisir de te lire.
C'est vrai que la personne qui entre dans la vie de l'ex après change pour beaucoup la relation que les ex pouvaient entretenir.
Quand je suis arrivée dans la vie de mon amoureux, lui et la mère de ses mousses étaient prêts à se lancer des couteaux dès qu'ils avaient le malheur de se croiser. J'ai agis à titre de médiatrice et maintenant bien qu'ils sont loin de la grande amitié ils se parlent d'une façon posée et les enfants ont l'air de le sentir. Les deux parents ont toujours fait l'effort de ne pas laisser savoir aux enfants les conflits qui les habitaient. Évidemment ça suffi rarement, ils sont intelligents hein!
Maintenant que l'ex a un nouveau chum, ce qui a changé c'est sa relation envers moi. On dirait qu'elle se sent égale comme elle est amour elle aussi, elle a moins l'air de me considérer comme une "voleuse de chum".
Cela dit, à ta place je prendrais tout ça avec un grain de sel. Ces phases sont changeantes, dans 2-3 mois ça peut être drastiquement différent. C'est une période d'adaptation. Désagréable oui, mais passagère.
Bonne chance dans le monde des ex ayant eu des enfants! :)
Si vous, en tant qu'ex, vous sentez comme ca, imaginez les enfants...
Tu as eu 4 ans de relations d'ex en belle harmonie. Tes aînés ont vécu ces 4 années, ils ont pu se faire une bonne opinion sur la relation de leurs parents. Si jamais, l'amoureuse de ton ex en dit trop devant tes enfants, ils vont réagir et dire que ce n'est pas du tout la vérité. Ton ex devant la réaction de tes enfants devrait enlever des briques à son étage de fiel. L'amour rend aveugle mais les enfants te remettent vite les pieds sur terre.
ça me touche beaucoup ce que tu écris. Mon mari m'a laissé cette semaine alors que je suis enceinte et que notre fille à 4 ans. J'ai très peur de l'avenir... Je sais que son caractère peut changer et que oui une femme pourrait le faire changer.. j'ai peur..
Texte frappant; je trouve cela difficile à comprendre. Nier ce qu'on a vécu n'est-ce pas se nier un peu soi-même?
Bravo à ceux et celles qui savent, par leur attitude et leur raison, mettre de côté rancoeur et soucis pour penser d'abord aux enfants.
missrainette, merci. Revenez quand vous voulez. :)
Mariée et heureuse, est-ce que la poussière retombe un peu?
Anne, tu as des talents de médiatrice! :)
Mercurius, je le pense aussi. Bienvenue chez moi.
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