lundi, juillet 02, 2007

Délivrance

Voilà. C'est décidé, elle règlera enfin ce problème qui la hante depuis toujours. Elle respire un grand coup et frappe à la porte. Elle est déterminée à en finir avec les vestiges de ce passé qui la font souffrir.

C'est un homme grand à la voix mielleuse qui lui répond: "Bonjour! Je vous attendais. Entrez!". Il lui tend cordialement la main.

Une vague d'incertitude l'envahit. Cette approche est nouvelle pour elle. Elle tente de maîtriser ses appréhensions.

L'homme l'invite à le suivre. Elle sourit niaisement, puis s'assied sur le joli coussin qui repose sur une chaise en osier. L'ambiance de la pièce est zen. Elle regarde les poissons colorés dans l'aquarium. "J'aimerais bien être un poisson tropical", pense-t-elle. "Les poissons ne doivent pas avoir de soucis."

"Alors, mademoiselle. Je peux vous aider en quoi?", demande-t-il.

-Je...(grande respiration) J'éprouve une grande difficulté à avoir confiance aux hommes. Ça me cause des problèmes dans mes relations avec eux. Je ne réussis pas à considérer quelque relation que ce soit à long terme puisque, comme les hommes sont indignes de ma confiance, la relation basculera inévitablement un jour ou l'autre. Par leur faute, il va sans dire. Je mets donc fin à toutes mes relations de façon prématurée malgré que je sois profondément amoureuse. Avant d'être trop déçue, bien entendu.

-Je vois. Vous savez pourquoi vous réagissez de cette façon? Avez-vous des souvenirs précis de façon consciente?

-Euh, non. Je ne possède aucun souvenir...

-Bien. Je vais vous aider. Nous allons travailler avec votre inconscient. Puisque vous êtes ici, votre inconscient a envie d'être aidé. Il appelle à l'aide, vous êtes d'accord?

-Oui, je suis ici consciemment et j'ai besoin d'être aidée.

-Bien. Étendez-vous sur la table coussinée.

-Sur le ventre ou sur le dos?

-Sur le dos.

Hésitante, mais volontaire, elle grimpe sur la table.

L'homme s'approche: "Êtes-vous confortable?"

-Oui.

-Bien. Je vais m'adresser à votre inconscient. Fermez les yeux. Vous vous souviendrez de tout ce que je dis. Vous n'êtes pas obligée de me répondre. Si vous avez envie de me dire quoi que ce soit, j'en tiendrai compte.

-Entendu.

Bien décidée à en finir, la jeune femme ferme les yeux tandis que l'hypnothérapeute pose une main à la fois ferme et réconfortante sur son épaule nue.

-Laissez-vous guider par le son de ma voix. Vous pouvez avoir confiance en moi, je suis là pour vous aider. Je vais faire un décompte à partir de 10 pour vous aider à vous détendre et lorsque j'arriverai à zéro, vous serez complètement détendue.

-...

-Vous êtes venue me voir pour une difficulté dont vous êtes décidée à vous affranchir. Cette difficulté vous pèse, votre coeur et votre esprit portent des marques qui sont très vives au contact des hommes....dix, neuf, huit.... Vous êtes venue quémander une aide je suis disposé à vous offrir.... sept, six, cinq.... Détendez-vous, écoutez ma voix, elle vous guidera vers cette liberté d'esprit que vous convoitez...

La jeune femme fait quelques soubresauts. Son corps se détend. Elle s'imagine de toute sa volonté converger vers la libération, elle voudrait pouvoir vivre ses amours sans soucis, en toute confiance. La voix de l'homme est rassurante, elle s'en remet à lui.

-...Vous vous sentez lourde, vous vous sentez vous fondre dans le matelas. Décrochez de votre mental. Visuellement, c'est comme si vous dévaliez une pente, vous êtes attirée vers le bas, vous aspirez à atteindre le bas pour vous laisser tomber dans l'herbe verte...quatre, trois.... Vous y arrivez, vous sentez la victoire, vous atteignez l'herbe verte, vous vous y abandonnez, votre corps n'a plus à fournir d'efforts, votre esprit n'est plus en lutte, vous êtes simplement abandonnée...votre mental est éteint...complètement....deux un....

Ça y est, là voilà étendue dans l'herbe. Un répit pour l'esprit. Elle se sent déjà un peu libérée. Enfin, ne plus penser, ne plus souffrir...

-Maintenant que vous êtes vierge de toute pensée, essayez de vous visualiser jeune et insouciante. Imaginez-vous....à cet âge qui représente pour vous l'apogée de l'insouciance...Est-ce quatre ans? Huit ans? Onze ans?

La jeune femme fronce les sourcils, agite un peu les doigts. Des vestiges de tension que trahit son corps. Elle déglutit.

-Retrouvez cette insouciance...immergez-vous dedans... Tout doucement, je vais déposer vos pieds sur de petits appuis. Ne vous inquiétez pas, tout ira bien.... Rappelez-vous comme vous êtes libre et insouciante.... Sentez, également, comme le port de certains vêtements peut être incommodant... Votre corps, comme votre esprit, convoite cette liberté, cette insouciance... Sentez profondément comme votre esprit a envie de me crier de vous libérer de la superficialité de ces inutiles tissus.... Sentez, aussi, comme je suis bon pour vous. Je suis bon parce que je n'attendrai pas que vous me demandiez de vous en libérer... Je vais le faire...pour vous aider... Vous avez toujours confiance en moi?

Plongée dans un profond bien-être, elle se sent effectivement immergée dans cette zone d'abandon. Victorieuse, elle hoche la tête en souriant aussi bêtement que béatement.

-Bien. Maintenant, nous allons ouvrir une petite porte secrète. Une petite porte qui ne doit jamais être ouverte. Lorsque je vous le dirai, vous refermerez la petite porte, d'accord?

-Hmmm.

-Bien. Je vois que votre subconsient répond très bien. Vous êtes décidée et bien brave...

-...

-...

-...

-...

-...

-...

-Hm....Oooh!

-Ne vous inquiétez pas, c'est terminé! Maintenant, nous refermons la petite porte. Vous vous souvenez? Nous devons la refermer. C'est mieux ainsi. Pour vous.

-...

-Je vais maintenant faire un décompte. Vous convergerez tranquillement vers votre cérébralité habituelle au fil des chiffres...dix....neuf...huit...vos muscles bien détendus commencent à s'éveiller....sept...six...cinq... Vous avez l'impression d'être tirée d'un réparateur sommeil...quatre...trois...deux... Les barrières que vous sentez sont uniquement celles que vous vous imposez...un...zéro....éveillez-vous doucement....

La voilà qui ouvre les yeux. Interdite, elle fixe le plafond, s'étire. Elle est calme.

-Comment vous sentez-vous?

"Bien", répond-elle stoïquement.

Elle s'assied sur le bord de la table.

Bienveillant, il sourit.

"Nous avions discuté de mes honoraires au téléphone, je crois..."

Elle fouille dans son sac, lui tend l'argent en le remerciant de toute sa naïve sincérité.

C'est avec galanterie qu'il la conduit jusqu'à la porte.

"Monsieur?" ose-t-elle.

-Oui?

-Votre braguette...elle est ouverte...

Pudiquement, il la remonte.

"Je suis heureuse d'avoir fait votre connaissance. J'espère très fort que mes relations en seront améliorées...".

-Ce fut un plaisir, Mademoiselle. Revenez si vous en ressentez le besoin. Il me fera toujours plaisir de vous aider.

5 commentaires:

Taïga a dit...

Un trait de ton imagination cette fois encore j'espère!

Marchello a dit...

Pas trop cher, j'ose croire?

À deux séances par mois, il en a probablement pour cinq ans juste avec la petite porte.... et la braquette!

La Souimi a dit...

Maudit gros plein d'm.....

Excuse-moi. C'était plus fort que moi.

Anonyme a dit...

Fou rire...

Et bien, on tiend ses lecteurs en haleine...

Etait-ce l'espoir d'avoir une fille?

Préoccupée la fille hein! Avec le dernier détail, je l'aurais été aussi! Coquine!

Grande-Dame a dit...

Mom, ne sais-tu pas que j'ai ici un Grand-Homme qui n'attend que ma bénédiction pour me faire une fille?

Tu as l'imagination bien plus fertile que moi! ;-)