Il le porte seul, en silence. Il s'isole, se recroqueville sans dire mot, réfléchit. Je surprends des larmes couler sur son petit visage sérieux et impassible. Je le prends contre moi, le questionne. Il refuse de parler.
Je tente des détours, émets des hypothèses: culpabilité? Intimidation? Humiliation? Regrets? Solitude? Ostracisme?
Une tombe.
Il ne parle pas, m'assure que ça ne changerait rien.
Avant de partir à l'école ce matin, même scénario. Isolement, mal de ventre subit, envie de vomir. Refus net d'aller à l'école.
Il se passe quelque chose, je le sais et cela me rend malheureuse de voir qu'il refuse que je l'aide à trouver une solution. Il choisit de porter seul son fardeau.
Je m'exprime donc en paraboles, il me répond de la même manière. Quoiqu'il se passe, il doit agir parce que cela n'a pas de sens d'étirer l'angoisse aussi passivement. Ça sent à plein nez la culpabilité de quelque chose dont il a honte.
J'attends un retour d'appel de son enseignante. Peut-être pourra-t-elle m'éclairer?
Derrière ses frères, il est parti, penaud, toute la misère du monde sur ses petites épaules.
Mais que peut donc faire une mère lorsque toutes les portes vers son enfant sont fermées à double tour?
14 commentaires:
tu dois vivre un moment terriblement difficile! courage et surtout lâche pas!
Taxage peut-être? C'est la première chose qui me vient à l'esprit, mais je peux me tromper.
Je prendrais un moment seul avec lui au cours d'une sortie jus-jasette, ou un tête-à-tête magasinage peut être? Je crois que devant de tels signes d'angoisse, une maman a le «devoir» d'insister en mettant clairement ses émotions sur la table «je m'inquiète pour toi, je sens qu'il y a quelque chose qui ne va pas pour toi, je suis ta maman et je te jure que je suis capable de t'aider et de t'aimer même si c'est toi qui a fait une gaffe...» Moi en tout les cas c'est ce que je ferais. Quand j'avais 9 ans les grosses et grandes soeurs d'une «amie» m'ont rudoyée plusieurs fois et fait «chanter», j'en avais parlé à ma mère qui ne m'a pas donné le soutien nécessaire (elle prenait cela très à la légère; une chicane d'amis...) Bien sûr je me suis débrouillée, mais j'ai toujours ressenti cet évènement comme un manque ou une solitude devant la peur. Je m'y réfère régulièrement avec mes enfants pour rester à l'affût et je me dis que même si parfois il faut pousser pas mal pour savoir la vérité, les enfants sont toujours soulagés d'un grand poid lorsqu'ils se sentent soutenus et aidés...
Mais je suis certaine que tu as déjà de bien bonnes idées là dessus et déjà un plan d'attaque qui mijote...Effectivement j'aurais eu le réflexe de parler au professeur ou «subtilement» aux amis proches de ton petit peut être?
Prend soin de vous
France
P.S. Et si tu allais le chercher à la sortie de l'école pour quelques jours...Juste pour fouiner et le rassurer?
Mon fils a eu une drôle d'idée à l'école en début de semaine. Il s'est fait gronder par une surveillante.
L'idée était farfelue (moi je l'ai trouvée surtout drôle pour sa fantaisie) mais aucunement irrespectueuse ou dangereuse pour les autres (ou même pour lui). Cela a nécessité que je me pointe à l'école, où j'ai trouvé mon fils en larmes s'excusant de cette idée incongrue sortie d'il ne savait où.
J'en ai été étonnée, mais pas fâchée. Il avait eu peur que je sois fâchée contre lui car la surveillante lui avait dit que sa mère était très fâchée contre sa bêtise.
Après l'école, nous avons été manger une crème glacée ensemble pour discuter tranquillement. Il m'écoutait mais semblait vouloir enterrer rapidement cette histoire qui fut humiliante pour lui.
Les deux jours suivants ont bien été, puis hier, quelque chose s'est produit et il ne semble pas que ce soit en lien avec "l'incident". Mes autres fils ne sont pas en mesure de comprendre ce qui se passe non plus.
C'est peut-être quelque chose d'anodin qui a une grande importance pour lui. Je n'en sais rien car malgré ma patience et mes détours, il refuse de me dire quoi que ce soit...
Ce n'est pas anodin pour lui s'il souffre. Je le garderais à la maison pour en avoir le coeur net. Raison de l'absence? Souffrance. Cette douleur doit être soignée.
Je suis intervenante dans les écoles, avec des plus vieux, mais cela est transférable aux plus jeunes. Je raconte mes histoires quand j'étais jeune, je grossis le tout pour en faire des situations plus grandes que natures. Comme par exemple des histoires embarrassantes, des histoires où j'ai été ennuyé par d'autres enfants et j'explique comment je m'en suis sortie. Ça marche à tout coup ! Bonne chance.
Mon fils est venu dîner sautillant comme une gazelle et m'a annoncé fièrement que son problème était réglé.
Son professeur l'a invité dans la salle des profs pour prendre un chocolat chaud et ils ont discuté. À elle, il a accepté de parler et ils ont trouvé une solution.
Le secret? Je ne le connais pas et je ne sais pas s'il est absolument nécessaire que je le sache s'il n'est pas à l'aise de m'en parler.
Je suis soulagée (et reconnaissante) que son enseignante ait trouvé le moyen de le mettre suffisamment en confiance pour le libérer de ce fardeau.
Un truc qui fonctionne parfois chez moi ? Le "fais-moi un dessin". On joue, juste comme ça, ensemble. Et puis arrive le carton "une situation qui m'embête en ce moment". Et on tente de déchiffrer...
Bonne chance.
Ouf quel soulagement de les voir à nouveau sautiller n'est-ce-pas?
Bonne idée que cet appel au professeur et merveilleux qu'elle ait pu intervenir si efficacement!
Bon printemps,
France
Ouf! Mais non, ce n'est pas nécessaire que vous sachiez de quoi il s'agissait. Heureux que cet enfant ait pu s'ouvrir à une personne de confiance et régler avec elle le problème. Belle preuve d'autonomie. Il ne dit peut-être pas grand chose, mais il est comme un livre grand ouvert, visiblement renfrogné quand ça ne va pas et visiblement heureux quand ça va. Il extériorise très bien ses sentiments dans le non-verbal. Rien de vraiment inquiétant donc.
Je trouve qu'il a une bonne enseignante. L'inviter à boire un chocolat chaud. C'est gentil, réconfortant et ça incite à l'ouverture. Elle est sensible et proche de ses élèves, je trouve.
Tu sais, ma petite (qui a maintenant 14 ans), a souvent eu cette attitude de fermeture alors que je voulais l'aider. Elle a toujours senti mon appui mais souvent, elle préférait gérer elle-même le problème. Elle ne voulait pas que j'intervienne. J'ai peu à peu compris qu'elle faisait confiance en ses propres ressources . Elle est plus ouverte, maintenant. Elle sait qu'elle peut me demander de l'aide quand elle le désire mais elle sait aussi qu'elle a en elle tout le potentiel pour régler bien des problèmes. C'est peut-être ce que ton fils a vécu. Je ne le sais pas. Et voir qu'il a réglé une situation par lui-même lui a certainement donné confiance.
J'ai été une petite fille à qui ont avait fait des vilaines choses et qui pensait que me confier à qqun de "pas trop proche" et surtout pas de ma famille était mieux. Normal, c'est plus facile à raconter. Mon exemple est surement un peu alarmant (désolée) mais ça vaut peut-être la peine de vérifier avec le professeur qu'il s'agit bien de qqch d'anodin, pas besoin de savoir quoi si le secret à été promis, mais juste... qqch d'anodin. Bonne chance pour cet épisode ! Sinon un grand bravo pour l'ensemble de l'œuvre (comprendre la famille !!)
;-) Isa
Tu dois te sentir bien impuissante et je te comprends. Les enfants sont parfois très fermés sur ce qu'ils vivent à l'école par peur d'avoir l'air bébé ou autre. Il va sûrement finir par se confier, faut lui laisser le temps. Ne laisses pas la situation empirer, parle à son professeur excellente idée.
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