lundi, décembre 03, 2007

Méta

Il y a des vérités que l'on connaît intuitivement, ou simplement par la force des choses. On doute, on redoute, on attend une confirmation. Puis, on finit par l'obtenir.

On ferme alors les yeux longuement. On encaisse et parce qu'on n'a plus la force de se battre contre l'adversité, on tend docilement l'autre joue.

Parfois, il n'y a plus de joues à tendre. Parfois, même une greffe de joues ne suffirait pas.

Métastases.

J'ai cherché ce mot dans le dictionnaire lorsque j'ai entendu aux nouvelles que Robert Bourrassa avait des métastases.

Métastases, ce mot qui rime tant avec impuissance, avec fin, avec au revoir, avec plus de papa.

Je le savais. Depuis que je le vois se prendre la tête à deux mains durant des heures et se recroqueviller pour conserver la chaleur que le peu de gras sous sa peau lui permet, je le sais. Il s'en doutait lui aussi. Mais personne ne prononçait le mot maudit.

Une grossesse: une unité de mesure temporelle bien tangible pour moi. Si je devenais enceinte maintenant, les chances seraient très minces pour que mon enfant puisse rencontrer son grand-père maternel.

Pourtant, en cet instant où je me sens en plein Festival de la Grande Faucheuse, j'aimerais sentir un brin de vie, une lueur, un espoir de réjouissance en moi. Cette pensée n'est pas rationnelle, mais je n'ai en ce moment nullement envie d'être une fille rationnelle. L'émotif pèse trop lourd dans la balance.

11 commentaires:

Encre a dit...

Quelle tristesse! J'ai bien de la peine pour toi. Prends appui sur ceux que tu aimes pour avoir le courage de donner du courage.
Une lectrice qui t'embrasse fort.

Anne a dit...

Je comprend tes sentiments confus.

Ma grand-mère s'en allant doucement et mon petit étant de plus en plus près d'arriver, le contraste de la vie et de la mort nous frappe en plein visage.

Bonne chance à ton père et à ta famille dans cette épreuve.

moi m'aime a dit...

Je pense fort à toi et à ta famille..

Anonyme a dit...

Je comprends donc. Après Blanche, si tôt...c'est toujours trop tôt de toute façon.
J'ai pas de mots pour te réconforter, mais tu me fais penser à ceci. Je suis devenue enceinte tout de suite apres la mort de ma grand mère paternelle. Je me plait à penser qu'elle m'a fait ce cadeau.

La Souimi a dit...

Je t'envoie mes pensées. Courage...

Pur bonheur a dit...

Bon courage. Tu dois traverser de durs moments...

Une femme libre a dit...

Rien de rationnel en effet dans les émotions suscitées par la mort imminente du premier homme de notre vie, notre père. J'ai eu à passer par là aussi et à cause du cancer également. Je compâtis. Il est cependant utile de pouvoir se préparer à cet événement, de le voir venir, souffrant mais utile. Et ces hommes aimés peuvent nous surprendre et même nous charmer par leur façon d'aborder cette dernière étape. J'ai beaucoup impliqué mes enfants aussi, parce qu'ils le voulaient. Nous avons vraiment vécu la mort de mon père comme un dénouement rassembleur.

Dr Maman a dit...

Beaucoup de courage à toi, à vous pour soutenir et épauler ton père dans cette nouvelle épreuve.

Beaucoup de pensées vers toi.

Anonyme a dit...

C'est fou comment on ressent dans notre corps ce besoin de donner la vie quand on apprend ce genre de nouvelle. J'ai eu la même réaction quand on m'a annoncé que mon père avait un cancer inopérable et fulgurant. J'ai souhaité ardemment tomber enceinte "drette là". Comme si pour compenser la perte du passé, on devait se projeter dans l'avenir.
Courage, Grande Dame. Mes pensées vous accompagnent.

Grande-Dame a dit...

Toutes, vos bons mots sont de doux et ouateux (?)flocons.

La fêlée, c'est une très belle image. Je me la serais appropriée aussi.

Anne, je comprends. La vie prend d'un bord, donne de l'autre.

Femme Libre, c'est vrai, la mort nous fait souvent des cadeaux par les liens qu'elle permet de tisser. Souvent, la tristesse nous aveugle, mais les cadeaux humains, affectifs, les vérités souvent livrées avant la fin dans les gestes et les paroles sont bel et bien là.

Marie-José, vous dites ceci: "(...)
Comme si pour compenser la perte du passé, on devait se projeter dans l'avenir". Ce sont les bons mots, j'y adhère entièrement.

Anonyme a dit...

...
Et ceci : :-)
De ce côté-ci de la Rive, j'attends les prochains résultats d'une maman rejetée puis ramenée, qui prend les couleurs des mots maudits. Je compatis. Totalement.