La prise de conscience de la partie nominale de l'identité peut se révéler douloureuse pour quiconque se croyant à tort unique à ce niveau.
L'expérience fût vécue ici il y a quelques jours.
Un jeune Coco pas du tout prêt à souffrir savourait sa soupe aux légumes et posa soudainement sur moi des yeux graves: "Tu as entendu? Qu'est-ce qu'ils ont dit à la radio?"
Moi -Je ne sais pas, je n'étais pas attentive.
Coco, se sentant personnellement interpellé -Ils ont dit Jérôme!
Moi -Ah bon...
Tout-Doux, berçant le chat avec désinvolture, corrige -Ils ont dit ST-JÉRÔME.
Coco, tournant des yeux pétillants vers moi -Ils ont dit mon nom à la radio!
Moi -Ils ont surtout prononcé le nom d'une ville..
Coco, désemparé -Mais c'est MON nom!
Moi -C'est aussi le nom d'une ville et le prénom d'un tas d'autres personnes (Tombe le cruel couperet). Tu n'es pas le seul Jérôme.
Coco, se refusant d'admettre la dure vérité -OUI. OUI, je suis le seul Jérôme! Il n'y en a pas d'autres comme moi!
Moi -C'est vrai, tu es un garçon unique et tout à fait spécial, mais ton prénom, tu le partages avec d'autres.
Coco, dérouté, attristé, venant de perdre douloureusement son sentiment d'exclusivité, en déni total -C'est PAS VRAI! Je suis LE SEUL, je n'ai jamais vu un autre Jérôme! Tu vois, je suis le seul!
Tout-Doux, un brin baveux, mais toujours désinvolte -C'est pas parce que tu n'en a jamais rencontrés qu'ils n'existent pas. Maman a raison, tu n'es pas le seul Jérôme.
Coco, mains sur les hanches, TRÈS insulté, s'agenouilla sur sa chaise. Il y avait tout le défi du monde dans ce petit visage lorsqu'il s'adressa à son insolent de frère : "Ah oui? Ok d'abord, Jérôme QUI?"
Déjà, il affichait un air de triomphe.
Du tac au tac, Tout-Doux lui répondit un "Jérôme Picard" tout ce qu'il y a de plus bidon. Je validai tout de même discrètement avec lui avant de me faire confirmer l'arnaque par un sourire complice.
Déstabilisation totale et absolue. Vaincu, Coco se laissa retomber sur sa chaise, solidement ébranlé. J'aurais pu lui annoncer que je n'étais pas sa mère, il n'aurait pas été moins déçu.
Dure, dure la vie quand elle nous oblige à redéfinir notre identité.
12 commentaires:
pauvre petit coeur...
Tu devrais lui faire visiter le blogue de Missmétéo... il y en a un autre Jérôme et tellement mignon que le tien ne pourra qu'être heureux de partager son prénom avec un si adorable enfant !!! ;o)
Je crois ne pas être sortie de cette phase parce quand j'ai vu sur Facebook que certains personnes partageaient mon prénom ET mon nom, ça m'a complètement choquée et déstabilisée...!
Haha, pauvre petite Jérôme. C'est dur la vie. Mais je comprends, on veut tous être unique. De mon côté, j'ai réalisé qu'il y a quatre personnes - sinon plus - qui partagent mon nom ET prénom.
That's it, je suis officiellement un lieu commun.
C'est utile parfois... Moi je partage mon nom et mon prénom avec un des principaux journaliste du journal Le Devoir qui fait souvent la une ! C'est génial pour faire croire à ma femme, mes collègues et mes amis que j'ai réellement écrit cet article à la une sur l'industrie du pétrole en Russie !!!
Moi mon nom est tellement original que je tomberais de haut trouber quelqu'un avec la même!
Et que dire des Jean Coutu?? L'enfer! (haha)
J'ai tellement un nom rare, enfin pour mon époque, que je savais qu'il était rare et je voulais avoir quelqu'un qui portait le même. Au primaire j'étais la seule. Au secondaire, nous étions deux, avec une différence de graphie: j'avais la plus simple, et elle la plus compliquée. Entretemps, je savais qu'existait la graphie anglaise de mon prénom, ce que j'ai vu et revu avec les années. Une seule fois j'ai vu la même graphie que la mienne, et ça m'a fait bizarre.
Ainsi, j'étais sûre qu'avec ma graphie trop simpliste ainsi que mon nom de famille, j'étais la SEULE et unique à m'appeler comme cela. Or, cette année, en googlant mon nom complet, j'ai découvert que, ho malheure, UNE personne porte les mêmes prénom et nom de famille que moi, exatement écrits pareil. Et le pire, c'est qu'elle étudie en enseignement. J'ai eu une impression de Twilight Zone.
Hier soir, au restaurant, un petit garçon pleurnichait en appelant sa maman (on l'entendait mais on ne le voyait pas). Et ma fille de 2 ans s'est mise à me regarder un peu paniquée (genre : "quoi, un autre enfant ?!") et décontenancée car je ne répondais pas à cette plainte... j'ai du lui expliquer que je n'étais pas la maman de ce petit garçon, ni de tous les autres enfants d'ailleurs, que chacun avait sa propre maman et qu'on s'appelait toutes comme ça...
J'ai tout récemment eu ce choc, à presque 20 ans, car j'ai un nom original et j'ai rencontré une fille avec le même nom! Et ce fut vraiment un choc! J'ai été déstabilisée dans mon identité! Je ne suis pas unique!
Alors toutes mes sympathies à ton Coco...
N'ayant pas un nom de famille très commun, je m'étonne toujours qu'il y ait au moins 2 autres personnes dans ma ville (et ce n'est pas Montréal) qui portent le même nom que moi, deux personnes qu'il m'a été donné de rencontrer dans des situations assez cocasses. L'un d'elles était étudiante dans le collège où, jeune prof, j'enseignais et l'administration lui envoyait la paperasse qui m'était destinée.
Pour mon conjoint, il y a également au moins une personne dans notre ville qui porte le même nom que lui. La police est débarquée un jour en disant qu'elle recherchait (nom de mon Encrier)- je suis devenue blanche, le temps de réaliser qu'il y avait erreur sur la personne. Et puis, l'an dernier, un collègue qui avait utilisé l'annuaire pour nous téléphoner s'est fait dire au bout du fil que (nom de mon Encrier) venait de mourir. Il a d'abord cru à une blague - j'espère qu'il n'a pas trop ri ;
La désillusion frappe fort pour tout le monde!
Je vous dis comme à mon fils: n'ayez crainte, mes tout bons lecteurs, malgré que vous partagiez votre nom, vous êtes tous uniques!
Pour ma part, je partage mon nom ET prénom avec une éminente médecin américaine. Sinon, par chez-nous, il est bien rare que je croise quelqu'un qui porte mon prénom, et encore moins mon nom!
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