Je suis braillarde. Il me suffit de devoir être arrêtée de façon prolongée à un stop pour laisser les tinamis d'une garderie traverser la rue en tenant bien le serpentin pour devoir sortir la boîte de mouchoirs.
En allant chercher les enfants à l'école et en voyant tous ces marmots colorés marcher en rang bien disciplinés, mais tentant tout de même de contenir leur enthousiasme en apercevant maman ou papa qui les attendent déjà dans l'entrée m'attendrit.
Vous imaginez bien que lorsque j'aperçois un des miens à travers tout ce beau potentiel de vie, je ne peux qu'être doublement émue.
Ainsi, un Grand-Charme (10 ans) plein d'aisance à son spectacle de théâtre, un Petit Caractère (5 ans) tout heureux de me faire visiter sa classe, un Douceur (7 ans) au spectacle de musique de fin d'année, un Bébé (18 mois) tout emmitouflé qui part en promenade avec les amis de la garderie exigent chez moi une retenue TRÈS FORTE de pleins d'émotions.
Ce sont des tout-petits, facile, c'est si mignon!
Or, je me suis prise sur le fait, la semaine dernière, à ressentir le soubresaut d'un violent élan maternel en croisant l'autobus de Fils Aîné qui le ramenait à la maison tandis que je partais dans la direction opposée. MON FILS! Je me suis tordu le cou pour tenter de l'apercevoir à travers une vitre, pour le surprendre, voyeuse, dans son univers duquel je suis exclue.
Je me rends compte qu'avec lui, j'entre dans un aspect nouveau de ma maternité: la maternitude d'adolescent. Une exploitation différente de la fibre maternelle, mais pas désengageante pour autant.
Avec mes petits, ma relation est beaucoup plus symbiotique, animale, fusionnelle. Puis, ils vieillissent, s'ouvrent, développent leurs idées, me partagent des réflexions, des anecdotes qui me permettent de mieux les connaître dans d'autres contextes. Je suis comblée de les avoir dans ma vie, riche qu'ils soient si différents.
Si j'ai pesté (et si je peste et repeste!!) souvent contre la tyrannie et le despotisme de Fils Aîné, je découvre à présent chez lui une curiosité très vive, une intéressante subtilité, un vocabulaire de plus en plus recherché, un humour fertile et une complicité qui goûtent bon. Je me surprends à désamorcer avec lui certains noeuds du quotidien avec légèreté et il me le rend bien.
Mon grand, il vieillit. Il veut devenir bédéiste. Il possède un réel talent. Son caractère -le même que celui qu'il a toujours eu- s'affirme, mais surtout, s'affine. Je suis enchantée de voir le jeune homme qu'il devient, son potentiel qui grandit. À plusieurs niveaux, il me surpasse et je peux me référer à lui. N'est-il pas merveilleux de se faire surpasser par ses enfants?
Les discussions changent, les allusions aussi. Il tente de me situer temporellement par rapport à lui: "(...)La mode, maman, c'est plus comme dans ton temps, avec des pattes d'éléphants!"
-Des pattes d'éléphants!!?? Fils Aîné, j'ai trente-deux ans! Les pattes d'éléphants, c'était une génération plus haut, du temps de Papi/Mamie!
Il tâte la vie, évalue, peaufine ses idées, développe des stratégies (m'en a avoué une récemment pour obtenir ce qu'il veut), écoute avec plus d'intérêt et d'interaction.
Parfois, il fait partie des enfants à qui l'on en passe des p'tites vites, parfois, il comprend nos allusions d'adultes et entre en souriant dans la complicité des grands sans rien dire aux petits.
Avoir de grands enfants, c'est chouette!
7 commentaires:
Wowo trèes belle réflextion.. merci!
Ma plus grande est rendue à 10 ans et déjà je vois un changement dans son comportement. Nous sommes capables d'avoir des conversations sérieuses. Nous écoutons la télé collées une contre l'autre. Elle s'occupe de ses soeurs, ne les repousse pas. Elle aide sans chialer. Je la vois telle qu'elle pourrait être plus tard, dans la vingtaine. De beaux "flashes". Je n'ai pas hâte que l'adolescence vienne brouiller les cartes et qu'elle devienne désagréable. J'aimerais qu'elle aie 10 ans plus longtemps. Mais bon, des ados pas trop pires, ça existe aussi. Avec la bonne base qu'elle a, peut-être que ce ne sera pas si mal. Je me dois de ne pas lui dire comment s'est déroulée la mienne, mon adolescence... ;-)
Mon aînée a elle aussi 10 ans mais j'ai l'impression d'entretenir déjà des rapports plus tendus entre nous .
Mais en 30 secondes, la situation se retourne et revoilà pour quelques précieuses minutes mon tendre bébé-fille toute en tendresse et câlins!
question génération, la mienne ne tente même pas de nous situer ds l'échelle du temps, elle a résolu le pb comme suit: " maman , tu comprends rien aux jeunes".
je vous découvre depuis quelques jours et j'aime bien vous lire.
bonne journée
Merci! Je sens ça aussi avec ma grande, plus mon bébé, mais toujours mon bébé. Paradoxe...paradoxe.
Un belle fenêtre ouverte en mots sur la maternité et su toute la longueur de ses sentiments...
Oui... les bons moments sont vraiment agréables... un humour qui s'affine, une compréhension plus aigüe des choses, des connaissances acquises sans que nous nous en soyions aperçus... mais aussi le revers de la médaille. On leur a inculqué avec fierté le sens critique, ils le testent sur nous à l'infini, avec un acharnement de pittbull, on a souhaité qu'ils puissent se forger leur propre opinion, on assume qu'elle soit siii différente de la notre parfois, et qu'ils la défendent si férocement.
On regarde attendrie pousser leurs grands pieds, leurs grands bras, leurs maxilaires se durcir,la musculature se développer. Attendrie on les laisse se pencher pour nous embrasser, et on se dit "waw, c'est LE MIEN, c'est MOI qui l'ai fait, il est a MOI, MOI, MOI, hé, regardez les gens !!"
Mon Benjamin m'a demandé l'autre jour si j'en avais déjà vu "en vrai", des dinosaures. Pffft... Les pattes d'éléphant, à la limite, c'était en '70 !!!
:-)
Bonne chance, Grande Dame. Je vais conduire mon grand de presque 17 ans à son examen de conduite, demain.
Sauvez mon âme... Je pense encore qu'il a 5 ans... :-)
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