Ce ne sont pas des blagues lorsque je dis que je veux tout.
Je veux le beurre, l’argent du beurre, la chèvre, le chou, le loup dans la bergerie et les moutons intacts. Je veux l’ours éternel et sa peau avant de l’avoir tué, je veux l’œuf et le bœuf, je veux l’aiguille et la botte de foin, je veux le chat parti pas trop loin et les souris qui savent danser dans le bonheur de l’insouciance sans être dupes pour autant.
Je sais, on ne peut pas tout avoir et cette idée me révolte. Il y a trop de beau, de grandiose et d’inspirant. Je déteste devoir prendre des décisions. Je ne suis pas une fille raisonnable.
Je veux jouir de mes enfants, m’imprégner de leur fraîcheur, de leur vitalité, de leur essence (le Doc Maillet se régalerait de ma perversion). Je veux le travail et sa gratification, je veux réapprendre à apprécier de l’extérieur la valeur de ce que je possède ici, maintenant. Je veux la latitude nécessaire pour terminer mon livre sans les contraintes qui viennent avec.
Je veux me défouler au judo, prendre des cours de tango et grimper régulièrement. Je veux avoir la motivation de courir plus souvent, le temps et le plaisir de profiter de mon amoureux, la créativité nécessaire pour remplir toutes les pochettes de mon calendrier de l’Avent (et la patience d’assumer leur contenu).
Je veux faire des duos piano-violon avec mon homme, je veux me familiariser avec la désespérante clé de Fa à l’accordéon (et varier mon pénible répertoire, me supplieraient les autres), je veux prendre le temps de faire une charmante petite courtepointe pour envelopper douillettement l’urne de Thomas. Je veux trouver le temps d’imprimer des tonnes de photos pour lui faire un album de scrapbooking (m’initier à cet art du même coup).
Je veux peut-être concevoir un autre enfant, mais sans la multitude de contraintes intrinsèques à une grossesse. Je veux la folie et la fantaisie, mais pas au détriment du peu de sécurité qui m’habite. Je veux éliminer le matériel superflu et être comblée de cette sensation de dégagement.
Je veux trouver ma voie, je veux apprendre à lâcher prise, je veux accéder à la sérénité. Je veux aider les autres, je veux que ce que je suis fasse une différence pour quelqu’un.
Je veux des montagnes, des falaises, des hauteurs, du vert, du gris, du orange, du bleu. Je veux me gaver des secousses intérieures que procure l’immensité et m’émouvoir devant la simplicité des gestes de fraternité.
Je veux des sushis au thon rouge, des éclats de rire, de l’écoute, de la spontanéité, de la verve. Je veux de la douceur, des attentions, des amitiés verdoyantes, de la crème brûlée, de la dérision, auto ou pas.
Je suis idéaliste, j’aime les idées inspirantes et confortables. Je suis exigeante, aussi. J’ai hélas conscience que c’est souvent lorsqu’on lâche prise sur les luttes intérieures qu’engendrent tant d’exigences que les choses se placent naturellement pour nous faire converger vers la sérénité. Le jour où je saurai lâcher prise, renoncer, abdiquer en souriant, je serai auréolée de sagesse et je serai enfin devenue une grande dame.
10 commentaires:
Vaste programme!
Vous pouvez déjà vous consoler en sachant que vous avez et l'arbre et l'écorce... et vous entre les deux.
Si jamais vous trouvez un truc pour réussir, faites moi signe. La chose ne me laisse pas complètement indifférent...
Et... tu as raison !!! Et... non tu ne seras pas plus sage parce que moins exigeante.
Et... c'est toi qui le dit : "je veux réapprendre à apprécier de l’extérieur la valeur de ce que je possède ici"... !
Votre courage, votre amour et votre compassion sont admirables.
Votre plume est inspirante, billet après billet.
Vous êtes une Dame, plus grande que nature.
Et vous avez raison de tout vouloir; c'est ce que je veux aussi.
Ouf! J'ai le vertige, et en couleur...mais c'est bon, comme cette montagne que nous avons gravi.
C'est un bon départ et ça commence comme ça. Et puis, un jour tu t'apercevras que tu as déjà dépassé un peu plus que ce que tu souhaitais. Tu regarderas en arrière et tu réaliseras qu'à travers ta vie, tes joies, tes peines, tes contrariétés, tu as encore fait un pas en avant.
A regarder tout ça, c'est stimulant, ça bouge. Peut-être que dans l'inaction - il y a aussi beaucoup de digestion qui se fait. Un temps d'arrêt permet toujours d'aller plus loin. Maintenant essaie d'arrêter avec la marmaille :-)
Moi, qui t'ai vu grandir, je ne puis que te dire que tu es comme le bon vin, tu veillis bien, tu avances et ;-) je suis toujours très fière de ma fille. Donne-toi du temps et une petite accolade.
Tu sais quoi, Grande Dame? C'est possible de tout avoir cela, c'est juste que ça prend toute une vie...
C'est toujours un plaisir de te lire...
Allez Grande Dame, on veut tout, on a le droit à tout,on a raison, fonçons et ne laissons surtout personne nous arrêter! À l'abordage!
Je me retrouve tellement dans ce billet. Je veux toujours tout. Éternelle perfectionniste ont ambitions exponentielles...
Moi aussi je m'y retrouve... l'insatisfaction m'habite, sur moi-même, sur mon job, sur le temps qui passe... j'ai un trésor sous mon toit, mais j'aimerais tellement accéder à mes rêves, tant qu'il en est encore temps... toujours aller plus haut... tout en ayant conscience que le plus important est là, sous mes yeux... dur paradoxe...
Rien à voir mais....La crème brûlée est mon dessert préféré... ohlala, fallait pas que je te lise maintenant, à presque l'heure du souper en France... j'ai faim maintenant!!!!!!!!
Gros bisous....
Moi qui me suis levée stoïcienne ce matin, voilà qu'à cause de vous je termine la journée la tête pleine de tout ce que je veux et que je réclamme ;)
Merci pour ce beau texte :)
Chère amie, Tes désirs sont des ordres... tu peux tout avoir... Tu devrais revenir diner bientôt... je vais te coacher!!!;-)
Tu as le don du bonheur... le plus beau de tous...
affectionxxx
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