dimanche, juillet 26, 2009

Entendu à la radio

...et ayant fait grimper de huit crans ma pression: "...Restez avec nous, dans quelques intstants, on vous parle de cet homme qui a fait débarquer ses enfants au bord de la 10...imaginez...aucun bon sens!!!! On veut savoir ce que vous auriez fait, ce qu'aurait dû faire cet homme...bla bla bla...On prendra vos appels!"

Assommez-moi quelqu'un! On n'a pas fini de vouloir appeler les bien-pensants qui ont tout vu/tout connu/tout vécu à tout coup à la rescousse des parents ignares dont la crédibilité est sérieusement amochée par la loupe sociale subite par laquelle on les observe? Bon sens que ça m'énerve cette tendance moralisatrice à condamner celui qui fait différemment!

Je ne sais rien de cette histoire, pas entendu parler de ce fait divers et au fond ce n'est qu'un prétexte pour dire que j'en ai marre du focus médiatique issu d'une banale anecdote, de cette amplification sociale qui fait de l'ordinaire de l'extraordinaire à partir d'un fait hors-contexte.

N'importe qui que vous soyez, quelles que soit vos méthodes d'éducation, n'importe qui pourrait noter un de vos travers (un travers se définissant par "ce que vous faites autrement des autres" -et je ne parle aucunement de violence-) momentané et crier au scandale du mauvais parent que vous êtes.

Pernicieuse, pernicieuse manière que de porter un regard sur autrui!

Ça m'épuise et m'abasourdit la quantité de gens qui sont prêts à lever la main pour vous dicter avec leur ton infantilisant ce que vous auriez dû faire au lieu de crier après votre enfant/le traîner par le bras/lui donner une tape/vous arrêter sur le bord de l'autoroute et lui accorder un moment toute votre attention pour bien le mettre en garde des conséquences de son énervement. Faites gaffe, un seul de vos gestes pourrait bien se faire le catalyseur de votre droit (ou pas) à la parentitude!

J'ai parfois l'impression qu'on n'attend que ça, pouvoir prendre l'autre en défaut et secouer la tête à l'idée que des choses aussi é-p-o-u-v-a-n-t-a-b-l-e-s aient pu se passer, allez donc le croire, tout près de chez vous! Certains ont réellement l'air de carburer aux scandales qui impliquent de près ou de loin un enfant.

Qu'on cesse donc de chercher la mire parfaite chez ses pairs et qu'on se regarde le nombril! Êtes-vous donc à ce point irréprochable que légitimé de pouvoir vous permettre de dire comment les autres auraient dû agir?

18 commentaires:

Véro a dit...

Je me disais justement que je pouvais comprendre cet homme, car je déteste aussi les turbulences enfantines en voiture ;P

Grabielle a dit...

Il y a 35 ans, j'étais cette gamine, le bord de la 10. Personne, PERSONNE, n'en a fait un plat.

J'ai l'impression que, de nos jours, il y a soit trop de journalistes (ou plutôt pseudos journalistes) qui veulent se faire une piastre a tout prix, ou trop de citoyens (mi-fouineurs, mi-délateurs) qui cherchent leur 15 minutes de gloire en critiquant (stoolant) leurs congénères dans les médias (qui eux aussi, veulent se faire une piastre).

Ma belle-mère me dit toujours, relativement aux enfants,"faut pas tout voir!". Mais c'est aussi vrai pour les parents.

Le contexte et l'intention d'un parent échappe souvent à l'observateur bien pensant.

Grabielle a dit...

cette gamine, SUR le bord de la 10

Hop mama a dit...

C'est rendu la norme maintenant, de chercher (et de trouver!) son heure de gloire sur le dos des autres...

On est «tous» de bons parents... Jusqu'à ce qu'on sorte de la maison et tombe sur le regard du voisin!

Avant c'était «Regardes et apprends», maintenant, j'ai l'impression que c'est plus du genre « Regardes et juge»; beurk...

ratata a dit...

C'est qu'il les avait mis en danger en les faisant se mettre à genoux sur le bord de l'autoroute.

Grande-Dame a dit...

Véro, idem ici. En voiture, ce n'est vraiment pas l'endroit pour les chamaillages.

Grabielle, la génération de nos parents était beaucoup plus indulgente et solidaire (mon impression) envers ses pairs.

Un oncle s'est déjà arrêté sur l'autoroute, y a débarqué son fils qui n'en finissait plus de faire le singe et l'a laissé en plan quelques minutes. De nos jours, scandale assuré. Pourtant, le fils a compris la leçon sans violence. Bien sûr, la perception de la gestion du risque aujourd'hui est très différente d'il y a trente ans.

Je l'ai fait, moi, de débarquer un de mes fils qui dérangeait sciemment la quiétude de la voiture après maints avertissements. Aussitôt sur le bord de la route, il s'est mis à pleurer. On l'a rembarqué et il s'est tenu tranquille la minute qu'il nous restait à faire pour arriver à la maison. N'empêche, j'aurais pu faire la manchette pour ça! N'importe quoi!!!

Hop mama, bien dommage.

Ratata, la notion de danger est bien relative. Le parent qui ne peut plus se concentrer sur la route parce que ses enfants sont turbulents mérite qu'on lui accorde une pause psychologique. Est-ce qu'un enfant à genoux au bord du fossé est plus en danger à celui qui s'est arrêté pour pisser? Est-il plus en sécurité dans une voiture où le parent est à bout de nerfs et les réflexes dérangés par ses enfants à 100 km/h sur l'autoroute?

Cela dépend de l'angle sous lequel on regarde la situation...

Namida a dit...

On est «tous» de bons parents... Jusqu'à ce qu'on sorte de la maison et tombe sur le regard du voisin!

Quelle grande vérité.

Grande Dame, je passais justement le commentaire ce week-end alors que certains convives commençaient à se scandaliser de la situation. C'est certain que ce n'était pas l'idée du siècle. Il y a toujours un danger accru de s'immobiliser sur une autoroute. Mais combien d'enfants, cette même journée, on eu droit à un 'tour de 4 roues' avec grand-papa, avec oncle X qui n'avait pas de casque pour l'enfant? Combien de parents auront un moment laissé leur vigilance de côté pendant que les enfants nageaint dans la piscine (mauvais exemple... il y a peu d'enfants dans les piscines cet été :p). Nous avons tous, un jour ou l'autre pris une mauvaise décision, manquant de jugement dans une situation 'd'urgence', d'impatience ou simplement parce que nous aurions dû arriver à être à deux endroits en même temps.

Il est devenu difficile d'être parents. Si on laisse notre enfant pleurer ou être impolie au magasin, on se fait dévisager (quand on n'entend pas les gens murmurer des commentaires sur notre passage), si l'on sévit, on se fait encore dévisager... Et les murmures reprennent de plus belle.

Grande-Dame a dit...

Namida, tu as raison.

Il n'y a pas si longtemps, un accident était un accident.

Aujourd'hui, un accident s'appelle aussi négligence (ou appelle du moins à se poser la question) aux yeux de la société qui sort son regard réprobateur pour beaucoup moins. :oS

Evyzamora a dit...

Que j'aime ton texte....
C'est la pression qu'on se met à vouloir agir, pas pour nous ni pour nos enfants, mais pour "passer correct dans la masse"....

D mon côté, c'est plus dangeureux un enfant qui me crit dans les oreilles alors que je conduis que de le mettre à genoux sur le bord d'un faussé....

Michèle a dit...

Grande-Dame, je comprends parfaitement l'irritation. Je la subis régulièrement et je suis plutôt chatouilleuse sur ce point.

Mais faut faire la part des choses... débarquer ses enfant sur le bord de la 10... C'est vraiment stupide. C'est interdit aussi. L'espérance de vie pour un piéton se calcule en secondes sur une autoroute.

Ne pas juger ? Je juge et condamne sévèrement. Être parents ne protège pas de la stupidité.

Grande-Dame a dit...

Michèle, tu vois, dans mon monde idéal, tout le monde s'entendrait pour dire que si un parent prend le risque de s'arrêter sur le bord d'une autoroute pour rétablir l'ordre au sein de sa marmaille disjonctée, c'est que la situation était devenue insoutenable. Et des situations critiques, les meilleurs parents en vivent.

J'aimerais qu'on cesse de hisser le drapeau de la stupidité pour concéder au parent condamné que s'il a agit d'une certaine manière c'est que la situation l'exigeait, qu'il a pesé les risques, qu'on peut retourner à nos affaires. Ce ne serait bien sûr pas toujours le cas mais j'aimerais que le premier réflexe ne soit pas toujours de condamner.

Je juge moi aussi. On le fait tous à différents degrés. Je me serais peut-être même étouffée avec ma bave si j'avais entendu qu'un homme a débarqué ses enfants sur la 40 pour leur aérer l'esprit.
Je félicite cet homme d'avoir choisi l'accotement de la 10 pour calmer ses mômes.

Grande-Dame a dit...

Je rajoute: des doutes sur la qualités de certains parents, j'en ai. À tort, peut-être. De l'extérieur, il nous manque assurément des éléments. N'empêche. On juge ce qu'on a devant les yeux, normal.

De toute manière, on s'est égarés. Je voulais éviter de faire le procès du cas de ce monsieur. Ce billet se voulait porteur de mon exaspération du traitement médiatique fait de cas isolés rapportés hors contextes et de la quasi fébrilité de nos pairs à réagir comme de bons élèves pour rectifier les agissements de leurs camarades de classe.

Unknown a dit...

Merci Grande Dame pour ce billets et ces nombreux commentaires.

Je pense qu'on juge souvent trop, trop vite et à tort.

Depuis que je suis moi-même maman, je ne vois plus les choses de la même façon.

Il y a quelques semaines, alors que j'avais droit à une crise double de bacon, j'ai finalement installé mes enfants dans la voiture pour rapidement refermer la porte et me permettre de respirer un peu et me calmer avant de perdre conplètement le contrôle. Ce fut très efficace...

J'étais dans un stationnement, aux yeux de certains, je devais avoir de l'air étrange assise sur le devant d emon auto pendant que mes cocos (3 et 4 ans) hurlaient.

Tant pis, c'était ma meilleure idée depuis longtemps...

Mme Cornue a dit...

Pour moi, ce ou ces parents ont juste eu le courage que moi je n'ai pas, c'est-à-dire de mettre à exécution l'ultime menace de les débarquer sur le bord de la route s'ils n'arrêtent pas de gueuler à l'arrière!

Les accusations de négligence sont un bien petit poids comparativement à ce que ces parents auraient eu sur leur conscience si vraiment il était arrivé quelque chose.

Quoi qu'on fasse, y'a bien des doigts qui se pointent pour nous dire que ce n'est pas la bonne chose à faire.

je trouve juste dommaque que les gens s'acharnent sur des parents qui sûrement voulaient juste en finir avec le bruits des enfants dans la voiture (j'hypothèse ici là) alors que plein d'autres subissent des atrocités dans leur maison mais que personne ne fait rien ou bien parce que la bureaucratie est trop longue à agir!

S'il faut des exemples de signalement ridicule je peux vous en donner à pleine main :D

Pur bonheur a dit...

Il y a 40 ans, mon père avait sa propre tactique. Tenant le volant de sa main gauche, sans quitter la route des yeux, il étendait son bras droit vers l'arrière et claquait tout ce qui bougeait.
C'était efficace. Plus un son, plus une parole. Il était bon pour un autre 50km en paix.

Nanou La Terre a dit...

Pur Bonheur,
il va falloir que je la raconte une bonne fois pour toute cette histoire que m'inspire tes mornifes!

Nanou La Terre a dit...

Grande Dame,
parfaitement d'accord avec toi...

Mme Cornue,
vos arguments sont aussi très intéressants.

Et moi,je me demande si les gens qui critiquent le plus ne veulent pas tout simplement se donner bonne conscience.

On a le devoir de s'occuper et d'éduquer nos enfants. Je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec autre chose;le parent qui "chipe" son enfant à la garderie ou au service de garde devant la porte fermée avant 7hres et qui vient à toute vitesse le chercher en retard après 18 hres est-il plus responsable? Personne ne se révolte???

Moi oui, mais çà, on n'en parle jamais...

Ouf...Je sens que je viens de relancer un autre débat.Attachez-moi...

Annie a dit...

J'aime autant des enfants à genou sur le bord de la 10 que des enfants morts car leur turbulence a amené une distraction au conducteur amenant un accident qui leur a coûté leurs vies (ou ne serait-ce que des blessures).

Mais bon, ça c'est moi.