jeudi, février 01, 2007

Un triste matin

J'ai gardé Grand-Charme à la maison ce matin. C'est que, bien malgré lui, il s'enligne pour avoir un aurevoir à faire.

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Alors que je pressais les mousquetaires pour le départ à l'école, Grand-Charme est arrivé avec Gripoil en me faisant remarquer qu'elle n'était pas comme d'habitude.

Effectivement, elle n'avait plus de tonus, ne criait plus, ne réagissait plus. Lorsqu'elle tentait faiblement de marcher, les pattes d'en arrière ne suivaient plus et c'est tout son corps qui s'affaissait.

J'ai donc été conduire les petits à l'école et autorisé Grand-Charme à rester pour bercer son petit animal. C'était important pour lui de demeurer près d'elle. Les intestins de Gripoil se relâchaient sur son chandail et il n'en tenait pas compte. Il la berçait tendrement en pleurant en silence.

Il a entrepris de coller des petits "Repose en paix", "Je t'aime Gripoil" et cie en forme de coeur sur les murs de sa petite maison.

***

Nous avions acheté Gripoil deux jours avant la mort de Thomas. C'était pour l'anniversaire de Grand-Charme, qui a eu neuf ans le lendemain de la mort de notre petit homme. Un anniversaire qui suit une déchirante journée.

Lorsque j'étais arrivée à la maison avec la petite boîte et que Thomas avait réalisé qu'un petit animal s'y trouvait, il s'était mis à s'exciter, à tourner autour, à transformer son enthousiasme en danse tribale comme n'importe quel petit garçon heureux l'aurait fait.

Petit Caractère avait spontanément nommé l'animal Gripoil et Thomas tournoyait sans arrêt autour de la boîte en s'esclaffant dès que l'animal se pointait le bout du nez. Il avait du mal à contenir son enthousiasme et se raidissait entre deux stepettes pour interpeller le cochon d'Inde "Pooââll, Poââll!!!!"

***

De la salle à manger, où il veille les derniers moments de son animal, Grand-Charme, une lueur d'espoir dans la voix, me lance: "Mamaaan! Je pense que Thomas va être content, il va avoir bientôt son tour avec Gripoil lui aussi!"

12 commentaires:

Anonyme a dit...

Ha comme s,est dommage:-(((pauvre Grand-Charme...c'était plus qu'un simple cochon d'Inde!!

J,espère que ce n,est pas le déodorant:-(((

Je suis triste pour lui...

Anonyme a dit...

Tout de suite j'ai pensé aussi à une overdose de déodorant... Pauvre Grand Charme...-(

Grande-Dame a dit...

Il n'y a aucun doute dans mon esprit que c'est le déodorant qui est venu à bout du fragile système du petit cochon d'Inde...

Anonyme a dit...

Si c'est le cas, votre grand fils va avoir besoin de tout votre support car il va être rongé par la culpabilité.

Grande-Dame a dit...

Honnêtement Femme libre, je me demande si mon aîné possède cette faculté. :-S

Grande-Dame a dit...

Je me rétracte et salue bien bas votre jugement, chère Femme libre.

Vous avez, finalement, eu raison. Je dois vous avouer qu'à plusieurs reprises, votre évaluation de certaines situations m'a incitée à réévaluer mes positions et mon approche.

J'éprouve du respect pour votre oeil averti, votre discernement et votre sagesse.

Anonyme a dit...

J'y avais bien pensé qu'il ne survivrait pas au déodorant.

Une leçon qui est venue d'elle-même. On appelle ça assumer les conséquences de ses actes.

Personnellement je me souviendrais de cela toute ma vie. Sans aucun doute.

Anonyme a dit...

C'est superbe qu'il pense à Thomas dans tout ça. Ça va l'aider à passer sa peine de se dire que son petit frère l'aura auprès de lui.

Je me souviens avoir passé 1 semaine enfermée dans ma chambre à 9 ans à pleurer la mort du hamster que mon père m'avait donné quelques semaines avant sa mort. Il devait y être très attaché.

Anne a dit...

(hum le dernier commentaire venait de moi...)

Anonyme a dit...

grande dame, je n'écris pas souvent sur le web mais je vous lis régulièrment et je me suis prise d'affection pour vous. Quand vous parlez de votre petit Thomas, j'aurais envie de vous bercer comme si vous étiez ma fille.

Ce qui s'est passé avec fils ainé est une situation difficile à accepter pour une mère. Je suis bien placée pour vous comprendre parce que ma poupée à moi m'en a fait voir de toutes les couleurs à l'adolescence. J'ai tout vécu: la colère, la culpabilité, la détresse, l'inquiétude, la peur, le désarroi etc. Son père et moi étions séparés mais nous avons tout fait ensemble pour essayer de comprendre et d'aider. Nous avions la plupart de temps l'impression que nos interventions ne donnaient rien ou si peu . Aujourd'hui, elle a 23 ans et c'est une jeune femme extraordinaire, épanouie, intègre et tellement affectueuse. Nous partageons une grande complicité et je me rends compte que loin de tomber dans le vide, nos messages et nos valeurs sont profondément ancrés en elle. Il aura fallu de la fermeté, de la patience, de l'encadrement et beaucoup d'amour. Avec du recul, j'ai réalisé que cette révolte cachait une grande insécurité. Comme si elle devait s'assurer que nous l'aimerions malgré toutes ses conneries. L'adolescence est une des pires périodes de la vie. Certains la traversent plus sereinement mais pour d'autres, le chemin est tortueux. Votre grand garçon est l'ainé, ce qui n'est pas toujours facile quand il se passe des drames comme le départ de Thomas. J'ai l'impression qu'il y a beaucoup d'émotions enfouies en lui et qu'il les exprime comme il peut. La vie vient de lui servir une leçon qu'il n'oubliera pas de sitôt. Toutefois, j'oserais vous suggérer quelque chose que ma fille a dû faire à quelques reprises et qui je pense s'est avéré très bénéfique: s'excuser et réparer auprès de ceux qu'elle avait blessés. Peu importe la forme, il ne s'agit pas d'être puni (il l'est déjà je pense) mais bien de réparer, de réaliser qu'il y a des conséquences à nos actes et surtout de renouer le lien avec son jeune frère.
Je ne sais pas trop pourquoi je vous raconte tout çà et j'espère que vous n'en serez pas offusquée. Mais comme je vous l'ai dit, je vous aime bien et les états d'âme de votre ainé m'ont rappelé bien des souvenirs. Alors oui, croyez-moi, l'adolescence comme le "terrible two" finit par passer.

lyly

Grande-Dame a dit...

Lyly, votre message me touche au plus haut point.

Je suis heureuse du dénouement pour votre fille.

Merci d'avoir osé le partager.

Anonyme a dit...

Le commentaire débutant par "J'y avais bien pensé" était de moi et je ne comprends pas pourquoi c'est devenu anonyme, je m'étais relue par la suite et c'était bien avec mon nick que ça apparaissait :-S

Il se passe des affaires bizarres.