Il y a quelques années, mes fils (Fils Aîné était imbattable à ce jeu) possédaient la malicieuse volonté de faire naître l'envie au sein de la fratrie.
Ainsi, si l'un d'eux avait le privilège de sortir avec un de ses parents pour aller manger une crème glacée, il s'assurait de toujours garder un bout de cornet qu'il allait manger nonchalemment devant ses frères afin de faire naître chez eux un prévisible sentiment d'injustice. Idem pour n'importe quel autre privilège qui aurait pu être savoureux pour le simple fait d'être tenu secret.
À leur tour (mais sans jamais égaler le maître), les autres ont commencé à abuser du contrôle issu de ce plaisir sadique. Chaque fois qu'un privilège était donné à l'un, qui aurait dû, par délicatesse pour les autres, éviter d'aller brandir devant leurs yeux l'objet de convoitise, bien avant l'objet lui-même, la plus grande partie du plaisir était de susciter le sentiment d'envie au sein de la fratrie.
Une règle dû finir par être instaurée : interdiction de se vanter d'un privilège reçu, surtout à si mauvais escient.
Puis, graduellement, cette espèce de tendance cruelle finit par disparaître quasi par magie au sein de la fratrie. On apprit à apprécier les privilèges pour soi-même.
Jusqu'à aujourd'hui.
Après m'être tuée à expliquer à Frédéric que la poulette en chocolat, il devait la manger discrètement pour ne pas agacer inutilement ( ! ) sa soeur (qui avait déjà eu une part de gâteau), il alla brandir devant ses yeux désespérés ladite poulette en lui répétant sur un ton pseudo-compassif : "Ben non Béatrice, c'est à moi la poule en chocolat, hein, tu comprends, c'est à moi, parce que toi, tu peux pas en avoir....Béatrice? Béatrice? Béatrice (cris, hurlements stridents, tentatives pour attraper la poulette), tu comprends, hein, même si tu adores le chocolat, c'est à moi, oui, c'est ma poule en chocolat, toi tu as déjà mangé du gâteau, la poule en chocolat, elle est à moi....(et de la brandir encore et encore comme une proie qui ne demande qu'à être attrapée...)
Ça y est.
C'est reparti...
3 commentaires:
Ho! Comme je comprends.
Mais tu l'expliques et le racontes tellement bien!
Et c'est pas fini, ce n'est q'un début... :-)
On recommence!
C'est le plaisir d'avoir une "deuxième" famille. Je connais.
Ce qu'on croyait derrière nous reprend de plein fouet.
Ouaip ! Deuxième famille, dis-tu...
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