mercredi, décembre 16, 2009

Partir

Je sais pas pour vous mais ici, partir, ça relève du défi. Je veux dire partir de la maison, tout simplement. L'interminable processus du départ m'exaspérant, j'en ai sans doute déjà parlé.

Je regardais mon bel amoureux snoozer ce matin pour finalement sortir du lit, se préparer et partir travailler en moins de vingt minutes. Je suis carrément jalouse. Jalouse parce que partir avec juste ma petite personne à penser, je ne fais pas ça souvent et que je suis certaine que moi aussi, je saurais faire ça dans des délais records.

Dans les faits, ça se passe bien autrement pour moi. Le matin, il y a la séance obligatoire de colle-colle dans mon lit (qui souvent a lieu au moment où j'allais me lever alors je reste encore un peu pour accorder de l'importance à ce moment crucial influant directement sur l'humeur de Frédéric et qui est agréable parce qu'on se gave d'une petite dose d'affection sous la couette, encore à l'abri du stress de la journée).

Il y a ensuite le déjeuner des petits, leur habillage (incluant le défi "trouver une paire de bas" -je ne me soucie même plus qu'ils soient de la même paire), des collants propres pour Béatrice (je sais maintenant qu'un bébé fille, ça salit beaucoup, beaucoup de collants dans une semaine), obtenir coopération pour débarrasser son bol sur la table, ranger grosso moddo la cuisine, faire décoller le récalcitrant de son intérêt du moment pour qu'il se prépare, pousser, répéter, argumenter, se fâcher, finir par être brusque, pogner les nerfs, envoyer en réflexion parce que sous l'insistance de maman, le jeune homme aussi s'est énervé et a été impoli, laisser mijoter ledit fils dans sa chambre jusqu'à ce qu'il soit calme et parlable, habiller le bébé avec son ensemble de neige pendant qu'on répète encore après l'autre, rassembler les sacs à emmener avec soi, répéter, s'habiller soi-même, hop un petit pouisch-pouisch dans les cheveux, et hop un trait de rouge à lèvres.

Frédéric est enfin prêt (après avoir brandi la menace de lui confisquer le jouet qui l'absorbe tant), prendre le bébé et les nombreux sacs à travers l'entrée encombrée, se rendre compte que Frédéric a perdu une mitaine, chercher ladite maudite mitaine (ou la botte, ou la tuque mais peu importe, la quête d'un item est un incontournable), la trouver enfin au moment où bébé commence à avoir chaud, obtenir coopération pour marcher d'un pas raisonnable jusqu'à la voiture, trouver le moyen d'insérer la clé dans la serrure avec des bras si chargés, installer bébé dans son siège pendant qu'on appelle avec insistance le jeune homme occupé à sautiller sur de la glace qui craque (jusqu'à piétinement complet svp) ou défaire avec un bâton les mottes de neige laissées par la charrue, essayer de faire bouger les choses, de motiver les troupes en soupirant, espérer pouvoir enfin installer le jeune homme dans son siège au moment où il déboule avec ses grandes questions existentielles (toujours avant d'embarquer dans l'auto). Mon leitmotiv maintenant : je te répondrai lorsque tu seras installé.

Attacher enfin le jeune homme, démarrer, déblayer, dégivrer la voiture. Au besoin, pelleter. Rembarquer dans la voiture et répondre à la question à 100 $ précédemment posée.

Durée : Au moins 1h30, voire 2h.

Sortir seule réduit évidemment le temps de préparation, surtout avec de jeunes enfants. Pourtant, cela demeure nettement plus long que pour l'homme. Parce qu'ici, pour réussir à partir vite, il faut quasiment partir sur la pointe des pieds pour ne pas attirer l'attention.

J'ai la "chance" (oui, chance, même si cela est en train de menacer ma sérénité d'esprit) de pouvoir être à la maison avec les enfants. Les deux tout-petits fréquentent la garderie à temps partiel. Retourner travailler me fait de l'oeil. Pour me définir autrement qu'en maman, pour me valoriser, pour regagner ma liberté d'esprit qui a bcp souffert ces dernières années, pour me créer un autre univers où être reconnue pour d'autres raisons, pour le plaisir créatif, le social, l'esprit d'équipe, pour marcher dans un bureau sans m'enfarger dans des jouets, pour être interpellée par mon prénom, pour déambuler sans poussette, sans enfants, sans sac à couche. J'ai recommencé à envoyer des CV de manière très sélective. À la lumière de mes réflexions des derniers jours sur la lourdeur de la TÂCHE de simplement PARTIR, je me demande comment cela se passerait "si".

Mais comment est-ce possible de vivre en n'ayant pas cette flexibilité ? Les couples qui travaillent tous les deux tôt, ils font comment ? C'est un seul parent qui se tape l'infernale routine du matin, avec des contraintes de temps en plus ? Ce n'est pas frustrant pour le parent héritant de l'horaire le plus tardif que de porter ce stress fou ?

Décidément, si je retourne travailler, il me FAUT l'horaire le plus tôt afin de déléguer cette bousculade matinale.

17 commentaires:

Mongoose a dit...

Je vais imprimer cet article et le mettre sur mon frigo pour me remonter le moral les jours ou je suis triste de ne pas avoir d'enfants. :)

Bonne chance pour ta recherche d'emploi.

Caroline (La Belle) a dit...

Lorsque les deux parents travaillent, ils s'aident (dans notre cas en tout ka !).

Nous partageons les tâches pour s'occuper de petit Ange, mais à 1 c'est relativement facile... Bientôt le deuxième sera de la partie et ce sera une routine différente à bien des égards !

Dans la forêt des enfants-roi a dit...

OH OUI! Bon, on a une activité à 10h? Chéri, réveille moi à 7h, question de pouvoir partir à 9h45...!

Je me souviens tellement qu'avant d'avoir des enfants, je ne mettais pas de déo l'hivers. Maintenant, lorsque je franchis le pas de la porte, bon dieu que j'ai eu chaud...!!

Grande-Dame a dit...

Héhé Mongoose, il y a des côtés plus sombres à tout. J'aime mes enfants plus que tout mais j'avoue que j'apprécie de plus en plus les voir devenir autonomes et en dépit de mon amour de la symbiose avec mes bébés, j'aime retrouver ma liberté physique après un moment.

La Belle, fiou ! Il y a trop longtemps que je n'ai pas vécu ça. Dans une autre vie, je n'en avais "que" quatre et je me tapais la routine du matin et le papa se chargeait du début des devoirs et de la préparation du souper.

Dlfder, bienvenue. Bien entendu, je compatis pour la course folle.

alairlibre a dit...

Mes bébés sont devenus de grands ados, donc, la routine a bien changée. Mais que je m'en souviens donc!!!

Première question: ton homme adoré est-il VRAIMENT conscient de cette charge de travail? Because, même s'il part plus tôt le matin, ce n'est une raison pour s'en laver complètement les mains. Il pourrait, par exemple, préparer les sacs et les vêtements le soir, déblayer l'auto le matin, mettre tout en place pour votre déjeuner, etc. Je pense qu'il y a peut-être place à un meilleur partage.

Il est très facile, pour le conjoint qui reste à la maison, de se retrouvé surchargé. On a souvent l'impression que, lorsqu'on est à la maison avec les enfants, ON A LE TEMPS. Ben non! On n'a pas plus le temps de faire l'épicerie, les tâches ménagères, toute l'intendance de la maisonnée que l'autre parce qu'ON S'OCCUPE DES ENFANTS. C'est ça ton travail: t'occuper de tes amours, pas être en charge de tout le reste!

S'occuper de ses enfants, c'est une très belle occupation: organiser des activités, discuter avec eux, surveiller leur développement personnel et académique, s'occuper des rendez-vous, etc. Et cela doit comprendre du temps pour te documenter sur ces tâches, te détendre et avoir une vie sociale. TOUTES LES AUTRES TÂCHES doivent être partagées et ne pas te tomber dessus parce que tu restes à la maison. Quand on est sur le marché du travail, on effectue sa tâche et on a aussi le temps de jaser avec les collègues et aussi de recevoir de la formation. Le travail à la maison devrait être défini de la même manière pour demeurer valorisant. Sinon, on se sent vite dépassée, parce qu'on est débordée, et aussi démotivée parce qu'on a l'impression de faire la tâche d'une bonne.

Fais donc une petite liste des tâches que tu effectues chaque jour et hop! souper-conférence avec ton homme adoré...

Il est très clair que tu aimes vivre avec ten enfants. Je crois qu'il est simplement temps de réaménager "ton poste" pour qu'il soit plus valorisant...et juste. Bonne chance!

Caro et cie a dit...

Salut...;-)

Je pense sincèrement que cette liberté que l'autre a... c'est nous qui lui avons accordée...

Pendant des années, j'avais presque l'entière responsabilité de la maisonnée... À part pour les tâches de soirée (nous formions une "équipe")... Bon, j'avoue que j'y ai toujours pris un grand plaisir, mis à part les tâches ménagères (beurk)...

Mon émancipation hors de la maison a changé bien des automatismes chez nous. Et, ça m'a fait le plus grand bien.... ;-) Je roulais à fond de train depuis plusieurs années (enfants - bénévolat).

JE ne veux plus être responsable de tout, penser à tout, avoir sur les épaules la responsabilité d'avoir une maison propre... Je m'éteignais...

Lorsque les deux parents travaillent à l'extérieur, il est très important que les deux partagent la responsabilité également... Moi, je ne serais pas capable d'avoir encore autant de responsabilités familiales... Mon chum en a pris beaucoup... Les enfants aussi... Je suis l'égale de tous ici maintenant... lololol...

Bientôt une femme de ménage... aussitôt que j'ai un contrat... ;-)

Tu devras mettre les choses au clair afin de ne pas être surchargée de travail... Comme bien des femmes d'ailleurs... ;-(

Une femme libre a dit...

Mélangée ce matin, je vous ai laissé un commentaire pour ce billet-ci sous le billet Émoi.

Anonyme a dit...
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Mme Cornue a dit...

Je ne t'aiderai certainement pas en te disant que le peu de temps que j'ai travaillé, alors que je n'avais que 2 enfants, hé bien je devais m'occuper des bébés pendant que monsieur flânait jusqu'à son départ...

J'ai fait une dépression lolll C'est la menace suprême ici : si tu ne m'aides pas, compte pas sur mon appui financier à court terme. Je ne me retapperai pas la "joie" de tout ce fardeau certain! Et tu garderas la voiture, je vais prendre l'autobus en paix :P

Sincèrement, j'ignore comment les gens font pour se partager cette tâche...

Pur bonheur a dit...

Les 'vacances' de Noel arrivent.
Ton chum 'tombe' en congé.
Pour dix jours, tu fais la grasse matinée, levée à 11h, tu te 'poupoune' et va courir les soldes avec des amies. Ensuite, une bonne bière au Baton Rouge. Tu reviens juste à temps pour les bisous des dodos :D
Ça va te faire le plus grand bien.

Anonyme a dit...
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.
Parciparla a dit...

Il n'y a pas de solution ou de recette miracle. Moins on a de temops, moins on en consacre, c'est tout!

Pas de calin le matin, chez nous c'est le rush, ca l'a toujours été, donc les enfants savent. Mais, on n'évite pas la crise, le jouet qu'on ne peut emmener, la mitaine qui manque, les bottes qui sont parfois encore mouillées, le lunch à moitié fait, les sacs d'écoles, la tenue peut adéquate (les filles ont l'art de s'habiller comme s,il faisait 28 dehors) etc...

J'en ai déjà parler de la routine du matin après avoir lu dans Real Simple un topo sur la question. C'est vrai que de préparer la veille change beaucoup la dynamique, mais j'ai du mal à m,astreindre cette énième responsabilité, alors...

Et je me maquille dans la voiture!

unautreprof a dit...

ouf, essoufflant!

Madame C. a dit...

Comme ça me fait du bien de lire que c'est pas juste parce que je suis désorganisée. Que ça se passe ailleurs aussi comme ça!

Avec mes trois mousquetaires c'est exactement le même scénario qui se reprodruit matin après matin...

Chose bizarre, même si tu te prépares d'avance, il arrive toujours un imprévu juste avant de quitter... genre tout le monde est habillé, on soupire de soulagement et là :"Maman, j'ai envie de caca"...

;-)

Nanou La Terre a dit...

Alairlibre et Pur Bonheur ont tout dit... mais ça tu le sais déjà!

Mamounia a dit...

Et tu ne trouves pas que la même chose recommence au moment du coucher? L'homme pose son journal (ou ferme la télé) et monte au lit. La femme ferme les lumières, part le lave-vaisselle, va vérifier si les enfants sont bien couverts, sort le chien une dernière fois, vérifie les bols d'eau des animaux, monte le panier de linge qui traine, ramasse un peu, etc. etc... et elle finit ENFIN par rejoindre le lit dans lequel l'homme ronfle depuis un bon moment...

Valérie Carreau a dit...

L'allure de mes épaules musclées par les sièges d'auto et les enfants trop lourd me console.

http://lhistoiredesautres.blogspot.com/2009/10/bonhommes-de-neige.html