Lorsque l'on nous demande de nous décrire, la majorité d'entre nous mettons l'accent sur ce qui nous distingue des autres. Par exemple, je me désigne souvent comme étant grande et mère de nombreux enfants. Il m'est arrivé d'entendre certains de mes voisins me présenter ainsi, "la madame (!) qui a beaucoup d'enfants" ou "celle qui n'a (jusqu'à récemment) que des garçons". Ce qui nous distingue devient un moyen d'identification personnelle.
Lors d'une étude réalisée par McGuire et McGuire (1982) sur les effets de la distinction sociale, des chercheurs ont interviewé plus de cinq cents élèves du secondaire. Ils leur ont demandé de parler d'eux-même durant cinq minutes. Ces derniers avaient la possibilité de dire tout ce qui leur traversait l'esprit. Plus de 80% des élèves étaient des Blancs de langue anglaise, 9% étaient des Noirs et 8% étaient d'origine hispanique. Doit-on s'étonner que dans ce contexte, les Noirs et les élèves d'origine hispanique mirent l'accent sur leur caractère distinctif dans leur description d'eux-mêmes. À l'inverse, très peu d'élèves Blancs soulignèrent leur appartenance raciale.
De manière logique, plus un individu se distingue de ses semblables, plus il aura tendance à mentionner ses caractères distinctifs pour définir ce qui le rend unique dans un groupe.
(Psychologie Sociale, éditions Études Vivantes, p. 75-76)
Ceci étant dit, je me demande pourquoi, si des individus différents n'hésitent pas à souligner avec intégrité leurs différences (je suis unijambiste et je condamne les mères à la radio parmi des bijambistes, je suis une femme qui mesure près de 6 pieds et j'anime des débats d'idées à la télé parmi plusieurs collègues masculins, je suis mûlatre (mais on préfère me dire Noir) et je crée un précédent en présidant un pays majoritairement Blanc, je suis la seule fille de Mes Aïeux, etc.), il est parfois gênant que ce soit quelqu'un d'autre qui note cette différence.
Mon amie Myriam a perdu un petit garçon à la naissance. Elle se donne le droit (avec raison) de se désigner comme une mère orpheline. Par contre, elle m'a déjà laissé savoir qu'elle n'appréciait pas que sa marque distinctive soit "celle qui a perdu un enfant". "Pourquoi pas celle qui conduit une Honda Civic?".
Dans le même ordre d'idées, je questionne: pourquoi, lorsqu'une voiture circule près de chez moi, que son conducteur Noir semble chercher une maison et que je me doute qu'il se rend chez mon voisin Haïtien, je cherche à trouver une autre marque distinctive que la couleur de la peau pour désigner ce voisin. Je pense vite et répond plutôt pour être sûre que nous parlons de la même personne: "Euh, c'est un monsieur qui fait beaucoup de mécanique, c'est ça ?"
Ou encore, à un autre homme Noir qui cherche une adresse, mon homme de valider: "Vous cherchez une famille qui vient récemment d'emménager dans le quartier ?"
plutôt que: "C'est la nouvelle famille Noire que vous cherchez?"?
Ce ne serait nullement péjoratif de notre part de souligner la marque distinctive la plus évidente qui soit. Ces mêmes voisins ne seraient pas sans le reconnaître. Serait-on indigné que quelqu'un d'autre souligne cette différence, spécialement pour des marques distinctives ayant longtemps été des stigmates de honte ou de ségrégation? Si mes voisins étaient gays, pourrais-je me permettre de nommer naturellement sans que cette reconnaissance ne heurte qui que ce soit: "Ah, vous cherchez le couple d'homosexuels, mais bien sûr, c'est la maison juste là!"
Qu'en pensez-vous?
19 commentaires:
Plus personne n'ose désigner quelqu'un par la couleur de sa peau...c'est la peur d'être vu comme raciste...c'est le même phénomène avec les personnes handicapées...pas de sourds pas d'aveugles pas de muets....Il n'y a plus d'hôpital ni de patients ni de prisons ni de prisonniers...Plus de violeurs, ni de violées...On a peur des vrais mots.
Office nationale de la langue française?
Joselle
Du genre "aveugle"? Non, non!! Diantre, il faut dire "non-voyant"!
Handicapé? Tut tut, on dit "personne à mobilité réduite". Semblerait-il que le mot en lui-même comporterait une connotation péjorative plus grande encore que l'attitude de celui qui le prononce.
C'est pas un peu con?
Précision: et je ne parle pas d'un mot péjoratif comme "nègre", c'est évident.
Un Noir, c'est un Noir et de nommer sa couleur n'enlève rien à sa valeur humaine et ne fait pas de moi une fille raciste.
intéressannt!
JE suis de celle qui invente plein d'autre mots pour ne pas "nommer LA chose" qui différencie...
Ainsi quand je parle de quelqu'un qui a de jolis yeux ou qui travaille en sevice de garde et qu'on me répond "ah oui la fille qui est plus tôt grosse". Je me sens tj mal...
Parcontre j'aime bien taquiner mon ami non-voyant chaque fois qu'il me dit "ça fait longtemps que je t'ai vu" je lui répond "ben depuis 2001 (date de son accident).
Le tout est je crois dans l'art d'éviter comme vous dites les attributs "négatifs"!
C'est ridicule à mon avis Grande Dame...parce que c'est "charrié"...Mes propres enfants m'ont traité de raciste parce que j'ai mentionné que le monsieur était noir...euh...c'est con...il est noir le mec....et je suis blanche...Y'a pas de mal là....c'est faire semblant de pas le voir qui démontre un malaise vis à vis la différence...
J'ai travaillé longtemps avec une clientèle noire...et je te jure que j'ai jamais eu de mauvaises réactions lorqu'on parlait de la couleur de notre peau...jamais..
On veut tellement pas passé pour des racistes qu'on évite les mots...c'est pire...
Par contre on entend dire...c'est pas parce qu'il est gay que j'ai pas voté pour lui....(hum hum)
Oubien...c'est pas parce que c'est une femme mais bon...elle est pas comme une vrai chef...(???)
Ou encore...lui...le député ...crime il est bon..il a même pas d'accent...on dirait un vrai québécois! (ouille)
Ce genre de phrase me dérange autrement plus....
Joselle
Bonne question !
Une fois passé l'irrésistible "je suis chef de gare" suivi de "d'une très grande gare" qui me réjouit toujours... tu as raison je ne précise jamais "je suis blanche".
C'est peut être déjà assez d'être grande, de faire un métier généralement inattendu, de vivre avec le même homme depuis bientôt 18 ans et d'être vaguement normale (par rapport aux points précédents versus la normalité en France) pour ne pas avoir besoin de se définir plus (socialement parlant)...
Tu as raison : je n'en ai pas besoin car même si je sors des normes, je suis blanche et non handicapée (je signale à ce propos que nous sommes revenus des "personnes à mobilité réduite" pour en revenir aux "handicapés"...).
En même temps, nos précautions de langage n'engagent que nous...
Suis un peu brouillon ce soir mais bonne question !
Moi, sincèrement, j'apprécie ta délicatesse et j'aurais tendance à faire pareil.
Ça m'est déjà arrivé qu'on me raconte une anecdote et où j'ai compris qu'on se rappelait de moi comme "la prof qui porte des appareils auditifs". Ça m'avait blessée qu'on se souvienne davantage de mon handicap que mon prénom, même si j'accepte bien mon handicap.
Mais il y a des termes qui m'énervent (et je ne suis pas la seule). Comme par exemple, dire "malentendant" systématiquement pour tous ceux qui ont une déficience auditive ne m'apparaît pas approprié, puisqu'en réalité il y a des "sourds" et des "malentendants".
Quant aux handicapés, la famille est si grande que "personne à mobilité réduite" n'inclut qu'une catégorie d'handicapés !
Je crois qu'on doit appeler les choses comme elles sont, mais ne pas en faire nécessairement, comme tu le mentionnais, "la" caractéristique qui permet de distinguer la personne.
Heu... on me suit ? Enfin... j'espère avoir été au moins un peu claire ! :0)
je suis défénitivement du genre à éviter les mots qui pourrait choquer....mais je suis visuelle et je remarque bcp les differences "particulieres" si on peut dire mais jamais j aurais l'idée de nommer ou definir quelqu un par cette difference....
petite anecdote le fils de ma grande amie a, la premiere fois qu'il a vu une amie que nous avons en commun, dit:maman, c est la premier fois que je vois une madame en chocolat...il avait 4 ou 5 ans à l'époque...trop cute, non? ;)
Moi je dis facilement que je suis devenue grassouillette depuis ma cinquième grossesse et j'en blague souvent, mais ça m'insulte un peu si quelqu'un d'autre me le dit... Non mais! Surtout mon chum...Mmmm, Sujet à éviter.
Les personnes de race noire vont blaguer entre eux et se traiter de black, mais essais pas ça dans Harlem si t'es blanc!
Je crois que c'est humain et d'époque selon la société. Être noir ou gay, blonde, canadien français ou tiens femme au volant... Ça été difficile identitairement à des époques pas si lointaines et c'est encore chargé de sens... C'est normal que ce soit encore englobé d'une vague suceptibilité. Il y a aussi le bon chic bon genre, la politesse, l'art de dire les choses et surtout, je crois, le degré d'intimité...
À un inconnu qui recherche la nouvelle famille haÏtienne (très rare dans mon patelin) j'aurais effectivement tendance à éviter les références colorées, j'insisterais plutôt sur autre chose... Politesse ou peur des mots?
France
Très intéressants vos points de vue. Je vacille entre une grande diplomatie et le désir des vrais mots aux bonnes places.
C'est vrai France, le degré d'intimité joue bcp. Je te seconde lorsque tu affirmes que l'on peut se permettre nous-même de rire de certaines de nos particularités qui sont pourtant intouchables si prononcées par quelqu'un d'autre. Ça frôle l'insolence, parfois ça l'est carrément.
Je trouve que dans certains cas, on en fait quand même tout un plat pour rien. Les acquis sociaux sont peut-être fragiles au point d'influer sur les mots.
Anne-Isa, tu peux te permettre ce genre de blagues, vous étiez assez proches. ;o) Comment va-t-il?
Joselle, la ligne est parfois difficile à trancher pour un jeune qui apprend à forger son jugement. Je me souviens d'une voisine qui demandait à mon fils qui était son professeur. Devant son hésitation, elle se mit à décrire l'enseignante par des mots très prudents "enrobée", "un peu ronde", un peu "grassouillette". Mon fils n'y comprenait rien. J'ai précisé un ton plus bas "elle est...grosse." J'ai prononcé le vilain mot qui frappe, qui fouette, qui heurte. Ma voisine a sursauté, a semblé me trouver crue. Je l'ai été.
Et ce même fils, qui il y a quelques années était un peu....disons "dodu" préférait se décrire comme étant...."légèrement enveloppé". :0D
Ophise, il y avait longtemps que je ne vous avait pas croisée! ;o) C'est vrai, nous sommes responsables de nos précautions mais je pense que la réceptivité dépend bcp du degré d'aisance qu'a l'individu avec sa différence, qu'elle soit socialement décriée ou pas.
Renée-Claude, j'imagine la désolation d'avoir été identifiée par une différence plutôt que par un signe distinctif plus relatif à des qualités humaines ou au contenu du cours. Je ne crois pas cependant que cela ait un lien avec l'appréciation qu'on les gens de nous. Nos semblables sont inévitablement interpellés par les différences. J'imagine que devant vous, on aurait eu la délicatesse de trouver une alternative à l'appareil??
Ado, mon frère et moi avions un ami atteint de fibrose kystique. Il était extrêmement maigre et traînait sa bouteille d'oxygène partout. Je me rappelle un après-midi, nous avions été jouer au golf tous les trois.
Pascal trainait son oxygène entre chaque trou et les joueurs que l'on croisait dévisageaient notre ami, qui n'en pouvait plus de ne pas arriver à passer inaperçu. "Mais Pascal, que mon frère lui avait dit. Tu ES différent. C'est normal que la différence intrigue les gens."
C'est humain de chercher à comprendre les différences, à savoir ce qui nous distingue. Et puis ces regards, c'était peut-être de l'admiration ou de la compassion.
Parfum, cute. Il a été plus diplomate que Fils Aîné le jour où LE commentaire sur un Noir a surgit après avoir examiné looonguement l'individu dans l'autobus....:-S
Mes trois filles sont noires. Mais oui, elles seraient plutôt insultées que l'on ne retienne que ça d'elle et qu'on les présente d'abord et avant tout comme des filles noires. Pas qu'elles en aient honte ou que ce ne soit pas vrai qu'elles soient noires mais moi aussi je trouverais incongru que l'on me décrive d'abord comme une femme blanche. Quand je suis allée en Haïti, dans les villages, les enfants me suivaient en me montrant du doigt et en criant "Blanc, blanc". Ils avaient la même réaction qu'un enfant d'ici qui vient de la campagne reculée et qui voit le premier Noir de sa vie. Réaction normale. Mais à Montréal, il y a tellement de gens de toutes les couleurs que la couleur n'est plus un signe si distinctif.
Il y a aussi les gens qui ne savent pas distinguer les personnes noires les unes des autres, même chose pour les personnes asiatiques. Elles sont toutes pareilles à leurs yeux. Mon voisin était venu se plaindre de mes filles qui "faisaient de la bicyclette dans son entrée." Or, mes filles n'en avaient pas de bicyclette!
Pour ce qui est des handicaps, se faire décrire par son handicap est toujours blessant. Je comprends fort bien le commentaire de Renée-Claude. Je fais du vitiligo et je serais blessée que l'on parle de moi en disant "la femme qui a des plaques blanches." et pourtant je vis très bien avec cet état de fait.
La façon de décrire une personne n'a rien d'anodin et votre billet fait preuve d'une belle profondeur et soulève bien des interrogations pertinentes.
Quel texte formidable! J'aime beaucoup votre façon de vulgariser des opinion souvent empreintes de complexité.
ça fait réfléchir :)
C'est drôle cette question...
Dans mon cas, je me distingue en étant la femme d'un 6'4" mère de 4 enfants. Parce que tous le monde me replace comme ca. Recemment, je me posais cette question du pourquoi je m'identifiais moi-même comme ca? (du à la rentrée scolaire et sa présentation aux profs) Je me suis rendue compte que je cachais ma propre identité derrière celle de mon mari parce qu'il est beaucoup plus distinctif que moi. Je suis maintenant à l'étape de me trouver d'autres qualificatifs!!!
A mon travail, les clients souvent vont dire "La grande noire" "Le gars chauve" "Celle avec des lunettes" "La frisée" "La petite jeune".
Que dire? Sinon, je comprends. La fragilité, la peur de blesser cotoient souvent aussi le besoin d'authenticité. Dire la vérité, envelopper la vérité ou décider d'être tout simplement soi-même = authentique.
La diplomatie ne fait jamais de tort, elle n'heurte personne. Ce qui blesse c'est plutôt le "ton" le regard, la façon de dire.
Je me rappelle une phrase du film "le miracle de la 34e rue) film de Noël ou l'on dit "Vaut-il mieux une vérité qui blesse ou un mensonge qui fait sourire?"
La terre ne cessera jamais de tourner. Et moi-même, si je ne connais pas la personne qui m'a servie, la seule façon de l'identifier est "la dame aux yeux bleus...etc..."
Ton blogue me rappelle quelque chose quand on disait "Pauvre...toi" et que je changeais la phrase en disant "Cher..."
Toute notre vie, je crois qu'on s'apprivoise à quelque chose, à changer, modifier nos perceptions -c'est sans doute ainsi qu'on grandit.
A mon travail, les clients souvent vont dire "La grande noire" "Le gars chauve" "Celle avec des lunettes" "La frisée" "La petite jeune".
Que dire? Sinon, je comprends. La fragilité, la peur de blesser cotoient souvent aussi le besoin d'authenticité. Dire la vérité, envelopper la vérité ou décider d'être tout simplement soi-même = authentique.
La diplomatie ne fait jamais de tort, elle n'heurte personne. Ce qui blesse c'est plutôt le "ton" le regard, la façon de dire.
Je me rappelle une phrase du film "le miracle de la 34e rue) film de Noël ou l'on dit "Vaut-il mieux une vérité qui blesse ou un mensonge qui fait sourire?"
La terre ne cessera jamais de tourner. Et moi-même, si je ne connais pas la personne qui m'a servie, la seule façon de l'identifier est "la dame aux yeux bleus...etc..."
Ton blogue me rappelle quelque chose quand on disait "Pauvre...toi" et que je changeais la phrase en disant "Cher..."
Toute notre vie, je crois qu'on s'apprivoise à quelque chose, à changer, modifier nos perceptions -c'est sans doute ainsi qu'on grandit.
Dans ma jeunesse, je vivais sur une "réserve" montagnaise. Pour parler de moi, les amérindiennes me nommaient "la blanche à l'entrée du village". Malheur à moi, cependant (et incongruité, aussi) si je devais les désigner autrement que par leurs prénoms. Peut-être est-ce parce que j'ai eu à vivre cette marque distinctive que depuis des années, je vois la vie avec les yeux du coeur... ;-) Je décris les gens avec ces mêmes yeux! (Mais ça m'énerve terriblement de devoir faire de très très grands détours quand tous comprendraient si je pouvais dire "le chinois du dépanneur"...)
Femme Libre, ce que j'essaie de comprendre, c'est pourquoi une marque distinctive sonne péjorative. Les blondes dont on se moque souvent sont-elles offusquées qu'on les désigne comme étant blondes? "Demandez à la préposée au comptoir, c'est la jeune blonde que voilà." Est-ce offusquant? Ça me semble tout à fait convenable.
Je ne sais juste pas où la ligne devrait se tracer. Certes, la délicatesse est tjrs une valeur sûre mais j'aime questionner quand même.
Devant la tirade du nez de Cyrano récemment, je me disais la même chose: Cyrano s'accorde le droit de se moquer de son nez mais personne d'autre ne le peut se le permettre. Est-ce à dire que tout sujet qui POURRAIT être un signe d'amoindrissement personnel ou de complexe (même si c'est un bien grand mot) devait être tu?
Anonyme, merci.
Magnolia, bienvenue ici et merci de votre commentaire. On se ressemble, je trouve.
Momz, il est certain que de désigner "la brunette", "la p'tite jeune", "la dame à lunettes" est moins impliquant que "oui, c'est le gros boutonneux". :0S
Martyne, faut dire qu'à Montréal, c'est plus le Blanc du dépanneur qui porte la marque distinctive. ;o)
Attention, de nos jours, traiter quelqu'un de "blonde" est tout aussi risqué!
Cela dépend Femme Libre, désigner une femme par la couleur de ses cheveux ne devrait pas du tout être insultant.
Par contre si on utilise le terme blonde pour désigner une femme sans jugement alors là c'est une autre histoire.
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