samedi, décembre 23, 2006

Fantasme de garage

Non, ce billet ne portera pas sur les calendriers qui font le bonheur des garagistes. Il concerne plutôt des fantasmes enfantins... qui n'ont absolument rien de sexuel, je le précise.

Depuis Toy Story II, l'Événement le plus attendu ici est incontestablement la vente de garage. Y a pas à dire, ce film date, mais la vente de garage a toujours un attrait indéfectible et tenace pour mes enfants. Chaque année, je refuse de nombreuses demandes.

Une vente de garage, pour eux, c'est la possibilité de faire des affaires et de négocier malgré leur jeune âge. C'est la possibilité de faire du cash pour acheter de nouveaux jouets. C'est la possibilité de s'installer au coin de la rue, de vendre de la limonade et de se débarasser de nos vieilleries en accueillant les gens sur NOTRE terrain. Wow.

Oh, ils se sont déjà installés devant notre maison avec quelques babioles en attendant les rares passants. En vain. Bénéfice net: 0$. Mais ils persistent et réclament L'Événement.

Ce qui leur manque, c'est l'appui de leur mère, la coordination et le marketing qui ne vient pas et qu'ils espèrent viscéralement malgré tout.

Je leur ai maintes fois expliqué que d'organiser une vente de débarras était un de mes pires cauchemars, que j'étais bien trop orgueilleuse pour installer mes vieilleries au coin de la rue pour les présenter à mes voisins, que je n'étais pas assez ramasseuse pour avoir suffisamment de stock pour faire une vente de garage qui ait du sex-appeal et que de toute façon, quand j'avais quelque chose dont je voulais me débarasser, j'allais le porter directement à la St-Vincent-de-Paul. Pas question d'accumuler, mon espace est trop précieux.

Rien à faire. Le fantasme de la vente de garage dure, perdure et fait boule de neige.

***

Je vais border un soir mes mousquetaires. J'arrive dans la chambre de Petit Caractère et de Douceur. Je m'installe dans le cadre de porte et observe leur organisation. Ils sont couchés sur le plancher avec leur tas de couverture et d'oreillers près de la trappe à chauffage (un de leur grands plaisirs l'hiver).

Je peux à peine circuler autour de l'île de couvertures.

Grande-Dame -Les gars, c'est épouvantable. Il y a des Légo et des jouets PARTOUT dans votre chambre. On a de la misère à circuler!

Petit Caractère -C'est à cause de Douceur.

Douceur - C'est pas vrai, c'est à cause de Petit Caractère, il niaise toujours au lieu de ranger. Moi, j'ai fait ma part.

Grande-Dame -Les gars, ça n'a aucun bon sens: vous avez demandé un tas de Légo pour Noël et vous n'arrivez même pas à ranger ceux que vous avez déjà!

Douceur -Il faudrait peut-être qu'on organise une vente de garage. Comme ça, on pourrait vendre les jouets qu'on n'utilise plus et s'acheter de nouveaux Légo. Et ça ne traînerait plus sur le plancher.

Petit Caractère, compassif devant l'ignorance de son grand frère -Douceur, on ne PEUT pas faire une vente de garage, on N'A PAS de garage.

Douceur (le ridiculisant)-Ben ouiiii Petit Caractère, on peut faire une vente de garage , tout le monde peut faire une vente de garage!

Petit Caractère (haussant le ton devant l'entêtement de son frère) -TU COMPRENDS PAS. On peut PAAAS. (gesticulant pour mieux articuler sa pensée). Quand on A un garage, on PEUT, nous on peut PAS, parce que, hein, ça s'appelle une vente de GARAGE.

Je suis toujours dans le cadre de porte et les écoute en souriant. Chers cocos!

Douceur -Mamaaaan! C'est vrai qu'on a le droit de faire une vente de garage nous aussi hein, dis-lui!

Grande-Dame -C'est vrai, même ceux qui n'ont pas de garage ont le droit d'en faire....

Petit Caractère soupire, Douceur prend son air satisfait et triomphant: "Booon, tu vois".

***

Voilà l'aspect législatif réglé. Va-t-on finir par m'avoir à l'usure à l'exécutif? ........Naa!

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Charmant! Les mémoires de nos petits enfants!

Me rappelle les miens. Une vente de garage organisée avec mes petits. Ils ont fait plus d'argent que moi. Je leur avais laissé fixer le prix sur leurs jouets. Je croyais que ce serait une belle expérience pour eux et pour moi. Une expérience agréable aussi ou les amies se joindraient à nous pour souper par après.

J'avais quand même jeté un regard sur le prix. Et c'était raisonnable, on éliminait. Et les enfants étaient si excités de leur journée.

A un moment donné, je ressens quelque chose qui me tiraille dans le dos. Je me retourne. Que vois-je? La mine contrite de ma petite fille. Une dame veut avoir tout le linge de poupée et la poupée pour une bouchée de pain.

Je sens que ma fille est coincée. Et mon sens de la justice ne fait qu'un tour. ( Toi, touche pas à mes petits et ambitionne pas sur eux.)

Vers la dame, je me retourne. Elle insiste. "Madame, il y a une limite à l'exploitation. Il y a un prix pour la poupée et un prix pour les vêtements. Si ça fait pas votre affaire, laissez-le là!"

Je vois le contentement de ma fille!

Et puis, à la fin de la journée "La madame, elle est revenue chercher et la poupée et les vêtements." Mais, elle a payé le plein prix.

Ah mes chers amours, ce que je les aimais et ce que je les aime encore.

On n'oublie jamais. Ma mère parfois me remémore les finesses de ses enfants et dans sa mémoire, c'était hier encore.

A travers mes petits enfants, je revis beaucoup de similarité dans certains évènements de mon enfance. J'y puise un autre regard. Il est différent! Il a le poids et la compréhension des ans.

Dans toutes ces situations de l'enfance,de dramatisations des évènements, le regard lucide et aimant d'un parent, l'écoute active apporte beaucoup.

Quand je te lis ma chérie, je revois tes espiègleries, tes moqueries de petites dents d'écureuil quand tu voulais que je passe outre aux gronderies. Tu savais que tu me désarmorçais et qu'à toutes les fois je m'esclafferais de rire. Coquine và!

Bise

maman