Il y eut un temps où j'étais une femme parfaite. Avec du recul, c'était le moi que je préfèrais.
Vous savez, le genre de femme idéale: qui gère bien son stress, toujours positive, pas susceptible pour une cenne, drôle, légère, constante, organisée, solide, pas orgueilleuse. Bon d'accord, juste un peu orgueilleuse. À peine.
Et contrairement à la majorité de filles abonnées par défaut au standard féminin en règle, jamais je ne m'étais plaint de mon corps.
Si je le faisais, c'était avec légèreté, en rigolant autour d'une (ou deux ou trois) bouteille de vin avec ma gang de copines lorsque l'incontournable sujet des seins arrivait sur la table.
Puis, le temps a fait son oeuvre (le salaud! Puis-je lui refiler la facture?). Et subitement, comme si un karma de béton me tombait dessus, j'ai commencé à payer. Cher. J'ai même l'impression qu'on m'a rajouté des intérêts.
Moi qui m'étais toujours vantée d'être une fille extraordinaire qui brillait par son absence de SPM (je veux bien admettre qu'avec mon abondante progéniture, je n'ai pas toujours eu la chance de me mettre à l'épreuve, mais bon...) qui n'infligeait pas ses humeurs exécrables à son entourage, voilà que je dis ceci: on finit toujours par payer.
Angoisses, perpétuelles remises en question, susceptibilité, insécurité, orgueil. Je pourrais presque affirmer qu'on m'a attribué, en plus de mon orgueil, celui d'une ou deux autres personnes. Il m'arrive d'être découragée, état assez exceptionnel chez mon moi d'antan. Je pleure, aussi.
Pas que ce soit répréhensible de pleurer, simplement que je suis plus émotive. La fille qui braille, dans le modèle féminin de base, ça aussi, je l'avais évité. Et ça aussi, ça m'a rattrapée.
Avoir su que ces acquis étaient volatiles, je me serais fait des provisions d'insouciance pour les mauvais jours.
5 commentaires:
Incroyable ! J'aurais écrit ce billet-là l'an dernier, presqu'à pareille date.
La trentaine, que je me disais.
...
Et mon psy qui recharge le fusil : «Essaies d'être plus en contact avec le féminin en toi...»
Moi, après avoir fait le lavage, le ménage, les repas, les devoirs, les bains, l'éducation en général, les calins et le reste, mon féminin, il est endormi. Alors je sors mon «vergin» et je réponds au reste du monde.
Prise de cours, simplement, par la nature, j'ai abdiqué.
...quoiqu'il en soit, mes cheveux grisonnent. La petite merveille de seins que j'ai ressemble maintenant à matante Colette. Je délaisse les strings pour les boxers... Mais je persiste à ranger tous les éléments vinaigrés, dans le frigo, en un alignement parfait. Je persiste à placer la table du salon à angle droit avec le divan. Je persiste à mettre ma tasse de café à exactement 10 centimètres de ma main, sur le bureau. Persiste accrocher sur la corde à linge la lessive en ordre de couleur et de grandeur. Persiste à ranger mes cd en ordre alphabétique et mes livres en ordre de maison d'édition. Et persiste à me convaincre qu'un jour, je lâcherai prise !!!
:-)
C'est exactement les mots que j'aurais écris si j'avais eu ta plume il y a près de 4 ans, quand la trentaine m'a frappé moi aussi! Comment fais-tu pour toujours trouver les mots justes?
Pour ça, et pour bien d,autre chose, je t'admire beaucoup!
Eh bien oui, ca vous rattrape les femmes,et nous aussi les hommes...J'en connais une qui étais parfaite...qui n'a pas écouté ces messages envoyés par le corps...
Et un jour le système se mets de lui même à "off"
Mayday..mayday..
trop tard
Prière d'éviter à tout prix, pour vous et les vôtres
Lâchez du lest...
Ouais, mais dit toi que ton moi d'antan n'est pas mort... Les états émotifs passent et se remplacent, et repassent et se replacent...
Si ton naturel était léger et optimiste, tu le retrouvera un jour au détour d'un après midi de soleil...
Si c'était si simple de renouer avec les aspects de nous-mêmes qui se sont égarés!
Quelqu'un a la recette?
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