On dit que la relation qu'ont les petites filles avec leur père forgera celle qu'elles auront plus tard avec les hommes. Un père négligent, qui s'occupe peu de sa fille engendrera chez elle une quête d'attention telle qu'elle aura tôt fait de rechercher l'attention des jeunes hommes par divers moyens.
Une fille violentée et ayant peu d'estime personnel, c'est connu, recherchera inconsciemment des "hommes à problèmes". Plus une jeune fille a une relation saine avec son père, moins vite elle cherchera à combler son besoin de se faire remarquer par les jeunes hommes.
J'ai souri, hier, en regardant ma fille venir me montrer combien elle était "belle dans sa belle robe". Pour moi, elle était simplement belle dans sa belle robe mais pour son père, elle était "beeeeelle dans sa beeeeelle robe". Il fallait la voir se dandiner de plaisir à côté de son papa (alors captivé par son jeu d'ordi) jusqu'à ce qu'il la regarde et lui dise à quel point elle était BEEEEELLE.
Puis, elle est allée rejoindre Frédéric à table pour jouer en lui mentionnant d'entrée de jeu que PAPA la trouvait belle et que quand ses frères reviendraient de chez leur papa, eux aussi allaient dire: "Oh, que tu es belle Béatrice avec ta belle robe!
L'insatiable besoin féminin de se voir confirmer sa joliesse, sa féminité...
Je la trouve choyée, au fond. Qui sait si ces nombreux garçons autour d'elle la valoriseront suffisamment pour lui donner une belle et sereine estime en elle-même?
lundi, octobre 22, 2012
mercredi, octobre 03, 2012
Le sublissime fudge de papa
Récemment m'est venue envie du fudge de mon cher papa, qui nous a quittés depuis presque 5 ans déjà. Mon père était un homme cordial, incroyablement sympathique, socialement lumineux, charismatique et dont l'inégalable entregent le rendait séducteur et attachant.
Ces belles qualités ont sans doute pesé beaucoup dans la balance pour faire de lui un homme à qui on rendait si facilement et si naturellement service....à son grand bonheur. Plutôt passif à la maison, il maîtrisait une manière subtile de se plaindre de ses "incapacités" domestiques (réparer un truc brisé, contribuer à la préparation du repas, étendre du linge sur la corde à linge, changer la litière, etc) qui faisait que comme par magie, son entourage assumait une grande partie de ses responsabilités tandis que lui restait assis à les regarder travailler en se pâmant sur leur habileté et leur générosité. Après éloges, encouragements et grande gratitude, on se retrouvait devant un boulot bien accompli sans qu'il n'ait eu à lever le petit doigt. Mon père avait le don du compliment.
Je vais vous avouer que ça avait quelque chose de frustrant, cette façon de toujours réussir à se sauver de sa part de tâches.
En dépit de sa passivité domestique, mon cher papa savait faire une chose: du fudge. Un fudge imbattable.
Oh, la dernière fois que j'ai mangé de sa spécialité chocolatée, je devais avoir 10 ou 11 ans. Un après-midi par mois, pendant que nous jouions à Mille Bornes ou à la Dame de Pique, il se levait et allait nous préparer, à mon frère et moi, ce pur délice (qui l'était doublement parce que c'était lui qui le préparait).
J'ai essayé à de nombreuses reprises de faire ce fudge lorsque j'ai quitté le nid familial. À toutes les fois, ce fut un échec. Mon père me répétait toujours: "C'est parce que tu n'as pas utilisé un chaudron en fonte! Je te le dis, tu n'y arriveras pas si ce n'est pas de la fonte!"
Il y a deux ans, la femme de mon père m'a acheté un de ces beaux gros chaudrons en fonte si nécessaire à la réussite du fudge capricieux de papa. Honte à moi, je ne l'avais pas encore utilisé, fidèle à mes vieux chaudrons.
Un après-midi, j'ai donc réessayé, pour une énième fois, la recette tant ratée par le passé et Ô, à mon grand bonheur, je l'ai réussi.
Inutile de vous dire à quel point ça goûtait mon enfance et nos parties de Mille Bornes.
Voici donc cette recette:
-2/3 t. lait
-2 carrés de chocolat non-sucré
-2 t. sucre
-2 c. table sirop de maïs
-1 pincée de sel
-vanille
-2 c. table beurre
1. Chauffer le lait dans un chaudron en fonte (cela fait vraiment une différence)
2. Ajouter le chocolat non-sucré haché
3. Remuer avec une cuiller de bois
4. Lorsque fondu, ajouter sucre, sirop de maïs et sel
5. Laisser bouillir 10-15 minutes
6. Retirer du feu et ajouter 2 c. table de beurre
7. Refroidir 10-15 minutes puis ajouter 1 c. thé de vanille.
8. Remuer et lorsque le mélange commence à devenir granuleux, verser dans un plat en pyrex.
L'aspect granuleux du fudge vous indique que celui-ci est réussi. S'il a une texture de tire, meilleure chance la prochaine fois (et courrez vous acheter un chaudron de fonte!)
Dégustez! :o)
Ces belles qualités ont sans doute pesé beaucoup dans la balance pour faire de lui un homme à qui on rendait si facilement et si naturellement service....à son grand bonheur. Plutôt passif à la maison, il maîtrisait une manière subtile de se plaindre de ses "incapacités" domestiques (réparer un truc brisé, contribuer à la préparation du repas, étendre du linge sur la corde à linge, changer la litière, etc) qui faisait que comme par magie, son entourage assumait une grande partie de ses responsabilités tandis que lui restait assis à les regarder travailler en se pâmant sur leur habileté et leur générosité. Après éloges, encouragements et grande gratitude, on se retrouvait devant un boulot bien accompli sans qu'il n'ait eu à lever le petit doigt. Mon père avait le don du compliment.
Je vais vous avouer que ça avait quelque chose de frustrant, cette façon de toujours réussir à se sauver de sa part de tâches.
En dépit de sa passivité domestique, mon cher papa savait faire une chose: du fudge. Un fudge imbattable.
Oh, la dernière fois que j'ai mangé de sa spécialité chocolatée, je devais avoir 10 ou 11 ans. Un après-midi par mois, pendant que nous jouions à Mille Bornes ou à la Dame de Pique, il se levait et allait nous préparer, à mon frère et moi, ce pur délice (qui l'était doublement parce que c'était lui qui le préparait).
J'ai essayé à de nombreuses reprises de faire ce fudge lorsque j'ai quitté le nid familial. À toutes les fois, ce fut un échec. Mon père me répétait toujours: "C'est parce que tu n'as pas utilisé un chaudron en fonte! Je te le dis, tu n'y arriveras pas si ce n'est pas de la fonte!"
Il y a deux ans, la femme de mon père m'a acheté un de ces beaux gros chaudrons en fonte si nécessaire à la réussite du fudge capricieux de papa. Honte à moi, je ne l'avais pas encore utilisé, fidèle à mes vieux chaudrons.
Un après-midi, j'ai donc réessayé, pour une énième fois, la recette tant ratée par le passé et Ô, à mon grand bonheur, je l'ai réussi.
Inutile de vous dire à quel point ça goûtait mon enfance et nos parties de Mille Bornes.
Voici donc cette recette:
-2/3 t. lait
-2 carrés de chocolat non-sucré
-2 t. sucre
-2 c. table sirop de maïs
-1 pincée de sel
-vanille
-2 c. table beurre
1. Chauffer le lait dans un chaudron en fonte (cela fait vraiment une différence)
2. Ajouter le chocolat non-sucré haché
3. Remuer avec une cuiller de bois
4. Lorsque fondu, ajouter sucre, sirop de maïs et sel
5. Laisser bouillir 10-15 minutes
6. Retirer du feu et ajouter 2 c. table de beurre
7. Refroidir 10-15 minutes puis ajouter 1 c. thé de vanille.
8. Remuer et lorsque le mélange commence à devenir granuleux, verser dans un plat en pyrex.
L'aspect granuleux du fudge vous indique que celui-ci est réussi. S'il a une texture de tire, meilleure chance la prochaine fois (et courrez vous acheter un chaudron de fonte!)
Dégustez! :o)
vendredi, septembre 07, 2012
Les terrasses et moi
J'adore les terrasses. L'été, la légèreté, le beau temps, la fraternité, les sourires gratuits, une bière ultra-froide et de la désinvolture jusqu'à la moelle de l'âme.
Je ne vais pas autant que je le voudrais sur St-Denis mais à défaut, j'ai découvert cet été (et aimé, et eu envie de fréquenter davantage) le Centropolis Laval.
Toutes les terrasses du Centropolis donnant sur un jardin-fontaine central, le lieu possède de facto un effet "lâcher-prise" sur les esprits trop chargés. Inévitablement, les enfants réclament de passer d'abord par la fontaine avant d'aller où que ce soit d'autre...et ils en ressortent les fesses complètement trempées mais bon, cela ne fait-il pas partie du plaisir inhérent aux fontaines?
Nous n'avons pas pu ne pas succomber aux frites et aux burgers de La Belle et la Boeuf. Avant toute chose, leurs frites allumettes sont exceptionnelles. Et comme j'avais une rage de frites depuis plusieurs jours, je fus largement servie.
Selon les menus des restos, je partage (ou pas) mon repas avec les enfants. Gaspiller de la nourriture me brise le coeur. C'est donc avec Frédéric que je partageai mon burger "Action de grâce" à la dinde, graine de moutarde, avocat, salade de pommes et endives avec mayo aux canneberges". Un d.é.l.i.c.e.
Je l'avoue: on n'a pas l'habitude d'amener les enfants sur les terrasses. Les terrasses ont quelque chose d'amical, d'amoureux, de "pas touche à un espace adulte". Parfois pourtant, j'aime partager cette "distanciation" du quotidien avec eux. Question de dynamique, de perspective. Sur l'heure du dîner, on peut se le permettre, non? Quand on est ailleurs, avec des repères différents, il arrive que l'on puisse se sentir ou voir différemment.
Lors de notre première visite, mon beau Tout-Doux, imperturbable devant sa "poutine syndicale" (leurs noms de repas m'ont fait rire....Poutine syndicale: steack haché, pepperoni, bacon, hot dog)...
Ici mes ados, Fils Aîné et Grand-Charme. Remarquez le burger "la Crise Cardiaque" de Grand-Charme. En zieutant le menu, il aperçut un défi du genre "Réussissez à manger CE burger 14 000 étages et obtenez votre photo sur le mur des célébrités". Grand-Charme a travaillé dur, dur, dur pour engloutir ce ténébreux burger et obtenir sa photo sur le Mur des célébrités de l'original resto. Durant 45 minutes après notre dessert, nous l'avons attendu. Et attendu. Et attendu.
Il tenait à remplir le défi. Au bout de près d'une heure et demi, il réussit à ingurgiter la chose mais le resto connut quelques changements dans la nature de ses permis durant l'été (les enfants ne sont désormais plus admis qu'avant 18h ou sur la terrasse) et oups, au final, tous les efforts de reconnaissance publique de Grand-Charmes furent malheureusement vains.
Il avait fait tant d'efforts! Pour lui, l'épreuve "tomates et champignons" fut pénible mais il vaincu, Dieu du ciel!!!
Prenez tout de même le temps d'observer le hauteur de son défi. On se parle quand même de milliers de calories prêtes à être ingurgitées pour un simple défi personnel!
Fromage Monterey Jack, bacon fumé, oignons caramélisés et mayo épicée: voici le Capitaine Flam de Grand-Homme, dans lequel on n'a pas tenté d'épargner sur le bacon.
Un de mes grands coups de coeur pour La Belle et la Boeuf: les toilettes. J'ADORE les toilettes de restos qui se distinguent, qui ne considèrent pas la pièce comme accessoire mais bien comme une pièce à part entière où le style a sa place, comme un lieu supplémentaire où faire aller sa créativité plutôt que comme un lieu nécessaire mais quelque peu gênant qu'il vaut mieux garder sobre.
Les toilettes de la Belle et la Boeuf ne donnent pas leur place (le plancher fe-fille -messieurs, regardez ailleurs):
Du côté de ces messieurs.
Autre coup de coeur: la déco du resto. Leur murale style graffiti surplombe le resto.
L'impressionnant bar qui s'apparente à une bibliothèque au style hétéroclite. Lors de notre première visite, le resto ne possédait pas encore son permis d'alcool. Depuis le milieu de l'été, il offre des laits frappés alcoolisés ainsi qu'une multitude de drinks exotiques dont quelques uns sont servis dans des pots Mason à un coût fort avantageux.
La hauteur du plafond ainsi que le style rustique des murs donnent un cachet absolument unique au resto La Belle et la Boeuf.
À découvrir, outre leurs exceptionnels poutines de luxe et burgers: leur variété de grilled cheese revisités!
Je ne vais pas autant que je le voudrais sur St-Denis mais à défaut, j'ai découvert cet été (et aimé, et eu envie de fréquenter davantage) le Centropolis Laval.
Toutes les terrasses du Centropolis donnant sur un jardin-fontaine central, le lieu possède de facto un effet "lâcher-prise" sur les esprits trop chargés. Inévitablement, les enfants réclament de passer d'abord par la fontaine avant d'aller où que ce soit d'autre...et ils en ressortent les fesses complètement trempées mais bon, cela ne fait-il pas partie du plaisir inhérent aux fontaines?
Nous n'avons pas pu ne pas succomber aux frites et aux burgers de La Belle et la Boeuf. Avant toute chose, leurs frites allumettes sont exceptionnelles. Et comme j'avais une rage de frites depuis plusieurs jours, je fus largement servie.
Selon les menus des restos, je partage (ou pas) mon repas avec les enfants. Gaspiller de la nourriture me brise le coeur. C'est donc avec Frédéric que je partageai mon burger "Action de grâce" à la dinde, graine de moutarde, avocat, salade de pommes et endives avec mayo aux canneberges". Un d.é.l.i.c.e.
Je l'avoue: on n'a pas l'habitude d'amener les enfants sur les terrasses. Les terrasses ont quelque chose d'amical, d'amoureux, de "pas touche à un espace adulte". Parfois pourtant, j'aime partager cette "distanciation" du quotidien avec eux. Question de dynamique, de perspective. Sur l'heure du dîner, on peut se le permettre, non? Quand on est ailleurs, avec des repères différents, il arrive que l'on puisse se sentir ou voir différemment.
Lors de notre première visite, mon beau Tout-Doux, imperturbable devant sa "poutine syndicale" (leurs noms de repas m'ont fait rire....Poutine syndicale: steack haché, pepperoni, bacon, hot dog)...
Ici mes ados, Fils Aîné et Grand-Charme. Remarquez le burger "la Crise Cardiaque" de Grand-Charme. En zieutant le menu, il aperçut un défi du genre "Réussissez à manger CE burger 14 000 étages et obtenez votre photo sur le mur des célébrités". Grand-Charme a travaillé dur, dur, dur pour engloutir ce ténébreux burger et obtenir sa photo sur le Mur des célébrités de l'original resto. Durant 45 minutes après notre dessert, nous l'avons attendu. Et attendu. Et attendu.
Il tenait à remplir le défi. Au bout de près d'une heure et demi, il réussit à ingurgiter la chose mais le resto connut quelques changements dans la nature de ses permis durant l'été (les enfants ne sont désormais plus admis qu'avant 18h ou sur la terrasse) et oups, au final, tous les efforts de reconnaissance publique de Grand-Charmes furent malheureusement vains.
Il avait fait tant d'efforts! Pour lui, l'épreuve "tomates et champignons" fut pénible mais il vaincu, Dieu du ciel!!!
Prenez tout de même le temps d'observer le hauteur de son défi. On se parle quand même de milliers de calories prêtes à être ingurgitées pour un simple défi personnel!
Lors de notre première visite, j'avais opté pour le burger 'Brésilien": filet de poulet à la moutarde et orange avec chutney mangue, laitue, tomates et échalottes. Un véritable délice.
Fromage Monterey Jack, bacon fumé, oignons caramélisés et mayo épicée: voici le Capitaine Flam de Grand-Homme, dans lequel on n'a pas tenté d'épargner sur le bacon.
Un de mes grands coups de coeur pour La Belle et la Boeuf: les toilettes. J'ADORE les toilettes de restos qui se distinguent, qui ne considèrent pas la pièce comme accessoire mais bien comme une pièce à part entière où le style a sa place, comme un lieu supplémentaire où faire aller sa créativité plutôt que comme un lieu nécessaire mais quelque peu gênant qu'il vaut mieux garder sobre.
Les toilettes de la Belle et la Boeuf ne donnent pas leur place (le plancher fe-fille -messieurs, regardez ailleurs):
Du côté de ces messieurs.
Autre coup de coeur: la déco du resto. Leur murale style graffiti surplombe le resto.
L'impressionnant bar qui s'apparente à une bibliothèque au style hétéroclite. Lors de notre première visite, le resto ne possédait pas encore son permis d'alcool. Depuis le milieu de l'été, il offre des laits frappés alcoolisés ainsi qu'une multitude de drinks exotiques dont quelques uns sont servis dans des pots Mason à un coût fort avantageux.
La hauteur du plafond ainsi que le style rustique des murs donnent un cachet absolument unique au resto La Belle et la Boeuf.
À découvrir, outre leurs exceptionnels poutines de luxe et burgers: leur variété de grilled cheese revisités!
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vendredi, août 17, 2012
Entre ex
Il y a la crise, d'abord, parfois radicale, parfois par petites secousses qui finissent par vous user et tout faire basculer. Vous (ou l'autre, ou les deux) avez choisi, parfois à contre-coeur, parfois avec soulagement, que vous ne l'appelleriez plus "mon amour".
D'une volonté commune d'une harmonieuse déchirure, de collaboration, d'entraide, un désir sincère que chacun puisse retrouver son équilibre chacun de son côté, vous apprivoisez l'idée: votre vie deviendra différente. Elle sera sans l'autre.
Une fois l'autre parti, il arrive que l'on banalise ce qui n'allait pas parce qu'évidemment, loin de lui, il est facile de s'ennuyer de ses bons côtés et de mettre de côté ses travers.
Les questions d'argent finissant immanquablement par arriver et la guerre par se déclarer, voici venir la trop tangible et insoutenable tension. L'autre, qu'on connaissait si bien, nous devient étranger. Froideur, mépris. De ce que vous aviez vu jadis dans les yeux de l'autre plus rien ne subsiste. Les reproches se mettent à fuser, la défunte vie de couple est passée en revue, ce qui nous était tolérable voire mignon via l'antidote de l'amour devient un insupportable poison.
Nécessaire à l'homéostasie, la distance s'installe.
Chacun de son côté, on digère la fin de ce qui fut.
Puis un jour, de manière impromptue vient un geste de gentillesse de part ou d'autre: un compliment prudent sur votre nouvelle tête, un commentaire positif sur la manière dont vous avez réorganisé la maison, une flexibilité soudaine dans vos horaires de garde.
Vient un temps où même l'entraide se fraye une petite place. Vous connaissez et reconnaissez ses forces et lui les vôtres, qui sont ses faiblesses. Échange de services. Vous lui offrez des tomates du jardin, il vous aide à diagnotiquer un problème mécanique sur la voiture, vous rédigez une lettre pour lui qui ne sait pas écrire, il réussit à vous récupérer le dû d'une tierce personne.
Cela dure un temps. Il peut même arriver que la simplicité de la relation soit devenue telle que la "sur-familiarité"de votre ex finisse par vous irriter. Sentiment d'envahissement sur votre propre territoire.
Un incident anodin pas toujours identifié arrive et oh, surprise, retour à la case départ. Via les enfants, par les paroles ou l'attitude de l'ex-conjoint, vous constatez qu'il a de l'amertume. Il vous en veut et vous ne savez pas trop pour quoi au juste. Tout de vous l'irrite.
Malgré vos tentatives pour assouplir l'atmosphère, il vous évite/vous méprise/vous craint (?)/vous crache son fiel au visage quand il n'a pas le choix de vous rencontrer.
Vous connaissez ces cycles, savez que toutes ses phases ne sont que passagères.
Vous respectez cela en vous moquant un peu, attendant l'épuisement de la récurrente amertume.
D'une volonté commune d'une harmonieuse déchirure, de collaboration, d'entraide, un désir sincère que chacun puisse retrouver son équilibre chacun de son côté, vous apprivoisez l'idée: votre vie deviendra différente. Elle sera sans l'autre.
Une fois l'autre parti, il arrive que l'on banalise ce qui n'allait pas parce qu'évidemment, loin de lui, il est facile de s'ennuyer de ses bons côtés et de mettre de côté ses travers.
Les questions d'argent finissant immanquablement par arriver et la guerre par se déclarer, voici venir la trop tangible et insoutenable tension. L'autre, qu'on connaissait si bien, nous devient étranger. Froideur, mépris. De ce que vous aviez vu jadis dans les yeux de l'autre plus rien ne subsiste. Les reproches se mettent à fuser, la défunte vie de couple est passée en revue, ce qui nous était tolérable voire mignon via l'antidote de l'amour devient un insupportable poison.
Nécessaire à l'homéostasie, la distance s'installe.
Chacun de son côté, on digère la fin de ce qui fut.
Puis un jour, de manière impromptue vient un geste de gentillesse de part ou d'autre: un compliment prudent sur votre nouvelle tête, un commentaire positif sur la manière dont vous avez réorganisé la maison, une flexibilité soudaine dans vos horaires de garde.
Vient un temps où même l'entraide se fraye une petite place. Vous connaissez et reconnaissez ses forces et lui les vôtres, qui sont ses faiblesses. Échange de services. Vous lui offrez des tomates du jardin, il vous aide à diagnotiquer un problème mécanique sur la voiture, vous rédigez une lettre pour lui qui ne sait pas écrire, il réussit à vous récupérer le dû d'une tierce personne.
Cela dure un temps. Il peut même arriver que la simplicité de la relation soit devenue telle que la "sur-familiarité"de votre ex finisse par vous irriter. Sentiment d'envahissement sur votre propre territoire.
Un incident anodin pas toujours identifié arrive et oh, surprise, retour à la case départ. Via les enfants, par les paroles ou l'attitude de l'ex-conjoint, vous constatez qu'il a de l'amertume. Il vous en veut et vous ne savez pas trop pour quoi au juste. Tout de vous l'irrite.
Malgré vos tentatives pour assouplir l'atmosphère, il vous évite/vous méprise/vous craint (?)/vous crache son fiel au visage quand il n'a pas le choix de vous rencontrer.
Vous connaissez ces cycles, savez que toutes ses phases ne sont que passagères.
Vous respectez cela en vous moquant un peu, attendant l'épuisement de la récurrente amertume.
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Réflexions
mercredi, août 01, 2012
La maternité étalée
Il n'est pas rare que je me fasse sermonner par Fils Aîné quant à mon éducation de sa jeune fratrie.
"Tu nous aurais envoyé dans notre chambre depuis longtemps", "On dirait qu'avec Fred et Béatrice tu en laisses plus passer qu'avec nous", "Nous, "dans notre temps", on avait droit à une heure de DS par jour, pas plus."
Il n'a pas tort.
La mère que je suis a changé. Toujours aimante, bienveillante mais capable de "lousse", transparente, oui. Je l'ai toujours été, je le suis toujours. J'ai aussi choisi mes batailles, lâché prise sur certaines.
Les paramètres de ma vie ont changé. Je ne suis plus avec leur père (la dynamique est donc différente), j'ai plus d'enfants donc plus de responsabilités, j'ai assoupli quelques principes, évalué l'impact réel des conséquences de telle ou telle "inconséquence" avec l'expérience de mes plus vieux.
À travers son évolution, toujours préserver sa santé mentale.
Oui, j'ai changé. Comment pourrait-on être d'une constance sans failles dans une maternité étalée sur 14 ans? Je serais peut-être devenue conservatrice? (au secours!)
Mes plus vieux ont obtenu de moi ce que les plus jeunes ont moins eu: de la latitude, une mère moins surchargée donc moins stressée, une mère toujours joyeuse qui a beaucoup dansé avec eux, des cahiers entiers remplis d'anecdotes (je n'ai toujours pas commencé celui de Béatrice née depuis bientôt QUATRE ans), une ben ben cute naïveté.
Ils ont connu une "autre" mère, ont évolué avec elle. À présent, il y a les médias sociaux. On se voit filer sur Facebook, on échange. Je souris, ils sourient (ou "like") mes anecdotes concernant leurs jeunes frères et soeur au lieu que cela soit confiné à un cahier.
Je parle avec eux. Ils sont témoins de mes angoisses, de mes découragements, de mes fiertés, de ma résilience, de mes niaiseries. Je suis fière d'eux, de ce qu'ils deviennent, de l'évolution de notre relation.
Mes ados "auto-régulent" certains des enseignements reçus avec les plus jeunes. "Oh-oh! On débarrasse son assiette après le repas, jeune homme!!", "Hé mon beau! Je dois mettre la table, ce serait le fun que tu ramasses d'abord tous tes dessins et tes crayons!!", "Non Béatrice, tu ne mets pas ça dans ta bouche, tu vas t'étouffer!" (merci à Fils Aîné qui m'a alimentée en citations alors que je rédigeais ce billet!).
Je ne suis pas la même qu'à 19 ans, âge de ma première maternité même si ma fibre "Grande-Dame" vibre encore.
Vous savez quoi? Même si la candeur de ma vingtaine me manque parfois, je suis heureuse d'avoir d'avoir rassemblé et cumulé mon bagage, d'avoir vieilli. C'est ainsi que va la vie. Je préfère l'évolution à une constance sans failles.
Avec les coups durs, les erreurs et les moments durs qui s'imbriquent à travers fiertés, réalisations, hésitations, bonheurs et moments tendres.
"Tu nous aurais envoyé dans notre chambre depuis longtemps", "On dirait qu'avec Fred et Béatrice tu en laisses plus passer qu'avec nous", "Nous, "dans notre temps", on avait droit à une heure de DS par jour, pas plus."
Il n'a pas tort.
La mère que je suis a changé. Toujours aimante, bienveillante mais capable de "lousse", transparente, oui. Je l'ai toujours été, je le suis toujours. J'ai aussi choisi mes batailles, lâché prise sur certaines.
Les paramètres de ma vie ont changé. Je ne suis plus avec leur père (la dynamique est donc différente), j'ai plus d'enfants donc plus de responsabilités, j'ai assoupli quelques principes, évalué l'impact réel des conséquences de telle ou telle "inconséquence" avec l'expérience de mes plus vieux.
À travers son évolution, toujours préserver sa santé mentale.
Oui, j'ai changé. Comment pourrait-on être d'une constance sans failles dans une maternité étalée sur 14 ans? Je serais peut-être devenue conservatrice? (au secours!)
Mes plus vieux ont obtenu de moi ce que les plus jeunes ont moins eu: de la latitude, une mère moins surchargée donc moins stressée, une mère toujours joyeuse qui a beaucoup dansé avec eux, des cahiers entiers remplis d'anecdotes (je n'ai toujours pas commencé celui de Béatrice née depuis bientôt QUATRE ans), une ben ben cute naïveté.
Ils ont connu une "autre" mère, ont évolué avec elle. À présent, il y a les médias sociaux. On se voit filer sur Facebook, on échange. Je souris, ils sourient (ou "like") mes anecdotes concernant leurs jeunes frères et soeur au lieu que cela soit confiné à un cahier.
Je parle avec eux. Ils sont témoins de mes angoisses, de mes découragements, de mes fiertés, de ma résilience, de mes niaiseries. Je suis fière d'eux, de ce qu'ils deviennent, de l'évolution de notre relation.
Mes ados "auto-régulent" certains des enseignements reçus avec les plus jeunes. "Oh-oh! On débarrasse son assiette après le repas, jeune homme!!", "Hé mon beau! Je dois mettre la table, ce serait le fun que tu ramasses d'abord tous tes dessins et tes crayons!!", "Non Béatrice, tu ne mets pas ça dans ta bouche, tu vas t'étouffer!" (merci à Fils Aîné qui m'a alimentée en citations alors que je rédigeais ce billet!).
Je ne suis pas la même qu'à 19 ans, âge de ma première maternité même si ma fibre "Grande-Dame" vibre encore.
Vous savez quoi? Même si la candeur de ma vingtaine me manque parfois, je suis heureuse d'avoir d'avoir rassemblé et cumulé mon bagage, d'avoir vieilli. C'est ainsi que va la vie. Je préfère l'évolution à une constance sans failles.
Avec les coups durs, les erreurs et les moments durs qui s'imbriquent à travers fiertés, réalisations, hésitations, bonheurs et moments tendres.
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jeudi, juillet 26, 2012
Au Balthazar entre deux couches de peinture
Laval, Laval, bien sûr, je connais, j'y réside!
En tant que touriste ou exploratrice? Euh... D'accord, mes besoins de m'éloigner me mènent plus souvent ailleurs que dans mon propre patelin lorsque le besoin de découvrir, d'aller souper au resto ou de quitter la maison se fait sentir.
Et pourtant. Des choses à voir, il y en a, dans mon patelin!
Il y a quelques semaines, j'ai eu l'occasion de découvrir en territoire pas trop inconnu une micro-brasserie qui ne donne pas sa place. Déco branchée, menu gourmet, bières de brasseurs québécois et service sympathique -ma deuxième visite l'a confirmé.
Un de mes nouveaux critères d'appréciation d'un commerce est celui de leur acceptation sympathique de notre gros toutou fou. Comme nous nous déplaçons toujours avec lui (ET que le risque d'une nouvelle bêtise de sa part génère un grand stress), cela est apprécié quand les commerçants nous facilitent la tâche. Parce que pour représenter une tâche, c'en est toute une!
Aussitôt arrivés sur la terrasse, avant même de nous proposer le menu, c'est le toutou fou qui compta les attentions: "Oh, voulez-vous que j'apporte un grand bol d'eau au chien?" Le gros chien fou apprécia autant que nous.
Parce que j'avais déjà eu mon coup de foudre pour la Vie de Château au début des vacances lors d'une dégustation comme seules les micro-brasseries savent le faire, j'ai commandé la même. Cette bière au scotch, de la micro-brasserie Le Grimoire est succulente. Doublement sur une terrasse par un après-midi qui nous inonde de soleil.
Au menu pour moi: un tartare de filet mignon avec frites maison sublissimes dégustées sur la terrasse avec mon calme, ma Vie de Château et mon bel homme. Tant pis pour la 4e couche de peinture qui nous attendait à la maison. Il fallait bien que ça sèche!
Au menu pour l'homme: variété de saucisses et choucroute. Mmmmm!
Et dire qu'on se pousse toujours à Montréal!
Qui a dit que les restaurateurs du Centropolis n'avaient pas leur mot à dire?
En tant que touriste ou exploratrice? Euh... D'accord, mes besoins de m'éloigner me mènent plus souvent ailleurs que dans mon propre patelin lorsque le besoin de découvrir, d'aller souper au resto ou de quitter la maison se fait sentir.
Et pourtant. Des choses à voir, il y en a, dans mon patelin!
Il y a quelques semaines, j'ai eu l'occasion de découvrir en territoire pas trop inconnu une micro-brasserie qui ne donne pas sa place. Déco branchée, menu gourmet, bières de brasseurs québécois et service sympathique -ma deuxième visite l'a confirmé.
Un de mes nouveaux critères d'appréciation d'un commerce est celui de leur acceptation sympathique de notre gros toutou fou. Comme nous nous déplaçons toujours avec lui (ET que le risque d'une nouvelle bêtise de sa part génère un grand stress), cela est apprécié quand les commerçants nous facilitent la tâche. Parce que pour représenter une tâche, c'en est toute une!
Aussitôt arrivés sur la terrasse, avant même de nous proposer le menu, c'est le toutou fou qui compta les attentions: "Oh, voulez-vous que j'apporte un grand bol d'eau au chien?" Le gros chien fou apprécia autant que nous.
Parce que j'avais déjà eu mon coup de foudre pour la Vie de Château au début des vacances lors d'une dégustation comme seules les micro-brasseries savent le faire, j'ai commandé la même. Cette bière au scotch, de la micro-brasserie Le Grimoire est succulente. Doublement sur une terrasse par un après-midi qui nous inonde de soleil.
Au menu pour moi: un tartare de filet mignon avec frites maison sublissimes dégustées sur la terrasse avec mon calme, ma Vie de Château et mon bel homme. Tant pis pour la 4e couche de peinture qui nous attendait à la maison. Il fallait bien que ça sèche!
Au menu pour l'homme: variété de saucisses et choucroute. Mmmmm!
Et dire qu'on se pousse toujours à Montréal!
Qui a dit que les restaurateurs du Centropolis n'avaient pas leur mot à dire?
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dimanche, juillet 22, 2012
Pendant leur absence
Tous les soirs je les borde. Bon, les quatre plus jeunes, et il m'arrive de m'arrêter dans la chambre des ados. Parfois, ils ont envie de parler. Parfois pas, avalés par leur ordi, leur PS3 ou leur besoin de solitude. Parfois c'est juste moi qui me dit que des ados de 15 et 17 ans doivent en avoir marre d'avoir leur mère dans les pattes.
Et je passe outre.
Pas grave.
Les autres veulent tous savoir de moi avant le dodo: ce que j'ai fait durant la journée, quelles courses j'ai été faire, ce que j'ai acheté, ce que j'ai fait à la maison, les téléphones que j'ai fait, ce que j'ai eu à régler, les incidents à la une, ce que j'ai fait au café, les bêtises du chien ou de Béatrice.
Ils bouffent du scoop.
C'est la plupart du temps de là que naissent nos discussions de bord de lit.
En rentrant de chez leur père, il faut rattraper le temps perdu. Ils surveillent la boîte à recyclage: "Ooh, vous avez commandé du poulet!! C'est pas juste!!" ou encore "Ohhh, vous avez fait des tortellinis! Mais mamaaannn! Tu le sais que j'adore ça, vous en faites toujours quand je suis chez papa!!!"
Je vais vous confier un truc: je trouve difficile de gérer le "quand je suis chez papa". Parce que même s'ils me manquent lorsqu'ils partent pour le week-end ou pour -cette fois- NEUF jours, je considère que j'ai le droit de cuisiner des tortellinis si ça me tente. Mes grands ne sont pas les seuls à aimer cela.
N'empêche. Chaque fois, je me dis: "Aaah, du saumon fumé, Coco aurait aimé ça..." "Des ailes de poulet...Grand-Charme aurait salivé!"...."Une sortie en camping, ç'aurait été cool de vivre ça avec les grands aussi! Une exposition au Musée des Civilisations sur les mangas? Fils Aîné aurait trippé!!".
J'ai tenté de relativiser avec eux: "Tu sais Tout-Doux, quand tu pars avec ton père, tu fais souvent des trucs qu'ici on ne fait pas souvent: vous partez en montagne toutes les fins de semaine, vous faites des pique-niques, vous allez au parc."
Mais c'est pas pareil.
Ce qui se passe avec papa devrait être une bulle à part qui ne LES PRIVE PAS de ce que maman, Grand-Homme et les petits font durant ce temps. "Mais Tout-Doux, vous faites plein de trucs chouettes avec papa!"...Haussement d'épaule. Ouais ouais, la vie est teeeellement dure...
Nous parlions de camping récemment. Tout-Doux (12 ans) de s'indigner: "Aaah, je l'savais! Vous faites toujours ça quand on n'est pas là...!"
-Mais voyons Tout-Doux, nous y allons toute la famille ensemble bientôt....
-Ahhhh. FioUUU! J'ai souvent l'impression que vous gardez le plus intéressant pour quand on n'est pas là....
Comment une mère peut-elle gérer cela? Mon bonheur ultime rayonne quand TOUS mes enfants sont présents. Si cela n'est pas possible, je fais avec. Les petits aussi ont le droit de vivre des trucs cools avec leurs parents. J'essaie de profiter de la vie mais tout n'est pas complet. Mon bonheur est souvent lié au fait de les avoir tous près de moi, de jouir de leur dynamique, de leur esprit, de leur humour, de leur susceptibilité.
Mais je suis séparée alors je m'organise. Sans mes 4 grands les fins de semaine.
Et quand MOI je désire aller grimper des montagnes avec ma gang...."Aaaah, non, on ne fait que ça avec papa!!! Là, on veut relaxer, prendre le temps de voir nos amis...."
Je pense à l'ex qui ne vit pas le quotidien avec eux...Est-ce MON sacrifice que de devoir les voir préférer leurs amis le week-end? Peut-être bien...
Et si on préparait des tortellinis ce soir?
Et je passe outre.
Pas grave.
Les autres veulent tous savoir de moi avant le dodo: ce que j'ai fait durant la journée, quelles courses j'ai été faire, ce que j'ai acheté, ce que j'ai fait à la maison, les téléphones que j'ai fait, ce que j'ai eu à régler, les incidents à la une, ce que j'ai fait au café, les bêtises du chien ou de Béatrice.
Ils bouffent du scoop.
C'est la plupart du temps de là que naissent nos discussions de bord de lit.
En rentrant de chez leur père, il faut rattraper le temps perdu. Ils surveillent la boîte à recyclage: "Ooh, vous avez commandé du poulet!! C'est pas juste!!" ou encore "Ohhh, vous avez fait des tortellinis! Mais mamaaannn! Tu le sais que j'adore ça, vous en faites toujours quand je suis chez papa!!!"
Je vais vous confier un truc: je trouve difficile de gérer le "quand je suis chez papa". Parce que même s'ils me manquent lorsqu'ils partent pour le week-end ou pour -cette fois- NEUF jours, je considère que j'ai le droit de cuisiner des tortellinis si ça me tente. Mes grands ne sont pas les seuls à aimer cela.
N'empêche. Chaque fois, je me dis: "Aaah, du saumon fumé, Coco aurait aimé ça..." "Des ailes de poulet...Grand-Charme aurait salivé!"...."Une sortie en camping, ç'aurait été cool de vivre ça avec les grands aussi! Une exposition au Musée des Civilisations sur les mangas? Fils Aîné aurait trippé!!".
J'ai tenté de relativiser avec eux: "Tu sais Tout-Doux, quand tu pars avec ton père, tu fais souvent des trucs qu'ici on ne fait pas souvent: vous partez en montagne toutes les fins de semaine, vous faites des pique-niques, vous allez au parc."
Mais c'est pas pareil.
Ce qui se passe avec papa devrait être une bulle à part qui ne LES PRIVE PAS de ce que maman, Grand-Homme et les petits font durant ce temps. "Mais Tout-Doux, vous faites plein de trucs chouettes avec papa!"...Haussement d'épaule. Ouais ouais, la vie est teeeellement dure...
Nous parlions de camping récemment. Tout-Doux (12 ans) de s'indigner: "Aaah, je l'savais! Vous faites toujours ça quand on n'est pas là...!"
-Mais voyons Tout-Doux, nous y allons toute la famille ensemble bientôt....
-Ahhhh. FioUUU! J'ai souvent l'impression que vous gardez le plus intéressant pour quand on n'est pas là....
Comment une mère peut-elle gérer cela? Mon bonheur ultime rayonne quand TOUS mes enfants sont présents. Si cela n'est pas possible, je fais avec. Les petits aussi ont le droit de vivre des trucs cools avec leurs parents. J'essaie de profiter de la vie mais tout n'est pas complet. Mon bonheur est souvent lié au fait de les avoir tous près de moi, de jouir de leur dynamique, de leur esprit, de leur humour, de leur susceptibilité.
Mais je suis séparée alors je m'organise. Sans mes 4 grands les fins de semaine.
Et quand MOI je désire aller grimper des montagnes avec ma gang...."Aaaah, non, on ne fait que ça avec papa!!! Là, on veut relaxer, prendre le temps de voir nos amis...."
Je pense à l'ex qui ne vit pas le quotidien avec eux...Est-ce MON sacrifice que de devoir les voir préférer leurs amis le week-end? Peut-être bien...
Et si on préparait des tortellinis ce soir?
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dimanche, juillet 15, 2012
Combien "vaut" une fête d'amis?
Qui dit nombreuse marmaille dit nombreuses fêtes d'amis. Celles des nôtres bien sûr (mon Coco célèbrera ses 11 ans dans quelques jours), mais aussi celles auxquelles ils seront invités.
En tout, pour Coco, six amis sont venus hier. C'était la journée idéale: superbe soleil, tout le monde de bonne humeur, belle dynamique garçons-filles et pas une seule chicane, même pour le partage des bonbons de la pinata. Bataille de ballounes d'eau, pinata, beaucoup de baignade, diner et gâteau. Une fantastique journée!
Comme chaque année, les amis ont apporté un cadeau. Cette fois, je fus étonnée de la générosité des parents. Presque malaisée. Sur les six amis, quatre lui ont offert un billet de 20$, une a offert 15$ et l'autre ami lui a promis un cadeau pour bientôt (un de ses meilleurs amis qui revenait de voyage, n'avait pas de cadeaux à offrir mais ne semblait pas mal à l'aise de la "pression du cadeau à tout prix").
Bien que la plupart soient des amis de longue date, je trouve que cela fait beaucoup d'argent. Coco n'a que 11 ans mais surtout, si l'on additionne tous les 20$ offerts à toutes les fêtes où sont invités nos enfants (environ 5 ou 6 par année CHACUN), cela commence à représenter beaucoup d'argent pour les parents qui défraient.
Je me demande si ceux-ci se sentent radins de donner moins. Pourtant, cela serait non seulement tout à fait raisonnable mais surtout, légitime.
Coco, qui est très organisé, qui aime que tout soit préparé longtemps à l'avance, était satisfait du planning de son anniversaire. Il aurait été heureux et naturellement reconnaissant si chaque carte avait contenu la moitié moins d'argent.
Est-ce "tendance" d'être aussi généreux? Ou n'est-ce qu'une question de paraître? Peut-être suis-je simplement naturellement cheap? Je fais le calcul suivant: j'ai cinq enfants qui sont invités régulièrement à des fêtes d'amis en moyenne 5 fois par an. 5 enfants X 5 fêtes X 20$ = 500$, soit plus que le total de ce que j'offre en cadeau à tous mes enfants pour leur anniversaire ET Noël. Ça représente beaucoup d'argent, je n'en ai pas les moyens et aussi, je trouve important de focaliser sur le plaisir du temps passé ensemble, sur la fierté de voir tous ses amis présents POUR SOI.
Ayant son propre revenu, Fils Aîné assume maintenant les cadeaux des anniversaires de ses amis. Pour ma part, les cadeaux offerts gravitent autour du 10-15$. Je trouve cela raisonnable.
Comment les fêtes se "monnaient-elles" par chez-vous? Trouvez-vous normal que les montants investis pour les fêtes d'amis voient leur valeur multipliée cent fois plus vite que l'inflation? Êtes-vous confortable avec cela? Vous sentez-vous obligé-e d'offrir plus aux fêtes des amis de vos enfants si ceux-ci ont reçu beaucoup à leur anniversaire?
En tout, pour Coco, six amis sont venus hier. C'était la journée idéale: superbe soleil, tout le monde de bonne humeur, belle dynamique garçons-filles et pas une seule chicane, même pour le partage des bonbons de la pinata. Bataille de ballounes d'eau, pinata, beaucoup de baignade, diner et gâteau. Une fantastique journée!
Comme chaque année, les amis ont apporté un cadeau. Cette fois, je fus étonnée de la générosité des parents. Presque malaisée. Sur les six amis, quatre lui ont offert un billet de 20$, une a offert 15$ et l'autre ami lui a promis un cadeau pour bientôt (un de ses meilleurs amis qui revenait de voyage, n'avait pas de cadeaux à offrir mais ne semblait pas mal à l'aise de la "pression du cadeau à tout prix").
Bien que la plupart soient des amis de longue date, je trouve que cela fait beaucoup d'argent. Coco n'a que 11 ans mais surtout, si l'on additionne tous les 20$ offerts à toutes les fêtes où sont invités nos enfants (environ 5 ou 6 par année CHACUN), cela commence à représenter beaucoup d'argent pour les parents qui défraient.
Je me demande si ceux-ci se sentent radins de donner moins. Pourtant, cela serait non seulement tout à fait raisonnable mais surtout, légitime.
Coco, qui est très organisé, qui aime que tout soit préparé longtemps à l'avance, était satisfait du planning de son anniversaire. Il aurait été heureux et naturellement reconnaissant si chaque carte avait contenu la moitié moins d'argent.
Est-ce "tendance" d'être aussi généreux? Ou n'est-ce qu'une question de paraître? Peut-être suis-je simplement naturellement cheap? Je fais le calcul suivant: j'ai cinq enfants qui sont invités régulièrement à des fêtes d'amis en moyenne 5 fois par an. 5 enfants X 5 fêtes X 20$ = 500$, soit plus que le total de ce que j'offre en cadeau à tous mes enfants pour leur anniversaire ET Noël. Ça représente beaucoup d'argent, je n'en ai pas les moyens et aussi, je trouve important de focaliser sur le plaisir du temps passé ensemble, sur la fierté de voir tous ses amis présents POUR SOI.
Ayant son propre revenu, Fils Aîné assume maintenant les cadeaux des anniversaires de ses amis. Pour ma part, les cadeaux offerts gravitent autour du 10-15$. Je trouve cela raisonnable.
Comment les fêtes se "monnaient-elles" par chez-vous? Trouvez-vous normal que les montants investis pour les fêtes d'amis voient leur valeur multipliée cent fois plus vite que l'inflation? Êtes-vous confortable avec cela? Vous sentez-vous obligé-e d'offrir plus aux fêtes des amis de vos enfants si ceux-ci ont reçu beaucoup à leur anniversaire?
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vendredi, juillet 13, 2012
Ne rien faire (ou aller voir un spectacle avec vos ados)
Ne rien faire? Hein?
J'ai réalisé récemment que je ne savais plus "ne rien faire". Ne rien faire m'angoisse: pas de comptoir à aller nettoyer, de traineries à ramasser, de bordel à ranger, de chicanes où intervenir.
Ne rien faire.
Juste attendre dans une file.
Il y a plusieurs mois déjà, Fils Aîné, Grand-Charme et moi avons décidé (d'accord, J'AI décidé, ils ont embarqué) d'aller voir le spectacle d'un de nos bands favoris qui se présentait à quelques minutes de la maison, au Centre de la Nature de Laval.
Billets admission générale. Il fallait donc arriver tôt pour pouvoir voir ZE Steven Tyler et bien sûr tous les membres d'Aerosmith. Fils Aîné, lui, espérait attraper ses offrandes généreuses au-dessus de la foule. Plusieurs heures à attendre dans la file et devant le stage. En attendant? Prendre son temps. Attendre. Rire des blagues de Grand-Charme, qui apprécie beaucoup mesurer 6'5" pour pouvoir se rincer l'oeil sans efforts dans le décolleté de n'importe quelle fille. Se tourner les pouces. Rien d'autre à faire anyway. Ah oui tiens: une partie de Monopoly sur son iPod.
Puis. Musique. Musique. Musique. Et, then, Rock.
Voilà ENFIN notre Steven, offert, généreux comme tout, magnifique à plus de 60 ans comme il l'était à 30. Bon sens, quelle énergie!!! D'accord, probablement poudré jusqu'aux sinus mais n'empêche, fesses d'acier (de mon point de vue -si-si, Grand-Charme m'a même demandé, lisant dans mes pensées: "Maman, est-ce que tu aimerais ça lui claquer une fesse dans son beau pantalon moulant?" - Tout à fait, cardio d'enfer, plaizzzir sur toute la ligne!
Tout en muscles, voix magnifique, original (et surtout authentique) avec le pied de son micro où sont suspendus tous ses amours de foulards (à plusieurs reprises je me suis dit qu'il allait finir par assommer un de ses collègues mais non, il maîtrise le pied du micro) et son allure pré-Leloup. Cet homme semble tellement aimer ce qu'il fait (et fait à souligner: ne PAS s'en lasser)! Si tout le monde pouvait être aussi heureux dans son travail!
"Love in an elevator", "Rag doll", "Jaded", "What it takes", plusieurs de leurs nouvelles tunes mais surtout, en rappel, ZE Dream on.
Moment de rêve avec mes fils.
Magique.
Mes ados ont trippé, moi aussi et j'en fus délicieusement comblée.
Un magnifique moment d'arrêt (qui m'a donné la chance de découvrir le Sam Roberts Band) et de "profiter du moment présent".
Je vais vous confier un truc. Aller voir un show rock avec ses ados signifie souffler, souffler fort pour tenter de garder les (nombreuses) fumées illicites loin de leurs chastes poumons. Mais bon. Au bord de la crise d'asthme, j'ai lâché prise.
Tant pis.
On est repartis le coeur plein, les oreilles bourdonnantes.
Et moi qui, faute de moyens, avais tenté de vendre mon billet!
J'ai réalisé récemment que je ne savais plus "ne rien faire". Ne rien faire m'angoisse: pas de comptoir à aller nettoyer, de traineries à ramasser, de bordel à ranger, de chicanes où intervenir.
Ne rien faire.
Juste attendre dans une file.
Il y a plusieurs mois déjà, Fils Aîné, Grand-Charme et moi avons décidé (d'accord, J'AI décidé, ils ont embarqué) d'aller voir le spectacle d'un de nos bands favoris qui se présentait à quelques minutes de la maison, au Centre de la Nature de Laval.
Billets admission générale. Il fallait donc arriver tôt pour pouvoir voir ZE Steven Tyler et bien sûr tous les membres d'Aerosmith. Fils Aîné, lui, espérait attraper ses offrandes généreuses au-dessus de la foule. Plusieurs heures à attendre dans la file et devant le stage. En attendant? Prendre son temps. Attendre. Rire des blagues de Grand-Charme, qui apprécie beaucoup mesurer 6'5" pour pouvoir se rincer l'oeil sans efforts dans le décolleté de n'importe quelle fille. Se tourner les pouces. Rien d'autre à faire anyway. Ah oui tiens: une partie de Monopoly sur son iPod.
Puis. Musique. Musique. Musique. Et, then, Rock.
Voilà ENFIN notre Steven, offert, généreux comme tout, magnifique à plus de 60 ans comme il l'était à 30. Bon sens, quelle énergie!!! D'accord, probablement poudré jusqu'aux sinus mais n'empêche, fesses d'acier (de mon point de vue -si-si, Grand-Charme m'a même demandé, lisant dans mes pensées: "Maman, est-ce que tu aimerais ça lui claquer une fesse dans son beau pantalon moulant?" - Tout à fait, cardio d'enfer, plaizzzir sur toute la ligne!
Tout en muscles, voix magnifique, original (et surtout authentique) avec le pied de son micro où sont suspendus tous ses amours de foulards (à plusieurs reprises je me suis dit qu'il allait finir par assommer un de ses collègues mais non, il maîtrise le pied du micro) et son allure pré-Leloup. Cet homme semble tellement aimer ce qu'il fait (et fait à souligner: ne PAS s'en lasser)! Si tout le monde pouvait être aussi heureux dans son travail!
"Love in an elevator", "Rag doll", "Jaded", "What it takes", plusieurs de leurs nouvelles tunes mais surtout, en rappel, ZE Dream on.
Moment de rêve avec mes fils.
Magique.
Mes ados ont trippé, moi aussi et j'en fus délicieusement comblée.
Un magnifique moment d'arrêt (qui m'a donné la chance de découvrir le Sam Roberts Band) et de "profiter du moment présent".
Je vais vous confier un truc. Aller voir un show rock avec ses ados signifie souffler, souffler fort pour tenter de garder les (nombreuses) fumées illicites loin de leurs chastes poumons. Mais bon. Au bord de la crise d'asthme, j'ai lâché prise.
Tant pis.
On est repartis le coeur plein, les oreilles bourdonnantes.
Et moi qui, faute de moyens, avais tenté de vendre mon billet!
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dimanche, mai 27, 2012
24h dans la vie d'une nouvelle famille d'accueil
Nous avons, il y a quelque temps, proposé notre famille comme famille d'accueil pour un chiot Mira. Comme il était hors de question d'avoir un chien à nous (et donc une (autre) grande responsabilité supplémentaire pour les prochaines décennies), nous trouvions qu'un chiot pour une durée d'environ 10 mois était un compromis acceptable pour satisfaire les demandes des enfants et notre tolérance à un nouvel engagement. Je dis "engagement" mais en fait, il s'agit d'un engagement familial. Tous les membres de la famille se sont engagés personnellement (naïve Grande-Dame, me direz-vous) à s'impliquer dans les soins du chiot.
Celle qui devait arriver au milieu de l'été arriva plus tôt que prévu. Plus âgée que prévu, aussi, ce qui constituait un plus pour nous puisque le chiot s'avérait être déjà propre.
C'est donc avec grand bonheur que les enfants accueillirent Kuna et avec grande désillusion que je découvris ma véritable faiblesse devant mes semblables. Grand-Homme amena la petite chienne faire quelques courses. Obéissante, joviale et docile, il n'eut aucun problème à la faire accepter par les différents marchands.
Nous avions une expo avec La Prétentieuse ce week-end, donc beaucoup de préparatifs de dernière minute. Si les premières heures avec la petite chienne de 7 mois furent prometteuses, la nuit fut plus pénible: pleurs, jappements (elle était dans sa cage), bruits inquiétants (nous n'avons jamais eu de chien) et sommeil sur une seule oreille.
Au matin, le spectacle dans la salle à manger fut décourageant: cage pleine d'excréments et d'urine, odeur fétide, chien enjoué piétinant tout ce beau bordel et profitant du moment où l'on ramasse pour aller faire ses besoins plus loin dans la maison juste après que Grand-Homme l'ait sortie pour faire cela dehors.
Un peu plus tard dans la matinée, il y eut d'autres incidents dont un nécessitant un bain complet avec le boyau d'arrosage et le shampoing (je vous rappelle que nous avions une expo ce même matin), ce qui généra une situation des plus ridicules: Grand-Homme tenant la laisse, moi qui arrose, entortillée à la fois dans le boyau et la laisse de la chienne excitée par ce nouveau "jeu". C'est donc soulagés que nous laissâmes le chiot au papa de mes grands (qui avait revendiqué à la blague en venant chercher ses fils une garde partagée de l'animal).
En fin de journée, nous récupérâmes le chien et je fis avec lui à la station-service ma première sortie publique (et découvris ma faiblesse vis à vis le regard et l'agressivité des autres). Au comptoir, alors que j'attendais pour payer, la petite chienne, tenue en laisse (mais pas assez serrée contre moi), eu le malheur de lécher le mollet de l'homme devant moi. Celui-ci se retourna et me hurla avec une terrifiante agressivité: "TON OSTI DE CHIEN TU LE GARDES PRÈS DE TOI! S'IL ME TOUCHE ENCORE JE LE TUE, TU M'AS-TU COMPRIS TABARNAK!??!!?!"
Je figeai sur place.
Puis, le même client, qui achetait 2L de lait, apostropha du même coup le caissier: "TU LE VENDS BEN CHER TON LAIT CÂLISSE! FRANCHEMENT, JE LE PAIE X $ CHEZ METRO! HEILLE! X $!!!! VOUS ÊTES DES OSTI DE CROSSEURS VOUS AUTRES! TU DIRAS ÇA À TON BOSS!"
Voilà.
Depuis, je doute, je fige, j'hésite. La petite Kuna est adorable, obéissante, enjouée, docile. J'appréhendais la nuit suivante mais nous la gardâmes près du lit, attachée, selon les recommandations de la responsable du comportement des chiens chez Mira et le plancher était propre au matin.
La première nuit ne fut pas représentative de la suivante (il faut spécifier que le chiot était stressé, il avait quitté sa première famille après plusieurs mois pour se retrouver durant une semaine dans les enclos de Mira, puis dans une nouvelle famille qui la ramena le lendemain avant d'arriver chez nous).
Nous nous sommes efforcés de sortir notre nouvelle protégée pour la socialiser (ce qui constitue en fait notre rôle) aujourd'hui. Entrer dans un commerce avec un chien en appréhendant le regard des autres ou la prochaine personne qui m'apostrophera pour me lancer des bêtises représente un immense stress pour moi. Toujours cette crainte de me faire fustiger du regard et pointer la porte.
Les petits, en dépit de leur amour instantané pour le chien, doivent intégrer son comportement. Ainsi, le chiot a volé à Béatrice la saucisse qu'elle tenait dans sa main. Ni une ni deux, le chien n'en fit qu'une bouchée, générant une grosse crise de larmes devant la trahison canine. Puis, les nombreux jouets qui traînent ici satisferaient n'importe quel animal ayant besoin de mordiller. La petite chienne a arraché les quatre pattes et la queue d'un petit cheval de plastique et trimballé dans sa gueule une poupée de Béatrice.
Le chiot laissa notre fille bouche bée tout à l'heure lorsque durant une promenade (je promenais Kuna et Béatrice, qui elle marchait avec sa mignonne-chenille-toute-douce, triste et sans amis), elle échappa sa chenille et que la chienne n'en fit qu'une bouchée.
Mon état d'esprit? Émotive à l'os (j'avoue, la faute aux SPM), irritable, pleine de doutes, nostalgique (mon petit Thomas occupe beaucoup de place dans mes pensées, des souvenirs "oubliés" reviennent subitement), hésitante, remettant en question des gestes, des paroles, des décisions passées.
Je devrais aller finaliser le jardinage pour me libérer l'esprit, tiens...
Celle qui devait arriver au milieu de l'été arriva plus tôt que prévu. Plus âgée que prévu, aussi, ce qui constituait un plus pour nous puisque le chiot s'avérait être déjà propre.
C'est donc avec grand bonheur que les enfants accueillirent Kuna et avec grande désillusion que je découvris ma véritable faiblesse devant mes semblables. Grand-Homme amena la petite chienne faire quelques courses. Obéissante, joviale et docile, il n'eut aucun problème à la faire accepter par les différents marchands.
Nous avions une expo avec La Prétentieuse ce week-end, donc beaucoup de préparatifs de dernière minute. Si les premières heures avec la petite chienne de 7 mois furent prometteuses, la nuit fut plus pénible: pleurs, jappements (elle était dans sa cage), bruits inquiétants (nous n'avons jamais eu de chien) et sommeil sur une seule oreille.
Au matin, le spectacle dans la salle à manger fut décourageant: cage pleine d'excréments et d'urine, odeur fétide, chien enjoué piétinant tout ce beau bordel et profitant du moment où l'on ramasse pour aller faire ses besoins plus loin dans la maison juste après que Grand-Homme l'ait sortie pour faire cela dehors.
Un peu plus tard dans la matinée, il y eut d'autres incidents dont un nécessitant un bain complet avec le boyau d'arrosage et le shampoing (je vous rappelle que nous avions une expo ce même matin), ce qui généra une situation des plus ridicules: Grand-Homme tenant la laisse, moi qui arrose, entortillée à la fois dans le boyau et la laisse de la chienne excitée par ce nouveau "jeu". C'est donc soulagés que nous laissâmes le chiot au papa de mes grands (qui avait revendiqué à la blague en venant chercher ses fils une garde partagée de l'animal).
En fin de journée, nous récupérâmes le chien et je fis avec lui à la station-service ma première sortie publique (et découvris ma faiblesse vis à vis le regard et l'agressivité des autres). Au comptoir, alors que j'attendais pour payer, la petite chienne, tenue en laisse (mais pas assez serrée contre moi), eu le malheur de lécher le mollet de l'homme devant moi. Celui-ci se retourna et me hurla avec une terrifiante agressivité: "TON OSTI DE CHIEN TU LE GARDES PRÈS DE TOI! S'IL ME TOUCHE ENCORE JE LE TUE, TU M'AS-TU COMPRIS TABARNAK!??!!?!"
Je figeai sur place.
Puis, le même client, qui achetait 2L de lait, apostropha du même coup le caissier: "TU LE VENDS BEN CHER TON LAIT CÂLISSE! FRANCHEMENT, JE LE PAIE X $ CHEZ METRO! HEILLE! X $!!!! VOUS ÊTES DES OSTI DE CROSSEURS VOUS AUTRES! TU DIRAS ÇA À TON BOSS!"
Voilà.
Depuis, je doute, je fige, j'hésite. La petite Kuna est adorable, obéissante, enjouée, docile. J'appréhendais la nuit suivante mais nous la gardâmes près du lit, attachée, selon les recommandations de la responsable du comportement des chiens chez Mira et le plancher était propre au matin.
La première nuit ne fut pas représentative de la suivante (il faut spécifier que le chiot était stressé, il avait quitté sa première famille après plusieurs mois pour se retrouver durant une semaine dans les enclos de Mira, puis dans une nouvelle famille qui la ramena le lendemain avant d'arriver chez nous).
Nous nous sommes efforcés de sortir notre nouvelle protégée pour la socialiser (ce qui constitue en fait notre rôle) aujourd'hui. Entrer dans un commerce avec un chien en appréhendant le regard des autres ou la prochaine personne qui m'apostrophera pour me lancer des bêtises représente un immense stress pour moi. Toujours cette crainte de me faire fustiger du regard et pointer la porte.
Les petits, en dépit de leur amour instantané pour le chien, doivent intégrer son comportement. Ainsi, le chiot a volé à Béatrice la saucisse qu'elle tenait dans sa main. Ni une ni deux, le chien n'en fit qu'une bouchée, générant une grosse crise de larmes devant la trahison canine. Puis, les nombreux jouets qui traînent ici satisferaient n'importe quel animal ayant besoin de mordiller. La petite chienne a arraché les quatre pattes et la queue d'un petit cheval de plastique et trimballé dans sa gueule une poupée de Béatrice.
Le chiot laissa notre fille bouche bée tout à l'heure lorsque durant une promenade (je promenais Kuna et Béatrice, qui elle marchait avec sa mignonne-chenille-toute-douce, triste et sans amis), elle échappa sa chenille et que la chienne n'en fit qu'une bouchée.
Mon état d'esprit? Émotive à l'os (j'avoue, la faute aux SPM), irritable, pleine de doutes, nostalgique (mon petit Thomas occupe beaucoup de place dans mes pensées, des souvenirs "oubliés" reviennent subitement), hésitante, remettant en question des gestes, des paroles, des décisions passées.
Je devrais aller finaliser le jardinage pour me libérer l'esprit, tiens...
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dimanche, mai 20, 2012
Petit parasite
Trois enfants d'une même famille: 7, 5 et pas encore 3 ans. Toujours ensemble. J'ignore si c'est la règle. Leurs parents? Sympathiques, mais on les voit peu. Les enfants jouent ou doivent jouer dehors, je ne sais trop. Le petit frère suit ses soeurs partout, dans la rue ou chez les voisins (nous).
Des pleurs, un bobo, une grosse chicane, un incident dehors? Jamais on ne voit les parents. Plus souvent qu'autrement, les enfants sont sur notre terrain. Le petit frère parasite semble être la responsabilité des soeurs. C'est peut-être culturel mais quoiqu'il en soit, c'est lourd. Les amis (les vrais, c'est-à-dire Frédéric et les deux soeurs, essentiellement la plus vieille), jouent ensemble. Dans notre cour, cette fois. Le frère squatte, s'emmerde, a faim, a soif, se fait mal, pleure. Évidemment, à pas encore 3 ans (l'an dernier, c'était pareil à pas encore 2 ans), le temps est long. Il attend ses soeurs, est entreprenant envers nous, revendique.
Nous sommes accueillants mais avons nos limites. "Petit gars, tu retournes chez toi. C'est terminé maintenant." Il se met à pleurnicher: "Mes parents veulent que j'aille jouuueeer!" Exaspération. Nous demandons à la grande soeur d'aller porter son frère chez elle, ce qu'elle fait sans rouspéter. Cinq minutes après, le petit sonne-sonne-sonne-sonne-sonne à notre porte. Exaspération again. Le bambin va s'installer à côté de notre porte de clôture et pleuuuure, pleuuuure, implore sa soeur de lui ouvrir mais Dieu merci, la porte est maintenant cadenassée. Sa maison est juste en face mais en aucun moment les parents ne sortent, interpellés qu'ils pourraient être par les pleurs de leur enfant ou filant cheap de nous imposer cela.
Nous demandons à la fillette de 7 ans de ramener son frère, ce qu'elle tente de faire mais le petit la bouscule, veut rester chez nous. Il pénètre de force notre maison, la traverse comme si c'était chez lui. Nous employons le ton ferme de circonstance mais cela n'a sur lui aucun effet. Nécessité d'élever encore le ton. Ce n'est pas notre enfant, c'est embarrassant.
La fillette le ramène à la maison. Encore.
Je suis troublée par la dynamique qui règne dans ces familles où de très jeunes enfants semblent se retrouver responsables de leurs jeunes frères et soeurs. Grand-Charme a eu un très bon ami durant plusieurs années qui ne pouvait venir à ses anniversaires sinon son jeune frère allait être attristé de n'être pas invité aussi. C'était les DEUX ou rien. Je trouvais cela ahurissant mais pour éviter de priver mon fils de la présence de son ami, j'invitais aussi le jeune frère.
J'ai eu aussi, il y a quelques années, des parents d'UN enfant invité à une fête qui a largué son AUTRE enfant sans nous le demander, nous prévenir ou nous informer de la responsabilité supplémentaire qu'ils nous infligeaient. De plus, ils sont revenus les chercher près d'une heure et demie après la fin de la fête. Quel culot! Nous ne l'avons (les avons!!) plus jamais réinvités. Facile, nous n'étions pas voisins!
Cette fois, c'est plus délicat. Mon fils a le droit de jouer avec son amie sans devoir prendre sous son aile la fratrie, de l'inclure par dépit dans leurs jeux et de transférer sa responsabilité sur nous.
La semaine dernière, j'avais décrété que tous les amis jouaient DEHORS. Je ne voulais aucun enfant (autres que les miens) dans la maison. Devant la présence du petit parasite, c'est mon Coco de 10 ans que j'apostrophai: "Dehors, j'ai dit AUCUN ami dans la maison!"
-Mais maman de s'inquiéter Coco, il est tout seul dans la rue, il va se faire frapper!
-T'es un bon garçon Coco, hyper bienveillant, mais petit parasite n'est pas ton enfant. Il est la responsabilité de SES PARENTS.
**
Je soupire et l'été n'est pas encore arrivé.
Je me vois très mal aller faire la morale aux parents sur l'envahissement de leurs enfants, spécifiquement du dernier.
C'est délicat.
Des pleurs, un bobo, une grosse chicane, un incident dehors? Jamais on ne voit les parents. Plus souvent qu'autrement, les enfants sont sur notre terrain. Le petit frère parasite semble être la responsabilité des soeurs. C'est peut-être culturel mais quoiqu'il en soit, c'est lourd. Les amis (les vrais, c'est-à-dire Frédéric et les deux soeurs, essentiellement la plus vieille), jouent ensemble. Dans notre cour, cette fois. Le frère squatte, s'emmerde, a faim, a soif, se fait mal, pleure. Évidemment, à pas encore 3 ans (l'an dernier, c'était pareil à pas encore 2 ans), le temps est long. Il attend ses soeurs, est entreprenant envers nous, revendique.
Nous sommes accueillants mais avons nos limites. "Petit gars, tu retournes chez toi. C'est terminé maintenant." Il se met à pleurnicher: "Mes parents veulent que j'aille jouuueeer!" Exaspération. Nous demandons à la grande soeur d'aller porter son frère chez elle, ce qu'elle fait sans rouspéter. Cinq minutes après, le petit sonne-sonne-sonne-sonne-sonne à notre porte. Exaspération again. Le bambin va s'installer à côté de notre porte de clôture et pleuuuure, pleuuuure, implore sa soeur de lui ouvrir mais Dieu merci, la porte est maintenant cadenassée. Sa maison est juste en face mais en aucun moment les parents ne sortent, interpellés qu'ils pourraient être par les pleurs de leur enfant ou filant cheap de nous imposer cela.
Nous demandons à la fillette de 7 ans de ramener son frère, ce qu'elle tente de faire mais le petit la bouscule, veut rester chez nous. Il pénètre de force notre maison, la traverse comme si c'était chez lui. Nous employons le ton ferme de circonstance mais cela n'a sur lui aucun effet. Nécessité d'élever encore le ton. Ce n'est pas notre enfant, c'est embarrassant.
La fillette le ramène à la maison. Encore.
Je suis troublée par la dynamique qui règne dans ces familles où de très jeunes enfants semblent se retrouver responsables de leurs jeunes frères et soeurs. Grand-Charme a eu un très bon ami durant plusieurs années qui ne pouvait venir à ses anniversaires sinon son jeune frère allait être attristé de n'être pas invité aussi. C'était les DEUX ou rien. Je trouvais cela ahurissant mais pour éviter de priver mon fils de la présence de son ami, j'invitais aussi le jeune frère.
J'ai eu aussi, il y a quelques années, des parents d'UN enfant invité à une fête qui a largué son AUTRE enfant sans nous le demander, nous prévenir ou nous informer de la responsabilité supplémentaire qu'ils nous infligeaient. De plus, ils sont revenus les chercher près d'une heure et demie après la fin de la fête. Quel culot! Nous ne l'avons (les avons!!) plus jamais réinvités. Facile, nous n'étions pas voisins!
Cette fois, c'est plus délicat. Mon fils a le droit de jouer avec son amie sans devoir prendre sous son aile la fratrie, de l'inclure par dépit dans leurs jeux et de transférer sa responsabilité sur nous.
La semaine dernière, j'avais décrété que tous les amis jouaient DEHORS. Je ne voulais aucun enfant (autres que les miens) dans la maison. Devant la présence du petit parasite, c'est mon Coco de 10 ans que j'apostrophai: "Dehors, j'ai dit AUCUN ami dans la maison!"
-Mais maman de s'inquiéter Coco, il est tout seul dans la rue, il va se faire frapper!
-T'es un bon garçon Coco, hyper bienveillant, mais petit parasite n'est pas ton enfant. Il est la responsabilité de SES PARENTS.
**
Je soupire et l'été n'est pas encore arrivé.
Je me vois très mal aller faire la morale aux parents sur l'envahissement de leurs enfants, spécifiquement du dernier.
C'est délicat.
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Réflexions
lundi, mai 14, 2012
Seul
Vous désirez quelque chose? Soit. Nul doute que votre détermination vous y mènera. Vous n'en avez pas les moyens? Vous trouverez une solution. Vous êtes débrouillard, solide, plein de volonté. Il le faut parce que ce que vous désirez, personne ne vous le donnera gratis. Vous ne serez jamais aussi bien servi que par vous-même.
On peut être bien entouré, apprécier son entourage, se voir offrir un solide soutien mais au final, on est toujours seuls. Seul à porter ses déceptions, seul à prendre réellement ses décisions, seul à assumer ses choix, seul à décider si oui ou non on retroussera ses manches, seul à évaluer ce qui est bon pour soit, seul à connaître ses limites, seul à accepter de tolérer ce qui ne cadre pas avec vos convictions.
Bien entendu, des gens peuvent vous tirer plus ou moins consciemment vers l'avant, vous inspirer, vous donner l'impression que tout est possible, que l'union fait la force. Mais la décision d'avancer, de choisir d'avancer, de faire partie d'un tout, elle vous incombe à vous seul.
On peut être bien entouré, apprécier son entourage, se voir offrir un solide soutien mais au final, on est toujours seuls. Seul à porter ses déceptions, seul à prendre réellement ses décisions, seul à assumer ses choix, seul à décider si oui ou non on retroussera ses manches, seul à évaluer ce qui est bon pour soit, seul à connaître ses limites, seul à accepter de tolérer ce qui ne cadre pas avec vos convictions.
Bien entendu, des gens peuvent vous tirer plus ou moins consciemment vers l'avant, vous inspirer, vous donner l'impression que tout est possible, que l'union fait la force. Mais la décision d'avancer, de choisir d'avancer, de faire partie d'un tout, elle vous incombe à vous seul.
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Réflexions
mercredi, mai 09, 2012
Le policier
Il y a plusieurs semaines, un de mes fils est ses amis ont fait une découverte qui a nécessité une intervention policière. La bande de joyeux lurons était repartie glander lorsqu'un policier arriva à la maison. En attendant le retour des explorateurs, nous avons discuté, de ces discussions banales entre deux étrangers.
Je ne sais trop comment, nous en vîmes à parler de mon fils Thomas, décédé depuis maintenant plus de six ans. De fil en aiguille, le policier réalisa qu'il connaissait notre histoire: il avait été un des premiers policiers à être arrivé chez nous ce matin-là. C'était lui qui nous avait accompagnés à l'hôpital, lui qui avait "surveillé" le corps de notre fils durant les six longues (mais trop courtes) heures alors que nous bercions son corps sans vie à l'hôpital.
Un étranger dont j'avais oublié le visage mais qui avait vécu "avec" nous ces heures aussi précieuses que douloureuses par son statut de témoin silencieux.
Il nous avoua que cela avait fait partie des épisodes très difficiles qu'il avait eu à vivre dans sa vie de jeune policier, il nous confia que pendant que nous encaissions le choc dans la petite pièce de l'hôpital, il observait les médecins et membres du personnel qui avaient tenté de réanimer notre fils sortir dehors pour pleurer eux aussi ce petit garçon parti trop tôt.
Grand-Homme rentra alors que je parlais avec le jeune homme en attendant les ados. Lui aussi fut estomaqué de revoir ce policier, qui se souvenait de la lettre que nous avions envoyée au poste pour remercier la gentillesse mais surtout le respect dont les policiers avaient fait preuve à notre égard à ce moment (alors que théoriquement, comme la cause du décès était alors inconnue, nous étions des suspects).
Mon bel Amour profita de sa présence pour lui serrer la main et lui réitérer de vive voix notre gratitude.
Les ados rentrèrent, fiers d'être des témoins privilégiés et encore plus fiers de devoir embarquer dans la voiture du policier pour les amener sur la scène qu'ils avaient découverte.
Je demeurai plusieurs jours sur une sorte de nuage de reconnaissance. Une fois de plus, le court passage de notre petit homme a marqué des gens. Quel réconfort qu'on ne l'ait pas oublié!
Y a-t-il plus réconfortant pour un coeur de maman?
Je ne sais trop comment, nous en vîmes à parler de mon fils Thomas, décédé depuis maintenant plus de six ans. De fil en aiguille, le policier réalisa qu'il connaissait notre histoire: il avait été un des premiers policiers à être arrivé chez nous ce matin-là. C'était lui qui nous avait accompagnés à l'hôpital, lui qui avait "surveillé" le corps de notre fils durant les six longues (mais trop courtes) heures alors que nous bercions son corps sans vie à l'hôpital.
Un étranger dont j'avais oublié le visage mais qui avait vécu "avec" nous ces heures aussi précieuses que douloureuses par son statut de témoin silencieux.
Il nous avoua que cela avait fait partie des épisodes très difficiles qu'il avait eu à vivre dans sa vie de jeune policier, il nous confia que pendant que nous encaissions le choc dans la petite pièce de l'hôpital, il observait les médecins et membres du personnel qui avaient tenté de réanimer notre fils sortir dehors pour pleurer eux aussi ce petit garçon parti trop tôt.
Grand-Homme rentra alors que je parlais avec le jeune homme en attendant les ados. Lui aussi fut estomaqué de revoir ce policier, qui se souvenait de la lettre que nous avions envoyée au poste pour remercier la gentillesse mais surtout le respect dont les policiers avaient fait preuve à notre égard à ce moment (alors que théoriquement, comme la cause du décès était alors inconnue, nous étions des suspects).
Mon bel Amour profita de sa présence pour lui serrer la main et lui réitérer de vive voix notre gratitude.
Les ados rentrèrent, fiers d'être des témoins privilégiés et encore plus fiers de devoir embarquer dans la voiture du policier pour les amener sur la scène qu'ils avaient découverte.
Je demeurai plusieurs jours sur une sorte de nuage de reconnaissance. Une fois de plus, le court passage de notre petit homme a marqué des gens. Quel réconfort qu'on ne l'ait pas oublié!
Y a-t-il plus réconfortant pour un coeur de maman?
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Réflexions,
Thomas,
Tranches de vie
lundi, avril 30, 2012
Chez l'un et l'autre : ces lieux qui habitent notre enfance
Nous ne sortons définitivement pas assez en amoureux. Lorsque nous avons le plaisir de nous retrouver seuls et que nos familles s'occupent de nos enfants, nous réalisons à quel point nous sommes chanceux d'avoir des proches chez qui les marmots peuvent s'installer et retrouver avec aisance "leurs" affaires comme ils les avaient laissées plusieurs semaines, plusieurs mois plus tôt.
Ainsi, lorsque les enfants se font garder chez ma mère, ils s'empressent d'aller retrouver les jouets de "notre temps", à mon frère et à moi, ou encore les baleines en gélatine sur le mur de la salle de bain ou la Beettle jaune en jouet. Les grands, eux, se mettent à la chasse de la chatte hystérique, agressive et profondément asociable de ma mère et s'amusent à se lancer des défis du genre: on lance un soulier sous le lit (où se cache l'animal) et celui qui a le courage d'aller récupérer le soulier est définitivement le plus brave.
Lorsque nous allons chez mes beaux-parents, Frédéric demande à ce que l'on sorte les bacs de Lego et Béatrice retrouve avec joie le panier d'épicerie en jouet ainsi que les poupées. Inévitablement, ils demanderont aussi à aller dans le spa. La télévision possède également un certain attrait pour nos enfants qui grandissent dans une maison où le télé est inexistante. Avant de partir, ils espèreront (de plus en plus subtilement) se faire offrir des rouleaux aux fruits.
Arrivés chez mamie Marianne, les enfants cherchent d'abord systématiquement le chat (qui se sauve), puis descendent au sous-sol chercher le vieux jeu de construction sur lequel on peut faire glisser des billes, se dépêchent d'aller réserver "leur" lit en y déposant leur bagage. Le cinéma maison de mamie est également fort prisé.
Du côté de chez mon frère, les enfants demandent à sortir la grosse ferme et les moult animaux avant de disparaître pour la soirée.
Il est rassurant de constater que ces environnements secondaires ont suffisamment été apprivoisés pour devenir des zones douillettes où renouer avec des jouets, de la chaleur humaine, des habitudes autres (et grandement appréciées précisément parce qu'elles ne sont pas nôtres).
Ces lieux précieux de notre enfance viennent, une fois adulte, nous gonfler le torse de nostalgie. Pour moi, il y a mon arbre (à Granby, j'y étais constamment perchée), la maison de mes grands-parents à Valcourt (le lac à truites, les champs, l'érablière, la trappe à chauffage au-dessus du poêle, et là aussi, un arbre à moi), le chalet de mon oncle adoré au Lac Libby, les cabanes que je me faisais dans ma garde-robe...
Et vous, quels étaient vos lieux secondaires chéris? Quels sont ceux de vos enfants?
Ainsi, lorsque les enfants se font garder chez ma mère, ils s'empressent d'aller retrouver les jouets de "notre temps", à mon frère et à moi, ou encore les baleines en gélatine sur le mur de la salle de bain ou la Beettle jaune en jouet. Les grands, eux, se mettent à la chasse de la chatte hystérique, agressive et profondément asociable de ma mère et s'amusent à se lancer des défis du genre: on lance un soulier sous le lit (où se cache l'animal) et celui qui a le courage d'aller récupérer le soulier est définitivement le plus brave.
Lorsque nous allons chez mes beaux-parents, Frédéric demande à ce que l'on sorte les bacs de Lego et Béatrice retrouve avec joie le panier d'épicerie en jouet ainsi que les poupées. Inévitablement, ils demanderont aussi à aller dans le spa. La télévision possède également un certain attrait pour nos enfants qui grandissent dans une maison où le télé est inexistante. Avant de partir, ils espèreront (de plus en plus subtilement) se faire offrir des rouleaux aux fruits.
Arrivés chez mamie Marianne, les enfants cherchent d'abord systématiquement le chat (qui se sauve), puis descendent au sous-sol chercher le vieux jeu de construction sur lequel on peut faire glisser des billes, se dépêchent d'aller réserver "leur" lit en y déposant leur bagage. Le cinéma maison de mamie est également fort prisé.
Du côté de chez mon frère, les enfants demandent à sortir la grosse ferme et les moult animaux avant de disparaître pour la soirée.
Il est rassurant de constater que ces environnements secondaires ont suffisamment été apprivoisés pour devenir des zones douillettes où renouer avec des jouets, de la chaleur humaine, des habitudes autres (et grandement appréciées précisément parce qu'elles ne sont pas nôtres).
Ces lieux précieux de notre enfance viennent, une fois adulte, nous gonfler le torse de nostalgie. Pour moi, il y a mon arbre (à Granby, j'y étais constamment perchée), la maison de mes grands-parents à Valcourt (le lac à truites, les champs, l'érablière, la trappe à chauffage au-dessus du poêle, et là aussi, un arbre à moi), le chalet de mon oncle adoré au Lac Libby, les cabanes que je me faisais dans ma garde-robe...
Et vous, quels étaient vos lieux secondaires chéris? Quels sont ceux de vos enfants?
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Réflexions
vendredi, avril 27, 2012
Rythme
J'aime la poésie dans toute beauté, j'aime l'imperfection qui rend chacun si singulier, j'aime l'authenticité. J'aime la sagesse émotionnelle, la folie, la quiétude, la rigueur et la fluidité, les mots justes, le souci du bon vocabulaire, la langue française. J'aime le Kim Crawford, l'espièglerie dans les yeux de mes tout petits qui souhaitent se faire attraper, j'aime la simplicité, j'aime la gastronomie. J'aime cuisiner pour ma gang, j'aime l'intégrité et la maturité de ces dizaines de milliers de jeunes manifestants, j'aime ces gens articulés que l'on peut écouter et comprendre, j'aime les initiatives de mes enfants, leur folie, leur curiosité, leurs petites bêtises qui me font m'impatienter. J'aime sentir mon coeur battre après la course, j'aime l'odeur de la forêt, la douceur et l'élégance du violon, les falaises enivrantes des côtes de Terre-Neuve ou d'Irlande. Un jour, j'irai m'y tenir pour en goûter le vertige.
J'aime le carpaccio que me tranche le sympathique boucher, j'aime la satisfaction du travail accompli après un rush, j'aime savoir (de plus en plus) respecter mes limites. J'aime la nouveauté, les défis et la couleur orange.
J'aime voir poindre les pousses dans mon jardin, avoir des projets qui se concrétisent, rayer des items de mes listes. J'aime la barbe de mon chum, ses beaux yeux verts intelligents, j'aime qu'un de mes enfants ait la réplique de ses yeux.
J'aime rencontrer et découvrir de nouvelles personnes, j'aime qui possède le courage nécessaire pour braver sa peur de l'inconnu, j'aime l'humour niaiseux, j'aime l'humour intelligent, j'aime la bonne foi et l'élégance. J'aime Leonard Cohen, j'aime la lecture et les fous rires impromptus, le Brie fondant aux tomates séchées cuisiné avec mon amoureux et un verre de vin.
J'aime les idées folles et les coups de tête, les visages ouverts et les yeux qui parlent. J'aime les bougies allumées devant mon ordinateur, j'aime avoir le choix, j'aime savoir assumer mes décisions. J'aime l'auto-discipline et la rigueur de mon Coco de 10 ans, la désinvolture de mon Grand-Charme, la capacité d'introspection de mon Tout-Doux de 12 ans. J'aime leur unicité et leur amour commun de la lecture.
J'aime la gratitude de mes enfants pour une sortie au restaurant, une petite surprise ou un privilège. J'aime la joie dans le visage de ma fille lorsqu'elle aperçoit les canards dans la piscine, j'aime qu'on me surprenne, j'aime la générosité que l'on attend pas et qui nous touche jusqu'au fond de l'âme, j'aime ces sourires inattendus qui mettent du soleil dans la journée. J'aime les élans d'amour de Frédéric qui se découvre artiste et qui m'offre fièrement en se tortillant ses mille dessins par jour en y écrivant de petits mots.
J'aime la fiabilité, j'aime qui sait donner sans toujours compter. J'aime faire plaisir, surprendre, aussi. J'aime qui sait aller gratuitement vers les autres. J'aime rêver à mon beau Thomas, j'aime penser que j'ai été, que je suis et serai toujours sa maman. J'aime réussir à voir dans des fins des commencements.
J'aime savoir rêver, envisager et créer. J'aime le fusain, les nus aux traits grossiers tout plein de suggestion. J'aime Gauguin et sa folie dévastatrice en dépit de son irresponsabilité de père et de mari, j'aime rejoindre mon lit douillet, mon livre et mon homme à la fin de la journée. J'aime les road trips, la droiture d'Amir Khadir, la fougue et la sagacité. J'aime la créativité de Fils Aîné et sa capacité de réflexion. J'aime les pas discrets de ma fille dans l'escalier lorsqu'elle sent l'odeur alléchante du pop corn au beurre. J'aime sa manière sournoise de s'immiscer sur un divan déjà bondé pour revendiquer sa place, ses droits et sa part.
J'aime les marginaux, les audacieux, les visionnaires. J'aime les gens réconfortants qui peuvent accueillir et accepter nos faiblesses sans s'inquiéter inutilement.
J'aime être maman. J'aime ma maman, ma famille campagnarde, rieuse, simple et généreuse. J'aime et chéris mes disparus qui font toujours partie de moi. J'aime écrire, jongler, nommer et accepter mes dualités.
J'aime accepter mes angoisses puisqu'elles font partie de moi. J'aime savoir être bien en dépit des mille imperfections de mon existence. J'aime ces moments seule au café au moins autant que ceux partagés avec mes enfants. J'aime l'enthousiasme de ma progéniture lorsque je propose une partie de Scrabble, j'aime les voir remplir et occuper la table pour leurs jeux de société. J'aime recevoir du courrier. En poster, aussi.
J'aime rédiger des listes, classer, organiser.
Mais ce sera tout pour aujourd'hui.
Bonne journée cher lectorat!
J'aime le carpaccio que me tranche le sympathique boucher, j'aime la satisfaction du travail accompli après un rush, j'aime savoir (de plus en plus) respecter mes limites. J'aime la nouveauté, les défis et la couleur orange.
J'aime voir poindre les pousses dans mon jardin, avoir des projets qui se concrétisent, rayer des items de mes listes. J'aime la barbe de mon chum, ses beaux yeux verts intelligents, j'aime qu'un de mes enfants ait la réplique de ses yeux.
J'aime rencontrer et découvrir de nouvelles personnes, j'aime qui possède le courage nécessaire pour braver sa peur de l'inconnu, j'aime l'humour niaiseux, j'aime l'humour intelligent, j'aime la bonne foi et l'élégance. J'aime Leonard Cohen, j'aime la lecture et les fous rires impromptus, le Brie fondant aux tomates séchées cuisiné avec mon amoureux et un verre de vin.
J'aime les idées folles et les coups de tête, les visages ouverts et les yeux qui parlent. J'aime les bougies allumées devant mon ordinateur, j'aime avoir le choix, j'aime savoir assumer mes décisions. J'aime l'auto-discipline et la rigueur de mon Coco de 10 ans, la désinvolture de mon Grand-Charme, la capacité d'introspection de mon Tout-Doux de 12 ans. J'aime leur unicité et leur amour commun de la lecture.
J'aime la gratitude de mes enfants pour une sortie au restaurant, une petite surprise ou un privilège. J'aime la joie dans le visage de ma fille lorsqu'elle aperçoit les canards dans la piscine, j'aime qu'on me surprenne, j'aime la générosité que l'on attend pas et qui nous touche jusqu'au fond de l'âme, j'aime ces sourires inattendus qui mettent du soleil dans la journée. J'aime les élans d'amour de Frédéric qui se découvre artiste et qui m'offre fièrement en se tortillant ses mille dessins par jour en y écrivant de petits mots.
J'aime la fiabilité, j'aime qui sait donner sans toujours compter. J'aime faire plaisir, surprendre, aussi. J'aime qui sait aller gratuitement vers les autres. J'aime rêver à mon beau Thomas, j'aime penser que j'ai été, que je suis et serai toujours sa maman. J'aime réussir à voir dans des fins des commencements.
J'aime savoir rêver, envisager et créer. J'aime le fusain, les nus aux traits grossiers tout plein de suggestion. J'aime Gauguin et sa folie dévastatrice en dépit de son irresponsabilité de père et de mari, j'aime rejoindre mon lit douillet, mon livre et mon homme à la fin de la journée. J'aime les road trips, la droiture d'Amir Khadir, la fougue et la sagacité. J'aime la créativité de Fils Aîné et sa capacité de réflexion. J'aime les pas discrets de ma fille dans l'escalier lorsqu'elle sent l'odeur alléchante du pop corn au beurre. J'aime sa manière sournoise de s'immiscer sur un divan déjà bondé pour revendiquer sa place, ses droits et sa part.
J'aime les marginaux, les audacieux, les visionnaires. J'aime les gens réconfortants qui peuvent accueillir et accepter nos faiblesses sans s'inquiéter inutilement.
J'aime être maman. J'aime ma maman, ma famille campagnarde, rieuse, simple et généreuse. J'aime et chéris mes disparus qui font toujours partie de moi. J'aime écrire, jongler, nommer et accepter mes dualités.
J'aime accepter mes angoisses puisqu'elles font partie de moi. J'aime savoir être bien en dépit des mille imperfections de mon existence. J'aime ces moments seule au café au moins autant que ceux partagés avec mes enfants. J'aime l'enthousiasme de ma progéniture lorsque je propose une partie de Scrabble, j'aime les voir remplir et occuper la table pour leurs jeux de société. J'aime recevoir du courrier. En poster, aussi.
J'aime rédiger des listes, classer, organiser.
Mais ce sera tout pour aujourd'hui.
Bonne journée cher lectorat!
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Réflexions
samedi, avril 21, 2012
Zéro
Zéro patience. Expéditive à l'os. Mille choses à régler. Sur la corde raide.
J'ai blessé des personnes que j'aime, brisé tristement des relations, envoyé des dizaines de cv après m'être donnée à fond pour mon entreprise et l'impression que j'avais fait un bon choix professionnel. J'ai menacé mes enfants de couper la connexion internet si pas de coopération (et cela a été fait, au prix de grosses discussions citoyennes), j'ai hurlé après mon six ans que je n'en peux plus d'entendre hurler à la moindre contrariété.
Je suis outrée, blessée, déçue, hargneuse, révoltée devant la situation politique que notre gouvernement a souhaitée et encouragée par son mutisme, son silence, son arrogance et son inaction.
Je suis craintive, crinquée, menacée dans mon droit à la démocratie, à celui des enfants que j'ai mis au monde et que j'ai obligés à participer à la marche demain. Pour nous, pour eux, pour tous leurs concitoyens. Je suis à boutte.
Besoin d'air.
Je vous reviens.
J'ai blessé des personnes que j'aime, brisé tristement des relations, envoyé des dizaines de cv après m'être donnée à fond pour mon entreprise et l'impression que j'avais fait un bon choix professionnel. J'ai menacé mes enfants de couper la connexion internet si pas de coopération (et cela a été fait, au prix de grosses discussions citoyennes), j'ai hurlé après mon six ans que je n'en peux plus d'entendre hurler à la moindre contrariété.
Je suis outrée, blessée, déçue, hargneuse, révoltée devant la situation politique que notre gouvernement a souhaitée et encouragée par son mutisme, son silence, son arrogance et son inaction.
Je suis craintive, crinquée, menacée dans mon droit à la démocratie, à celui des enfants que j'ai mis au monde et que j'ai obligés à participer à la marche demain. Pour nous, pour eux, pour tous leurs concitoyens. Je suis à boutte.
Besoin d'air.
Je vous reviens.
mardi, avril 17, 2012
Ma bulle
J'aime aller travailler au café. "Travailler" signifie rédiger des textes pour ma petite entreprise, faire de la recherche, mettre de l'ordre dans ma paperasse, dans mes idées, prendre une pause en naviguant sur le web ou simplement aller m'aérer l'esprit pour faire plaisir à ma santé mentale en fuyant le bordel continu de la maison et en côtoyant les gens de mon espèce.
Je croise une femme de temps à autre depuis deux ou trois ans. Il nous arrivait de parler il y a quelques années. Il nous arrive encore de "parler" mais d'une manière autre depuis un peu plus d'un an. C'est que cette dame a eu un cancer et s'est fait enlever les cordes vocales. Bien que j'éprouve pour elle une sincère sympathie pour sa situation, je trouve difficile de "l'écouter" parler. Non seulement parce que n'ayant plus de voix, cela me demande énormément de concentration pour lire sur ses lèvres mais également parce qu'elle transpire l'amertume. Face à la maladie, face à la vie, face à ses enfants, face à plusieurs éléments de sa vie présente et passée. Depuis des années. Amertume, rancoeur, hargne muette. Elle semble aimer beaucoup parler, en avoir besoin. Les premières minutes, cela me fait plaisir. Mais elle reste. Et parle. Elle hoche la tête de découragement.
Longuement.
Puis, elle finit par pénétrer ma bulle de force.
Je n'ose imaginer la difficulté que demande le réapprivoisement de sa vie sans moyen de communication verbal. Cependant, son accaparement plein de rancoeur, je le trouve lourd.
"Toi, aimes-tu les gens?" qu'elle me demande.
Je fronce les sourcils. "Que voulez-vous dire? Vous voulez savoir si j'aime les gens? Si j'aime le monde?"
Je m'esclaffe. Cela me semble tellement évident.
"Ouiii! J'aime les gens! J'aime les échanges, j'aime rire, j'aime interagir, j'aime apprendre à connaître les autres."
C'est vrai, je suis fascinée par les êtres humains. Vraiment. Je m'étonne que cela ne soit pas étampé dans mon visage. C'est précisément l'absence des autres dans ma vie de travailleure autonome aux réseaux épars qui me rend folle.
J'observe la dame, attends une explication sur sa question.
La femme hoche affirmativement la tête, attentive.
"Est-ce que j'ai l'air de ne pas les aimer?", que je demande pour être sûre.
Elle hausse les épaules. "On dirait que tu n'as besoin de personne." affirme-t-elle, de toute évidence déçue.
Je suis étonnée.
À moitié.
Je suis réservée, je le sais.
La femme ose: "Tu as vraiment un beau sourire..."
Je me concentre pour bien comprendre. "Mais on dirait vraiment que tu n'as besoin de personne."
Je lui explique que lorsque je viens au café et que je me plonge dans ma bulle, c'est pour avoir un moment à moi dans lequel je ne suis pas sollicitée et non parce que je n'aime pas le monde.
La femme affirme intuitivement que je fais partie de ces gens dont il faut percer la coquille pour apprendre à les connaître réellement.
Elle n'a sans doute pas tort.
Je médite là-dessus.
Je croise une femme de temps à autre depuis deux ou trois ans. Il nous arrivait de parler il y a quelques années. Il nous arrive encore de "parler" mais d'une manière autre depuis un peu plus d'un an. C'est que cette dame a eu un cancer et s'est fait enlever les cordes vocales. Bien que j'éprouve pour elle une sincère sympathie pour sa situation, je trouve difficile de "l'écouter" parler. Non seulement parce que n'ayant plus de voix, cela me demande énormément de concentration pour lire sur ses lèvres mais également parce qu'elle transpire l'amertume. Face à la maladie, face à la vie, face à ses enfants, face à plusieurs éléments de sa vie présente et passée. Depuis des années. Amertume, rancoeur, hargne muette. Elle semble aimer beaucoup parler, en avoir besoin. Les premières minutes, cela me fait plaisir. Mais elle reste. Et parle. Elle hoche la tête de découragement.
Longuement.
Puis, elle finit par pénétrer ma bulle de force.
Je n'ose imaginer la difficulté que demande le réapprivoisement de sa vie sans moyen de communication verbal. Cependant, son accaparement plein de rancoeur, je le trouve lourd.
"Toi, aimes-tu les gens?" qu'elle me demande.
Je fronce les sourcils. "Que voulez-vous dire? Vous voulez savoir si j'aime les gens? Si j'aime le monde?"
Je m'esclaffe. Cela me semble tellement évident.
"Ouiii! J'aime les gens! J'aime les échanges, j'aime rire, j'aime interagir, j'aime apprendre à connaître les autres."
C'est vrai, je suis fascinée par les êtres humains. Vraiment. Je m'étonne que cela ne soit pas étampé dans mon visage. C'est précisément l'absence des autres dans ma vie de travailleure autonome aux réseaux épars qui me rend folle.
J'observe la dame, attends une explication sur sa question.
La femme hoche affirmativement la tête, attentive.
"Est-ce que j'ai l'air de ne pas les aimer?", que je demande pour être sûre.
Elle hausse les épaules. "On dirait que tu n'as besoin de personne." affirme-t-elle, de toute évidence déçue.
Je suis étonnée.
À moitié.
Je suis réservée, je le sais.
La femme ose: "Tu as vraiment un beau sourire..."
Je me concentre pour bien comprendre. "Mais on dirait vraiment que tu n'as besoin de personne."
Je lui explique que lorsque je viens au café et que je me plonge dans ma bulle, c'est pour avoir un moment à moi dans lequel je ne suis pas sollicitée et non parce que je n'aime pas le monde.
La femme affirme intuitivement que je fais partie de ces gens dont il faut percer la coquille pour apprendre à les connaître réellement.
Elle n'a sans doute pas tort.
Je médite là-dessus.
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vendredi, février 17, 2012
C'est ça.
Ta manière d'établir une vérité pas toujours nuancée, de l'imposer comme universelle.
Ta manière de te manifester pour une chose: contester et discréditer.
Ta manière habile d'alterner ton ton entre mépris enjoué et indifférence avant de t'esclaffer comme si au fond tu étais totalement imperméable à tes propres opinions.
Ton incapacité à manifester de la simplicité, de l'attendrissement pour tes semblables.
Ton extraordinaire incapacité à faire preuve d'humilité.
Ton orgueil solide qui protège ta vulnérabilité que je connais bien et qu'empathique et respectueuse je n'ai jamais attaquée ni même soulignée.
Ta manière de camoufler sous une désinvolture théâtrale la pression que tu vis. Tu es fissurée de l'intérieur, je le sais, tu sais que je le sais, tu dupes pourtant beaucoup de gens qui ont confiance gratuitement en ce qu'ils voient. Tu mets tellement d'efforts à ne pas éclater.
Ta manière d'abuser de ce détachement faux auquel on ne croit pas quand on te déchiffre.
Ta manière de t'élever aux dépens des autres, de sourire quand tu n'y crois pas, de discréditer avant d'y jeter un cynisme laissant derrière un sillon de mépris.
C'est ça.
Ta manière de te manifester pour une chose: contester et discréditer.
Ta manière habile d'alterner ton ton entre mépris enjoué et indifférence avant de t'esclaffer comme si au fond tu étais totalement imperméable à tes propres opinions.
Ton incapacité à manifester de la simplicité, de l'attendrissement pour tes semblables.
Ton extraordinaire incapacité à faire preuve d'humilité.
Ton orgueil solide qui protège ta vulnérabilité que je connais bien et qu'empathique et respectueuse je n'ai jamais attaquée ni même soulignée.
Ta manière de camoufler sous une désinvolture théâtrale la pression que tu vis. Tu es fissurée de l'intérieur, je le sais, tu sais que je le sais, tu dupes pourtant beaucoup de gens qui ont confiance gratuitement en ce qu'ils voient. Tu mets tellement d'efforts à ne pas éclater.
Ta manière d'abuser de ce détachement faux auquel on ne croit pas quand on te déchiffre.
Ta manière de t'élever aux dépens des autres, de sourire quand tu n'y crois pas, de discréditer avant d'y jeter un cynisme laissant derrière un sillon de mépris.
C'est ça.
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mercredi, février 08, 2012
La lecture
J'aime que mes fils soient de bons lecteurs. Chez nous, le livre est sacré, pas tant dans le soin du papier que dans l'importance du rituel puis du contenu. Sauf pour Fils Aîné dont le soin extrême voué à ses bijoux de bibliothèque a longtemps frôlé l'obsession.
Récemment, il a mis à la disposition de ses frères une grande partie de son impeccable collection de livres. Tout y est classé par ordre d'importance: les tablettes du bas pour les livres pour lesquels il sera plus clément si bris il y a. Il a même instauré un système d'emprunt pour assurer la saine gestion de ses possessions. S'il a durant nombre d'années été maladivement compulsif quand il s'agissait de ses livres, je trouve son ouverture actuelle charmante. Un bon compromis entre le soin des livres et le partage de la passion.
Mes autres fils ont aussi leurs goûts: BD, mangas, suspenses, fantastique.
Récemment, Tout-Doux (12 ans) a débuté la lecture de la série de L'Épouvanteur (après les Eragon, Amos d'Aragon et cie). Il est boulimique et j'aime le voir si captivé. J'ai souri devant un dommage collatéral de sa rage de lecture: il prête ses livres à un de ses amis pour lequel les livres sont moins accessibles. Ce qui me fait plaisir c'est que le langue maternelle de l'ami en question est l'arabe et que depuis qu'il est plongé aussi dans cette série, il a la piqûre de la lecture. Tout-Doux est heureux de partager cela avec son bon ami. En attendant les tomes suivants, ils lisent et relisent les mêmes livres, avides.
Je les trouve charmants dans leur complicité. Je suis heureuse et fière que le plaisir de la lecture serve aussi à la promotion du français chez un ami dont j'ignore le degré de connaissance de la langue par ses parents allophones.
Mon Coco de 10 ans lit aussi tous les soirs de petits romans de suspense. C'est un plaisir que de les voir évoluer à travers leurs intérêts, leurs choix de lecture. Il vient d'hériter de plusieurs livres de Fils Aîné et se délecte. Le plaisir vient non seulement de la lecture elle-même mais de la confiance que son aîné lui porte en lui confiant ses précieux livres.
Quand à mon Grand-Charme de presque 15 ans, son grand plaisir est de nous sortir ses grands mots dénichés dans ses lectures pour nous faire sourire puis d'aller faire la conversation à son prof de français tous les jours juste pour le plaisir narcissique de l'impressionner par son large vocabulaire. Il eût fait des bassesses récemment pour nous devancer dans la lecture de Paul au parc sous prétexte que c'était le seul Paul que la bibliothèque de son école n'avait pas encore acheté !
La lecture offre véritablement tout un univers à qui veut bien s'y laisser porter. L'accès aux livres est un grand privilège et je suis fière que mes fils se partagent ce privilège entre eux, puis avec leurs amis.
Récemment, il a mis à la disposition de ses frères une grande partie de son impeccable collection de livres. Tout y est classé par ordre d'importance: les tablettes du bas pour les livres pour lesquels il sera plus clément si bris il y a. Il a même instauré un système d'emprunt pour assurer la saine gestion de ses possessions. S'il a durant nombre d'années été maladivement compulsif quand il s'agissait de ses livres, je trouve son ouverture actuelle charmante. Un bon compromis entre le soin des livres et le partage de la passion.
Mes autres fils ont aussi leurs goûts: BD, mangas, suspenses, fantastique.
Récemment, Tout-Doux (12 ans) a débuté la lecture de la série de L'Épouvanteur (après les Eragon, Amos d'Aragon et cie). Il est boulimique et j'aime le voir si captivé. J'ai souri devant un dommage collatéral de sa rage de lecture: il prête ses livres à un de ses amis pour lequel les livres sont moins accessibles. Ce qui me fait plaisir c'est que le langue maternelle de l'ami en question est l'arabe et que depuis qu'il est plongé aussi dans cette série, il a la piqûre de la lecture. Tout-Doux est heureux de partager cela avec son bon ami. En attendant les tomes suivants, ils lisent et relisent les mêmes livres, avides.
Je les trouve charmants dans leur complicité. Je suis heureuse et fière que le plaisir de la lecture serve aussi à la promotion du français chez un ami dont j'ignore le degré de connaissance de la langue par ses parents allophones.
Mon Coco de 10 ans lit aussi tous les soirs de petits romans de suspense. C'est un plaisir que de les voir évoluer à travers leurs intérêts, leurs choix de lecture. Il vient d'hériter de plusieurs livres de Fils Aîné et se délecte. Le plaisir vient non seulement de la lecture elle-même mais de la confiance que son aîné lui porte en lui confiant ses précieux livres.
Quand à mon Grand-Charme de presque 15 ans, son grand plaisir est de nous sortir ses grands mots dénichés dans ses lectures pour nous faire sourire puis d'aller faire la conversation à son prof de français tous les jours juste pour le plaisir narcissique de l'impressionner par son large vocabulaire. Il eût fait des bassesses récemment pour nous devancer dans la lecture de Paul au parc sous prétexte que c'était le seul Paul que la bibliothèque de son école n'avait pas encore acheté !
La lecture offre véritablement tout un univers à qui veut bien s'y laisser porter. L'accès aux livres est un grand privilège et je suis fière que mes fils se partagent ce privilège entre eux, puis avec leurs amis.
dimanche, janvier 29, 2012
Évangélisation
Tout-Doux (12 ans) me rappelle quelquefois qu'il ne croit pas en Dieu. Il réfléchit, tente de trouver un sens à la divinité, n'y arrive pas. Il est philosophe, tente de trouver le pourquoi du comment, toujours, il est intense, mon beau Loup et il me fait peur dans ses réflexions trop poussées pour son âge.
À l'école, un élève profondément évangélisé de son âge lui a mentionné quelquefois fois qu'il
irait en enfer parce qu'il ne croyait pas en Dieu. Il rapportait l'anecdote de retour à la maison, considérant étrange "l'ami" culpabilisant lui mettant tant de pression pour lui imposer une foi qui n'était pas sienne.
Coco (10 ans) semble avoir eu contact avec cet enfant aussi.
"Maman, que me raconte Coco, Élève X, il est allé voir Frédéric à la récréation, il lui a demandé: "Hé, yo ! Tu sais c'est qui Dieu?"
-Hein?
-Tu sais c'est qui Dieu?
Frédéric était embarrassé.
-Et Jésus, tu le connais?
-Hein?
-Jésus?
-...
-Jésus, c'est ton père...
-Mon père c'est mon papa. Il s'appelle pas Jésus.
*
Perplexe je suis. L'évangélisation passe-t-elle par la cour d'école?
À l'école, un élève profondément évangélisé de son âge lui a mentionné quelquefois fois qu'il
irait en enfer parce qu'il ne croyait pas en Dieu. Il rapportait l'anecdote de retour à la maison, considérant étrange "l'ami" culpabilisant lui mettant tant de pression pour lui imposer une foi qui n'était pas sienne.
Coco (10 ans) semble avoir eu contact avec cet enfant aussi.
"Maman, que me raconte Coco, Élève X, il est allé voir Frédéric à la récréation, il lui a demandé: "Hé, yo ! Tu sais c'est qui Dieu?"
-Hein?
-Tu sais c'est qui Dieu?
Frédéric était embarrassé.
-Et Jésus, tu le connais?
-Hein?
-Jésus?
-...
-Jésus, c'est ton père...
-Mon père c'est mon papa. Il s'appelle pas Jésus.
*
Perplexe je suis. L'évangélisation passe-t-elle par la cour d'école?
jeudi, janvier 26, 2012
Là où l'on mène nos enfants
Ils vieillissent, évoluent, font des choix. Leurs intérêts se peaufinent, ils consolident leurs valeurs. Souvent, ils nous étonnent par la justesse de leurs propos ou simplement leur habileté à défendre leur point de vue. Ils ont leurs combats, les défendent bec et ongles. Ces combats ne sont pas toujours les nôtres. On soupire quand ils versent dans l'excès. Parfois, on sourit tendrement.
Fils Aîné aura dix-huit ans dans huit mois. Il est au cégep, voulait devenir optométriste. Devant ses misères en maths en dépit de tous ses efforts, il a décidé de lâcher prise et de capitaliser sur ses forces. Il a pris rendez-vous avec une conseillère en orientation pour arriver à son nouvel objectif: devenir garde-forestier (et donc déménager l'an prochain à...Baie-Comeau !!!).
Devant la tangente de sa session collégiale (lui libérant du temps) et la nécessité pour lui d'obtenir son permis de conduire, il a investi ses énergies dans la recherche d'un emploi, a sollicité mon aide pour faire la tournée des commerces ciblés.
Préalablement, il avait rédigé lui-même son cv. Avant de quitter la maison, je souris en l'entendant déplier la planche à repasser. Mon fils est soigné, soucieux de sa personne.
Un fils autonome, débrouillard, courtois, responsable...Quel bonheur !
Il m'est arrivé à plusieurs reprises de vivre l'angoisse du :"Et si je n'étais plus là, comment feraient-ils? Qui leur apprendrait ceci ou cela qu'il importe pour moi de leur transmettre?" C'est donc un soulagement chaque fois que je les vois acquérir un des indispensables outils de la vie: savoir lire et écrire, connaître les conventions et convenances sociales, les règles de politesse, avoir de la persévérance, être responsable et conséquent, être et demeurer intègre même dans l'adversité, etc.
Fils Aîné a obtenu un emploi. Je suis fière de lui. Il avait participé l'été dernier à un échange linguistique du YMCA et à présent, il fait partie des étudiants travailleurs du quartier. Je sais que le commerce qui l'a embauché a fait un bon choix.
C'est un soulagement que de savoir que même si je disparaissais demain, celui-là aura acquis et intégré de belles forces et valeurs (certaines venant de moi, d'autres pas) qui lui permettront de se construire une vie bien à lui.
Fils Aîné aura dix-huit ans dans huit mois. Il est au cégep, voulait devenir optométriste. Devant ses misères en maths en dépit de tous ses efforts, il a décidé de lâcher prise et de capitaliser sur ses forces. Il a pris rendez-vous avec une conseillère en orientation pour arriver à son nouvel objectif: devenir garde-forestier (et donc déménager l'an prochain à...Baie-Comeau !!!).
Devant la tangente de sa session collégiale (lui libérant du temps) et la nécessité pour lui d'obtenir son permis de conduire, il a investi ses énergies dans la recherche d'un emploi, a sollicité mon aide pour faire la tournée des commerces ciblés.
Préalablement, il avait rédigé lui-même son cv. Avant de quitter la maison, je souris en l'entendant déplier la planche à repasser. Mon fils est soigné, soucieux de sa personne.
Un fils autonome, débrouillard, courtois, responsable...Quel bonheur !
Il m'est arrivé à plusieurs reprises de vivre l'angoisse du :"Et si je n'étais plus là, comment feraient-ils? Qui leur apprendrait ceci ou cela qu'il importe pour moi de leur transmettre?" C'est donc un soulagement chaque fois que je les vois acquérir un des indispensables outils de la vie: savoir lire et écrire, connaître les conventions et convenances sociales, les règles de politesse, avoir de la persévérance, être responsable et conséquent, être et demeurer intègre même dans l'adversité, etc.
Fils Aîné a obtenu un emploi. Je suis fière de lui. Il avait participé l'été dernier à un échange linguistique du YMCA et à présent, il fait partie des étudiants travailleurs du quartier. Je sais que le commerce qui l'a embauché a fait un bon choix.
C'est un soulagement que de savoir que même si je disparaissais demain, celui-là aura acquis et intégré de belles forces et valeurs (certaines venant de moi, d'autres pas) qui lui permettront de se construire une vie bien à lui.
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Réflexions
L'avenir professionnel de Grand-Charme
La moitié de la famille est réunie dans le bureau après le souper...
"Maman, où est-ce que je pourrais passer un test pour connaître ma concentration de spermatozoïdes?", demande tout bonnement Fils Aîné (17 ans).
L'incongruité de la question m'engourdit l'esprit.
-Pardon?
Il répète sans gêne la question.
-Tu peux toujours faire un don de sperme, tu aurais l'heure juste. Puis je lui parle d'un ami maintenant papa de qui l'on avait refusé la semence pour cause de trop faible concentration et de possible infertilité.
-Je n'ai pas 18 ans et j'ai besoin de le savoir maintenant.
Interpellé par la nature de la discussion, Grand-Charme (15 ans), jusqu'alors calme sur le divan, manifeste son intérêt: "Ça paie combien, un don de sperme?"
-Une cinquantaine de dollars.
Pris d'un enthousiasme rare, le bel ado sursaute, l'esprit plus allumé que jamais.
-CINQUANTE PIASSES !?! Moi je pensais que c'était genre 5 $... CINQUANTE PIASSES ! Est-ce qu’ils donnent des beignes en plus? Sérieux, est-ce qu'ils en donnent? On peux-tu donner plus qu'une fois? Plusieurs fois par jour? Trois-cents-soixante-jours par année?
Le cynisme de Grand-Homme se manifeste: "Tu viens de réaliser tous les milliers de dollars que tu as perdu dans la douche ces derniers mois ?"
Amusé par l’enthousiasme de son cadet, Fils Aîné intervient : « Ne t’emballe pas trop vite Grand-Charme, les cliniques de don de sperme doivent être fermées la fin de semaine ! »
L’avenir plein de promesses, Grand-Charme se lève du divan, se précipite sur la calculatrice de mon bureau, fait des calculs, évalue son rythme de vie futur.
-J’ai rencontré la conseillère en orientation de l’école la semaine passée pour en venir à la conclusion que je me dirigerais vers les techniques d’animation 3D. Une chance que je viens d’apprendre toutes les réelles opportunités qui s’offrent à moi !
Le ton de Grand-Charme est empreint d’un grand ravissement: il vient de trouver sa voie.
-De toute manière fait Fils Aîné, il doit y avoir des limites de nombre de dons venant de la même personne…
-Pourquoi? S’objecte Grand-Charme, sûr de lui. Un beau grand jeune homme comme moi…Mon profil correspond à tout ce qu’une femme peut désirer : grand, beau, élancé, beaux grands yeux bruns, chevelure abondante, parfaite santé, remarquable intelligence...
Je mets un bémol.
« La beauté n’est pas tout Grand-Charme. On prend en considération aussi ton bagage génétique. Avez-vous des tares héréditaires? Du cancer dans la famille? Un historique de maladies coronariennes? Vous savez que votre oncle a déjà voulu participer à un essai clinique pour combler un urgent besoin d’argent à 18 ans? Eh bien il a été refusé à cause de son taux de cholestérol trop élevé. C’était pourtant un beau grand jeune homme sain de corps et d’esprit… »
Grand-Homme éclate de rire : « Pauvre Grand-Charme, ton avenir est fichu : tes artères doivent être déjà bloquées avec toutes les chips que tu ingurgites ! »
Mû par une insoupçonnable volonté, Grand-Charme démontre sa bonne foi : « Je suis prêt à arrêter. Tout de suite. C’est décidé : fini les chips. Je n’en achète plus ! Pas question de compromettre mon avenir professionnel ! »
S’ensuit la question du « pourquoi donner du sang et se contenter d’un beigne gratis si on peut obtenir un alléchant montant en faisant quelque chose de, ma foi, pas si désagréable », « Combien facture-t-on au couple dont la femme se fait inséminer avec mon sperme », « Pourquoi ne pas faire un « don direct » pour éviter une surfacturation aux clients alors que je suis si misérablement payé », etc.
À travers l’inspiration démesurée de Grand-Charme, je tente d’en savoir plus sur les motivations de Fils Aîné occultées par les intenses projets d’avenir de son frère.
(Un test de fertilité... Jeune homme, tu n'a pas encore atteint ta majorité !)
Il s’explique : Ami et moi on a fait un pari sur lequel d’entre nous possède le sperme le plus riche en spermatozoïdes.
J’éclate de rire. « Un concours de sperme ! T’es ben drôle toi ! Pourquoi vous ne jouez pas tout simplement à qui pisse le plus loin? Ce serait tellement plus simple ! »
-Ou mettez preuve sur table simplement comme tous les gars normaux : lequel d’entre nous a le plus gros pénis. La question sera réglée, propose Grand-Homme.
Fils Aîné rougit. « Es-tu fou, c’est un Arabe, c’est sûr que c’est lui qui va gagner!"
*
"Dis papa, comment t'es venue l'idée de travailler "pour un meilleur avenir pour les enfants du Québec"?
-Aah, tu sais mon petit, votre oncle Fils Aîné a fait un jour un pari qui a littéralement changé mes perspectives de carrière...
Note: J'ai obtenu l'autorisation de Fils Aîné ET Grand-Charme avant de publier ce billet. ;o)
"Maman, où est-ce que je pourrais passer un test pour connaître ma concentration de spermatozoïdes?", demande tout bonnement Fils Aîné (17 ans).
L'incongruité de la question m'engourdit l'esprit.
-Pardon?
Il répète sans gêne la question.
-Tu peux toujours faire un don de sperme, tu aurais l'heure juste. Puis je lui parle d'un ami maintenant papa de qui l'on avait refusé la semence pour cause de trop faible concentration et de possible infertilité.
-Je n'ai pas 18 ans et j'ai besoin de le savoir maintenant.
Interpellé par la nature de la discussion, Grand-Charme (15 ans), jusqu'alors calme sur le divan, manifeste son intérêt: "Ça paie combien, un don de sperme?"
-Une cinquantaine de dollars.
Pris d'un enthousiasme rare, le bel ado sursaute, l'esprit plus allumé que jamais.
-CINQUANTE PIASSES !?! Moi je pensais que c'était genre 5 $... CINQUANTE PIASSES ! Est-ce qu’ils donnent des beignes en plus? Sérieux, est-ce qu'ils en donnent? On peux-tu donner plus qu'une fois? Plusieurs fois par jour? Trois-cents-soixante-jours par année?
Le cynisme de Grand-Homme se manifeste: "Tu viens de réaliser tous les milliers de dollars que tu as perdu dans la douche ces derniers mois ?"
Amusé par l’enthousiasme de son cadet, Fils Aîné intervient : « Ne t’emballe pas trop vite Grand-Charme, les cliniques de don de sperme doivent être fermées la fin de semaine ! »
L’avenir plein de promesses, Grand-Charme se lève du divan, se précipite sur la calculatrice de mon bureau, fait des calculs, évalue son rythme de vie futur.
-J’ai rencontré la conseillère en orientation de l’école la semaine passée pour en venir à la conclusion que je me dirigerais vers les techniques d’animation 3D. Une chance que je viens d’apprendre toutes les réelles opportunités qui s’offrent à moi !
Le ton de Grand-Charme est empreint d’un grand ravissement: il vient de trouver sa voie.
-De toute manière fait Fils Aîné, il doit y avoir des limites de nombre de dons venant de la même personne…
-Pourquoi? S’objecte Grand-Charme, sûr de lui. Un beau grand jeune homme comme moi…Mon profil correspond à tout ce qu’une femme peut désirer : grand, beau, élancé, beaux grands yeux bruns, chevelure abondante, parfaite santé, remarquable intelligence...
Je mets un bémol.
« La beauté n’est pas tout Grand-Charme. On prend en considération aussi ton bagage génétique. Avez-vous des tares héréditaires? Du cancer dans la famille? Un historique de maladies coronariennes? Vous savez que votre oncle a déjà voulu participer à un essai clinique pour combler un urgent besoin d’argent à 18 ans? Eh bien il a été refusé à cause de son taux de cholestérol trop élevé. C’était pourtant un beau grand jeune homme sain de corps et d’esprit… »
Grand-Homme éclate de rire : « Pauvre Grand-Charme, ton avenir est fichu : tes artères doivent être déjà bloquées avec toutes les chips que tu ingurgites ! »
Mû par une insoupçonnable volonté, Grand-Charme démontre sa bonne foi : « Je suis prêt à arrêter. Tout de suite. C’est décidé : fini les chips. Je n’en achète plus ! Pas question de compromettre mon avenir professionnel ! »
S’ensuit la question du « pourquoi donner du sang et se contenter d’un beigne gratis si on peut obtenir un alléchant montant en faisant quelque chose de, ma foi, pas si désagréable », « Combien facture-t-on au couple dont la femme se fait inséminer avec mon sperme », « Pourquoi ne pas faire un « don direct » pour éviter une surfacturation aux clients alors que je suis si misérablement payé », etc.
À travers l’inspiration démesurée de Grand-Charme, je tente d’en savoir plus sur les motivations de Fils Aîné occultées par les intenses projets d’avenir de son frère.
(Un test de fertilité... Jeune homme, tu n'a pas encore atteint ta majorité !)
Il s’explique : Ami et moi on a fait un pari sur lequel d’entre nous possède le sperme le plus riche en spermatozoïdes.
J’éclate de rire. « Un concours de sperme ! T’es ben drôle toi ! Pourquoi vous ne jouez pas tout simplement à qui pisse le plus loin? Ce serait tellement plus simple ! »
-Ou mettez preuve sur table simplement comme tous les gars normaux : lequel d’entre nous a le plus gros pénis. La question sera réglée, propose Grand-Homme.
Fils Aîné rougit. « Es-tu fou, c’est un Arabe, c’est sûr que c’est lui qui va gagner!"
*
"Dis papa, comment t'es venue l'idée de travailler "pour un meilleur avenir pour les enfants du Québec"?
-Aah, tu sais mon petit, votre oncle Fils Aîné a fait un jour un pari qui a littéralement changé mes perspectives de carrière...
Note: J'ai obtenu l'autorisation de Fils Aîné ET Grand-Charme avant de publier ce billet. ;o)
lundi, janvier 23, 2012
Les astres et le Créateur
Dimanche soir, à la dernière minute, Coco (10 ans) se rend compte qu'il a un devoir d'anglais à remettre pour le lendemain.
Je grogne.
"Zut, je vais avoir une contravention demain !" fait le fils.
Tant pis pour lui. Il est 22h et j'ai horreur que mes fils ne sachent pas dire à leur père lors de leur week-end chez lui qu'il ont des devoirs à remettre pour le lundi, me reléguant de ce fait les devoirs à la dernière minute.
***
En rentrant dans la maison après l'école, il interrompt la discussion amorcée en sortant de l'autobus en tenant son jeune frère par les épaules, s'appliquant à lui expliquer qu'en fait, ils ne sont pas de vrais frères mais bien des demi, ce auquel Frédéric ne comprend absolument rien.
"Maman ! s'exclame-t-il, aussi heureux que soulagé après avoir franchi le seuil. Je n'ai pas eu de contravention !"
-Tant mieux !
"Je ne crois pas en Dieu, affirme-t-il d'entrée de jeu mais hier soir, je lui ai quand même demandé -juste au cas- de faire que quelque chose arrive pour que le professeur d'anglais ne puisse pas venir en classe ce matin et ça a marché !"
-Wow !
-Mon professeur est rentrée dans la classe en disait que son horoscope d'aujourd'hui lui prédisait un gros changement, puis qu'elle est arrivée à l'école et avait croisé le professeur d'anglais, qui lui avait dit que le cours serait remis à demain. C'était ça, le changement ! Et grâce à ça, je n'ai pas eu de contravention !
Dieu et les astres alignés, ça fesse.
Je grogne.
"Zut, je vais avoir une contravention demain !" fait le fils.
Tant pis pour lui. Il est 22h et j'ai horreur que mes fils ne sachent pas dire à leur père lors de leur week-end chez lui qu'il ont des devoirs à remettre pour le lundi, me reléguant de ce fait les devoirs à la dernière minute.
***
En rentrant dans la maison après l'école, il interrompt la discussion amorcée en sortant de l'autobus en tenant son jeune frère par les épaules, s'appliquant à lui expliquer qu'en fait, ils ne sont pas de vrais frères mais bien des demi, ce auquel Frédéric ne comprend absolument rien.
"Maman ! s'exclame-t-il, aussi heureux que soulagé après avoir franchi le seuil. Je n'ai pas eu de contravention !"
-Tant mieux !
"Je ne crois pas en Dieu, affirme-t-il d'entrée de jeu mais hier soir, je lui ai quand même demandé -juste au cas- de faire que quelque chose arrive pour que le professeur d'anglais ne puisse pas venir en classe ce matin et ça a marché !"
-Wow !
-Mon professeur est rentrée dans la classe en disait que son horoscope d'aujourd'hui lui prédisait un gros changement, puis qu'elle est arrivée à l'école et avait croisé le professeur d'anglais, qui lui avait dit que le cours serait remis à demain. C'était ça, le changement ! Et grâce à ça, je n'ai pas eu de contravention !
Dieu et les astres alignés, ça fesse.
vendredi, janvier 06, 2012
Rouler
Dans l'obscurité. Retour de la veillée du Jour de l'An. Après plus d'une heure de route, les enfants dorment dans la voiture. Sauf Fils Aîné. On a un deal: j'écoute ma musique trad québécoise et quand la musique est plate, je lui laisse mettre une toune de son CD. Il a pris soin d'apporter de la musique que j'apprécie et on chante ensemble lorsque j'ai le bonheur de connaître quelques paroles.
C'est mon tour. Rigodon. Fils Aîné embarque. Un peu. Violon, accordéon, harmonica. Il sait à quel point j'aime la musique trad.
"Tu aurais dû nous forcer à faire de la musique", me reproche-t-il.
Je suis sciée.
J'ai tellement espéré un intérêt de leur part à pratiquer un instrument, longtemps, je les ai poussés. Il y a Tout-Doux que j'avais poussé plus que les autres à cause de son "oreille" évidente. Il a pratiqué le piano durant un an et demi mais la pratique quotidienne était si ardue à intégrer à l'horaire familial que nous avons abandonné.
Jusqu'à ce que Fils Aîné réclame des cours de basse, puis des cours de chant, et qu'il soit suffisamment âgé pour pratiquer seul. À l'âge de 15 ans.
Je me souviens de Grégory Charles en entrevue qui disait qu'au début de l'adolescence, sa mère avait dû le pousser pour qu'il continue la musique alors qu'il hésitait à poursuivre ou abandonner, puis à sa prise de conscience soudaine qu'il aimait véritablement la musique, qu'en jouer lui apportait quelque chose et qu'au fond, il ne le faisait pas que pour ses parents mais que lui-même en soutirait quelque chose .
Je me suis souvent demandé où se situait la ligne entre le "JE suis le parent, tu es mon enfant, tu vas te dépasser et plonger dans la fascinante découverte qu'est la musique (ou de toute autre activité imposée par nous, tes parents), parce que J'AI la certitude que cela peut t'aider à te construire et la position qui veut que l'enfant puisse avoir la liberté de choisir par lui-même, aller vers les intérêts qui l'animent de son propre chef.
Cependant, pour avoir connu avec Grand-Charme l'évidence qu'il était né pour le théâtre, pour l'improvisation alors qu'il n'avait que 9 ans et qu'il ignorait tout de cet art, pour avoir choisi de le pousser pour qu'il s'y immerge en sachant qu'il y découvrirait un univers dans lequel il trouverait assurément sa place, je sais que pousser son jeune peut parfois être salvateur. Après tout, nous, les adultes, nous les parents avons une vision beaucoup plus large que nos jeunes chéris de toutes les possibilités qui s'offrent à eux.
Que mon jeune, mon beau Fils Aîné, mon exquis premier-né viennent me dire: "Mère (comme il aime bien m'appeler), tu aurais dû nous pousser davantage" (alors que j'ai espéré, tenté de convaincre, poussé), nous apprendre l'importance de la musique", me remue.
J'ai voulu, pensé respecter leur choix, leur volonté. Aux dires de Fils Aîné, du haut de ses 17 ans, leur laisser libre-choix était une mauvaise option., avec son recul de -he-heum- jeune adulte.
Moi qui ai toujours craint agir en IMPOSANT plutôt qu'en amenant à CHOISIR judicieusement....
Qui réfléchit, en ce moment?
C'est mon tour. Rigodon. Fils Aîné embarque. Un peu. Violon, accordéon, harmonica. Il sait à quel point j'aime la musique trad.
"Tu aurais dû nous forcer à faire de la musique", me reproche-t-il.
Je suis sciée.
J'ai tellement espéré un intérêt de leur part à pratiquer un instrument, longtemps, je les ai poussés. Il y a Tout-Doux que j'avais poussé plus que les autres à cause de son "oreille" évidente. Il a pratiqué le piano durant un an et demi mais la pratique quotidienne était si ardue à intégrer à l'horaire familial que nous avons abandonné.
Jusqu'à ce que Fils Aîné réclame des cours de basse, puis des cours de chant, et qu'il soit suffisamment âgé pour pratiquer seul. À l'âge de 15 ans.
Je me souviens de Grégory Charles en entrevue qui disait qu'au début de l'adolescence, sa mère avait dû le pousser pour qu'il continue la musique alors qu'il hésitait à poursuivre ou abandonner, puis à sa prise de conscience soudaine qu'il aimait véritablement la musique, qu'en jouer lui apportait quelque chose et qu'au fond, il ne le faisait pas que pour ses parents mais que lui-même en soutirait quelque chose .
Je me suis souvent demandé où se situait la ligne entre le "JE suis le parent, tu es mon enfant, tu vas te dépasser et plonger dans la fascinante découverte qu'est la musique (ou de toute autre activité imposée par nous, tes parents), parce que J'AI la certitude que cela peut t'aider à te construire et la position qui veut que l'enfant puisse avoir la liberté de choisir par lui-même, aller vers les intérêts qui l'animent de son propre chef.
Cependant, pour avoir connu avec Grand-Charme l'évidence qu'il était né pour le théâtre, pour l'improvisation alors qu'il n'avait que 9 ans et qu'il ignorait tout de cet art, pour avoir choisi de le pousser pour qu'il s'y immerge en sachant qu'il y découvrirait un univers dans lequel il trouverait assurément sa place, je sais que pousser son jeune peut parfois être salvateur. Après tout, nous, les adultes, nous les parents avons une vision beaucoup plus large que nos jeunes chéris de toutes les possibilités qui s'offrent à eux.
Que mon jeune, mon beau Fils Aîné, mon exquis premier-né viennent me dire: "Mère (comme il aime bien m'appeler), tu aurais dû nous pousser davantage" (alors que j'ai espéré, tenté de convaincre, poussé), nous apprendre l'importance de la musique", me remue.
J'ai voulu, pensé respecter leur choix, leur volonté. Aux dires de Fils Aîné, du haut de ses 17 ans, leur laisser libre-choix était une mauvaise option., avec son recul de -he-heum- jeune adulte.
Moi qui ai toujours craint agir en IMPOSANT plutôt qu'en amenant à CHOISIR judicieusement....
Qui réfléchit, en ce moment?
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mardi, janvier 03, 2012
Le plus
Ces derniers mois, à force de demandes précises de ma descendance me sauta au visage un constat : ils ont tous besoin de se distinguer en étant "le plus" quelque chose.
Chaque fois, la demande vient quand ils sont seuls avec moi, par exemple lors d'un trajet en voiture où j'ai la latitude nécessaire pour répondre en toute sincérité.
Connaissant fort bien leurs forces, ils capitalisent là-dessus pour obtenir la réponse ce qu'ils désirent ou espèrent.
"Maman, c'est qui le plus original de tous tes enfants?" me demande Grand-Charme, se sachant largement en tête. "Et le plus drôle?"
"Maman, c'est qui le plus coquin de TOUS tes enfants?" me demande régulièrement Frédéric en se tortillant de plaisir alors que je le borde.
"Maman, d'entre TOUS tes enfants, il y en a sans doute un que tu trouves plus intelligent que les autres, hmmm...?", plein d'attentes ou d'espoir, lance Fils Aîné. "Et si tu devais nommer le plus discipliné et le plus ordonné, on sait aussi qui tu nommerais..."
Je souris.
"Maman, si tu devais nommer celui de tes enfants qui est le plus sensible aux autres, ce serait qui?", demande Tout-Doux, sûr de l'emporter... "Et celui qui t'aide le plus avec tes savons, c'est qui, maman?"
Ils s'installent parfois à table à plusieurs pour dessiner puis insistent pour savoir LEQUEL de tous leurs dessins est le plus ressemblant avec une personne connue. L'opinion qui compte pour trancher? La mienne.
Je m'émerveille devant l'unicité de chacun de mes enfants. Et eux ont besoin de se faire valider que même évoluant au sein d'une nombreuse fratrie, ils ont ce quelque chose d'unique, de singulier qui font d'eux des êtres irremplaçables possédant des traits dominants les distinguant des autres. Et qu'il y aura toujours de la place, de la valeur pour cette différence.
Chaque fois, la demande vient quand ils sont seuls avec moi, par exemple lors d'un trajet en voiture où j'ai la latitude nécessaire pour répondre en toute sincérité.
Connaissant fort bien leurs forces, ils capitalisent là-dessus pour obtenir la réponse ce qu'ils désirent ou espèrent.
"Maman, c'est qui le plus original de tous tes enfants?" me demande Grand-Charme, se sachant largement en tête. "Et le plus drôle?"
"Maman, c'est qui le plus coquin de TOUS tes enfants?" me demande régulièrement Frédéric en se tortillant de plaisir alors que je le borde.
"Maman, d'entre TOUS tes enfants, il y en a sans doute un que tu trouves plus intelligent que les autres, hmmm...?", plein d'attentes ou d'espoir, lance Fils Aîné. "Et si tu devais nommer le plus discipliné et le plus ordonné, on sait aussi qui tu nommerais..."
Je souris.
"Maman, si tu devais nommer celui de tes enfants qui est le plus sensible aux autres, ce serait qui?", demande Tout-Doux, sûr de l'emporter... "Et celui qui t'aide le plus avec tes savons, c'est qui, maman?"
Ils s'installent parfois à table à plusieurs pour dessiner puis insistent pour savoir LEQUEL de tous leurs dessins est le plus ressemblant avec une personne connue. L'opinion qui compte pour trancher? La mienne.
Je m'émerveille devant l'unicité de chacun de mes enfants. Et eux ont besoin de se faire valider que même évoluant au sein d'une nombreuse fratrie, ils ont ce quelque chose d'unique, de singulier qui font d'eux des êtres irremplaçables possédant des traits dominants les distinguant des autres. Et qu'il y aura toujours de la place, de la valeur pour cette différence.
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lundi, janvier 02, 2012
Capitaine Taylor
Depuis que nous avons décidé de changer de voiture, nous ne voyageons que très rarement toute la famille ensemble, véhicule cinq places oblige.
Pour les déplacements des Fêtes, nous dûmes emprunter une voiture. C'est donc divisée que la famille s'est déplacée pour la veillée du Jour de l'An et celle du premier de l'An.
-Tu devrais amener tes walkies-talkies, que je suggérai à Tout-Doux (12 ans). Comme ça, on pourra se parler d'une voiture à l'autre.
Ainsi, d'une voiture à l'autre, les enfants purent se raconter où ils en étaient dans leurs batailles contre leurs ennemis PSP, ou encore nous servir de relais à Grand-Homme et moi pour les indications/hésitations pour la route.
Après moult interventions pas toujours pertinentes (mais Ô combien amusantes) des détenteurs des walkies-talkies, pour une partie du dernier retour, Fils Aîné (mon passager) -alias colonel Taylor- prit les choses en mains. La chose prit l'allure de communications ultra-secrètes codées entre membres d'un même clan.
Ainsi, on s'adressa à notre contact de la seconde voiture comme on le ferait à un membre inférieur de la hiérarchie martiale, on désigna la station-service comme le lieu d'approvisionnement, l'arrivée imminente à la maison comme l'arrivée au QG, l'arrêt-pipi pour Béatrice comme une nécessité capitale de larguer en toute urgence l'agent Jaune, Grand-Homme se désigna comme le général pour outrepasser les dires parfois insipides des enfants, Fils Aîné avait besoin de vérifier si le convoi #1 avait besoin de couverture, etc.
Fils Aîné à mes côtés, je conduisais, tordue de rire devant la créativité née de l'attrait du jeu même chez un adolescent presque majeur.
Conduire les six enfants dans le même véhicule n'aurait pu fournir un contexte de jeu aussi amusant.
Les déplacements de cette manière? Encore. ENCORE.
Pour les déplacements des Fêtes, nous dûmes emprunter une voiture. C'est donc divisée que la famille s'est déplacée pour la veillée du Jour de l'An et celle du premier de l'An.
-Tu devrais amener tes walkies-talkies, que je suggérai à Tout-Doux (12 ans). Comme ça, on pourra se parler d'une voiture à l'autre.
Ainsi, d'une voiture à l'autre, les enfants purent se raconter où ils en étaient dans leurs batailles contre leurs ennemis PSP, ou encore nous servir de relais à Grand-Homme et moi pour les indications/hésitations pour la route.
Après moult interventions pas toujours pertinentes (mais Ô combien amusantes) des détenteurs des walkies-talkies, pour une partie du dernier retour, Fils Aîné (mon passager) -alias colonel Taylor- prit les choses en mains. La chose prit l'allure de communications ultra-secrètes codées entre membres d'un même clan.
Ainsi, on s'adressa à notre contact de la seconde voiture comme on le ferait à un membre inférieur de la hiérarchie martiale, on désigna la station-service comme le lieu d'approvisionnement, l'arrivée imminente à la maison comme l'arrivée au QG, l'arrêt-pipi pour Béatrice comme une nécessité capitale de larguer en toute urgence l'agent Jaune, Grand-Homme se désigna comme le général pour outrepasser les dires parfois insipides des enfants, Fils Aîné avait besoin de vérifier si le convoi #1 avait besoin de couverture, etc.
Fils Aîné à mes côtés, je conduisais, tordue de rire devant la créativité née de l'attrait du jeu même chez un adolescent presque majeur.
Conduire les six enfants dans le même véhicule n'aurait pu fournir un contexte de jeu aussi amusant.
Les déplacements de cette manière? Encore. ENCORE.
Quand le fromage ne goûte pas le fromage
Fidèle à son habitude quand elle va à la toilette seule, Béatrice ne se rhabille pas, ce qui rend quelquefois les plus vieux mal à l'aise.
Cri d'horreur.
-Bon sens ! Qu'est-ce qui se passe, Frédéric?
Plein de dégoût: "Béatrice n'a pas de culotte, elle a pris la brique de fromaze et elle la tient contre sa vulve !!"
Posée: "Ok, pas de panique, la brique de fromage est scellée."
En aparté, à celle qui réclame trois morceaux de fromage, puis change d'idée pour cinq lorsque son frère en réclame quatre, puis qui change encore d'idée pour six lorsque son frère en réclame cinq: "Béatrice, tu vas d'abord aller remettre tes vêtements. Après, tu auras du fromage."
Elle s'exécute, je tiens parole.
Quelques minutes plus tard, le visage tordu de dédain, Frédéric: "Maman, ze vais pas tout manzer mon fromaze, ze trouve qu'il goûte vraiment trop la vulve."
Maudite affaire. Tsé, quand ça goûte pas ce que ça devrait...
Cri d'horreur.
-Bon sens ! Qu'est-ce qui se passe, Frédéric?
Plein de dégoût: "Béatrice n'a pas de culotte, elle a pris la brique de fromaze et elle la tient contre sa vulve !!"
Posée: "Ok, pas de panique, la brique de fromage est scellée."
En aparté, à celle qui réclame trois morceaux de fromage, puis change d'idée pour cinq lorsque son frère en réclame quatre, puis qui change encore d'idée pour six lorsque son frère en réclame cinq: "Béatrice, tu vas d'abord aller remettre tes vêtements. Après, tu auras du fromage."
Elle s'exécute, je tiens parole.
Quelques minutes plus tard, le visage tordu de dédain, Frédéric: "Maman, ze vais pas tout manzer mon fromaze, ze trouve qu'il goûte vraiment trop la vulve."
Maudite affaire. Tsé, quand ça goûte pas ce que ça devrait...
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