La mauvaise foi.
Que les enfants se chamaillent, se provoquent, se fassent marcher, d'accord. Ce sont des enfants et ils reçoivent plus souvent qu'autrement la monnaie de leurs pièces. Leurs niaiseries me font sourire (généralement dès qu'ils ont sombré dans un exquis et profond sommeil).
Toutefois, la mauvaise foi, la mesquinerie, rien à faire, ça neutralise jusqu'à mes élans maternels de proximité physique.
Un de mes mômes patauge trop dedans. Docteur, y a-t-il un danger que ça n'affecte la moelle?
Comme les insultes de ce jeune ado n'atteignent plus son jeune frère de presque dix ans, il a trouvé l'arme la plus mesquine qui soit: insulter sciemment ce qui tient à coeur à ce dernier. J'ai nommé: le cochon d'Inde.
Généralement, l'insulte est tout ce qu'il y a de plus prosaïque: Gripoil pue, Gripoil est laide, si vous faites cuire Gripoil pour souper, n'en gardez pas pour moi, elle a sans doute mauvais goût. Voyez le genre? Pipi-caca-pet. Du déjà vu. Très peu glorieux pour un enfant de cet âge, mais tant que l'effet escompté est atteint, au diable les moyens.
Or, avec mon jugement d'adulte, j'estime que lorsqu'un jeune homme de douze ans s'en prend à l'animal en vaporisant le tiers d'une bouteille de déodorant autour et dans la cage sous prétexte que l'animal dégage une odeur infecte (dans ses cauchemars les plus farfelus), je me sens légitimée d'apposer l'étiquette de la mauvaise foi.
Le sous-sol empeste le déodorant. Le cochon d'Inde est prisonnier d'une odeur qui achèverait illico les vendeuses de cosmétiques à La Baie.
J'aurais pu puiser dans mon indulgence ce qu'il faut pour mon fils de cinq ans. Ou celui de sept ans. Peut-être, à la limite, celui de neuf ans.
Mais DOUZE ans??
mardi, janvier 30, 2007
lundi, janvier 29, 2007
Ce qui rend folles les femmes comme moi
Le travail autonome. L'absence de "bonjour" prononcé à l'endroit d'une chaleureuse et sympathique secrétaire le matin. Les salutations progressives distribuées aux collègues au fur et à mesure que l'on avance vers son bureau. Les fous rires avec les collègues. Les bribes de discussions fortuites autour de la photocopieuse ou au tournant d'un bureau. Le travail d'équipe. Les insolences loufoques entre collègues. La puissance de la dynamique de groupe. La stimulation et l'effet d'entraînement. La satisfaction collective des bons coups. La nourriture qu'est le contact social. La cohésion professionnelle. Les débats d'esprit.
Je suis viscéralement en manque d'humanité.
Mon travail quasi quotidien autour de ce café latté aux amandes n'est qu'un salvateur et hélas temporaire plaster sur mon bobo social.
Je suis viscéralement en manque d'humanité.
Mon travail quasi quotidien autour de ce café latté aux amandes n'est qu'un salvateur et hélas temporaire plaster sur mon bobo social.
Libellés :
Boulot
vendredi, janvier 26, 2007
Surtechnologie
-Lorsque je minouche mon bureau de travail à la recherche d'une souris tactile en me pensant sur mon portable;
-Lorsque, concentrée sur mon travail, j'utilise ridiculement ma calculatrice pour tenter d'augmenter le volume du radio;
-Lorsqu'une sonnerie inconnue sonne (Bébé modifie continuellement la sonnerie du téléphone sans fil) et que je tente de répondre avec mon cellulaire et/ou ma souris d'ordinateur;
-Lorsque mes fils s'obstinent et que je cherche, en vain, une quelconque télécommande à proximité pour diminuer le volume des insultes et/ou accusations et/ou chantage;
-Lorsque je prends le porte-clé déverrouille-porte de la voiture pour un démarreur à distance;
-Lorsque dès 19h, mon capital "patience" s'est écoulé et que je cherche désespérément autour de moi une télécommande pour faire apparaître le divin silence.
-Lorsque, concentrée sur mon travail, j'utilise ridiculement ma calculatrice pour tenter d'augmenter le volume du radio;
-Lorsqu'une sonnerie inconnue sonne (Bébé modifie continuellement la sonnerie du téléphone sans fil) et que je tente de répondre avec mon cellulaire et/ou ma souris d'ordinateur;
-Lorsque mes fils s'obstinent et que je cherche, en vain, une quelconque télécommande à proximité pour diminuer le volume des insultes et/ou accusations et/ou chantage;
-Lorsque je prends le porte-clé déverrouille-porte de la voiture pour un démarreur à distance;
-Lorsque dès 19h, mon capital "patience" s'est écoulé et que je cherche désespérément autour de moi une télécommande pour faire apparaître le divin silence.
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Réflexions
mercredi, janvier 24, 2007
Étrange langage silencieux
Dès les premiers instants de ma grossesse de Thomas, je sentis que la nature de mon lien à cet enfant allait être différente. Et pas uniquement parce qu'il avait un père différent de mes autres garçons. Un senti irrationnel, tout simplement.
Je savais que je lui prêterais mon corps pour grandir mais que dès qu'il naîtrait, il serait nettement plus détaché de moi que les autres. Il aurait moins besoin de moi. Et ça n'allait pas nécessairement être simple, ni confortable.
Thomas avait, parfois, une maturité dans le regard que les autres, même le plus âgé, n'ont jamais eue. Il avait des gestes, des agissements, des mots et une élocution de bambin, mais, à certains moments, son regard prenait une profondeur, une gravité et une intensité pas du tout propres à un enfant de cet âge.
Il avait un charisme fou, un minois tout ce qu'il y a de plus appétissant et une forme de sagesse inexplicable au fond du regard qu'il n'aurait su voiler devant mes yeux de mère.
Il y avait tant de maturité dans ses grands yeux, il me décontenançait littéralement. Il faisait des bêtises, et lorsque je lui parlais, il ne me regardait pas dans les yeux. Je prenais son menton et tournais son visage vers moi. Il me regardait alors si intensément, comme s'il était au-dessus de toute réprimande, comme s'il avait de la compassion pour moi qui m'énervais. Il me déstabilisait complètement.
J'avais l' impression que s'il ne me regardait pas directement, c'était plus par délicatesse pour ne pas m'intimider que parce qu'honteux de ses bêtises.
Par la force qui émanait de lui en dépit de sa vulnérabilité d'enfant, je sentais viscéralement que si je devais perdre un de mes enfants, Thomas aurait été le seul, avec son espèce de maturité secrète inexplicable, à qui j'aurais fait confiance pour "traverser" tout seul. Cela apparaît sans doute choquant à lire, mais c'est pourtant ainsi que je le sentais. Il était un bébé, certes, avec toute sa candeur, mais une candeur...différente.
Si j'avais pu, je l'aurais sans hésiter accompagné pour être certaine de pouvoir l'envelopper de ma bienveillance et pour me rassurer qu'il serait entre bonnes mains de "l'autre côté". Mon coeur de mère aurait été soulagé de le savoir arrivé à bon port, puis je serais revenue pour m'occuper des autres. Si j'avais pu tricher, je l'aurais fait volontiers en le ramenant en douce à la maison avec nous. Désespérément hypocritement.
Douceur m'a déjà dit espérer que "les autres" soient gentils avec Thomas là où il est maintenant. Je l'ai rassuré de mon mieux, même si moi aussi, j'avais les mêmes préoccupations.
***
Quelques semaines avant de mourir, dans un contexte particulier, Thomas m'avait grandement blessée en me rejettant radicalement. Je ne comprenais pas la cause de ces rejets momentanés. L'espace de quelques heures, il m'échappait, m'excluait de son univers et ne se référait plus à moi. Je n'existais plus. Je n'avais d'autres choix que de respecter son petit univers, même si cela me blessait profondément.
Dans ces moments, il me fallait simplement attendre qu'il accepte de me réintégrer dans son monde, de revenir naturellement vers moi.
Chaque matin, Grand-Homme ou moi allions le chercher dans son lit et le ramènions avec nous. Il se couchait alors entre papa et maman pour une exquise séance de colle-colle et de bisous.
Le soir de son Grand Rejet, je dormis sur le divan du sous-sol. Je lui en voulais et, craignant qu'il ne me repousse encore au matin, je préférai me tenir loin pour ne pas m'y exposer.
Au matin, Thomas avait bien constaté que je n'étais pas dans le lit. Après ses colle-colle avec papa, il descendit l'escalier menant au sous-sol en affirmant doucement pour lui-même:"Maman. Maman.". Lentement, il s'approcha du divan où je ne dormais pas.
Je l'entendais descendre et mon coeur se serrait de nous savoir si éloignés affectivement l'un de l'autre.
Je restai donc immobile, terrée dans la douleur du rejet de la veille.
Il arriva face à moi et me regarda stoïquement en ne franchissant pas la barrière invisible, mais perceptible entre nous. Il savait pourquoi j'étais là. Il me fixait, semblait évaluer avec calme l'ampleur de ma blessure. La lucidité de son regard me bouleversait. Jamais un autre de mes enfants ne m'avait (ne m'a) regardée avec autant de conscience. Ce n'était pas les yeux d'un petit garçon de vingt-deux mois.
Je devais lutter fort contre mon coeur déchiré pour ne pas le prendre contre moi et me réapproprier une partie du coeur de mon enfant. La retenue de tant d'amour était insupportable, mais risquer un autre geste de rejet de sa part aurait été bien pire. Je ne bougeai donc pas.
Il resta face à moi à me fixer pendant une trentaine de secondes. Nous nous regardions intensément en silence. Il semblait avoir compris que je ne bougerais pas et que la distance entre nous était momentanément nécessaire. Il s'accroupit lentement pour embrasser son petit frère, qui dormait dans son banc près de moi, puis se releva en ne me quittant pas des yeux. Il remonta ensuite l'escalier sagement.
Je demeurai sur le divan à pleurer doucement mon impuissance face à la force silencieuse de cet enfant et mon incompréhension de la situation.
Une vingtaine de minutes plus tard, il redescendit. Même scénario. Il se planta à une cinquantaine de centimètres de mon visage. Il n'avait aucun empressement, ne faisait que me considérer longuement, avec un sérieux très adulte. Je le regardais, lui livrais dans le regard tout mon amour enveloppé de ma totale incompréhension. Nous nous regardions silencieusement. Je n'aurais pu avoir un échange de regards plus chargé de mots avec un adulte.
Il n'avait pas deux ans, mais sa conscience était sans équivoque et sa lucidité me stupéfiait.
Nous restâmes encore une trentaine de secondes à nous regarder, chacun respectueux de la bulle de l'autre. Je comprenais qu'il comprenait très bien ma peine et mon désarroi et qu'il savait qu'il était nécessaire que l'on se réapprivoisât. Encore une fois.
Il ne tenta pas d'approche inopportune. Il baissa simplement les yeux, embrassa à nouveau doucement son petit frère, puis se releva lentement et posa son regard droit dans le mien. Calmement, il fit demi-tour et remonta.
Je restai sur le divan, recroquevillée et cogitant sur la complexité parfois douloureuse de mon lien avec lui.
Une vingtaine de minutes plus tard, il redescendit en affirmant un "maman" qui ne m'était, encore une fois, pas vraiment adressé et se planta un peu plus près de mon visage.
Même scénario, prise trois. Nous nous regardâmes intensément en silence. Il attendait un signe de ma part.
Cette fois, je craquai et pris le risque du rejet. Couchée sur le côté, j'ouvris la couverture et lui dis : "Viens. Viens mon bébé d'Amour, viens te coller contre maman."
Il n'hésita pas un instant et avec tout son sérieux, grimpa sur le divan, embarqua littéralement sur moi pour ensuite s'étendre de tout son long sur mes hanches, mes côtes, mon épaule et posa sa tête sur la mienne.
Nous étions joue contre joue, délicieusement immobiles et je pleurais de soulagement qu'il m'accepte à nouveau dans son univers. Je me tournai et le serrai contre moi en lui demandant doucement, évidemment sans attendre de réponse, pourquoi il lui arrivait de m'exclure ainsi.
Il se redressa et me fixa intensément avec cette bouleversante lucidité l'espace de quelques instants, puis se laissa glisser du divan et remonta l'escalier.
Il se remit à placoter comme un bambin. La glace était brisée par ce contact physique. J'avais retrouvé mes acquis affectifs.
Dans ce merveilleux petit garçon, une incommensurable concentration de pouvoir sur mon coeur de mère.
***
Je rêve régulièrement à lui. Dans mes rêves, chacuns de nos échanges se passent comme ce matin-là: aucune parole, que le puissant et percutant langage du regard drapé d'une bouleversante solennité. Aucun mot, mais toujours une proximité chavirante, une conscience à la fois magnifique et vertigineuse dans une sublime lenteur elfique.
Je savais que je lui prêterais mon corps pour grandir mais que dès qu'il naîtrait, il serait nettement plus détaché de moi que les autres. Il aurait moins besoin de moi. Et ça n'allait pas nécessairement être simple, ni confortable.
Thomas avait, parfois, une maturité dans le regard que les autres, même le plus âgé, n'ont jamais eue. Il avait des gestes, des agissements, des mots et une élocution de bambin, mais, à certains moments, son regard prenait une profondeur, une gravité et une intensité pas du tout propres à un enfant de cet âge.
Il avait un charisme fou, un minois tout ce qu'il y a de plus appétissant et une forme de sagesse inexplicable au fond du regard qu'il n'aurait su voiler devant mes yeux de mère.
Il y avait tant de maturité dans ses grands yeux, il me décontenançait littéralement. Il faisait des bêtises, et lorsque je lui parlais, il ne me regardait pas dans les yeux. Je prenais son menton et tournais son visage vers moi. Il me regardait alors si intensément, comme s'il était au-dessus de toute réprimande, comme s'il avait de la compassion pour moi qui m'énervais. Il me déstabilisait complètement.
J'avais l' impression que s'il ne me regardait pas directement, c'était plus par délicatesse pour ne pas m'intimider que parce qu'honteux de ses bêtises.
Par la force qui émanait de lui en dépit de sa vulnérabilité d'enfant, je sentais viscéralement que si je devais perdre un de mes enfants, Thomas aurait été le seul, avec son espèce de maturité secrète inexplicable, à qui j'aurais fait confiance pour "traverser" tout seul. Cela apparaît sans doute choquant à lire, mais c'est pourtant ainsi que je le sentais. Il était un bébé, certes, avec toute sa candeur, mais une candeur...différente.
Si j'avais pu, je l'aurais sans hésiter accompagné pour être certaine de pouvoir l'envelopper de ma bienveillance et pour me rassurer qu'il serait entre bonnes mains de "l'autre côté". Mon coeur de mère aurait été soulagé de le savoir arrivé à bon port, puis je serais revenue pour m'occuper des autres. Si j'avais pu tricher, je l'aurais fait volontiers en le ramenant en douce à la maison avec nous. Désespérément hypocritement.
Douceur m'a déjà dit espérer que "les autres" soient gentils avec Thomas là où il est maintenant. Je l'ai rassuré de mon mieux, même si moi aussi, j'avais les mêmes préoccupations.
***
Quelques semaines avant de mourir, dans un contexte particulier, Thomas m'avait grandement blessée en me rejettant radicalement. Je ne comprenais pas la cause de ces rejets momentanés. L'espace de quelques heures, il m'échappait, m'excluait de son univers et ne se référait plus à moi. Je n'existais plus. Je n'avais d'autres choix que de respecter son petit univers, même si cela me blessait profondément.
Dans ces moments, il me fallait simplement attendre qu'il accepte de me réintégrer dans son monde, de revenir naturellement vers moi.
Chaque matin, Grand-Homme ou moi allions le chercher dans son lit et le ramènions avec nous. Il se couchait alors entre papa et maman pour une exquise séance de colle-colle et de bisous.
Le soir de son Grand Rejet, je dormis sur le divan du sous-sol. Je lui en voulais et, craignant qu'il ne me repousse encore au matin, je préférai me tenir loin pour ne pas m'y exposer.
Au matin, Thomas avait bien constaté que je n'étais pas dans le lit. Après ses colle-colle avec papa, il descendit l'escalier menant au sous-sol en affirmant doucement pour lui-même:"Maman. Maman.". Lentement, il s'approcha du divan où je ne dormais pas.
Je l'entendais descendre et mon coeur se serrait de nous savoir si éloignés affectivement l'un de l'autre.
Je restai donc immobile, terrée dans la douleur du rejet de la veille.
Il arriva face à moi et me regarda stoïquement en ne franchissant pas la barrière invisible, mais perceptible entre nous. Il savait pourquoi j'étais là. Il me fixait, semblait évaluer avec calme l'ampleur de ma blessure. La lucidité de son regard me bouleversait. Jamais un autre de mes enfants ne m'avait (ne m'a) regardée avec autant de conscience. Ce n'était pas les yeux d'un petit garçon de vingt-deux mois.
Je devais lutter fort contre mon coeur déchiré pour ne pas le prendre contre moi et me réapproprier une partie du coeur de mon enfant. La retenue de tant d'amour était insupportable, mais risquer un autre geste de rejet de sa part aurait été bien pire. Je ne bougeai donc pas.
Il resta face à moi à me fixer pendant une trentaine de secondes. Nous nous regardions intensément en silence. Il semblait avoir compris que je ne bougerais pas et que la distance entre nous était momentanément nécessaire. Il s'accroupit lentement pour embrasser son petit frère, qui dormait dans son banc près de moi, puis se releva en ne me quittant pas des yeux. Il remonta ensuite l'escalier sagement.
Je demeurai sur le divan à pleurer doucement mon impuissance face à la force silencieuse de cet enfant et mon incompréhension de la situation.
Une vingtaine de minutes plus tard, il redescendit. Même scénario. Il se planta à une cinquantaine de centimètres de mon visage. Il n'avait aucun empressement, ne faisait que me considérer longuement, avec un sérieux très adulte. Je le regardais, lui livrais dans le regard tout mon amour enveloppé de ma totale incompréhension. Nous nous regardions silencieusement. Je n'aurais pu avoir un échange de regards plus chargé de mots avec un adulte.
Il n'avait pas deux ans, mais sa conscience était sans équivoque et sa lucidité me stupéfiait.
Nous restâmes encore une trentaine de secondes à nous regarder, chacun respectueux de la bulle de l'autre. Je comprenais qu'il comprenait très bien ma peine et mon désarroi et qu'il savait qu'il était nécessaire que l'on se réapprivoisât. Encore une fois.
Il ne tenta pas d'approche inopportune. Il baissa simplement les yeux, embrassa à nouveau doucement son petit frère, puis se releva lentement et posa son regard droit dans le mien. Calmement, il fit demi-tour et remonta.
Je restai sur le divan, recroquevillée et cogitant sur la complexité parfois douloureuse de mon lien avec lui.
Une vingtaine de minutes plus tard, il redescendit en affirmant un "maman" qui ne m'était, encore une fois, pas vraiment adressé et se planta un peu plus près de mon visage.
Même scénario, prise trois. Nous nous regardâmes intensément en silence. Il attendait un signe de ma part.
Cette fois, je craquai et pris le risque du rejet. Couchée sur le côté, j'ouvris la couverture et lui dis : "Viens. Viens mon bébé d'Amour, viens te coller contre maman."
Il n'hésita pas un instant et avec tout son sérieux, grimpa sur le divan, embarqua littéralement sur moi pour ensuite s'étendre de tout son long sur mes hanches, mes côtes, mon épaule et posa sa tête sur la mienne.
Nous étions joue contre joue, délicieusement immobiles et je pleurais de soulagement qu'il m'accepte à nouveau dans son univers. Je me tournai et le serrai contre moi en lui demandant doucement, évidemment sans attendre de réponse, pourquoi il lui arrivait de m'exclure ainsi.
Il se redressa et me fixa intensément avec cette bouleversante lucidité l'espace de quelques instants, puis se laissa glisser du divan et remonta l'escalier.
Il se remit à placoter comme un bambin. La glace était brisée par ce contact physique. J'avais retrouvé mes acquis affectifs.
Dans ce merveilleux petit garçon, une incommensurable concentration de pouvoir sur mon coeur de mère.
***
Je rêve régulièrement à lui. Dans mes rêves, chacuns de nos échanges se passent comme ce matin-là: aucune parole, que le puissant et percutant langage du regard drapé d'une bouleversante solennité. Aucun mot, mais toujours une proximité chavirante, une conscience à la fois magnifique et vertigineuse dans une sublime lenteur elfique.
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Thomas
mardi, janvier 23, 2007
De l'or en fils
Impossible de bouger ce matin.
Les quatre petits mousquetaires sont dans le lit conjugal (familial?), chacuns pour leurs requêtes respectives.
Petit Caractère -Je peux jouer à l'ordi? Huuum, maman? Mon lit est fait-ma chambre est rangée-je suis habillé et j'ai déjeuné.
Grande-Dame -Ah! Hou!Ouch! Ne me touchez pas! Je suis incapable de bouger!
Merde. Je suis littéralement paralysée.
Grand-Charme -Qu'est-ce que t'as, maman?
Grande-Dame, évaluant ses nouvelles limites -Je ne peux plus tourner ma tête, ni même la soulever autrement qu'avec mes mains. Je n'arrive plus à tourner mes épaules!
Petit Caractère, inquiet -Peut-être que t'as plus de colonne ver....trrré...brrrale?
Grande-Dame -J'ai dû me déplacer quelque chose en sortant Bébé de son lit...
Grand-Charme -Tu veux un massage?
J'acquiesce et, péniblement, je me retourne. Grand-Charme fait preuve d'une douceur extrêmement prudente à l'épicentre de mon mal.
Petit Caractère l'imite en continuant d'hypothétiser : "Peut-être que t'as un trou dans ton corps?"
Je souris dans ma tête, car j'ai trop mal pour sourire pour vrai. Et puis, hypocondriaque que je suis, j'imagine déjà ma vie pour le reste de mes jours: paralysée, en fauteuil roulant. Ça y est, ma vie est foutue.
Petit Caractère -Maman, peut-être que t'as une égratignure?
Mon égratignure me fait atrocement souffrir, tue dans l'oeuf tout espoir ou tentative de mouvement (voyez comme je fais pitié).
Grand-Charme se relève, déclare qu'il s'occupe de Bébé.
Je fais quelques vaines tentatives pour me redresser avant de réussir.
Grand-Charme -Maman, moi, quand je vois quelqu'un qui file pas, j'suis prêt vraiment à tout pour lui remonter le moral. À l'école, l'an dernier, il y avait un autre Benjamin qui avait fait moquer de lui parce qu'il avait les dents croches. Il était triste et pour le consoler, j'ai essayé de le faire rire et je lui ai dit qu'il était mon pote.
Grande-Dame -T'as vraiment un grand coeur toi.
Grand-Charme -Tu veux que je reste aujourd'hui? Je pourrais aller reconduire Petit Caractère et Douceur à l'école et revenir ensuite m'occuper de toi et de Bébé. Tu veux que je te prépare un déjeuner au lit? Je peux aller préparer les sandwichs de mes frères...
Il disparaît. Du haut des escaliers, je souris en l'entendant crier: "Les gaaaaars!! Vouuuus vouuuleeez quoiiii dans votre sandwiiiich? Moutaaaarde ou mayonnaiiiise?"
Je fais monter les petits, qui se préparent à partir. Grand-Charme habille son Bébé frère (avec un jeans + un haut de pyjama), range quelques trucs qui traînent.
Supportant difficilement le poids de mon Bébé, j'accepte finalement l'aide de mon fils en or, qui était résolu à demeurer à la maison de toute façon et qui avait pris soin de ne pas se préparer de sandwich.
Il accompagnera ses frères à l'école, puis reviendra me prêter main forte pour l'avant-midi en attendant le retour de Grand-Homme.
Mon beau Grand-Charme me prend à part et me confie :"Maman, tu sais, chaque matin, on arrive en retard à l'école parce que Petit Caractère et Douceur s'arrêtent pour compter chaque pipi et chaque crotte de chien dans la neige. Et quand il pleut, ils comptent les vers de terre dans les flaques d'eau. C'est pour ça que c'est long arriver à l'école, parce que je dois toujours les attendre. Au moins, ce matin, je n'arriverai pas en retard à cause d'eux."
Que rajouter de plus? J'adore cet enfant.
Les quatre petits mousquetaires sont dans le lit conjugal (familial?), chacuns pour leurs requêtes respectives.
Petit Caractère -Je peux jouer à l'ordi? Huuum, maman? Mon lit est fait-ma chambre est rangée-je suis habillé et j'ai déjeuné.
Grande-Dame -Ah! Hou!Ouch! Ne me touchez pas! Je suis incapable de bouger!
Merde. Je suis littéralement paralysée.
Grand-Charme -Qu'est-ce que t'as, maman?
Grande-Dame, évaluant ses nouvelles limites -Je ne peux plus tourner ma tête, ni même la soulever autrement qu'avec mes mains. Je n'arrive plus à tourner mes épaules!
Petit Caractère, inquiet -Peut-être que t'as plus de colonne ver....trrré...brrrale?
Grande-Dame -J'ai dû me déplacer quelque chose en sortant Bébé de son lit...
Grand-Charme -Tu veux un massage?
J'acquiesce et, péniblement, je me retourne. Grand-Charme fait preuve d'une douceur extrêmement prudente à l'épicentre de mon mal.
Petit Caractère l'imite en continuant d'hypothétiser : "Peut-être que t'as un trou dans ton corps?"
Je souris dans ma tête, car j'ai trop mal pour sourire pour vrai. Et puis, hypocondriaque que je suis, j'imagine déjà ma vie pour le reste de mes jours: paralysée, en fauteuil roulant. Ça y est, ma vie est foutue.
Petit Caractère -Maman, peut-être que t'as une égratignure?
Mon égratignure me fait atrocement souffrir, tue dans l'oeuf tout espoir ou tentative de mouvement (voyez comme je fais pitié).
Grand-Charme se relève, déclare qu'il s'occupe de Bébé.
Je fais quelques vaines tentatives pour me redresser avant de réussir.
Grand-Charme -Maman, moi, quand je vois quelqu'un qui file pas, j'suis prêt vraiment à tout pour lui remonter le moral. À l'école, l'an dernier, il y avait un autre Benjamin qui avait fait moquer de lui parce qu'il avait les dents croches. Il était triste et pour le consoler, j'ai essayé de le faire rire et je lui ai dit qu'il était mon pote.
Grande-Dame -T'as vraiment un grand coeur toi.
Grand-Charme -Tu veux que je reste aujourd'hui? Je pourrais aller reconduire Petit Caractère et Douceur à l'école et revenir ensuite m'occuper de toi et de Bébé. Tu veux que je te prépare un déjeuner au lit? Je peux aller préparer les sandwichs de mes frères...
Il disparaît. Du haut des escaliers, je souris en l'entendant crier: "Les gaaaaars!! Vouuuus vouuuleeez quoiiii dans votre sandwiiiich? Moutaaaarde ou mayonnaiiiise?"
Je fais monter les petits, qui se préparent à partir. Grand-Charme habille son Bébé frère (avec un jeans + un haut de pyjama), range quelques trucs qui traînent.
Supportant difficilement le poids de mon Bébé, j'accepte finalement l'aide de mon fils en or, qui était résolu à demeurer à la maison de toute façon et qui avait pris soin de ne pas se préparer de sandwich.
Il accompagnera ses frères à l'école, puis reviendra me prêter main forte pour l'avant-midi en attendant le retour de Grand-Homme.
Mon beau Grand-Charme me prend à part et me confie :"Maman, tu sais, chaque matin, on arrive en retard à l'école parce que Petit Caractère et Douceur s'arrêtent pour compter chaque pipi et chaque crotte de chien dans la neige. Et quand il pleut, ils comptent les vers de terre dans les flaques d'eau. C'est pour ça que c'est long arriver à l'école, parce que je dois toujours les attendre. Au moins, ce matin, je n'arriverai pas en retard à cause d'eux."
Que rajouter de plus? J'adore cet enfant.
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Enfants
lundi, janvier 22, 2007
Deux soeurs
Assise dans un café, je tente de venir à bout de cette analyse marketing.
Ce café, c'est l'endroit idéal pour une concentration optimale. À des lieues du bordel et des insupportables murs de ma maison, mon esprit devient libre et mes capacités, décuplées.
Or, cet après-midi, deux femmes viennent s'asseoir près de moi. Apparemment, deux soeurs. L'une semble dans la mi-cinquantaine et l'autre a probablement passé le cap des soixantes ans.
La plus veille est du genre aigrie. Le genre de femme au visage fermé qui pourrait se sentir persécutée pour un rien. Le genre de femme que je ne peux supporter.
Je fais de mon mieux pour demeurer concentrée et en finir avec la rédaction de ce travail qui est en train de me dévorer de l'intérieur.
Selon ce que je comprends de la situation à côté de moi, la plus jeune des soeurs a invité son aînée à prendre un café pour discuter d'une situation familiale conflictuelle qui perturbe toute la fratrie et qui lui pèse beaucoup.
Mais bon, ce sont pas mes oignons. Et il y a mon travail à terminer...analyse de l'environnement interne...mix marketing...orientation stratégique....management...
Les deux femmes parlent. Le genre de discussion où l'on a envie de livrer ses tripes, mais où on le fait avec prudence, sur le frein.
L'aînée ne semble pas habituée à mettre des émotions sur table. Elle prend une grande respiration et de son mieux, livre. Tranquillement. Elle parle de la situation actuelle. De tous les reproches que ses frères, soeurs et parents lui font. Elle semble bonasse, celle qui oublie de vivre pour accomoder les autres. Elle semble ne plus trop savoir ce qu'on attend d'elle.
Analyse de l'environnement externe... démographie... culture... société... technologie... écologie... politique...
Je ne peux m'empêcher de l'observer. Plus je l'écoute, plus ses propos livrés tout doucement me touchent.
Elle parle de son statut d'aînée qui a été retirée de l'école pour aider leur mère à s'occuper des plus jeunes. Elle raconte ses nuits où, âgée d'à peine dix ans, elle devait se lever pour s'occuper des bébés pour que sa mère puisse récupérer.
Elle ne semble pas amère de cela. Je crois comprendre qu'elle espère simplement un peu d'indulgence à son égard, une forme minimale de reconnaissance pour son dévouement sans failles aux "plus jeunes". Elle trouve difficile que ces "plus jeunes" soient aujourd'hui si ingrats et que ce soit toujours sur elle que l'on tape.
Ceci livré avec naturel, sans accusation, juste un partage de vécu livré avec sincérité.
Analyse des forces et des faiblesses de l'entreprise, analyse des occasions d'affaires...enjeux...
La plus jeune des soeurs m'apparaît plus scolarisée. Elle semble relativiser certains points, offrir à son aînée une certaine reconnaissance sans tomber dans l'indésirable appitoiement.
Je suis prise de compassion pour l'aînée. Elle explique que quelques jours après une sérieuse opération au foie qu'elle a dû subir, son frère venait la bousculer au lit pour obtenir son déjeuner.
Faiblement, elle commente à sa cadette: "Il avait neuf ans, il me semble qu'il aurait pu se le préparer son déjeuner, pour cette fois..."
Le coeur me serre pour elle qui semble n'avoir jamais reçu un minimum de considération et de compassion. Je pense tendrement à mes enfants.
Je me dis que cette femme dans la soixantaine porte encore des blessures d'enfant avec lesquelles elle a appris à vivre, mais qui sont toujours aussi vives dès que l'on gratte un peu malgré les années. En dépit de ses blessures, sa conduite est dictée par les attentes que l'on entretient à son égard, elle, la digne aînée.
Je balaie rapidement mon quotidien, tente d'évaluer si, dans la vie que j'offre à mes enfants, certaines de mes actions (autre que les coups de barre de fer que j'inflige à mes petits qui ne mangent pas leurs brocolis) ou inactions de mère sont suffisamment puissantes pour que mes enfants soient aussi perturbés que cette femme dans cinquante ans.
Dans quelques années, une inconuue dans un café s'émeuvera-t-elle devant mes fils élaborant sur les blessures profondes issues du fait que je leur aie toujours refusé le tant convoité Nintendo? Mon aîné expliquera-t-il à ses frères à quel point il fut blessé de devoir plier des vêtements tandis qu'eux s'amusaient, insouciants ou alors qu'il devait pelleter péniblement alors qu'eux en étaient exemptés?
La cadette quitte la table un moment. L'aînée tourne son regard vers moi. Je m'attendais à un air bête vu son aigreur apparente, mais étonnamment, elle me sourit. Je lui offre mon plus sincère sourire.
La cadette revient, puis les deux repartent ensembles.
Voilà ma séance d'écorniflage terminée et mon analyse n'est toujours pas complète.
Ce café, c'est l'endroit idéal pour une concentration optimale. À des lieues du bordel et des insupportables murs de ma maison, mon esprit devient libre et mes capacités, décuplées.
Or, cet après-midi, deux femmes viennent s'asseoir près de moi. Apparemment, deux soeurs. L'une semble dans la mi-cinquantaine et l'autre a probablement passé le cap des soixantes ans.
La plus veille est du genre aigrie. Le genre de femme au visage fermé qui pourrait se sentir persécutée pour un rien. Le genre de femme que je ne peux supporter.
Je fais de mon mieux pour demeurer concentrée et en finir avec la rédaction de ce travail qui est en train de me dévorer de l'intérieur.
Selon ce que je comprends de la situation à côté de moi, la plus jeune des soeurs a invité son aînée à prendre un café pour discuter d'une situation familiale conflictuelle qui perturbe toute la fratrie et qui lui pèse beaucoup.
Mais bon, ce sont pas mes oignons. Et il y a mon travail à terminer...analyse de l'environnement interne...mix marketing...orientation stratégique....management...
Les deux femmes parlent. Le genre de discussion où l'on a envie de livrer ses tripes, mais où on le fait avec prudence, sur le frein.
L'aînée ne semble pas habituée à mettre des émotions sur table. Elle prend une grande respiration et de son mieux, livre. Tranquillement. Elle parle de la situation actuelle. De tous les reproches que ses frères, soeurs et parents lui font. Elle semble bonasse, celle qui oublie de vivre pour accomoder les autres. Elle semble ne plus trop savoir ce qu'on attend d'elle.
Analyse de l'environnement externe... démographie... culture... société... technologie... écologie... politique...
Je ne peux m'empêcher de l'observer. Plus je l'écoute, plus ses propos livrés tout doucement me touchent.
Elle parle de son statut d'aînée qui a été retirée de l'école pour aider leur mère à s'occuper des plus jeunes. Elle raconte ses nuits où, âgée d'à peine dix ans, elle devait se lever pour s'occuper des bébés pour que sa mère puisse récupérer.
Elle ne semble pas amère de cela. Je crois comprendre qu'elle espère simplement un peu d'indulgence à son égard, une forme minimale de reconnaissance pour son dévouement sans failles aux "plus jeunes". Elle trouve difficile que ces "plus jeunes" soient aujourd'hui si ingrats et que ce soit toujours sur elle que l'on tape.
Ceci livré avec naturel, sans accusation, juste un partage de vécu livré avec sincérité.
Analyse des forces et des faiblesses de l'entreprise, analyse des occasions d'affaires...enjeux...
La plus jeune des soeurs m'apparaît plus scolarisée. Elle semble relativiser certains points, offrir à son aînée une certaine reconnaissance sans tomber dans l'indésirable appitoiement.
Je suis prise de compassion pour l'aînée. Elle explique que quelques jours après une sérieuse opération au foie qu'elle a dû subir, son frère venait la bousculer au lit pour obtenir son déjeuner.
Faiblement, elle commente à sa cadette: "Il avait neuf ans, il me semble qu'il aurait pu se le préparer son déjeuner, pour cette fois..."
Le coeur me serre pour elle qui semble n'avoir jamais reçu un minimum de considération et de compassion. Je pense tendrement à mes enfants.
Je me dis que cette femme dans la soixantaine porte encore des blessures d'enfant avec lesquelles elle a appris à vivre, mais qui sont toujours aussi vives dès que l'on gratte un peu malgré les années. En dépit de ses blessures, sa conduite est dictée par les attentes que l'on entretient à son égard, elle, la digne aînée.
Je balaie rapidement mon quotidien, tente d'évaluer si, dans la vie que j'offre à mes enfants, certaines de mes actions (autre que les coups de barre de fer que j'inflige à mes petits qui ne mangent pas leurs brocolis) ou inactions de mère sont suffisamment puissantes pour que mes enfants soient aussi perturbés que cette femme dans cinquante ans.
Dans quelques années, une inconuue dans un café s'émeuvera-t-elle devant mes fils élaborant sur les blessures profondes issues du fait que je leur aie toujours refusé le tant convoité Nintendo? Mon aîné expliquera-t-il à ses frères à quel point il fut blessé de devoir plier des vêtements tandis qu'eux s'amusaient, insouciants ou alors qu'il devait pelleter péniblement alors qu'eux en étaient exemptés?
La cadette quitte la table un moment. L'aînée tourne son regard vers moi. Je m'attendais à un air bête vu son aigreur apparente, mais étonnamment, elle me sourit. Je lui offre mon plus sincère sourire.
La cadette revient, puis les deux repartent ensembles.
Voilà ma séance d'écorniflage terminée et mon analyse n'est toujours pas complète.
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Réflexions
samedi, janvier 20, 2007
Ami, remplis mon verre...
Notre sortie d'amoureux à la Tohu est à l'eau ce soir à cause des caprices d'une voiture.
N'empêche, une fondue en amoureux, c'est toujours agréable.
Toutefois, pas de voiture, pas de possibilité d'aller chercher une bonne bouteille.
Qu'à cela ne tienne! Que peut-on faire avec le (trop) maigre inventaire d'alcool que nous tenons ici?
Grand-Homme, muni de sa volonté, nous a concocté un drink imbuvable à base de Ricard, de jus d'orange et de grenadine.
Tant qu'à n'être pas équipés, assumons-nous et soyons-le jusqu'au bout: n'est-ce pas charmant d'observer son homme mesurer les quantités précises d'alcool avec un biberon gradué?
L'art de faire avec les moyens du bord!
N'empêche, une fondue en amoureux, c'est toujours agréable.
Toutefois, pas de voiture, pas de possibilité d'aller chercher une bonne bouteille.
Qu'à cela ne tienne! Que peut-on faire avec le (trop) maigre inventaire d'alcool que nous tenons ici?
Grand-Homme, muni de sa volonté, nous a concocté un drink imbuvable à base de Ricard, de jus d'orange et de grenadine.
Tant qu'à n'être pas équipés, assumons-nous et soyons-le jusqu'au bout: n'est-ce pas charmant d'observer son homme mesurer les quantités précises d'alcool avec un biberon gradué?
L'art de faire avec les moyens du bord!
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Tranches de vie
vendredi, janvier 19, 2007
Beding, bedang. Crac.
Douceur: "Maman, un jour, j'ai rêvé qu'il y avait un corbeau sur le lampadaire en face de la maison. Et Zattara (notre chat) est passé juste en-dessous."
Grande-Dame -Ah oui? Et c'était avant ou après que Zattara nous ait quitté?
Douceur -Un peu avant, je crois.
Grande-Dame -Eh bien j'ai l'impression que tu as fait un rêve prémonitoire! Le corbeau est souvent symbole de la mort...
***
La soirée tire à sa fin. Génial, car je n'ai plus une once de patience. Soixante pourcent des enfants sont couchés.
Bébé hurle de son lit. Mais où donc sont les suces quand on a besoin d'elles? Merde.
Je descends, prends bébé contre moi. La magie fait son effet. Bébé redevient joyeux. Il repart gambader tandis que nous sommes plusieurs à discuter en tentant d'élucider le mystère des suces.
Au bout de quelques minutes: beding, bedang. Crac.
Hurlement de Bébé. Il vient de monter -et redescendre les escaliers bien malgré lui.
Hurlements et pleurs incessants. On tente en vain de le consoler.
Grand-Charme n'aime pas voir son bébé frère pleurer. Il tente de le faire rire, va chercher son cochon d'Inde, qui captive toujours son attention. Mais pas cette fois.
On tâte Bébé et soupçonne une fracture. Il ne cesse de hurler et c'est pire dès qu'on le bouge.
Appelle Papi, appelle la voisine. On est stressés, on attend de partir pour l'hôpital. Même scénario que lorsque Thomas est mort.
Les larmes de Grand-Charme se mettent à couler, puis les sanglots: "Il va mourir! Maman, est-ce qu'il va mourir lui aussi? Fils aîné dit qu'on peut mourir quand on se fracture la clavicule. Je sais pas quoi faire pour aider maman, je me sens impuissant! Je veux pas qu'il meurt, maman..."
Je serre mon fils de neuf ans dans un bras, autant cela se peut avec un bébé raide de douleur qui hurle dans l'autre: "Ne t'inquiète pas, il ne mourra pas. C'est un os, ça va se réparer. Comme les tiens. On n'aime pas voir ceux qu'on aime avoir mal, hein?"
Mes paroles ne parviennent pas à rassurer mon grand sensible, trop familier avec ce contexte, cette angoisse.
Je monte, enveloppe Bébé dans deux couvertures.
Douceur sort de sa chambre, inquiet -Maman! J'ai rêvé à un vautour la nuit passée...est-ce que ça veut dire que Bébé va mourir?
Grande-Dame -Non, il ne va pas mourir. Ne t'inquiète pas. On va simplemenet aller prendre des radiographies pour savoir de quelle façon son os s'est brisé.
Petit Caractère sort de la chambre à son tour -Maman, Bébé va mourir?
Douceur -Oui mais maman, tu te souviens, Zattara et le corbeau...
Bébé -Ouin, Ouiiiiiiin, aaaaahouiiiiiiin (...)
Grande-Dame -Les garçons, Bébé ne va pas mourir. Vous pouvez aller dormir tranquilles. Il s'est brisé un os. Vous vous souvenez de Catherine? Elle s'est déjà brisé le même os et elle est encore vivante, n'est-ce pas?
Les mousquetaires viennent embrasser tendrement leur bébé frère et retournent au lit. La voisine arrive. On part.
***
Ce matin, dès leur réveil, ils ont tous accouru voir Bébé dans notre lit. Fiouu! Il était là, bien vivant. Un peu limité dans ses mouvements, mais bien vivant.
Soupir d'amour collectif.
Grande-Dame -Ah oui? Et c'était avant ou après que Zattara nous ait quitté?
Douceur -Un peu avant, je crois.
Grande-Dame -Eh bien j'ai l'impression que tu as fait un rêve prémonitoire! Le corbeau est souvent symbole de la mort...
***
La soirée tire à sa fin. Génial, car je n'ai plus une once de patience. Soixante pourcent des enfants sont couchés.
Bébé hurle de son lit. Mais où donc sont les suces quand on a besoin d'elles? Merde.
Je descends, prends bébé contre moi. La magie fait son effet. Bébé redevient joyeux. Il repart gambader tandis que nous sommes plusieurs à discuter en tentant d'élucider le mystère des suces.
Au bout de quelques minutes: beding, bedang. Crac.
Hurlement de Bébé. Il vient de monter -et redescendre les escaliers bien malgré lui.
Hurlements et pleurs incessants. On tente en vain de le consoler.
Grand-Charme n'aime pas voir son bébé frère pleurer. Il tente de le faire rire, va chercher son cochon d'Inde, qui captive toujours son attention. Mais pas cette fois.
On tâte Bébé et soupçonne une fracture. Il ne cesse de hurler et c'est pire dès qu'on le bouge.
Appelle Papi, appelle la voisine. On est stressés, on attend de partir pour l'hôpital. Même scénario que lorsque Thomas est mort.
Les larmes de Grand-Charme se mettent à couler, puis les sanglots: "Il va mourir! Maman, est-ce qu'il va mourir lui aussi? Fils aîné dit qu'on peut mourir quand on se fracture la clavicule. Je sais pas quoi faire pour aider maman, je me sens impuissant! Je veux pas qu'il meurt, maman..."
Je serre mon fils de neuf ans dans un bras, autant cela se peut avec un bébé raide de douleur qui hurle dans l'autre: "Ne t'inquiète pas, il ne mourra pas. C'est un os, ça va se réparer. Comme les tiens. On n'aime pas voir ceux qu'on aime avoir mal, hein?"
Mes paroles ne parviennent pas à rassurer mon grand sensible, trop familier avec ce contexte, cette angoisse.
Je monte, enveloppe Bébé dans deux couvertures.
Douceur sort de sa chambre, inquiet -Maman! J'ai rêvé à un vautour la nuit passée...est-ce que ça veut dire que Bébé va mourir?
Grande-Dame -Non, il ne va pas mourir. Ne t'inquiète pas. On va simplemenet aller prendre des radiographies pour savoir de quelle façon son os s'est brisé.
Petit Caractère sort de la chambre à son tour -Maman, Bébé va mourir?
Douceur -Oui mais maman, tu te souviens, Zattara et le corbeau...
Bébé -Ouin, Ouiiiiiiin, aaaaahouiiiiiiin (...)
Grande-Dame -Les garçons, Bébé ne va pas mourir. Vous pouvez aller dormir tranquilles. Il s'est brisé un os. Vous vous souvenez de Catherine? Elle s'est déjà brisé le même os et elle est encore vivante, n'est-ce pas?
Les mousquetaires viennent embrasser tendrement leur bébé frère et retournent au lit. La voisine arrive. On part.
***
Ce matin, dès leur réveil, ils ont tous accouru voir Bébé dans notre lit. Fiouu! Il était là, bien vivant. Un peu limité dans ses mouvements, mais bien vivant.
Soupir d'amour collectif.
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Enfants
jeudi, janvier 18, 2007
Plaisir égoïste
Mon homme est Authenticité. C'est d'abord sa vertu, son esprit vif, son intégrité et la profondeur de son sens des valeurs qui m'ont allumée chez lui.
Je suis admirative devant cet homme articulé et ambitieux qui trouve la plupart du temps réponse à tout. La vivacité de ses réparties me fait sourire et me séduit. M'exaspère aussi, parfois, mais uniquement lorsque j'en perds moi-même mes mots. Mon homme aime bien se complaire dans sa suprématie et son narcissisme parfois suffisant. À une certaine époque, je ne l'avais jamais vu dans une position de vulnérabilité.
Parfois, il est agréablement jouissif de se le remémorer.
***
À notre ancien travail, notre petit groupe de collègues avait un péché mignon: les scénarios finement montés au téléphone pour faire marcher l'un ou l'autre. Il avait lui-même participé à plusieurs des scénarios en tant qu'acteur.
Un jour, son tour vint inévitablement. Un collègue se creusait les méninges pour tenter de trouver un scénario crédible et surtout, suffisamment puissant pour déjouer la grande lucidité de mon homme.
Je lui donnai un coup de pouce en lui tendant un nom et un numéro de téléphone. Il s'agissait du nom d'un automobiliste avec lequel nous avions eu un léger accrochage quelques jours plus tôt sans qu'il n'y ait pour autant de dommages.
Nous avions pris nos coordonnées mutuelles, "juste au cas".
Je fis un briefing express au collègue pour lui permettre d'en teinter son scénario.
Une fois le scénario monté -et approuvé, nous convinrent d'une date. La torture téléphonique se passerait le lendemain soir.
J'étais absente ce soir-là, mais tout se déroula tel que prévu: le complice téléphona à Grand-Homme, livra avec une crédibilité et une assurance remarquables ce qu'il avait à livrer, puis raccrocha. Le "gars de l'accrochage" était un opportuniste de bas niveau qui voulait faire un coup d'argent vite fait sur notre dos!
Aterré, Grand-Homme jugea la chose suffisamment inquiétante pour me déranger à mon rendez-vous.
Je tentai de surpasser mes médiocres talents de comédienne pour remplir ma part du mandat et ne pas bousiller le scénario qui semblait se dérouler, jusque là, à merveille.
J'étais à un rendez-vous très sérieux, mais je ne pouvais tout de même me permettre de ne pas répondre.
Grande-Dame -Allo?
Grand-Homme, paniqué -Je viens d'avoir un téléphone: M. Untel, avec qui nous avons eu un accrochage. Il nous réclame un total de XXXX.XX$ pour des dommages causés à son véhicule. Il m'a donné toute une liste des pièces endommagées (élément-béton pour impressionner un homme qui ne connait strictement rien à la mécanique automobile) avec les montants respectifs. Il réclame aussi un montant pour perte de jouissance.
Grande-Dame, en tentative de contrôle de son fou rire inopportun -Euh... Ça n'a aucun bon sens! FFfhh! Ben voyons donc! On peut en rediscuter tantôt?
Grand-Homme -Ce n'est pas tout.
Grande-Dame -...?
Grand-Homme -Il affirme que ça sentait la boisson à plein nez dans la voiture.
À ce moment, j'eus une pensée pour l'ingéniosité de mon bouffon de collègue. Je tentai de doubler les efforts pour garder mon sérieux.
Grande-Dame -Aucun bon sens! Quel con! Grand-Homme, je ne peux pas te parler maintenant... "Tu sais ce qu'on va faire? On va surtout pas se décourager. On va trouver une solution(merci au papa de Caillou)".
Une heure plus tard, je terminai mon rendez-vous, saisis illico le cellulaire et téléphonai au collègue :"Écoute, ça prend des proportions beaucoup plus grandes que je ne l'avais anticipé. Il est au bord de la crise de nerfs. Je vais peut-être devoir lui avouer ce soir...."
Le collègue, impitoyable -Essaie quand même d'étirer un peu le plaisir...
De retour à la maison, Grand-Homme se bercait stoïquement. Son calme trahissait une grande panique intérieure. Je devinai l'ampleur de la soirée d'angoisse.
Je m'agenouillai près de lui, enfouis ma tête entre ses genoux pour cacher mon visage et étouffer mon fou rire.
Avec mon empathie habituelle, je l'écoutai me parler de toutes les démarches et des coups de téléphone passés dans la soirée pour nous sortir du pétrin. Une amoureuse soutenante, bienveillante, présente. Comme toujours, je fus merveilleuse.
Le téléphone sonna. C'était son père, qui avait fait lui aussi des démarches de son côté. Son père le rassura: impossible de réclamer quoi que ce soit, il est protégé par une clause X de la SAAQ.
Grand-Homme fut un brin soulagé, mais quand même fort tendu. M. Untel avait l'air, lui aussi, impitoyable. Pas du genre à lâcher prise facilement. Et l'histoire de l'odeur d'alcool dans la voiture, quoi de plus angoissant, d'autant plus que Grand-Homme n'avait que son permis temporaire à cette époque!
Coupable, je finis par interrompre sa discussion téléphonique pour tout lui avouer et faire tomber son insoutenable tension. C'était tellement insupportable pour ma si petite nature de le voir dans un état pareil!
Il mit plusieurs minutes à digérer l'arnaque et calmer sa colère.
Puis, sa fierté l'emporta et il décida de se venger.
***
De retour au bureau le lendemain, Grand-Homme, d'un pas décidé, alla droit à la rencontre du collègue arnaqueur et l'entraîna dans la salle de conférence: "Grande-Dame m'a tout avoué. Là, je suis désolé, mais c'est moi qui vais devoir te réclamer un montant. Sous le coup de la panique, j'ai dû consulter un avocat d'urgence hier soir. Je dois donc te réclamer 100$, excluant les frais de gardiennage de dernière minute.
Le collègue fut extrêmement mal à l'aise de la tournure des évènements et moi, coincée, mi-amusée/mi-embarrassée, entre mon complice et ma loyauté amoureuse.
Inévitablement, le collègue vint me voir pour me réclamer la moitié de ce que mon homme lui réclamait.
Pendant une longue journée, à son tour, Grand-Homme laissa patauger le collègue dans l'angoisse de la dette inattendue. Cruellement. Jouissivement.
Puis, les masques tombèrent volontairement à la dernière minute. La tension professionnelle et relationnelle également.
Ce fut la dernière arnaque de notre petit groupe. Et aussi la plus délicieuse. Celle qui possède encore le pouvoir de me faire sourire insolemment dans les occasionnels excès de suffisance de mon cher amoureux.
Je suis admirative devant cet homme articulé et ambitieux qui trouve la plupart du temps réponse à tout. La vivacité de ses réparties me fait sourire et me séduit. M'exaspère aussi, parfois, mais uniquement lorsque j'en perds moi-même mes mots. Mon homme aime bien se complaire dans sa suprématie et son narcissisme parfois suffisant. À une certaine époque, je ne l'avais jamais vu dans une position de vulnérabilité.
Parfois, il est agréablement jouissif de se le remémorer.
***
À notre ancien travail, notre petit groupe de collègues avait un péché mignon: les scénarios finement montés au téléphone pour faire marcher l'un ou l'autre. Il avait lui-même participé à plusieurs des scénarios en tant qu'acteur.
Un jour, son tour vint inévitablement. Un collègue se creusait les méninges pour tenter de trouver un scénario crédible et surtout, suffisamment puissant pour déjouer la grande lucidité de mon homme.
Je lui donnai un coup de pouce en lui tendant un nom et un numéro de téléphone. Il s'agissait du nom d'un automobiliste avec lequel nous avions eu un léger accrochage quelques jours plus tôt sans qu'il n'y ait pour autant de dommages.
Nous avions pris nos coordonnées mutuelles, "juste au cas".
Je fis un briefing express au collègue pour lui permettre d'en teinter son scénario.
Une fois le scénario monté -et approuvé, nous convinrent d'une date. La torture téléphonique se passerait le lendemain soir.
J'étais absente ce soir-là, mais tout se déroula tel que prévu: le complice téléphona à Grand-Homme, livra avec une crédibilité et une assurance remarquables ce qu'il avait à livrer, puis raccrocha. Le "gars de l'accrochage" était un opportuniste de bas niveau qui voulait faire un coup d'argent vite fait sur notre dos!
Aterré, Grand-Homme jugea la chose suffisamment inquiétante pour me déranger à mon rendez-vous.
Je tentai de surpasser mes médiocres talents de comédienne pour remplir ma part du mandat et ne pas bousiller le scénario qui semblait se dérouler, jusque là, à merveille.
J'étais à un rendez-vous très sérieux, mais je ne pouvais tout de même me permettre de ne pas répondre.
Grande-Dame -Allo?
Grand-Homme, paniqué -Je viens d'avoir un téléphone: M. Untel, avec qui nous avons eu un accrochage. Il nous réclame un total de XXXX.XX$ pour des dommages causés à son véhicule. Il m'a donné toute une liste des pièces endommagées (élément-béton pour impressionner un homme qui ne connait strictement rien à la mécanique automobile) avec les montants respectifs. Il réclame aussi un montant pour perte de jouissance.
Grande-Dame, en tentative de contrôle de son fou rire inopportun -Euh... Ça n'a aucun bon sens! FFfhh! Ben voyons donc! On peut en rediscuter tantôt?
Grand-Homme -Ce n'est pas tout.
Grande-Dame -...?
Grand-Homme -Il affirme que ça sentait la boisson à plein nez dans la voiture.
À ce moment, j'eus une pensée pour l'ingéniosité de mon bouffon de collègue. Je tentai de doubler les efforts pour garder mon sérieux.
Grande-Dame -Aucun bon sens! Quel con! Grand-Homme, je ne peux pas te parler maintenant... "Tu sais ce qu'on va faire? On va surtout pas se décourager. On va trouver une solution(merci au papa de Caillou)".
Une heure plus tard, je terminai mon rendez-vous, saisis illico le cellulaire et téléphonai au collègue :"Écoute, ça prend des proportions beaucoup plus grandes que je ne l'avais anticipé. Il est au bord de la crise de nerfs. Je vais peut-être devoir lui avouer ce soir...."
Le collègue, impitoyable -Essaie quand même d'étirer un peu le plaisir...
De retour à la maison, Grand-Homme se bercait stoïquement. Son calme trahissait une grande panique intérieure. Je devinai l'ampleur de la soirée d'angoisse.
Je m'agenouillai près de lui, enfouis ma tête entre ses genoux pour cacher mon visage et étouffer mon fou rire.
Avec mon empathie habituelle, je l'écoutai me parler de toutes les démarches et des coups de téléphone passés dans la soirée pour nous sortir du pétrin. Une amoureuse soutenante, bienveillante, présente. Comme toujours, je fus merveilleuse.
Le téléphone sonna. C'était son père, qui avait fait lui aussi des démarches de son côté. Son père le rassura: impossible de réclamer quoi que ce soit, il est protégé par une clause X de la SAAQ.
Grand-Homme fut un brin soulagé, mais quand même fort tendu. M. Untel avait l'air, lui aussi, impitoyable. Pas du genre à lâcher prise facilement. Et l'histoire de l'odeur d'alcool dans la voiture, quoi de plus angoissant, d'autant plus que Grand-Homme n'avait que son permis temporaire à cette époque!
Coupable, je finis par interrompre sa discussion téléphonique pour tout lui avouer et faire tomber son insoutenable tension. C'était tellement insupportable pour ma si petite nature de le voir dans un état pareil!
Il mit plusieurs minutes à digérer l'arnaque et calmer sa colère.
Puis, sa fierté l'emporta et il décida de se venger.
***
De retour au bureau le lendemain, Grand-Homme, d'un pas décidé, alla droit à la rencontre du collègue arnaqueur et l'entraîna dans la salle de conférence: "Grande-Dame m'a tout avoué. Là, je suis désolé, mais c'est moi qui vais devoir te réclamer un montant. Sous le coup de la panique, j'ai dû consulter un avocat d'urgence hier soir. Je dois donc te réclamer 100$, excluant les frais de gardiennage de dernière minute.
Le collègue fut extrêmement mal à l'aise de la tournure des évènements et moi, coincée, mi-amusée/mi-embarrassée, entre mon complice et ma loyauté amoureuse.
Inévitablement, le collègue vint me voir pour me réclamer la moitié de ce que mon homme lui réclamait.
Pendant une longue journée, à son tour, Grand-Homme laissa patauger le collègue dans l'angoisse de la dette inattendue. Cruellement. Jouissivement.
Puis, les masques tombèrent volontairement à la dernière minute. La tension professionnelle et relationnelle également.
Ce fut la dernière arnaque de notre petit groupe. Et aussi la plus délicieuse. Celle qui possède encore le pouvoir de me faire sourire insolemment dans les occasionnels excès de suffisance de mon cher amoureux.
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Tranches de vie
mercredi, janvier 17, 2007
La bravoure du Fils
Il est l'aîné de la famille, c'est donc naturel qu'il soit le plus fort. Il se dit aussi le plus intelligent. Le plus beau. Le plus responsable. En tout supérieur aux autres.
Ne tentez pas de démontrer que ses frères aussi ont des forces, il vous démontrera qu'il est sans égal. Un Gibraltar. Tout de roc et de force.
N'allez pas lui dire qu'il est peureux, il vous répondra, persuadé d'avoir raison, qu'il est INTUITIF.
***
Téléphone cellulaire qui sonne.
-Allo ?
-Allo, Grand-Homme ? Où est-ce que vous êtes ?
-Ha ! Salut Fils-Aîné. De retour à la maison ? On fait des courses. Grande-Dame est à l’épicerie et j’attends avec Bébé-bougonneux dans l’auto. Ensuite on arrête prendre tes frères à l’école et on rentre à la maison.
-… Ça va être long..? (ton suspect transpirant une certaine détresse)
-Peut-être une quinzaine de minutes. Est-ce que ça va ?
Bref silence.
-Ben… Quand je suis arrivé à la maison, tu n’avais pas verrouillé la porte.
-Ah ! C’est un oubli.
-Mais là moi, la première chose que j’ai pensé c’est qu’un voleur était entré dans la maison. Alors j’ai pris le pied-de-biche et j’ai couru dans toutes les pièces de la maison pour voir si il y avait quelqu’un.
-Et il n’y avait personne ? (ton un peu amusé qui tente de se faire rassurant !)
-J’ai entendu deux bruits en bas, alors j’ai couru et j’ai vu de la lumière dans ta chambre, donc j’ai été voir au cas où ce serait un voleur.
-Bon… donc tu n’as trouvé personne. Tu es rassuré là ?
Encore un bref silence.
-Ben là je suis embarré dans la salle de bain.
-Quoi ?
-Je me suis embarré dans la salle de bain avec le pied-de-biche.
-(franchement amusé) Tu es dans la salle de bain avec le pied-de-biche ?
Embarrassé d’avoir affiché sa position vulnérable, Fils-Aîné tente de justifier sa posture :
-Ben, c’est parce que je suis… en train de déféquer**…
-(De plus en plus amusé) Attends ! Tu es en train de me dire que tu me parles alors que tu travailles à l'expulsion***, dans la salle de bain, avec le pied-de-biche ???
-…ouais…
-Bon, ok ! (il ne faut pas trop en mettre, il est déjà sur les nerfs)
Alors ne t’inquiète pas, on s’en vient bientôt. Si tu as peur tu peux venir à pieds nous rejoindre à l’école de tes frères.
-J’ai pas peur !, affirme-t-il, indiscutable.
-Parfait. (sic) Alors on se voit tantôt.
Dix minutes plus tard, dans le stationnement de l’école des petits frères, le téléphone fait retentir à nouveau sa mélodie. Même si la sonnerie est toujours la même, il existe des moments où la sonnerie a une vibration différente, transmettant instantanément la détresse de celui au bout du fil.
-Allo ?
-Vous êtes où là ?
-À l’école de tes frères. Qu’est-ce qui se passe ? Tu n’es toujours pas rassuré ?
-Ben là, j’ai entendu deux bruits de choses qu’on bouscule dans le rangement, au sous-sol. C’est sûr qu’il y a quelqu’un.
-Ah oui ? Tu crois ?
Moment de déception au bout du fil. Fils-Aîné comprend que je ne partage pas son avis sur la présence d’un voleur au sous-sol. Il comprend donc, comme des centaines de jeunes garçons avant lui, que la peur qui le ronge est probablement irrationnelle, mais il ne peut s’en défaire. Il préfère s’accrocher à la possibilité qu’un individu soit caché au sous-sol, un voleur préférant se terrer plutôt que de faire face à un préadolescent tremblant armé d’un pied-de-biche, un voleur qui croît que ses chances de survie sont meilleures s’il reste caché à l’intérieur de la maison plutôt que de fuir par une fenêtre pour éviter de se faire prendre. S’il existait, Fils-Aîné pourrait ainsi prouver à ses parents, comme bien d’autres ont souhaité le prouver, que sa peur était légitime et que ses parents auraient dû accourir à sa rescousse.
-En tout cas, Grand-Homme, s’il sort du rangement, il va y gouter parce que je suis armé jusqu’aux dents.
Parenthèse au lecteur: Le rangement est une grande pièce bordélique où sont entreposés en vrac toute boîte, tout sac, outil, bidule que l'on n'arrive pas à caser ailleurs.
Au fond du rangement: la fournaise. Cerise sur le sundae: la lumière du rangement fonctionne une fois sur deux, et la fois où elle fonctionne, elle vascille, grésille, s'éteint, se rallume, clignote. Bref, le rangement, c'est le twilight zone. L'endroit idéal pour un ennemi. N'y entrent que les braves. Ou les peureux armés jusqu'aux dents.
-(inquiet) Qu’est-ce que tu as pour te « défendre » ?
-Tu verras quand vous arriverez.
-(encore plus inquiet) Dis-moi exactement ce que tu as pris pour « t’armer ».
-J’ai le pied-de-biche, l’autre petit pied-de-biche, le couteau le plus long que j’ai trouvé, puis j’ai mis le casque de hockey.
-Bon, alors reste calme, assure-toi de ne rien briser et de rester prudent. On s’en vient bientôt.
-Ok, salut.
-------------------------------------------------
Arrivés à la maison, les petits frères sont excités et moqueurs, sont fébriles de voir leur grand frère en pleine crise de peur et s’imaginant des scénarios fous. Grand-Charme veut aller cogner dans les fenêtres à l’arrière de la maison pour effrayer son aîné et nous supplie sans succès de stationner la voiture hors de vue de Fils-Aîné.
Stationnés devant la porte, Grande-Dame et moi pouffons de rire en apercevant un casque de hockey faire les cent pas dans la cuisine. Et le spectacle ne fut pas moins rigolo une fois à l’intérieur.
Derrière la grille du casque de hockey, la figure de Fils-Aîné, affichant un sourire mi-embarrassé, mi-fier de sa grande capacité à avoir résisté à l’envahisseur. Dans ses mains, un solide pied-de-biche qui semblait supplier qu’on le serre un peu moins fort. Accroché à une ganse du pantalon, le petit pied-de-biche qui pendait, juste à coté du plus grand couteau de la maison qui se trouvait dans sa poche. De l’autre poche, l’antenne du téléphone sans fil trahissait sa présence. Et pour couronner le tout, il avait passé une cordelette à son cou, au bout de laquelle pendait sur son torse… un couteau à fromage !
-Ben quoi, se défendit-il, en dernier recours, ça m’aurait été utile !
Puis il se détourna pour cacher un sourire gêné.
Entre temps, Grand-Charme se précipita, aussi brave qu’inconscient, vers l’antre du vilain voleur. Il ressortit tout sourire du rangement, en faisant du bruit pour qu’on remarque son geste héroïque et vint se placer juste devant son frère :
-Hey, Fils-Aîné, je viens d’aller voir dans le rangement, sans casque et sans couteau, pis y’a même pas personne !
Grande-Dame, baveuse -Pas peureux, tu dis?
Fils aîné, orgueilleux -Je sais que vous avez de la misère à me croire, mais je suis I-N-T-U-I-T-I-F. Il y avait VRAIMENT quelqu'un. Mais là...il a dû s'enfuir quand il vous a entendu arriver.
Ouais, ouais.
**Adaptation de la bloggeuse
***Adaptation de la bloggeuse
Ne tentez pas de démontrer que ses frères aussi ont des forces, il vous démontrera qu'il est sans égal. Un Gibraltar. Tout de roc et de force.
N'allez pas lui dire qu'il est peureux, il vous répondra, persuadé d'avoir raison, qu'il est INTUITIF.
***
Téléphone cellulaire qui sonne.
-Allo ?
-Allo, Grand-Homme ? Où est-ce que vous êtes ?
-Ha ! Salut Fils-Aîné. De retour à la maison ? On fait des courses. Grande-Dame est à l’épicerie et j’attends avec Bébé-bougonneux dans l’auto. Ensuite on arrête prendre tes frères à l’école et on rentre à la maison.
-… Ça va être long..? (ton suspect transpirant une certaine détresse)
-Peut-être une quinzaine de minutes. Est-ce que ça va ?
Bref silence.
-Ben… Quand je suis arrivé à la maison, tu n’avais pas verrouillé la porte.
-Ah ! C’est un oubli.
-Mais là moi, la première chose que j’ai pensé c’est qu’un voleur était entré dans la maison. Alors j’ai pris le pied-de-biche et j’ai couru dans toutes les pièces de la maison pour voir si il y avait quelqu’un.
-Et il n’y avait personne ? (ton un peu amusé qui tente de se faire rassurant !)
-J’ai entendu deux bruits en bas, alors j’ai couru et j’ai vu de la lumière dans ta chambre, donc j’ai été voir au cas où ce serait un voleur.
-Bon… donc tu n’as trouvé personne. Tu es rassuré là ?
Encore un bref silence.
-Ben là je suis embarré dans la salle de bain.
-Quoi ?
-Je me suis embarré dans la salle de bain avec le pied-de-biche.
-(franchement amusé) Tu es dans la salle de bain avec le pied-de-biche ?
Embarrassé d’avoir affiché sa position vulnérable, Fils-Aîné tente de justifier sa posture :
-Ben, c’est parce que je suis… en train de déféquer**…
-(De plus en plus amusé) Attends ! Tu es en train de me dire que tu me parles alors que tu travailles à l'expulsion***, dans la salle de bain, avec le pied-de-biche ???
-…ouais…
-Bon, ok ! (il ne faut pas trop en mettre, il est déjà sur les nerfs)
Alors ne t’inquiète pas, on s’en vient bientôt. Si tu as peur tu peux venir à pieds nous rejoindre à l’école de tes frères.
-J’ai pas peur !, affirme-t-il, indiscutable.
-Parfait. (sic) Alors on se voit tantôt.
Dix minutes plus tard, dans le stationnement de l’école des petits frères, le téléphone fait retentir à nouveau sa mélodie. Même si la sonnerie est toujours la même, il existe des moments où la sonnerie a une vibration différente, transmettant instantanément la détresse de celui au bout du fil.
-Allo ?
-Vous êtes où là ?
-À l’école de tes frères. Qu’est-ce qui se passe ? Tu n’es toujours pas rassuré ?
-Ben là, j’ai entendu deux bruits de choses qu’on bouscule dans le rangement, au sous-sol. C’est sûr qu’il y a quelqu’un.
-Ah oui ? Tu crois ?
Moment de déception au bout du fil. Fils-Aîné comprend que je ne partage pas son avis sur la présence d’un voleur au sous-sol. Il comprend donc, comme des centaines de jeunes garçons avant lui, que la peur qui le ronge est probablement irrationnelle, mais il ne peut s’en défaire. Il préfère s’accrocher à la possibilité qu’un individu soit caché au sous-sol, un voleur préférant se terrer plutôt que de faire face à un préadolescent tremblant armé d’un pied-de-biche, un voleur qui croît que ses chances de survie sont meilleures s’il reste caché à l’intérieur de la maison plutôt que de fuir par une fenêtre pour éviter de se faire prendre. S’il existait, Fils-Aîné pourrait ainsi prouver à ses parents, comme bien d’autres ont souhaité le prouver, que sa peur était légitime et que ses parents auraient dû accourir à sa rescousse.
-En tout cas, Grand-Homme, s’il sort du rangement, il va y gouter parce que je suis armé jusqu’aux dents.
Parenthèse au lecteur: Le rangement est une grande pièce bordélique où sont entreposés en vrac toute boîte, tout sac, outil, bidule que l'on n'arrive pas à caser ailleurs.
Au fond du rangement: la fournaise. Cerise sur le sundae: la lumière du rangement fonctionne une fois sur deux, et la fois où elle fonctionne, elle vascille, grésille, s'éteint, se rallume, clignote. Bref, le rangement, c'est le twilight zone. L'endroit idéal pour un ennemi. N'y entrent que les braves. Ou les peureux armés jusqu'aux dents.
-(inquiet) Qu’est-ce que tu as pour te « défendre » ?
-Tu verras quand vous arriverez.
-(encore plus inquiet) Dis-moi exactement ce que tu as pris pour « t’armer ».
-J’ai le pied-de-biche, l’autre petit pied-de-biche, le couteau le plus long que j’ai trouvé, puis j’ai mis le casque de hockey.
-Bon, alors reste calme, assure-toi de ne rien briser et de rester prudent. On s’en vient bientôt.
-Ok, salut.
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Arrivés à la maison, les petits frères sont excités et moqueurs, sont fébriles de voir leur grand frère en pleine crise de peur et s’imaginant des scénarios fous. Grand-Charme veut aller cogner dans les fenêtres à l’arrière de la maison pour effrayer son aîné et nous supplie sans succès de stationner la voiture hors de vue de Fils-Aîné.
Stationnés devant la porte, Grande-Dame et moi pouffons de rire en apercevant un casque de hockey faire les cent pas dans la cuisine. Et le spectacle ne fut pas moins rigolo une fois à l’intérieur.
Derrière la grille du casque de hockey, la figure de Fils-Aîné, affichant un sourire mi-embarrassé, mi-fier de sa grande capacité à avoir résisté à l’envahisseur. Dans ses mains, un solide pied-de-biche qui semblait supplier qu’on le serre un peu moins fort. Accroché à une ganse du pantalon, le petit pied-de-biche qui pendait, juste à coté du plus grand couteau de la maison qui se trouvait dans sa poche. De l’autre poche, l’antenne du téléphone sans fil trahissait sa présence. Et pour couronner le tout, il avait passé une cordelette à son cou, au bout de laquelle pendait sur son torse… un couteau à fromage !
-Ben quoi, se défendit-il, en dernier recours, ça m’aurait été utile !
Puis il se détourna pour cacher un sourire gêné.
Entre temps, Grand-Charme se précipita, aussi brave qu’inconscient, vers l’antre du vilain voleur. Il ressortit tout sourire du rangement, en faisant du bruit pour qu’on remarque son geste héroïque et vint se placer juste devant son frère :
-Hey, Fils-Aîné, je viens d’aller voir dans le rangement, sans casque et sans couteau, pis y’a même pas personne !
Grande-Dame, baveuse -Pas peureux, tu dis?
Fils aîné, orgueilleux -Je sais que vous avez de la misère à me croire, mais je suis I-N-T-U-I-T-I-F. Il y avait VRAIMENT quelqu'un. Mais là...il a dû s'enfuir quand il vous a entendu arriver.
Ouais, ouais.
**Adaptation de la bloggeuse
***Adaptation de la bloggeuse
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Enfants
mardi, janvier 16, 2007
Potinage
Deux amoureux, deux amants, même sans geste délibérés, se distinguent nettement de la masse. Dans les effleurements, l'intensité du regard, les petits gestes discrets et freinés, l'amour transpire.
Certains gestes, certaines proximités sont réservés à un certain degré d'intimité.
***
Représentant d'Hydro-Québec à la maison.
Après son discours typiquement "représentant", il demande à mon homme ce qu'il fait comme boulot.
Grand-Homme -Je suis enseignant.
Représentant -Ah bon, dans quel secteur?
Grand-Homme -Dans cette ville, à l'école X.
Représentant -Ah oui? Le directeur de cette école est mon beau-frère, c'est le mari de ma soeur.
Grand-Homme -Ah bon.
***
Grande-Dame revient de la garderie.
Grand-Homme -(...)Le représentant était le beau-frère de mon directeur.
Grande-Dame -Ah bon. Sa soeur, c'est la petite femme aux longs cheveux noirs qui accompagnait le directeur lorsqu'on l'a croisé par "hasard" dans telle circonstance ?
Grand-Homme -Euh...Non. Ça, c'était une éducatrice spécialisée...Elle travaille à l'école...
Grande-Dame, avec son air "incrédulité totale" -"Prof spécialisée", hum? Ils baisent ensemble, c'est évident! Tu as remarqué à quel point ils avaient l'air amoureux?
Grand-Homme, avec son air "J'aurais tendance à le croire" -J'ai tâté le terrain au party de bureau...ils sont toujours ensembles lui et elle, mais bon. On m'a dit qu'il était marié, avait des enfants...
Grande-Dame, avec sa moue désolée -Cocue.
Grand-Homme, tenté de se rendre à l'évidence-Je pense, oui.
Certains gestes, certaines proximités sont réservés à un certain degré d'intimité.
***
Représentant d'Hydro-Québec à la maison.
Après son discours typiquement "représentant", il demande à mon homme ce qu'il fait comme boulot.
Grand-Homme -Je suis enseignant.
Représentant -Ah bon, dans quel secteur?
Grand-Homme -Dans cette ville, à l'école X.
Représentant -Ah oui? Le directeur de cette école est mon beau-frère, c'est le mari de ma soeur.
Grand-Homme -Ah bon.
***
Grande-Dame revient de la garderie.
Grand-Homme -(...)Le représentant était le beau-frère de mon directeur.
Grande-Dame -Ah bon. Sa soeur, c'est la petite femme aux longs cheveux noirs qui accompagnait le directeur lorsqu'on l'a croisé par "hasard" dans telle circonstance ?
Grand-Homme -Euh...Non. Ça, c'était une éducatrice spécialisée...Elle travaille à l'école...
Grande-Dame, avec son air "incrédulité totale" -"Prof spécialisée", hum? Ils baisent ensemble, c'est évident! Tu as remarqué à quel point ils avaient l'air amoureux?
Grand-Homme, avec son air "J'aurais tendance à le croire" -J'ai tâté le terrain au party de bureau...ils sont toujours ensembles lui et elle, mais bon. On m'a dit qu'il était marié, avait des enfants...
Grande-Dame, avec sa moue désolée -Cocue.
Grand-Homme, tenté de se rendre à l'évidence-Je pense, oui.
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Réflexions
lundi, janvier 15, 2007
Panne d'olfaction
Je déteste. J'en suis actuellement affligée. Je suis une olfactive. Chaque jour, je me délecte de la divine odeur de mon homme, je prends des bouffées de mes enfants, juste sur la tempe, là où il y a un discret petit battement.
Ils se lavent tous les cheveux avec le même shampoing, mais ont chacun leur odeur propre. Chaque fois qu'ils viennent vers moi, je les hume en les embrassant. Un réflexe d'olfactive. Je suis animale et les reconnais à l'odeur.
Voilà deux semaines que je suis privée de ce délice, que je ne respire plus l'odeur de ce que je cuisine, que je ne respire plus ni homme ni enfants.
Je ne sens plus l'odeur des couches pleines (croyez-bien que mon homme se fasse un plaisir d'exploiter mon handicap temporaire), plus l'odeur du jambon ou des muffins qui cuisent, plus l'odeur de chauffé, même lorsque le système d'alarme hurle pour nous alerter de l'odeur suspecte.
Je me disais ce matin que j'aurais été terriblement triste si j'avais eu une panne d'olfaction au moment où Thomas est décédé.
Durant les six heures où nous avons bercé son petit corps inerte, j'ai pris des provisions de lui à travers son odeur encore intacte, autant cela se pouvait.
Lorsque je rencontre Thomas dans mes si beaux rêves, c'est toujours l'une des premières choses que je fais: je le serre dans mes bras, enfouis mon nez dans ses cheveux et prends une grande respiration.
Même dans mes rêves, l'odeur est inchangée. C'est bien la sienne. Une fois, en m'éveillant, j'ai rapporté du monde onirique l'odeur avec moi. Je n'osais plus bouger de crainte que l'odeur ne s'évapore. Je retenais mon souffle, respirais à petites doses ces bouffées de lui dans le monde réel.
Sans odorat, je suis amputée. C'est un calvaire insidieux que d'être privée de l'un de mes sens.
Je me promets un festival de goûts et d'odeurs pour célébrer bientôt le retour de mes fonctions olfactives.
Ils se lavent tous les cheveux avec le même shampoing, mais ont chacun leur odeur propre. Chaque fois qu'ils viennent vers moi, je les hume en les embrassant. Un réflexe d'olfactive. Je suis animale et les reconnais à l'odeur.
Voilà deux semaines que je suis privée de ce délice, que je ne respire plus l'odeur de ce que je cuisine, que je ne respire plus ni homme ni enfants.
Je ne sens plus l'odeur des couches pleines (croyez-bien que mon homme se fasse un plaisir d'exploiter mon handicap temporaire), plus l'odeur du jambon ou des muffins qui cuisent, plus l'odeur de chauffé, même lorsque le système d'alarme hurle pour nous alerter de l'odeur suspecte.
Je me disais ce matin que j'aurais été terriblement triste si j'avais eu une panne d'olfaction au moment où Thomas est décédé.
Durant les six heures où nous avons bercé son petit corps inerte, j'ai pris des provisions de lui à travers son odeur encore intacte, autant cela se pouvait.
Lorsque je rencontre Thomas dans mes si beaux rêves, c'est toujours l'une des premières choses que je fais: je le serre dans mes bras, enfouis mon nez dans ses cheveux et prends une grande respiration.
Même dans mes rêves, l'odeur est inchangée. C'est bien la sienne. Une fois, en m'éveillant, j'ai rapporté du monde onirique l'odeur avec moi. Je n'osais plus bouger de crainte que l'odeur ne s'évapore. Je retenais mon souffle, respirais à petites doses ces bouffées de lui dans le monde réel.
Sans odorat, je suis amputée. C'est un calvaire insidieux que d'être privée de l'un de mes sens.
Je me promets un festival de goûts et d'odeurs pour célébrer bientôt le retour de mes fonctions olfactives.
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Réflexions
jeudi, janvier 11, 2007
Psychanalyse du Oh!
Vous connaissez certes les interjections habituelles: "hi!", "ah!" "oh!", "Ho! Ho! Ho!", "hein!?", etc.
Celle qui m'intéresse est le "oh!". Parce que, comme vous le savez, le "oh!" a beau n'être qu'un mariage de deux lettres, il peut exprimer différentes idées et autant d'émotions.
Il peut d'abord désigner la surprise ou l'étonnement de celui qui l'exprime. Il sait démontrer la joie, l'exaltation, le plaisir et même, LE Plaisir.
Celui qui prononce le "oh!" peut l'utiliser comme un "Eureka!" ou comme réponse à une subtilité qui lui est adressée en conciliabule dans un groupe.
Le "oh!" dont j'ai envie de vous parler est celui qui est empreint de désolation et d'empathie, celui qui par douleur, respect, perplexité, impuissance ou fraternité se suffit à lui seul, se passant aisément d'autres mots. Celui qui peut être tissé à moitié de la fibre du "oh!" d'étonnement.
Ce "oh!" est universel.
***
Quelques jours après le décès de leur fils, Grande-Dame et Grand-Homme se tapent un interminable magasinage aux Galeries d'Anjou. Le coeur n'y est pas, mais il faut impérativement être dignement vêtu pour l'Aurevoir Suprême.
Dans un couloir, une connaissance pleine d'enthousiasme interpelle Grand-Homme.
Grand-Homme se retourne, la connaissance délaisse femme et poussette pour se diriger vers lui, visiblement heureuse de la rencontre:
Connaissance (petit coup de poing sympathique sur l'épaule)-Hey! Comment ça va Grand-Homme! (Attend une réaction)...Je suis un tel du groupe scout XYZ! (yeux pleins d'espoir, attendant vraisemblablement l'illumination qui ne vient pas sur le visage de Grand-Homme)...Je suis untel... On s'est côtoyé dans tel contexte....
(Grand-Homme perdu) -Ah...(pas sûr)Oui...
Connaissance -Heille, qu'est-ce que tu deviens!?
Grand-homme, tentant de retrouver ses esprits -Euh, je suis déménagé, je...(soudainement allumé)....Euh, excuse-moi, je suis un peu perdu. Je viens de perdre mon fils, on est venu magasiner pour les funérailles et...
Connaissance, soudainement enfoncée dans le sol -Oh! Shit! Excuse...excuse-moi (reculant à chaque parole qu'il prononce vers la femme et la poussette)...excuse-moi, je dois vraiment y aller...désolé...je...(secouant la tête)...Faut vraiment...
***
Le téléphone sonne. Grand-Homme répond. Une femme enthousiaste surgit du bout du fil: "Bonjoooouur Grand-Homme! C'est Organisatrice, du Bloc Québécois! Je vous appelle au nom du député! On organise un cocktail pour tous ceux qui nous ont aidé durant la campagne. Évidemment, Grande-Dame et vous êtes invités..."
Grand-Homme: "Euh...excusez-moi Organisatrice, mais j'ai des gens à la maison actuellement. Nous venons de perdre un fils, sommes en train d'organiser ses funérailles. Nous n'avons pas vraiment le coeur à fêter la victoire du député..."
Organisatrice, aterrée et étouffant un sanglot -Oooh!...Je m'excuse, je comprends très bien...je suis désolée, je vous offre mes sympathies...(...)
***
Grande-Dame téléphone chez le pédiatre.
Secrétaire -Bureau du pédiatre, bonjouuuur!
Grande-Dame -Bonjour, j'aurais besoin d'un rendez-vous rapidement.
Secrétaire -Oui, c'est pour quel enfant?
Grande-Dame -Bébé Chouchounet.
Secrétaire, fouillant dans l'ordinateur -Oh. Je vois dans votre dossier que vous avez raté votre rendez-vous avec Bébé Chouchounet la semaine dernière. Vous connaissez notre politique à ce sujet, hum? Vous n'avez pas pris la peine de nous aviser, on met donc une note à votre dossier et au bout de trois notes...
Grande-Dame -Écoutez Madame, je connais bien votre politique, mais nous avons perdu un de nos fils et la semaine dernière, nous étions dans l'organisation des funérailles et actuellement, nous sommes tout à fait désorganisés. J'ai besoin de voir le pédiatre rapidement pour notre Bébé. Et j'ai envie de vous demander votre indulgence pour la note au dossier...
Secrétaire -Oh! Oui, je comprends. Je m'en occupe tout de suite, Madame.
***
Nous rénovons notre cuisine. Le menuisier a emmené son fils, un ado attardé fin trentaine qui obstine son père sur tout.
Les enfants se préparent pour l'école, il y a beaucoup de va-et-vient dans la maison.
Le fils regarde le va-et-vient, me regarde, me fait un pseudo-sourire et me lance: "Vous en avez combien? Trois, quatre?"
Grand-Homme -Cinq.
Grande-Dame -Six.
Le fils éclate de rire devant l'incohérence :"Ben là! Vous en avez cinq ou six?"
Grand-Homme, compréhensif -C'est que nous venons d'en perdre un.
Le fils -Ooh. (enfoncé dans le sol)...(faiblement)Scusez.
***
Le gars du CPE, à l'éducatrice-à-la-généreuse-poitrine -Écoute M-J, j'ai reçu de l'ancien CPE les dossiers de tes enfants de garderie. Toutefois, pour les enfants du couple Grande-Dame-Grand-Homme, j'ai bien le dossier de Petit Caractère, mais le dossier du petit Thomas ne m'a pas été transféré...
Éducatrice, étonnée de la situation -Euh...C'est parce que... Thomas est décédé il y a quelques semaines...
Le gars du CPE -Oooh...!
***
Grande-Dame fait son épicerie. Une connaissance pas-vue-depuis-longtemps l'interpelle, enthousiaste (qui ne le serait pas à sa rencontre?): "Heeyy! Comment ça va? (Heureuse) Qu'est-ce que tu deviens?"
Grande-Dame, souriante -Euh, ça... va... J'ai perdu un de mes enfants récemment, ça teinte toute ma vie, j'apprends à vivre avec ce nouvel état...(haussement d'épaule)
Connaissance, désolée et pleine de compassion dans le regard -Ooooh!...Mes sympathies...(...)
***
Grande-Dame et Grand-Homme se présentent à l'hôpital avec leur bébé. La secrétaire voit Bébé, demande sa carte d'hôpital.
Grand-Homme, perplexe -Euh...on n'a pas de carte. On vient rencontrer le Dr. Untel pour discuter du dossier coroner de notre enfant décédé.
Secrétaire -Ooh!....Asseyez-vous.
***
Grande-Dame est à la pharmacie. La caissière lui demande: "Bonjouuur! Vous allez bien?"
Grande-Dame, doucement -Oui, merci.
La caissère poursuit sa transaction. Grande-Dame allume enfin et lève les yeux vers la jeune fille: "C'est tellement ironique! Vous me demandez si je vais bien, je vous réponds systématiquement oui, mais en réalité, ça ne va pas du tout. Je m'en vais aux funérailles de mon fils aujourd'hui".
Pauvre caissière embarassée, émue, compatissante et sans mots -Oooh!.
***
Situations inconfortables, n'est-ce pas. Ooh! Pas pour nous. Pour les autres. Comment auraient-ils pu savoir? Ils sont persuadés d'avoir fait une bévue impardonnable alors qu'aucune vigilance n'aurait pu les immuniser contre le malaise.
Le "ooh!!" est définitivement ce qui exprime de façon la plus concise ce que tout humain ressent devant le malheur de ses frères. C'est indéniablement la plus simple expression d'impuissance et de compassion humaine devant le malheur d'autrui, au même titre qu'un regard chargé d'émotion, une main sur l'épaule, un voisin qui vient timidement porter un gâteau ou un pâté chinois, une simple carte avec quelques mots du coeur ou une étreinte sincère et spontanée.
Celle qui m'intéresse est le "oh!". Parce que, comme vous le savez, le "oh!" a beau n'être qu'un mariage de deux lettres, il peut exprimer différentes idées et autant d'émotions.
Il peut d'abord désigner la surprise ou l'étonnement de celui qui l'exprime. Il sait démontrer la joie, l'exaltation, le plaisir et même, LE Plaisir.
Celui qui prononce le "oh!" peut l'utiliser comme un "Eureka!" ou comme réponse à une subtilité qui lui est adressée en conciliabule dans un groupe.
Le "oh!" dont j'ai envie de vous parler est celui qui est empreint de désolation et d'empathie, celui qui par douleur, respect, perplexité, impuissance ou fraternité se suffit à lui seul, se passant aisément d'autres mots. Celui qui peut être tissé à moitié de la fibre du "oh!" d'étonnement.
Ce "oh!" est universel.
***
Quelques jours après le décès de leur fils, Grande-Dame et Grand-Homme se tapent un interminable magasinage aux Galeries d'Anjou. Le coeur n'y est pas, mais il faut impérativement être dignement vêtu pour l'Aurevoir Suprême.
Dans un couloir, une connaissance pleine d'enthousiasme interpelle Grand-Homme.
Grand-Homme se retourne, la connaissance délaisse femme et poussette pour se diriger vers lui, visiblement heureuse de la rencontre:
Connaissance (petit coup de poing sympathique sur l'épaule)-Hey! Comment ça va Grand-Homme! (Attend une réaction)...Je suis un tel du groupe scout XYZ! (yeux pleins d'espoir, attendant vraisemblablement l'illumination qui ne vient pas sur le visage de Grand-Homme)...Je suis untel... On s'est côtoyé dans tel contexte....
(Grand-Homme perdu) -Ah...(pas sûr)Oui...
Connaissance -Heille, qu'est-ce que tu deviens!?
Grand-homme, tentant de retrouver ses esprits -Euh, je suis déménagé, je...(soudainement allumé)....Euh, excuse-moi, je suis un peu perdu. Je viens de perdre mon fils, on est venu magasiner pour les funérailles et...
Connaissance, soudainement enfoncée dans le sol -Oh! Shit! Excuse...excuse-moi (reculant à chaque parole qu'il prononce vers la femme et la poussette)...excuse-moi, je dois vraiment y aller...désolé...je...(secouant la tête)...Faut vraiment...
***
Le téléphone sonne. Grand-Homme répond. Une femme enthousiaste surgit du bout du fil: "Bonjoooouur Grand-Homme! C'est Organisatrice, du Bloc Québécois! Je vous appelle au nom du député! On organise un cocktail pour tous ceux qui nous ont aidé durant la campagne. Évidemment, Grande-Dame et vous êtes invités..."
Grand-Homme: "Euh...excusez-moi Organisatrice, mais j'ai des gens à la maison actuellement. Nous venons de perdre un fils, sommes en train d'organiser ses funérailles. Nous n'avons pas vraiment le coeur à fêter la victoire du député..."
Organisatrice, aterrée et étouffant un sanglot -Oooh!...Je m'excuse, je comprends très bien...je suis désolée, je vous offre mes sympathies...(...)
***
Grande-Dame téléphone chez le pédiatre.
Secrétaire -Bureau du pédiatre, bonjouuuur!
Grande-Dame -Bonjour, j'aurais besoin d'un rendez-vous rapidement.
Secrétaire -Oui, c'est pour quel enfant?
Grande-Dame -Bébé Chouchounet.
Secrétaire, fouillant dans l'ordinateur -Oh. Je vois dans votre dossier que vous avez raté votre rendez-vous avec Bébé Chouchounet la semaine dernière. Vous connaissez notre politique à ce sujet, hum? Vous n'avez pas pris la peine de nous aviser, on met donc une note à votre dossier et au bout de trois notes...
Grande-Dame -Écoutez Madame, je connais bien votre politique, mais nous avons perdu un de nos fils et la semaine dernière, nous étions dans l'organisation des funérailles et actuellement, nous sommes tout à fait désorganisés. J'ai besoin de voir le pédiatre rapidement pour notre Bébé. Et j'ai envie de vous demander votre indulgence pour la note au dossier...
Secrétaire -Oh! Oui, je comprends. Je m'en occupe tout de suite, Madame.
***
Nous rénovons notre cuisine. Le menuisier a emmené son fils, un ado attardé fin trentaine qui obstine son père sur tout.
Les enfants se préparent pour l'école, il y a beaucoup de va-et-vient dans la maison.
Le fils regarde le va-et-vient, me regarde, me fait un pseudo-sourire et me lance: "Vous en avez combien? Trois, quatre?"
Grand-Homme -Cinq.
Grande-Dame -Six.
Le fils éclate de rire devant l'incohérence :"Ben là! Vous en avez cinq ou six?"
Grand-Homme, compréhensif -C'est que nous venons d'en perdre un.
Le fils -Ooh. (enfoncé dans le sol)...(faiblement)Scusez.
***
Le gars du CPE, à l'éducatrice-à-la-généreuse-poitrine -Écoute M-J, j'ai reçu de l'ancien CPE les dossiers de tes enfants de garderie. Toutefois, pour les enfants du couple Grande-Dame-Grand-Homme, j'ai bien le dossier de Petit Caractère, mais le dossier du petit Thomas ne m'a pas été transféré...
Éducatrice, étonnée de la situation -Euh...C'est parce que... Thomas est décédé il y a quelques semaines...
Le gars du CPE -Oooh...!
***
Grande-Dame fait son épicerie. Une connaissance pas-vue-depuis-longtemps l'interpelle, enthousiaste (qui ne le serait pas à sa rencontre?): "Heeyy! Comment ça va? (Heureuse) Qu'est-ce que tu deviens?"
Grande-Dame, souriante -Euh, ça... va... J'ai perdu un de mes enfants récemment, ça teinte toute ma vie, j'apprends à vivre avec ce nouvel état...(haussement d'épaule)
Connaissance, désolée et pleine de compassion dans le regard -Ooooh!...Mes sympathies...(...)
***
Grande-Dame et Grand-Homme se présentent à l'hôpital avec leur bébé. La secrétaire voit Bébé, demande sa carte d'hôpital.
Grand-Homme, perplexe -Euh...on n'a pas de carte. On vient rencontrer le Dr. Untel pour discuter du dossier coroner de notre enfant décédé.
Secrétaire -Ooh!....Asseyez-vous.
***
Grande-Dame est à la pharmacie. La caissière lui demande: "Bonjouuur! Vous allez bien?"
Grande-Dame, doucement -Oui, merci.
La caissère poursuit sa transaction. Grande-Dame allume enfin et lève les yeux vers la jeune fille: "C'est tellement ironique! Vous me demandez si je vais bien, je vous réponds systématiquement oui, mais en réalité, ça ne va pas du tout. Je m'en vais aux funérailles de mon fils aujourd'hui".
Pauvre caissière embarassée, émue, compatissante et sans mots -Oooh!.
***
Situations inconfortables, n'est-ce pas. Ooh! Pas pour nous. Pour les autres. Comment auraient-ils pu savoir? Ils sont persuadés d'avoir fait une bévue impardonnable alors qu'aucune vigilance n'aurait pu les immuniser contre le malaise.
Le "ooh!!" est définitivement ce qui exprime de façon la plus concise ce que tout humain ressent devant le malheur de ses frères. C'est indéniablement la plus simple expression d'impuissance et de compassion humaine devant le malheur d'autrui, au même titre qu'un regard chargé d'émotion, une main sur l'épaule, un voisin qui vient timidement porter un gâteau ou un pâté chinois, une simple carte avec quelques mots du coeur ou une étreinte sincère et spontanée.
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Thomas
mercredi, janvier 10, 2007
Mots d'enfants
Douceur (7 ans), me demande la permission de prendre un rocher en chocolat. J'acquiesce. Heureux, il repart avec son délice.
Après avoir laissé fondre le chocolat dans sa bouche, impressionné, il revient vers moi en me tendant l'aveline: "Maman, il y avait un pois chiche dans mon chocolat!".
***
Grand-Charme, déçu d'avoir essuyé un premier refus, revient à la charge vers moi et ambitieux, me lance: "Maman, tu m'empêches de devenir un grand artiste en refusant que je dessine dans Paint!"
Ils sont vraiment pathétiques avec leurs excuses. Je vais les répertorier (ça se dit tout de même mieux que "je les répertorierai", non?) et faire un billet spécial sur les excuses. Comme les vôtres sans doute, ils ont une imagination à tout rompre quand il s'agit de se sortir du pétrin.
***
Fils aîné à Grand Homme -Si jamais la maison brûle, vas-tu emmener ton ordinateur?
Grand Homme -Ben non!
Fils aîné -En tout cas, moi, si la maison brûle, je ne sors pas sans mon Game Boy.
Grand Homme, indiscutable -Si la maison brûle, tu sors en vitesse, tu entraînes tes frères à l'extérieur si c'est possible. Si une fois dehors je vois que tu as pris la peine de sortir ton Game Boy, je le relance dans le feu.
Grand-Charme -Je peux quand même prendre mon cochon d'Inde!
Grand Homme -(...)
Fils aîné -Ben là! On peut rien emmener? Toi, tu n'emmèneras vraiment RIEN?
Grand Homme, perplexe -Hum...ça dépend de l'étendue des flammes, j'imagine. Si je peux, j'espèrerais probablement sortir avec l'urne de Thomas.
Grand-Charme, encore plus perplexe -Mais...Grand-Homme... Thomas a déjà été incinéré! Qu'est-ce que ça change si il brûle une deuxième fois?
Après avoir laissé fondre le chocolat dans sa bouche, impressionné, il revient vers moi en me tendant l'aveline: "Maman, il y avait un pois chiche dans mon chocolat!".
***
Grand-Charme, déçu d'avoir essuyé un premier refus, revient à la charge vers moi et ambitieux, me lance: "Maman, tu m'empêches de devenir un grand artiste en refusant que je dessine dans Paint!"
Ils sont vraiment pathétiques avec leurs excuses. Je vais les répertorier (ça se dit tout de même mieux que "je les répertorierai", non?) et faire un billet spécial sur les excuses. Comme les vôtres sans doute, ils ont une imagination à tout rompre quand il s'agit de se sortir du pétrin.
***
Fils aîné à Grand Homme -Si jamais la maison brûle, vas-tu emmener ton ordinateur?
Grand Homme -Ben non!
Fils aîné -En tout cas, moi, si la maison brûle, je ne sors pas sans mon Game Boy.
Grand Homme, indiscutable -Si la maison brûle, tu sors en vitesse, tu entraînes tes frères à l'extérieur si c'est possible. Si une fois dehors je vois que tu as pris la peine de sortir ton Game Boy, je le relance dans le feu.
Grand-Charme -Je peux quand même prendre mon cochon d'Inde!
Grand Homme -(...)
Fils aîné -Ben là! On peut rien emmener? Toi, tu n'emmèneras vraiment RIEN?
Grand Homme, perplexe -Hum...ça dépend de l'étendue des flammes, j'imagine. Si je peux, j'espèrerais probablement sortir avec l'urne de Thomas.
Grand-Charme, encore plus perplexe -Mais...Grand-Homme... Thomas a déjà été incinéré! Qu'est-ce que ça change si il brûle une deuxième fois?
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Enfants
Otage de l'insomnie
J'ai eu une misère folle à me tirer du lit ce matin. Ai été "travailler" (me semble, oui, avec un cerveau en compote) dans un café avant d'aller rejoindre un ami pour dîner.
En l'attendant, je regardais avec désolation mes mains trembler. Évidente manifestation de la fatigue extrême des dernières semaines. Mon corps craque. Non Momz, je n'ai pas pris mon fer et j'oublie mes vitamines. Il faudrait me les attacher au cou. Je suis vilaine, vilaine fille.
Dormir fut, toute la journée durant, l'objet de mes plus pervers fantasmes. Je suis revenue à la maison, ai réussit un exploit: faire fi du boulot dans le but avoué de faire une sieste. Ça devenait vachement urgent. Eh bien niet, ma volonté n'a pas suffit.
Moi qui tombe toujours comme une bûche (ou était-ce comme une mouche? Un poil sur la soupe? Un oeuf? Ou plutôt un boeuf? Et puis merde.) en moins de deux, j'ai été incapable de mettre mon cerveau à off. Essais infructueux durant deux heures.
Ce soir, fatigue extrême. Intolérance totale au bruit. J'ai pris la peine d'annuler mon cours de piano. Sans remords.
À table, nous avons fait des devinettes de répliques de films. Mes gars sont épatants, ils ont l'intonation, le débit, la mémoire, l'émotion.
Fils aîné et Grand-Charme m'ont fait mourir de rire avec leurs répliques de Forrest Gump empreintes d'une exquise candeur.
J'ai bordé mes mousquetaires. Petit Caractère et Douceur me font sourire. Chaque soir, ils me demandent la permission de dormir sur le plancher. Ils sont fous de joie lorsque j'accepte. Ils dorment chacun leur tour à côté de la trappe à chauffage dans un amas mal défini de couvertures, d'oreillers, de Légo et de petites voitures. Parfois directement sur le plancher (très peu confortable, mais ils y tiennent!).
Petit Caractère m'a confié son espoir que je fasse des "cookies". Je lui ai expliqué qu'il allait être heureux d'apprendre que j'allais justement préparer des biscuits.
-Non, non maman, moi je voudrais des cookies.
-Ce sont des biscuits.
-Moi j'aimerais mieux des cookies. Parce que tante Nicole, elle fait des cookies, elle.
-Poupou, des cookies et des biscuits, c'est la même chose.
Il a pris soin de préciser qu'il désirait des "cookies beiges" comme ceux de sa tante. Voilà mon erreur. Mes biscuits sont dorés.
Je suis claquée, me suis promis de me coucher tôt. Mais il fallait bien que je tente la recette de biscuits/cookies bruns de La Belle Rousse.
Puis, incapable de démordre de mon livre, j'ai encore repoussé l'heure.
Enfin au lit à une heure "correcte" même si tardive, incapable de dormir. Cerveau sur les speed.
J'estime que lorsqu'on en vient à avoir des nausées, des tremblements, une splendide incohérence, des fous rires incontrôlables et des envies de pleurer gratuites à cause de la fatigue, on devrait tomber, eh bien NON.
Pfff.
En l'attendant, je regardais avec désolation mes mains trembler. Évidente manifestation de la fatigue extrême des dernières semaines. Mon corps craque. Non Momz, je n'ai pas pris mon fer et j'oublie mes vitamines. Il faudrait me les attacher au cou. Je suis vilaine, vilaine fille.
Dormir fut, toute la journée durant, l'objet de mes plus pervers fantasmes. Je suis revenue à la maison, ai réussit un exploit: faire fi du boulot dans le but avoué de faire une sieste. Ça devenait vachement urgent. Eh bien niet, ma volonté n'a pas suffit.
Moi qui tombe toujours comme une bûche (ou était-ce comme une mouche? Un poil sur la soupe? Un oeuf? Ou plutôt un boeuf? Et puis merde.) en moins de deux, j'ai été incapable de mettre mon cerveau à off. Essais infructueux durant deux heures.
Ce soir, fatigue extrême. Intolérance totale au bruit. J'ai pris la peine d'annuler mon cours de piano. Sans remords.
À table, nous avons fait des devinettes de répliques de films. Mes gars sont épatants, ils ont l'intonation, le débit, la mémoire, l'émotion.
Fils aîné et Grand-Charme m'ont fait mourir de rire avec leurs répliques de Forrest Gump empreintes d'une exquise candeur.
J'ai bordé mes mousquetaires. Petit Caractère et Douceur me font sourire. Chaque soir, ils me demandent la permission de dormir sur le plancher. Ils sont fous de joie lorsque j'accepte. Ils dorment chacun leur tour à côté de la trappe à chauffage dans un amas mal défini de couvertures, d'oreillers, de Légo et de petites voitures. Parfois directement sur le plancher (très peu confortable, mais ils y tiennent!).
Petit Caractère m'a confié son espoir que je fasse des "cookies". Je lui ai expliqué qu'il allait être heureux d'apprendre que j'allais justement préparer des biscuits.
-Non, non maman, moi je voudrais des cookies.
-Ce sont des biscuits.
-Moi j'aimerais mieux des cookies. Parce que tante Nicole, elle fait des cookies, elle.
-Poupou, des cookies et des biscuits, c'est la même chose.
Il a pris soin de préciser qu'il désirait des "cookies beiges" comme ceux de sa tante. Voilà mon erreur. Mes biscuits sont dorés.
Je suis claquée, me suis promis de me coucher tôt. Mais il fallait bien que je tente la recette de biscuits/cookies bruns de La Belle Rousse.
Puis, incapable de démordre de mon livre, j'ai encore repoussé l'heure.
Enfin au lit à une heure "correcte" même si tardive, incapable de dormir. Cerveau sur les speed.
J'estime que lorsqu'on en vient à avoir des nausées, des tremblements, une splendide incohérence, des fous rires incontrôlables et des envies de pleurer gratuites à cause de la fatigue, on devrait tomber, eh bien NON.
Pfff.
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Réflexions
lundi, janvier 08, 2007
Convoitise 2007
Familiale
-Instaurer, disons une fois par deux semaines, une soirée "jeux de société";
-Faire l'ascension, durant l'année, d'un minimum de trois montagnes avec les garçons;
-Aller nager à la piscine municipale avec mes trois grands une fois par mois et demi;
-Louer un chalet au bord de l'océan pour nos vacances d'été et décrocher du quotidien trop fou;
-Raconter des "histoires avec la bouche" plus souvent à mes petits;
-Rire plus avec eux;
-Recommencer à jouer à l'ogre;
-Être plus attentive à leurs interminables histoires;
-Nous dénicher des couples d'amis intéressants et sympathiques ayant plusieurs enfants;
-Emmener mon aîné plus souvent avec moi faire nos devoirs dans un café... En faire une sorte de rituel-complicité
-Prendre des marches plus souvent avec Grand-Charme... C'est l'idéal pour nos discussions.
Professionnelle
-Planifier une prospection efficace et plus assidue;
-Obtenir de un à deux contrats stimulants par mois;
-Mieux gérer mon stress;
-M'entourer d'autres T.A. avec qui il est agréable de travailler;
-Participer à deux activités de réseautage par mois;
-Écrire des articles dans des revues spécialisées
Amoureuse
-Faire au moins une sortie culturelle par mois avec mon Homme;
-Grimper l'Acropole des Draveurs en amoureux l'été prochain (pas de porte-bébé dans le dos, ce sera plus facile, hein?)
-Prendre une journée ski et B&B avant la fin de l'hiver;
-Gérer notre temps d'adultes (une fois les enfants couchés) de façon plus satisfaisante;
-Planifier, à moyen terme, un projet, un voyage, un évènement, qu'importe, pour autant qu'on converge tous les deux vers quelque chose qui nous anime;
-Recevoir plus souvent des amis à souper;
-Faire de l'escalade disons...euh...au moins trois fois durant l'année, dont une fois sur paroi naturelle
Personnelle
-Écrire l'histoire de Thomas en scrapbooking;
-Poursuivre la rédaction de toutes les anecdotes, habitudes, particularités le concernant dans son livre de bébé;
-Mettre à jour plus souvent les cahiers d'anecdotes de mes enfants;
-Converger vers ma joie de vivre d'antan;
-Aller souper plus souvent avec des amies qui me font rire;
-Faire plus souvent des activités avec mes amies;
-Intégrer plus souvent ma mère dans nos activités familiales;
-Renouer avec mon humour et ma légèreté d'"avant";
-Aller marcher et courir plus assidûment;
-Trouver un club de judo qui accepte mes visites ponctuelles et revenir à la maison heureuse et épuisée de quelques randoris;
-Être plus disciplinée et mieux structurée;
-Écouter plus mon corps et mon intuition;
-Prendre plus de temps pour lire;
-Me coucher plus tôt;
-Dépenser plus (Meuuuh non cher Amour, ne t'énerve pas, je voulais dire "dépenser PLUS JUDICIEUSEMENT"!)
-Déléguer plus;
-Réussir à débarquer du comité de parents de la commission scolaire sans trop de culpabilité;
-Consacrer du temps à mon projet d'écriture et le mener à terme;
-Être plus indulgente envers moi-même?
-Instaurer, disons une fois par deux semaines, une soirée "jeux de société";
-Faire l'ascension, durant l'année, d'un minimum de trois montagnes avec les garçons;
-Aller nager à la piscine municipale avec mes trois grands une fois par mois et demi;
-Louer un chalet au bord de l'océan pour nos vacances d'été et décrocher du quotidien trop fou;
-Raconter des "histoires avec la bouche" plus souvent à mes petits;
-Rire plus avec eux;
-Recommencer à jouer à l'ogre;
-Être plus attentive à leurs interminables histoires;
-Nous dénicher des couples d'amis intéressants et sympathiques ayant plusieurs enfants;
-Emmener mon aîné plus souvent avec moi faire nos devoirs dans un café... En faire une sorte de rituel-complicité
-Prendre des marches plus souvent avec Grand-Charme... C'est l'idéal pour nos discussions.
Professionnelle
-Planifier une prospection efficace et plus assidue;
-Obtenir de un à deux contrats stimulants par mois;
-Mieux gérer mon stress;
-M'entourer d'autres T.A. avec qui il est agréable de travailler;
-Participer à deux activités de réseautage par mois;
-Écrire des articles dans des revues spécialisées
Amoureuse
-Faire au moins une sortie culturelle par mois avec mon Homme;
-Grimper l'Acropole des Draveurs en amoureux l'été prochain (pas de porte-bébé dans le dos, ce sera plus facile, hein?)
-Prendre une journée ski et B&B avant la fin de l'hiver;
-Gérer notre temps d'adultes (une fois les enfants couchés) de façon plus satisfaisante;
-Planifier, à moyen terme, un projet, un voyage, un évènement, qu'importe, pour autant qu'on converge tous les deux vers quelque chose qui nous anime;
-Recevoir plus souvent des amis à souper;
-Faire de l'escalade disons...euh...au moins trois fois durant l'année, dont une fois sur paroi naturelle
Personnelle
-Écrire l'histoire de Thomas en scrapbooking;
-Poursuivre la rédaction de toutes les anecdotes, habitudes, particularités le concernant dans son livre de bébé;
-Mettre à jour plus souvent les cahiers d'anecdotes de mes enfants;
-Converger vers ma joie de vivre d'antan;
-Aller souper plus souvent avec des amies qui me font rire;
-Faire plus souvent des activités avec mes amies;
-Intégrer plus souvent ma mère dans nos activités familiales;
-Renouer avec mon humour et ma légèreté d'"avant";
-Aller marcher et courir plus assidûment;
-Trouver un club de judo qui accepte mes visites ponctuelles et revenir à la maison heureuse et épuisée de quelques randoris;
-Être plus disciplinée et mieux structurée;
-Écouter plus mon corps et mon intuition;
-Prendre plus de temps pour lire;
-Me coucher plus tôt;
-Dépenser plus (Meuuuh non cher Amour, ne t'énerve pas, je voulais dire "dépenser PLUS JUDICIEUSEMENT"!)
-Déléguer plus;
-Réussir à débarquer du comité de parents de la commission scolaire sans trop de culpabilité;
-Consacrer du temps à mon projet d'écriture et le mener à terme;
-Être plus indulgente envers moi-même?
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Réflexions
vendredi, janvier 05, 2007
Arts de la scène
Bien que j'aie à mon actif deux années d'art dramatique et deux sessions de théâtre, il y a toujours place à peaufiner son talent quand on parle des arts de la scène.
J'ai appris récemment que j'avais dorénavant une corde de plus à mon arc.
Recroquevillée sur moi-même sur la causeuse à désamorcer les raisons de ma tristesse à mon amoureux, les enfants s'amusant dans le passage, un bébé de quinze mois nuisait au jeu de sa fratrie.
J'entendis l'aîné ordonner à Grand Charme (9 ans) : "Va le porter à maman".
Grand Charme s'exécuta, son petit paquet colleux aux bras.
En arrivant dans le bureau pour sa livraison express, Grand-Charme tourna aussitôt les talons, sa cargaison toujours aux bras.
Devant le regard interrogateur de son superviseur, il justifia aussitôt sa volte-face: "Maman est dans une scène d'émotivité."
Voilà ma nouvelle spécialité. Semble-t-il que je sois vraiment douée.
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Enfants
mardi, janvier 02, 2007
L'amoureuse de papa
Un grand jour est arrivé. Le papa de mes quatre grands a une amoureuse. La première qu'il présente à nos garçons depuis notre séparation il y a quelques années...
***
Grand-Charme (presque 10 ans)
(enthousiaste) "Maman, je suis le SEUL qui s'est intéressé à la nouvelle amoureuse de papa. Elle s'appelle Julie. On a pris une marche ensemble dans le bois. Elle est gentille. Elle aimerait être chocolatière, mais elle ne le devient pas parce que c'est pas assez payant. Et tu sais quoi? (petit sourire entendu) Elle a dormi chez papa hier soir."
***
Douceur (7 ans)
Grande-Dame, intéressée -Alors, tu l'as appréciée toi la nouvelle amoureuse de papa?
-Ouais, elle est gentille. Maman, si on remplace le "u" de "Julie" par un "e", ça fait "jelie".
-On mettrait plutôt un "o" pour faire "jolie".
-Ah.
-Alors elle est jolie?
- Ouais...Mais maman, Petit Caractère et moi, on a chatouillé ses pieds quand elle était assise sur le divan avec papa. Et on les espionnait. Ils se donnaient des bisous.
-Ah oui, elle est chatouilleuse?
-Oui. Mais quand on l'a chatouillée la deuxième fois, elle a dit "arrêtez".
- Elle était tannée.
- Oui. Mais (grande respiration)...Quand papa est avec Julie, ça lui fait plus de choses à gérer parce que...quand il est assis sur le divan avec elle, il est obligé de se décoller pour venir voir ce qui se passe quand mes frères et moi on se chicane...
- Hm, ils sont vraiment amoureux...
- Oui. Même, elle a dormi avec papa. En plus, ils ont pris leur douche ensembles!
Grande-Dame, petit sourire entendu -Ooh! Est-ce que ça te rend mal à l'aise de voir papa avec une femme?
Douceur hausse les épaules -Non. Ben, je l'avais déjà vu avec toi, alors je me souviens!
Grande-Dame sourit -(...)
Douceur -Elle travaille avec papa. Elle aimerait être chocolatière, mais moi je sais qu'elle veut rester au même travail que papa parce que (haussement d'épaule), quand ils ont des pauses, ils peuvent se voir et... (expression suggestive)
Grande-Dame -Hm, tu sais mon Loup, ils ne peuvent pas faire l'amour à leur travail, même pendant les pauses...
- Je le sais! Je voulais dire... (expression suggestive)...ils en profitent pour se donner des bisous...
- Je suis contente que l'amoureuse de papa te plaise. Les mamans aiment bien quand les nouvelles amoureuses du papa sont gentilles avec leurs enfants.
***
Fils aîné (12 ans)
Grande-Dame -Eh mon grand! Comme ça, l'amoureuse de papa a une soeur qui a deux ans de plus que toi! Tu sais que si tu sortais avec elle, tu serais le beau-frère de ton père!
Fils Aîné (moue dégoûtée) -Mphfff!
Grande-Dame - Ou encore, quand on y pense, la nouvelle amoureuse de papa a moins d'années de différence avec toi qu'avec papa... (sourire mi-suggestif/mi-moqueur)
Fils Aîné (moue dégoûtée qui repousse l'éventualité...) -Mphhfff!
***
***
Grand-Charme (presque 10 ans)
(enthousiaste) "Maman, je suis le SEUL qui s'est intéressé à la nouvelle amoureuse de papa. Elle s'appelle Julie. On a pris une marche ensemble dans le bois. Elle est gentille. Elle aimerait être chocolatière, mais elle ne le devient pas parce que c'est pas assez payant. Et tu sais quoi? (petit sourire entendu) Elle a dormi chez papa hier soir."
***
Douceur (7 ans)
Grande-Dame, intéressée -Alors, tu l'as appréciée toi la nouvelle amoureuse de papa?
-Ouais, elle est gentille. Maman, si on remplace le "u" de "Julie" par un "e", ça fait "jelie".
-On mettrait plutôt un "o" pour faire "jolie".
-Ah.
-Alors elle est jolie?
- Ouais...Mais maman, Petit Caractère et moi, on a chatouillé ses pieds quand elle était assise sur le divan avec papa. Et on les espionnait. Ils se donnaient des bisous.
-Ah oui, elle est chatouilleuse?
-Oui. Mais quand on l'a chatouillée la deuxième fois, elle a dit "arrêtez".
- Elle était tannée.
- Oui. Mais (grande respiration)...Quand papa est avec Julie, ça lui fait plus de choses à gérer parce que...quand il est assis sur le divan avec elle, il est obligé de se décoller pour venir voir ce qui se passe quand mes frères et moi on se chicane...
- Hm, ils sont vraiment amoureux...
- Oui. Même, elle a dormi avec papa. En plus, ils ont pris leur douche ensembles!
Grande-Dame, petit sourire entendu -Ooh! Est-ce que ça te rend mal à l'aise de voir papa avec une femme?
Douceur hausse les épaules -Non. Ben, je l'avais déjà vu avec toi, alors je me souviens!
Grande-Dame sourit -(...)
Douceur -Elle travaille avec papa. Elle aimerait être chocolatière, mais moi je sais qu'elle veut rester au même travail que papa parce que (haussement d'épaule), quand ils ont des pauses, ils peuvent se voir et... (expression suggestive)
Grande-Dame -Hm, tu sais mon Loup, ils ne peuvent pas faire l'amour à leur travail, même pendant les pauses...
- Je le sais! Je voulais dire... (expression suggestive)...ils en profitent pour se donner des bisous...
- Je suis contente que l'amoureuse de papa te plaise. Les mamans aiment bien quand les nouvelles amoureuses du papa sont gentilles avec leurs enfants.
***
Fils aîné (12 ans)
Grande-Dame -Eh mon grand! Comme ça, l'amoureuse de papa a une soeur qui a deux ans de plus que toi! Tu sais que si tu sortais avec elle, tu serais le beau-frère de ton père!
Fils Aîné (moue dégoûtée) -Mphfff!
Grande-Dame - Ou encore, quand on y pense, la nouvelle amoureuse de papa a moins d'années de différence avec toi qu'avec papa... (sourire mi-suggestif/mi-moqueur)
Fils Aîné (moue dégoûtée qui repousse l'éventualité...) -Mphhfff!
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Enfants
lundi, janvier 01, 2007
Une année, un chapitre?
J'ignore jusqu'à quel point déboucher une nouvelle année signifie "passer à autre chose".
On désigne souvent la nouvelle année pour délimiter certains changements que l'on souhaite voir s'amorcer ou se terminer. Comme si une nouvelle année était un point de départ ou d'arrivée idéal, comme si elle traçait une ligne définitive sur des segments de notre vie que l'on souhaitait
voir se clore comme des chapitres pour s'ouvrir sur quelque chose de nouveau.
L'année 2006 est la pire année de ma vie. D'abord parce que la pire de mes hantises -perdre un de mes enfants s'est concrétisée. Et que j'ai désormais à continuer d'avancer avec ce fardeau, et que, comme si je n'étais pas déjà une fille suffisamment compliquée, je dois à présent vivre en permanence avec le chaos des émotions, états, constats, incessantes réflexions qui viennent se superposer aux insupportables et perpétuelles analyses existentielles intrinsèques à la personne que je suis.
Pire année de ma vie parce que j'ai craint de perdre aussi mon père, qui a dû subir une chirurgie très complexe suite à la récidive de son cancer. Et que ce long épisode fut angoissant et douloureux.
L'année 2006 s'est en allée en douce hier soir au son des guitares de mon oncle et de son gendre accompagnés du violon de mon homme, des parties de Cribble, du buffet familial, des rires et des toujours agréables retrouvailles entre cousins-cousines.
L'année 2006, j'aurais dû la voir s'éloigner avec joie, et pourtant, non, ce ne fut pas le cas.
Changer d'année ne signifie-t-il pas tourner, d'une certaine façon, une page? Passer à autre chose? Poursuivre l'écriture de sa vie sur du neuf?
Vous voyez, je ne suis pas sûre du tout qu'un simple changement de date soit suffisant pour me déconnecter de 2006, qui porte trop intensément mon drame maternel. Je ne suis pas sûre du tout d'être capable de dire "l'an dernier, mon Thomas nous a quittés" alors que jusqu'à hier, je pouvais encore dire que j'avais perdu cette année même mon fils. Comme si le sceau de la date légitimait l'intensité de la douleur.
Je ne suis pas sûre du tout d'être capable de me lever sereinement le matin du 4 mars en me disant: "Ouf, et dire que l'an dernier, à pareille date, insouciante, je faisais cuire du pain doré avant d'aller à la rencontre du corps vide de mon petit garçon! Dieu merci, 2006 est derrière!".
Ainsi, si toute mon exquise famille a accueilli 2007 dans la joie et les embrassades, pour ma part, ce sont les larmes que j'ai accueillies douloureusement au creux de l'épaule de mon homme. Je fermais l'année 2006 sans Thomas. Dur constat. Tout comme celui que je devrai péniblement faire lorsque j'inscrirai sur mon formulaire d'impôts que j'ai dorénavant seulement cinq enfants à charge.
Accueillir une nouvelle année, n'est-ce pas un peu fermer la porte sur le passé et regarder vers l'avant? Si c'était si simple!
2006 est une année significative dans ma vie. Et souhaiter garder un lien avec elle en dépit de son infâmie ne signifie pas vouloir stagner dans la douleur, mais bien demeurer connectée avec certains évènements marquants qui continuent de façonner ma personne, de donner une orientation à ma vie.
J'ai des projets pour 2007. Des projets stimulants en semi-latence amorcés en 2006, mais pas encore assez nourris de mon temps.
Le livre de ma vie ne peut définitivement pas diviser ses chapitres en années.
Je préfère la diviser en épisodes, même si l'unité de mesure n'est pas universelle: "l'époque où nous étions à Rimouski", "mon enfance sur la rue Fatima", "mon adolescence sur la rue Simons", "les trois années que j'ai partagées avec papa", "le cégep", "ma premère grossesse", "durant mes études", "après l'achat de la maison", "avant l'éclatement de mon couple", "lorsque je travaillais à tel endroit", "depuis que je vis avec mon amoureux", "depuis que Thomas est mort", etc.
Ce sont des références tellement plus précises pour moi! Tellement plus porteuses de sens qu'une simple date qui fait fi des états émotifs liés aux périodes de ma vie...
On désigne souvent la nouvelle année pour délimiter certains changements que l'on souhaite voir s'amorcer ou se terminer. Comme si une nouvelle année était un point de départ ou d'arrivée idéal, comme si elle traçait une ligne définitive sur des segments de notre vie que l'on souhaitait
voir se clore comme des chapitres pour s'ouvrir sur quelque chose de nouveau.
L'année 2006 est la pire année de ma vie. D'abord parce que la pire de mes hantises -perdre un de mes enfants s'est concrétisée. Et que j'ai désormais à continuer d'avancer avec ce fardeau, et que, comme si je n'étais pas déjà une fille suffisamment compliquée, je dois à présent vivre en permanence avec le chaos des émotions, états, constats, incessantes réflexions qui viennent se superposer aux insupportables et perpétuelles analyses existentielles intrinsèques à la personne que je suis.
Pire année de ma vie parce que j'ai craint de perdre aussi mon père, qui a dû subir une chirurgie très complexe suite à la récidive de son cancer. Et que ce long épisode fut angoissant et douloureux.
L'année 2006 s'est en allée en douce hier soir au son des guitares de mon oncle et de son gendre accompagnés du violon de mon homme, des parties de Cribble, du buffet familial, des rires et des toujours agréables retrouvailles entre cousins-cousines.
L'année 2006, j'aurais dû la voir s'éloigner avec joie, et pourtant, non, ce ne fut pas le cas.
Changer d'année ne signifie-t-il pas tourner, d'une certaine façon, une page? Passer à autre chose? Poursuivre l'écriture de sa vie sur du neuf?
Vous voyez, je ne suis pas sûre du tout qu'un simple changement de date soit suffisant pour me déconnecter de 2006, qui porte trop intensément mon drame maternel. Je ne suis pas sûre du tout d'être capable de dire "l'an dernier, mon Thomas nous a quittés" alors que jusqu'à hier, je pouvais encore dire que j'avais perdu cette année même mon fils. Comme si le sceau de la date légitimait l'intensité de la douleur.
Je ne suis pas sûre du tout d'être capable de me lever sereinement le matin du 4 mars en me disant: "Ouf, et dire que l'an dernier, à pareille date, insouciante, je faisais cuire du pain doré avant d'aller à la rencontre du corps vide de mon petit garçon! Dieu merci, 2006 est derrière!".
Ainsi, si toute mon exquise famille a accueilli 2007 dans la joie et les embrassades, pour ma part, ce sont les larmes que j'ai accueillies douloureusement au creux de l'épaule de mon homme. Je fermais l'année 2006 sans Thomas. Dur constat. Tout comme celui que je devrai péniblement faire lorsque j'inscrirai sur mon formulaire d'impôts que j'ai dorénavant seulement cinq enfants à charge.
Accueillir une nouvelle année, n'est-ce pas un peu fermer la porte sur le passé et regarder vers l'avant? Si c'était si simple!
2006 est une année significative dans ma vie. Et souhaiter garder un lien avec elle en dépit de son infâmie ne signifie pas vouloir stagner dans la douleur, mais bien demeurer connectée avec certains évènements marquants qui continuent de façonner ma personne, de donner une orientation à ma vie.
J'ai des projets pour 2007. Des projets stimulants en semi-latence amorcés en 2006, mais pas encore assez nourris de mon temps.
Le livre de ma vie ne peut définitivement pas diviser ses chapitres en années.
Je préfère la diviser en épisodes, même si l'unité de mesure n'est pas universelle: "l'époque où nous étions à Rimouski", "mon enfance sur la rue Fatima", "mon adolescence sur la rue Simons", "les trois années que j'ai partagées avec papa", "le cégep", "ma premère grossesse", "durant mes études", "après l'achat de la maison", "avant l'éclatement de mon couple", "lorsque je travaillais à tel endroit", "depuis que je vis avec mon amoureux", "depuis que Thomas est mort", etc.
Ce sont des références tellement plus précises pour moi! Tellement plus porteuses de sens qu'une simple date qui fait fi des états émotifs liés aux périodes de ma vie...
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