vendredi, avril 29, 2011

Le coût du végétarisme

Fils Aîné, qui a toujours adoré la viande, a décidé de devenir végétarien. Ses motivations sont d'ordre environnementales : un végétarien utilise moins d'espace cultivable qu'un omnivore, dont la trace environnementale est beaucoup plus élevée. Mon fils de presque dix-sept ans est intègre, essaie d'être cohérent et le plus possible, il l'est. Il évalue les renoncements nécessaires à une irréprochable cohérence, n'est parfois pas prêt à tout sacrifier mais plus souvent qu'autrement, il privilégie une vision large à une vision individuelle...tant que cela n'affecte pas trop son confort. C'est ok aussi, on a droit à nos contradictions. Pas facile de devenir végétarien quand ce n'est pas toi qui fais l'épicerie, pas facile de résister aux bons repas de viande de ta mère. Il tient à sa planète et fait ses choix.

Je suis consciente de l'existence de ses motivations. Je les respecte, ai un malaise aussi vis à vis la viande qui vient davantage des mauvais traitements faits aux animaux d'élevage qu'à l'environnement (non que ce ne soit aussi une préoccupation). N'empêche. Je réfléchis. J'ai envie de me laisser influencer quelque peu par les actions concrètes de mon fils. Nous mangeons moins de viande, j'essaie d'être plus créative avec des ingrédients que je connais moins. J'ai même acheté spécialement pour lui une viande végé pour les lunchs (à ses dires, je devrais éviter d'en racheter !). Depuis le "végétarisme" de Fils Aîné, même si je mets à l'épreuve sa force morale, je suis attendrie devant sa vierge mais idéaliste résolution.

Un des grands défis du brand new végétarisme de Fils Aîné est qu'il est capricieux en matière de légumes, mange peu ou pas de fruits, est conservateur et craint la nouveauté. Il n'aime pas les oeufs et outre mon irrésistible soupe aux lentilles, il n'aime pas les légumineuses. Il fait l'effort du tofu (et vive les repas chez son amoureuse qui le force à être plus ouvert qu'à la maison).

Qui a dit que changer de mode d'alimentation de son propre chef, même graduellement, ne comportait pas quelques défis? :o)

Une mère fière ouverte à vos recettes coup de coeur végé

Léo et les Presqu'îles

Il y a une éternité déjà que je veux vous parler d'un livre-disque qu'il nous a été donné de découvrir. Il s'agit d'un conte relatant l'histoire de la quête de Léo, un petit garçon dont le père pêcheur est disparu en mer. Parti explorer le monde des cinq presqu'îles, Léo croise sur sa route des personnages ayant bien connu son père. Ces derniers l'aideront à devenir le plus petit capitaine d'un grand bateau.

Si le livre est magnifiquement illustré, c'est surtout la musique qui fait fureur chez nous. Écrite par Gilles Vigneault tout comme le conte, c'est franchement un délice pour les oreilles ! Il suffit d'écouter le disque une fois pour en chantonner encore les mélodies rythmées et accrocheuses des jours plus tard !

Voici la présentation du conte par l'auteur :



On a vraiment mis le paquet dans la brochette d'artistes ayant collaboré au succès de ce conte en chansons : Fred Pellerin, Diane Dufresne, Claude Gauthier, Clémence Desrochers, Robert Charlebois, Édith Butler, Pierre Flynn et Pascale Bussières.

Le résultat est d'une exceptionnelle qualité !





samedi, avril 23, 2011

Kellogg et la masturbation


J'ai un tas de trucs à faire et parmi mes moult recherches sur le net ces derniers jours, je suis tombée sur la biographie de John Harvey Kellogg, ce même monsieur dont vous voyez le nom sur vos boîtes de céréales.

Cet homme, né en 1852, était médecin et chirurgien américain et dirigea le Sanitarim adventiste de Battle Creek (un espèce de centre de bien-être basé sur la bonne hygiène de vie) pendant près de soixante ans. Il fut l'un des premiers à préconiser une approche de prévention des maladies par la combinaison de plusieurs éléments dont une alimentation saine, l'hydrothérapie, l'exercice physique et une bonne attitude morale.

Révolutionnaire pour son époque, il détint à la fin de sa vie d'une trentaine de brevets. Végétarien, c'est également lui qui inventa les corn flakes et le beurre d'arachides.

Si sa vie et ses réalisations semblent faire de lui un homme d'une grande ouverture d'esprit (et pour l'époque, il était un génie respecté), j'ai été sidérée de lire sa position ( ! ) sur le sexe et en particulier sur la masturbation. Je vous la copie intégralement de wikipedia, ça détonne trop (et rappelez-vous qu'on est au dix-neuvième siècle !):

"Comme certains réformateurs sanitaires de l'époque, Kellog pensait qu'il ne fallait pas dépasser plus d'un rapport sexuel par mois pour des raisons de santé. Il recommandait que les femmes de moins de 20 ans et les hommes de moins de 25 ans pratiquent l'abstinence sexuelle[20], soulignant les dangers connus par la science de l'époque (tels que les maladies sexuellement transmissibles)[21],[22],[23].

Kellogg considéra que certaines activités sexuelles, des « excès » (comme la sodomie) étaient contre nature et dangereuses pour la santé des couples mariés.

Au début de sa carrière, il écrivit et présenta des séminaires sur la sexualité. Il déconseilla fortement la masturbation, estimant qu'elle détruisait la santé physique et mentale, mais aussi morale des individus. Comme de nombreux praticiens de l'époque, il pensait sincèrement que la pratique du « vice solitaire » - comme on l'appelait - causait le cancer de l'utérus, des maladies urinaires, des émissions nocturnes, l'impuissance, l'épilepsie, la folie, la débilité physique et mentale, "l'obscurcissement de la vision" (brièvement mentionné). Pour les sources médicales de l'époque, « ni la peste, ni la guerre, ni la petite vérole, ni les maladies similaires, n'ont produit de résultats aussi désastreux pour l'humanité que l'habitude pernicieuse de l'onanisme » (Dr. Adam Clarke). Estimant que la masturbation était la cause de certaines morts, Kellogg déclara que des « victimes mourraient littéralement de leurs propres mains ».

Il préconisa de traiter les masturbateurs, en recommandant la circoncision aux jeunes garçons et l'application de phénol (acide carbolique, un acide puissant utilisé pour exterminer plusieurs juifs d'une seringue plantée dans le coeur durant la 2e Guerre mondiale) sur le clitoris des jeunes filles. Dans Plain Facts for Old and Young, il écrivit [24]:
« Un remède qui est presque toujours couronné de succès chez les garçonnets est la circoncision, en particulier lorsqu'il apparait un phimosis. L'opération devrait être effectuée par un chirurgien sans anesthésie, car la brève souffrance qu'en ressentira l'enfant aura un effet salutaire sur son esprit, en particulier si elle est reliée à l'idée de punition, ce qui pourrait bien être le cas parfois. La douleur qui se prolonge pendant plusieurs semaines interrompt la pratique, et, si elle n'a pas été trop profondément enracinée auparavant, elle peut alors être oubliée pour ne jamais revenir. »
Il écrivit par ailleurs :
« Chez le sexe féminin, l'auteur a constaté que l'application d'acide carbolique pur sur le clitoris était un excellent moyen de calmer toute excitation anormale. »
Kellogg proposa également de mettre aux adolescents des bandes de pansement aux mains, de les attacher, de couvrir leur sexe au moyen d'une cage brevetée, de leur coudre le prépuce ou de leur administrer des décharges électriques[24].

Le point de vue extrême de Kellogg sur la sexualité ne fut jamais un enseignement officiel de l'Eglise adventiste. Durant l'existence d'Ellen White, certains Américains - même parmi des adventistes - prônaient l'abstinence sexuelle sauf pour avoir des enfants, pensant atteindre un idéal de sainteté. Ellen White s'opposa systématiquement et vigoureusement à ces campagnes antisexuelles. Elle déclara que ces idées ne venaient pas de Dieu et qu'elles « conduiraient aux péchés les plus sombres et à l'immoralité la plus grossière[25] ». Elle mit en valeur une sexualité conjugale normale, affectueuse et aimante, sans restrictions indues."

Époustouflant qu'on ait pu entretenir sérieusement de telles opinons non? Jamais plus je ne mangerai mes Corn Flakes de la même manière !

dimanche, avril 17, 2011

Le transport en commun

On réalise qu'on ne prend pas souvent le transport en commun quand notre fils de cinq ans, en autobus...

-arbore un grand sourire de "première fois" même si ce n'est pas la première ;
-étudie avec attention le système de corde, bouton rouge et clochettes pour demander un arrêt ;
-garde son doigt près du bouton rouge durant tout le trajet en se retenant de ne pas appuyer dessus, anticipant le grand plaisir que ce sera ;
-demeure bouche bée lorsque le son de la clochette se fait entendre sans qu'il n'ait encore appuyé sur le bouton (dont il croyait avoir le contrôle absolu) ;
-vous demande, avant de prendre le bus, si ce sera un bus à deux étages (comme à Rome)

On réalise qu'on ne prend pas souvent le transport en commun quand notre fils de cinq ans, en métro...

-vous demande il est où, "l'aéroport du train" ;
-exige de mettre lui-même le ticket dans la fente ;
-s'agite de bonheur en voyant des escaliers roulants ;
-demande comment le conducteur du train va faire pour savoir où on va puisqu'on ne lui a pas dit ;
-se couche presque par terre en réaction à la demande de son père de ne pas aller au-delà de la ligne pour observer le train s'aligner sur les rails qui vont dans la direction opposée (la nôtre) ;
-s'exclame haut, fier et fort, lorsque le train est bien aligné sur ses nouveaux rails : "OK TOUT LE MOOONDE, LE TRAIN EST SUR LES RAILS, IL S'EN VIIIENT !!" comme s'il annonçait l'arrivée d'un événement exceptionnel ;
-vous assure que c'est la magie qui a fait changer le train de rails ;
-refuse de s'asseoir dans le wagon pour avoir la chance de demeurer debout, s'agripper au poteau et tester son équilibre;
-trouve l'idée de passer sous la rivière en train "dégueulasse" parce que ladite eau était brune ce matin ;
-affirme, sur le trajet du retour en avant-midi, qu'il a trouvé ça vraiment chouette de passer "toute sa soirée dans le train".

Quand on parle de nos voyages et que Frédéric désire joindre sa nostalgie à la nôtre, l'objet de son ennui va plutôt aux petites télés dans les avions qu'au voyage lui-même. Non mais on l'a dit mille fois, le bonheur n'est pas une destination à atteindre, c'est une manière de voyager....

samedi, avril 16, 2011

Kits Découvertes

 Vous cherchez un cadeau original à offrir ou une manière de découvrir mes créations prétentieuses?



Venez faire un tour du côté de mon blogue La Prétentieuse ! J'y présente en format mini mes Kits Découvertes, une excellente alternative au sempiternel chocolat de Pâques et un moyen astucieux pour vous de découvrir ou faire découvrir plusieurs sortes de savons à petit prix. Courriellez-moi si vous êtes intéressées !

lundi, avril 11, 2011

"Lève-toi et gagne cette course !"

En discutant sur Facebook d'une course faite hier pour laquelle je suis arrivée parmi les derniers d'une centaine de coureurs, cela m'a fait penser à ce texte de D.H Groberg tiré d'un Bouillon de poulet pour l'âme et qui m'a toujours particulièrement touchée (en d'autres termes, je braille chaque fois que j'y pense). Voici ce si beau texte pour Mamanbooh et tous ceux qui doivent se retrousser les manches pour se relever même quand la motivation ou l'énergie n'y sont plus. Traduction libre de moi-même.
"Abandonne, retire-toi, tu es vaincu"
Crient-ils pour me décourager
« Ils sont trop nombreux contre toi,
Cette fois, tu ne pourras pas réussir ».

Et comme je commence à me faire à l’idée
de mon échec imminent,
mon renoncement est soudainement remis en question
par le souvenir lointain d'une course.

J'espère alors que mes forces affaiblies,
au souvenir de la scène de cette simple course
retrouveront leur pleine vigueur.

C’était une course d’enfants,  de jeunes garçons du quartier.
Comme je m’en rappelle !  
Les jeunes hommes étaient fébriles, excités, 
mais aussi apeurés de devoir préserver leur honneur face à tous, cela ne faisait aucun doute.

Ils étaient là, tous alignés, si pleins d'espoir ,
chacun espérant gagner cette course,
prêt à tout pour la première place ou à tout le moins, la deuxième.

Les pères, rangés sur le côté, observaient avec attention la scène, misant chacun sur son propre fils et y allant de leurs encouragements.
Et chaque garçon, depuis la ligne de départ, jetait un coup d’œil du côté des pères espérant y trouver le regard du sien et surtout, sa fierté.

Arriva le coup de sifflet, puis les jeunes qui s’élancèrent
cœur battant, pleins de cet espoir de gagner, d’être le héros.
Tel était le souhait secret de chaque garçon.

Et un garçon en particulier,
se tenant près du peloton de tête,
songea à son père qui  depuis la foule le regardait
« Mon père serait si fier » pensa-t-il.

Mais comme ils accéléraient
en descendant une pente,
le petit garçon qui pensait à gagner
perdit pied et en agitant les bras pour retrouver son équilibre
au milieu des rires de la foule,
s’étala de tout son long sur le sol.

Comme il venait de tomber,  son père s’étira à travers les autres pères et posa sur lui des yeux inquiets. Puis, voyant qu’il n’avait pas trop mal, il s’écria : « Relève-toi et gagne cette course ! »

Pas trop amoché, le jeune garçon se leva et reprit place dans la course.
Il n’avait perdu qu’un peu de terrain, tout était encore possible.
Il se mit donc à courir de toutes ses forces pour rattraper les secondes perdues par la chute

Soucieux de rattraper
son retard et de gagner,
son esprit alla plus vite que ses jambes et dans une courbe raide,
il glissa puis tomba à nouveau.

À cet instant, il regretta ne pas avoir abandonné avant
avec la disgrâce et l’humiliation d’une seule chute.
"Je suis nul, mauvais coureur !
Jamais je n’aurais dû m’embarquer dans cette course ! »"

Mais à travers la foule qui riait, il chercha
le visage de son père,  ce regard  solide et rassurant qui disait encore:
« Lève-toi et gagne cette course ! »

Le jeune garçon se releva sans mal et retrouva sa place dans la course.
Dix mètres le séparaient du dernier coureur.
« Si je veux rattraper ces dix mètres pensa-t-il, je dois courir vraiment vite ! »

Le jeune garçon redoubla d’ardeur et donna tout ce qu’il avait dans le ventre.
Il réussit à rattraper huit ou neuf mètres mais pour atteindre le peloton de tête, il lui en fallait encore plus. Cependant, dans ses excès d’efforts, le garçon glissa et tomba de nouveau.
Démoli, humilié, il resta affalé sur le sol en silence.
Une larme coula sur sa joue.
« Il n'y a plus de raisons de me relever maintenant.
Trois chutes, trois échecs, pourquoi essayer à nouveau? »

La volonté de se ressaisir avait disparu.
Tout espoir s'était enfui.
Si loin derrière, si doué pour les erreurs,
Un perdant sur toute la ligne.

«J'ai perdu, et alors?", pensait-il
Je vivrai avec ma défaite et mon humiliation.
 Puis, il pensa soudainement à son père qu’il devrait regarder en face après la course.

«Lève-toi», entendit-il retentir faiblement en lui-même.
«Lève-toi et reprends ta place»
"L’échec n’est pas pour aujourd’hui, relève-toi !"
« Lève-toi et gagne cette course ! »

Avec une demi-volonté,  il se releva.
"Tu n’as pas perdu du tout" entendit-il en lui.
« Gagner, c’est savoir se relever chaque fois que l’on tombe ! »

Alors le garçon se leva et reprit une fois de plus sa place dans la course
avec un nouvel objectif. Résolu, il songea que peu importe qu’il perde ou qu’il gagne, au moins, il n'abandonnerait pas.

À présent loin derrière les autres, plus loin qu’il n’avait jamais été,
il donnerait tout ce qu'il avait
peu importe qu’il gagne ou pas.

Trois fois il était tombé,
trois fois il s’était relevé.
Trop loin pour espérer gagner,
il courrait tout de même jusqu'à la fin.

La foule applaudit le gagnant
alors qu'il traversait le fil d’arrivée
la tête haute, fier et heureux
sans chute ni honte.

Mais lorsque le jeune tombé
franchit la ligne, à la dernière place,
la foule lui donna les plus généreux applaudissements qui soient
pour avoir terminé la course.

Et même si il était arrivé le dernier
la tête baissée, perdant, honteux, 
à entendre la foule, on eût cru que c’était lui qui avait gagné la course.

À son père, il se justifia tristement, craignant de le décevoir:

"Je n'ai pas été très bon".
" Pour moi,  c’est toi qui a gagné",  lui répondit fièrement son père.
"Chaque fois que tu es tombé, tu t'es relevé."


*

En arrivant au fil d'arrivée alors que tous les coureurs sont déjà rentrés au bercail, cela fait chaud au coeur de voir que son amoureux et des monsieur madame tout le monde demeurent fidèles au poste avec leurs encouragements même pour les coureurs novices qui traînent de la patte mais qui n'en finissent pas moins leur course pour autant. Tout au long du parcours, des gens qui encouragent, donnent des tapes verbales dans le dos, d'autres coureurs méga musclés qui vous jettent un beau sourire et quelques mots d'encouragement au moment où vous troquez momentanément la course pour la marche, cela m'émeut profondément et me fait penser à la valeur du regard du père dans ce texte. Il dégage une si grande force métaphorique !

jeudi, avril 07, 2011

Leurs amis

Ils ont toujours été entourés d'amis. Pré-scolaires, ils les espèrent désespérément, leurs amis à eux, à force de baigner dans la lumière des amis de leurs frères. Puis, ils entrent à l'école et socialisent tantôt maladroitement, tantôt habilement, chacun avec ses forces et ses maladresses jusqu'à ce qu'un premier ami, Ô honneur, Ô privilège, viennent à la maison.

Au fil des années scolaires, je vois et revois leurs amis que j'apprécie, des nouveaux que j'apprends à connaître, d'autres avec lesquels je m'efforce d'être accueillante même s'ils me plaisent moins. Les noyaux de leurs amitiés restent souvent les mêmes et on les découvre toujours un peu plus de visite en visite.

Un ami de Fils Aîné que j'aime beaucoup pour son originalité, son authenticité, ses intérêts diversifiés, son entregent, son esprit, son franc-parler et son humour me disait récemment en quittant tard le soir que ça lui faisait toujours un peu étrange de retourner chez lui dans sa maison si calme avec son frère absent ou enfermé dans sa chambre et ses parents souvent absents après être venu chez nous dans notre maison si bordélique (ça c'est moi qui le dis !), tapageuse, dynamique et grouillante de vie.

Cela m'a fait chaud au coeur et j'ai réfléchi. Moi qui apprécie tant le calme et qui ne le retrouve que dans mes visites quasi quotidiennes au café, en roulant seule en voiture ou en fin (fin fin fin) de soirée lorsque les quatre plus jeunes sont couchés, je possède quelque chose qui peut manquer à d'autre dont la vie, justement, est un peu trop calme.

J'aime que les amis de mes enfants se sentent à l'aise chez moi, qu'ils viennent s'adresser aux adultes, ironiser avec nous. J'aime quand ils prennent le temps de s'arrêter deux minutes devant le dessin que les plus jeunes insistent pour leur montrer ou pour personnifier quelques instants un personnage ou une poupée tendue avec insistance. J'aime qu'ils tiennent compte du fait que cette maison compte aussi des petits qui s'attachent à eux !

La plupart des amis de mes enfants ont de la personnalité, de l'humour et me font rire. On les découvre un peu plus et un peu mieux quand ils vieillissent. Leur esprit s'affine. Il ne faut pas craindre l'absurde et la dérision quand on entre chez nous, ils le comprennent rapidement.

Il y a deux jours, une des amies de Fils Aîné a été happée par une voiture sous les yeux de deux autres amis. Elle a cru à tort qu'elle réussirait à traverser au feu rouge. Depuis, je ne pense qu'à elle, qu'à eux. Je m'étonne même de prendre son "cas" autant à coeur. J'en suis bouleversée. Son état est stable malgré la commotion cérébrale et les multiples fractures. Elle repose aux soins intensifs. Toutes mes pensées sont tournées vers ces adolescents attachants, brillants, loyaux entre eux mais qui ont un instant pensé maîtriser une situation qu'ils n'ont pas maîtrisée l'espace d'une fraction de seconde. En fait, la jeune fille, non, mais les jeunes hommes qui l'accompagnaient, dans toute leur jeunesse et leur "virginité de grandes épreuves", ont su assurer avant d'avoir à gérer en eux-même tout ce qui vient avec un tel accident.

Après avoir entendu Fils Aîné rappeler à son ami (l'amoureux qui a vu sa copine se faire faucher et voler dans les airs) qu'il était là pour lui s'il avait besoin de s'appuyer sur quelqu'un ou de parler, j'ai été fière. Fière que mon fils sache avoir de bons amis et qu'il sache être disponible pour eux le moment venu.

Cette belle adolescente, je ne la connaissais pas vraiment. Pas encore. Elle n'était venue ici que deux fois et j'espère que très bientôt elle sera remise sur pieds et pourra reprendre naturellement sa place dans la ronde des amis qui passent par ici.