samedi, décembre 24, 2011

Joyeuses Fêtes !

À toutes mes lectrices, à mes quelques lecteurs,

Je souhaite un temps des Fêtes de bonheur, de partage, de réconciliation (cessons de remettre à plus tard ou d'attendre après l'autre pour entamer les vraies discussions, celles qui vous permettront de construire le reste de votre vie sur du concret et non sur de fausses impressions, des incompréhensions, des malentendus ou des futilités), d'empathie envers vos semblables, de mots pour dire à vos proches votre reconnaissance, votre appréciation, votre plaisir quand ils sont là. Sachons se donner la peine de tendre la main lorsque c'est possible, nous n'avons pas toujours idée de la portée de nos gestes, aussi petits soient-ils.

Que ces Fêtes-ci soient celles qui amorcent l'authenticité, la simplicité, la générosité, l'ouverture aux autres.

Amusez-vous, chères lectrices, chers lecteurs, et célébrez.

jeudi, décembre 22, 2011

Le Salon

Je pense beaucoup à une amie proche de Fils Aîné, dont la maman vient de quitter ce monde. Cancer. Et à cette femme, aussi, qui ne sera pas là pour vivre auprès de sa fille ses réussites, ses doutes, ses inquiétudes, ses regrets, ses questionnements, sa première grossesse (et les autres), la préparation à son mariage ou l'annonce de ses premiers jeux amoureux. Une de mes grandes hantises.

Nous rentrons du Salon. La jeune fille de 17 ans, belle, sobre, noble dans l'attitude. Entre le cégep, son travail et sa mère aux soins palliatifs, elle semble tenir le coup (au fond, à quoi peut-on mesurer cela?). Mais quand même: dix-sept ans, l'âge de mon Fils Aîné que j'aime tant. Désormais, elle doit s'organiser seule. Oh, bien sûr, les amis, la famille (je présume) sont là. Mais le quotidien lui appartient. Pas de papa, de frères ou de soeurs. Seule.

Au Salon, Fils Aîné étreint son amie éprouvée. Les autres amies de la gang, aussi. Ils sont là pour elle.

"Juste avant les Fêtes !" disent les gens. En ces moments de réjouissances familiales, c'est vrai, la solitude fouette davantage, on dirait.

Pourtant, je me réjouis que la belle adolescente ait un répit de cégep durant les Fêtes pour aussi prendre le temps de régler un tant soit peu de logistique et encaisser le deuil récent.

"Maman, cesse de chiquer ta gomme" que vient me glisser discrètement à l'oreille Fils Premier tandis que je suis concentrée à me tordre les tripes devant l'extrême maigreur de la maman ravagée par la maladie sur le diaporama.

Angoisse soudaine: ai-je été concentrée au point d'en oublier les bonnes manières?

Je demeure figée sur place, Fils Aîné à mes côtés. Sous les bons conseils de mon fils, je me résous à me débarrasser de ma gomme.

Doucement, je reviens vers lui. "C'est parce que je chiquais comme une vache ou alors c'est juste...parce que c'est de la gomme?"

-C'est de la gomme, affirme un Fils Aîné empli de convictions sans me regarder.

Fidèle à ses principes, Fils Aîné a cessé il y a plus de deux ans de mâcher toute gomme contenant de l'asparthame, ce substitut de sucre pointé du doigt pour sa responsabilité dans certaines formes de cancer.

J'ai déjà dit que j'aimais ce garçon?

mercredi, décembre 14, 2011

L'épicerie

Il fallait les entendre planifier l'épicerie qu'ils allaient faire à leur père, Coco (10 ans) et Fils Aîné (17 ans). C'est que leur cher papa, il traverse une phase financièrement critique. Cela a un impact considérable sur son moral. Inévitablement, cela a également des répercussion pécuniaires sur nous. Nous nous serrons aussi la ceinture. Mes autres enfants auraient bien voulu contribuer aussi mais leur budget ne le leur permettait pas.

Ayant perdu son boulot, le père de mes quatre grands avait besoin de renouveler sa carte de conducteur de chariot élévateur (250 $) pour envisager s'en trouver un autre. De pépin en pépin, il n'y était pas arrivé. Mes quatre grands mousquetaires avaient décidé de se cotiser pour offrir à leur père sa carte pour lui permettre de se retrouver rapidement un emploi.

Ils ont finalement dû réviser leurs plans: ils allaient lui magasiner le contenu d'un beau gros panier de Noël....personnalisé.

J'étais affairée à mon ordinateur dans une autre pièce, ils étaient tous deux attablés à rédiger une liste d'épicerie.

-Du riz?
-Ah, bonne idée !
-On pourrait lui acheter du jus?
-Du jus...
-Il aime les sachets de gruau pomme et cannelle...
-...
-De la tourtière?

Et ainsi de suite.

Attendrie, je souriais.

Entre deux aller-retours dans la cuisine, je suggérai: "Pourquoi vous n'achèteriez pas une dinde? Elle est en spécial chez X cette semaine. Avec une dinde, il pourra cuisiner au moins quatre ou cinq repas."

Fils Aîné rajouta une dinde sur sa liste.

En fin de soirée, il vint me voir avec sa liste en main. Il venait d'éplucher les sites web des différentes épiceries pour trouver les meilleurs spéciaux et les gratuités (dommage qu'il ne m'en ait pas parlé, je l'aurais guidé vers l'exceptionnel SOS cuisine).

Le lendemain, tel que convenu, j'allai le chercher au cégep après ses cours. Premier arrêt: la SAQ. Le "luxe" pour son père: une mini bouteille de whisky.

Arrêt suivant: l'épicerie. Fils aîné prit un panier, me tendit la liste et s'arrêta net dans l'entrée du supermarché, ne sachant trop où aller. Je zieutai la liste rédigée soigneusement avec le prix de chaque item mais tous départements confondus (je rédige toujours mes listes d'épicerie par département). Je tentai de m'y retrouver, puis il me suivit.

Devant le comptoir des laitues, le bel adolescent demeura perplexe: frisée, romaine, iceberg. Il en soupesa une, puis une autre, en compara les prix, puis déposa l'objet de son choix dans le panier.

Pendant ce temps, j'évaluais la luzerne: pas belle. J'expliquai à mon fils que lorsque la luzerne semble gluante sous le paquet, on préfère oublier ça.

-C'est pour mettre dans ses sandwichs?
-...
-Parce que tu peux remplacer par des pousses de pois mange-tout. C'est excellent.
-Mais est-ce que c'est de la luzerne?
-Bah, pas tout à fait.
-Parce que papa, il ....Ah, laisse faire.
-Il? Papa consomme de la luzerne pour des raisons particulières?

Sourire gêné.

-Ben...oui... (je souris)
-Oh. Bon, on oublie la luzerne. Next.

Les pommes de terre. Elles devaient être achetées chez X, selon la liste. Moins chères. Mais puisqu'on était chez Y, va pour les pommes de terre. Mais...rouges, brossées, jaunes?? Les rouges sont les moins chères. Va pour les rouges !


Fils Aîné aperçut un pain, alla se jeter dessus.


-Non, attends. Ici, c'est la boulangerie. Ce n'est peut-être pas le pain que tu cherches. Allons voir dans le rayon du pain.

Il avait effectivement noté qu'à l'achat de deux pains POM, il obtenait un pain hamburger gratuit. Or, surprise, les pains hamburgers "gratuits" s'avéraient être des pains d'accompagnement.

-Pas grave Fils Aîné, ton père utiliseras les petits pains. Achète tes pains hamburger à part; tu n'as pas acheté de luzerne, tu ne dépasseras pas ton budget.

Département de la poissonnerie. Fils Aîné repère le sac de crevettes en spécial, a un haut-le-coeur. "Dire que papa adore ça...Je déteste les crevettes."

Nous échangeons un moue. 

Fils Aîné trouve les pots d'olives en spécial. Je souris: je sais que les olives sont pour lui plus que pour son père.

Je le regarde se planter devant le comptoir des produits laitiers. Debout devant les 46 sortes d'oeufs, il observe, réfléchit, cherche un spécial. Puis, il prend une poche de lait, hésite, réfléchit. À la maison, nous consommons près de 25 litres de lait par semaine. Papa, lui, vit seul. Quelle quantité prévoir?

Comptoir des margarines. Fils Aîné se gratte le menton. Nous cherchons la margarine à 2,99 $, en vain. Il repère un contenant à 3,99 $, fait une entorse à sa liste.

Mayonnaise, ketchup, moutarde, jus. Il ne prend que du jus d'orange, jette un oeil vers moi. "Coco est d'accord pour qu'on s'en tienne au jus d'orange".

"Sauce tomate x 1,44 $", que dit la liste.

-Euh, Fils Aîné, je ne trouve pas ta sauce. Tu veux quoi au juste? Une sauce tomate "vierge" ou une sauce tomate déjà préparée genre sauce spag' en pot?

Longue réflexion, puis: "Ben...si je prends une sauce de base...est-ce que papa saura cuisiner sa propre sauce?"

-Ne t'inquiète pas pour lui, il saura.

Ma réponse ne le satisfait pas et il achète finalement une sauce en pot déjà prête. Aux champignons. Parce que son père aime ça.

En prenant ses items, maladresse ! Il accroche un pot de sauce. Gâchis sur le plancher. Il me considère, inquiet: "Ben là ! Qu'est-ce que je fais? Je ne peux pas m'en aller comme ça..."

Je vais aviser le gérant, qui vient ramasser le tout en rigolant avec ses collègues, les accusant gaiement du gâchis et en se désolant du fait que c'était sa sauce préférée. Fils Aîné me glisse à l'oreille: "Est-ce qu'il faut que je le paye?"

-Ne t'inquiète pas, le gérant a dit que ce sont des choses qui arrivent...

Le malaise persiste, Fils Aîné tente de le dissimuler. Je vois bien qu'il se sent responsable.

Et hop deux paquets de pâtes pour aller avec la sauce.

Prudente, je valide: "Tu as pris des fettucinis. C'est vraiment ça que tu veux?"

Il réalise soudainement que le choix n'est pas si simple à faire: spaghetti, spaghettini, linguini, vermicelli, fettucini..."

Je l'aide un peu: "Ceux-là, ce sont comme ceux qu'on mange chez Mamie Marianne. Nous, on mange des vermicellis. Les spaghettis sont entre les deux côté grosseur, et les fettucinis sont ceux que l'on mange à la maison avec une sauce crémeuse au bacon".

Il fait son choix.

Devant le riz, il évalue la grosseur des sacs. Combien de temps dure un sac comme celui-ci? Et celui-là?

Vraiment, je le trouve charmant et je suis émue de sa générosité, de son inexpérience calquée d'une touchante volonté. Qui eût cru que faire une épicerie représentait un tel casse-tête?

Il saisit quelques items, puis nous allons payer. En fait, lui. En bonne opportuniste, je lui vole ses milles de récompense puis nous profitons de l'absence de son père pour aller livrer les achats de mes fils à l'appartement.

Fils Aîné a imaginé un scénario. Il espère voir le visage ravi de son père en voyant ses armoires remplies. Il spécule, anticipe des réactions de joie, de soulagement, de gratitude. Il désire enlever un poids des épaules de son père dont le frigo était vide quelques jours plus tôt.

Quelques heures plus tard, il est de retour à la maison, il fignole son bagage (il va passer quelques jours chez son père). Il me demande si je peux contribuer avec quelques savons de la savonnerie. Comment pourrais-je refuser? Je lui prépare un petit paquet cadeau. Ma contribution. Ah, et puis tiens, nous avons une grande réserve de sirop d'érable. Voilà une canne pour ton père.

Fils Aîné s'apprête à reprendre le bus avec ses quelques items supplémentaires. Je le regarde aller, j'ai le coeur gonflé de fierté.

Dans sa carte de Noel, il a rappelé à son père, dont les idées s'obscurcissent dangereusement dans ces pénibles moments, que tous les quatre, ils préféraient nettement avoir un père présent pour eux qu'un père aux poches pleines. J'ai le coeur bouleversé d'amour: j'ai les meilleurs fils au monde.

Fils Aîné est rentré déçu aujourd'hui.
"Qu'est-ce qui s'est passé mon beau?"

-J'avais imaginé un tas de scénarios sur les éventuelles réactions de papa. Je n'aurais jamais pensé qu'il soit aussi indifférent. Il a vu ce que j'avais laissé sur le comptoir, a ouvert le frigo, les armoires. Il a simplement refermé sans réaction.

Fils Aîné l'a secoué: réagis !!

Oh, il a remercié, que m'a précisé Fils Aîné. Mais il ne le sentait pas. Le message était cérébral, non senti. Toute la soirée, il a tenté de faire rire son père, a eu un peu de succès mais les minces sourires représentaient déjà une mini victoire.

Fils Aîné et moi avons été manger un hamburger ensembles ce midi.

-Ton père ne va vraiment pas bien. Il apprécie, j'en suis sûre, mais il est affaibli par sa lutte, par ses préoccupations. Il est fatigué. Tu crois qu'il est dépressif?

-Je n'ai jamais vu papa aussi inerte, aussi découragé. Oui, je crois qu'il fait une dépression. Je lui ai dit qu'il était bien mieux d'être plus convainquant avec Coco qu'avec moi lorsqu'il allait lui téléphoner pour le remercier. Coco était tellement content d'investir son argent dans un cadeau utile pour papa...

Chers Amours... Je suis si fière d'eux... Je sais qu'il -leur père- l'est aussi, mais en ce moment, que dire de plus? J'essaie d'aider mes fils comme je peux, de soutenir leur père (pour qui je demeure l'unique confidente). Ils se sont donné le mandat de veiller sur lui avec leurs moyens, et je ne parle pas que de moyens financiers.

Leur père est un homme travaillant, disponible, débrouillard, honnête, proactif (pour ne pas dire hyperactif), responsable, mais à cette étape, tous, aussi sincère soit notre volonté, nous nous sentons bien impuissants devant sa situation.

Cascades: intégrité, produits et éco-responsabilité

Au début septembre dernier, je participais comme artisane à la Fête des Vendanges de Magog. Si vous connaissez l'événement, vous savez que son attrait touristique est gigantesque: 100 000 visiteurs sur cinq jours. Si l'organisation représentait un beau défi, il fut relevé haut la main.

Dès la première journée de l'exposition, en prenant une pause de mon kiosque, un aspect particulier de l'organisation attira mon attention: la gestion sanitaire du site. L'organisation ne s'était pas contentée d'assurer certains besoins humains par des toilettes chimiques. Mon commentaire vous semble futile? La chose est pourtant capitale: vous avez foule, vous devez assurer ce qui inévitablement vient avec l'Homme.

Les humains étant ce qu'ils sont, avec une si généreuse affluence, la chose n'était pas à négliger. Nombre de personnes ont dû, comme moi, s'étonner, puis se ravir de constater que l'entreprise québécoise Cascades avait été sollicitée pour assurer l'aspect de la gestion sanitaire de l'événement. Les toilettes chimiques habituelles avaient été remplacées par une impressionnante station mobile de l'entreprise québécoise la plus éco-responsable aux yeux des Québécois.

Papier hygiénique fait de fibre de papier entièrement recyclée, système de gestion du débit d'eau dans les toilettes, désinfectant pour les mains, papier à main entièrement recyclé, trucs et astuces écolo dans les cabines, etc.

Une remarquable initiative.

D'accord, je tenais déjà l'entreprise des frères Lemaire en grande estime pour sa vision environnementale, son avant-gardisme, sa culture d'entreprise mais surtout pour sa considération pour ses employés.

Chez Cascades...

  •  l'entreprise reconnaît que son plus important capital est ses employés;
  • les employés ont droit à l'erreur;
  • les initiatives des employés sont encouragées;
  • la considération de l'employé est plus importante que le profit;
  • le président a son bureau et son téléphone ouverts à tous;
  • l'information qui concerne l'entreprise est transparente à tous les employés;
  • les salaires des employés sont décents et une partie des profits de l'entreprise est repartagée avec eux;
  • les produits et outils de l'entreprise sont disponibles pour les besoins PERSONNELS des employés;
  • etc.
 (Aktouf, 1989b)

Lorsqu'on m'a demandé de "tester" leur maisonnette en carton entièrement recyclée, j'ai bien entendu accepté. Enfin, j'ai proposé à la garderie de ma fille de le faire pour moi. Quoi de mieux qu'une garderie pour mettre à l'épreuve une telle "cabane"?

Au grand plaisir de tous les enfants (âgés de 10 mois à 3 ans et des poussières), elle tient toujours le coup et cela depuis plusieurs semaines. Voilà maintenant un théâtre stylé et unique.



J'ai vu chez une autre blogueuse le sapin écolo de Cascades. Impressionnant de créativité ! 

Découvrez d'autres produits faits de papier recyclé offerts par l'entreprise de chez nous à la boutique Cascades.

Un produit de mobilier pour enfants Cascades à 25% de rabais, cela vous tente? Entrez le code-rabais que voici pour en bénéficier : GRANDEDAME
Bonne découverte !

samedi, décembre 03, 2011

Comment arnaquer un artisan en sept étapes faciles

Tout d'abord, quelques pré-requis:

1 - Avoir peu de conscience personnelle
2 - Avoir le sens de l'honneur plutôt élastique
3 - Posséder un certain talent de comédien
4 - Être minimalement stratégique

La technique est relativement facile. Inutile de spécifier qu'un peu de pratique peut vous rendre redoutablement habile.

Voici:

1 - Tout d'abord, montrez-vous intéressé aux produits d'un artisan. Sentez-les, touchez-les, essayez-les, votre intérêt ne s'en montrera que plus crédible.

2 - Dans un deuxième temps, faites votre choix sur quelques produits sélectionnés, idéalement plus dispendieux.

3- Réglez votre dû. Pour obtenir un effet plus "wow" et démontrer le sérieux de votre investissement, préférez régler avec une grosse coupure.

4 - Remerciez poliment lorsque l'on vous remet le sac contenant vos achats, puis quittez.

5 - Une vingtaine de minutes plus tard, revenez en trombe au kiosque de l'artisan. Pour plus de persuasion, arborez un air décidé lorsque vous tendez le sac à l'artisan en ayant pris soin de retirer les articles les plus dispendieux pour lui signifier avec une conviction saupoudrée d'un certain affolement qu'il a oublié de vous remettre lesdits articles.

6 - Déstabilisé, ce dernier hésitera, vérifiera ses notes de ventes, plissera les yeux pour vous considérer et finalement vous donner le bénéfice du doute.

7 - Quittez ensuite rapidement en prenant soin de contenir votre satisfaction intérieure d'avoir obtenu presque le double de la valeur de votre achat initial par votre habile manoeuvre.


Bien entendu, l'artisan pourrait s'auto-flageller de n'avoir pas écouté son intuition et sa certitude flageollante au moment de votre passage impromptu lorsqu'après coup il réalisera qu'il vous avait bien remis les articles payés (ce que lui confirmeront ses proches témoins) mais qu'importe puisque c'est vous qui aurez à ce moment en main ce que vous convoitiez.

Bah, il pourrait se sentir stupidement dupe et imbécile de n'avoir pas repéré l'arnaque sur le coup, de s'être mis en doute, il pourrait se sentir personnellement blessé d'avoir été dépouillé de ses précieuses créations mais qu'importe puisque de toute manière l'honnêteté, l'honneur, le respect, le souci de l'autre et la conscience ne vous importent pas?

vendredi, novembre 18, 2011

Les organes

-Fils Aîné, je t'ai envoyé un message sur Facebook, ça va t'intéresser, c'est un texte sur un organe que tu apprécies particulièrement.

Mystifié, Fils Aîné se dirige vers l'ordinateur.

"C'est quoi un organe?" que demande Frédéric, six ans.

-Un organe, c'est quelque chose qui aide ton corps à bien fonctionner. Par exemple, ton coeur est un organe qui pompe ton sang. Tes poumons sont des organes qui servent à te faire respirer. Ton nez est un organe qui te permet de sentir. Ton foie est un organe qui sert de filtre. Ton pénis est un organe qui...

-Ben, il me permet de faire pipi !

-Oui, et aussi à faire des bébés !

-Eeeeh, non (allo, réveille !), les bébés sortent par les fesses !

-Tu crois que les bébés sortent des fesses comme des cacas?

-Ben...(embarrassé) Eeeh, maman, les bébés grandissent dans le ventre des mamans. Est-ce que les gars sont des filles? (vas-y, tente de répondre à ça, Madame Connait Tout !) Les bébés sortent par les vulves des filles, pas des pénis alors les gars ont rien à voir là-dedans !

Super. On ne va pas plus loin. On a encore plusieurs années devant nous...

mercredi, novembre 16, 2011

Alimentation saine: s'y retrouver

Vous voulez me perdre? Parlez-moi de glucides, lipides, calories, complexité du métabolisme, assimilation du fer facilitée par le calcium ou je ne sais quoi encore. Le langage inhérent à la composition chimique de l'alimentation ou du chinois, c'est du pareil au même.

Or, depuis quelques mois, je m'y intéresse particulièrement. Plus je lis sur le sujet, plus (lentement) je commence à décoder quelques concepts de base.

S'il fut une époque où je pouvais ingurgiter n'importe quoi sans égard au nombre de calories, est-ce l'ingratitude de la trentaine, ce n'est plus le cas. J'ai longtemps admiré la simplicité avec laquelle la plupart de mes proches cherchant à perdre du poids naviguaient dans une sorte de compréhension naturelle de la corrélation entre les intrants du corps humain et le métabolisme.

Suis-je plus sensibilisée, je passe mon temps à lire les étiquettes pour tout juger : sucre déguisé, mauvais gras, quantité de sodium, calories, etc. On peut facilement devenir obsessif quand on réalise toute la nourriture qu'on ingurgite qui n'en est pas vraiment mais c'est véritablement passionnant quand enfin on arrive à s'y retrouver !

Quand on comprend pourquoi les céréales à grains entiers son supérieures aux grains blanchis et vides, quand on découvre des trucs pour préserver la valeur nutritive des légumes lors de la cuisson, quand on apprend quoi vérifier sur une boîte de céréales pour s'assurer de faire un choix plus santé, quand on apprend à utiliser les huiles de manière plus judicieuse en cuisine, quand on apprend à démystifier les mythes alimentaires, par quoi remplacer certains ingrédients pour alléger nos repas ou desserts, l'alimentation devient non seulement un plaisir à table mais également dans la planification. Il y a également grande satisfaction dans la certitude que de simples changements dans vos habitudes alimentaires profiteront à toute la famille non seulement dans l'immédiat pour dans l'acquisition et la consolidation des habitudes pour le futur.

J'ai découvert ce site (Extenso), qui est une véritable mine d'articles pertinents et forts instructifs sur l'alimentation. Bonne découverte !

dimanche, novembre 13, 2011

Connecter

De toute évidence, je suis la plus chanceuse des filles.

Dans mes salons, marchés et expos, j'ai la chance chaque fois d'obtenir des kiosques à proximité des personnes les plus dynamiques, sympathiques, ouvertes d'esprit et pleines d'humour qui soient.

N'est-ce pas fantastique de nouer de pareils liens quelques fois par année par une proximité obligée?

lundi, octobre 24, 2011

Out, les photos scolaires?

C'était jour de photographie scolaire à l'école de mes trois "primaires" quelque part la semaine dernière. C'est avec fierté que mes trois fils sur leur trente-six ont quitté la maison.

Pourtant, pour la deuxième (ou est-ce la troisième) année, je n'achèterai pas les photos scolaires. Pour la seconde (ou troisième) fois, nous ne recevrons que la photographie de groupe, celle qui importe le plus à mes yeux.

Pourquoi? Parce qu'ici, les ensembles de photos ne sont plus que gaspillage. Oh, bien sûr, fiston est adorable avec son sourire édenté et sa belle chemise, mais une fois distribuées quelques photos aux membres de la famille, nous demeurons pris avec une quantité impossible de photos de toutes les tailles qu'on n'ose pas jeter (même en ayant pris soin de choisir le plus petit kit) car symboliquement ce serait un peu comme de mettre une partie de l'enfant au recyclage.

Et puis, depuis l'ère du  numérique, nous stockons TELLEMENT de photos, est-ce vraiment nécessaire de dépenser en plus pour la photo scolaire qui répond davantage à une "nécessité" traditionnelle qu'à un besoin réel? Parce que c'est ça depuis des décennies, les photos scolaires: un geste traditionnel, voire culturel qui génère une image de nous-même à un âge précis auquel on associera au fil des années tous les souvenirs rattachés à cette année scolaire précise.

Les photographes se sont ajusté au numérique dans le traitement de la photo scolaire: appareils high tech, fonds virtuels, commandes en ligne, gravures de cd, produits dérivés, mais au final, cela demeure un produit de consommation comme un autre accepté socialement comme une normalité-formalité scolaire.

La photo de tout le groupe réuni possède une valeur ajoutée: le souvenir, la référence à une dynamique aussi unique que les individus qui composent l'ensemble.

La photographie scolaire est si ancrée dans nos traditions qu'on ne remet pas son bien-fondé réel en question. Qu'en pensez-vous?

mardi, octobre 11, 2011

Rencontre

Je me souvenais de cette femme. Elle était venue nous rencontrer il y a deux ans. Je l'avais trouvée authentique, jolie et vraiment gentille. Je me rappelais aussi qu'elle avait quatre enfants, dont des jumeaux.

Grand-Homme était attablé avec elle depuis un moment. Je m'approchai, la saluai.

-C'est bien vous qui avez des jumeaux? que je demandai pour établir le contact.

-Oui, mais il ne m'en reste plus qu'un répondit-elle, désolée.

Coup de poignard (je voudrais tant pouvoir éviter cela aux autres parents). Elle m'expliqua qu'un de ses jumeaux, âgé de 16 ans, était parti en trombe de la maison un matin après l'avoir serrée dans ses bras. Il allait rejoindre l'arrêt de bus mais de son pas rapide et insouciant, il n'avait pas bien regardé avant de traverser la rue. Arriva ce que nombre de fois, Dieu merci, nos enfants évitent : le jeune homme fut happé par un conducteur qui ne réussit pas à l'éviter. Une importante commotion cérébrale et une douzaine de jours plus tard, les parents firent le choix de faire débrancher le respirateur et de donner les organes de leur fils.

J'écoutais attentivement, suspendue aux lèvres de cette toujours authentique femme qui avait perdu son fils neuf mois plus tôt mais qui en parlait avec une telle sérénité qu'on aurait pu croire qu'une longue période s'était écoulée entre l'accident et la remarquable attitude qu'elle avait choisi d'avoir vis-à-vis cette mort impromptue.

Elle expliqua son acceptation de l'heure de son fils qui était venue. Bien entendu, cela n'enlevait rien au chagrin de la perte mais son attitude témoignait surtout de sa gratitude pour les derniers beaux moments qu'elle avait vécu avec lui: sa journée de ski juste avant de quitter ce monde, qu'il décrivait comme la plus belle journée de ski de sa vie, l'étreinte qu'il avait fait à sa mère en lui disant qu'il "lui en devait une" (elle lui avait rendu un grand service la veille), le sentiment de perfection dans les derniers mots, les derniers gestes.

Pour la première fois, je rencontrais une femme qui avait un sentiment semblable au mien vis à vis la mort : qui ne criait pas à l'injustice, à la colère, qui ne cherchait pas indûment de coupable, qui avait envie de regarder en avant et d'être heureuse malgré la lourde épreuve avec laquelle elle doit composer désormais. Pourtant, cette colère, elle aurait été tellement légitime, même si elle acceptait volontiers de lâcher prise sur ce pour lequel elle n'avait plus aucun contrôle. Peut-être viendra-telle plus tard, cette colère, qui sait? Si c'était le cas, nul doute que cette exceptionnelle femme saurait l'accueillir dignement avant de la laisser se dissiper le moment venu.

Plus que tout, ce qui m'a emplie de tendresse pour elle, ce sont ses paroles. Elle a perdu un fils, dit-elle, elle saurait s'en relever en dépit de sa souffrance, mais toute sa compassion était destinée à son autre fils, le jumeau identique qui lui renvoie chaque jour désormais une double image: celle du fils vivant, puis celle du disparu. Sa grande douleur vivait davantage dans le fait de voir son fils vivant privé de son jumeau si proche que dans le fait d'être elle-même privée de son enfant profondément unique en dépit de son statut de jumeau. N'est-ce pas le plus grand dévouement maternel qui soit que de se retirer pour accorder la "première place de la souffrance" à un autre de ses enfants plutôt qu'à soi-même en tant qu'habitant premier de notre douleur?

Je pense beaucoup à elle depuis sa rencontre, d'autant plus que son fils décédé porte le prénom du personnage d'une des nouvelles du recueil sur lequel j'ai travaillé durant trois ans et dans lequel après les refus de neuf éditeurs et un an de recul je replongeais le jour-même de la discussion (qui m'a ébranlée) avec cette femme.

mardi, octobre 04, 2011

Carrefour

Alors que je branlais dans le manche à un carrefour de ma vie depuis trop longtemps devant trois avenues, ma seule solution envisageable : courir tous les lièvres. Je vous l'ai déjà dit, mon insatiable gourmandise fait en sorte que je veux tout . Mais, vous le savez, courir trop de lièvres (mon éternelle quête) est aussi épuisant que pernicieux.

Oh, je gère, mais en me désolant de n'avancer pas au rythme auquel je me sais capable. C'est le prix à payer quand on n'aime pas les compromis.

Cette fois, je me suis imposé une avenue. En fait, deux (elles sont compatibles).
Je vais aller au bout d'un lièvre.
Après, on verra.

Je suis libre, après tout.

jeudi, septembre 29, 2011

La maternelle : retour à la case départ

Depuis la nouvelle routine du  matin avec un enfant à la maternelle, nous repartons de zéro pour la question de l'autonomie.

Si je dis à un de mes primaires: "Prépare-toi pour l'école", il sait ce que cela implique. Nul besoin de décortiquer toutes mes consignes: s'habiller, déjeuner, préparer son lunch et cie.


Depuis la rentrée de Frédéric, tout est à décortiquer. Je ne puis simplement demander "Habille-toi" car immanquablement, il oubliera un morceau que l'on cherchera tandis que les deux grands attendront dans l'entrée, sac sur le dos.

Je dois donc décortiquer dans les moindres détails chaque étape de sa préparation:

-Mets ton pantalon (mille et une autres distractions)
-Frédéric, FOCUS ! Mets ton pantalon !

(distractions, distractions)

-Fred, ton chandail. (distraction). Ton CHANDAIL !

-Frédéric, tu veux quoi sur ta toast? (distraction)
-Fred, beurre de peanut ou miel?
-Frédéric, décide : beurre de peanut OU miel? (distraction...Uh, on me parle??)

(parle, taponne, niaise, fait n'importe quoi sauf ce qu'il a à faire)

-Frédéric, mange. (parle, parle, prend une bouchée, taponne, rien ne presse)

(distractions, distractions)

Je m'assieds près de lui. "Maintenant, tu prends une bouchée. Regarde-moi. Prends une bouchée."

Je m'assure qu'il s'exécute. Vingt-cinq minutes pour manger une toast, on aura vu plus rapide.
C'est épuisant.

Suivre à la trace chacun des moindres gestes pour s'assurer que ce qui doit être fait est fait, pas de tout repos.

J'apprécie l'autonomie des grands (cégep, secondaire, puis trois au primaire), qui eux aussi trouvent difficile de se voir ainsi ralentis par les mille distractions de leur jeune frère, sa lenteur et son inconscience du temps qui file. Ils tentent de lubrifier cette routine en lui facilitant la tâche: lui apporter ses souliers, sortir quelques éléments de son lunch, mettre sa boîte à lunch dans son sac, transporter son sac pour accélérer le départ à 7h20, lui rappeler de garder le FOCUS.

Quand on goûte à l'autonomie et à la responsabilité des ados, les exigences de la petite enfance semblent parfois alourdissantes (et sa difficulté à gérer les distractions, puis le manque de sommeil n'aident pas). Il va falloir s'ajuster !

Vivement que le pli de la préparation et de l'apprentissage de l'autonomie se prenne pour que les matins soient plus efficaces !

mercredi, septembre 28, 2011

Le moustique

Atelier-discussion philosophique. Huit ou neuf personnes autour de la table. Un homme désire exprimer son point de vue, prend la parole. Les autres se taisent, l'écoutent.

Alors qu'il commence à exposer sa vision, un maringouin se pose sur son nez. Je souris intérieurement, trouve l'image cocasse. Je me dis que le moustique est encore en phase exploratoire, qu'il s'envolera, mais non, il reste, a trouvé le spot idéal pour sucer.

J'observe l'homme convaincu si absorbé par son propre discours qu'il ne réalise absolument pas le vol dont il est victime. Je me demande si un des autres participants osera interrompre son monologue pour lui mentionner qu'il est en train de se faire piquer. Personne ne dit mot.

Je déteste ces sales bestioles et étonnamment, je n'ai pas envie de faire preuve de sympathie (ç'aurait pourtant été mon genre -oui, moi qui vous le dis sans gêne si vous avez un morceau de persil entre les dents, si votre fermeture éclair est ouverte, si vous avez une feuille d'assouplisseur qui vous sort du bord de pantalon - quitte à interrompre la dynamique intellectuelle pour quelque chose d'aussi futile). Apparemment, personne n'a envie de l'interrompre. Peut-être la loufoque scène amène-t-elle un vent de fraîcheur dans une discussion où tout le monde se prend un peu trop au sérieux?

Durant un long moment, l'homme parla. Durant un long moment, notre petite assemblée "écouta". Durant un long moment, le moustique suça.

En rentrant à la maison, je repensai à la scène.

"Grand-Homme, as-tu remarqué, pendant tout le temps que mon voisin de table parlait, un moustique était en train de lui piquer le nez? J'étais si absorbée par le moustique que je n'étais pas attentive à son son point de vue."

Grand-Homme s'esclaffe alors comme si j'étais candide: "Mon Amour, tout le monde fixait le maringouin, personne n'écoutait l'homme."

C'est connu, plus il y a de témoins à un délit / meurtre / viol , moins il y a de chances que les gens réagissent, la responsabilité sociale étant divisible par le nombre de témoins présents.

Bon, on se parle d'une situation banale, mais cocasse et pourtant, le résultat est le même.
Le pauvre homme se gratte rageusement le nez à l'heure actuelle.

jeudi, septembre 22, 2011

Le Joyeux Barbu

Souper de famille....Fils Aîné (presque 17 ans) et Grand-Charme (14 ans) discutent...

Fils Aîné - Savais-tu que si j'avais un restaurant, je pourrais imposer à mes employés de se raser pour travailler pour moi?

Grand-Charme - ... 


Fils Aîné - Pour éviter qu'ils mettent des poils dans la nourriture. 


Moi - Il existe des filets pour éviter les poils de barbe...

Grand-Charme à son frère - Mais tu ne pourrais leur imposer, à l'inverse, de porter la barbe.

Fils Aîné - ...

Grand-Charme - Sauf si ton resto s'appelait "Le Joyeux Barbu". Là, tu aurais besoin d'un chef qui reflète bien l'image de ton entreprise.

Fils Aîné, hésitant - Imposer le port d'une barbe....?

Moi - Qu'est-ce que ça change que ton chef soit rasé ou pas, les clients dans le resto ne verraient pas ladite barbe si barbe il y avait....

Grand-Charme - C'est une question de cohérence. C'est comme un resto où l'on annonce "Serveuses sexy": ce serait incohérent d'y trouver une serveuse en col roulé....

Fils Aîné - Ça a beau être naturel, on ne peut pas imposer le port d'une barbe à un être humain....

Grande-Dame - Les talibans le font: Dieu a créé l'humain avec du poil, les talibans n'ont pas le droit de la couper. Interdiction totale.

Logique, Tout-Doux (presque 12 ans) : Le Père Noël est Taliban?

mardi, août 30, 2011

L'intellizence

Tout bonnement, en gambadant vers la voiture, Frédéric (5 ans): "Maman, est-ce que tu le savais que z'étais intellizent?"

-Que tu étais intelligent?

-Oh que si !

On s'installe en voiture.

-Comment ça, t'es si intelligent?

Haussement d'épaules. "Ben, ze connais des techniques que les gars connaissent pas."

-Des techniques?

-Des techniques.

-Quel genre de techniques?

Haussement d'épaules. "Ben, des techniques pour se battre."

-Ah.

-Puis aussi, ze t'ai montré comment accrocher le truc d'épingles sur la corde à linze.

-Hm.

-Puis aussi, z'ai mangé les noix dans ma salade. Tu te souviens, les noix qui nous rendent intellizent?

-Oui, c'est vrai, les bonnes noix de grenoble.

-Ça fait longtemps qu'on n'a pas fait une bonne salade avec des pommes et des noix.

-C'est vrai. On devrait s'en faire une ce soir.

(Pour être encore plus intellizents demain...)

mardi, août 23, 2011

Prends position, diantre !

Fin août. Rentrée scolaire. Incertitude. Fébrilité. Nouveaux horaires pour chacun, nouvelle organisation, adaptations X 100. Summum de l'angoisse. Je m'ajuste. Je m'ajuste toujours. Cette année, de surcroît, production intensive de savons et produits pour le corps pour La Prétentieuse à la Fête des Vendanges. Il faut bien canaliser quelque part !

J'ai longtemps apprécié l'honorable qualité qu'est l'objectivité. Je l'apprécie toujours. Prendre conscience des deux côtés de la médaille avant de porter un jugement, éviter de sauter à des conclusions hâtives, mesurer posément, saupoudrer un peu de neutralité sur une situation. Mon estime a de bonnes chances de se pointer le bout du nez si vous en faites preuve.

Sauf que. Je commence à en avoir marre de certaines "sur-neutralités" qui finissent par faire de l'objectivité une incapacité à prendre position. On a parfois besoin de jauger ce que pensent nos proches, d'avoir un autre regard sur une situation. À tant vouloir éviter d'assumer ce qu'ils pensent réellement, quand ils demeurent dans la zone parfois confortable mais surtout sécuritaire de la neutralité, ils ne se mouillent pas. Ça m'exaspère.

Faire preuve d'objectivité, c'est bien. Mais parfois il faut savoir se mouiller. J'ai besoin qu'on sache le faire. Prendre position et assumer ce qui vient avec, pas seulement assurer ses arrières.

Je me suis toujours bien entendu avec les personnes promptes, parfois désespérément maladroites mais avec qui les choses sont d'une indiscutable netteté: impossible de ne pas savoir à quoi s'en tenir. Je gère bien la vérité.

En ce moment, les excès de prudence m'énervent. Trop grand besoin de rétroaction. J'ai envie de secouer des carcasses. Incapable de t'ouvrir, de me laisser prendre le pouls de tes réflexions, de ta pensée, de ton raisonnement?

On se côtoie pourquoi, déjà?

jeudi, août 18, 2011

Le changement

Fils Aîné est de retour depuis plusieurs jours. Bien que je n'aie jamais douté de ses forces, ses qualités et ses atouts, je constate que plusieurs d'entre eux se sont nettement consolidés. Il est débrouillard, généreux, enthousiaste, a développé de nouvelles amitiés, son anglais est riche et fluide (son portefeuille aussi), il est plus indépendant, prend des initiatives qui nous surprennent, il fait preuve d'empathie et de diplomatie.

Je suis émue devant ses assises plus fortes.
Fils Aîné est vraiment, comme lui a écrit son autre mère, un "awesome young man".

L'autre mère

J'ai développé une espèce de profond respect et sincère amitié pour une femme que je n'ai jamais rencontrée: la mère de notre "échangiste".

Quelque chose d'humain et de noble réside dans cet échange, pour deux mères: je prends soin de ton enfant, je l'accueille, lui fournis mon écoute, mon humour, ma disponibilité, ma bienveillance et tu prends aussi soin du mien.

Fils Aîné a adoré son autre mère, Karen. Via son enthousiasme pour cette femme avec laquelle il parlait, riait, se confiait, écoutait des films, j'ai développé une grande estime pour elle. Elle n'a pas assuré que ses besoins physiques. Elle s'est investie dans une vraie relation avec lui et s'est construit entre eux une belle complicité.

Je suis vraiment touchée de ce lien nouveau et significatif pour mon fils.

La gare et "l'échangiste"


Il y a une éternité que je désirais vous parler du départ de Fils Aîné pour la contrée lointaine de l'Ontario il y a déjà un mois et demi et voilà qu'il vient de rentrer.

C'est très tôt que je suis allée le conduire à la gare pour rejoindre des centaines d'autres jeunes prêts à s'éparpiller à travers le Canada pour mieux se retrouver eux. Béatrice, à peine réveillée à l'aube, a surpris, puis intercepté notre départ en réclamant qu'on l'attende.

C'est avec elle que j'ai fait mes adieux à mon fils. Fils Aîné contenait bien dans son calme étanche sa fébrilité de partir loin de la maison pour six semaines afin d'aller travailler et apprendre l'anglais encadré par le programme d'échange du YMCA.

Ils étaient si beaux, tous ces jeunes ados aux bagages débordants (c'est là que Fils Aîné contrastait avec son maigre bagage de nomade à faire rougir d'envie toutes ces demoiselles lourdement chargées). En le regardant s'éloigner, Béatrice a compris que son grand frère partait pour vrai et ce sont ses pleurs déchirés à elle plus que le départ qui, bien qu'émouvant, m'ont brisé le coeur. 

Si l'adaptation fut facile dans sa nouvelle famille jamaïcaine qu'il a immédiatement séduite, ce fut un peu plus ardu pour sa jumelle à la maison. Le programme étant conçu pour apprendre la langue seconde par l'immersion, la jeune fille que nous accueillons a mis plusieurs semaines à se décider à nous parler en français. La barrière de la langue était pour elle insurmontable. Elle demeura donc stoïque, voire carrément sans expression durant une dizaine de jours. De nature réservée, elle s'intégrait peu, lentement et ne se séparait jamais de son iPhone. Pas question de rater un texto !

Cela n'était pas de la mauvaise volonté de sa part mais une espèce de lenteur de réaction due à sa quasi totale incompréhension du français. Elle me déstabilisait par son absence de rétroaction. Impossible de déceler à son non-verbal si elle avait apprécié une activité, étant toujours sans expression. J'ai fini par penser qu'elle n'était pas bien dans notre famille.

Un soir, nous avons entendu ses lourds sanglots dans la douche. Ça y est, que je me suis dit, elle craque. Elle regrette d'être venue, elle n'en peut plus.

J'ai téléphoné à la coordonnatrice pour lui expliquer la situation: de toute évidence, notre jeune ne se sent pas bien chez nous. Je suis en mesure de faire face à toutes les situations avec cette jeune fille pour autant que je ne sois pas la cause de son malaise !

J'ai pris mon courage à deux mains et ai été parler à "ma" demoiselle. Elle a justifié ses pleurs en me disant qu'elle avait aperçu une araignée dans sa chambre et qu'elle avait eu peur, qu'elle avait horriblement peur des araignées. J'avais l'impression qu'elle me bullshitait (qui déverserait bruyamment toutes les larmes de son corps durant dix interminables minutes pour une simple araignée?) mais au final, il semble que sa phobie soit tangible et puissante.

Nous avons appris par la bande (heureusement qu'elle existait cette bande; cela me permettait d'avoir un tant soit peu de rétroaction) qu'elle était bien chez nous et que son principal frein était réellement la langue (ce que j'ai constaté lorsque je lui parlais en anglais; elle devenait alors un peu plus vivante).

J'ai fini par me douter que ses couleurs réelles finiraient par transparaître lorsque le temps viendrait de quitter. Ce fut le cas. C'est autour de la troisième ou quatrième semaine que la présence de "l'échangiste" commença à être plus interactive, dynamique, spontanée.

Elle est partie et je dois avouer : elle me manque. Derrière sa grande réserve, c'était une jeune fille espiègle, généreuse, sensible, ambitieuse, affectueuse, franche, reconnaissante, pleine d'humour et très respectueuse.

Certaines personnes sont plus lentes que d'autres à s'adapter. De tout le groupe (les huit jeunes de l'échange que notre circonscription recevait), la nôtre était celle qui débutait avec le moins d'acquis. J'espère qu'elle aura retiré du positif de cette immersion chez nous. Depuis le tout début, je me suis souciée d'elle beaucoup plus que de Fils Aîné, pour qui l'adaptation fut si aisée là-bas et dont la vie familiale, sociale et professionnelle furent si enrichissantes que je savais que peu importe les situations, mon fils saurait se débrouiller.

Le YMCA organisant des activités incluant également les familles, tous mes fils ont pu tirer profit de cet échange linguistique et se lier d'amitié avec les huit jeunes présents. Grand-Charme revendique de participer à cet échange dans deux ans. 

C'est le coeur gros que j'ai quitté notre charmante invitée et ses amis à la gare. On s'attache à ces petites bêtes-là !

samedi, juillet 30, 2011

Croisière urbaine ou la nature à proximité

Laval...oui oui, on sait, les centres d'achats, mais vous le savez, je déteste magasiner alors je ne vous en parlerai guère.

En fin de journée récemment, c'est sous son visage nature que nous l'avons explorée. Déjà des adeptes du boisé Papineau pour ses randonnées (et avouons-le, lâcher les enfants lousse dans le silence), du centre de la Nature (presque bis = pas autant de silence) et des vergers lavallois l'automne venu, nous ne l'avions pas encore visitée depuis la rivière.

Nous avons eu l'occasion d'aller serpenter à dos de Héron Bleu la rivière des Milles-Iles et de contempler avec un certain détachement la beauté des rives que l'on chevauche habituellement plus par nécessité que par envie de s'évader...pas trop loin de la maison.

D'abord, fidèles à notre habitude, nous sommes arrivés en retard. À deux voitures pour notre grande famille, le défi était d'arriver à l'heure et en même temps ! De justesse, nous y sommes presque arrivés (quelques minutes de retard...oui, nous nous efforçons d'entretenir notre pitoyable notoriété en matière de ponctualité !). Le personnel a eu la clémence d'attendre les retardataires (gratitude !).

Juste de mettre les pieds sur le quai et voilà, les enfants étaient aux anges, nous partions à l'aventure et surtout, nous partions !

Durant la ballade commentée (d'une durée d'une heure et demie), nos enfants (ceux qui n'étaient pas en train de se promener d'un siège à l'autre pour rejoindre la fratrie éparpillée, de trébucher dans le fil du micro ou de vouloir devancer l'animaterice) en ont appris plus sur la faune et la flore marines de la rivière des Mille-Iles, son histoire, la géographie environnante, les berges (dont la maison de Céliiiiine, sur laquelle l'animatrice a beaucoup insisté) et la construction des ponts qui la chevauchent. Bon, les plus jeunes étaient trop fébriles pour être réellement attentifs à l'aspect pédagogique de l'aventure mais les raisons pour lesquelles ils ont apprécié la ballade sont quand même là : des animaux empaillés à caresser (oui, même morts, ils méritent de l'affection et justifient un changement de place 56 fois à la minute pour prolonger le privilège de l'animal "de compagnie"..hm...), le caractère désinvolte d'une ballade en bateau, les canes qui nagent sur la rivière avec leurs canetons à la queue leu leu (bonheur que nous n'avons pas eu avec Coquette), les maisons de riches à faire rêver sur les rives (ben oui, on peut toujours fantasmer) et toujours un siège avec des grands frères prêts à nous accueillir chaleureusement malgré notre remarquable agitation.

Sympathique petite ballade qui clos agréablement une chaude journée d'été.

Pour plus d'information, c'est par ici : Parc de la Rivière-des-Mille-Îles .

jeudi, juillet 21, 2011

Le courage que j'aime

Mon Coco vient d'avoir 10 ans. C'est un garçon jovial, libre, heureux, souriant. Il est toujours prêt à rendre service, il est affectueux, intègre, généreux. Il y a dans ses yeux une lueur constante de gaieté, d'authenticité. Il est franc mais n'aime pas faire de peine, il culpabilise facilement et rayonne quand il est fier de lui.

C'est le seul sur lequel Fils Aîné, qui l'appelle son 'mini-moi' (ils se ressemblent vraiment beaucoup) n'a jamais eu d'emprise et pour cela, il le respecte profondément.

Coco, donc, par sa personnalité simple et gaie, a beaucoup d'amis et sa compagnie est recherchée. Un de ses meilleurs amis vient souvent à la maison. Tous les jours, en fait. C'est un bon garçon que j'aime beaucoup: il est poli, jovial, d'ordinaire respectueux et il apprécie le reste de la fratrie. Cet excellent ami a un défaut: il se montre parfois insistant.

Il y a  quelques jours, l'ami téléphona pour venir à la maison. Coco lui mentionna qu'il n'en avait pas vraiment envie. Grand-Charme me fit remarquer qu'il avait de l'admiration pour son jeune frère qui savait être franc et dire ouvertement à ses amis quand il n'avait pas envie de jouer avec eux.

Or, la franchise de Coco ne suffit pas et l'ami retontit à la maison quelques minutes plus tard. Coco essaya de se montrer poli mais n'avait visiblement aucune envie d'être avec lui. L'ami insista pour qu'ils aillent tous deux s'acheter des bonbons. Coco refusa. L'ami insista. Coco refusa. Durant une dizaine de minutes, en préparant le dîner, je les entendais tenir sur le patio leurs positions respectives.

Puis, Coco rentra dîner et l'ami insista pour l'attendre dehors et jouer avec lui après son repas. Coco accepta à contrecoeur et rentra la mine basse. "Coco, que je lui dis, tu n'as vraiment pas l'air motivé à jouer avec lui. Tu sais, tu as le droit de lui dire non. Tu n'es pas obligé de faire ce dont lui a envie juste parce qu'il te met de la pression".

-C'est vrai me dit Coco. (On aurait dit à sa pauvre mine qu'il avait une tonne de pression sur les épaules). Je n'ai pas envie de jouer avec lui.

Il sortit bravement sur le patio et interpella son ami qui attendait. Attendrie, je l'écoutai: "Ami, je n'ai pas vraiment envie de jouer avec toi aujourd'hui. J'ai accepté parce que tu insistes beaucoup mais je me sens mal parce que je me sens obligé."

L'ami demeura perplexe un instant, puis s'enligna pour insister à nouveau.

Je sortis alors appuyer Coco, que j'avais trouvé bien courageux. "Ami, dis-je gentiment mais fermement, Coco a passé la fin de semaine chez son père, il vient de rentrer et aujourd'hui, il a envie de prendre ça relaxe sans stress à la maison."

-Ah. Ok. fit-il avant de rembarquer sur sa monture.

Je songeai aux paroles de Dumbledore écouté la veille à l'École des sorciers: "Cela demande beaucoup de courage pour affronter ses ennemis mais plus encore pour affronter ses amis."

Pour cela, je donne 10 points à mon Coco franc qui a si bien su faire.

samedi, juillet 09, 2011

Les guerres des nôtres

Je me demande depuis un bon moment combien de temps devraient durer les guerres de nos ancêtres.  La mémoire collective est essentielle, certes. On ne désire et ne doit pas oublier ce qu'il y eût avant nous. Ce qui fut demeurera historiquement immuable . Une partie de l'histoire de nos aïeuls fait intrinsèquement et culturellement partie de ce que nous sommes, serons et transmettrons.

Comme en dépit des horreurs indéniables de l'Holocauste je suis lasse du brandissement constant de l'histoire collective d'un peuple pour justifier le massacre gratuit, actuel et toléré de Palestiniens en plus de toutes les misères collatérales (blocus, contrôle des infrastructures et de l'aide humanitaire, etc.) qui leur sont imposées, de l'indulgence particulière que l'on "devrait" diplomatiquement avoir envers les bourreaux intouchables sous prétexte de ce qui fut il y a 70 ans, de l'allégeance qui, faute de leur passé souillé, devrait aller de soi si un jour il fallait faire un choix, comme si on devait toujours en faire un, je me questionne à propos de l'hostilité polie francos / anglos au Québec.  

Je me souviens avoir pensé un jour que le jour de la St-Jean, fête nationale des Québécois, si Leonard Cohen était de la partie, lui et son pacifisme naturel, sa voix envoûtante et son universalité  pourraient réussir à nous faire mettre de côté nos maux de colonisés en dépit de la langue d'appartenance de l'artiste, synonyme d'oppression.

Dans mon fantasme, il était le réconciliateur de deux nations distinctes mais peut-être pas si incompatibles humainement malgré leurs distinctions culturelles majeures (nombre d'entre nous avons de bons amis anglophones mais on préfère parfois juger l'individu autrement que son peuple). Et je ne m'embarque même pas sur le terrain glissant de l'indépendance, juste sur celui d'une hypothétique harmonie, d'une volonté commune de rendre l'avenir plus coopératif que le passé....

Puis, il y a quelques semaines (avant la St-Jean...eh oui, j'ai enfin eu le temps de terminer ce billet !), j'ai entendu en entrevue à la radio Normand Bratwaithe (ayant maintes fois été animateur du show de la St-Jean), qui avait eu une réflexion semblable. Il affirmait avoir pu intégrer dans des shows de fête nationale des artistes chantant en plusieurs langues pour souligner notre diversité culturelle: de Florence K en espagnol à Elisapie l'Inuit en passant par la musique africaine, les Québécois sont ouverts...mais n'essayez pas de leur refiler une fratrie Wainwright, aussi exquise soit-elle, sous prétexte d'ouverture culturelle. Comme la plaie béante des Juifs, celle des Québécois français saigne encore en entendant la langue du conquérant.

Bratwaithe expliquait que dans cette dynamique de foule-là, ce soir-là, c'était impensable et que lui, en tant qu'animateur, n'aurait pas voulu se porter garant d'être l'hôte d'invités anglos qui assurément se seraient fait huer à la quasi unanimité.

Cela a alimenté ma réflexion au sujet des coups de sabre historiques mais je ne sais toujours pas combien de temps un peuple "devrait" porter les guerres de ses ancêtres pour être à la fois ouvert sur l'avenir et conscient et respectueux des souffrances passées et parfois encore fragiles de son peuple. Je ne comprends pas non plus pourquoi au nom de l'oppression de vos ancêtres vous devriez entretenir une certaine hostilité non seulement envers un peuple mais également envers des représentants de peuples qui individuellement ne vous ont jamais porté atteinte, ni pourquoi on devrait avoir envers vous des égards bien supérieurs à ceux que nous avons pour les autres parce que plusieurs générations plus haut, il y eut des vainqueurs, des vaincus et que les vôtres ne se trouvaient pas nécessairement dans la meilleure position. Il est possible que je me sente lésée de l'état actuel des choses mais mon voisin anglo, si mes calculs sont bons, ne se trouvait pas sur les Plaines d'Abraham le jour fatidique....Je ne te connais pas mais je te déteste parce que mon arrière-arrière-grand-père a haï le tien. Je comprends le principe mais n'ai pas le réflexe de cette rancoeur naturelle.

L'entretien de ces haines est symbolique et j'ignore combien de temps un peuple devrait -et s'il est sain et souhaitable qu'il le fasse- entretenir pour leur conscience collective les guerres de leurs honorables aieuls.

Roméo et Juliette ont dû se cacher pour s'aimer, comme tant d'autres, pour éviter la grogne de deux familles qui se détestaient. On les admire pour cela. L'histoire manquerait-elle de romance?

Passer collectivement à autre chose ne signifie pas oublier, tout comme ressentir un instant de joie après la mort d'un proche ne signifie pas l'avoir effacé de sa mémoire...

samedi, juin 25, 2011

Emploi, humilité et dignité

Je ressens depuis très longtemps une grande admiration pour ceux et celles qui accomplissent quotidiennement un travail peu gratifiant mais qui savent le faire avec dignité.

J'ai ma fierté, je possède le luxe de pouvoir jauger certains critères avant de retourner sur le marché du travail. J'éprouve le désir de trouver un emploi qui convienne à mes compétences, ma motivation, ma volonté de réalisation, mes exigences, ma fierté et ma réalité de mère de famille nombreuse. Je suis une chercheuse d'emploi de luxe.

Certains ne peuvent se permettre le luxe d'oeuvrer dans leur domaine de compétence et pourtant, ils demeurent souriants, courtois, heureux, investis et dévoués dans toutes leurs tâches. Ils apprécient la chance qu'ils ont d'avoir un emploi dont la motivation première est la nécessité financière.

Je m'incline devant leur dignité. 

jeudi, juin 16, 2011

Un départ

La fin du secondaire, mon aîné qui travaille d'arrache-pieds sur ses maths pour terminer à temps, l'entrée au cégep à la fin août, un premier emploi cet été...Mais avant, il y aura un départ. Fils Aîné quitte le nid familial dans moins de deux semaines pour participer à un échange linguistique. Tandis qu'il passera six semaines en Ontario dans une famille que je crois être d'origine jamaïcaine, une adolescente de cette famille viendra occuper la place de Fils Aîné dans notre famille. Nous avons hâte de la rencontrer et de vivre cette nouvelle dynamique.

Fils Aîné a dû travailler dur pour nous convaincre de lui permettre cet échange qui hypothéquait nos vacances (nous ne pouvons nous éloigner de la maison à cause de son "échangiste" (tiens, appelons-la plutôt "jumelle").

Une étrangère dans notre maison, cela demandera nul doute une adaptation de toutes parts. Et puis, cela donnera l'occasion à Frédéric de régler une fois pour toutes la question de la couleur de la peau, question qui le mystifie depuis un bon moment déjà.

Une belle expérience à vivre pour mon grand (qui travaillera dans un camp de jour de sa nouvelle communauté), mais il nous manquera beaucoup ici.

mercredi, juin 01, 2011

Georges, sa femme et nous

Je m'entends bien avec Georges. Bien qu'il nous visite tous les printemps depuis une dizaine d'années, c'est seulement cette année que nous nous sommes officiellement présentés. Comme toujours, sa timide dulcinée l'accompagne.

Si la visite du couple nous ravis chaque fois, elle demeure de courte durée. Les amoureux restent environ une semaine avant de repartir dans leur nid d'amour.

Or, cette année, comme nous sommes plus avenants et enthousiastes qu'à l'habitude, le couple a décidé de prolonger son séjour chez nous. Si bien que la femme de Georges a commencé à pondre sur le rebord de notre piscine. Nous avons beaucoup lu pour tenter de comprendre leur comportement mais les habitudes de la femelle nous laissent perplexes.

La femme de Georges a pondu cinq oeufs jusqu'à maintenant et de manière si irrégulière que croyant qu'elle avait abandonné les deux premiers, nous les avons mis sous couveuse. Puis, aidée de Fils Aîné, elle s'est fait un nid sur notre deck. Cependant, trop en évidence, le lendemain, l'oeuf avait été dévoré. Qu'à cela ne tienne. Elle a continué de pondre, mais encore sur le rebord étroit de notre piscine. Résultat? Il arrive que ses oeufs tombent dans le gazon à la merci des animaux avoisinants.

Ce matin, je l'observais. Je savais que c'était son heure de ponte et à la manière dont elle remuait son arrière-train, cela n'allait pas tarder. Elle était juchée sur le bord de la piscine, le derrière au-dessus du vide. Arriva ce qui devait arriver: son oeuf est tombé -encore une fois- dans l'herbe.

La femme de Georges semble ne pas trop savoir où-quand-comment protéger son éventuel nid. Désirant mettre l'oeuf à l'abri pour lui éviter le même sort que les deux derniers jours, je l'ai pris.

Je voudrais bien aider la cane (et les enfants espèrent TELLEMENT voir des canetons naître et partager notre été !) mais il semble que ses oeufs ne soient en sûreté nulle part.

*

Georges est vraiment galant. Je dirais même que tous les deux, nous avons des atomes crochus. Il est volubile, élégant, observateur, courtois et protecteur. Qui plus est, c'est un gros malpropre  mais je lui pardonne aisément. Lorsque sa dulcinée mange, il étire le cou, monte la garde tant qu'elle n'est pas repue. C'est seulement lorsqu'elle a terminé qu'il revendique des bouts de pain. Je connais maintenant leurs habitudes et eux reconnaissent ma voix. Ils ne sont pas les seuls car dès que je sors dans la cour en m'adressant aux canards (toujours sur le même ton), des oiseaux noirs opportunistes s'amènent aussitôt et espèrent.

Hier, nous avons cru à une orgie dans la piscine. L'eau de notre piscine n'avait jamais remué autant sans qu'elle ne soit pleine d'enfants. Georges, vissé solide sur le dos de l'autre, tentait fougueusement de le noyer. Nous avons cru à des ébats passionné dans le genre triolisme mais il s'agissait en fait d'une épique bataille de colverts. C'est évidemment Georges qui a gagné. Son rival ne s'avisera plus de convoiter la femme d'un autre.

J'espère vraiment que nous -ou encore mieux, elle- réussirons à protéger et couver les oeufs comme il se doit. La première chose que mes tout-petits font le matin, c'est d'aller vérifier si les canards ont passé la nuit ici. Ce n'est généralement pas le cas, mais quand ils arrivent à l'heure du déjeuner, les enfants délaissent leur repas pour aller saluer les canards qui, ma foi, sont aussi enthousiastes qu'eux.

mercredi, mai 25, 2011

L'amour parfait selon George Sand

Si vous me lisez depuis longtemps, vous savez comme j'éprouve de l'admiration pour Aurore Dupin alias George Sand (1804-1876). Son intégrité, son amour des mots, sa sincérité, son coeur pur et ses idées marginales et parfois révolutionnaires pour l'époque m'émeuvent, me touchent et génèrent souvent chez moi de nouvelles réflexions.

Je suis tombée récemment sur une de ses réflexions sur l'amour parfait (elle fait référence au mari d'une amie dont le hobby -la chasse passionnée aux chamois et à l'aigle- lui fait quitter la maison près de vingt heures par jour et dont la femme trouve les absences prolongées ardues).

"Dans le rêve qu'il est permis de faire d'un amour parfait, l'époux ne se créérait pas volontiers la nécessité continuelle de l'absence. Quand des devoirs inévitables, des occupations sérieuses la lui aurait imposée, la tendresse qu'il éprouverait et qu'il inspirerait au retour serait d'autant plus vive et mieux fondée. Il me semble que l'absence subie à regret doit être un stimulant pour l'affection, mais que l'absence cherchée passionnément par l'un des deux est une grande leçon de philosophie et de modestie pour l'autre. Belle leçon sans doute, mais bien refroidissante !

Le mariage est beau pour les amants et utile pour les saints.

En-dehors des saints et des amants, il y a une foule d'esprits ordinaires et de coeurs paisibles qui ne connaissent pas l'amour et qui ne peuvent atteindre à la sainteté."

J'y cogite.

samedi, mai 14, 2011

Ôde à mon aîné.

Ô toi, mon fils adoré.
Toi que je ne cesse d'aimer.
Mon ange noir parcourant à tâtons un ciel blanc.
Étrange gloire possédant ton esprit vaillamment.

Premier de mes chevaliers,
Premier de mes chers bébés.
Le trésor au bout de mon arc-en-ciel.
Celui que mon amour interpelle.

Ô toi, mon fils adoré.
Toi que je ne cesserai d'aimer.
Un jour, tu voleras loin de moi.
Au travers des temps, tu resteras,
Pour toujours ma fierté à moi.

jeudi, mai 12, 2011

Le quatrième jour, point tu ne travailleras

J'ai une barrière mentale à cause de ce cours à l'université. La pression est si grande que je ne m'autorise plus rien d'autre tant que la fin n'est pas à ma portée. Sauf qu'à tant vouloir être efficace, je n'ai plus de plaisir (malgré mon intérêt pour le contenu) autour et ça, c'est carrément contre-productif. Le plaisir apporte l'équilibre, le travail forcé l'annihile.

J'ai donc décrété qu'aujourd'hui, malgré les échéanciers serrés, le cours n'existait pas. Je vais prendre le temps: le temps d'amener Frédéric chez le dentiste, de régler quelques soucis mis de côté trop longtemps, de prendre un latté en rédigeant ce billet, de passer à la fruiterie, de succomber à quelques morceaux d'été pour ma fille, de passer à la pépinière acheter les pousses qui manquent pour mon jardin, de passer du temps avec mes fils mais surtout, le temps et le droit d'oublier ce cours quelques heures.

À trop vouloir avancer, je bloque. Besoin de m'aérer l'esprit, d'y faire entrer des bulles d'oxygène, de couleur, de plaisir pour continuer de performer. 

Il y a fort à parier que mon inspiration estudiantine reviendra dès que la pression s'estompera. Pour l'instant, zéro culpabilité.

vendredi, avril 29, 2011

Le coût du végétarisme

Fils Aîné, qui a toujours adoré la viande, a décidé de devenir végétarien. Ses motivations sont d'ordre environnementales : un végétarien utilise moins d'espace cultivable qu'un omnivore, dont la trace environnementale est beaucoup plus élevée. Mon fils de presque dix-sept ans est intègre, essaie d'être cohérent et le plus possible, il l'est. Il évalue les renoncements nécessaires à une irréprochable cohérence, n'est parfois pas prêt à tout sacrifier mais plus souvent qu'autrement, il privilégie une vision large à une vision individuelle...tant que cela n'affecte pas trop son confort. C'est ok aussi, on a droit à nos contradictions. Pas facile de devenir végétarien quand ce n'est pas toi qui fais l'épicerie, pas facile de résister aux bons repas de viande de ta mère. Il tient à sa planète et fait ses choix.

Je suis consciente de l'existence de ses motivations. Je les respecte, ai un malaise aussi vis à vis la viande qui vient davantage des mauvais traitements faits aux animaux d'élevage qu'à l'environnement (non que ce ne soit aussi une préoccupation). N'empêche. Je réfléchis. J'ai envie de me laisser influencer quelque peu par les actions concrètes de mon fils. Nous mangeons moins de viande, j'essaie d'être plus créative avec des ingrédients que je connais moins. J'ai même acheté spécialement pour lui une viande végé pour les lunchs (à ses dires, je devrais éviter d'en racheter !). Depuis le "végétarisme" de Fils Aîné, même si je mets à l'épreuve sa force morale, je suis attendrie devant sa vierge mais idéaliste résolution.

Un des grands défis du brand new végétarisme de Fils Aîné est qu'il est capricieux en matière de légumes, mange peu ou pas de fruits, est conservateur et craint la nouveauté. Il n'aime pas les oeufs et outre mon irrésistible soupe aux lentilles, il n'aime pas les légumineuses. Il fait l'effort du tofu (et vive les repas chez son amoureuse qui le force à être plus ouvert qu'à la maison).

Qui a dit que changer de mode d'alimentation de son propre chef, même graduellement, ne comportait pas quelques défis? :o)

Une mère fière ouverte à vos recettes coup de coeur végé

Léo et les Presqu'îles

Il y a une éternité déjà que je veux vous parler d'un livre-disque qu'il nous a été donné de découvrir. Il s'agit d'un conte relatant l'histoire de la quête de Léo, un petit garçon dont le père pêcheur est disparu en mer. Parti explorer le monde des cinq presqu'îles, Léo croise sur sa route des personnages ayant bien connu son père. Ces derniers l'aideront à devenir le plus petit capitaine d'un grand bateau.

Si le livre est magnifiquement illustré, c'est surtout la musique qui fait fureur chez nous. Écrite par Gilles Vigneault tout comme le conte, c'est franchement un délice pour les oreilles ! Il suffit d'écouter le disque une fois pour en chantonner encore les mélodies rythmées et accrocheuses des jours plus tard !

Voici la présentation du conte par l'auteur :



On a vraiment mis le paquet dans la brochette d'artistes ayant collaboré au succès de ce conte en chansons : Fred Pellerin, Diane Dufresne, Claude Gauthier, Clémence Desrochers, Robert Charlebois, Édith Butler, Pierre Flynn et Pascale Bussières.

Le résultat est d'une exceptionnelle qualité !





samedi, avril 23, 2011

Kellogg et la masturbation


J'ai un tas de trucs à faire et parmi mes moult recherches sur le net ces derniers jours, je suis tombée sur la biographie de John Harvey Kellogg, ce même monsieur dont vous voyez le nom sur vos boîtes de céréales.

Cet homme, né en 1852, était médecin et chirurgien américain et dirigea le Sanitarim adventiste de Battle Creek (un espèce de centre de bien-être basé sur la bonne hygiène de vie) pendant près de soixante ans. Il fut l'un des premiers à préconiser une approche de prévention des maladies par la combinaison de plusieurs éléments dont une alimentation saine, l'hydrothérapie, l'exercice physique et une bonne attitude morale.

Révolutionnaire pour son époque, il détint à la fin de sa vie d'une trentaine de brevets. Végétarien, c'est également lui qui inventa les corn flakes et le beurre d'arachides.

Si sa vie et ses réalisations semblent faire de lui un homme d'une grande ouverture d'esprit (et pour l'époque, il était un génie respecté), j'ai été sidérée de lire sa position ( ! ) sur le sexe et en particulier sur la masturbation. Je vous la copie intégralement de wikipedia, ça détonne trop (et rappelez-vous qu'on est au dix-neuvième siècle !):

"Comme certains réformateurs sanitaires de l'époque, Kellog pensait qu'il ne fallait pas dépasser plus d'un rapport sexuel par mois pour des raisons de santé. Il recommandait que les femmes de moins de 20 ans et les hommes de moins de 25 ans pratiquent l'abstinence sexuelle[20], soulignant les dangers connus par la science de l'époque (tels que les maladies sexuellement transmissibles)[21],[22],[23].

Kellogg considéra que certaines activités sexuelles, des « excès » (comme la sodomie) étaient contre nature et dangereuses pour la santé des couples mariés.

Au début de sa carrière, il écrivit et présenta des séminaires sur la sexualité. Il déconseilla fortement la masturbation, estimant qu'elle détruisait la santé physique et mentale, mais aussi morale des individus. Comme de nombreux praticiens de l'époque, il pensait sincèrement que la pratique du « vice solitaire » - comme on l'appelait - causait le cancer de l'utérus, des maladies urinaires, des émissions nocturnes, l'impuissance, l'épilepsie, la folie, la débilité physique et mentale, "l'obscurcissement de la vision" (brièvement mentionné). Pour les sources médicales de l'époque, « ni la peste, ni la guerre, ni la petite vérole, ni les maladies similaires, n'ont produit de résultats aussi désastreux pour l'humanité que l'habitude pernicieuse de l'onanisme » (Dr. Adam Clarke). Estimant que la masturbation était la cause de certaines morts, Kellogg déclara que des « victimes mourraient littéralement de leurs propres mains ».

Il préconisa de traiter les masturbateurs, en recommandant la circoncision aux jeunes garçons et l'application de phénol (acide carbolique, un acide puissant utilisé pour exterminer plusieurs juifs d'une seringue plantée dans le coeur durant la 2e Guerre mondiale) sur le clitoris des jeunes filles. Dans Plain Facts for Old and Young, il écrivit [24]:
« Un remède qui est presque toujours couronné de succès chez les garçonnets est la circoncision, en particulier lorsqu'il apparait un phimosis. L'opération devrait être effectuée par un chirurgien sans anesthésie, car la brève souffrance qu'en ressentira l'enfant aura un effet salutaire sur son esprit, en particulier si elle est reliée à l'idée de punition, ce qui pourrait bien être le cas parfois. La douleur qui se prolonge pendant plusieurs semaines interrompt la pratique, et, si elle n'a pas été trop profondément enracinée auparavant, elle peut alors être oubliée pour ne jamais revenir. »
Il écrivit par ailleurs :
« Chez le sexe féminin, l'auteur a constaté que l'application d'acide carbolique pur sur le clitoris était un excellent moyen de calmer toute excitation anormale. »
Kellogg proposa également de mettre aux adolescents des bandes de pansement aux mains, de les attacher, de couvrir leur sexe au moyen d'une cage brevetée, de leur coudre le prépuce ou de leur administrer des décharges électriques[24].

Le point de vue extrême de Kellogg sur la sexualité ne fut jamais un enseignement officiel de l'Eglise adventiste. Durant l'existence d'Ellen White, certains Américains - même parmi des adventistes - prônaient l'abstinence sexuelle sauf pour avoir des enfants, pensant atteindre un idéal de sainteté. Ellen White s'opposa systématiquement et vigoureusement à ces campagnes antisexuelles. Elle déclara que ces idées ne venaient pas de Dieu et qu'elles « conduiraient aux péchés les plus sombres et à l'immoralité la plus grossière[25] ». Elle mit en valeur une sexualité conjugale normale, affectueuse et aimante, sans restrictions indues."

Époustouflant qu'on ait pu entretenir sérieusement de telles opinons non? Jamais plus je ne mangerai mes Corn Flakes de la même manière !