Les nuits ne sont pas toujours de tout repos ici. Bébé se réveille plusieurs fois par semaine aux petites heures du matin et il n'est pas rare que je me fasse réveiller par un parasite nocturne qui aime bien venir en catimini se coller contre sa maman (et monopoliser presque toute sa place).
Or, cette semaine, je fus réveillée pour un nouveau motif: un jeune homme de quatre ans était en panique aigue dans la salle de bain. Le problème? La pompe à savon était vide et il ne pouvait pas se laver les mains après avoir été à la toilette. Après avoir résolu de transvider lui-même le bidon de savon liquide dans la pompe, panique again: le bidon était vide. Pleurs hystériques pour que je vienne à sa rescousse. Hors de question de simplement se rincer les mains ou de faire comme ses frères et retourner se coucher sans délai. Depuis la salle de bain, trois heures du mat', à travers ses sanglots, il mâchouillait sa peur "d'attraper des bactéries".
Petit coup de coude à l'homme qui dormait paisiblement. Il sortit du lit pour aller recoucher le marmot.
Nuit suivante: même scénario. Phobie des bactéries suite au pipi nocturne et à la pompe toujours pas remplie. À travers ses cris, il revendiquait du savon pour tuer les bactéries. Je le sommai de prendre le savon de la baignoire. Il s'exécuta, encore en proie à une forte angoisse. Petit coup de coude à l'homme, disponible pour se lever mais un peu trop sonné pour réaliser la hantise qui s'était emparée de notre fils.
Le lendemain, je songeai à la situation la tête reposée. Nous ne sommes vraiment pas aseptisation "freak" ici. J'apprécie une maison propre et rangée, je me lave les mains très souvent, incite mes enfants à faire de même mais sans plus. Nous lavons nos mains "pour tuer les microbes" et sommes rarement malades. Parce qu'on touche à bcp de choses qui ont été manipulées par bcp de gens, on tente de limiter les dégâts. C'est tout.
Sauf que. Notre beau Thomas, lui, est décédé à cause d'une "vilaine" bactérie. C'est ainsi qu'on l'appelle, ici. Que je l'appelle. Je parle parfois de Thomas avec Frédéric. Pour qu'il le connaisse un peu à travers mon souvenir, pour qu'il sache qu'il a existé, pour garder sa mémoire vivante. Je lui parle avec amour, tendresse, douceur. Un voile de nostalgie, aussi. Aucun propos lourd ou amer, si ce n'est que de la reconnaissance du fait que papa, moi et toute la famille avons eu beaucoup de peine.
Ces derniers temps, il valide régulièrement la raison pour laquelle Thomas n'est plus là: "C'est parce que son corps a pas été capable de se défendre contre la "vilaine" bactérie, hein mamaan?".
Je ne crains pas plus les bactéries maintenant qu'il y a 3¾ ans et par conséquent, je ne suis pas alarmiste dans mon approche avec mes enfants quand il est question d'agresseurs invisibles. Une bactérie, c'est généralement banal. On en meurt peu souvent parce que notre corps, quand il est en santé, sait bien se défendre et qu'on peut le soigner, aussi. Ce qui est arrivé à Thomas n'est pas très commun. C'est même plutôt rare. Mais cela, à quatre ans, comment le comprendre?
Pourtant, dans la tête de notre petit Frédéric, l'équation causale (irrationnelle) semble sans équivoque. J'ai peut-être malgré moi semé des peurs.
mercredi, décembre 30, 2009
mardi, décembre 29, 2009
Les cadeaux et la gestion de l'argent de poche
La gestion de l'argent de poche des enfants soulève parfois des questionnements en la demeure. Qui devrait gérer l'argent des enfants? L'argent devrait-il aller à la caisse ou être dépensé allègrement par son nouveau heureux propriétaire?
Les dépenses des sous reçus ne sont pas toujours judicieuses. Nous avons ici plusieurs modèles de gestionnaires juvéniles: nous avons l'Économe, l'Investisseur-Goûteur dans toute entreprise de malbouffe, le Généreux qui dilapide en encourageant le dépanneur du coin et le quatrième est un mélange prudent des trois types.
Il y a quelques années, nous avons tranché: la moitié de l'argent reçu en cadeau doit obligatoirement être déposé à la caisse, l'autre moitié demeure à la disposition du jeune pour un achat qui lui tente mais qui doit préalablement être approuvé par maman (surtout chez les plus jeunes).
Ceci menant à cela (pour faire plaisir à Evelyne), deux de mes enfants ont accumulé un bon montant à la caisse et ont manifesté cette année le désir de s'offrir des cadeaux entre eux. Avoir un pouvoir d'achat, c'est tellement agréable! Si je suis habituellement plutôt rébarbative aux grosses dépenses, cette année, j'ai acquiescé.
Pourquoi? Eh bien parce que je n'ai jamais oublié, à cet âge, le bonheur que m'avait procuré le fait d'offrir à mon frère pour Noël un cadeau payé avec MON argent. Je lui avais offert une hideuse créature de plastique dur sur une espèce de bolide que j'avais payé 10$, ce qui pour l'époque (snif, je vieillis!) était considérable. Je n'avais pas eu suffisamment d'argent les années suivantes pour lui offrir autant mais qu'importe puisque mon bonheur de cette année-là avait été si grand qu'il avait rayonné au-delà des années suivantes.
Tout-Doux, en plus du cadeau destiné à deux (privilégiés) de ses frères, a voulu offrir un cadeau à son père. Il s'est lancé dans les dépenses, mon beau Loup. Il était si heureux de faire plaisir à son père "qui ne reçoit jamais de cadeau à Noël"! Il n'aura sans doute pas les moyens d'être aussi généreux chaque année mais peu importe, je sais que lui aussi, devenu adulte, se souviendra du bonheur de son "pouvoir" de son Noël 2009.
Les dépenses des sous reçus ne sont pas toujours judicieuses. Nous avons ici plusieurs modèles de gestionnaires juvéniles: nous avons l'Économe, l'Investisseur-Goûteur dans toute entreprise de malbouffe, le Généreux qui dilapide en encourageant le dépanneur du coin et le quatrième est un mélange prudent des trois types.
Il y a quelques années, nous avons tranché: la moitié de l'argent reçu en cadeau doit obligatoirement être déposé à la caisse, l'autre moitié demeure à la disposition du jeune pour un achat qui lui tente mais qui doit préalablement être approuvé par maman (surtout chez les plus jeunes).
Ceci menant à cela (pour faire plaisir à Evelyne), deux de mes enfants ont accumulé un bon montant à la caisse et ont manifesté cette année le désir de s'offrir des cadeaux entre eux. Avoir un pouvoir d'achat, c'est tellement agréable! Si je suis habituellement plutôt rébarbative aux grosses dépenses, cette année, j'ai acquiescé.
Pourquoi? Eh bien parce que je n'ai jamais oublié, à cet âge, le bonheur que m'avait procuré le fait d'offrir à mon frère pour Noël un cadeau payé avec MON argent. Je lui avais offert une hideuse créature de plastique dur sur une espèce de bolide que j'avais payé 10$, ce qui pour l'époque (snif, je vieillis!) était considérable. Je n'avais pas eu suffisamment d'argent les années suivantes pour lui offrir autant mais qu'importe puisque mon bonheur de cette année-là avait été si grand qu'il avait rayonné au-delà des années suivantes.
Tout-Doux, en plus du cadeau destiné à deux (privilégiés) de ses frères, a voulu offrir un cadeau à son père. Il s'est lancé dans les dépenses, mon beau Loup. Il était si heureux de faire plaisir à son père "qui ne reçoit jamais de cadeau à Noël"! Il n'aura sans doute pas les moyens d'être aussi généreux chaque année mais peu importe, je sais que lui aussi, devenu adulte, se souviendra du bonheur de son "pouvoir" de son Noël 2009.
L'auto-régulation dans les familles nombreuses
Je regarde aller ma gang depuis un bon moment et je souris. Je peux affirmer, je crois, que plusieurs de mes "enseignements" sont en train de s'auto-réguler chez ma marmaille.
Comme dans toutes les familles, mes enfants savent ce qui est proscrit et ce qui ne l'est pas et se font un plaisir de dénoncer ce que l'autre a dit/fait/omis de dire/omis de faire (j'en ai un ici particulièrement doué pour ça). Je lève alors les yeux au ciel, exaspérée. Par contre, lorsque le phénomène se produit naturellement dans un but d'auto-régulation plutôt que de dénonciation, je m'étonne, souris et m'auto-congratule.
Ce fut le cas il y a quelques semaines lorsque Coco (8 ans), était absorbé par son bidule électronique tandis que Frédéric s'amusait à ses côtés. Ce dernier s'exclama une niaiserie référant à un nom de légume (de manière tout à fait ingénue) et Coco, ne lâchant pas des yeux son jeu, réprimanda son jeune frère pour l'énormité qu'il aurait pu dire lui même avec beaucoup plus de lucidité (et qui de sa part aurait été odieuse): "Franchement Frédéric, on dit pas ça. T'es vraiment vulgaire!"
Entre adultes, et même avec nos ados, on se lâche parfois un peu lousse dans le vocabulaire. Naturellement, par contre, on essaie de préserver les plus jeunes de nos "audaces" verbales. Les plus vieux ne toléreront pas ces mêmes écarts venus des plus jeunes. Il en va de même pour le comportement.
Pour les sorties, avoir des ados, c'est vraiment génial (même les "pas encore ados" sont serviables et coopératifs). Ils sont prêts avant nous, aident à préparer les tout-petits, à paqueter la voiture, à attacher les plus jeunes dans leurs sièges d'auto. Au resto, les plus vieux peuvent accompagner les plus jeunes à la toilette, les réprimander s'ils n'obéissent pas aux codes sociaux habituels dans les endroits publics (dans une volonté de ne pas avoir honte de leurs comportements bcp plus que par abus de pouvoir). Ils se rappellent entre eux quelques règles élémentaires de politesse si l'un d'entre eux a des failles. Les adultes peuvent disparaître quelques instants/heures en sachant que les ados sauront tenir courageusement le fort durant leur absence.
Leur gain d'autonomie me permet de prendre du recul pour observer ma gang autrement. Je suis fière de ce qu'ils deviennent, fière de les voir interagir, intégrer des convenances sociales, s'entraider (s'écoeurer, aussi). Ils sont beaux, intelligents, vifs. J'aime la finesse de leur esprit, leurs réparties, leurs différences, leur complicité. Même dans leur manière de se provoquer, ils sont stylés. Mes gars deviennent d'épatants jeunes hommes.
Les plus vieux développent des intérêts (hum hum!) que les plus jeunes n'ont pas encore. Dans des espaces restreints comme le resto ou la voiture, cela donne lieu à des échanges à demi-mots que les ados saisissent tandis que les plus jeunes (8-10 ans) ont l'esprit brouillé par des allusions trop pointues pour eux. Il en résulte des discussions adorablement loufoques.
Voilà là un aspect de la vie de famille nombreuse que je trouve absolument séduisant.
Comme dans toutes les familles, mes enfants savent ce qui est proscrit et ce qui ne l'est pas et se font un plaisir de dénoncer ce que l'autre a dit/fait/omis de dire/omis de faire (j'en ai un ici particulièrement doué pour ça). Je lève alors les yeux au ciel, exaspérée. Par contre, lorsque le phénomène se produit naturellement dans un but d'auto-régulation plutôt que de dénonciation, je m'étonne, souris et m'auto-congratule.
Ce fut le cas il y a quelques semaines lorsque Coco (8 ans), était absorbé par son bidule électronique tandis que Frédéric s'amusait à ses côtés. Ce dernier s'exclama une niaiserie référant à un nom de légume (de manière tout à fait ingénue) et Coco, ne lâchant pas des yeux son jeu, réprimanda son jeune frère pour l'énormité qu'il aurait pu dire lui même avec beaucoup plus de lucidité (et qui de sa part aurait été odieuse): "Franchement Frédéric, on dit pas ça. T'es vraiment vulgaire!"
Entre adultes, et même avec nos ados, on se lâche parfois un peu lousse dans le vocabulaire. Naturellement, par contre, on essaie de préserver les plus jeunes de nos "audaces" verbales. Les plus vieux ne toléreront pas ces mêmes écarts venus des plus jeunes. Il en va de même pour le comportement.
Pour les sorties, avoir des ados, c'est vraiment génial (même les "pas encore ados" sont serviables et coopératifs). Ils sont prêts avant nous, aident à préparer les tout-petits, à paqueter la voiture, à attacher les plus jeunes dans leurs sièges d'auto. Au resto, les plus vieux peuvent accompagner les plus jeunes à la toilette, les réprimander s'ils n'obéissent pas aux codes sociaux habituels dans les endroits publics (dans une volonté de ne pas avoir honte de leurs comportements bcp plus que par abus de pouvoir). Ils se rappellent entre eux quelques règles élémentaires de politesse si l'un d'entre eux a des failles. Les adultes peuvent disparaître quelques instants/heures en sachant que les ados sauront tenir courageusement le fort durant leur absence.
Leur gain d'autonomie me permet de prendre du recul pour observer ma gang autrement. Je suis fière de ce qu'ils deviennent, fière de les voir interagir, intégrer des convenances sociales, s'entraider (s'écoeurer, aussi). Ils sont beaux, intelligents, vifs. J'aime la finesse de leur esprit, leurs réparties, leurs différences, leur complicité. Même dans leur manière de se provoquer, ils sont stylés. Mes gars deviennent d'épatants jeunes hommes.
Les plus vieux développent des intérêts (hum hum!) que les plus jeunes n'ont pas encore. Dans des espaces restreints comme le resto ou la voiture, cela donne lieu à des échanges à demi-mots que les ados saisissent tandis que les plus jeunes (8-10 ans) ont l'esprit brouillé par des allusions trop pointues pour eux. Il en résulte des discussions adorablement loufoques.
Voilà là un aspect de la vie de famille nombreuse que je trouve absolument séduisant.
mercredi, décembre 23, 2009
Le temps des souhaits
À vous, fidèle lectorat qui agrémentez mes billets de vos commentaires, à vous, lecteurs-trices silencieux, je souhaite un très heureux temps des Fêtes.
Passez de bons moments avec ceux qui vous sont chers !
Passez de bons moments avec ceux qui vous sont chers !
mercredi, décembre 16, 2009
Partir
Je sais pas pour vous mais ici, partir, ça relève du défi. Je veux dire partir de la maison, tout simplement. L'interminable processus du départ m'exaspérant, j'en ai sans doute déjà parlé.
Je regardais mon bel amoureux snoozer ce matin pour finalement sortir du lit, se préparer et partir travailler en moins de vingt minutes. Je suis carrément jalouse. Jalouse parce que partir avec juste ma petite personne à penser, je ne fais pas ça souvent et que je suis certaine que moi aussi, je saurais faire ça dans des délais records.
Dans les faits, ça se passe bien autrement pour moi. Le matin, il y a la séance obligatoire de colle-colle dans mon lit (qui souvent a lieu au moment où j'allais me lever alors je reste encore un peu pour accorder de l'importance à ce moment crucial influant directement sur l'humeur de Frédéric et qui est agréable parce qu'on se gave d'une petite dose d'affection sous la couette, encore à l'abri du stress de la journée).
Il y a ensuite le déjeuner des petits, leur habillage (incluant le défi "trouver une paire de bas" -je ne me soucie même plus qu'ils soient de la même paire), des collants propres pour Béatrice (je sais maintenant qu'un bébé fille, ça salit beaucoup, beaucoup de collants dans une semaine), obtenir coopération pour débarrasser son bol sur la table, ranger grosso moddo la cuisine, faire décoller le récalcitrant de son intérêt du moment pour qu'il se prépare, pousser, répéter, argumenter, se fâcher, finir par être brusque, pogner les nerfs, envoyer en réflexion parce que sous l'insistance de maman, le jeune homme aussi s'est énervé et a été impoli, laisser mijoter ledit fils dans sa chambre jusqu'à ce qu'il soit calme et parlable, habiller le bébé avec son ensemble de neige pendant qu'on répète encore après l'autre, rassembler les sacs à emmener avec soi, répéter, s'habiller soi-même, hop un petit pouisch-pouisch dans les cheveux, et hop un trait de rouge à lèvres.
Frédéric est enfin prêt (après avoir brandi la menace de lui confisquer le jouet qui l'absorbe tant), prendre le bébé et les nombreux sacs à travers l'entrée encombrée, se rendre compte que Frédéric a perdu une mitaine, chercher ladite maudite mitaine (ou la botte, ou la tuque mais peu importe, la quête d'un item est un incontournable), la trouver enfin au moment où bébé commence à avoir chaud, obtenir coopération pour marcher d'un pas raisonnable jusqu'à la voiture, trouver le moyen d'insérer la clé dans la serrure avec des bras si chargés, installer bébé dans son siège pendant qu'on appelle avec insistance le jeune homme occupé à sautiller sur de la glace qui craque (jusqu'à piétinement complet svp) ou défaire avec un bâton les mottes de neige laissées par la charrue, essayer de faire bouger les choses, de motiver les troupes en soupirant, espérer pouvoir enfin installer le jeune homme dans son siège au moment où il déboule avec ses grandes questions existentielles (toujours avant d'embarquer dans l'auto). Mon leitmotiv maintenant : je te répondrai lorsque tu seras installé.
Attacher enfin le jeune homme, démarrer, déblayer, dégivrer la voiture. Au besoin, pelleter. Rembarquer dans la voiture et répondre à la question à 100 $ précédemment posée.
Durée : Au moins 1h30, voire 2h.
Sortir seule réduit évidemment le temps de préparation, surtout avec de jeunes enfants. Pourtant, cela demeure nettement plus long que pour l'homme. Parce qu'ici, pour réussir à partir vite, il faut quasiment partir sur la pointe des pieds pour ne pas attirer l'attention.
J'ai la "chance" (oui, chance, même si cela est en train de menacer ma sérénité d'esprit) de pouvoir être à la maison avec les enfants. Les deux tout-petits fréquentent la garderie à temps partiel. Retourner travailler me fait de l'oeil. Pour me définir autrement qu'en maman, pour me valoriser, pour regagner ma liberté d'esprit qui a bcp souffert ces dernières années, pour me créer un autre univers où être reconnue pour d'autres raisons, pour le plaisir créatif, le social, l'esprit d'équipe, pour marcher dans un bureau sans m'enfarger dans des jouets, pour être interpellée par mon prénom, pour déambuler sans poussette, sans enfants, sans sac à couche. J'ai recommencé à envoyer des CV de manière très sélective. À la lumière de mes réflexions des derniers jours sur la lourdeur de la TÂCHE de simplement PARTIR, je me demande comment cela se passerait "si".
Mais comment est-ce possible de vivre en n'ayant pas cette flexibilité ? Les couples qui travaillent tous les deux tôt, ils font comment ? C'est un seul parent qui se tape l'infernale routine du matin, avec des contraintes de temps en plus ? Ce n'est pas frustrant pour le parent héritant de l'horaire le plus tardif que de porter ce stress fou ?
Décidément, si je retourne travailler, il me FAUT l'horaire le plus tôt afin de déléguer cette bousculade matinale.
Je regardais mon bel amoureux snoozer ce matin pour finalement sortir du lit, se préparer et partir travailler en moins de vingt minutes. Je suis carrément jalouse. Jalouse parce que partir avec juste ma petite personne à penser, je ne fais pas ça souvent et que je suis certaine que moi aussi, je saurais faire ça dans des délais records.
Dans les faits, ça se passe bien autrement pour moi. Le matin, il y a la séance obligatoire de colle-colle dans mon lit (qui souvent a lieu au moment où j'allais me lever alors je reste encore un peu pour accorder de l'importance à ce moment crucial influant directement sur l'humeur de Frédéric et qui est agréable parce qu'on se gave d'une petite dose d'affection sous la couette, encore à l'abri du stress de la journée).
Il y a ensuite le déjeuner des petits, leur habillage (incluant le défi "trouver une paire de bas" -je ne me soucie même plus qu'ils soient de la même paire), des collants propres pour Béatrice (je sais maintenant qu'un bébé fille, ça salit beaucoup, beaucoup de collants dans une semaine), obtenir coopération pour débarrasser son bol sur la table, ranger grosso moddo la cuisine, faire décoller le récalcitrant de son intérêt du moment pour qu'il se prépare, pousser, répéter, argumenter, se fâcher, finir par être brusque, pogner les nerfs, envoyer en réflexion parce que sous l'insistance de maman, le jeune homme aussi s'est énervé et a été impoli, laisser mijoter ledit fils dans sa chambre jusqu'à ce qu'il soit calme et parlable, habiller le bébé avec son ensemble de neige pendant qu'on répète encore après l'autre, rassembler les sacs à emmener avec soi, répéter, s'habiller soi-même, hop un petit pouisch-pouisch dans les cheveux, et hop un trait de rouge à lèvres.
Frédéric est enfin prêt (après avoir brandi la menace de lui confisquer le jouet qui l'absorbe tant), prendre le bébé et les nombreux sacs à travers l'entrée encombrée, se rendre compte que Frédéric a perdu une mitaine, chercher ladite maudite mitaine (ou la botte, ou la tuque mais peu importe, la quête d'un item est un incontournable), la trouver enfin au moment où bébé commence à avoir chaud, obtenir coopération pour marcher d'un pas raisonnable jusqu'à la voiture, trouver le moyen d'insérer la clé dans la serrure avec des bras si chargés, installer bébé dans son siège pendant qu'on appelle avec insistance le jeune homme occupé à sautiller sur de la glace qui craque (jusqu'à piétinement complet svp) ou défaire avec un bâton les mottes de neige laissées par la charrue, essayer de faire bouger les choses, de motiver les troupes en soupirant, espérer pouvoir enfin installer le jeune homme dans son siège au moment où il déboule avec ses grandes questions existentielles (toujours avant d'embarquer dans l'auto). Mon leitmotiv maintenant : je te répondrai lorsque tu seras installé.
Attacher enfin le jeune homme, démarrer, déblayer, dégivrer la voiture. Au besoin, pelleter. Rembarquer dans la voiture et répondre à la question à 100 $ précédemment posée.
Durée : Au moins 1h30, voire 2h.
Sortir seule réduit évidemment le temps de préparation, surtout avec de jeunes enfants. Pourtant, cela demeure nettement plus long que pour l'homme. Parce qu'ici, pour réussir à partir vite, il faut quasiment partir sur la pointe des pieds pour ne pas attirer l'attention.
J'ai la "chance" (oui, chance, même si cela est en train de menacer ma sérénité d'esprit) de pouvoir être à la maison avec les enfants. Les deux tout-petits fréquentent la garderie à temps partiel. Retourner travailler me fait de l'oeil. Pour me définir autrement qu'en maman, pour me valoriser, pour regagner ma liberté d'esprit qui a bcp souffert ces dernières années, pour me créer un autre univers où être reconnue pour d'autres raisons, pour le plaisir créatif, le social, l'esprit d'équipe, pour marcher dans un bureau sans m'enfarger dans des jouets, pour être interpellée par mon prénom, pour déambuler sans poussette, sans enfants, sans sac à couche. J'ai recommencé à envoyer des CV de manière très sélective. À la lumière de mes réflexions des derniers jours sur la lourdeur de la TÂCHE de simplement PARTIR, je me demande comment cela se passerait "si".
Mais comment est-ce possible de vivre en n'ayant pas cette flexibilité ? Les couples qui travaillent tous les deux tôt, ils font comment ? C'est un seul parent qui se tape l'infernale routine du matin, avec des contraintes de temps en plus ? Ce n'est pas frustrant pour le parent héritant de l'horaire le plus tardif que de porter ce stress fou ?
Décidément, si je retourne travailler, il me FAUT l'horaire le plus tôt afin de déléguer cette bousculade matinale.
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Réflexions
Émoi
J'ai causé tout un émoi ce matin. Je suis généralement vigilante pour un tas de trucs mais cette fois, je n'ai pas réfléchi et cela a eu des conséquences désastreuses sur la préparation de la si belle fête de Noël.
Je vous en fais l'aveu: j'ai déballé un de mes cadeaux avant le temps. Oh, pas de manière intentionnelle mais pour le principal intéressé, le résultat fut le même.
C'est que, voyez-vous, j'ai tendance, quand ça traîne dans la maison à ramasser ça et là les objets égarés pour les remettre à leur place. Ce que j'ai fait avec la doudou de Frédéric qui avait bizarrement élu domicile sous le sapin. Je l'attrape au passage, en fais une boulette et exécute un lancer parfait qui aboutit sur le lit de son propriétaire.
Quelques instants plus tard, panique totale, crise de nerfs, émoi. "Est oùùùùùù ma doudouuuuuu?" dans une interminable plainte tellement chargée d'émotion que je n'y comprends rien. J'ai beau chercher, l'hystérie est si totale que je n'arrive pas à comprendre l'offense.
Du haut de ses quatre ans, il finit par se calmer et m'expliquer que mon cadeau de Noël était enveloppé dedans et que maintenant (en haussant tristement les épaules), ce ne sera plus une surprise parce que je l'ai vu.
Je réfléchis deux secondes et me dis en moi-même: "Il y avait un cadeau là-dedans?" Puis, je réalise : "Ah, l'$?$?%/@@ de lampe à l'huile miniature que l'on cherche désespérément à faire disparaître de la maison depuis deux semaines et qui finit toujours par aboutir à nouveau sur un bureau, le comptoir, la table, le divan, le plancher et que l'on kickerait volontiers juste pour ne plus la voir? Mon cadeau? C'était donc ça!"
La crise est passée. "Mon cadeau" est à nouveau emballé et soigneusement enroulé sous le sapin dans la doudou sacrifiée pour encore sept dodos afin de servir d'emballage particulier. Le calme est revenu. Je suis réellement choyée de la délicatesse de mon fils.
Autour du tronc de l'arbre, j'ai remarqué ce matin plusieurs contenants qui renferment des dessins, des blocs ou autres traîneries insipides jonchant habituellement le sol. Béatrice aussi a remarqué la nouveauté. Évidemment, elle s'est empressée d'aller jeter un oeil, de trimballer les plats, de les secouer pour entendre le bruit des objets à l'intérieur.
Hystérie again. Et Frédéric de se promener devant le sapin comme un gardien de but devant le filet en repoussant l'intrus qui hurle pour récupérer les fascinants plats de margarine.
"Il fauuuut pas touuusser aux caaaadeauuuux, c'est mes cadeauuux que z'ai faiiiiit! Béatissss est mésssante, elle veut tousser à mes cadeauuuux!"
Encore sept jours.
Je vous en fais l'aveu: j'ai déballé un de mes cadeaux avant le temps. Oh, pas de manière intentionnelle mais pour le principal intéressé, le résultat fut le même.
C'est que, voyez-vous, j'ai tendance, quand ça traîne dans la maison à ramasser ça et là les objets égarés pour les remettre à leur place. Ce que j'ai fait avec la doudou de Frédéric qui avait bizarrement élu domicile sous le sapin. Je l'attrape au passage, en fais une boulette et exécute un lancer parfait qui aboutit sur le lit de son propriétaire.
Quelques instants plus tard, panique totale, crise de nerfs, émoi. "Est oùùùùùù ma doudouuuuuu?" dans une interminable plainte tellement chargée d'émotion que je n'y comprends rien. J'ai beau chercher, l'hystérie est si totale que je n'arrive pas à comprendre l'offense.
Du haut de ses quatre ans, il finit par se calmer et m'expliquer que mon cadeau de Noël était enveloppé dedans et que maintenant (en haussant tristement les épaules), ce ne sera plus une surprise parce que je l'ai vu.
Je réfléchis deux secondes et me dis en moi-même: "Il y avait un cadeau là-dedans?" Puis, je réalise : "Ah, l'$?$?%/@@ de lampe à l'huile miniature que l'on cherche désespérément à faire disparaître de la maison depuis deux semaines et qui finit toujours par aboutir à nouveau sur un bureau, le comptoir, la table, le divan, le plancher et que l'on kickerait volontiers juste pour ne plus la voir? Mon cadeau? C'était donc ça!"
La crise est passée. "Mon cadeau" est à nouveau emballé et soigneusement enroulé sous le sapin dans la doudou sacrifiée pour encore sept dodos afin de servir d'emballage particulier. Le calme est revenu. Je suis réellement choyée de la délicatesse de mon fils.
Autour du tronc de l'arbre, j'ai remarqué ce matin plusieurs contenants qui renferment des dessins, des blocs ou autres traîneries insipides jonchant habituellement le sol. Béatrice aussi a remarqué la nouveauté. Évidemment, elle s'est empressée d'aller jeter un oeil, de trimballer les plats, de les secouer pour entendre le bruit des objets à l'intérieur.
Hystérie again. Et Frédéric de se promener devant le sapin comme un gardien de but devant le filet en repoussant l'intrus qui hurle pour récupérer les fascinants plats de margarine.
"Il fauuuut pas touuusser aux caaaadeauuuux, c'est mes cadeauuux que z'ai faiiiiit! Béatissss est mésssante, elle veut tousser à mes cadeauuuux!"
Encore sept jours.
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Enfants,
Tranches de vie
lundi, décembre 14, 2009
Montre-moi ton poil, je te dirai...
Spectacle de Noël à l'école de mes beaux mousquetaires ce matin. J'aime les voir si fébriles me chercher à travers les quelques parents présents, se tortiller de malaise ou encore chanter plus parce qu'il le faut que parce qu'ils y prennent plaisir.
J'avais fait de mon mieux pour rater les maternelles, juste pour ne pas brailler encore plus.
Je nous installe, Frédéric, Béatrice et moi sur les chaises du gymnase pendant que je discute avec un parent à mes côtés.
"Mo-mmmo...Mo-mmmmo, Moo-moooo" que répète inlassablement Béatrice. Je l'entends d'une oreille pendant que j'écoute le parent de l'autre. ("Mo-moooo", Mo-mmmmo!".) Fred tente de la divertir ("Mo-mmmo, Mo-mmmo!") tandis qu'incorrigible pie, je parle toujours ("Mo-mmmo, Mo-mmmmo.")
Je finis par me retourner vers elle et regarder vraiment ce qui l'excite autant. La femme devant elle porte ceci:
Momo, c'est le nom de notre chat.
:oD
J'avais fait de mon mieux pour rater les maternelles, juste pour ne pas brailler encore plus.
Je nous installe, Frédéric, Béatrice et moi sur les chaises du gymnase pendant que je discute avec un parent à mes côtés.
"Mo-mmmo...Mo-mmmmo, Moo-moooo" que répète inlassablement Béatrice. Je l'entends d'une oreille pendant que j'écoute le parent de l'autre. ("Mo-moooo", Mo-mmmmo!".) Fred tente de la divertir ("Mo-mmmo, Mo-mmmo!") tandis qu'incorrigible pie, je parle toujours ("Mo-mmmo, Mo-mmmmo.")
Je finis par me retourner vers elle et regarder vraiment ce qui l'excite autant. La femme devant elle porte ceci:
Momo, c'est le nom de notre chat.
:oD
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Enfants
dimanche, décembre 13, 2009
La préparation
La préparation aux Fêtes ressemble à ceci par chez-nous:
Des crèmes (je n'ai pas encore terminé). Ici: beurre corporel au café latte vanillé fait (entre autres) à base de beurres de café et de macadam, crème mains-corps au sucre d'érable (et un soupçon d'orange) et crème adoucissante pour talons.
Ici, mon "brand new" savon légèrement exfoliant à la rose. Je ne suis pas très "fleurs" dans mes préférences mais celui-là fleure vraiment bon!
Le jasmin-magnolia qui sent la "matante" me faisait craindre mais non, il fait fureur et j'ai dû en refaire une deuxième batch. Faut pas se fier à mon odorat qui préfère le sucré, apparemment. :0)
Puisqu'on aime les fleurs, savon pois de senteur et argile rouge.
Ici, savon ambré. Ado, je trippais sur une huile à l'ambre achetée dans une boutique sur St-Denis. Je n'en ai jamais retrouvé de la même sorte alors j'expérimente tout ce que je trouve à l'ambre jusqu'à ce que je retrouve l'odeur exacte de mes souvenirs. On y est pas tout à fait encore mais il sent très bon.
Savon miel, karité & avoine. J'en refais souvent, il est très apprécié celui-là. Il sent vraiment trop bon le miel, rien de trop sucré qui pourrait tomber sur le coeur, juste le bon savon artisanal. Je l'adore et devrai en refaire car presque toute cette batch est pour une cliente.
Des bombes de bain pour une cliente qui a décidé de n'offrir que des cadeaux artisanaux pour Noël. Pour les enfants, j'ai fait des bombes en forme de voiture, de coeurs et de pièces de casse-tête à fragrance de gomme balloune. Évidemment, elles sont fragiles. Frédéric a décidé d'assembler les pièces de casse-tête et ce qui devait arriver arriva...CRAC! Ok, on recommence! :o)
Une partie de la méga commande (ma plus grosse à vie!) de la cliente. Les enfants ont mis la main à la pâte pour m'aider à tout peser, étiqueter, emballer, vérifier (en échange de temps supplémentaire à l'ordi :o)). Mon Tout-Doux est devenu un pro du calcul à qui je voue grande confiance.
Des crèmes (je n'ai pas encore terminé). Ici: beurre corporel au café latte vanillé fait (entre autres) à base de beurres de café et de macadam, crème mains-corps au sucre d'érable (et un soupçon d'orange) et crème adoucissante pour talons.
Ici, mon "brand new" savon légèrement exfoliant à la rose. Je ne suis pas très "fleurs" dans mes préférences mais celui-là fleure vraiment bon!
Le jasmin-magnolia qui sent la "matante" me faisait craindre mais non, il fait fureur et j'ai dû en refaire une deuxième batch. Faut pas se fier à mon odorat qui préfère le sucré, apparemment. :0)
Puisqu'on aime les fleurs, savon pois de senteur et argile rouge.
Ici, savon ambré. Ado, je trippais sur une huile à l'ambre achetée dans une boutique sur St-Denis. Je n'en ai jamais retrouvé de la même sorte alors j'expérimente tout ce que je trouve à l'ambre jusqu'à ce que je retrouve l'odeur exacte de mes souvenirs. On y est pas tout à fait encore mais il sent très bon.
Savon miel, karité & avoine. J'en refais souvent, il est très apprécié celui-là. Il sent vraiment trop bon le miel, rien de trop sucré qui pourrait tomber sur le coeur, juste le bon savon artisanal. Je l'adore et devrai en refaire car presque toute cette batch est pour une cliente.
Des bombes de bain pour une cliente qui a décidé de n'offrir que des cadeaux artisanaux pour Noël. Pour les enfants, j'ai fait des bombes en forme de voiture, de coeurs et de pièces de casse-tête à fragrance de gomme balloune. Évidemment, elles sont fragiles. Frédéric a décidé d'assembler les pièces de casse-tête et ce qui devait arriver arriva...CRAC! Ok, on recommence! :o)
Une partie de la méga commande (ma plus grosse à vie!) de la cliente. Les enfants ont mis la main à la pâte pour m'aider à tout peser, étiqueter, emballer, vérifier (en échange de temps supplémentaire à l'ordi :o)). Mon Tout-Doux est devenu un pro du calcul à qui je voue grande confiance.
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Fait main
lundi, décembre 07, 2009
Avoir des enfants
Un matin où la coopération fut difficile et où le ton de ma voix vient de descendre d'un octave. Pendant que j'habille Béatrice, après avoir enfin obtenu coopération de la part du récalcitrant...
Frédéric: "Maman, avant, t'étais une madame et pis là Béatisss est sortie par ta vuv' et là t'es devenue une maman, haaan?"
-Hm...
-TOUTES les madames, elles sont des madames et pis quand des bébés sortent de leur ventre, elles deviennent des mamans, haaaaan?
-Pas toutes les femmes. Il y a des femmes qui n'ont pas envie d'avoir d'enfants.
-Pouurquoiii? (attristé de cette abomination féminine)
-Eh bien, parce qu'avoir des enfants, ça donne beaucoup de travail aux parents: il faut s'occuper d'eux, se réveiller la nuit pour faire boire les bébés, préparer des repas, les aider à faire leurs devoirs, ramasser leurs traîneries, répéter pour qu'ils se préparent le matin. Avoir des enfants, ça apporte beaucoup de bonheur mais aussi beaucoup de responsabilités. Il y a des femmes qui ne sont pas prêtes à partager leur liberté avec des enfants.
Il baisse les yeux, réfléchit. Je lance sur mon épaule les quarante-six sacs à apporter, prends le bébé dans le bras restant et saisis avec les deux doigts de libre deux petits sacs que je tends à Frédéric, extension officielle de mes bras surchargés.
Docilement, il prend les sacs et lève soudainement vers moi des yeux pleins de compassion pour les femmes à la vuv' intacte: "Et pis les enfants, ça chiâle tout le temps aussi."
*
C'est pas moi qui le dis.
Frédéric: "Maman, avant, t'étais une madame et pis là Béatisss est sortie par ta vuv' et là t'es devenue une maman, haaan?"
-Hm...
-TOUTES les madames, elles sont des madames et pis quand des bébés sortent de leur ventre, elles deviennent des mamans, haaaaan?
-Pas toutes les femmes. Il y a des femmes qui n'ont pas envie d'avoir d'enfants.
-Pouurquoiii? (attristé de cette abomination féminine)
-Eh bien, parce qu'avoir des enfants, ça donne beaucoup de travail aux parents: il faut s'occuper d'eux, se réveiller la nuit pour faire boire les bébés, préparer des repas, les aider à faire leurs devoirs, ramasser leurs traîneries, répéter pour qu'ils se préparent le matin. Avoir des enfants, ça apporte beaucoup de bonheur mais aussi beaucoup de responsabilités. Il y a des femmes qui ne sont pas prêtes à partager leur liberté avec des enfants.
Il baisse les yeux, réfléchit. Je lance sur mon épaule les quarante-six sacs à apporter, prends le bébé dans le bras restant et saisis avec les deux doigts de libre deux petits sacs que je tends à Frédéric, extension officielle de mes bras surchargés.
Docilement, il prend les sacs et lève soudainement vers moi des yeux pleins de compassion pour les femmes à la vuv' intacte: "Et pis les enfants, ça chiâle tout le temps aussi."
*
C'est pas moi qui le dis.
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Enfants
Trop
Il y a trop de langues que j’aimerais apprendre, trop de talents que j’aimerais développer, trop de gens que je voudrais connaître, trop de livres que je voudrais lire, trop de références que je voudrais comprendre, trop d’heures de sommeil que je rate, trop de métiers que j’aimerais exercer, trop de sortes de crèmes et de savons que j’aimerais concocter, trop de cours auxquels j’aimerais m’inscrire, trop d’endroits que je souhaiterais visiter, trop de montagnes que je voudrais gravir, trop de blogs que je voudrais prendre le temps de lire.
Trop de choses resteront inaccomplies à la fin de ma vie. C’est ainsi. Il y a trop d’expériences à vivre, trop de choses à découvrir.
Je ne sais pas s’il faut se réjouir de la diversité des choix qui s’offrent à nous ou se désoler de n’avoir pas le don d’ubiquité, l’argent, le temps et les possibilités à profusion pour tout goûter.
Les gens les plus satisfaits sont ceux qui prennent une décision et qui choisissent de l’assumer sans regretter tout ce qu’ils auraient pu faire d’autre. Que de sagesse chez ces personnes qui renoncent à l’infini pour se restreindre et apprécier leur choix !
Trop de choses resteront inaccomplies à la fin de ma vie. C’est ainsi. Il y a trop d’expériences à vivre, trop de choses à découvrir.
Je ne sais pas s’il faut se réjouir de la diversité des choix qui s’offrent à nous ou se désoler de n’avoir pas le don d’ubiquité, l’argent, le temps et les possibilités à profusion pour tout goûter.
Les gens les plus satisfaits sont ceux qui prennent une décision et qui choisissent de l’assumer sans regretter tout ce qu’ils auraient pu faire d’autre. Que de sagesse chez ces personnes qui renoncent à l’infini pour se restreindre et apprécier leur choix !
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Réflexions
dimanche, décembre 06, 2009
Quelques uns. Encore.
J'ai beaucoup, énormément, passionnément savonné ces dernières semaines. Voici quelques unes de mes fiertés.
Savon karité amandes à base de beurre de karité (doh!), beurre de cacao, huiles d'olive, de palme, de coco et d'avocat. J'en avais déjà fait l'an dernier mais la fragrance d'amandes n'était pas restée à mon goût. J'en ai mis plus cette fois et ils sentent vraiment trop bon!
Celui-ci, c'est un favori chez ceux qui utilisent mes savons: savon doux aux fleurs de calendula, palmarosa et camomille.
Ici, un coup de coeur pour l'odeur douce et la texture crémeuse du savon: Savon ultra-doux au cappuccino. J'ai craint qu'il ne durcisse pas mais non, ça se fait lentement mais sûrement. À base d'huile d'avocat, huile de coconut, beurre de karité et huile d'olive.
La couleur de celui-là suggère un savon très doux et il l'est. C'est un savon pour peaux sensibles au karité, lavande et calendula. J'ai hâte de le tester sur ma peau!
Un incontournable, celui que je vends le plus: lavande romarin. Toujours très apprécié, crémeux et bien moussant.
Une nouvelle fragrance que j'ai essayée et qui me plait: framboise noire vanille de chez Voyageur. Savon à base de huile de pépin de raisin, huile d'olive, huile de coconut, huile de maïs, beurre de cacao et argile rouge. Tout à fait réussi. J'adopte.
Le dernier me laisse perplexe. C'est un savon citron-pavot tout ce qu'il y a de plus réussi. Le hic, c'est que la nouvelle fragrance citron que j'ai essayée (Voyageur) sent exactement la même chose que le M.Net. :0S
Quelques unes de mes créations qui s'apprêtent à quitter la maison.
J'ai trouvé un système pour classer tous mes savons, la gestion n'avait plus d'allure. Là, je suis efficace et organisée! :o)
Savon karité amandes à base de beurre de karité (doh!), beurre de cacao, huiles d'olive, de palme, de coco et d'avocat. J'en avais déjà fait l'an dernier mais la fragrance d'amandes n'était pas restée à mon goût. J'en ai mis plus cette fois et ils sentent vraiment trop bon!
Celui-ci, c'est un favori chez ceux qui utilisent mes savons: savon doux aux fleurs de calendula, palmarosa et camomille.
Ici, un coup de coeur pour l'odeur douce et la texture crémeuse du savon: Savon ultra-doux au cappuccino. J'ai craint qu'il ne durcisse pas mais non, ça se fait lentement mais sûrement. À base d'huile d'avocat, huile de coconut, beurre de karité et huile d'olive.
La couleur de celui-là suggère un savon très doux et il l'est. C'est un savon pour peaux sensibles au karité, lavande et calendula. J'ai hâte de le tester sur ma peau!
Un incontournable, celui que je vends le plus: lavande romarin. Toujours très apprécié, crémeux et bien moussant.
Une nouvelle fragrance que j'ai essayée et qui me plait: framboise noire vanille de chez Voyageur. Savon à base de huile de pépin de raisin, huile d'olive, huile de coconut, huile de maïs, beurre de cacao et argile rouge. Tout à fait réussi. J'adopte.
Le dernier me laisse perplexe. C'est un savon citron-pavot tout ce qu'il y a de plus réussi. Le hic, c'est que la nouvelle fragrance citron que j'ai essayée (Voyageur) sent exactement la même chose que le M.Net. :0S
Quelques unes de mes créations qui s'apprêtent à quitter la maison.
J'ai trouvé un système pour classer tous mes savons, la gestion n'avait plus d'allure. Là, je suis efficace et organisée! :o)
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Fait main
samedi, décembre 05, 2009
Être sage...et vacciné
J'aime bien voir mon amoureux s'indigner à en exercer son devoir de citoyen. J'approuve.
Mme Francine Charbonneau
Députée de Mille-Îles
Objet : La vaccination du Père Noël.
Bonjour Madame Charbonneau,
Je vous écris afin de vous faire part de ma grande indignation devant cette initiative du directeur de la santé publique de Montréal de faire un spectacle en vaccinant le Père Noël. Puisqu’il s’agit d’un dossier relevant du gouvernement provincial, j’espère que vous pourrez recevoir et relayer les avis des gens de votre comté aux personnes concernées.
Cette mise en scène me paraît grotesque et impertinente. Impertinente parce qu’il n’y a aucun intérêt à convaincre les enfants des bienfaits de la vaccination. Ce sont aux parents d’assumer leurs responsabilités et d’amener (ou non) leurs enfants pour recevoir le vaccin. Les enfants de six mois à 11 ans sont déjà vaccinés dans une proportion de près de 60 % et les autobus continueront de reconduire les écoliers dans les centres de vaccination d'ici Noël.
Les seuls enfants capables de décider s’ils se feront vacciner sont ceux qui ont déjà leurs 14 ans ; d’après moi, ce n’est pas le Père Noël qui les fera changer d’avis !
Grotesque, maintenant, parce qu’on utilise un symbole universel dont la vocation dépasse les préoccupations temporelles de la présente situation médicale. Le Père Noël, c’est l’incarnation de l’esprit de Noël, c’est la représentation de la joie, de l’esprit de coopération, de l’altruisme et de la générosité qui caractérisent cette si belle période des fêtes. En l’amenant se faire vacciner, on lui enlève son caractère « sacré », ou si vous préférez, son caractère spécial et particulier qui le rend toujours de bonne humeur, en santé et détaché des contraintes terrestres. Le père Noël a déjà une mission d’envergure, soit celle de propager sur terre un esprit de joie et de paix. Ne lui en mettez pas plus sur les épaules.
Sur le site canoë.com, le journaliste Éric Yvan Lemay ironise « Va-t-on recruter Youppi pour convaincre les partisans du Canadien de recevoir leur dose ou encore Michaëlle Jean pour attirer les membres de la communauté haïtienne ? C'est la mode depuis que le ministre Bolduc s'est fait vacciner devant les caméras. » À mon avis, les symboles choisis auraient été à ce moment plus appropriés.
Je vous remercie de transmettre mon message afin d’éviter de nouvelles utilisations du Père Noël ou d’autres symboles reliés aux enfants.
J’en profite évidemment pour vous souhaiter de joyeuses fêtes, avec votre famille et vos amis,
Grand-Homme
Références :
Gouvernement du Québec, Le Père Noël se fait vacciner Vendredi
http://communiques.gouv.qc.ca/gouvqc/communiques/GPQF/Decembre2009/03/c7660.html
Canoë.com, Pourquoi vacciner le Père Noël
http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2009/12/20091204-081300.html
CC. :
Agence de la santé et des services sociaux de Montréal
Association des Pères Noël de la province de Québec
Mme Francine Charbonneau
Députée de Mille-Îles
Objet : La vaccination du Père Noël.
Bonjour Madame Charbonneau,
Je vous écris afin de vous faire part de ma grande indignation devant cette initiative du directeur de la santé publique de Montréal de faire un spectacle en vaccinant le Père Noël. Puisqu’il s’agit d’un dossier relevant du gouvernement provincial, j’espère que vous pourrez recevoir et relayer les avis des gens de votre comté aux personnes concernées.
Cette mise en scène me paraît grotesque et impertinente. Impertinente parce qu’il n’y a aucun intérêt à convaincre les enfants des bienfaits de la vaccination. Ce sont aux parents d’assumer leurs responsabilités et d’amener (ou non) leurs enfants pour recevoir le vaccin. Les enfants de six mois à 11 ans sont déjà vaccinés dans une proportion de près de 60 % et les autobus continueront de reconduire les écoliers dans les centres de vaccination d'ici Noël.
Les seuls enfants capables de décider s’ils se feront vacciner sont ceux qui ont déjà leurs 14 ans ; d’après moi, ce n’est pas le Père Noël qui les fera changer d’avis !
Grotesque, maintenant, parce qu’on utilise un symbole universel dont la vocation dépasse les préoccupations temporelles de la présente situation médicale. Le Père Noël, c’est l’incarnation de l’esprit de Noël, c’est la représentation de la joie, de l’esprit de coopération, de l’altruisme et de la générosité qui caractérisent cette si belle période des fêtes. En l’amenant se faire vacciner, on lui enlève son caractère « sacré », ou si vous préférez, son caractère spécial et particulier qui le rend toujours de bonne humeur, en santé et détaché des contraintes terrestres. Le père Noël a déjà une mission d’envergure, soit celle de propager sur terre un esprit de joie et de paix. Ne lui en mettez pas plus sur les épaules.
Sur le site canoë.com, le journaliste Éric Yvan Lemay ironise « Va-t-on recruter Youppi pour convaincre les partisans du Canadien de recevoir leur dose ou encore Michaëlle Jean pour attirer les membres de la communauté haïtienne ? C'est la mode depuis que le ministre Bolduc s'est fait vacciner devant les caméras. » À mon avis, les symboles choisis auraient été à ce moment plus appropriés.
Je vous remercie de transmettre mon message afin d’éviter de nouvelles utilisations du Père Noël ou d’autres symboles reliés aux enfants.
J’en profite évidemment pour vous souhaiter de joyeuses fêtes, avec votre famille et vos amis,
Grand-Homme
Références :
Gouvernement du Québec, Le Père Noël se fait vacciner Vendredi
http://communiques.gouv.qc.ca/gouvqc/communiques/GPQF/Decembre2009/03/c7660.html
Canoë.com, Pourquoi vacciner le Père Noël
http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2009/12/20091204-081300.html
CC. :
Agence de la santé et des services sociaux de Montréal
Association des Pères Noël de la province de Québec
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société
jeudi, décembre 03, 2009
Le bateau
N’espérez pas trop candidement pouvoir vous allonger sur la causeuse de la salle à manger à la maison en attendant que le repas soit prêt. Que nenni. Fils Aîné a mis la vie de Frédéric en danger en tentant de ce faire. Ce dernier l'a échappé bel.
La causeuse, depuis un bon moment déjà, n’est plus une causeuse. C’est un bateau (à vrai dire, à peu près tous les meubles de la maison ont changé de vocation ces dernières semaines, passant du train à la cabane, de la cabane au bateau, du bateau à la Base). Le moindre bout de peau humaine qui en pendouille risque de se faire dévorer par les voraces requins qui rôdent.
Fils Aîné, donc, de s’étendre sur le divan, pensant relaxer un peu de son épuisante vie d'adolescent. Au moment où il s'apprête à enfin expirer son stress quotidien, Frédéric d’accourir, complètement paniqué, en pleurnichant quelque chose d’incompréhensible. Essayant désespérément de grimper sur la causeuse occupée par son frère (qui n'a aucunement conscience qu'il est sur ZE bateau), il est impitoyablement repoussé par l’aîné qui questionne en grognant cette hystérie infantile subite.
-Mais à quoi est-ce que t’as pensé Fils Aîné? Laisse-le embarquer, VITE, il va se faire manger par les requins!!!, je fais.
Fils Aîné, ado inconscient ne réalisant pas l'ampleur du danger: "Quoi?" (tandis que Frédéric se débat vigoureusement sur le planch...euh, dans la mer, tentant de repousser de ses coups de pieds les puissantes mâchoires).
L’aîné s’indigne, grogne, Frédéric panique en proie aux méchants requins qui se délectent déjà de la simple idée de sa chair fraîche, je me dois de mettre de la pression à l’aîné sacrifiant sans scrupule son cadet sans défense. Fils Aîné finit par quitter le bateau (bravement, à la nage) en grommelant pour sauver la vie du petit et aller mourir en martyr.
Maudite maison de fous, plus moyen de relaxer tranquille.
Des requins…non mais franchement…
La causeuse, depuis un bon moment déjà, n’est plus une causeuse. C’est un bateau (à vrai dire, à peu près tous les meubles de la maison ont changé de vocation ces dernières semaines, passant du train à la cabane, de la cabane au bateau, du bateau à la Base). Le moindre bout de peau humaine qui en pendouille risque de se faire dévorer par les voraces requins qui rôdent.
Fils Aîné, donc, de s’étendre sur le divan, pensant relaxer un peu de son épuisante vie d'adolescent. Au moment où il s'apprête à enfin expirer son stress quotidien, Frédéric d’accourir, complètement paniqué, en pleurnichant quelque chose d’incompréhensible. Essayant désespérément de grimper sur la causeuse occupée par son frère (qui n'a aucunement conscience qu'il est sur ZE bateau), il est impitoyablement repoussé par l’aîné qui questionne en grognant cette hystérie infantile subite.
-Mais à quoi est-ce que t’as pensé Fils Aîné? Laisse-le embarquer, VITE, il va se faire manger par les requins!!!, je fais.
Fils Aîné, ado inconscient ne réalisant pas l'ampleur du danger: "Quoi?" (tandis que Frédéric se débat vigoureusement sur le planch...euh, dans la mer, tentant de repousser de ses coups de pieds les puissantes mâchoires).
L’aîné s’indigne, grogne, Frédéric panique en proie aux méchants requins qui se délectent déjà de la simple idée de sa chair fraîche, je me dois de mettre de la pression à l’aîné sacrifiant sans scrupule son cadet sans défense. Fils Aîné finit par quitter le bateau (bravement, à la nage) en grommelant pour sauver la vie du petit et aller mourir en martyr.
Maudite maison de fous, plus moyen de relaxer tranquille.
Des requins…non mais franchement…
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Enfants
dimanche, novembre 29, 2009
mardi, novembre 24, 2009
Le temps
Voici à quoi je passe le mien depuis quelques jours, en prévision de la période des Fêtes (pas déjà?)...
Je refais des batchs de préférés, réalise de nouvelles expériences dont mon coup de coeur d'hier: savon ultra-doux géranium palmarosa bois de rose et argile rouge. À tomber. Littéralement.
Je refais des batchs de préférés, réalise de nouvelles expériences dont mon coup de coeur d'hier: savon ultra-doux géranium palmarosa bois de rose et argile rouge. À tomber. Littéralement.
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Fait main
dimanche, novembre 22, 2009
Le congrès
J’ai accompagné Grand-Homme en congrès. Évasion conjugale qui fut fort bénéfique. Plaisir que de se retrouver parmi une horde de gens qui ne connaissent rien de vous. Plaisir que de s’offrir à découvrir, plaisir que de découvrir d’autres gens et de tout construire sur une page blanche. Rares sont les occasions qui s’offrent à nous.
Discussion « ouf » avec un conseiller pédagogique rencontré là-bas. De fil en aiguille, je parle de mon livre, des événements qui m’ont amenée à l’écrire. La mort explorée sous toutes ses coutures. Pas la mort qui rend mal à l’aise. Non. La mort et ses mille possibilités, la mort que l’on cherche à comprendre, à désamorcer, à apprivoiser. La mort comme amorce philosophique.
Il m’est arrivé à quelques reprises ces derniers mois de ressentir une panique intérieure suite à des commentaires de mon entourage sur mon fils Thomas. Sur certaines de ses habitudes que moi, sa mère, j’ai "oubliées". Trop de détails le concernant me sont actuellement inaccessibles.
Je craignais qu’il en soit ainsi. Dès les premiers jours ayant suivi sa mort. C’est pourquoi je me suis empressée de noter le plus de choses possible, des mots-clés rappelant situations, habitudes, anecdotes sur lesquelles je voulais élaborer dans son livre de bébé (ce que je n’ai toujours pas fait près de quatre ans après).
En discutant avec cet homme, donc, il m’a proposé la théorie plus qu’intéressante de l’ intelligence émotionnelle d’un certain Goleman. Je connaissais l’état de choc, je sais que je suis passée par là, je sais qu’une part inconsciente de moi a tout cadenassé ce qui concerne mon fils pour me permettre de continuer.
Grosso moddo, cet auteur (Goleman) suggère que lorsqu’un « coup d’état émotionnel » survient, le cerveau rationnel se déconnecte de la part émotive concernant un événement particulier pour survivre. Il l’isole, le calfeutre, le met en quarantaine. Amnésie partielle, comme pour une crise de folie passagère. J’ai plusieurs fois reconnu cela à cause de cette manière froide et détachée d’être qui me caractérise lorsque je parle de lui, mon petit garçon parti trop tôt.
J’expliquais à mon voisin de table mon incompréhension, mon sentiment d’injustice vis-à-vis le fait que d’autres personnes aient emmagasiné à son sujet beaucoup plus de détails en mémoire tandis que pour moi, chaque souvenir émergent subitement est une fête secrète et émotive dans mon cœur. Une de mes craintes était que une fois que cette « amnésie partielle » sera terminée, que ce choc sera bien intégré, eh bien qu'il ne reste plus que des lambeaux de souvenirs réels, qu'ils aient eu le temps de pâlir au point de s’effacer.
Mon voisin de table, un adepte de cet auteur, m’a assurée que non, que tout était encore bien là, que tout ce qu’il manquait, c’était le pont entre le rationnel et l’émotif. À l’idée qu’il ait raison, l’émotion qui déferle là, en ce moment, vous n’avez pas idée.
Quelques jours après ces intenses discussions sur la mort qui finalement ont soulevé beaucoup plus de remous que je ne l’aurais d’abord imaginé, un rêve de lui. Pas du voisin de table, mais bien de mon fils.
Un rêve dans lequel, contrairement aux douze rêves de lui si elfiques, si magnifiques, si purs, si doux, si intenses, si lents, si vrais, si spirituels, si apaisants, empreints d'une indéfinissable quiétude que j’ai faits de lui les douze mois qui ont suivi son départ et où je me trouvais dans son monde plein de grâce à communiquer avec lui sans jamais avoir à ouvrir la bouche, uniquement par une sorte de télépathie sentimentale d’une indéniable authenticité, c’était lui qui était revenu le temps d’un contact hors du temps avec moi.
Juste lui et moi, une belle journée d'été, moi assise sur le deck de la piscine, yeux mi-clos, lui dans mes bras, moi qui le berce contre mon cœur en silence. L’activité autour est diffuse, nous sommes dans une bulle intouchable. Quiconque le voudrait ne pourrait briser ce moment. Le danger, la peur, le doute n'existent pas. Nous sommes ailleurs, où le concept même d’agression (quelle qu'elle soit) n’est pas. Comme toujours, ni lui ni moi ne disons mot. Comme toujours, juste une espèce d'énergie ou d’amour universel comme langage. Nous ne parlons pas, nous ressentons. Nous sommes dans un état de paix intérieure indéfinissable.
Nous savons tous deux qu’il repartira mais on ne s’en inquiète pas, on ne fait que profiter du moment dans une parfaite communion des âmes (ou des cœurs, je ne sais trop) avant que lui ne doive s’en retourner dans son monde. Ses départs (ou les miens) ne sont jamais tristes. Ni pour lui ni pour moi. Ses départs sont juste…naturels, sans déchirure, sans rien raviver de la douleur de la perte. Bien au contraire. Ses départs me laissent pleine d’un amour infini, d’une foi inébranlable. Je dirais même que ses départs me laissent encore plus forte.
Cela faisait deux ans que je n'avais pas rêvé à lui. Plus qu'un baume, ces rêves sont des vitamines pour le coeur.
Discussion « ouf » avec un conseiller pédagogique rencontré là-bas. De fil en aiguille, je parle de mon livre, des événements qui m’ont amenée à l’écrire. La mort explorée sous toutes ses coutures. Pas la mort qui rend mal à l’aise. Non. La mort et ses mille possibilités, la mort que l’on cherche à comprendre, à désamorcer, à apprivoiser. La mort comme amorce philosophique.
Il m’est arrivé à quelques reprises ces derniers mois de ressentir une panique intérieure suite à des commentaires de mon entourage sur mon fils Thomas. Sur certaines de ses habitudes que moi, sa mère, j’ai "oubliées". Trop de détails le concernant me sont actuellement inaccessibles.
Je craignais qu’il en soit ainsi. Dès les premiers jours ayant suivi sa mort. C’est pourquoi je me suis empressée de noter le plus de choses possible, des mots-clés rappelant situations, habitudes, anecdotes sur lesquelles je voulais élaborer dans son livre de bébé (ce que je n’ai toujours pas fait près de quatre ans après).
En discutant avec cet homme, donc, il m’a proposé la théorie plus qu’intéressante de l’ intelligence émotionnelle d’un certain Goleman. Je connaissais l’état de choc, je sais que je suis passée par là, je sais qu’une part inconsciente de moi a tout cadenassé ce qui concerne mon fils pour me permettre de continuer.
Grosso moddo, cet auteur (Goleman) suggère que lorsqu’un « coup d’état émotionnel » survient, le cerveau rationnel se déconnecte de la part émotive concernant un événement particulier pour survivre. Il l’isole, le calfeutre, le met en quarantaine. Amnésie partielle, comme pour une crise de folie passagère. J’ai plusieurs fois reconnu cela à cause de cette manière froide et détachée d’être qui me caractérise lorsque je parle de lui, mon petit garçon parti trop tôt.
J’expliquais à mon voisin de table mon incompréhension, mon sentiment d’injustice vis-à-vis le fait que d’autres personnes aient emmagasiné à son sujet beaucoup plus de détails en mémoire tandis que pour moi, chaque souvenir émergent subitement est une fête secrète et émotive dans mon cœur. Une de mes craintes était que une fois que cette « amnésie partielle » sera terminée, que ce choc sera bien intégré, eh bien qu'il ne reste plus que des lambeaux de souvenirs réels, qu'ils aient eu le temps de pâlir au point de s’effacer.
Mon voisin de table, un adepte de cet auteur, m’a assurée que non, que tout était encore bien là, que tout ce qu’il manquait, c’était le pont entre le rationnel et l’émotif. À l’idée qu’il ait raison, l’émotion qui déferle là, en ce moment, vous n’avez pas idée.
Quelques jours après ces intenses discussions sur la mort qui finalement ont soulevé beaucoup plus de remous que je ne l’aurais d’abord imaginé, un rêve de lui. Pas du voisin de table, mais bien de mon fils.
Un rêve dans lequel, contrairement aux douze rêves de lui si elfiques, si magnifiques, si purs, si doux, si intenses, si lents, si vrais, si spirituels, si apaisants, empreints d'une indéfinissable quiétude que j’ai faits de lui les douze mois qui ont suivi son départ et où je me trouvais dans son monde plein de grâce à communiquer avec lui sans jamais avoir à ouvrir la bouche, uniquement par une sorte de télépathie sentimentale d’une indéniable authenticité, c’était lui qui était revenu le temps d’un contact hors du temps avec moi.
Juste lui et moi, une belle journée d'été, moi assise sur le deck de la piscine, yeux mi-clos, lui dans mes bras, moi qui le berce contre mon cœur en silence. L’activité autour est diffuse, nous sommes dans une bulle intouchable. Quiconque le voudrait ne pourrait briser ce moment. Le danger, la peur, le doute n'existent pas. Nous sommes ailleurs, où le concept même d’agression (quelle qu'elle soit) n’est pas. Comme toujours, ni lui ni moi ne disons mot. Comme toujours, juste une espèce d'énergie ou d’amour universel comme langage. Nous ne parlons pas, nous ressentons. Nous sommes dans un état de paix intérieure indéfinissable.
Nous savons tous deux qu’il repartira mais on ne s’en inquiète pas, on ne fait que profiter du moment dans une parfaite communion des âmes (ou des cœurs, je ne sais trop) avant que lui ne doive s’en retourner dans son monde. Ses départs (ou les miens) ne sont jamais tristes. Ni pour lui ni pour moi. Ses départs sont juste…naturels, sans déchirure, sans rien raviver de la douleur de la perte. Bien au contraire. Ses départs me laissent pleine d’un amour infini, d’une foi inébranlable. Je dirais même que ses départs me laissent encore plus forte.
Cela faisait deux ans que je n'avais pas rêvé à lui. Plus qu'un baume, ces rêves sont des vitamines pour le coeur.
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Tranches de vie
Éveil
Il y eut/a parfois dans ma vie des éléments insignifiants en surface pour quiconque mais pourtant capitaux pour mon bien-être. Déstabilisée alors (mais également soucieuse de démontrer de la flexibilité, de la volonté d’adaptation), j’ai négligé de leur accorder de l’importance par l’action concrète et réelle. J’en ressentais pourtant les méfaits, parfois subtilement, parfois douloureusement. Souvent, j’ai tenté de bien cerner les irritants pour mieux les désamorcer. Mon inaction ne démontrait pas de l'indifférence. Ni de l'insensibilité. Juste de la déroute.
Pourquoi ai-je toléré des éléments qui m’étaient néfastes, qui allaient à l’encontre de mon intégrité, de mon bonheur? Est-ce de la mollesse? Un manque de volonté? De la peur? Un courage déficient? De la faiblesse? De la reddition? De la résignation?
Quoiqu’il en soit, graduellement, des choses changent. En moi. Je me rapproche de moi, de ce que je suis. J’ai cessé d’espérer, d’idéaliser, d’attendre des autres. Le besoin de plaire, d’être appréciée s’atténue, pâlit. Je ne m’en porte que mieux.
Pourquoi ai-je toléré des éléments qui m’étaient néfastes, qui allaient à l’encontre de mon intégrité, de mon bonheur? Est-ce de la mollesse? Un manque de volonté? De la peur? Un courage déficient? De la faiblesse? De la reddition? De la résignation?
Quoiqu’il en soit, graduellement, des choses changent. En moi. Je me rapproche de moi, de ce que je suis. J’ai cessé d’espérer, d’idéaliser, d’attendre des autres. Le besoin de plaire, d’être appréciée s’atténue, pâlit. Je ne m’en porte que mieux.
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lundi, novembre 16, 2009
Les priorités
Je passe en revue la dernière décénnie de ma vie, en tire quelques grandes lignes: les moments où j'ai été le plus heureuse, le plus fière, le plus accomplie, le plus épanouie, etc.
Constat: les périodes de ma vie où j'ai été le plus heureuse sont celles où par choix, je me positionnais naturellement en première place dans l'ordre des priorités qui influencent mon parcours. Malgré une situation financière plus précaire, des contraintes, des responsabilités, j'étais la première personne à prendre en considération dans toutes mes décisions (avant même les enfants). Je prenais mes décisions en fonction de ce qui ME rendrait heureuse et tout le reste s'ajustait. J'étais épanouie, positive, forte sans même m'en rendre compte car mon bonheur intime avec moi-même me rendait capable de tout, confiante en moi et en mes capacités.
Je me suis effacée au fil des situations, ai perdu mon réflexe de tenir compte de moi en premier. Et je ne parle pas d'égoïsme. Je parle de savoir entretenir les zones de bonheur fertile, de choisir d'y patauger allègrement, de savoir s'entourer de personnes qui nous stimulent, nous nourrissent, nous font rire, nous apprécient, nous renvoient une image positive de nous-même et avec lesquelles il est facile d'échanger. Ce réflexe est intimement lié à l'attitude, à la perspective avec laquelle on choisit de regarder sa vie. Cette attitude, c'est ce qui fait qu'on se sent acteur de sa propre vie plutôt que spectateur de la vie des autres.
Constat: les périodes de ma vie où j'ai été le plus heureuse sont celles où par choix, je me positionnais naturellement en première place dans l'ordre des priorités qui influencent mon parcours. Malgré une situation financière plus précaire, des contraintes, des responsabilités, j'étais la première personne à prendre en considération dans toutes mes décisions (avant même les enfants). Je prenais mes décisions en fonction de ce qui ME rendrait heureuse et tout le reste s'ajustait. J'étais épanouie, positive, forte sans même m'en rendre compte car mon bonheur intime avec moi-même me rendait capable de tout, confiante en moi et en mes capacités.
Je me suis effacée au fil des situations, ai perdu mon réflexe de tenir compte de moi en premier. Et je ne parle pas d'égoïsme. Je parle de savoir entretenir les zones de bonheur fertile, de choisir d'y patauger allègrement, de savoir s'entourer de personnes qui nous stimulent, nous nourrissent, nous font rire, nous apprécient, nous renvoient une image positive de nous-même et avec lesquelles il est facile d'échanger. Ce réflexe est intimement lié à l'attitude, à la perspective avec laquelle on choisit de regarder sa vie. Cette attitude, c'est ce qui fait qu'on se sent acteur de sa propre vie plutôt que spectateur de la vie des autres.
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Réflexions
L'efficacité
Je déteste magasiner. Haïs. Abhorre. Je marche plus vite que tout le monde, je vais droit au but, faut que ça opère. Pardon madame, 'scusez monsieur. Je slalomme entre les magasineux lents qui élisent domicile entre les rangées.
Hier, un jour de fin de semaine, me sentant brave (ou désespérée) j'ai foncé dans le tas. Il le fallait: ma paire de jeans me donne l'air d'un plombier. Je ne m'en plaindrai pas, sachant ce que ça signifie. Dans la section des jeans, ai sélectionné huit paires, les ai toutes essayées. Aucune ne m'allait. Too bad, merci, bonsoir.
Courses au Costco ce matin. En passant à travers la section des vêtements, tiens, des jeans. Vraiment beaux. Enlève mes souliers, enfile une paire de jeans par-dessus celle que je porte, super, tout baigne, tiguidou, merci, bonsoir.
Pas de néons, pas de cabines, pas de vendeuse, pas de tataouinage. Voilà le magasinage comme je l'aime lorsque je ne le fais pas directement sur le net.
Hier, un jour de fin de semaine, me sentant brave (ou désespérée) j'ai foncé dans le tas. Il le fallait: ma paire de jeans me donne l'air d'un plombier. Je ne m'en plaindrai pas, sachant ce que ça signifie. Dans la section des jeans, ai sélectionné huit paires, les ai toutes essayées. Aucune ne m'allait. Too bad, merci, bonsoir.
Courses au Costco ce matin. En passant à travers la section des vêtements, tiens, des jeans. Vraiment beaux. Enlève mes souliers, enfile une paire de jeans par-dessus celle que je porte, super, tout baigne, tiguidou, merci, bonsoir.
Pas de néons, pas de cabines, pas de vendeuse, pas de tataouinage. Voilà le magasinage comme je l'aime lorsque je ne le fais pas directement sur le net.
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Tranches de vie
dimanche, novembre 15, 2009
Bouche bée
je demeure, plus souvent qu'autrement, devant la beauté de ses mots, la profondeur de ses réflexions, leur pertinence, ses métaphores saisissantes, ses images touchantes, sa foi en la volonté humaine, sa persévérance, son intégrité, sa loyauté à ses montagnes.
C'est par ici.
C'est par ici.
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coup de coeur
jeudi, novembre 12, 2009
La voix discordante
J’en ai marre d’entendre parler de la grippe A(H1N1). Marre d’en entendre parler dans les médias (et aux rencontres de parents, et au C.É, et de manière informelle pour exorciser le mal-être collectif avec cette pandémie digne des films d’épidémie qui décime la planète). Marre de recevoir des courriels tentant de me convaincre de méfier du vaccin, aussi. Je ne les lis même plus.
Pourtant, je comprends la nécessité de faire passer quelque part le message de la voix discordante. S’il y a quelques semaines à peine seulement 33% des Québécois comptait recevoir ledit controversé vaccin, l’habile opération médiatique de panique, oh pardon, de relations publiques est en train de renverser la vapeur.
Là où je veux en venir, c’est que dans une opération comme celle-là, pour démontrer que l’on est un gouvernement responsable et qu’on ne reste pas inactif devant la menace d’une pandémie, il faut agir vite, montrer que des mesures ont été prises pour rassurer la population. Ces mesures, dès le départ, ont suscité une polémique parce que ce vaccin préparé à la hâte n’avait pas eu le temps de faire ses preuves.
La voix officielle, celle de la Santé publique et du collège des médecins : il faut se faire vacciner pour être protégé. Pour convaincre la population, il faut présenter un discours unifié, une image cohérente que les membres du personnel de la santé doivent endosser. Ce que je déplore dans cette situation c’est que l’opinion personnelle ne compte plus quand on fait partie d’un corps médical. Du moins pas publiquement. Plusieurs membres du personnel de la santé se questionnent sur le contenu de ce vaccin et ses effets dont on a décrié le thimérosal comme composante. Ce questionnement est légitime, voire sain. La voix officielle : c’est sécuritaire.
Pour pouvoir faire un choix éclairé, il faudrait l’entendre sur la place publique, la voix discordante. Lui accorder une tribune, lui permettre de questionner la voix officielle, permettre à la population de choisir de son plein gré. Quand on fait partie du système de santé et qu’on est contre ce vaccin, donc, son opinion, on doit la garder dans sa poche, la susurrer pour ne pas nuire à l’unification du discours, pour ne pas se faire taper sur les doigts pour avoir osé se dresser contre la ligne du parti, contre le mastodonte du Collège des Médecins et le puissant lobby pharmaceutique. Lorsque, en tant que professionnel de la santé, on parle de la voix discordante, on se fait sommer par le Collège de le faire en tant que personne, non avec son titre de Dr. Et tout ce que cela implique comme crédibilité.
Cela ne donne-t-il pas une information biaisée et incomplète si un médecin n’a pas le droit d’expliquer publiquement les raisons pour lesquelles il a des doutes à propos d’une pratique, d’un médicament ou d’un vaccin lorsque le Collège a pris position?
Quoi qu’il en soit, puisque la tribune de la voix discordante est quasi inexistante, apparemment, c’est par courriel que ça se passe. Ce n’est pas aussi puissant que les unes terrifiantes du Journal de Monrial ou que les images d’interminables files d’attentes des cliniques de vaccination aux bulletins télévisés, mais ça circule.
Il y a quelques années, une campagne de vaccination massive contre la méningite avait eu lieu au Québec. Huit cas isolés déclarés, si je me souviens bien, avaient été à l’origine de cette « nécessité. » Une grande proportion de parents avait choisi de ne pas faire vacciner leur enfant et cela avait déstabilisé la Santé publique, qui avait entrepris de lancer une deuxième campagne de relations publiques pour secouer l’inconsciente population.
De plus en plus, les gens questionnent, ne prennent plus systématiquement pour du cash les recommandations du lobby pharm…de la Santé publique, dis-je bien.
Organiser une campagne de relations publiques en présentant un discours unifié et persuasif sur une action à poser « pour le bien collectif » est somme toute facile quand il n’y a que quelques récalcitrants sans tribune. Lorsque l’opération de relations publiques devient de la gestion de crise parce que le discours que l’on espérait unifié ne répond pas à toutes les questions, parce qu’un doute subsiste, parce qu’on tente d’étouffer la voix discordante qui appelle à la transparence, à un débat clair et éthique, parce que le bien collectif, c’est souhaitable mais pas au détriment du bien individuel, c’est une autre paire de manches. Ce que je veux, moi, ce n'est pas un discours unifié. Ce que je veux, c'est le droit de choisir en toute connaissance de cause si ce qu'on veut m'injecter dans le bras, je l'accepte ou pas.
Quelques voix discordantes sur la vaccination: un documentaire de l’ONF Silence, on vaccine.
L’envers de la pilule, publié aux éditions Écosociété. C’est un regard bien documenté sur la réalité de l’industrie pharmaceutique au Québec, au Canada, aux Etats-Unis et à travers le monde. C’est ahurrissant.
The Atlantic. Une lecture intéressante sur la vaccination contre la grippe saisonnière, dans laquelle on explique que ce vaccin n’a jamais démontré son efficacité auprès des populations à risque d’abord puisque la souche du virus développé chaque année dans une population X est inconnue au moment où l’on fabrique les vaccins, donc c’est de la pure spéculation et ensuite parce que pour bien protéger les populations à risque (personnes âgées, leucémiques, immuno-déficient, etc.) qui répondent mal aux vaccins, c’est la population saine, qui elle répond bien aux vaccins, qu’il faudrait vacciner.
Pourtant, je comprends la nécessité de faire passer quelque part le message de la voix discordante. S’il y a quelques semaines à peine seulement 33% des Québécois comptait recevoir ledit controversé vaccin, l’habile opération médiatique de panique, oh pardon, de relations publiques est en train de renverser la vapeur.
Là où je veux en venir, c’est que dans une opération comme celle-là, pour démontrer que l’on est un gouvernement responsable et qu’on ne reste pas inactif devant la menace d’une pandémie, il faut agir vite, montrer que des mesures ont été prises pour rassurer la population. Ces mesures, dès le départ, ont suscité une polémique parce que ce vaccin préparé à la hâte n’avait pas eu le temps de faire ses preuves.
La voix officielle, celle de la Santé publique et du collège des médecins : il faut se faire vacciner pour être protégé. Pour convaincre la population, il faut présenter un discours unifié, une image cohérente que les membres du personnel de la santé doivent endosser. Ce que je déplore dans cette situation c’est que l’opinion personnelle ne compte plus quand on fait partie d’un corps médical. Du moins pas publiquement. Plusieurs membres du personnel de la santé se questionnent sur le contenu de ce vaccin et ses effets dont on a décrié le thimérosal comme composante. Ce questionnement est légitime, voire sain. La voix officielle : c’est sécuritaire.
Pour pouvoir faire un choix éclairé, il faudrait l’entendre sur la place publique, la voix discordante. Lui accorder une tribune, lui permettre de questionner la voix officielle, permettre à la population de choisir de son plein gré. Quand on fait partie du système de santé et qu’on est contre ce vaccin, donc, son opinion, on doit la garder dans sa poche, la susurrer pour ne pas nuire à l’unification du discours, pour ne pas se faire taper sur les doigts pour avoir osé se dresser contre la ligne du parti, contre le mastodonte du Collège des Médecins et le puissant lobby pharmaceutique. Lorsque, en tant que professionnel de la santé, on parle de la voix discordante, on se fait sommer par le Collège de le faire en tant que personne, non avec son titre de Dr. Et tout ce que cela implique comme crédibilité.
Cela ne donne-t-il pas une information biaisée et incomplète si un médecin n’a pas le droit d’expliquer publiquement les raisons pour lesquelles il a des doutes à propos d’une pratique, d’un médicament ou d’un vaccin lorsque le Collège a pris position?
Quoi qu’il en soit, puisque la tribune de la voix discordante est quasi inexistante, apparemment, c’est par courriel que ça se passe. Ce n’est pas aussi puissant que les unes terrifiantes du Journal de Monrial ou que les images d’interminables files d’attentes des cliniques de vaccination aux bulletins télévisés, mais ça circule.
Il y a quelques années, une campagne de vaccination massive contre la méningite avait eu lieu au Québec. Huit cas isolés déclarés, si je me souviens bien, avaient été à l’origine de cette « nécessité. » Une grande proportion de parents avait choisi de ne pas faire vacciner leur enfant et cela avait déstabilisé la Santé publique, qui avait entrepris de lancer une deuxième campagne de relations publiques pour secouer l’inconsciente population.
De plus en plus, les gens questionnent, ne prennent plus systématiquement pour du cash les recommandations du lobby pharm…de la Santé publique, dis-je bien.
Organiser une campagne de relations publiques en présentant un discours unifié et persuasif sur une action à poser « pour le bien collectif » est somme toute facile quand il n’y a que quelques récalcitrants sans tribune. Lorsque l’opération de relations publiques devient de la gestion de crise parce que le discours que l’on espérait unifié ne répond pas à toutes les questions, parce qu’un doute subsiste, parce qu’on tente d’étouffer la voix discordante qui appelle à la transparence, à un débat clair et éthique, parce que le bien collectif, c’est souhaitable mais pas au détriment du bien individuel, c’est une autre paire de manches. Ce que je veux, moi, ce n'est pas un discours unifié. Ce que je veux, c'est le droit de choisir en toute connaissance de cause si ce qu'on veut m'injecter dans le bras, je l'accepte ou pas.
Quelques voix discordantes sur la vaccination: un documentaire de l’ONF Silence, on vaccine.
L’envers de la pilule, publié aux éditions Écosociété. C’est un regard bien documenté sur la réalité de l’industrie pharmaceutique au Québec, au Canada, aux Etats-Unis et à travers le monde. C’est ahurrissant.
The Atlantic. Une lecture intéressante sur la vaccination contre la grippe saisonnière, dans laquelle on explique que ce vaccin n’a jamais démontré son efficacité auprès des populations à risque d’abord puisque la souche du virus développé chaque année dans une population X est inconnue au moment où l’on fabrique les vaccins, donc c’est de la pure spéculation et ensuite parce que pour bien protéger les populations à risque (personnes âgées, leucémiques, immuno-déficient, etc.) qui répondent mal aux vaccins, c’est la population saine, qui elle répond bien aux vaccins, qu’il faudrait vacciner.
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mercredi, novembre 04, 2009
Hilary
Je ne peux m'empêcher de penser à Hilary dans cette anecdote racontée par Gilles Duceppe à l'ouverture de campagne dans mon comté il y a quelques années et qui souligne l'importance de la femme dans la vie d'un homme carriériste. Une femme pour l'encourager, assurer ses arrières, alimenter ses réflexions sur certains sujets, le faire réflechir, le supporter, l'aimer, être indulgente, conciliante, prendre en charge la maisonnée, la marmaille, les apparences, donner le ton, abnéguer lorsqu'il le faut. Une égérie souvent dans l'ombre.
Hilary, donc, en voiture avec Bill, s'arrête dans une station-service au beau milieu de nulle part. Elle s'emballe soudainement, sort de la voiture et accourt saluer le pompiste qui est nul autre qu'un de ses anciens amoureux. Ils discutent pendant que la voiture se remplit.
Bill finit par s'impatienter. Hilary rembarque dans l'auto et son mari de s'exclamer: "Une chance que tu m'as marié! Tu imagines, si tu ne m'avais pas rencontré, tu aurais été femme de garagiste!".
Et posée, Hilary de répondre: "Non mon chéri. Si je ne t'avais pas rencontré, c'est lui qui serait devenu président."
Hilary, donc, en voiture avec Bill, s'arrête dans une station-service au beau milieu de nulle part. Elle s'emballe soudainement, sort de la voiture et accourt saluer le pompiste qui est nul autre qu'un de ses anciens amoureux. Ils discutent pendant que la voiture se remplit.
Bill finit par s'impatienter. Hilary rembarque dans l'auto et son mari de s'exclamer: "Une chance que tu m'as marié! Tu imagines, si tu ne m'avais pas rencontré, tu aurais été femme de garagiste!".
Et posée, Hilary de répondre: "Non mon chéri. Si je ne t'avais pas rencontré, c'est lui qui serait devenu président."
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Élaguer
C'est ce que je m'applique à faire. D'abord mon esprit, d'où les nombreux billets.
Ensuite mon bureau de travail où l'on ne s'y retrouve plus.
Puis tout le reste.
Watch out.
Quand Jen en a son casque, ça déménage.
Ensuite mon bureau de travail où l'on ne s'y retrouve plus.
Puis tout le reste.
Watch out.
Quand Jen en a son casque, ça déménage.
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La satisfaction
En discutant avec les collègues du cours d'anglais, un constat: aucun aspect de ma vie ne me procure une entière satisfaction, une satisfaction nourrissante et vraie.
Je ne suis au-dessus de mes affaires nulle part.
Ma vie, ces derniers mois: essayer de tenir ensemble tous les pans de notre réalité. Je suis sur l'autel, amère, résignée, désolée, à regarder s'accomplir l'homme épanoui et stimulé, les enfants heureux de leurs découvertes, mes amies dont les enfants rendus plus autonomes laissent plus de latitude à leur maman. J'essaie de me centrer sur mon objectif mais trop souvent mes priorités prennent le bord parce qu'il y a tout le reste.
Je ne veux pas négliger la petite enfance de mes si précieux petiots que pourtant je bouscule pour tenter d'arriver à tout coordonner, à trouver un tant soit peu de satisfaction quelque part. Je demeure donc sur l'autel. Pour combien de temps encore? L'autre prendrait-il ma place lorsqu'il le faut que je puisse m'accomplir aussi, trouver mon équilibre?
Me sens dans une gare bondée à regarder les autres rejoindre le train de leur accomplissement, à donner les directives à ceux qui le demandent. Je demeure immobile, tant de trains passent, je n'en attrappe aucun. Pourtant, c'est moi qui cours. Je voudrais pouvoir, comme tous ces gens, me consacrer à une destination, une seule qui puisse me faire sourire de satisfaction, qui puisse me permettre de m'asseoir sur un gratifiant sentiment d'accomplissement, qui puisse m'offrir le bonheur d'avoir enfin été au bout de quelque chose.
Je regarde ma vie, remets en question mes décisions des dernières années. Comment est-ce que j'ai pu m'enfoncer dans une inefficacité aussi chronique, moi qui ai toujours été au-dessus de mes affaires? Pourquoi ai-je fait les choix que j'ai fait alors que j'étais en connaissance de cause des obstacles de la situation?
Depuis ma gare, je déglutis. Je n'aime pas celle que la situation fait de moi: une femme aigrie, qui a perdu son sourire, ensevelie sous beaucoup plus d'obligations et de responsabilités que de plaisir et d'accomplissement. Je ne veux plus mettre tous mes oeufs dans le panier familial, j'ai besoin de paniers qui me sont propres, de manière complémentaire.
Comment se sortir d'une toile si complexe dans laquelle les rôles se sont figés d'une manière stérile, dans laquelle on s'asseoit sur de malsains acquis, dans laquelle le déséquilibre est devenu pernicieux, dans laquelle un écart s'est créé laissant les plaisirs d'un côté, les responsabilités de l'autre, une zone commune à peu près inexistante et un contexte dans lequel les réalités de chacuns deviennent si différentes que l'on finit par perdre le fil de l'autre?
Tout ce que sont mes plaisirs sont désormais perçus à tort comme une perte de temps: aller marcher, courir au sens propre, jouer du piano, jouer avec mes enfants, préparer des savons, ce qui décuple mon amertume de voir l'autre savoir prendre le temps de s'appliquer à ses plaisirs à travers un chaos qui semble passer inaperçu.
Ce n'est pas ainsi que je veux ma vie.
Je ne suis au-dessus de mes affaires nulle part.
Ma vie, ces derniers mois: essayer de tenir ensemble tous les pans de notre réalité. Je suis sur l'autel, amère, résignée, désolée, à regarder s'accomplir l'homme épanoui et stimulé, les enfants heureux de leurs découvertes, mes amies dont les enfants rendus plus autonomes laissent plus de latitude à leur maman. J'essaie de me centrer sur mon objectif mais trop souvent mes priorités prennent le bord parce qu'il y a tout le reste.
Je ne veux pas négliger la petite enfance de mes si précieux petiots que pourtant je bouscule pour tenter d'arriver à tout coordonner, à trouver un tant soit peu de satisfaction quelque part. Je demeure donc sur l'autel. Pour combien de temps encore? L'autre prendrait-il ma place lorsqu'il le faut que je puisse m'accomplir aussi, trouver mon équilibre?
Me sens dans une gare bondée à regarder les autres rejoindre le train de leur accomplissement, à donner les directives à ceux qui le demandent. Je demeure immobile, tant de trains passent, je n'en attrappe aucun. Pourtant, c'est moi qui cours. Je voudrais pouvoir, comme tous ces gens, me consacrer à une destination, une seule qui puisse me faire sourire de satisfaction, qui puisse me permettre de m'asseoir sur un gratifiant sentiment d'accomplissement, qui puisse m'offrir le bonheur d'avoir enfin été au bout de quelque chose.
Je regarde ma vie, remets en question mes décisions des dernières années. Comment est-ce que j'ai pu m'enfoncer dans une inefficacité aussi chronique, moi qui ai toujours été au-dessus de mes affaires? Pourquoi ai-je fait les choix que j'ai fait alors que j'étais en connaissance de cause des obstacles de la situation?
Depuis ma gare, je déglutis. Je n'aime pas celle que la situation fait de moi: une femme aigrie, qui a perdu son sourire, ensevelie sous beaucoup plus d'obligations et de responsabilités que de plaisir et d'accomplissement. Je ne veux plus mettre tous mes oeufs dans le panier familial, j'ai besoin de paniers qui me sont propres, de manière complémentaire.
Comment se sortir d'une toile si complexe dans laquelle les rôles se sont figés d'une manière stérile, dans laquelle on s'asseoit sur de malsains acquis, dans laquelle le déséquilibre est devenu pernicieux, dans laquelle un écart s'est créé laissant les plaisirs d'un côté, les responsabilités de l'autre, une zone commune à peu près inexistante et un contexte dans lequel les réalités de chacuns deviennent si différentes que l'on finit par perdre le fil de l'autre?
Tout ce que sont mes plaisirs sont désormais perçus à tort comme une perte de temps: aller marcher, courir au sens propre, jouer du piano, jouer avec mes enfants, préparer des savons, ce qui décuple mon amertume de voir l'autre savoir prendre le temps de s'appliquer à ses plaisirs à travers un chaos qui semble passer inaperçu.
Ce n'est pas ainsi que je veux ma vie.
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Réflexions
La voie
Je me suis demandé souvent ces dernières années ce je ferai de ma vie. Tant de choses m'intéressent!
Avant de m'inscrire au bacc en communication organisationnelle, je voulais devenir orthopédagogue ou enseignante de français.
Ce n'est pas ma vie, ça ne le sera pas non plus.
J'ai trouvé un programme qui m'intéresse vraiment à l'université. Il s'agit d'une mineure en éthique et droit. Je voudrais me spécialiser en communications éthiques. Plusieurs débats éthiques médiatisés ces dernières semaines ont nourri ma réflexion. J'ai des cours à terminer dans deux programmes entamés ces dernières années mais je me sermonne à restreindre mes engagements pour ne pas crouler sous le surmenage.
La question que je me pose: si j'ai du mal à tout coordonner avec un simple cours d'anglais, comment arriverais-je, comme étudiante libre d'abord puis ensuite comme étudiante à temps partiel, à faire toutes mes lectures, exécuter tous mes travaux?
De la maison? Impossible.
Avant d'avoir envoyé mon manuscrit? Impossible.
Le manuscrit est actuellement un frein. J'ai besoin d'aller au bout de ça pour fermer une porte et me permettre d'en ouvrir d'autres.
Avant de m'inscrire au bacc en communication organisationnelle, je voulais devenir orthopédagogue ou enseignante de français.
Ce n'est pas ma vie, ça ne le sera pas non plus.
J'ai trouvé un programme qui m'intéresse vraiment à l'université. Il s'agit d'une mineure en éthique et droit. Je voudrais me spécialiser en communications éthiques. Plusieurs débats éthiques médiatisés ces dernières semaines ont nourri ma réflexion. J'ai des cours à terminer dans deux programmes entamés ces dernières années mais je me sermonne à restreindre mes engagements pour ne pas crouler sous le surmenage.
La question que je me pose: si j'ai du mal à tout coordonner avec un simple cours d'anglais, comment arriverais-je, comme étudiante libre d'abord puis ensuite comme étudiante à temps partiel, à faire toutes mes lectures, exécuter tous mes travaux?
De la maison? Impossible.
Avant d'avoir envoyé mon manuscrit? Impossible.
Le manuscrit est actuellement un frein. J'ai besoin d'aller au bout de ça pour fermer une porte et me permettre d'en ouvrir d'autres.
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Réflexions
Cours d'anglais. Encore lui.
J'adore mon cours de conversation anglaise. Ça nourrit mon esprit, ma fibre liberté, ma fibre sociale, mon besoin de respirer. J'aime la dynamique du cours, j'apprécie le rafraîchissement de mon vocabulaire anglais et je trouve génial qu'un soir par semaine toute la maisonnée soit prise en charge par mon amoureux.
Le cours d'anglais engendre cependant un problème. Si le cours lui-même est fantastique pour les raisons énumérées plus haut, les devoirs viennent inévitablement. J'aime les devoirs d'anglais. Comme je suis toujours à la course, je les exécute à la dernière minute, soit deux heures avant le début du cours.
Pathétique.
En parlant avec d'autres mères de mon cours, la réalité est la même: à la course, toujours à la course. C'est réconfortant de constater que je ne suis pas la seule à courir après mon temps mais ça ne règle pas mon problème.
Voyant que je n'arriverais pas à tout faire avec l'application que mérite le devoir, j'ai pris une pause hier soir. Assise sur le divan, à expliquer à mon homme allongé dont la tête reposais sur mes cuisses que je n'y arrivais pas, que l'organisation de ma vie était un réel fiasco, que tout allait tout croche, que j'en avais marre de devoir coordonner tous les aspects de la vie familiale, que j'étais épuisée, je pointai le plancher en ajoutant: "Regarde, c'est le bordel, je n'en peux plus des crayons qui traînent, des morceaux de casse-tête, des vêtements, c'est désespérant."
Et mon homme, tout relaxe, de me répondre en fixant les airs: "Shhht. Regarde le plafond."
C'est donc ainsi que l'homme voit les choses?
Regarder le plafond, c'est sans doute apaisant l'espace d'un instant mais ce n'est hélas pas là que l'on vit et ça ne règle rien pragmatiquement parlant.
Le cours d'anglais engendre cependant un problème. Si le cours lui-même est fantastique pour les raisons énumérées plus haut, les devoirs viennent inévitablement. J'aime les devoirs d'anglais. Comme je suis toujours à la course, je les exécute à la dernière minute, soit deux heures avant le début du cours.
Pathétique.
En parlant avec d'autres mères de mon cours, la réalité est la même: à la course, toujours à la course. C'est réconfortant de constater que je ne suis pas la seule à courir après mon temps mais ça ne règle pas mon problème.
Voyant que je n'arriverais pas à tout faire avec l'application que mérite le devoir, j'ai pris une pause hier soir. Assise sur le divan, à expliquer à mon homme allongé dont la tête reposais sur mes cuisses que je n'y arrivais pas, que l'organisation de ma vie était un réel fiasco, que tout allait tout croche, que j'en avais marre de devoir coordonner tous les aspects de la vie familiale, que j'étais épuisée, je pointai le plancher en ajoutant: "Regarde, c'est le bordel, je n'en peux plus des crayons qui traînent, des morceaux de casse-tête, des vêtements, c'est désespérant."
Et mon homme, tout relaxe, de me répondre en fixant les airs: "Shhht. Regarde le plafond."
C'est donc ainsi que l'homme voit les choses?
Regarder le plafond, c'est sans doute apaisant l'espace d'un instant mais ce n'est hélas pas là que l'on vit et ça ne règle rien pragmatiquement parlant.
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Tranches de vie
Rien
J'ai décidé qu'aujourd'hui je ne toucherais pas à mon manuscrit.
Ce livre me rend folle. Je veux tellement atteindre mon objectif de le terminer en décembre que je m'impose un stress fou, ne profite plus du moment présent, passe moins de temps de qualité avec mes enfants, le désordre de ma maison est irrécupérable et affecte beaucoup ma quiétude d'esprit, je suis amère envers tous les obstacles du quotidien qui m'empêchent d'être dans un mode créatif. Ce n'est pas du tout un moi que j'aime.
Je m'impose une discipline intouchable même lorsque je ne suis aucunement disposée d'esprit et totalement improductive, juste pour le principe. C'est complètement ridicule.
Aujourd'hui, je prends le temps de prendre mon temps, de boire un café au lait pendant la sieste de ma chérie d'amour, d'écrire sur mon blog mes réflexions des dernières semaines, de trier et d'expédier ce qui encombre la maison, de régler des trucs en suspend, de répondre à des courriels reçus depuis des semaines mais relégués à la case "plus tard".
Ce livre me rend folle. Je veux tellement atteindre mon objectif de le terminer en décembre que je m'impose un stress fou, ne profite plus du moment présent, passe moins de temps de qualité avec mes enfants, le désordre de ma maison est irrécupérable et affecte beaucoup ma quiétude d'esprit, je suis amère envers tous les obstacles du quotidien qui m'empêchent d'être dans un mode créatif. Ce n'est pas du tout un moi que j'aime.
Je m'impose une discipline intouchable même lorsque je ne suis aucunement disposée d'esprit et totalement improductive, juste pour le principe. C'est complètement ridicule.
Aujourd'hui, je prends le temps de prendre mon temps, de boire un café au lait pendant la sieste de ma chérie d'amour, d'écrire sur mon blog mes réflexions des dernières semaines, de trier et d'expédier ce qui encombre la maison, de régler des trucs en suspend, de répondre à des courriels reçus depuis des semaines mais relégués à la case "plus tard".
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Réflexions
La coquetterie adulte
Je demeure bouche bée quand on questionne pourquoi ma fille n'a pas encore les oreilles percées, comme si cela devait aller de soi. Chaque fois confrontée à "l'urgence" ou la nécessité des autres pour la chose, je n'ai jamais pris réellement le temps de me demander ce que j'en pensais. Une petite fille aux oreilles percées, c'est certes mignon mais est-ce que j'y tiens? Bof.
Je magasinais hier avec mes deux plus jeunes. Comme je déteste les centres d'achats et que justement j'y étais, j'en ai profité pour traverser en entier ce fichu Carrefour Laval dans lequel je me perds à coup sûr afin d'aller prendre de l'info sur le perçage d'oreilles. Sur place, je regarde les bébés boucles d'oreilles et j'imagine ma mignonette si mignonne. Ouais, ça pourrait être fort coquet.
D'accord, que je me dis impulsivement. Go.
Béatrice en avait décidé autrement. No way. Personne ne touchera à mes oreilles. Et la dame de tenter d'accéder auxdites petites oreilles pour dégager les mèches de cheveux, désinfecter puis dessiner un petit point sur chacune. Don't touch. Et tape. Et la dame de s'y prendre doucement. Et Béatrice de la suivre des yeux pour la taper chaque fois qu'elle tentait de lui toucher. No way.
"Je vais la mettre au sein", que je déclare. "Elle sera calme." Béa de téter, effectivement, la bouche au sein et tournant la tête en emportant le sein avec elle pour suivre des yeux la traîtresse de dame en la sommant de se tenir loin de son regard menaçant.
Voyant qu'elle ne pouvait se protéger convenablement blottie contre maman, Béatrice de se redresser pour faire face à la dame en faisant avec ses deux mains une espèce de balayage continuel style papillon.
La dame d'essayer à nouveau tandis que Béatrice défendait avec vigueur la virginité de son lobe.
"On va oublier ça je pense. Je ne la forcerai pas."
La dame d'acquiescer.
Je suis repartie, Bébé Fille soulagée et moi probablement autant qu'elle.
Me suis sentie cheap d'avoir tenté de lui imposer une coquetterie typiquement adulte.
"C'est plus dur à cet âge.", a conclut la dame.
"Possible, mais je ne l'aurais pas fait de manière précipitée pour répondre à des urgences qui ne sont pas les miennes."
On a encore bien des années devant nous. Qui sait si, dans quelques années, coquette, ce ne sera pas elle qui me le demandera?
Je magasinais hier avec mes deux plus jeunes. Comme je déteste les centres d'achats et que justement j'y étais, j'en ai profité pour traverser en entier ce fichu Carrefour Laval dans lequel je me perds à coup sûr afin d'aller prendre de l'info sur le perçage d'oreilles. Sur place, je regarde les bébés boucles d'oreilles et j'imagine ma mignonette si mignonne. Ouais, ça pourrait être fort coquet.
D'accord, que je me dis impulsivement. Go.
Béatrice en avait décidé autrement. No way. Personne ne touchera à mes oreilles. Et la dame de tenter d'accéder auxdites petites oreilles pour dégager les mèches de cheveux, désinfecter puis dessiner un petit point sur chacune. Don't touch. Et tape. Et la dame de s'y prendre doucement. Et Béatrice de la suivre des yeux pour la taper chaque fois qu'elle tentait de lui toucher. No way.
"Je vais la mettre au sein", que je déclare. "Elle sera calme." Béa de téter, effectivement, la bouche au sein et tournant la tête en emportant le sein avec elle pour suivre des yeux la traîtresse de dame en la sommant de se tenir loin de son regard menaçant.
Voyant qu'elle ne pouvait se protéger convenablement blottie contre maman, Béatrice de se redresser pour faire face à la dame en faisant avec ses deux mains une espèce de balayage continuel style papillon.
La dame d'essayer à nouveau tandis que Béatrice défendait avec vigueur la virginité de son lobe.
"On va oublier ça je pense. Je ne la forcerai pas."
La dame d'acquiescer.
Je suis repartie, Bébé Fille soulagée et moi probablement autant qu'elle.
Me suis sentie cheap d'avoir tenté de lui imposer une coquetterie typiquement adulte.
"C'est plus dur à cet âge.", a conclut la dame.
"Possible, mais je ne l'aurais pas fait de manière précipitée pour répondre à des urgences qui ne sont pas les miennes."
On a encore bien des années devant nous. Qui sait si, dans quelques années, coquette, ce ne sera pas elle qui me le demandera?
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Tranches de vie
Savons marbrés
J'ai décidé de préparer il y a quelque temps des savons du hippie au patchouli pour mon ami JM qui ne se peut pas pour cette odeur. Je mets mes huiles à chauffer, prépare mes HE et me rend compte que j'ai été dûpée par une source olfactive trompeuse de patchouli à la maison. J'ai une petite armoire cute qui a déjà contenu une bouteille d'HE de patchouli mais l'odeur y est tellement ancrée que lorsque j'entre dans le bureau et que l'odeur règne, je sais que quelqu'un en a ouvert la porte.
Un savon du hippie sans patchouli, donc. J'ai fait mon marbré avec de l'argile rose et j'ai parfumé aux HE d'orange, de bergamote, d'ylang-ylang et de lavande.
Le suivant, c'est un marbré aux raisins très odorant. C'est l'une des premières fragrances que j'ai achetées et je me suis enfin décidée à l'utiliser. Il sent vraiment trop bon!
Un savon du hippie sans patchouli, donc. J'ai fait mon marbré avec de l'argile rose et j'ai parfumé aux HE d'orange, de bergamote, d'ylang-ylang et de lavande.
Le suivant, c'est un marbré aux raisins très odorant. C'est l'une des premières fragrances que j'ai achetées et je me suis enfin décidée à l'utiliser. Il sent vraiment trop bon!
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Fait main
lundi, novembre 02, 2009
Le scrotum
Mon fils Grand-Charme m'a appris ce soir après une longue discussion sur la sexualité que le scrotum était une partie du système digestif, oui-oui, la dernière d'entre toutes, celle complètement à l'extrémité.
Grand fou rire de ma part, insistance de la sienne: "Mamaaan, je le sais, j'ai fait une recherche sur le système digestif en sixième année."
Rectification de ma part, obstination de la sienne: "Je le sais maman, j'ai présenté un exposé devant la classe à ce sujet."
-Pas devant toute la classe? Et ton prof, elle était morte de rire?
Pardon à tous ces élèves masculins qui sont rentrés chez eux avec un scrotum relocalisé, pardon aussi à ces jeunes filles qui ont hérité malgré elles d'un tel attribut.
Grand fou rire de ma part, insistance de la sienne: "Mamaaan, je le sais, j'ai fait une recherche sur le système digestif en sixième année."
Rectification de ma part, obstination de la sienne: "Je le sais maman, j'ai présenté un exposé devant la classe à ce sujet."
-Pas devant toute la classe? Et ton prof, elle était morte de rire?
Pardon à tous ces élèves masculins qui sont rentrés chez eux avec un scrotum relocalisé, pardon aussi à ces jeunes filles qui ont hérité malgré elles d'un tel attribut.
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Enfants
dimanche, novembre 01, 2009
Le fil
Au café, une matinée où le temps est compté.
Je m’installe, me crée une bulle et écris. C’est plus fort que moi, si ça parle trop fort autour et que la discussion est émotivement sollicitante, ça anéantit ma concentration et je deviens voyeuse malgré moi.
Un sanglot soudain à la table derrière, de biais. Je me retourne. Une ado magnifique, une latino d’après son teint basané et ses beaux cheveux frisottés, qui s’écroule sur l’épaule de sa mère. Elle pleure, bouleversée. La mère, droite, solide, aimante, accueille le chagrin. Une fois le mal exorcisé, elles discutent. La fille se remet de ses émotions, la mère-phare, posée, semble disponible, son approche, constructive. Elle n’infantilise pas, n’appitoie pas, ne moralise pas, ne tombe pas dans le parfois piège de l'émotif. De ma table, du moins, rien de ces entraves au bon dialogue ne se dégage. Je me retourne plusieurs fois; je les trouve belles.
Bon, ça y est, c’est moi qui pleure.
C’est une mère comme ça que je voudrais être : solide, disponible, ouverte, à l’écoute et qui ne prend pas en charge à la place de l’autre, son enfant, un individu à part entière avec ses choix, sa vie, ses décisions. Une mère présente qui sait entretenir le fil, rater une demi-journée de travail s’il le faut, motiver une absence de l’école de son enfant pour l’emmener prendre un café et parler.
La mère parle au cellulaire. Tiens, elle parle arabe. Elle ne dégage rien de la femme arabe de l’ombre que l’on imagine souvent. Par son verbal, par son port altier, on dirait plutôt une femme de tête, racée, indispensable, fonceuse. Une main de fer, une louve avec dans ses gestes une indéniable tendresse pour sa fille. J’essaie d’écrire, réprime mes sanglots. Je suis une éponge, mon avant-midi d’écriture est compromis.
Nous quittons en même temps. La jeune fille semble plus légère, elle a retrouvé son sourire, la mère la taquine, elles se tiraillent en marchant vers la voiture.
J’espère que je saurai, comme cette mère, entretenir le fil de la proximité et de la confiance de mes enfants quand le jour viendra où, comme cette ado, ils auront besoin de parler.
Je m’installe, me crée une bulle et écris. C’est plus fort que moi, si ça parle trop fort autour et que la discussion est émotivement sollicitante, ça anéantit ma concentration et je deviens voyeuse malgré moi.
Un sanglot soudain à la table derrière, de biais. Je me retourne. Une ado magnifique, une latino d’après son teint basané et ses beaux cheveux frisottés, qui s’écroule sur l’épaule de sa mère. Elle pleure, bouleversée. La mère, droite, solide, aimante, accueille le chagrin. Une fois le mal exorcisé, elles discutent. La fille se remet de ses émotions, la mère-phare, posée, semble disponible, son approche, constructive. Elle n’infantilise pas, n’appitoie pas, ne moralise pas, ne tombe pas dans le parfois piège de l'émotif. De ma table, du moins, rien de ces entraves au bon dialogue ne se dégage. Je me retourne plusieurs fois; je les trouve belles.
Bon, ça y est, c’est moi qui pleure.
C’est une mère comme ça que je voudrais être : solide, disponible, ouverte, à l’écoute et qui ne prend pas en charge à la place de l’autre, son enfant, un individu à part entière avec ses choix, sa vie, ses décisions. Une mère présente qui sait entretenir le fil, rater une demi-journée de travail s’il le faut, motiver une absence de l’école de son enfant pour l’emmener prendre un café et parler.
La mère parle au cellulaire. Tiens, elle parle arabe. Elle ne dégage rien de la femme arabe de l’ombre que l’on imagine souvent. Par son verbal, par son port altier, on dirait plutôt une femme de tête, racée, indispensable, fonceuse. Une main de fer, une louve avec dans ses gestes une indéniable tendresse pour sa fille. J’essaie d’écrire, réprime mes sanglots. Je suis une éponge, mon avant-midi d’écriture est compromis.
Nous quittons en même temps. La jeune fille semble plus légère, elle a retrouvé son sourire, la mère la taquine, elles se tiraillent en marchant vers la voiture.
J’espère que je saurai, comme cette mère, entretenir le fil de la proximité et de la confiance de mes enfants quand le jour viendra où, comme cette ado, ils auront besoin de parler.
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Tranches de vie
jeudi, octobre 29, 2009
L'organisation
Depuis la mi-août, je mise sur le retour en classe pour instaurer à nouveau la routine de septembre toujours salutaire pour l'efficacité de notre tribu. Cette année, fiasco. Bah, on survit mais rien n'est optimal, il y a une grosse perte d'énergie que je travaille encore à tenter de récupérer.
Fils Aîné et Grand-Charme sont autonomes, rarement besoin de leur rappeler leurs responsabilités. Tout-Doux et Coco sont plutôt autonomes mais je dois pousser un peu pour les oublis et la gestion du temps.
Si par les années passées notre organisation avait plus de succès malgré qu'elle fut un espèce de chaos organisé, j'ai tenté cette année d'être plus structurée. Fred a débuté la pré-maternelle, son éducatrice à la garderie espérait des présences plus fixes pour mieux planifier sa semaine et moi j'ai toujours en tête d'atteindre l'objectif d'envoyer mon manuscrit à un éditeur max fin décembre. J'ai établi une routine et je m'en tiens à cela assez rigoureusement.
Chaque matin, donc, je suis décidée à opérer. J'ai instauré une routine mais quelle difficulté j'ai à la faire respecter par Frédéric! Demande, répète, pousse dans le dos, quémande, gère des crises de refus de coopérer, m'énerve, hausse le ton. On dit que les enfants ont besoin d'une routine (et moi, Reine du Chaos, je suis loin d'être la championne pour ça). Je constate depuis plusieurs semaines que plus je mets d'énergie à tenter de mieux organiser le temps, plus le jeune homme teste les limites, joue sur la ligne de ma patience, répond avec arrogance et/ou je-m'en-foutisme et/ou air nonchalant de "cause toujours, si je décide de te niaiser, te niaiser je ferai", cherche de l'attention de manière négative, exécute le contraire de ce que je lui demande en me dévisageant d'un air défiant qui attend ma riposte.
Respiiiiiiirer.
Nous testons depuis ce matin le calendrier de motivation. Grand-Homme a aimanté sur le frigo la routine à intégrer. Il faut entendre Fred, fébrile, parler de son calendrier et de ses responsabilités. Ce matin, même pas eu besoin de pousser dans le dos-m'obstiner-m'épuiser à demander. Il est autonome quand il veut. J'espère que la motivation sera suffisante pour créer à moyen terme une coopération qui me permettra d'économiser temps et énergie et de débarquer de la corde raide.
Je tente de prendre du recul pour avoir un regard d'ensemble sur le temps, comprendre ce qui cloche dans l'organisation. Pourquoi, en ayant des matinées mieux organisées (une fois le noeud passé), la routine du soir se décale jusqu'à 21h, 22h? Pourquoi lorsque je suis trop au-dessus de mes affaires durant la journée (genre repas déjà planifié ou à la mijoteuse), le soir est un fiasco? Pourquoi n'arrivons-nous pas à avoir le dessus sur un ordre minimal en la demeure? Je passe du temps de qualité avec ma fille, avec mon aîné qui cherche le dialogue et la proximité de sa mamounette d'amour mais je ne prends pas suffisamment de temps "plaisir" pour les quatre autres, je les bouscule, je ne vois presque pas mon amoureux en-dehors du chaos quotidien, je fais mes devoirs l'heure avant de partir à mon cours.
La moindre demande qui déborde du cadre d'une journée normale devient un poids écrasant. Prendre un rendez-vous chez le dentiste. Faire réparer mes lunettes. Faire le tri des bottes d'hiver. Faire installer les pneus d'hiver. Les enfants ont leurs exigences qu'ils nous rappellent sans arrêt (les multiples demandes se perdent parfois dans le chaos).
--
Je tente d'instaurer des rituels et m'y tenir. Pas juste pour optimiser l'organisation mais aussi pour le plaisir. Mon café latté lorsque Bébé fait sa sieste. Pour les matins plus ardus, café latté Amarula. Mmm. Le luxe. Profiter d'une journée où mon homme a une période de libre juste avant le dîner pour m'enfuir en tête à tête avec lui clandestinement pendant que les enfants sont à l'école ou à la garderie. Au resto avec mon homme: pas d'enfants, pas de téléphone, pas d'ordi, pas d'interruption 14 fois au milieu d'une phrase, juste lui et moi, nous deux, nos quatre yeux et nos quatre mains.
Je ne me surprends plus à fantasmer sur un voyage. L'Italie me manque, je me remémore toutes ses merveilles et ce n'est pas assez, tellement pas assez. J'en veux plus, plus, plus. Découvrir encore et encore. Je m'enfuis en pensées dans une villa au bord de la mer en Espagne, dans un pub Irlandais, dans une interminable promenade dans les Highlands Écossais, sur une plage cubaine, à Banff pour un long trek, dans les Açores pour être perdue au milieu de l'océan. J'échappe au quotidien qui me dépasse mais qui me rattrape toujours.
--
Bon, j'ai du boulot. Je vais mettre une énorme dinde au four, espérant être au-dessus de mes affaires ce soir. (Pas rapport, mais chaque fois que je manipule une dinde congelée, j'ai toujours peur de me l'échapper sur le pied. Et puis je me dis que je me casserais pour sûr quelques orteils et que je serais extrêmement gênée d'avouer au médecin que c'est une dinde morte qui m'a infligé cette ridicule blessure...aah, ces dindes, comme elles nous font divaguer parfois...)
Fils Aîné et Grand-Charme sont autonomes, rarement besoin de leur rappeler leurs responsabilités. Tout-Doux et Coco sont plutôt autonomes mais je dois pousser un peu pour les oublis et la gestion du temps.
Si par les années passées notre organisation avait plus de succès malgré qu'elle fut un espèce de chaos organisé, j'ai tenté cette année d'être plus structurée. Fred a débuté la pré-maternelle, son éducatrice à la garderie espérait des présences plus fixes pour mieux planifier sa semaine et moi j'ai toujours en tête d'atteindre l'objectif d'envoyer mon manuscrit à un éditeur max fin décembre. J'ai établi une routine et je m'en tiens à cela assez rigoureusement.
Chaque matin, donc, je suis décidée à opérer. J'ai instauré une routine mais quelle difficulté j'ai à la faire respecter par Frédéric! Demande, répète, pousse dans le dos, quémande, gère des crises de refus de coopérer, m'énerve, hausse le ton. On dit que les enfants ont besoin d'une routine (et moi, Reine du Chaos, je suis loin d'être la championne pour ça). Je constate depuis plusieurs semaines que plus je mets d'énergie à tenter de mieux organiser le temps, plus le jeune homme teste les limites, joue sur la ligne de ma patience, répond avec arrogance et/ou je-m'en-foutisme et/ou air nonchalant de "cause toujours, si je décide de te niaiser, te niaiser je ferai", cherche de l'attention de manière négative, exécute le contraire de ce que je lui demande en me dévisageant d'un air défiant qui attend ma riposte.
Respiiiiiiirer.
Nous testons depuis ce matin le calendrier de motivation. Grand-Homme a aimanté sur le frigo la routine à intégrer. Il faut entendre Fred, fébrile, parler de son calendrier et de ses responsabilités. Ce matin, même pas eu besoin de pousser dans le dos-m'obstiner-m'épuiser à demander. Il est autonome quand il veut. J'espère que la motivation sera suffisante pour créer à moyen terme une coopération qui me permettra d'économiser temps et énergie et de débarquer de la corde raide.
Je tente de prendre du recul pour avoir un regard d'ensemble sur le temps, comprendre ce qui cloche dans l'organisation. Pourquoi, en ayant des matinées mieux organisées (une fois le noeud passé), la routine du soir se décale jusqu'à 21h, 22h? Pourquoi lorsque je suis trop au-dessus de mes affaires durant la journée (genre repas déjà planifié ou à la mijoteuse), le soir est un fiasco? Pourquoi n'arrivons-nous pas à avoir le dessus sur un ordre minimal en la demeure? Je passe du temps de qualité avec ma fille, avec mon aîné qui cherche le dialogue et la proximité de sa mamounette d'amour mais je ne prends pas suffisamment de temps "plaisir" pour les quatre autres, je les bouscule, je ne vois presque pas mon amoureux en-dehors du chaos quotidien, je fais mes devoirs l'heure avant de partir à mon cours.
La moindre demande qui déborde du cadre d'une journée normale devient un poids écrasant. Prendre un rendez-vous chez le dentiste. Faire réparer mes lunettes. Faire le tri des bottes d'hiver. Faire installer les pneus d'hiver. Les enfants ont leurs exigences qu'ils nous rappellent sans arrêt (les multiples demandes se perdent parfois dans le chaos).
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Je tente d'instaurer des rituels et m'y tenir. Pas juste pour optimiser l'organisation mais aussi pour le plaisir. Mon café latté lorsque Bébé fait sa sieste. Pour les matins plus ardus, café latté Amarula. Mmm. Le luxe. Profiter d'une journée où mon homme a une période de libre juste avant le dîner pour m'enfuir en tête à tête avec lui clandestinement pendant que les enfants sont à l'école ou à la garderie. Au resto avec mon homme: pas d'enfants, pas de téléphone, pas d'ordi, pas d'interruption 14 fois au milieu d'une phrase, juste lui et moi, nous deux, nos quatre yeux et nos quatre mains.
Je ne me surprends plus à fantasmer sur un voyage. L'Italie me manque, je me remémore toutes ses merveilles et ce n'est pas assez, tellement pas assez. J'en veux plus, plus, plus. Découvrir encore et encore. Je m'enfuis en pensées dans une villa au bord de la mer en Espagne, dans un pub Irlandais, dans une interminable promenade dans les Highlands Écossais, sur une plage cubaine, à Banff pour un long trek, dans les Açores pour être perdue au milieu de l'océan. J'échappe au quotidien qui me dépasse mais qui me rattrape toujours.
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Bon, j'ai du boulot. Je vais mettre une énorme dinde au four, espérant être au-dessus de mes affaires ce soir. (Pas rapport, mais chaque fois que je manipule une dinde congelée, j'ai toujours peur de me l'échapper sur le pied. Et puis je me dis que je me casserais pour sûr quelques orteils et que je serais extrêmement gênée d'avouer au médecin que c'est une dinde morte qui m'a infligé cette ridicule blessure...aah, ces dindes, comme elles nous font divaguer parfois...)
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jeudi, octobre 22, 2009
Le fils intouchable
Je pense à lui, le fils intouchable et rien à faire, je n'arrive pas à trouver le sommeil.
Il y a un gamin dans mon entourage. Douze ans. Du genre voyou en devenir depuis des années. Nous sommes plusieurs parents d'ex copains à le tenir désormais à l'écart à cause de son attitude (habile manipulateur, frondeur, insistant, tenace, téméraire), ses mauvais coups, l'emprise négative qu'il a sur les autres jeunes. Ce garçon est indigne de confiance. Chacun a son anecdote à raconter sur lui et on se conforte mutuellement de l'avoir écarté en entendant les histoires des autres.
--
Grand-Charme fait calmement ses devoirs à table, seul dans la cuisine. Il lève les yeux vers la fenêtre et bondit soudainement, sort dehors et invective au loin avec de forts vilains mots l'ancien camarade qui lance des roches sur les voitures qui passent.
Arrive ce qui devait arriver, plusieurs voitures touchées s'arrêtent, deux hommes débarquent des trois véhicules pour constater les dégâts, interpeler les deux voyous et téléphoner à la police. Mon homme intervient pour éviter que ça ne dégénère (l'un des hommes est vraiment fâché et aggrippe le fautif pour éviter qu'il ne se sauve). Nous réussissons à rejoindre la mère, lui expliquons la situation dans laquelle s'est placée son garçon et tout le tralala. Elle finit par débarquer chez-nous, nous informe que son garçon clame l'innocence, elle veut avoir notre version. Grand-Charme lui explique, Grand-Homme corrobore et complète, elle s'en retourne en nous remerciant.
Elle revient quelques instants plus tard avec son fils qui semble étudier avec attention la céramique de notre plancher. Elle souhaite confronter les deux garçons. Soit. Son fils nie, cherche des portes de sortie. La pauvre mère est désemparée, somme Grand-Charme de le dire tout de suite s'il ment. Elle ne sait pas comment gérer la situation. Son fils nie avec conviction, les pieds figés dans la céramique en fixant de préférence l'inanimé.
Je me fais violence pour ne pas secouer la mère de se réveiller sur les agissements de son intouchable fils. À croire que tout le monde dans l'entourage sait observer des évidences qu'elle ne voit pas, trop occupée à l'angéliser. Je m'adresse désormais directement au garçon qui trouve le moyen de fondre dans la céramique sans que la mère n'y voit quoi que ce soit, persuadée que chouchou est injustement accusé d'un délit qu'il n'a pas commis.
La femme doit rappeler la police qui semble-t-il a parlé d'une grosse somme à débourser, elle s'énerve et jette son dévolu sur Grand-Charme, "qu'elle considère comme son propre fils (pitié, non, pas d'une mère comme elle pour apprendre à mon fils à s'assumer), qu'elle a accueilli chez elle, comment a-t-il pu dénoncer son fils ainsi, elle aurait souhaité qu'il cherche à protéger son camarade"!
Grand-Charme de demeurer stoïque pendant que mon amie So explique à la dame que si Grand-Homme est intervenu, c'est justement pour protéger son fils du conducteur agressif, et moi de lui expliquer que si Grand-Charme est sorti invectiver son fils, c'était parce qu'il a eu la lucidité d'anticiper de fâcheuses conséquences.
La dame voudrait bien aller à la police et affirmer que ce n'est pas lui mais elle ne peut le faire à cause de mon fils, qui n'a rien dénoncé mais qui est quand même le seul témoin.
--
Je rage. Pourquoi? Je cherche. Parce qu'elle a tenté de culpabiliser mon fils? Bof. Sans doute un peu. Parce que je n'ai jamais pu apprécier cet enfant? Parce que même coupable d'une bêtise qui aurait pu avoir des conséquences pires que la grosse pock sur la Porsche et l'autre camionnette, la moûman le bichonnera encore pour le vilain traumatisme d'avoir dû affronter un monsieur mécontent? La victimisation du coupable. C'est ce qui m'enrage. Je sais pertinemment que cet enfant, parce qu'il sait mentir à ses parents, il saura toujours s'en sortir et avoir l'air du fils victime d'un malencontreux incident. Je ne sais honnêtement pas comment un enfant peut devenir un honnête et responsable citoyen si jamais ses parents ne lui accordent la chance d'assumer ses erreurs et de réparer.
La mère est dans le déni, tiraillée entre ce qu'elle souhaite être la vérité de son fils et la dure réalité. Elle refuse d'admettre ce que les parents de ses anciens camarades voyons clairement dans ce qu'est en train de devenir ce jeune. En m'adressant à eux j'ai été franche. Elle est repartie en évoquant la possibilité de poursuivre un des conducteurs pour voies de fait.
C'est terriblement triste. Le bénéfice du doute, toujours. Le gamin en abuse. Il est persuasif le petit. Une bombe à retardement.
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J'ai lancé des roches aussi, enfant. Des oeufs, aussi. J'ai fait des niaiseries. On est jeunes, on est parfois con, on l'admet, on a un sermont ou une fessée, on se repent et on passe à autre chose. Lui? On verra.
Il y a un gamin dans mon entourage. Douze ans. Du genre voyou en devenir depuis des années. Nous sommes plusieurs parents d'ex copains à le tenir désormais à l'écart à cause de son attitude (habile manipulateur, frondeur, insistant, tenace, téméraire), ses mauvais coups, l'emprise négative qu'il a sur les autres jeunes. Ce garçon est indigne de confiance. Chacun a son anecdote à raconter sur lui et on se conforte mutuellement de l'avoir écarté en entendant les histoires des autres.
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Grand-Charme fait calmement ses devoirs à table, seul dans la cuisine. Il lève les yeux vers la fenêtre et bondit soudainement, sort dehors et invective au loin avec de forts vilains mots l'ancien camarade qui lance des roches sur les voitures qui passent.
Arrive ce qui devait arriver, plusieurs voitures touchées s'arrêtent, deux hommes débarquent des trois véhicules pour constater les dégâts, interpeler les deux voyous et téléphoner à la police. Mon homme intervient pour éviter que ça ne dégénère (l'un des hommes est vraiment fâché et aggrippe le fautif pour éviter qu'il ne se sauve). Nous réussissons à rejoindre la mère, lui expliquons la situation dans laquelle s'est placée son garçon et tout le tralala. Elle finit par débarquer chez-nous, nous informe que son garçon clame l'innocence, elle veut avoir notre version. Grand-Charme lui explique, Grand-Homme corrobore et complète, elle s'en retourne en nous remerciant.
Elle revient quelques instants plus tard avec son fils qui semble étudier avec attention la céramique de notre plancher. Elle souhaite confronter les deux garçons. Soit. Son fils nie, cherche des portes de sortie. La pauvre mère est désemparée, somme Grand-Charme de le dire tout de suite s'il ment. Elle ne sait pas comment gérer la situation. Son fils nie avec conviction, les pieds figés dans la céramique en fixant de préférence l'inanimé.
Je me fais violence pour ne pas secouer la mère de se réveiller sur les agissements de son intouchable fils. À croire que tout le monde dans l'entourage sait observer des évidences qu'elle ne voit pas, trop occupée à l'angéliser. Je m'adresse désormais directement au garçon qui trouve le moyen de fondre dans la céramique sans que la mère n'y voit quoi que ce soit, persuadée que chouchou est injustement accusé d'un délit qu'il n'a pas commis.
La femme doit rappeler la police qui semble-t-il a parlé d'une grosse somme à débourser, elle s'énerve et jette son dévolu sur Grand-Charme, "qu'elle considère comme son propre fils (pitié, non, pas d'une mère comme elle pour apprendre à mon fils à s'assumer), qu'elle a accueilli chez elle, comment a-t-il pu dénoncer son fils ainsi, elle aurait souhaité qu'il cherche à protéger son camarade"!
Grand-Charme de demeurer stoïque pendant que mon amie So explique à la dame que si Grand-Homme est intervenu, c'est justement pour protéger son fils du conducteur agressif, et moi de lui expliquer que si Grand-Charme est sorti invectiver son fils, c'était parce qu'il a eu la lucidité d'anticiper de fâcheuses conséquences.
La dame voudrait bien aller à la police et affirmer que ce n'est pas lui mais elle ne peut le faire à cause de mon fils, qui n'a rien dénoncé mais qui est quand même le seul témoin.
--
Je rage. Pourquoi? Je cherche. Parce qu'elle a tenté de culpabiliser mon fils? Bof. Sans doute un peu. Parce que je n'ai jamais pu apprécier cet enfant? Parce que même coupable d'une bêtise qui aurait pu avoir des conséquences pires que la grosse pock sur la Porsche et l'autre camionnette, la moûman le bichonnera encore pour le vilain traumatisme d'avoir dû affronter un monsieur mécontent? La victimisation du coupable. C'est ce qui m'enrage. Je sais pertinemment que cet enfant, parce qu'il sait mentir à ses parents, il saura toujours s'en sortir et avoir l'air du fils victime d'un malencontreux incident. Je ne sais honnêtement pas comment un enfant peut devenir un honnête et responsable citoyen si jamais ses parents ne lui accordent la chance d'assumer ses erreurs et de réparer.
La mère est dans le déni, tiraillée entre ce qu'elle souhaite être la vérité de son fils et la dure réalité. Elle refuse d'admettre ce que les parents de ses anciens camarades voyons clairement dans ce qu'est en train de devenir ce jeune. En m'adressant à eux j'ai été franche. Elle est repartie en évoquant la possibilité de poursuivre un des conducteurs pour voies de fait.
C'est terriblement triste. Le bénéfice du doute, toujours. Le gamin en abuse. Il est persuasif le petit. Une bombe à retardement.
--
J'ai lancé des roches aussi, enfant. Des oeufs, aussi. J'ai fait des niaiseries. On est jeunes, on est parfois con, on l'admet, on a un sermont ou une fessée, on se repent et on passe à autre chose. Lui? On verra.
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mardi, octobre 20, 2009
Des naissances et des accouchements
L’accouchement est celui de la femme. Peu me contrediront à ce sujet, sauf peut-être un ancien collègue qui s’incluait naturellement dans tout ce qui concernait la grossesse de sa blonde : ON a des contractions, ON respire, ON focalise, ON devrait accoucher autour de telle date. C’en était un peu démesuré à mon avis de vouloir tout partager ce qui est intrinsèquement lié au corps de la femme et que l’homme ne peut vivre réellement que par compassion malgré la sincérité de son désir d’implication. Certains aspects de la grossesse appartiennent à la femme (mon ex-collègue aura beau dire ce qu’il voudra, c’est toujours bien sa douce et uniquement elle qui porte sur son corps les vestiges des grossesses aujourd’hui).
Au moment d’accoucher, c’est le corps de la femme qui fait tout le boulot, même si la présence de l’homme à ses côtés est capitale pour le soutien qu’il peut apporter. En dépit des encouragements de l’homme, son dévouement pour les mille exigences contradictoires de son amoureuse, son regard apaisant, ses caresses ou sa présence silencieuse, c’est la femme qui souffre, c’est la femme qui met au monde l’enfant.
La naissance, en revanche, même intimement liée à l’accouchement, « appartient » à l’enfant. Les deux parents pourraient donc parler à l’enfant de sa naissance d’une manière à peu près semblable (au niveau des faits) à partir du point de vue où ils se trouvaient. Pour ma part, la présence du papa est absolument nécessaire pour me permettre de remettre en ordre des détails qui m’ont échappé pendant que j’étais dans les brumes du pénible travail. En travail, mon besoin de mon amoureux est si grand que je le priverais de faire pipi, de respirer ou de manger pour l’avoir à mes côtés à chaque minute qui passe.
Où je veux en venir, c’est à mon étonnement vis-à-vis la dissociation accouchement/naissance que j’ai lue il y a quelques temps sur le blog d’un père. Selon mon interprétation de son billet, il y a moyen de distinguer nettement accouchement et naissance au point de focaliser sur l’enfant qui vient de naître en occultant toute la part de l’accouchement qui vient de se dérouler. En médecine, la scission entre les deux est nette : l’obstétricien s’occupe de la grossesse et de l’accouchement, le pédiatre s’occupe de l’enfant.
Au sein d’un couple, j’aurais espéré ces moments uniques, intouchables, indissociables. J’aurais espéré que pour le père, l’accouchement soit la partie essentielle, quoiqu’il arrive ultérieurement entre eux, qui amène à la merveilleuse naissance de cet enfant que les deux parents ont attendu si impatiemment. Selon ce que j’en ai compris, quand on déteste très fort son ex, on peut finir par préférer faire une distinction radicale entre l’accouchement et la naissance de manière à exclure la mère de la naissance de son enfant.
Ce billet m’a fait réfléchir car pour moi, l’accouchement et la naissance sont des moments d’une intensité inégalable au sein d’un couple. Je serais attristée qu’un jour, les deux pères de mes sept enfants aient le souhait de m’exclure de l’histoire de nos enfants au point de biffer toute l’intensité du moment qui a précédé leur naissance pour ne les faire exister qu’à partir du moment où ils étaient physiquement indépendant du corps de cette mère que le papa préfère maintenant n’importe où ailleurs que dans l’histoire de leur enfant commun.
Lorsque je parle à mes enfants de leur naissance, je leur raconte les détails qui donnent de la valeur au moment final et extatique de leur arrivée en ce monde. Ces détails incluent naturellement leur père et peu importe ce que pourrait devenir mon lien avec eux, je ne pourrais concevoir imaginer leur histoire sans eux.
Au moment d’accoucher, c’est le corps de la femme qui fait tout le boulot, même si la présence de l’homme à ses côtés est capitale pour le soutien qu’il peut apporter. En dépit des encouragements de l’homme, son dévouement pour les mille exigences contradictoires de son amoureuse, son regard apaisant, ses caresses ou sa présence silencieuse, c’est la femme qui souffre, c’est la femme qui met au monde l’enfant.
La naissance, en revanche, même intimement liée à l’accouchement, « appartient » à l’enfant. Les deux parents pourraient donc parler à l’enfant de sa naissance d’une manière à peu près semblable (au niveau des faits) à partir du point de vue où ils se trouvaient. Pour ma part, la présence du papa est absolument nécessaire pour me permettre de remettre en ordre des détails qui m’ont échappé pendant que j’étais dans les brumes du pénible travail. En travail, mon besoin de mon amoureux est si grand que je le priverais de faire pipi, de respirer ou de manger pour l’avoir à mes côtés à chaque minute qui passe.
Où je veux en venir, c’est à mon étonnement vis-à-vis la dissociation accouchement/naissance que j’ai lue il y a quelques temps sur le blog d’un père. Selon mon interprétation de son billet, il y a moyen de distinguer nettement accouchement et naissance au point de focaliser sur l’enfant qui vient de naître en occultant toute la part de l’accouchement qui vient de se dérouler. En médecine, la scission entre les deux est nette : l’obstétricien s’occupe de la grossesse et de l’accouchement, le pédiatre s’occupe de l’enfant.
Au sein d’un couple, j’aurais espéré ces moments uniques, intouchables, indissociables. J’aurais espéré que pour le père, l’accouchement soit la partie essentielle, quoiqu’il arrive ultérieurement entre eux, qui amène à la merveilleuse naissance de cet enfant que les deux parents ont attendu si impatiemment. Selon ce que j’en ai compris, quand on déteste très fort son ex, on peut finir par préférer faire une distinction radicale entre l’accouchement et la naissance de manière à exclure la mère de la naissance de son enfant.
Ce billet m’a fait réfléchir car pour moi, l’accouchement et la naissance sont des moments d’une intensité inégalable au sein d’un couple. Je serais attristée qu’un jour, les deux pères de mes sept enfants aient le souhait de m’exclure de l’histoire de nos enfants au point de biffer toute l’intensité du moment qui a précédé leur naissance pour ne les faire exister qu’à partir du moment où ils étaient physiquement indépendant du corps de cette mère que le papa préfère maintenant n’importe où ailleurs que dans l’histoire de leur enfant commun.
Lorsque je parle à mes enfants de leur naissance, je leur raconte les détails qui donnent de la valeur au moment final et extatique de leur arrivée en ce monde. Ces détails incluent naturellement leur père et peu importe ce que pourrait devenir mon lien avec eux, je ne pourrais concevoir imaginer leur histoire sans eux.
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jeudi, octobre 15, 2009
Équation algébrique
Si A discute avec B, qu'elle lui explique que la rencontre doit se passer brièvement car elle attend une dizaine d'enfants dans une heure et demie pour l'anniversaire d'un des siens, qu'elle laisse échapper le commentaire suivant: "Je prépare des hot dogs pour dîner et je dois trouver une alternative pour un ami dont la mère a confirmé la présence de l'enfant ce matin seulement en m'informant que le fils ne mangeait pas de viande" (short-cut: l'enfant est musulman donc exit les hot dogs pour lui, A n'avait pas prévu cette contrainte...)....
Que A souligne qu'elle était ravie de pouvoir faire simple cette fois car ses enfants ont plusieurs amis musulmans et qu'elle était étonnée de pouvoir servir le menu simple hot dogs + trempette, ce qu'elle n'a pas eu l'occasion de servir depuis longtemps...
Que B s'exclame alors: "Aaah! Ceux-là, moi, j'suis pas capable. Leur mentalité est tellement différente! Ça c'est du monde avec lequel je refuse que mon fils (qui a six ans) joue."...
Que A s'étonne (à moitié) et demande: "T'as pas peur que ton fils devienne raciste en lui inculquant la phobie des "gens avec une mentalité pas comme nous"?"....
Que B répond: "Mais là! C'est sûr que je lui dirai pas de même mais je vais juste m'arranger pour qu'il ne les côtoie pas. Écoute, leur mentalité, j'suis tellement pas capable que je préfèrerais encore que mon fils se tienne avec un Noir!"....
(Que dans la tête de A: "Issssh.")
Que dans la bouche de A: "Tu sais, les amis musulmans de mes enfants sont vraiment d'excellents amis, drôles, travaillants, enjoués, loyaux, polis. Leurs parents sont vraiment gentils, généreux et ce sont les seuls qui ont osé nous appeler quand notre fils est mort..."
Que B répond alors: "Aah, mais c'est sûr qu'il doit y avoir du monde correct parmi eux..."
Que A conclut que l'étroitesse d'esprit de B est irrécupérable...
Qui est B ?
Que A souligne qu'elle était ravie de pouvoir faire simple cette fois car ses enfants ont plusieurs amis musulmans et qu'elle était étonnée de pouvoir servir le menu simple hot dogs + trempette, ce qu'elle n'a pas eu l'occasion de servir depuis longtemps...
Que B s'exclame alors: "Aaah! Ceux-là, moi, j'suis pas capable. Leur mentalité est tellement différente! Ça c'est du monde avec lequel je refuse que mon fils (qui a six ans) joue."...
Que A s'étonne (à moitié) et demande: "T'as pas peur que ton fils devienne raciste en lui inculquant la phobie des "gens avec une mentalité pas comme nous"?"....
Que B répond: "Mais là! C'est sûr que je lui dirai pas de même mais je vais juste m'arranger pour qu'il ne les côtoie pas. Écoute, leur mentalité, j'suis tellement pas capable que je préfèrerais encore que mon fils se tienne avec un Noir!"....
(Que dans la tête de A: "Issssh.")
Que dans la bouche de A: "Tu sais, les amis musulmans de mes enfants sont vraiment d'excellents amis, drôles, travaillants, enjoués, loyaux, polis. Leurs parents sont vraiment gentils, généreux et ce sont les seuls qui ont osé nous appeler quand notre fils est mort..."
Que B répond alors: "Aah, mais c'est sûr qu'il doit y avoir du monde correct parmi eux..."
Que A conclut que l'étroitesse d'esprit de B est irrécupérable...
Qui est B ?
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dimanche, octobre 11, 2009
Le changement
Concept nébuleux que celui-là. Quand on parle de changement, on se réfère généralement à quelque chose de large et d'indéfini comme une simple impression mal articulée. Avoir besoin de changement dans sa vie : quelque chose cloche, on n'a pas vraiment mis le doigt dessus mais on est prêt à tenter différentes choses pour modifier la dynamique pour mieux cerner ce qui ne va pas. On tombe en mode exploratoire.
À chaque pallier d'élection, un des partis d'opposition propose "du changement". On ne sait pas trop à quoi ça réfère exactement, qu'est-ce que ça condamne de l'administration que l'on tente de déloger mais on tente de se faire du crédit électoral en faisant la promotion d'un quelconque changement. À quel niveau, on ne sait pas (mais comme les implications sont plus grandes que pour une coupe de cheveux, on aimerait bien savoir avant de faire un X dans une case).
Plus je croise de pancartes électorales, plus je trouve cette proposition de changement fourre-tout. On ne propose rien de tangible ou d'accessible. Juste du changement. On s'entend que même changer pour pire, ça représente du changement. Oh, ne vous méprenez pas, je suis heureuse de voir cette année un parti d'oppostion qui semble mieux organisé pour offrir un choix aux électeurs Lavallois "pris" avec le même maire depuis une vingtaine d'année. Seulement, à moins de faire une recherche, on ne connait rien des idées proposées par cette opposition et sa pâle visibilité. Ne serait-ce pas plus sérieux de proposer des idées réelles, des idées-choc qui donnent le ton des couleurs d'une organisation politique ?
Je ne sais pas sur quoi misent les partis qui proposent du changement. Sur l'ignorance de l'électorat pour lui vendre une abstraction ayant un potentiel de séduction ?
Sur l'espoir qu'ils aient été suffisamment déçus, blasés ou choqués d'une action ou inaction du parti au pouvoir pour leur donner envie de voir une issue salvatrice dans le mot "changement" ?
Sur leur considération tellement grande de leur électorat qu'on suppose qu'il connait les valeurs, orientations, compétences et volontés des partis en lice et qu'il puisse conclure lui-même qu'effectivement, d'une plate-forme électorale à l'autre, il y a du changement.
Je n'aime pas les concepts fourre-tout. "Expérience" fait partie de ceux-là (me semble avoir écrit un billet là-dessus mais je ne l'ai pas retrouvé). "Vivez l'expérience de tel resto", "Découvrez l'expérience de la campagne à quelques minutes de la ville", "Vivez l'expérience de telle activité". Toute banalité devient une expérience sensationnelle à découvrir. C'est facile, général, publicitaire à l'os, tellement fourre-tout que ça en devient sans âme, dépersonnalisé.
*
C'était la réflexion du jour. Sur ce, je vais organiser la maison pour le souper d'automne de ce soir. En ce qui me concerne, on se parle de mon trente-cinquième automne. Eh oui, c'est mon anniversaire et comme les anniversaires me rendent mélancolique, j'ai mis de l'agrément dans mon café (une raison comme une autre) et essaie de respirer par le nez.
À chaque pallier d'élection, un des partis d'opposition propose "du changement". On ne sait pas trop à quoi ça réfère exactement, qu'est-ce que ça condamne de l'administration que l'on tente de déloger mais on tente de se faire du crédit électoral en faisant la promotion d'un quelconque changement. À quel niveau, on ne sait pas (mais comme les implications sont plus grandes que pour une coupe de cheveux, on aimerait bien savoir avant de faire un X dans une case).
Plus je croise de pancartes électorales, plus je trouve cette proposition de changement fourre-tout. On ne propose rien de tangible ou d'accessible. Juste du changement. On s'entend que même changer pour pire, ça représente du changement. Oh, ne vous méprenez pas, je suis heureuse de voir cette année un parti d'oppostion qui semble mieux organisé pour offrir un choix aux électeurs Lavallois "pris" avec le même maire depuis une vingtaine d'année. Seulement, à moins de faire une recherche, on ne connait rien des idées proposées par cette opposition et sa pâle visibilité. Ne serait-ce pas plus sérieux de proposer des idées réelles, des idées-choc qui donnent le ton des couleurs d'une organisation politique ?
Je ne sais pas sur quoi misent les partis qui proposent du changement. Sur l'ignorance de l'électorat pour lui vendre une abstraction ayant un potentiel de séduction ?
Sur l'espoir qu'ils aient été suffisamment déçus, blasés ou choqués d'une action ou inaction du parti au pouvoir pour leur donner envie de voir une issue salvatrice dans le mot "changement" ?
Sur leur considération tellement grande de leur électorat qu'on suppose qu'il connait les valeurs, orientations, compétences et volontés des partis en lice et qu'il puisse conclure lui-même qu'effectivement, d'une plate-forme électorale à l'autre, il y a du changement.
Je n'aime pas les concepts fourre-tout. "Expérience" fait partie de ceux-là (me semble avoir écrit un billet là-dessus mais je ne l'ai pas retrouvé). "Vivez l'expérience de tel resto", "Découvrez l'expérience de la campagne à quelques minutes de la ville", "Vivez l'expérience de telle activité". Toute banalité devient une expérience sensationnelle à découvrir. C'est facile, général, publicitaire à l'os, tellement fourre-tout que ça en devient sans âme, dépersonnalisé.
*
C'était la réflexion du jour. Sur ce, je vais organiser la maison pour le souper d'automne de ce soir. En ce qui me concerne, on se parle de mon trente-cinquième automne. Eh oui, c'est mon anniversaire et comme les anniversaires me rendent mélancolique, j'ai mis de l'agrément dans mon café (une raison comme une autre) et essaie de respirer par le nez.
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jeudi, octobre 08, 2009
S'il était encore là.
Il ne cesserait de s'étonner de la grandeur de Grand-Charme qui du haut de ses douze ans dépasse déjà son aîné. Il se gonflerait le torse de fierté devant cet enfant qui a toutes les caractéristiques physiques de notre famille. Il serait attendri de voir à quel point Fils Aîné grandit en sagesse, en vivacité d'esprit et en talents artistiques. Il prendrait le temps de regarder ses BD, le féliciterait pour son bon vocabulaire, lui renoterait ses quelques fautes, lui dirait que sa mère dessinait autant à son âge. Il lui passerait la main dans les cheveux pour traduire sa fierté et le prendrait dans ses bras en lui demandant comment ça se fait que ses cheveux se mettent à boucler subitement à l'âge de quinze ans. Il serait heureux de l'entendre jouer de la basse, aurait envie de l'essayer aussi. Il jouerait à ABBA Singstar avec nous sur la PS2 et nous aurions du plaisir.
Il serait heureux de voir mes grands s'intéresser à la politique, leur expliquerait ses points de vue qui sont aussi ses vérités, il leur parlerait de communisme, de terrorisme et peut-être, d'espionnage et de contre-espionnage. Il serait enchanté d'avoir avec eux des discussions de grands, il n'en reviendrait pas de constater à quel point ils sont vifs et intelligents. Lorsque Grand-Homme s'en mêlerait pour condamner les convictions politiques de mon père, il se maîtriserait pour contrôler sa susceptibilité en la matière et qualifierait mon homme provocateur de maudit péquiste avec un sourire dans les yeux.
Il se plairait à répéter à Tout-Doux qu'il est son filleul, il serait ému de constater sa sensibilité, son ouverture aux autres, son rythme particulier, serait heureux de prendre mes enfants dans ses bras. Il se placerait en retrait pour rire dans sa barbe des obstinations de mes enfants et n'interviendrait que si l'un d'entre eux était vraiment lésé ou au bord des larmes.
Il leur apprendrait des jeux de cartes. Il jouerait aux échecs avec Coco et s'étonnerait de l'esprit stratégique de cet enfant. Il réaliserait à quel point mon Coco a un solide caractère, un sourire radieux et des yeux rieurs et amoureux. Il répéterait pour lui-même que cet enfant a de si beaux yeux bleus.
Il proposerait peut-être de nous accompagner en voyage dans le Sud pour profiter du temps avec les enfants.
Il s'amuserait des réactions théâtrales de Grand-Charme, de son humour, de sa désinvolture, de sa répartie et de l'originalité de son vocabulaire. Il rirait et parce que c'était un homme magnifique et magnétique, tout le monde rirait avec lui.
Il apprendrait à connaître Frédéric, chiâlerait devant son légendaire entêtement, le trouverait gâté et me reprocherait d'être trop ci ou moins cela avec lui. L'instant d'après, il s'occuperait de lui dans un élan de tendresse et se mettrait à rire en songeant qu'il a trouvé chaussure à son pied en matière d'orgueil. Il prendrait son accordéon pour mettre de la joie dans le coeur de son petit-fils et parce qu'il savait que les tout-petits ont toujours aimé sa musique. Frédéric, pour sa part, ne désignerait pas qu'une seule personne quand il parle de son papi.
Il serait heureux, ému à l'os de rencontrer son unique petite-fille. Il la regarderait, bouleversé de fierté et me regarderait ensuite les yeux tremblotants de perles pour me signifier à quel point elle est belle. Il la ferait sauter au bout de sa jambe pour faire le cheval, partagerait ses éclats de rire, la bécoterait dans le cou et prendrait sa guitare pour lui chanter Poupée d'amour, qu'il adapterait pour elle. Il jouerait à cache-cache avec elle autour de l'îlot de la cuisine et élèverait le ton lorsqu'elle écraserait son minois dans le moustiquaire de la porte-patio ou appuierait sur le bouton du répondeur à sa portée. Peut-être également la mettrait-il en garde contre la gourmandise des hommes, propos qui seraient en réalité une réflexion pour lui-même.
Nous prendrions un verre de vin ensemble. Nous nous balancerions dans son coin jardin en parlant en silence, juste en regards et en gestes tendres. Il me dirait que je suis belle, qu'il est fier de s'être enfargé dans le tapis, me donnerait quelques billets pour payer l'essence et aurait les larmes aux yeux en nous regardant partir.
Il fumerait en cachette en se berçant devant son poêle à bois et téléphonerait pour mon anniversaire.
Je pense à lui sans cesse. Il me manque.
Il serait heureux de voir mes grands s'intéresser à la politique, leur expliquerait ses points de vue qui sont aussi ses vérités, il leur parlerait de communisme, de terrorisme et peut-être, d'espionnage et de contre-espionnage. Il serait enchanté d'avoir avec eux des discussions de grands, il n'en reviendrait pas de constater à quel point ils sont vifs et intelligents. Lorsque Grand-Homme s'en mêlerait pour condamner les convictions politiques de mon père, il se maîtriserait pour contrôler sa susceptibilité en la matière et qualifierait mon homme provocateur de maudit péquiste avec un sourire dans les yeux.
Il se plairait à répéter à Tout-Doux qu'il est son filleul, il serait ému de constater sa sensibilité, son ouverture aux autres, son rythme particulier, serait heureux de prendre mes enfants dans ses bras. Il se placerait en retrait pour rire dans sa barbe des obstinations de mes enfants et n'interviendrait que si l'un d'entre eux était vraiment lésé ou au bord des larmes.
Il leur apprendrait des jeux de cartes. Il jouerait aux échecs avec Coco et s'étonnerait de l'esprit stratégique de cet enfant. Il réaliserait à quel point mon Coco a un solide caractère, un sourire radieux et des yeux rieurs et amoureux. Il répéterait pour lui-même que cet enfant a de si beaux yeux bleus.
Il proposerait peut-être de nous accompagner en voyage dans le Sud pour profiter du temps avec les enfants.
Il s'amuserait des réactions théâtrales de Grand-Charme, de son humour, de sa désinvolture, de sa répartie et de l'originalité de son vocabulaire. Il rirait et parce que c'était un homme magnifique et magnétique, tout le monde rirait avec lui.
Il apprendrait à connaître Frédéric, chiâlerait devant son légendaire entêtement, le trouverait gâté et me reprocherait d'être trop ci ou moins cela avec lui. L'instant d'après, il s'occuperait de lui dans un élan de tendresse et se mettrait à rire en songeant qu'il a trouvé chaussure à son pied en matière d'orgueil. Il prendrait son accordéon pour mettre de la joie dans le coeur de son petit-fils et parce qu'il savait que les tout-petits ont toujours aimé sa musique. Frédéric, pour sa part, ne désignerait pas qu'une seule personne quand il parle de son papi.
Il serait heureux, ému à l'os de rencontrer son unique petite-fille. Il la regarderait, bouleversé de fierté et me regarderait ensuite les yeux tremblotants de perles pour me signifier à quel point elle est belle. Il la ferait sauter au bout de sa jambe pour faire le cheval, partagerait ses éclats de rire, la bécoterait dans le cou et prendrait sa guitare pour lui chanter Poupée d'amour, qu'il adapterait pour elle. Il jouerait à cache-cache avec elle autour de l'îlot de la cuisine et élèverait le ton lorsqu'elle écraserait son minois dans le moustiquaire de la porte-patio ou appuierait sur le bouton du répondeur à sa portée. Peut-être également la mettrait-il en garde contre la gourmandise des hommes, propos qui seraient en réalité une réflexion pour lui-même.
Nous prendrions un verre de vin ensemble. Nous nous balancerions dans son coin jardin en parlant en silence, juste en regards et en gestes tendres. Il me dirait que je suis belle, qu'il est fier de s'être enfargé dans le tapis, me donnerait quelques billets pour payer l'essence et aurait les larmes aux yeux en nous regardant partir.
Il fumerait en cachette en se berçant devant son poêle à bois et téléphonerait pour mon anniversaire.
Je pense à lui sans cesse. Il me manque.
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mardi, octobre 06, 2009
Le non-dit
Une amie est venue écrire. On s’installe chacune devant son portable avec un bon latté, on parle un peu et hop au travail. C’est du chacun pour soi.
J’ai écrit moins et ventilé plus que je ne l’aurais imaginé ce matin. Tout est relié au non-dit. Je prends conscience de la quantité de non-dit qu’il y a dans ma vie. Du non-dit que je tais par crainte de blesser malgré toutes les paires de gants blancs appelés délicatesse que je sais mettre. Du non-dit que je tais parce que je n’ai ni l’énergie ni le courage de plonger dans un douloureux règlement de compte. Du non-dit que je tais parce que je n’ai pas envie d’entendre à quel point je suis intransigeante et insensible de faire pleurer les autres (c’est souvent ce qui arrive) avec le poids de mes vérités et de mes limites. Du non-dit que je tais parce que je ne sais pas exprimer mes états émotifs à leur juste valeur. Ça gruge pourtant tellement, le non-dit, ça détruit, ça nourrit la rancœur.
Puisque je ne parle pas, puisque je ne mets rien au clair, puisque je n’établis pas clairement mes limites, puisque je me pile sur le coeur en épargnant davantage l'autre que moi-même, je cultive l’amertume, je n’ai plus envie de m’investir, j’apprécie moins l’autre, je prends mes distances pour éviter les effets des irritants sur mon coeur sensible. Je tolère stupidement en m’empoisonnant l’existence.
Ça ne règle rien. Évidemment. Je ne peux construire de relation saine sur un terreau aussi stérile. Je renonce donc à construire. Je me soustrais à des relations qui n’aboutissent à rien mais qui pourraient sans doute être allégées, plus agréables si les abcès étaient crevés et que l’on pouvait savoir se parler librement.
Je me tais, m’éloigne, deviens impersonnelle, froide, je me ferme à tout ce qui est au-devant de tout le non-dit n’ayant jamais été verbalisé et reconnu. Je baisse les bras, abdique avec tristesse et désolation. Je fais une croix sur ce qui aurait pu être.
Il arrive qu'un jour, épuisée d’être épuisée de ne pas mettre les choses au clair dans l’immédiat, ma vérité s’impose, délicatesse en moins ou maladresse en plus.
Cette fois, on aurait peut-être raison de me qualifier d’intransigeante.
J’ai écrit moins et ventilé plus que je ne l’aurais imaginé ce matin. Tout est relié au non-dit. Je prends conscience de la quantité de non-dit qu’il y a dans ma vie. Du non-dit que je tais par crainte de blesser malgré toutes les paires de gants blancs appelés délicatesse que je sais mettre. Du non-dit que je tais parce que je n’ai ni l’énergie ni le courage de plonger dans un douloureux règlement de compte. Du non-dit que je tais parce que je n’ai pas envie d’entendre à quel point je suis intransigeante et insensible de faire pleurer les autres (c’est souvent ce qui arrive) avec le poids de mes vérités et de mes limites. Du non-dit que je tais parce que je ne sais pas exprimer mes états émotifs à leur juste valeur. Ça gruge pourtant tellement, le non-dit, ça détruit, ça nourrit la rancœur.
Puisque je ne parle pas, puisque je ne mets rien au clair, puisque je n’établis pas clairement mes limites, puisque je me pile sur le coeur en épargnant davantage l'autre que moi-même, je cultive l’amertume, je n’ai plus envie de m’investir, j’apprécie moins l’autre, je prends mes distances pour éviter les effets des irritants sur mon coeur sensible. Je tolère stupidement en m’empoisonnant l’existence.
Ça ne règle rien. Évidemment. Je ne peux construire de relation saine sur un terreau aussi stérile. Je renonce donc à construire. Je me soustrais à des relations qui n’aboutissent à rien mais qui pourraient sans doute être allégées, plus agréables si les abcès étaient crevés et que l’on pouvait savoir se parler librement.
Je me tais, m’éloigne, deviens impersonnelle, froide, je me ferme à tout ce qui est au-devant de tout le non-dit n’ayant jamais été verbalisé et reconnu. Je baisse les bras, abdique avec tristesse et désolation. Je fais une croix sur ce qui aurait pu être.
Il arrive qu'un jour, épuisée d’être épuisée de ne pas mettre les choses au clair dans l’immédiat, ma vérité s’impose, délicatesse en moins ou maladresse en plus.
Cette fois, on aurait peut-être raison de me qualifier d’intransigeante.
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