Je vais vous le dire en toute honnêteté, ces derniers mois, il m'en a fait baver. Pour plusieurs raisons, mes réserves de tolérance, de compassion, d'écoute, de générosité et d'accommodement des dix dernières années se sont asséchées. Les derniers mois ont été très difficiles.
Ma confiance a été ébranlée.
Puis, un jour, mon Coco de 11 ans m'a dit sur un ton à la fois blasé et délicat, en trouvant le moyen de sourire à travers ses propos, que son père et moi devrions vraiment faire un effort pour recommencer à nous parler.
On n'en était pas là.
On n'y est pas encore, d'ailleurs et je ne suis pas sûre que la coopération, le dialogue et la bonne foi reviendront. Je ne suis même pas certaine d'en avoir envie, d'ailleurs.
J'ai trop de déceptions et d'amertume à digérer.
Mais bon. Ce soir, c'était la Comedia dell'Arte de Coco. Sa classe a vraiment travaillé très dur pour monter cette pièce.
J'ai tergiversé toute la journée. J'informe le papa ou pas (ce n'est pas le genre d'info que notre fils lui aurait transmise)? Tellement pas envie de le voir traverser mon champ de vision...
Cinq minutes avant le début de la pièce, j'ai finalement texté l'info.
Puis, quelques minutes plus tard, le papa est apparu. On s'est impeccablement ignorés et il est allé rejoindre un autre de nos fils debout au fond du gymnase.
C'est alors que Coco, en s'avançant dans le public pendant une chorégraphie, a fait un face à face avec son père.
Et moi, de voir son beau visage authentique s'illuminer et son grand sourire fier se dessiner, j'ai été touchée, je me suis dit que j'avais bien agi, que malgré toute ma rancoeur envers son père, lui, mon si merveilleux Coco, sa présence l'avait enchanté.
Ce soir, c'était vraiment tout ce qui importait.