La maison qui rend fou, c'est la mienne.
La maison où, une fois les scolaires partis le matin, le déjeuner se prend dans l'incessante quête d'obstination avec sa soeur du jeune de cinq ans qui s'emmerde un peu trop, c'est la mienne.
La maison où je dois éloigner le plus possible l'un de l'autre à table les deux plus jeunes afin de réduire les provocations verbales et physiques aux provocations verbales seulement, c'est la mienne.
La maison où les tâches à remplir sont interminables et renouvelables, c'est la mienne.
La maison où toute activité entreprise doit être compatible avec l'horaire, l'humeur et les activités des enfants, c'est la mienne.
La maison où toute entreprise simple quand on est seule (comme aller acheter une pinte de lait) devient fastidieuse quand on doit continuellement, pour ce faire, pousser dans le dos des deux jeunes qui suivent inévitablement partout, c'est la mienne.
La maison où s'entendre penser est illusoire, où les sollicitations le plus souvent simultanées se multiplient comme des souris, où le jouissif silence est une denrée rare, c'est la mienne.
La maison d'où il faut à tout prix sortir pour respirer un oxygène sain, voir d'autre monde, assurer un semblant de survie mentale, c'est la mienne.
**
Sortir, ce matin, était nécessaire. Nécessaire dans le genre de nécessaire. Sortir seule aurait été idéal, voire indispensable, mais vu mon infructueuse quête de gardienne, tant pis. Besoin d'un café, besoin d'autres humains, idéalement des humains qui ne s'obstinent pas, qui ne me sucent pas mon jus, qui ne demandent pas à être attachés dans leur siège d'auto, qui ne rouspètent pas sur tout ce que je dis, qui ne posent pas sans cesse des questions ou n'émettent pas à un rythme effarant des hypothèses farfelues sur mille situations hypothétiques qui ne se produiront JAMAIS, que je n'ai pas besoin de suivre jusqu'aux toilettes, qui ne rapportent pas continuellement ce que font ou omettent de faire les autres, des humains qui ont des idées d'adultes, un esprit d'adulte, un raisonnement d'adulte.
Tentative de sortie au café avec les deux plus jeunes. Mes recommandations avant de partir, comme toujours. Dans l'oeil du jeune homme (qui précède toujours ses propos), la volonté de me faire réagir. "Non, ze n'écouterai pas. Oui, ze vais courir partout...et toi, Béatrice?" Je tombe dans le chantage, hélas l'arme la plus redoutable. "Les garçons qui n'écoutent pas n'auront pas droit à l'ordi ce pm". Facile, mais généralement efficace.
Faut pas rêver en couleurs, je ne m'attendais pas à un comportement irréprochable. Juste trente minutes, trente petites minutes de quiétude pour écrire. Pas un roman, pas une analyse de cas exhaustive, pas de plan d'action, juste écrire un peu, ce que je n'ai plus la latitude de faire sans contraintes. Trente minutes, juste pour me vider le coeur, juste pour mettre des mots sur ma décourageante réalité des dernières semaines, juste pour ventiler.
C'était trop demander : fiston qui parle fort, qui encourage sa soeur (tranquille) à faire des acrobaties sur les divans du café, fillette qui piétine mes sacs, qui menace de renverser mon café chaque fois qu'elle passe à côté, qui frappe mon portable en attendant une réaction de ma part, enfants incapables de dessiner tranquilles plus de trois minutes ou de s'amuser quietly avec les quelques jouets apportés.
J'aurai essayé. Marche arrière. Après vingt-cinq minutes à étirer ma patience, j'ai abdiqué devant le regard compatissant d'un homme.
Sortir du café les bras chargés après avoir réussi à habiller ma fille qui se plaisait à faire la montre molle, courir après les enfants trop pressés qui approchent trop rapidement du stationnement, courir pour les rattraper de peur qu'ils ne se fassent frapper, tenter de ne pas renverser les breuvages dans ma course ridicule.
Trente minutes.
C'était trop demandé.
Attraper les enfants par le bras avec l'envie irrépressible de squeezer solidement devant leur rire léger et insolent après avoir déposé en vitesse mon café et leur breuvage sur le toît de la voiture. Non, je ne joue pas !
Dans la voiture, éclater en sanglots devant l'impossibilité d'accéder à quelques minutes de quiétude, comme si
mes exigences étaient impossibles.
"À la maison, c'est chacun dans votre chambre". En voiture, fiston qui chantonne insolemment: "Moi, ze n'irai pas dans ma chambre en arrivant à la maison, non-non-non...hé non...zuste Béatrice !" (en se tournant vers elle et insistant du regard jusqu'à ce qu'elle hurle que noooon et que débute l'interminable obstination oui-non-oui-non-ouiiiiii)
Résister à l'envie folle d'étirer le bras pour fermer le clapet sèchement à celui qui convoite solidement mon attention.
C'est trop demander, trente minutes?
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Quand on est mère, le temps est une denrée rare. "Profite de leur sieste pour te reposer", qu'ils disent.
Foutaises.
Une sieste -quand il y en a une-, pour une mère, c'est deux heures de possibilités. La possibilité de lire, écrire, faire des savons, prendre un bain.
Quelle mère se permet réellement tel luxe dans l'océan de ses responsabilités?
Une sieste, c'est pouvoir ranger les sempiternelles traîneries et passer plus de huit minutes sans qu'elles n'encombrent à nouveau le plancher. Une sieste, c'est le temps de réaliser tout un tas de tâches -encore !- qui sont doublement compliquées avec les enfants dans les pattes.
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J'ai regardé tout le monde fébrile partir ce matin. J'ai regardé l'homme déguisé (en voie de l'être) pour l'Halloween, parti s'amuser, libre et sans contraintes. Ai réprimé mon amertume, mon sentiment d'injustice de demeurer clouée ici, comme en prison dans la Maison qui rend Fou. Le reste de la famille partie dans leurs écoles respectives où des activités sont organisées, où la fantaisie est permise et encouragée. Tout le monde, sauf moi, demeurée derrière à me décourager parce que j'adore l'Halloween, sa fantaisie, ses possibilités, sa folie.
Pas d'univers festif pour moi.
De la folie, par contre, ça, il se pourrait bien que j'aie hérité du gros lot. Dans la Maison qui rend Fou, il y a un énorme potentiel.
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Début d'une nouvelle garderie la semaine prochaine pour les deux minets, ceux-là même que je rêve de squeezer depuis ce matin. Deux jours par semaine où ma santé mentale risque de mieux se porter.
vendredi, octobre 29, 2010
jeudi, octobre 21, 2010
Le rire
Ce qui m'énerve au plus haut point, c'est un rire faux, forcé, emprunté. L'effort mis au premier plan pour démontrer que l'on s'amuse alors que ce n'est pas le cas, l'expiration qui déferle maladroitement sur un ersatz de rire boiteux, la construction bidon d'une émotion qui devrait être authentique, fluide et naturelle. Ouach. Agression.
Je ris peu. Rire seule, ça m'est arrivé souvent et délicieusement mais ces derniers temps, la solitude et les soucis me pèsent. De toute manière, rire, c'est tellement mieux de façon partagée ! Certaines personnes me font réellement rire et c'est vachement agréable de se dérider dans la répartie, les boutades, la spontanéité, la dérision, la sincérité, la cohésion. La dynamique, l'énergie, le contexte s'y prêtent. Avec d'autres, la monotonie est telle qu'à peine un sourire courtois se dessine sur mes lèvres. Rire faux, grassement et uniquement pour prendre part à tout prix à une blague que d'autres ressentiront vraiment comme loufoque: disgrâce.
Simulez l'orgasme si vous le souhaitez mais de grâce, laissez au rire tout son naturel, ne cherchez pas à inventer ce qui n'est pas. Le rire véritable et si exquisement extatique existe, pourquoi chercher à en faire de pâles et insipides copies?
Je ris peu. Rire seule, ça m'est arrivé souvent et délicieusement mais ces derniers temps, la solitude et les soucis me pèsent. De toute manière, rire, c'est tellement mieux de façon partagée ! Certaines personnes me font réellement rire et c'est vachement agréable de se dérider dans la répartie, les boutades, la spontanéité, la dérision, la sincérité, la cohésion. La dynamique, l'énergie, le contexte s'y prêtent. Avec d'autres, la monotonie est telle qu'à peine un sourire courtois se dessine sur mes lèvres. Rire faux, grassement et uniquement pour prendre part à tout prix à une blague que d'autres ressentiront vraiment comme loufoque: disgrâce.
Simulez l'orgasme si vous le souhaitez mais de grâce, laissez au rire tout son naturel, ne cherchez pas à inventer ce qui n'est pas. Le rire véritable et si exquisement extatique existe, pourquoi chercher à en faire de pâles et insipides copies?
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Réflexions
lundi, octobre 18, 2010
Voyages en bulles...
Je m'amuse, je m'amuse. :o) Suis en train de préparer des "kits du voyageur"...Idéal pour offrir aux globes-trotters de ce monde !
Il y eût, vous l'avez vu, le savon aux trois argiles, dit Le Français.
Bon, puis tant qu'à y être, pourquoi pas le coriace Allemand?
Ah, et pourquoi pas l'Italien (menthe et vanille, vraiment, vrrrraiment excellent à l'odeur !)
Bon, jusque là, le défi résidait dans la précision des couleurs. Pour le moulage, facile, ce n'était que des étages ! Mais pour celui-ci, ça s'est corsé un peu.
Eh oui, il me fallait un Japonais !
Mais le réel défi consistait en celui-ci, qui n'est pas encore parfait à mon goût mais bon, je finirai par être douée ! :o) Et d'après vous, il sent quoi, le Suisse?
Il y eût, vous l'avez vu, le savon aux trois argiles, dit Le Français.
Bon, puis tant qu'à y être, pourquoi pas le coriace Allemand?
Ah, et pourquoi pas l'Italien (menthe et vanille, vraiment, vrrrraiment excellent à l'odeur !)
Bon, jusque là, le défi résidait dans la précision des couleurs. Pour le moulage, facile, ce n'était que des étages ! Mais pour celui-ci, ça s'est corsé un peu.
Eh oui, il me fallait un Japonais !
Mais le réel défi consistait en celui-ci, qui n'est pas encore parfait à mon goût mais bon, je finirai par être douée ! :o) Et d'après vous, il sent quoi, le Suisse?
Je vous ai dit que j'avais vraiment, vraiment hâte au Salon des Métiers d'Arts?
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Fait main
samedi, octobre 09, 2010
Huttopia ou prendre un break des rénos
Depuis la fin du printemps, nous sommes en rénovations. En fait, nous sommes en rénos continues depuis des années mais là, c'était différent. Avec l'ajout d'un deuxième étage à notre maison, nous rajoutions un chantier majeur peuplé de nombreux ouvriers. Ainsi, durant plus de cinq semaines, stress intense, poussière intense, sentiment d'envahissement intense, fatigue intense, problèmes à gérer intenses. Bref, plus de vie. Tout tournait autour des rénos.
À la fin juillet, alors que nous avions PRESQUE terminé (la fichue finition, c'est interminable !), que nous rêvions d'autre chose que de bran de scie, de poussière de sablage, d'ouvriers et d'espace restreint, nous sommes partis quelques jours dans une Huttopia. Il faut dire que, minaude comme elle était à tant nous vanter SA tente Huttopia, je ne pouvais qu'avoir envie d'essayer ça, ce que je me promettais de billet en billet.
Chose faite.
Ni une ni deux, nous sommes partis dans Charlevoix avec le strict presque minimum, les deux plus jeunes, de la bonne bouffe, du bon vin et l'intention de se refaire le mont du Lac des Cygnes.
Comme probablement tout nouveau visiteur d'une Huttopia, nous avions emmené trop de stock. Ces tentes tout équipées : du camping de luxe. Non, nul besoin de penser à vos coupes à vin, oreillers, bloc de glace, lampes. Tout y est.
Notre seul défi : réussir à coucher les enfants. Dans un endroit pareil, devant tant d'excitation infantile, comment relaxer sans devoir jouer du soupir et de la discipline? Vous savez, à l'heure où les parents se disent : "Mmm....enfin...juste nous...et surtout, PAS DE RÉNOS !"
Heureusement, qu'on s'est dit, la randonnée, c'est toujours génial pour lâcher lousse ces braves petits sur un sentier et espérer qu'ils s'endorment d'épuisement le soir venu. Mais notre demoiselle, ce jour-là, avait décidé de s'appeler "Frein".
Le seul défaut (et non le moindre) de l'Huttopia : être destinée aux petites familles de maximum cinq personnes. Il y aura récidive en amoureux ou avec les deux plus jeunes, mais quand même, ç'aurait été bien de partager avec les plus vieux, qui auraient assurément apprécié.
À la fin juillet, alors que nous avions PRESQUE terminé (la fichue finition, c'est interminable !), que nous rêvions d'autre chose que de bran de scie, de poussière de sablage, d'ouvriers et d'espace restreint, nous sommes partis quelques jours dans une Huttopia. Il faut dire que, minaude comme elle était à tant nous vanter SA tente Huttopia, je ne pouvais qu'avoir envie d'essayer ça, ce que je me promettais de billet en billet.
Chose faite.
Ni une ni deux, nous sommes partis dans Charlevoix avec le strict presque minimum, les deux plus jeunes, de la bonne bouffe, du bon vin et l'intention de se refaire le mont du Lac des Cygnes.
Verdict : le b-o-n-h-e-u-r.
Comme probablement tout nouveau visiteur d'une Huttopia, nous avions emmené trop de stock. Ces tentes tout équipées : du camping de luxe. Non, nul besoin de penser à vos coupes à vin, oreillers, bloc de glace, lampes. Tout y est.
Notre seul défi : réussir à coucher les enfants. Dans un endroit pareil, devant tant d'excitation infantile, comment relaxer sans devoir jouer du soupir et de la discipline? Vous savez, à l'heure où les parents se disent : "Mmm....enfin...juste nous...et surtout, PAS DE RÉNOS !"
Heureusement, qu'on s'est dit, la randonnée, c'est toujours génial pour lâcher lousse ces braves petits sur un sentier et espérer qu'ils s'endorment d'épuisement le soir venu. Mais notre demoiselle, ce jour-là, avait décidé de s'appeler "Frein".
Heureusement, ceci existe !
Et puis, tant qu'à y être, le père et le fils.
Le seul défaut (et non le moindre) de l'Huttopia : être destinée aux petites familles de maximum cinq personnes. Il y aura récidive en amoureux ou avec les deux plus jeunes, mais quand même, ç'aurait été bien de partager avec les plus vieux, qui auraient assurément apprécié.
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lundi, octobre 04, 2010
Récupérer vos biens? Bonne chance !
Récupérer son café après avoir gentiment partagé avec la Demoiselle, tout un défi ! "C'est à moi ! C'est à moi ! Noooon ! C'est MON café !"
Insister. Hausser le ton. Espérer avoir l'air menaçant.
Naa, on ne la lui fait pas.
Elle se tourne alors pour mettre ledit café hors de portée. Il faut faire gaffe, elle vous le cale le temps de le dire (le temps d'arriver au prochain feu rouge) et vous vous retrouvez rapidement bredouille.
Avec mes grands, j'avais fini par choisir l'option "Un café pour moi et je vous laisse vous entretuer pour le vôtre".
Il est peut-être temps de songer ressortir mes bonnes vieilles méthodes.
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