jeudi, mai 31, 2007
Pause romantique
De la visite inattendue en fin d'après-midi dans la mare attrayante qu'est notre piscine: ce beau couple de canards colvert.
Romantique, n'est-ce pas?
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coup de coeur
mercredi, mai 30, 2007
Jeu d'observation
Fils Aîné a obtenu 100% pour son excellente BD dans son cours d'arts plastiques. Je ne suis pas étonnée, il possède un réel talent.
Toutefois, ce n'est pas de sa note dont il est le plus fier. C'est plutôt d'un élément précis de son travail qu'il a réussi à passer en douce à son enseignante.
J'avoue que j'ai failli n'y voir moi aussi que du feu.
Et vous, avez-vous l'esprit allumé?
Toutefois, ce n'est pas de sa note dont il est le plus fier. C'est plutôt d'un élément précis de son travail qu'il a réussi à passer en douce à son enseignante.
J'avoue que j'ai failli n'y voir moi aussi que du feu.
Et vous, avez-vous l'esprit allumé?
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anecdotes
Examen de conscience
Chers lecteurs, chères lectrices,
Vous qui lisez les impertinences livrées ici depuis longtemps ou depuis peu en avez assurément des raisons avouées:
a) Vous aimez mon style prétentieux (cela dévoile malgré vous votre petit côté maso).
b) Tandis que j'écris pour dédramatiser certaines situations familiales désespérantes en les badigeonnant de potion d'humour, vous vous bidonnez sur mon cas parce que vous, vos enfants ne font jamais de bêtises, obéissent au doigt et à l'oeil et ne se disputent jamais. (Vous rehaussez alors votre estime parental sur la misère d'autrui, ce n'est pas très chic.)
c) Vous ressentez une profonde compassion pour moi, si douce, si empathique, si bien intentionnée, ayant une âme si noble, si intensément merveilleuse et qui ai vécu la pire hantise de tous les parents. Votre empathie à mon égard fait en sorte que vous ne pouvez vous résoudre à cesser de me lire même quand j'écris des niaiseries. Vous vous êtes profondément attaché à moi (c'est vrai que je suis attachante, han!?).
Ou alors, des raisons inavouées vous ont amené ici:
d) Vous êtes le ou la pervers (e) qui aboutit ici en tapant sur google les ignominies suivantes: comment j'ai pelotté ma mère, sucer son frère, sucer son fils. (Oui, allez vous cacher, moi aussi je serais morte de honte à votre place)
e) Vous n'avez rien à faire de votre matinée et vous en avez marre de lire la liste des ingrédients sur la boîte de céréales (il y a aussi la bouteille de ketchup, le pot de crème glacée, les plats congelés, les ragoûts de boulettes en boîte, etc).
f) Vous vous appelez Gilles, avez les oreilles décollées et êtes celui qui m'a humiliée devant toute la salle des casiers en secondaire 2 parce que moi, je vous trouvais beau et que j'ai assumé mon bégain jusqu'à vous demander votre photo, que vous m'avez durement refusée devant la foule estudiantine. Vous me cherchez désespérément depuis dix-huit ans pour me dire à quel point vous regrettez, qu'en réalité, vous étiez amoureux de moi mais que vous étiez trop timide pour me répondre autre chose que ce "MANGE D'LA MARDE!!" à tue-tête. (Sachez alors, cher Gilles, que je ne vous en veux point. Grâce à vous, aujourd'hui, je suis une personne remplie d'humilité. Et je vous le dis tout de suite, je refuserai vos éventuelles avances. Je suis en amour depuis quatre ans avec un homme qui n'a pas les oreilles décollées et qui me laisse prendre de lui toutes les photos imaginables sous tous les angles possibles. Tant pis pour vous, vous n'aviez qu'à saisir votre chance avec la femme exclusive que je suis lorsqu'elle se présentait).
***
Maintenant que votre réflexion personnelle a été amorcée et que vous avez bien pris conscience de pourquoi vous me lisez, je vous demande ceci: savez-vous réellement qui je suis?
En principe, à moins d'être la perspicace dame qui m'a abordée le mois dernier dans ce souper spaghetti scout pour me dire qu'elle me lisait (me laissant du même coup profondément ébahie qu'on ait pu me démasquer, d'autant plus que le matin même, j'avais moi-même démasqué la sympathique Aurélie dans un contexte aussi anonyme, me désillusionnant du même coup sur le mythe de l'anonymat des blogs), vous ne savez pas vraiment qui je suis professionnalement parlant pour la simple raison que je ne parle jamais de mon boulot.
Vous savez que j'ai étudié en communication organisationnelle et travaillé dans le même domaine. Je vous ai déjà parlé de ma petite entreprise pour laquelle je participais à différentes activités de réseautage à la Chambre de Commerce, avec des groupes de jeunes entrepreneurs dans le cadre de 5 à 7, de déjeuners d'affaires, de formations et de différents ateliers. Eh bien ceci fait maintenant partie du passé.
J'ai sabordé mon entreprise. Très douloureuse, mais nécessaire décision. On investit tellement de nous-même dans une entreprise! Mais bon, il le fallait. J'avais besoin de recul.
Et je l'ai pris. J'avais un deuil à vivre, bordel de merde! Je ne lui laissais que très peu de place malgré tout mon chagrin parce que j'étais sous le choc, parce que j'avais trop de feux à éteindre, trop de choses à gérer, trop de responsabilités, parce que trop de monde autour de moi baignait dans la peine et qu'il fallait bien que quelqu'un tienne le fort. Mais en réalité, je croulais moi-même sous un Immense Chagrin, je voulais mon fils, je voulais comprendre pourquoi j'avais à vivre cette épreuve!
J'ai donc suivi le conseil anodin, mais Ô combien pertinent de Tangerine: j'ai commencé à écrire un livre. Un livre qui draine, qui exorcise. Un livre qui vide et qui remplit, qui fracasse et adoucit. Un livre qui fait pleurer, mais sourire également. Dur, mordant, mais aussi tendre et céleste. J'y travaille depuis six mois.
Sage Tangerine! L'écriture de ce livre m'est salvatrice. Même si je rigole, même si j'ironise en tirant de mon impertinence un malin plaisir, je pense continuellement à lui, Thomas, mon éternel petit garçon. Je songe à des souvenirs tendres, au vide, à ce qu'il serait s'il n'était pas mort, je l'imagine jouer avec son petit frère et imiter les plus vieux. Je pense à son corps qui n'est plus. Je pense à son âme, me demande ce qu'elle fait, à quoi elle s'investit. Je cherche un sens à mon épreuve.
Je m'enligne encore pour un interminable billet. Je vous laisse digérer celui-ci, vous reviens plus tard avec ce qui devait être l'objet principal dans un autre billet...
Vous qui lisez les impertinences livrées ici depuis longtemps ou depuis peu en avez assurément des raisons avouées:
a) Vous aimez mon style prétentieux (cela dévoile malgré vous votre petit côté maso).
b) Tandis que j'écris pour dédramatiser certaines situations familiales désespérantes en les badigeonnant de potion d'humour, vous vous bidonnez sur mon cas parce que vous, vos enfants ne font jamais de bêtises, obéissent au doigt et à l'oeil et ne se disputent jamais. (Vous rehaussez alors votre estime parental sur la misère d'autrui, ce n'est pas très chic.)
c) Vous ressentez une profonde compassion pour moi, si douce, si empathique, si bien intentionnée, ayant une âme si noble, si intensément merveilleuse et qui ai vécu la pire hantise de tous les parents. Votre empathie à mon égard fait en sorte que vous ne pouvez vous résoudre à cesser de me lire même quand j'écris des niaiseries. Vous vous êtes profondément attaché à moi (c'est vrai que je suis attachante, han!?).
Ou alors, des raisons inavouées vous ont amené ici:
d) Vous êtes le ou la pervers (e) qui aboutit ici en tapant sur google les ignominies suivantes: comment j'ai pelotté ma mère, sucer son frère, sucer son fils. (Oui, allez vous cacher, moi aussi je serais morte de honte à votre place)
e) Vous n'avez rien à faire de votre matinée et vous en avez marre de lire la liste des ingrédients sur la boîte de céréales (il y a aussi la bouteille de ketchup, le pot de crème glacée, les plats congelés, les ragoûts de boulettes en boîte, etc).
f) Vous vous appelez Gilles, avez les oreilles décollées et êtes celui qui m'a humiliée devant toute la salle des casiers en secondaire 2 parce que moi, je vous trouvais beau et que j'ai assumé mon bégain jusqu'à vous demander votre photo, que vous m'avez durement refusée devant la foule estudiantine. Vous me cherchez désespérément depuis dix-huit ans pour me dire à quel point vous regrettez, qu'en réalité, vous étiez amoureux de moi mais que vous étiez trop timide pour me répondre autre chose que ce "MANGE D'LA MARDE!!" à tue-tête. (Sachez alors, cher Gilles, que je ne vous en veux point. Grâce à vous, aujourd'hui, je suis une personne remplie d'humilité. Et je vous le dis tout de suite, je refuserai vos éventuelles avances. Je suis en amour depuis quatre ans avec un homme qui n'a pas les oreilles décollées et qui me laisse prendre de lui toutes les photos imaginables sous tous les angles possibles. Tant pis pour vous, vous n'aviez qu'à saisir votre chance avec la femme exclusive que je suis lorsqu'elle se présentait).
***
Maintenant que votre réflexion personnelle a été amorcée et que vous avez bien pris conscience de pourquoi vous me lisez, je vous demande ceci: savez-vous réellement qui je suis?
En principe, à moins d'être la perspicace dame qui m'a abordée le mois dernier dans ce souper spaghetti scout pour me dire qu'elle me lisait (me laissant du même coup profondément ébahie qu'on ait pu me démasquer, d'autant plus que le matin même, j'avais moi-même démasqué la sympathique Aurélie dans un contexte aussi anonyme, me désillusionnant du même coup sur le mythe de l'anonymat des blogs), vous ne savez pas vraiment qui je suis professionnalement parlant pour la simple raison que je ne parle jamais de mon boulot.
Vous savez que j'ai étudié en communication organisationnelle et travaillé dans le même domaine. Je vous ai déjà parlé de ma petite entreprise pour laquelle je participais à différentes activités de réseautage à la Chambre de Commerce, avec des groupes de jeunes entrepreneurs dans le cadre de 5 à 7, de déjeuners d'affaires, de formations et de différents ateliers. Eh bien ceci fait maintenant partie du passé.
J'ai sabordé mon entreprise. Très douloureuse, mais nécessaire décision. On investit tellement de nous-même dans une entreprise! Mais bon, il le fallait. J'avais besoin de recul.
Et je l'ai pris. J'avais un deuil à vivre, bordel de merde! Je ne lui laissais que très peu de place malgré tout mon chagrin parce que j'étais sous le choc, parce que j'avais trop de feux à éteindre, trop de choses à gérer, trop de responsabilités, parce que trop de monde autour de moi baignait dans la peine et qu'il fallait bien que quelqu'un tienne le fort. Mais en réalité, je croulais moi-même sous un Immense Chagrin, je voulais mon fils, je voulais comprendre pourquoi j'avais à vivre cette épreuve!
J'ai donc suivi le conseil anodin, mais Ô combien pertinent de Tangerine: j'ai commencé à écrire un livre. Un livre qui draine, qui exorcise. Un livre qui vide et qui remplit, qui fracasse et adoucit. Un livre qui fait pleurer, mais sourire également. Dur, mordant, mais aussi tendre et céleste. J'y travaille depuis six mois.
Sage Tangerine! L'écriture de ce livre m'est salvatrice. Même si je rigole, même si j'ironise en tirant de mon impertinence un malin plaisir, je pense continuellement à lui, Thomas, mon éternel petit garçon. Je songe à des souvenirs tendres, au vide, à ce qu'il serait s'il n'était pas mort, je l'imagine jouer avec son petit frère et imiter les plus vieux. Je pense à son corps qui n'est plus. Je pense à son âme, me demande ce qu'elle fait, à quoi elle s'investit. Je cherche un sens à mon épreuve.
Je m'enligne encore pour un interminable billet. Je vous laisse digérer celui-ci, vous reviens plus tard avec ce qui devait être l'objet principal dans un autre billet...
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Réflexions,
Thomas
mardi, mai 29, 2007
La vérité sort de la bouche des doux garçons
Fils Aîné est d'une humeur massacrante ce soir. Il rouspète sur tout, s'objecte, se rebiffe, piaffe, impose sa loi, fait rager Grand-Charme.
À bout de nerfs après avoir appliqué avec honneur son sens de la justice, sa bonne foi et son indulgence, Grand-Charme finit par crouler sous la pression de son despote de frère. Découragé, il vient me voir et s'effondre en larmes.
Mon Tout-Doux (7 ans), témoin silencieux de la scène, est étendu calmement sur son lit.
Je soupire doucement. Tout-Doux relève la tête et commente sagement: "Maman, Frère Aîné est vraiment le gars parfait pour une fille. Tout ce qui lui manque, c'est un peu de gentillesse!."
À bout de nerfs après avoir appliqué avec honneur son sens de la justice, sa bonne foi et son indulgence, Grand-Charme finit par crouler sous la pression de son despote de frère. Découragé, il vient me voir et s'effondre en larmes.
Mon Tout-Doux (7 ans), témoin silencieux de la scène, est étendu calmement sur son lit.
Je soupire doucement. Tout-Doux relève la tête et commente sagement: "Maman, Frère Aîné est vraiment le gars parfait pour une fille. Tout ce qui lui manque, c'est un peu de gentillesse!."
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Enfants
dimanche, mai 27, 2007
Une date pour Grande-Dame
Se préparer pour une date, c'est quelque chose!
Je n'ai jamais eu de date de ma vie, ce qui décuple justement mon inexpérience en la matière. Il s'agit d'un moment solennel, d'autant plus que ce n'est pas une date ordinaire.
D'abord, il faut se préparer pour la grande rencontre. Être jolie sans faire d'excès. Il faut être gentille, mais pas trop familière. Souriante aussi, mais pas de ce sourire insolent qui me donnerait un air prétentieux.
Rencontrer la nouvelle blonde de son ex*, ça a un petit quelque chose d'angoissant. Pas envie de tomber dans la caricature. Je ne déteste pas mon ex et les ex qui se bitchent sans fin me tapent sur les nerfs. C'est tellement LE standard de tomber dans ce panneau!
J'ai avisé l'Ex que sa nouvelle amoureuse n'était pas mon ennemie, qu'elle n'avait pas à s'inquiéter, que je n'avais aucune raison d'être bête ou désagréable avec elle. Je suis civilisée, j'aime supposer qu'elle l'est aussi; on devrait donc être capables de se dire "Bonjour" et que ça ait l'air passablement naturel. Je lui ai rappelé que nos garçons n'avaient que de bons mots sur elle et que ça avait de la valeur pour moi.
"Elle est très gênée.", qu'il m'a prévenue. Je le serais aussi à sa place. À vingt-deux ans, les femmes dans la trentaine me semblaient des Madames à des années-lumières de ma réalité!
"Le problème n'est pas là", que j'ai précisé. "La plupart des ex façonnent leur ancien conjoint aux yeux de leur nouvel amoureux comme un monstre qui porte tous les torts de l'échec de la relation passée. Avec tes tendances paranoïaques et ton sentiment perpétuel de persécution, je n'ai aucune idée de quelle façon tu as pu lui parler de moi." Embarrassé, il a souri, puis m'a dit qu'il ne m'avait jamais démollie devant elle. Hmm.
J'imagine que ça doit être impressionnant d'avoir vingt-deux ans et de devenir la nouvelle amoureuse du père de famille qui a quatre enfants alors qu'on n'en a jamais nous-même porté un et se retrouver un jour face à la mère-matrice de ces marmots qui pourraient être nos frères.
Syndrôme de l'imposteur? Je ne le dis pas méchamment et ne souhaite nullement diminuer les bonnes intentions de cette jeune femme. Je légitimise simplement le malaise.
Maintenant que j'en ai trente-deux, les femmes de vingt-deux ans m'apparaissent des adolescentes. J'ai beau très bien me souvenir de la jeune femme que j'étais à cette époque, étudiante, travailleuse, insouciante, jeune mère dévouée, de mon point de vue actuel, avec tout ce recul...mes vingt-deux ans sont tellement loins! Dix ans, c'est énorme dans une vie du point de vue du vécu, dans la construction de nous-même!
Enfin, c'est au spectacle de théâtre de Grand-Charme que la glace fut fêlée. Je dis fêlée, parce qu'elle n'est pas encore brisée. Timide, la jeune demoiselle n'a pas ouvert la bouche. J'ai bien essayé de la regarder sans la dévisager, de démontrer civilement que je m'adressais à elle également, il n'y avait que ce sourire embarrassé en guise de réponse. Je crois même que si elle avait pu se glisser dans la poche arrière du papa de mes grands, elle l'aurait fait. Mais bon, ne supposons de rien (quoique...lui aurais-je semblé être une Madame?)
***
J'ai, avant la rencontre, préparé divers scénarios de première rencontre.
Scénario 1 (Dommage): Elle est tellement mal à l'aise que mon ex consent à nous éviter, Grand-Homme et moi, à tout prix. Elle tire son Homme par le bras pour l'entraîner le plus loin possible de moi. Elle passe la moitié du spectacle à nous guetter du coin de l'oeil, pour s'assurer que des jeux d'yeux entendus ne se jouent pas à son insu.
Elle refuse de me laisser féliciter mon fils pour sa pièce, le presse de hâter le pas pour être sûre de nous semer et se dépêche de sortir pour ne pas se faire prendre lorsqu'elle ira égratigner accidentellement notre voiture avec la clé de la sienne.
Scénario 2: (Bitch) : On se rencontre dans le hall. En guise de présent, pour honorer les présentations, je me tords de gêne et offre généreusement à la nouvelle compagne le jouet du trio enfant du McDo "que nous avons gardé spécialement pour elle".
De plus, je sors de mon sac quelques collants d'animaux cutes et un petit kit de billes multicolores pour faire des colliers. "C'est rien, ça me fait plaisir. C'est pour te souhaiter la bienvenue dans notre famille." que je lui dis tandis qu'elle trépigne de joie en regardant tendrement son amoureux, qui lui répond du regard un : "Sois patiente ma chérie, tu pourras l'ouvrir à la maison lorsque ta chambre sera rangée".
Dans le même ordre d'idée, après la pièce de théâtre, nous leur proposons d'aller manger une bouchée. Pour ce faire, nous les invitons dans notre van et accommodante, je lui propose le siège d'appoint de mon fils de cinq ans.
Une fois au restaurant, avenante et pleine de bonnes intentions, je spécifie à la serveuse d'apporter des bières pour tout le monde, sauf pour la jeune fille, qui prendra un verre de lait et des crayons de cire. En aparté, je spécifie à la serveuse d'apporter un peu plus de napkins.
Lorsqu'elle regarde tendrement son amoureux pour lui signifier qu'elle a envie de pipi, je pose la main sur l'avant-bras de mon ex en lui disant gentiment: "Laisse. Je vais l'accompagner."
Avant de quitter le resto, je prends mon ex à part tandis qu'elle joue à saute-moutons avec les enfants sur le trottoir. Je lui tends un livre, Prendre le taureau par les cornes et résoudre son complexe d'OEdipe et bienveillante, lui spécifie: "Quand elle sera prête."
Ex est interrompu dans son élan à me remercier par un imminent danger. Il place ses mains en porte-voix et crie à l'intention de Fils Aîné: "Attention, une voiture! Ramène tes frères et Chérie sur le trottoir!"
Scénario 3 (De mauvais goût, à proscrire) : Pour démontrer notre bonne foi, nous nous asseyons tous ensembles au spectacle. Assise à côté de mon ex, je lui pose distraitement (par inadvertance, je le souligne) la main sur la cuisse tandis que sa compagne n'en a rien à cirer de la pièce et lui caresse amoureusement l'entrejambe.
Scénario 4 (Tigresse): Elle et moi nous saluons bêtement, voire même hypocritement et plissant les yeux d'une haine sortie d'on-ne-sait-où. Au moment où elle se rue sur moi dents et ongles sortis, Grand-Homme s'interpose pour me protéger et Ex la retient doucement, la prend contre son épaule et lui sussurre tendrement à l'oreille: "Ma Coquinette, tu m'avais pourtant assuré que tu avais pris ton Ritalin ce matin, hmmm??"
Scénario 5 ("Elle est très gênée."): Ex en sueurs vient me rejoindre dans le hall. Je plisse vers lui des yeux interrogatifs. Il ne prend pas la peine de reprendre son souffle pour me confier son malheur: "Elle refuse de sortir de la voiture (Il secoue la tête pour appuyer ses propos). Je ne sais plus quoi faire, elle craint de te rencontrer. Pourrais-tu, je t'en conjure, aller t'enfermer dans les toilettes le temps que je réussise à la calmer et à la faire entrer? Je suis désolé, c'est le seul moyen."
Conciliante, je me retourne, cherchant le regard approbateur de Grand-Homme, qui a disparu. Je fais un tour sur moi-même pour chercher autour de moi et aperçois Grand-Homme à travers la baie vitrée qui revient du stationnement, empoignant par sa longue tignasse noire une jeune femme sauvage et sans retenue que j'identifie comme étant la nouvelle belle-mère de mes enfants.
Connaissant la force brute de mon homme, je m'inquiète pour elle. Une fois entrés, j'entends la jeune femme gémir de la frustration de son échec à mordre mon amoureux. Ses puissants "rrRRRRwwwrrarrrr!" me donnent des frissons dans le dos.
Il arrive devant nous, la projette à mes pieds. À plat ventre dans le hall, elle frappe violemment poings et pieds par terre en hurlant: "Je ne veux pas, je ne veeeeeux paaaaas! rrRRRwwwarrr! "
Les gens nous regardent, tentent de retenir leurs "Oh!" et leurs "Ah!" derrière la main qu'ils se posent sur la bouche. Ex tempère la situation en distribuant ça et là des "Ça va, ça vaaa, circulez, ciiiirculez, y a rien à voir!."
Ahurie, je me penche pour observer de plus près le phénomène. Elle en profite pour me griffer sur la joue alors que je tentais de lui dire que ça allait aller, que ça faisait maintenant quatre ans que Ex et moi n'étions plus ensembles, qu'elle avait toute la latitude voulue avec lui, que tant qu'elle était gentille et sincère avec mes marmots, moi, ça m'allait.
Elle se relève, cherche en elle-même un tant soit peu de dignité, se recoiffe aléatoirement avec ses doigts, puis feint qu'il ne s'est rien passé. Soudainement revenue à elle, elle réalise que je suis là, me tend la main et dépose sur le sol un genou en murmurant poliment et fixant respectueusement le familier plancher: "Je suis heureuse de vous rencontrer, Madame".
***
Évidemment, je me suis amusée à caricaturer, bien consciente que certaines de mes lectrices ont déjà été dans la même situation que la nouvellenymphette compagne.
En réalité, toute trace de machiavélisme est inexistante chez moi. Je suis d'une "douceur ovine, d'une gentillesse déconcertante, on pourrait aisément la [me] confondre avec un carré de velours." (Le Dalaï-Lama)
J'ai eu la chance d'avoir des parents divorcés qui savaient se parler (pour être plus juste, une mère qui savait parler et un père qui savait faire semblant d'écouter). La chance de voir ma mère et la femme de mon père (précisons que je fais référence à la 3e, car la 2e était une hystérique d'un genre plutôt particulier) rigoler ensembles en cuvant leur vin en fin de soirée tandis que mon père rageait de leur plaisir lorsqu'il ne comprenait pas pourquoi elles riaient tant.
Aux baptêmes de mes enfants, à leurs anniversaires, il n'est pas rare de voir ces deux femmes exceptionnelles trancher des légumes, ramasser la vaisselle sale ou chercher de la place dans le frigo pour y rajouter des bières, des trempettes ou des plats de salade. Elles se saluent, s'embrassent sincèrement, se parlent tout aussi naturellement. Ça n'a pas toujours été facile, surtout pour la femme de mon père, mais puisque c'était "pour les enfants", elle a su piler sur son inconfort du début.
Aujourd'hui, tout est harmonieux. Pour moi, ça va donc de soit que la fluidité des relations est possible, envisageable et même souhaitable pour tout le monde. Loin de moi l'idée de devenir la grande amie de cette jeune femme, mais je n'imagine pas de difficulté à l'inviter sincèrement avec Ex célébrer à la maison l'anniversaire de nos enfants. En plus, selon Grand-Charme, elle fait du meilleur gâteau au fromage que moi! Les enfants ont l'imagination tellement fertile...
*Je déteste ce terme, ça fait tellement péjoratif!
Je n'ai jamais eu de date de ma vie, ce qui décuple justement mon inexpérience en la matière. Il s'agit d'un moment solennel, d'autant plus que ce n'est pas une date ordinaire.
D'abord, il faut se préparer pour la grande rencontre. Être jolie sans faire d'excès. Il faut être gentille, mais pas trop familière. Souriante aussi, mais pas de ce sourire insolent qui me donnerait un air prétentieux.
Rencontrer la nouvelle blonde de son ex*, ça a un petit quelque chose d'angoissant. Pas envie de tomber dans la caricature. Je ne déteste pas mon ex et les ex qui se bitchent sans fin me tapent sur les nerfs. C'est tellement LE standard de tomber dans ce panneau!
J'ai avisé l'Ex que sa nouvelle amoureuse n'était pas mon ennemie, qu'elle n'avait pas à s'inquiéter, que je n'avais aucune raison d'être bête ou désagréable avec elle. Je suis civilisée, j'aime supposer qu'elle l'est aussi; on devrait donc être capables de se dire "Bonjour" et que ça ait l'air passablement naturel. Je lui ai rappelé que nos garçons n'avaient que de bons mots sur elle et que ça avait de la valeur pour moi.
"Elle est très gênée.", qu'il m'a prévenue. Je le serais aussi à sa place. À vingt-deux ans, les femmes dans la trentaine me semblaient des Madames à des années-lumières de ma réalité!
"Le problème n'est pas là", que j'ai précisé. "La plupart des ex façonnent leur ancien conjoint aux yeux de leur nouvel amoureux comme un monstre qui porte tous les torts de l'échec de la relation passée. Avec tes tendances paranoïaques et ton sentiment perpétuel de persécution, je n'ai aucune idée de quelle façon tu as pu lui parler de moi." Embarrassé, il a souri, puis m'a dit qu'il ne m'avait jamais démollie devant elle. Hmm.
J'imagine que ça doit être impressionnant d'avoir vingt-deux ans et de devenir la nouvelle amoureuse du père de famille qui a quatre enfants alors qu'on n'en a jamais nous-même porté un et se retrouver un jour face à la mère-matrice de ces marmots qui pourraient être nos frères.
Syndrôme de l'imposteur? Je ne le dis pas méchamment et ne souhaite nullement diminuer les bonnes intentions de cette jeune femme. Je légitimise simplement le malaise.
Maintenant que j'en ai trente-deux, les femmes de vingt-deux ans m'apparaissent des adolescentes. J'ai beau très bien me souvenir de la jeune femme que j'étais à cette époque, étudiante, travailleuse, insouciante, jeune mère dévouée, de mon point de vue actuel, avec tout ce recul...mes vingt-deux ans sont tellement loins! Dix ans, c'est énorme dans une vie du point de vue du vécu, dans la construction de nous-même!
Enfin, c'est au spectacle de théâtre de Grand-Charme que la glace fut fêlée. Je dis fêlée, parce qu'elle n'est pas encore brisée. Timide, la jeune demoiselle n'a pas ouvert la bouche. J'ai bien essayé de la regarder sans la dévisager, de démontrer civilement que je m'adressais à elle également, il n'y avait que ce sourire embarrassé en guise de réponse. Je crois même que si elle avait pu se glisser dans la poche arrière du papa de mes grands, elle l'aurait fait. Mais bon, ne supposons de rien (quoique...lui aurais-je semblé être une Madame?)
***
J'ai, avant la rencontre, préparé divers scénarios de première rencontre.
Scénario 1 (Dommage): Elle est tellement mal à l'aise que mon ex consent à nous éviter, Grand-Homme et moi, à tout prix. Elle tire son Homme par le bras pour l'entraîner le plus loin possible de moi. Elle passe la moitié du spectacle à nous guetter du coin de l'oeil, pour s'assurer que des jeux d'yeux entendus ne se jouent pas à son insu.
Elle refuse de me laisser féliciter mon fils pour sa pièce, le presse de hâter le pas pour être sûre de nous semer et se dépêche de sortir pour ne pas se faire prendre lorsqu'elle ira égratigner accidentellement notre voiture avec la clé de la sienne.
Scénario 2: (Bitch) : On se rencontre dans le hall. En guise de présent, pour honorer les présentations, je me tords de gêne et offre généreusement à la nouvelle compagne le jouet du trio enfant du McDo "que nous avons gardé spécialement pour elle".
De plus, je sors de mon sac quelques collants d'animaux cutes et un petit kit de billes multicolores pour faire des colliers. "C'est rien, ça me fait plaisir. C'est pour te souhaiter la bienvenue dans notre famille." que je lui dis tandis qu'elle trépigne de joie en regardant tendrement son amoureux, qui lui répond du regard un : "Sois patiente ma chérie, tu pourras l'ouvrir à la maison lorsque ta chambre sera rangée".
Dans le même ordre d'idée, après la pièce de théâtre, nous leur proposons d'aller manger une bouchée. Pour ce faire, nous les invitons dans notre van et accommodante, je lui propose le siège d'appoint de mon fils de cinq ans.
Une fois au restaurant, avenante et pleine de bonnes intentions, je spécifie à la serveuse d'apporter des bières pour tout le monde, sauf pour la jeune fille, qui prendra un verre de lait et des crayons de cire. En aparté, je spécifie à la serveuse d'apporter un peu plus de napkins.
Lorsqu'elle regarde tendrement son amoureux pour lui signifier qu'elle a envie de pipi, je pose la main sur l'avant-bras de mon ex en lui disant gentiment: "Laisse. Je vais l'accompagner."
Avant de quitter le resto, je prends mon ex à part tandis qu'elle joue à saute-moutons avec les enfants sur le trottoir. Je lui tends un livre, Prendre le taureau par les cornes et résoudre son complexe d'OEdipe et bienveillante, lui spécifie: "Quand elle sera prête."
Ex est interrompu dans son élan à me remercier par un imminent danger. Il place ses mains en porte-voix et crie à l'intention de Fils Aîné: "Attention, une voiture! Ramène tes frères et Chérie sur le trottoir!"
Scénario 3 (De mauvais goût, à proscrire) : Pour démontrer notre bonne foi, nous nous asseyons tous ensembles au spectacle. Assise à côté de mon ex, je lui pose distraitement (par inadvertance, je le souligne) la main sur la cuisse tandis que sa compagne n'en a rien à cirer de la pièce et lui caresse amoureusement l'entrejambe.
Scénario 4 (Tigresse): Elle et moi nous saluons bêtement, voire même hypocritement et plissant les yeux d'une haine sortie d'on-ne-sait-où. Au moment où elle se rue sur moi dents et ongles sortis, Grand-Homme s'interpose pour me protéger et Ex la retient doucement, la prend contre son épaule et lui sussurre tendrement à l'oreille: "Ma Coquinette, tu m'avais pourtant assuré que tu avais pris ton Ritalin ce matin, hmmm??"
Scénario 5 ("Elle est très gênée."): Ex en sueurs vient me rejoindre dans le hall. Je plisse vers lui des yeux interrogatifs. Il ne prend pas la peine de reprendre son souffle pour me confier son malheur: "Elle refuse de sortir de la voiture (Il secoue la tête pour appuyer ses propos). Je ne sais plus quoi faire, elle craint de te rencontrer. Pourrais-tu, je t'en conjure, aller t'enfermer dans les toilettes le temps que je réussise à la calmer et à la faire entrer? Je suis désolé, c'est le seul moyen."
Conciliante, je me retourne, cherchant le regard approbateur de Grand-Homme, qui a disparu. Je fais un tour sur moi-même pour chercher autour de moi et aperçois Grand-Homme à travers la baie vitrée qui revient du stationnement, empoignant par sa longue tignasse noire une jeune femme sauvage et sans retenue que j'identifie comme étant la nouvelle belle-mère de mes enfants.
Connaissant la force brute de mon homme, je m'inquiète pour elle. Une fois entrés, j'entends la jeune femme gémir de la frustration de son échec à mordre mon amoureux. Ses puissants "rrRRRRwwwrrarrrr!" me donnent des frissons dans le dos.
Il arrive devant nous, la projette à mes pieds. À plat ventre dans le hall, elle frappe violemment poings et pieds par terre en hurlant: "Je ne veux pas, je ne veeeeeux paaaaas! rrRRRwwwarrr! "
Les gens nous regardent, tentent de retenir leurs "Oh!" et leurs "Ah!" derrière la main qu'ils se posent sur la bouche. Ex tempère la situation en distribuant ça et là des "Ça va, ça vaaa, circulez, ciiiirculez, y a rien à voir!."
Ahurie, je me penche pour observer de plus près le phénomène. Elle en profite pour me griffer sur la joue alors que je tentais de lui dire que ça allait aller, que ça faisait maintenant quatre ans que Ex et moi n'étions plus ensembles, qu'elle avait toute la latitude voulue avec lui, que tant qu'elle était gentille et sincère avec mes marmots, moi, ça m'allait.
Elle se relève, cherche en elle-même un tant soit peu de dignité, se recoiffe aléatoirement avec ses doigts, puis feint qu'il ne s'est rien passé. Soudainement revenue à elle, elle réalise que je suis là, me tend la main et dépose sur le sol un genou en murmurant poliment et fixant respectueusement le familier plancher: "Je suis heureuse de vous rencontrer, Madame".
***
Évidemment, je me suis amusée à caricaturer, bien consciente que certaines de mes lectrices ont déjà été dans la même situation que la nouvelle
En réalité, toute trace de machiavélisme est inexistante chez moi. Je suis d'une "douceur ovine, d'une gentillesse déconcertante, on pourrait aisément la [me] confondre avec un carré de velours." (Le Dalaï-Lama)
J'ai eu la chance d'avoir des parents divorcés qui savaient se parler (pour être plus juste, une mère qui savait parler et un père qui savait faire semblant d'écouter). La chance de voir ma mère et la femme de mon père (précisons que je fais référence à la 3e, car la 2e était une hystérique d'un genre plutôt particulier) rigoler ensembles en cuvant leur vin en fin de soirée tandis que mon père rageait de leur plaisir lorsqu'il ne comprenait pas pourquoi elles riaient tant.
Aux baptêmes de mes enfants, à leurs anniversaires, il n'est pas rare de voir ces deux femmes exceptionnelles trancher des légumes, ramasser la vaisselle sale ou chercher de la place dans le frigo pour y rajouter des bières, des trempettes ou des plats de salade. Elles se saluent, s'embrassent sincèrement, se parlent tout aussi naturellement. Ça n'a pas toujours été facile, surtout pour la femme de mon père, mais puisque c'était "pour les enfants", elle a su piler sur son inconfort du début.
Aujourd'hui, tout est harmonieux. Pour moi, ça va donc de soit que la fluidité des relations est possible, envisageable et même souhaitable pour tout le monde. Loin de moi l'idée de devenir la grande amie de cette jeune femme, mais je n'imagine pas de difficulté à l'inviter sincèrement avec Ex célébrer à la maison l'anniversaire de nos enfants. En plus, selon Grand-Charme, elle fait du meilleur gâteau au fromage que moi! Les enfants ont l'imagination tellement fertile...
*Je déteste ce terme, ça fait tellement péjoratif!
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anecdotes
samedi, mai 26, 2007
L'art de faire au plus simple
Il m'arrive régulièrement de trouver sur les murs, sur le plancher, sur les meubles, sur le comptoir, sur la porte du frigo, sur le miroir de la salle de bain, bref, à peu près n'importe où des collants identificateurs de provenance de nos fruits: "tomate du Québec", "kiwi de Nouvelle-Zélande", "banane du Costa Rica", "Granny Smith du Chili", etc.
Se prendre un fruit et s'incommoder du collant? Pas du tout! La maison regorge d'endroits intéressants pour le coller; les possibilités sont infinies! Maman n'aura qu'à les décoller un à un au passage. Ne nous viendrait jamais à l'idée de nous embarrasser d'une si petite chose!
Si j'avais la patience et la noble âme d'une pédagogue, j'installerais une carte du monde sur un mur et je ferais apposer à mes beaux et tendres mousquetaires les collants sur les pays de provenance des fruits qu'ils ingurgitent. Peut-être cette option serait-elle plus intéressante et plus persuasive que le leitmotiv dépassé de la poubelle avec lequel je leur casse les oreilles depuis trop longue lurette?
Se prendre un fruit et s'incommoder du collant? Pas du tout! La maison regorge d'endroits intéressants pour le coller; les possibilités sont infinies! Maman n'aura qu'à les décoller un à un au passage. Ne nous viendrait jamais à l'idée de nous embarrasser d'une si petite chose!
Si j'avais la patience et la noble âme d'une pédagogue, j'installerais une carte du monde sur un mur et je ferais apposer à mes beaux et tendres mousquetaires les collants sur les pays de provenance des fruits qu'ils ingurgitent. Peut-être cette option serait-elle plus intéressante et plus persuasive que le leitmotiv dépassé de la poubelle avec lequel je leur casse les oreilles depuis trop longue lurette?
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Enfants
vendredi, mai 25, 2007
C'est à cause des oestrogènes
Il y a déjà un bon moment que j'assure parmi les miens les réponses aux diverses interrogations énormément quant aux "où", mais également à la folie quant aux "quoi?", "qui?", "quand?", "pourquoi". Quant aux "comment?", ils sont du domaine de l'Homme ici, mais ce n'est pas là l'objet de ce billet.
En fait, je veux simplement vous plugger l'excellent billet d'une de mes bloggeuses favorites qui, fort érudite, a su trouver non seulement la réponse à ma question qui subsiste depuis douze ans (le "pourquoi" je suis toujours censée tout savoir, mouuââ?), mais elle, à force de zèle, elle a en plus fini par trouver la solution...
En fait, je veux simplement vous plugger l'excellent billet d'une de mes bloggeuses favorites qui, fort érudite, a su trouver non seulement la réponse à ma question qui subsiste depuis douze ans (le "pourquoi" je suis toujours censée tout savoir, mouuââ?), mais elle, à force de zèle, elle a en plus fini par trouver la solution...
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mercredi, mai 23, 2007
Dîner gastronomique nouveau genre
Je vous ai déjà parlé de ma hantise de la préparation des boîtes à lunch. Mon calvaire!!
S'il y avait une tâche dont je pouvais m'exempter dans une journée, ce serait assurément celle-là.
Un matin de plus, cette semaine, je me préparai à assumer mon malheureux sort de mère-préparatrice-en-chef-du-lunch-de-sa-marmaille -sort que j'assume lamentablement chaque matin dix minutes avant le départ de mes "trois du primaire".
Machinalement, tandis que je répétais mon agréable leitmotiv matinal sur le brossage de dents, le besoin de se hâter, le rappel qu'il est possible de prolonger le merveilleux bonheur d'insulter ses frères tout en enfilant ses chaussures, j'étendais de la mayonnaise sur six tranches de pain.
Au moment où je m'apprêtais à disposer joliment les tranches de dinde sur la moitié des tranches de pain, une effluve douteuse effleura mes narines.
Soucieuse d'en localiser l'origine, je respirai un bon coup en direction de mon suspect numéro 1: le paquet de charcuterie. Verdict: cette dinde était douteuse. Je vérifiai la date de péremption: elle expirait dans six jours.
En guise de réflexion profonde, je lèvai un sourcil et me grattai tendrement le menton.
Je sortis brutalement de ma réflexion lorsque ma fibre malicieuse repéra le ravissant jeune homme traînant sur le tapis d'entrée. C'est alors qu'une idée saugrenue et tout à fait vilaine germa naturellement dans mon vil esprit.
-Louuuu!, demandai-je indignement en lui tendant un petit bout de la douteuse viande, Goûterais-tu à ça pour moi STP?
Le jeune homme, se sentant piégé, me regarda en levant lui aussi le sourcil. Un moment, un duel se joua entre nos quatre yeux et je le perdis lamentablement.
J'avais besoin d'un cobaye plusnaïf coopératif, ressource plutôt difficile à trouver à ce stade de la situation. Mal prise, je tentai tout de même le coup: " Grand-Chaaarme! Viens ici STP!"
Cet enfant, probablement le plus serviable d'entre tous, allait sans doute pouvoir m'aider à établir un jugement sans failles. Il apparut au bout de trois instants: "Quoi?"
-Pourrais-tu goûter pour moi ce bout de viande, osai-je audacieusement tandis que je tentai de réprimer un sourire vilain allant assurément trahir ma profonde indignité.
Il leva un sourcil -Pourquoi?
-Je me demande si la viande est encore bonne. La date m'assure que oui, mais l'odeur me fait douter. J'aurai besoin de papilles averties.
Il leva l'autre sourcil et en ne me quittant pas des yeux, déposa le bout de viande sur sa langue-aux-papilles-averties.
Il se dirigea aussitôt vers la poubelle et recracha le tout en réussissant à prononcer un persuasif "Ouaaaach" qui confirma ma pensée initiale: je ne préparerais pas de sandwichs avec cette dinde aujourd'hui.
Je sommai ma progéniture de partir immédiatement pour la classe en me laissant les boîtes à lunch. Je leur rapporterais en avant-midi bien remplies.
J'étais une mère pitoyable, une mère pas fichue de préparer des lunchs convenables à ses enfants, une mère n'ayant pas de solution de rechange, une mère sans ressources.
J'allai conduire mon Tout-Petit à la garderie ("Dieu merci, celui-là va dîner dignement!", que je me dis lorsque son éducatrice me montra fièrement la salade froide de têtes de violons qu'elle venait tout juste de cuisiner), puis armée de ma facture, fis une halte à l'épicerie pour faire changer la fétide charcuterie et acheter quelques collations dignes de ce nom.
Je fis un bond à l'école porter les trois boîtes à lunch pleines, puis revins chez moi avec une pensée encore plus douloureuse: Fils Aîné s'était fait un sandwich avec cette viande le matin même. Pire encore, il avait suivi mon conseil et apporté en guise de collation le muffin recommandé la veille.
Or, il se trouvait que le matin même, mon attention avait été sollicitée par les deux copains dudit muffins, tous deux recouverts d'une duveteuse et confortable mousse verte.
Je retirai la ceinture de mon jeans, m'affligeai trois ou quatre coups dans le dos, puis partis rédiger dans un café en ne manquant pas de surveiller l'heure.
C'est ainsi que vers midi, je me pointai à la cafétéria de l'école de Fils Aîné et bravai les hordes d'adolescents affamés pour retrouver le mien.
Je le découvris attablé seul, sage, se préparant à engloutir la troisième bouchée de cet offensif sandwich. Du haut de ma balustrade, je lui criai: "Fils Aîné! Non! Arrête! Ne mange pas ça!"
Il leva les yeux vers moi, un point d'interrogation arborant son doux visage nouvellement moustachu.
Prête à tout pour sauver mon enfant (après avoir pitoyablement exposé les autres à un extrême danger quelques heures plus tôt), je réitérai mon ordre: "Ne mange pas ça!"
Interdit, il me dévisagea, ne sachant plus trop que faire de la bouchée qu'il était en train de mâchouiller élégamment, tel que je le lui avais appris. J'allai à sa rencontre, observai jalousement le plateau bien garni de son meilleur ami qui arrivait de la cafétéria. Je plongeai la main dans mon sac et lui tendis de la monnaie: "Va te chercher un repas convenable."
-Qu'est-ce que tu fais ici maman? Mon sandwich est correct!
-NON!, lui répétai-je. J'ai sacrifié la vie de ton frère ce matin pour m'assurer que tu ne t'empoisonnerais pas ce midi.
-? (il prit l'argent)
J'ouvris mon sac et d'un geste héroïque, lui tendis la collation imberbe que j'avais pris soin d'y glisser avant de partir.
-Oui, j'avais remarqué que le muffin était velu, me répondit-il. Je ne l'ai pas mangé.
C'est ainsi qu'après avoir joué dangereusement avec la vie des êtres qui me sont le plus cher au monde, je rentrai sagement à la maison faire mariner les tartines au beurre de peanut qui allaient constituer notre repas du soir.
S'il y avait une tâche dont je pouvais m'exempter dans une journée, ce serait assurément celle-là.
Un matin de plus, cette semaine, je me préparai à assumer mon malheureux sort de mère-préparatrice-en-chef-du-lunch-de-sa-marmaille -sort que j'assume lamentablement chaque matin dix minutes avant le départ de mes "trois du primaire".
Machinalement, tandis que je répétais mon agréable leitmotiv matinal sur le brossage de dents, le besoin de se hâter, le rappel qu'il est possible de prolonger le merveilleux bonheur d'insulter ses frères tout en enfilant ses chaussures, j'étendais de la mayonnaise sur six tranches de pain.
Au moment où je m'apprêtais à disposer joliment les tranches de dinde sur la moitié des tranches de pain, une effluve douteuse effleura mes narines.
Soucieuse d'en localiser l'origine, je respirai un bon coup en direction de mon suspect numéro 1: le paquet de charcuterie. Verdict: cette dinde était douteuse. Je vérifiai la date de péremption: elle expirait dans six jours.
En guise de réflexion profonde, je lèvai un sourcil et me grattai tendrement le menton.
Je sortis brutalement de ma réflexion lorsque ma fibre malicieuse repéra le ravissant jeune homme traînant sur le tapis d'entrée. C'est alors qu'une idée saugrenue et tout à fait vilaine germa naturellement dans mon vil esprit.
-Louuuu!, demandai-je indignement en lui tendant un petit bout de la douteuse viande, Goûterais-tu à ça pour moi STP?
Le jeune homme, se sentant piégé, me regarda en levant lui aussi le sourcil. Un moment, un duel se joua entre nos quatre yeux et je le perdis lamentablement.
J'avais besoin d'un cobaye plus
Cet enfant, probablement le plus serviable d'entre tous, allait sans doute pouvoir m'aider à établir un jugement sans failles. Il apparut au bout de trois instants: "Quoi?"
-Pourrais-tu goûter pour moi ce bout de viande, osai-je audacieusement tandis que je tentai de réprimer un sourire vilain allant assurément trahir ma profonde indignité.
Il leva un sourcil -Pourquoi?
-Je me demande si la viande est encore bonne. La date m'assure que oui, mais l'odeur me fait douter. J'aurai besoin de papilles averties.
Il leva l'autre sourcil et en ne me quittant pas des yeux, déposa le bout de viande sur sa langue-aux-papilles-averties.
Il se dirigea aussitôt vers la poubelle et recracha le tout en réussissant à prononcer un persuasif "Ouaaaach" qui confirma ma pensée initiale: je ne préparerais pas de sandwichs avec cette dinde aujourd'hui.
Je sommai ma progéniture de partir immédiatement pour la classe en me laissant les boîtes à lunch. Je leur rapporterais en avant-midi bien remplies.
J'étais une mère pitoyable, une mère pas fichue de préparer des lunchs convenables à ses enfants, une mère n'ayant pas de solution de rechange, une mère sans ressources.
J'allai conduire mon Tout-Petit à la garderie ("Dieu merci, celui-là va dîner dignement!", que je me dis lorsque son éducatrice me montra fièrement la salade froide de têtes de violons qu'elle venait tout juste de cuisiner), puis armée de ma facture, fis une halte à l'épicerie pour faire changer la fétide charcuterie et acheter quelques collations dignes de ce nom.
Je fis un bond à l'école porter les trois boîtes à lunch pleines, puis revins chez moi avec une pensée encore plus douloureuse: Fils Aîné s'était fait un sandwich avec cette viande le matin même. Pire encore, il avait suivi mon conseil et apporté en guise de collation le muffin recommandé la veille.
Or, il se trouvait que le matin même, mon attention avait été sollicitée par les deux copains dudit muffins, tous deux recouverts d'une duveteuse et confortable mousse verte.
Je retirai la ceinture de mon jeans, m'affligeai trois ou quatre coups dans le dos, puis partis rédiger dans un café en ne manquant pas de surveiller l'heure.
C'est ainsi que vers midi, je me pointai à la cafétéria de l'école de Fils Aîné et bravai les hordes d'adolescents affamés pour retrouver le mien.
Je le découvris attablé seul, sage, se préparant à engloutir la troisième bouchée de cet offensif sandwich. Du haut de ma balustrade, je lui criai: "Fils Aîné! Non! Arrête! Ne mange pas ça!"
Il leva les yeux vers moi, un point d'interrogation arborant son doux visage nouvellement moustachu.
Prête à tout pour sauver mon enfant (après avoir pitoyablement exposé les autres à un extrême danger quelques heures plus tôt), je réitérai mon ordre: "Ne mange pas ça!"
Interdit, il me dévisagea, ne sachant plus trop que faire de la bouchée qu'il était en train de mâchouiller élégamment, tel que je le lui avais appris. J'allai à sa rencontre, observai jalousement le plateau bien garni de son meilleur ami qui arrivait de la cafétéria. Je plongeai la main dans mon sac et lui tendis de la monnaie: "Va te chercher un repas convenable."
-Qu'est-ce que tu fais ici maman? Mon sandwich est correct!
-NON!, lui répétai-je. J'ai sacrifié la vie de ton frère ce matin pour m'assurer que tu ne t'empoisonnerais pas ce midi.
-? (il prit l'argent)
J'ouvris mon sac et d'un geste héroïque, lui tendis la collation imberbe que j'avais pris soin d'y glisser avant de partir.
-Oui, j'avais remarqué que le muffin était velu, me répondit-il. Je ne l'ai pas mangé.
C'est ainsi qu'après avoir joué dangereusement avec la vie des êtres qui me sont le plus cher au monde, je rentrai sagement à la maison faire mariner les tartines au beurre de peanut qui allaient constituer notre repas du soir.
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Délires
Il est de ces journées moches parce que...
-Ne pas obtenir un poste convoité, c'est désolant;
-Avoir des nausées, ce n'est pas agréable;
-Sortir du lit à 6h35 ce matin pour faire l'arbitre entre un baveux et un soupe au lait, c'est chiant;
-S'ennuyer à mort (!!!) d'un petit garçon que vous aimez encore et toujours mais que vous n'avez plus la chance de serrer dans vos bras, c'est douloureux;
-Devoir discuter avec une personne sarcastique et fermée d'esprit pour régler des trucs, c'est drainant;
-Devoir régler une chose que vous croyiez réglée et qui ne l'est finalement plus tout à fait et avoir l'impression que vous n'avez plus de bout de manches à retrousser, c'est déprimant;
-Entendre la cliente devant vous parler à l'impératif à la préposée: "Tu vas me mettre des cornichons, tu vas me mettre du fromage suisse, pis tu vas me rajouter de la sauce aux oignons doux", ça vous demande un très grand self-control pour ne pas lui rentrer de force dans le fond de la gorge un cachet de condensé de bonnes manières;
-Avoir envie de donner des leçons de politesse à ces préposées qui ne savent s'adresser à un client qu'en lui disant: "S'cuse! Qu'esssse-tu veux dans ton sandwich? S'cuuuuse! Tu peux-tu avancer siteplaîîîîît!" est démangeant. Un suppositoire de bonnes manières, ça existe? Patrons, faites-vous fi de former vos employés, à défaut d'en embaucher qui connaissent déjà quelques rudiments de savoir-vivre!?
-Gaspiller de la bonne humeur pour pester contre les employés de la STM qui sont encore en grève, c'est pas l'fun. Marre de les entendre se plaindre le ventre plein. Marre, marre de l'abus de pouvoir des syndicats!
Par contre, ce qui est bien, c'est que...
-Dîner avec son amoureux, c'est doux et agréable;
-Obtenir une nouvelle entrevue, ça met un baume sur la déprime;
-Aimez full gros des mousquetaires qui sont de chair et d'os, c'est réconfortant;
-Courir au Centre de la Nature, c'est énergisant et ça sent bon;
-Aller prendre une bière avec une amie et rigoler, ça fait du bien;
-Observer les mésanges qui ont construit leur nid au-dessud de la porte-patio et travailler à votre bureau tout en écoutant les pépiements des oisillons affamés et surveillant les allées et venues continuelles de la mère pour les nourrir, c'est cuuute!!
-Avoir des nausées, ce n'est pas agréable;
-Sortir du lit à 6h35 ce matin pour faire l'arbitre entre un baveux et un soupe au lait, c'est chiant;
-S'ennuyer à mort (!!!) d'un petit garçon que vous aimez encore et toujours mais que vous n'avez plus la chance de serrer dans vos bras, c'est douloureux;
-Devoir discuter avec une personne sarcastique et fermée d'esprit pour régler des trucs, c'est drainant;
-Devoir régler une chose que vous croyiez réglée et qui ne l'est finalement plus tout à fait et avoir l'impression que vous n'avez plus de bout de manches à retrousser, c'est déprimant;
-Entendre la cliente devant vous parler à l'impératif à la préposée: "Tu vas me mettre des cornichons, tu vas me mettre du fromage suisse, pis tu vas me rajouter de la sauce aux oignons doux", ça vous demande un très grand self-control pour ne pas lui rentrer de force dans le fond de la gorge un cachet de condensé de bonnes manières;
-Avoir envie de donner des leçons de politesse à ces préposées qui ne savent s'adresser à un client qu'en lui disant: "S'cuse! Qu'esssse-tu veux dans ton sandwich? S'cuuuuse! Tu peux-tu avancer siteplaîîîîît!" est démangeant. Un suppositoire de bonnes manières, ça existe? Patrons, faites-vous fi de former vos employés, à défaut d'en embaucher qui connaissent déjà quelques rudiments de savoir-vivre!?
-Gaspiller de la bonne humeur pour pester contre les employés de la STM qui sont encore en grève, c'est pas l'fun. Marre de les entendre se plaindre le ventre plein. Marre, marre de l'abus de pouvoir des syndicats!
Par contre, ce qui est bien, c'est que...
-Dîner avec son amoureux, c'est doux et agréable;
-Obtenir une nouvelle entrevue, ça met un baume sur la déprime;
-Aimez full gros des mousquetaires qui sont de chair et d'os, c'est réconfortant;
-Courir au Centre de la Nature, c'est énergisant et ça sent bon;
-Aller prendre une bière avec une amie et rigoler, ça fait du bien;
-Observer les mésanges qui ont construit leur nid au-dessud de la porte-patio et travailler à votre bureau tout en écoutant les pépiements des oisillons affamés et surveillant les allées et venues continuelles de la mère pour les nourrir, c'est cuuute!!
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samedi, mai 19, 2007
vendredi, mai 18, 2007
Le monde des grands
Depuis quelques mois, je pose un regard différent sur mon aîné. Il prend de la maturité. D'abord physiquement, mais aussi dans ses réflexions, dans ses allusions, dans son regard sur le monde.
Il me regardera bientôt sans que je n'aie à baisser les yeux vers lui. Il devient costaud, se métamorphose en un bel ado qui aime jouer innocemment sur les mots, qui aime faire de l'esprit, chercher des réactions.
Il m'a téléphoné un jour cette semaine sur mon cellulaire en rentrant de l'école.
-Maman? Tu sais ce qui est arrivé à l'école aujourd'hui? Un fight food.
-Ah oui?
-Oui, c'était cooool! Même que la directrice a reçu un muffin dans la face.
-Ah oui? Et tu as participé à ça?
-Jamais de la vie! J'aurais pas eu envie de me faire suspendre de l'école!
-Bon, si tu veux, on en reparle tantôt. Je serai à la maison dans une quinzaine de minutes.
Nous en avons effectivement reparlé. Pour l'instant, il est sage, il craint encore l'autorité (autre que la mienne), il n'y a que de bons mots sur lui à l'école et ne lui viendrait pas à l'idée de faire des conneries (tous les parents sont-ils aussi naïfs que moi?) qui mettraient en danger son image d'élève modèle.
Première année du secondaire et déjà, bataille de bouffe. Je trouve cela complètement ridicule. Il partageait mon avis, mais était amusé de la situation nouvelle dans laquelle il avait été impliqué.
J'ai grandi dans la ville de Granby et jamais nous n'avons eu de telles idées. Bon, il faut spécifier que dans les Cantons de l'Est, nous étions toujours en retard de deux ou trois années dans les modes de "la grand Ville" (pour mes lecteurs de l'extérieur, lire ici "Montréal").
Lorsque je suis arrivée à Montréal, j'avais près de seize ans. "Ça y est, je suis arrivée dans une ville de sauvages qui ne savent pas vivre!", que je m'étais dit lorsque les muffins, yogourts, sandwichs, pommes, biscottes et pouding ont volé au-dessus de ma tête dans la cafétéria de l'école.
Quelques années plus tard, mes amies demeurées (je parle ici de mes amies qui ne m'ont pas suivies à Montréal, non de mes copines demeurées qui sont encore internées) à Granby ont vécu le charme et l'enchantement des moeurs primitifs (encore, j'ai idée que les primitifs étaient plus civilisés et plus raisonnables avec leurs provisions) des élèves montréalais.
M'enfin. Les gestes de rébellion adolescente ne changent pas et je trouve charmant de voir mon aîné réagir à la maison aux incidents de son école avec ses propres convictions (qui ne sont pas garantes de celles de l'avenir, se dit-elle en tentant de limiter les ravages de sa naïveté).
***
Je me rends bien compte, par les commentaires, les allusions, les sourires en coin de Fils Aîné qu'il n'est pas insensible à la gent féminine. Cela aussi, je le qualifie de charmant.
Il observe, est pudique, discret, mais à la fois curieux et audacieux dans ses questionnements. Je me suis passé le commentaire plusieurs fois cette semaine dans son langage et ses allusions à la sexualité.
Puis voilà que cet après-midi, il vient me voir, boîte de condom encore scellée à la main et il me questionne du regard en haussant les épaules. Devant mon silence, il revendique à voix haute une réponse: "Maman! Je viens de trouver cette boîte de condoms sur le bureau de travail de Grand-Homme." (la femme de ménage était passée et l'avait mise bien en évidence).
Je lui enlève la boîte des mains et sollicite plus de respect de nos affaires, où il n'a pas à aller fouiner.
Puis, il ose: "Mais maman, combien de fois par semaine vous en achetez?!", faisant référence à cette fois.
Moi, confrontante -Je remarque que tu t'intéresses beaucoup à la vie sexuelle de ta mère ces temps-ci.
Je lui explique l'importance de toujours avoir des préservatifs sous la main, ce dont il semble déjà très bien informé.
Lui, embarrassé -Ben tsé, maman... (il me fait un air dépassé, comme si mon amoureux et moi abusions)
Moi, cherchant à le faire réagir -Tu sais mon Grand, les humains sont faits pour se reproduire... Tu verras, un jour, tu chercheras aussi à assurer ta descendance!
Lui, outré -Oui mais moi, en tout cas, je ferai jamais ça deux fois par jour!
Je me retourne et le regarde dans les yeux. Il semble à la fois ébranlé, interpellé, en quête de quelque chose que je n'arrive pas à saisir.
Je ne comprends pas ce que mon fils cherche. Des réponses qu'il espère puiser dans des moeurs sexuels qu'il semble m'attribuer aléatoirement et sans fondements précis? Je vois bien que son audace n'a rien d'insolent, il semble réellement tourmenté de questionnements et toute question relative à la sexualité passe sous la forme apparente d'une demande de justification des pratiques et de la fréquence des activités sexuelles de sa mère.
Jamais ne me serait venu à l'idée de confronter mes parents de la sorte sur la zone d'intimité intouchable à laquelle je n'avais pas envie DU TOUT de me heurter. Je me demande si Fils Aîné est aussi direct avec son père sur des questions aussi personnelles.
Il tire des conclusions à partir d'éléments en réalité peu fiables, mais je me demande si cela ne fait pas que lui servir d'amorce à la discussion. J'ose m'imaginer que s'il se permet de telles entrées en scène, c'est qu'il se sent en confiance de parler de sujets délicats avec moi.
Depuis quelques jours, il me dit qu'il m'aime plusieurs fois par jour, vient se coller, me faire des câlins, réclamer des baisers. Il y a dans cette brèche une invitation au dialogue. Autant me faire des provisions pour les jours où la percutante collision avec le monde des grands le rendra insupportable. Je profite de ces instants de confiance avec lui. Je l'aime mon grand.
Il me regardera bientôt sans que je n'aie à baisser les yeux vers lui. Il devient costaud, se métamorphose en un bel ado qui aime jouer innocemment sur les mots, qui aime faire de l'esprit, chercher des réactions.
Il m'a téléphoné un jour cette semaine sur mon cellulaire en rentrant de l'école.
-Maman? Tu sais ce qui est arrivé à l'école aujourd'hui? Un fight food.
-Ah oui?
-Oui, c'était cooool! Même que la directrice a reçu un muffin dans la face.
-Ah oui? Et tu as participé à ça?
-Jamais de la vie! J'aurais pas eu envie de me faire suspendre de l'école!
-Bon, si tu veux, on en reparle tantôt. Je serai à la maison dans une quinzaine de minutes.
Nous en avons effectivement reparlé. Pour l'instant, il est sage, il craint encore l'autorité (autre que la mienne), il n'y a que de bons mots sur lui à l'école et ne lui viendrait pas à l'idée de faire des conneries (tous les parents sont-ils aussi naïfs que moi?) qui mettraient en danger son image d'élève modèle.
Première année du secondaire et déjà, bataille de bouffe. Je trouve cela complètement ridicule. Il partageait mon avis, mais était amusé de la situation nouvelle dans laquelle il avait été impliqué.
J'ai grandi dans la ville de Granby et jamais nous n'avons eu de telles idées. Bon, il faut spécifier que dans les Cantons de l'Est, nous étions toujours en retard de deux ou trois années dans les modes de "la grand Ville" (pour mes lecteurs de l'extérieur, lire ici "Montréal").
Lorsque je suis arrivée à Montréal, j'avais près de seize ans. "Ça y est, je suis arrivée dans une ville de sauvages qui ne savent pas vivre!", que je m'étais dit lorsque les muffins, yogourts, sandwichs, pommes, biscottes et pouding ont volé au-dessus de ma tête dans la cafétéria de l'école.
Quelques années plus tard, mes amies demeurées (je parle ici de mes amies qui ne m'ont pas suivies à Montréal, non de mes copines demeurées qui sont encore internées) à Granby ont vécu le charme et l'enchantement des moeurs primitifs (encore, j'ai idée que les primitifs étaient plus civilisés et plus raisonnables avec leurs provisions) des élèves montréalais.
M'enfin. Les gestes de rébellion adolescente ne changent pas et je trouve charmant de voir mon aîné réagir à la maison aux incidents de son école avec ses propres convictions (qui ne sont pas garantes de celles de l'avenir, se dit-elle en tentant de limiter les ravages de sa naïveté).
***
Je me rends bien compte, par les commentaires, les allusions, les sourires en coin de Fils Aîné qu'il n'est pas insensible à la gent féminine. Cela aussi, je le qualifie de charmant.
Il observe, est pudique, discret, mais à la fois curieux et audacieux dans ses questionnements. Je me suis passé le commentaire plusieurs fois cette semaine dans son langage et ses allusions à la sexualité.
Puis voilà que cet après-midi, il vient me voir, boîte de condom encore scellée à la main et il me questionne du regard en haussant les épaules. Devant mon silence, il revendique à voix haute une réponse: "Maman! Je viens de trouver cette boîte de condoms sur le bureau de travail de Grand-Homme." (la femme de ménage était passée et l'avait mise bien en évidence).
Je lui enlève la boîte des mains et sollicite plus de respect de nos affaires, où il n'a pas à aller fouiner.
Puis, il ose: "Mais maman, combien de fois par semaine vous en achetez?!", faisant référence à cette fois.
Moi, confrontante -Je remarque que tu t'intéresses beaucoup à la vie sexuelle de ta mère ces temps-ci.
Je lui explique l'importance de toujours avoir des préservatifs sous la main, ce dont il semble déjà très bien informé.
Lui, embarrassé -Ben tsé, maman... (il me fait un air dépassé, comme si mon amoureux et moi abusions)
Moi, cherchant à le faire réagir -Tu sais mon Grand, les humains sont faits pour se reproduire... Tu verras, un jour, tu chercheras aussi à assurer ta descendance!
Lui, outré -Oui mais moi, en tout cas, je ferai jamais ça deux fois par jour!
Je me retourne et le regarde dans les yeux. Il semble à la fois ébranlé, interpellé, en quête de quelque chose que je n'arrive pas à saisir.
Je ne comprends pas ce que mon fils cherche. Des réponses qu'il espère puiser dans des moeurs sexuels qu'il semble m'attribuer aléatoirement et sans fondements précis? Je vois bien que son audace n'a rien d'insolent, il semble réellement tourmenté de questionnements et toute question relative à la sexualité passe sous la forme apparente d'une demande de justification des pratiques et de la fréquence des activités sexuelles de sa mère.
Jamais ne me serait venu à l'idée de confronter mes parents de la sorte sur la zone d'intimité intouchable à laquelle je n'avais pas envie DU TOUT de me heurter. Je me demande si Fils Aîné est aussi direct avec son père sur des questions aussi personnelles.
Il tire des conclusions à partir d'éléments en réalité peu fiables, mais je me demande si cela ne fait pas que lui servir d'amorce à la discussion. J'ose m'imaginer que s'il se permet de telles entrées en scène, c'est qu'il se sent en confiance de parler de sujets délicats avec moi.
Depuis quelques jours, il me dit qu'il m'aime plusieurs fois par jour, vient se coller, me faire des câlins, réclamer des baisers. Il y a dans cette brèche une invitation au dialogue. Autant me faire des provisions pour les jours où la percutante collision avec le monde des grands le rendra insupportable. Je profite de ces instants de confiance avec lui. Je l'aime mon grand.
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mercredi, mai 16, 2007
Le trafic matinal
Mon Chouchounet (dix-neuf mois), il a un rituel sacré qui me fait craquer: chaque matin, il ramasse toutes les petites voitures qu'il trouve sur le plancher de la maison et se glisse avec son magot sous mon bureau de travail.
Puis, une à une et très soigneusement, il dispose à la queue leu leu ses ambulances, voitures de course, remorqueurs. Surtout, gare à vous si vous osez interrompre ce rituel: c'est la crise et coûte que coûte, il tentera de se libérer pour aller rajouter à la suite des autres le camion de pompier et la voiture de police qui jusque-là avaient réussi à éviter le trafic.
Pour l'habiller en douce, il faut user de stratégie: lui apporter une nouvelle voiture qui captera son attention et vous permettra de le prendre sur vos genoux pour lui enlever son pyjama et l'habiller tout aussi incognito.
Lorsqu'il réalisera que cette nouvelle voiture pourrait trrrès bien s'intégrer à la circulation dense du rail de la porte-patio, vous viendrez d'enfiler le deuxième bas et tout sera tiguidou. Une fois de plus, vous vous féliciterez de n'avoir pas fait rager inutilement votre Ministre des Transports.
En revenant de la garderie, il n'est pas rare qu'il retourne à son rail de porte-patio pour y réaligner ses voitures. Mon minet, il se fâche et pleure lorsqu'il tente de prendre dans ses menottes trop petites plus de deux voitures. Il les échappe presque à coup sûr et ça le met en colère. Surtout, pas question de faire deux voyages: quand il déménage son trafic, les voitures doivent TOUTES suivre en même temps. C'est qu'il y tient à ses embouteillages, ce petit!
Voilà donc que cette semaine, je fus interpellée par les klaxons des conducteurs impatients (j'avoue avoir éprouvé une certaine compassion: se taper ce trafic tous les matins, ça finit par vous jouer sur les nerfs). Je portai donc une attention plus soutenue aux automobilistes, qui réclamaient que des mesures incitatives soient prises pour valoriser le transport en commun. Sauf un.
C'est à ce moment que je précisai mon attention sur ledit conducteur, puis sa bagnole. Que je plissai les yeux. Que je crus voir... Je ne crus pas voir, je vis.
Et ça m'a mise en colère moi. Ça m'a mise en colère qu'ExxonMobil (propriétaire, entre autres, de la marque Esso), la deuxième plus grande entreprise du monde (plus de 200 milliards de dollars de chiffres d'affaires US par année), qui ne se soucie guère de l'environnement (elle refuse d'investir dans les énergies renouvelables, entreprise dont le lobby a pesé très fort auprès du gouvernement de Bush dans le refus de ratifier le protocole de Kyoto, une entreprise dont Greenpeace surveille étroitement les activités, une entreprise qui pourrait faire une énorme différence au niveau de l'environnement si elle changeait d'idéologie et se dotait d'une conscience environnementale) et qui est un des plus importants pourvoyeurs du parti républicain se fasse une pub gratisss sur des petites voitures avec lesquelles mon bonhomme s'amuse chaque jour.
Perso, ça m'a répugnée. C'est pourquoi un matin, cette semaine, il y eut un bête accident sur le rail et ni la police, ni l'ambulance, ni le camion de pompier, ni les voitures de course, ni le remorqueur ne sont intervenus.
C'est qu'une bétonnière qui n'avait pas fait son angle mort a malencontreusement englouti la pollueuse petite prétentieuse, qui ne fait désormais plus partie du trafic matinal.
Qu'on ne se fie pas sur moi pour la pleurer. Je suis trop occupée à m'émouvoir devant le soin extrême que met mon Chouchounet à construire/entretenir/déménager ses embouteillages.
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mardi, mai 15, 2007
Bienheureuse volonté
J'ai observé, dans ma vie, les patterns qui me permettaient de me garder la tête hors de l'eau dans mes moments de recherche d'emploi, de stress financier, de prises de décision difficiles opposant tête et coeur.
Et j'ai remarqué que si la plupart des gens respirent mieux en étant assis sur de solides acquis, moi, bien que je ne privilégie pas l'option de vivre dans l'incertitude, je possède une indéniable force de carburation là où les énergies de dernier recours sont nécessaires parce que les acquis s'effritent.
Alexandre Jardin, lors de son passage à Tout le monde en parle chez nous, expliquait que son père avait besoin, pour demeurer inspiré, d'un certain qui-vive, ce qui faisait en sorte qu'il lui arrivait, lorsqu'il avait reçu une trop grande et menaçante entrée d'argent, de s'arrêter dans une cabine téléphonique et de glisser un chèque en blanc entre les pages du bottin. Pour le thrill. Pour garder éveillée en lui la fibre de la bonne créativité. Pour se mettre volontairement dans un état qui le rendait encore plus proche de lui-même (ce ne sont pas ses exactes paroles, mais plutôt ce que j'en ai tiré).
Plusieurs ont été étonnés de ses propos. Pour ma part, je fus enchantée d'entendre pour la première fois quelqu'un qui reconnaissait les élans d'inspiration et la fougue que procurent les états d'urgence.
L'insécurité, l'angoisse, le stress pèsent, certes, mais vient un moment, une fois que nous les avons surmontés, où une lucidité incroyable nous éclaire, où une invincible volonté nous habite, où nous nous sentons rempli de ressources, où nous nous sentons stratégique, avisé, rusé, débordant de potentiel, incroyablement déterminé à voir poindre le changement tant attendu dans la situation en crise.
Cet "élan" de dernier recours me fascine. Il sent bon. Il goûte la bonne détermination. C'est un genre de confiance absolue que les efforts finissent par être récompensés, que tout finit par se placer, il fait goûter encore meilleur le sentiment d'accomplissement le moment venu.
Dans chacunes des embûches de ma vie, cet élan m'a forcée à demeurer positive, à prendre position, à me relever, à m'imposer, à faire des choix parfois marginaux, à mieux me connaître dans l'adversité, à prendre de l'assurance lorsque tout le monde disait: "Non, ce n'est pas possible" mais que dans mes tripes, je me sentais mise au défi, qu'en-dedans, ça hurlait: "Oh que oui, attachez vos tuques, vous allez voir!" et que j'accordais ma confiance à cette force qui se magnait en moi.
Bien sûr, je convoite la sécurité de l'acquis, l'insouciance matérielle, l'aisance. Mais ce n'est pas ma priorité absolue. Il ne s'agit pas d'une absence d'ambition, loin de là. Mais s'il fallait que je ne sache plus me relever parce que le confort m'a empêchée de me faire de la corne, s'il fallait que cette puissante volonté/inspiration/créativité/force/ardente détermination me quitte, je serais prête à faire le choix de la précarité.
Il ne m'est jamais arrivé de vivre de cette tension d'adrénaline dans les moments où tout allait trop bien dans ma vie. C'était la routine, et la routine donne des répits mérités. Elle permet aux énergies de secours de se refaire. Elle permet de souffler. Jusqu'à la prochaine sollicitation.
Et j'ai remarqué que si la plupart des gens respirent mieux en étant assis sur de solides acquis, moi, bien que je ne privilégie pas l'option de vivre dans l'incertitude, je possède une indéniable force de carburation là où les énergies de dernier recours sont nécessaires parce que les acquis s'effritent.
Alexandre Jardin, lors de son passage à Tout le monde en parle chez nous, expliquait que son père avait besoin, pour demeurer inspiré, d'un certain qui-vive, ce qui faisait en sorte qu'il lui arrivait, lorsqu'il avait reçu une trop grande et menaçante entrée d'argent, de s'arrêter dans une cabine téléphonique et de glisser un chèque en blanc entre les pages du bottin. Pour le thrill. Pour garder éveillée en lui la fibre de la bonne créativité. Pour se mettre volontairement dans un état qui le rendait encore plus proche de lui-même (ce ne sont pas ses exactes paroles, mais plutôt ce que j'en ai tiré).
Plusieurs ont été étonnés de ses propos. Pour ma part, je fus enchantée d'entendre pour la première fois quelqu'un qui reconnaissait les élans d'inspiration et la fougue que procurent les états d'urgence.
L'insécurité, l'angoisse, le stress pèsent, certes, mais vient un moment, une fois que nous les avons surmontés, où une lucidité incroyable nous éclaire, où une invincible volonté nous habite, où nous nous sentons rempli de ressources, où nous nous sentons stratégique, avisé, rusé, débordant de potentiel, incroyablement déterminé à voir poindre le changement tant attendu dans la situation en crise.
Cet "élan" de dernier recours me fascine. Il sent bon. Il goûte la bonne détermination. C'est un genre de confiance absolue que les efforts finissent par être récompensés, que tout finit par se placer, il fait goûter encore meilleur le sentiment d'accomplissement le moment venu.
Dans chacunes des embûches de ma vie, cet élan m'a forcée à demeurer positive, à prendre position, à me relever, à m'imposer, à faire des choix parfois marginaux, à mieux me connaître dans l'adversité, à prendre de l'assurance lorsque tout le monde disait: "Non, ce n'est pas possible" mais que dans mes tripes, je me sentais mise au défi, qu'en-dedans, ça hurlait: "Oh que oui, attachez vos tuques, vous allez voir!" et que j'accordais ma confiance à cette force qui se magnait en moi.
Bien sûr, je convoite la sécurité de l'acquis, l'insouciance matérielle, l'aisance. Mais ce n'est pas ma priorité absolue. Il ne s'agit pas d'une absence d'ambition, loin de là. Mais s'il fallait que je ne sache plus me relever parce que le confort m'a empêchée de me faire de la corne, s'il fallait que cette puissante volonté/inspiration/créativité/force/ardente détermination me quitte, je serais prête à faire le choix de la précarité.
Il ne m'est jamais arrivé de vivre de cette tension d'adrénaline dans les moments où tout allait trop bien dans ma vie. C'était la routine, et la routine donne des répits mérités. Elle permet aux énergies de secours de se refaire. Elle permet de souffler. Jusqu'à la prochaine sollicitation.
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samedi, mai 12, 2007
Confidences de comptoir non préméditées
Elle est embarrassée, la charmante jeune femme, lorsqu'elle se présente au comptoir arrière de la pharmacie. Docilement, elle prend son rang dans la file. Elle attend en simulant un quelconque intérêt pour un livre d'introduction à l'homéopathie.
D'un coup d'oeil discret, elle évalue le nombre de personnes qui la précèdent pour une consultation privée avec le pharmacien. Plus que deux personnes. Elle n'a aucune idée de ce dont traite la page d'un livre sur l'histoire de la pénicilline qu'elle zieute hypocritement. "Ça doit causer de la pénicilline", se dit-elle bêtement.
Plus qu'une personne. Son coeur se met à battre la chamade. Elle tente de contrôler sa nervosité en feuilletant un livre sur la discipline des enfants avant trois ans. "Propos fort pertinents et bien documentés!" lance le splendide jeune homme qui la suit en se penchant vers elle. Elle lui sourit timidement et se dépêche de remettre le livre sur le présentoir. Surtout, ne pas attirer l'attention sur elle.
La rondelette technicienne la regarde, signe que c'est maintenant son tour. La jeune femme s'avance en tenant son sac à trois mains.
La technicienne dépose un petit panier rose sur le comptoir: "Avez-vous votre prescription? Possédez-vous des assurances? Avez-vous un dossier ici?"
La jeune femme murmure: "C'est...euh...c'est pour...euh...je voudrais avoir une...pilule du..."
-Je suis désolée madame, pourriez-vous parler plus fort?
-Oh, je... Désolée... (grande respiration) Je voudrais avoir une...pilule du lendemain.
-Oh! Il faut vous présenter au comptoir des consultations. Je vais appeler le pharmacien.
En aparté: "M. LEBLOND! UNE CONSULTATION!
La main devant la bouche, dévisageant du coin de l'oeil la jeune dame, elle précise: "C'est pour une pilule du lendemain". Un sourire qui aurait pu ne pas avoir le privilège de se nommer ainsi se dessine sur son visage blasé.
Le pharmacien se dirige vers le comptoir des consultations. Zut. Ses tempes grisonnantes le rendent trop séduisant. Surtout, s'imaginer qu'il a l'air de... Réal Giguère*. Ça pourrait faire l'affaire. Ça fera l'affaire. Ça doit faire l'affaire.
Pharmacien, complaisant -Bonjour Mademoiselle. Que puis-je pour vous?
Jeune femme, mal à l'aise -J'ai entendu votre collègue vous expliquer... Pourquoi me posez-vous la question?
Pharmacien, travaillant péniblement à tracer la ligne entre la jolie cliente et le devoir professionnel -C'était par politesse, Mademoiselle. Alors dites-moi, à combien d'heures remonte votre dernière relation sexuelle non protégée?
Jeune femme, respirant profondément -Six heures.
Pharmacien -Hm, c'est tout frais. Et à quand remonte vos dernières règles?
Jeune femme, s'assurant de la distance physique du charmant jeune homme qui la suivait -Deux semaines. Je crois. Je ne suis pas sûre. C'est que je n'ai pas l'habitude de...
Pharmacien -Vous êtes au courant que l'efficacité de la pilule du lendemain diminue plus le nombre d'heures qui sépare la relation non protégée de la prise de la pilule est grande?
Jeune femme, commençant à piétiner -Ouioui, je sais.
Pharmacien, prenant soudainement un ton de confidence -Et...dites-moi, Mademoiselle, vous ne prenez pas de moyens contraceptifs habituellement?
Jeune femme, perplexe -Euh...C'est-à-dire que... Écoutez Monsieur, je ne suis pas sûre de la pertinence de cette question. Est-ce une question professionnelle ou personnelle?
Pharmacien -Oh mais c'est professionnel, Mademoiselle. Je dois savoir. Alors, pourquoi ne vous êtes-vous pas protégée?
La jeune femme est exaspérée et songe se pointer à une autre pharmacie. Et puis non, ce n'est pas possible, elle n'a plus le temps.
Elle s'approche du comptoir, lui fait signe de s'approcher avec son index. Le pharmacien, mi-embarrassé/mi-enchanté (professionnellement, bien entendu), s'exécute.
La jeune femme appuie ses coudes sur le bord du comptoir, laissant au pharmacien tout le loisir d'apprécier son galbe jusque là discret, et lui sussurre à l'oreille: "Vous est-il déjà arrivé, Monsieur (elle valide le nom sur sa cocarde en reculant la tête un moment) Leblond, d'être un matin chevauché intensément par votre femme en quête de cet orgasme sur sa pente ascendante et qui, malgré votre vigilance et vos supplices responsables pour qu'elle s'arrête, ne peut plus répondre qu'à ses ardentes pulsions sous peine de vous infliger une journée massacrante parce que vous avez eu l'audace d'être conséquent et de couper court au moment le plus extatique de sa journée?"
Embarrassé, le pharmacien essuie discrètement les coins de sa bouche, déglutit et baisse les yeux.
Il se dirige vers la brave Ginette et lui balbutie: "Ginette, brave Ginette, pouvez-vous...SVP...préparer...priro...prirori...priroritai...prioritairement les pilules du lendemain pour la jeune fem....pour Mademoiselle Sciubak, je vous prie."
Brave Ginette -Oui, Monsieur.
Monsieur Leblond fuit du regard Mademoiselle, remercie distraitement Ginette et court se réfugier un moment derrière une rangée de rassurantes pilules.
Tentant de dissimuler la virile proéminence de son sarrau, il aperçoit Mademoiselle s'éloigner du comptoir et agiter à la hauteur des yeux le précieux petit sac blanc en lui jetant un troublant clin d'oeil impertinent.
*Pour mes lecteurs hors-Québec, Réal Giguère est un animateur déchu de jeux télévisés.
D'un coup d'oeil discret, elle évalue le nombre de personnes qui la précèdent pour une consultation privée avec le pharmacien. Plus que deux personnes. Elle n'a aucune idée de ce dont traite la page d'un livre sur l'histoire de la pénicilline qu'elle zieute hypocritement. "Ça doit causer de la pénicilline", se dit-elle bêtement.
Plus qu'une personne. Son coeur se met à battre la chamade. Elle tente de contrôler sa nervosité en feuilletant un livre sur la discipline des enfants avant trois ans. "Propos fort pertinents et bien documentés!" lance le splendide jeune homme qui la suit en se penchant vers elle. Elle lui sourit timidement et se dépêche de remettre le livre sur le présentoir. Surtout, ne pas attirer l'attention sur elle.
La rondelette technicienne la regarde, signe que c'est maintenant son tour. La jeune femme s'avance en tenant son sac à trois mains.
La technicienne dépose un petit panier rose sur le comptoir: "Avez-vous votre prescription? Possédez-vous des assurances? Avez-vous un dossier ici?"
La jeune femme murmure: "C'est...euh...c'est pour...euh...je voudrais avoir une...pilule du..."
-Je suis désolée madame, pourriez-vous parler plus fort?
-Oh, je... Désolée... (grande respiration) Je voudrais avoir une...pilule du lendemain.
-Oh! Il faut vous présenter au comptoir des consultations. Je vais appeler le pharmacien.
En aparté: "M. LEBLOND! UNE CONSULTATION!
La main devant la bouche, dévisageant du coin de l'oeil la jeune dame, elle précise: "C'est pour une pilule du lendemain". Un sourire qui aurait pu ne pas avoir le privilège de se nommer ainsi se dessine sur son visage blasé.
Le pharmacien se dirige vers le comptoir des consultations. Zut. Ses tempes grisonnantes le rendent trop séduisant. Surtout, s'imaginer qu'il a l'air de... Réal Giguère*. Ça pourrait faire l'affaire. Ça fera l'affaire. Ça doit faire l'affaire.
Pharmacien, complaisant -Bonjour Mademoiselle. Que puis-je pour vous?
Jeune femme, mal à l'aise -J'ai entendu votre collègue vous expliquer... Pourquoi me posez-vous la question?
Pharmacien, travaillant péniblement à tracer la ligne entre la jolie cliente et le devoir professionnel -C'était par politesse, Mademoiselle. Alors dites-moi, à combien d'heures remonte votre dernière relation sexuelle non protégée?
Jeune femme, respirant profondément -Six heures.
Pharmacien -Hm, c'est tout frais. Et à quand remonte vos dernières règles?
Jeune femme, s'assurant de la distance physique du charmant jeune homme qui la suivait -Deux semaines. Je crois. Je ne suis pas sûre. C'est que je n'ai pas l'habitude de...
Pharmacien -Vous êtes au courant que l'efficacité de la pilule du lendemain diminue plus le nombre d'heures qui sépare la relation non protégée de la prise de la pilule est grande?
Jeune femme, commençant à piétiner -Ouioui, je sais.
Pharmacien, prenant soudainement un ton de confidence -Et...dites-moi, Mademoiselle, vous ne prenez pas de moyens contraceptifs habituellement?
Jeune femme, perplexe -Euh...C'est-à-dire que... Écoutez Monsieur, je ne suis pas sûre de la pertinence de cette question. Est-ce une question professionnelle ou personnelle?
Pharmacien -Oh mais c'est professionnel, Mademoiselle. Je dois savoir. Alors, pourquoi ne vous êtes-vous pas protégée?
La jeune femme est exaspérée et songe se pointer à une autre pharmacie. Et puis non, ce n'est pas possible, elle n'a plus le temps.
Elle s'approche du comptoir, lui fait signe de s'approcher avec son index. Le pharmacien, mi-embarrassé/mi-enchanté (professionnellement, bien entendu), s'exécute.
La jeune femme appuie ses coudes sur le bord du comptoir, laissant au pharmacien tout le loisir d'apprécier son galbe jusque là discret, et lui sussurre à l'oreille: "Vous est-il déjà arrivé, Monsieur (elle valide le nom sur sa cocarde en reculant la tête un moment) Leblond, d'être un matin chevauché intensément par votre femme en quête de cet orgasme sur sa pente ascendante et qui, malgré votre vigilance et vos supplices responsables pour qu'elle s'arrête, ne peut plus répondre qu'à ses ardentes pulsions sous peine de vous infliger une journée massacrante parce que vous avez eu l'audace d'être conséquent et de couper court au moment le plus extatique de sa journée?"
Embarrassé, le pharmacien essuie discrètement les coins de sa bouche, déglutit et baisse les yeux.
Il se dirige vers la brave Ginette et lui balbutie: "Ginette, brave Ginette, pouvez-vous...SVP...préparer...priro...prirori...priroritai...prioritairement les pilules du lendemain pour la jeune fem....pour Mademoiselle Sciubak, je vous prie."
Brave Ginette -Oui, Monsieur.
Monsieur Leblond fuit du regard Mademoiselle, remercie distraitement Ginette et court se réfugier un moment derrière une rangée de rassurantes pilules.
Tentant de dissimuler la virile proéminence de son sarrau, il aperçoit Mademoiselle s'éloigner du comptoir et agiter à la hauteur des yeux le précieux petit sac blanc en lui jetant un troublant clin d'oeil impertinent.
*Pour mes lecteurs hors-Québec, Réal Giguère est un animateur déchu de jeux télévisés.
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vendredi, mai 11, 2007
Combat de coq
Voilà maintenant trois jours que je désinfecte dans le bas du dos de mon fils de sept ans une grande plaie qu'il s'est faite en tombant du tourniquet au parc.
Chaque fois qu'il se tord de douleur au contact de la plaie et du peroxyde, je lui explique que ce n'est pas agréable, mais que le peroxyde est nécessaire pour tuer toute éventuelle bactérie qui voudrait se servir de sa plaie comme porte d'entrée dans son corps.
Ce matin, je me lève et le trouve brûlant de fièvre sur le divan. Il est dans un piteux état. Je m'accroupis près de lui, regarde sa plaie. Le coeur me lève. Elle suinte de pus.
Je décrète que je vais devoir la désinfecter à nouveau.
Lui, appréhendant le pire -Ça va brûler...
Moi -Un peu, oui, mais il faut le faire.
Lui, tandis que je prépare peroxyde et mouchoirs -Maman, c'est quelle sorte de coq qui a tué Thomas déjà?
Moi, n'ayant pas souvenir d'une quelconque agression de volaille sur mon petit homme -Quoi?
Lui, craintif du sort qui l'attend -Je me souviens plus du nom de la sorte de coq qui a tué Thomas.
Moi, renouant avec le souvenir de la sale bête -Ah, tu veux parler du streptocoque! T'inquiète pas, la même chose ne risque pas de t'arriver.
Voilà que doucement, je verse dans le bas de son dos le bouchon de peroxyde. Il se raidit aussitôt en hurlant à en réveiller la maisonnée: "Cocoricooooo!"
(Bon, d'accord, j'ai inventé le dernier paragraphe, je trouvais que ça enjolivait l'anecdote.)
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jeudi, mai 10, 2007
Je ne suis pas une groupie
Vraiment pas. Je n'ai pas d'idoles et les vedettes, artistes ou personnages publics ne m'impressionnent pas.
Adolescente (et amateure de vidéoclips), je trouvais complètement r-i-d-i-c-u-l-e-s ces filles déchaînées au pied du stage qui se pâmaient devant leurs idoles à en perdre la raison, à en pleurer d'émoi et à s'en arracher les cheveux.
Bon, d'accord, je suis presqu'aussi pathétiquement émotive, mais uniquement lorsqu'il s'agit des spectacles de mes enfants, alors avec un tel engagement émotif, ça ne compte pas. Et puis, je suis discrète et ma coiffure n'est jamais affectée par l'intensité de mes émotions.
Quoiqu'il en soit, rapport au groupiisme, je suis beaucoup plus facilement admirative d'un monsieur/madame Toutlemonde possédant des qualités que j'apprécie: la répartie, l'esprit vif, l'humour, l'aisance, l'aura de liberté qui rend une personne légère et affranchie des attentes des autres, la détermination, la force d'assumer sa franchise, la créativité, les esprits libres, la profondeur, les gens qui ont des passions particulières et qui les assument (comme de construire des Tours Eiffel avec des cure-dents, par exemple ;-) ).
Sauf que...
Lui...il...il...il me déstabilise. J'en suis...euh...admirative, touchée, fière. Parce que malgré sa fierté de ses réussites, il n'est pas imbu de ses succès, parce qu'il a une timidité et une candeur qui lui confèrent un indéniable charme, parce qu'il pratique mon sport préféré, parce qu'il est à la fois modeste, naturel, simple et respectable, parce qu'il est plein de vitalité pas trop bruyante, parce qu'il se donne à fond, parce qu'il semble intègre...et puis je dois l'admettre, parce qu'il est tout à fait charmant.
C'est ainsi que toute la soirée à ce gala Reconnaissance hier, je le regardais en tentant de trouver un moyen d'aller lui parler sans avoir l'air groupie (suicide assuré de ma fierté).
L'interrompre en pleine conversation avec d'autres gens dans le hall de l'hôtel? Hors de question. Bien trop orgueilleuse pour ça.
Le bousculer accidentellement pour aller me servir dans son panier de pretzels? Trop peu crédible.
M'étirer le cou pour lui parler en pleine discussion à sa table? Hors de question. "Je-ne-suis-pas-une-groupie."
Profiter du moment où il revient à sa table avec son trophée pour tendre la main et le féliciter à mon tour? Assurément pas. Approche trop opportuniste.
Simuler de trébucher pour retomber le coude dans son assiette. Mais pour qui donc me prenez vous? Je sais vivre!
Cette soirée, je commençais vachement à la trouver longue malgré que je fus en bonne compagnie et que les discours des lauréats furent teintés d'humour et d'une rafraîchissante spontanéité pour certains.
Et puis, l'absence de solutions à mon problème commençait à me peser lourdement. C'était décidé, il fallait que je me tire de cette soirée, mais pas sans lui avoir adressé la parole, pas sans avoir vu son beau visage se tourner vers moi. Je serais rentrée trop amère de ma vélléité.
Et voilà que je devins nerveuse de ma détermination et embarrassée à l'idée que j'étais peut-être une groupie inavouée. Nooooon!!!
Je n'ai pas pris de grande respiration, mais j'ai pris mon courage à deux mains et d'une petite tape sur l'épaule, je l'ai avisé: "Est-ce que je pourrais vous dire sans avoir l'air groupie que....blablabla..."
Ouf.
Fiou.
C'était fait.
Je suis repartie courageuse, mais probablement définitivement groupie. Mon égo en est atteint, mais c'était le prix à payer. Shit.
Adolescente (et amateure de vidéoclips), je trouvais complètement r-i-d-i-c-u-l-e-s ces filles déchaînées au pied du stage qui se pâmaient devant leurs idoles à en perdre la raison, à en pleurer d'émoi et à s'en arracher les cheveux.
Bon, d'accord, je suis presqu'aussi pathétiquement émotive, mais uniquement lorsqu'il s'agit des spectacles de mes enfants, alors avec un tel engagement émotif, ça ne compte pas. Et puis, je suis discrète et ma coiffure n'est jamais affectée par l'intensité de mes émotions.
Quoiqu'il en soit, rapport au groupiisme, je suis beaucoup plus facilement admirative d'un monsieur/madame Toutlemonde possédant des qualités que j'apprécie: la répartie, l'esprit vif, l'humour, l'aisance, l'aura de liberté qui rend une personne légère et affranchie des attentes des autres, la détermination, la force d'assumer sa franchise, la créativité, les esprits libres, la profondeur, les gens qui ont des passions particulières et qui les assument (comme de construire des Tours Eiffel avec des cure-dents, par exemple ;-) ).
Sauf que...
Lui...il...il...il me déstabilise. J'en suis...euh...admirative, touchée, fière. Parce que malgré sa fierté de ses réussites, il n'est pas imbu de ses succès, parce qu'il a une timidité et une candeur qui lui confèrent un indéniable charme, parce qu'il pratique mon sport préféré, parce qu'il est à la fois modeste, naturel, simple et respectable, parce qu'il est plein de vitalité pas trop bruyante, parce qu'il se donne à fond, parce qu'il semble intègre...et puis je dois l'admettre, parce qu'il est tout à fait charmant.
C'est ainsi que toute la soirée à ce gala Reconnaissance hier, je le regardais en tentant de trouver un moyen d'aller lui parler sans avoir l'air groupie (suicide assuré de ma fierté).
L'interrompre en pleine conversation avec d'autres gens dans le hall de l'hôtel? Hors de question. Bien trop orgueilleuse pour ça.
Le bousculer accidentellement pour aller me servir dans son panier de pretzels? Trop peu crédible.
M'étirer le cou pour lui parler en pleine discussion à sa table? Hors de question. "Je-ne-suis-pas-une-groupie."
Profiter du moment où il revient à sa table avec son trophée pour tendre la main et le féliciter à mon tour? Assurément pas. Approche trop opportuniste.
Simuler de trébucher pour retomber le coude dans son assiette. Mais pour qui donc me prenez vous? Je sais vivre!
Cette soirée, je commençais vachement à la trouver longue malgré que je fus en bonne compagnie et que les discours des lauréats furent teintés d'humour et d'une rafraîchissante spontanéité pour certains.
Et puis, l'absence de solutions à mon problème commençait à me peser lourdement. C'était décidé, il fallait que je me tire de cette soirée, mais pas sans lui avoir adressé la parole, pas sans avoir vu son beau visage se tourner vers moi. Je serais rentrée trop amère de ma vélléité.
Et voilà que je devins nerveuse de ma détermination et embarrassée à l'idée que j'étais peut-être une groupie inavouée. Nooooon!!!
Je n'ai pas pris de grande respiration, mais j'ai pris mon courage à deux mains et d'une petite tape sur l'épaule, je l'ai avisé: "Est-ce que je pourrais vous dire sans avoir l'air groupie que....blablabla..."
Ouf.
Fiou.
C'était fait.
Je suis repartie courageuse, mais probablement définitivement groupie. Mon égo en est atteint, mais c'était le prix à payer. Shit.
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Tranches de vie
samedi, mai 05, 2007
Déclaration d'amour
Je les adore. Elles sont majestueuses, revivifiantes, dépaysantes, accueillantes. Elles changent de visage à chaque saison. Elles s'offrent aux pas de milliers de familles, d'amis, d'amoureux, de marcheurs.
J'adore les montagnes. Chaque année, nous allons saluer de nos pas le mont St-Hilaire. L'été dernier, nous avons embrassé le sommet du mont du Lac des Cygnes dans Charlevoix. Paysages à couper le souffle! Cet été, je fantasme sur l'Acropole des Draveurs et peut-être aussi le mont Jacques-Cartier. Les montagnes, ça goûte la liberté!
Je me disais, avant l'arrivée du printemps, que je devais me remettre en forme, faire pomper mon coeur. J'ai cessé le judo peu après la naissance de Thomas. Je n'étais pas très assidue, mais ça me faisait un bien physique (et donc également moral) fou. J'adore sentir mon coeur battre, se déchaîner. Je me sens alors vivre!
Marche rapide/course, donc. J'ai recommencé il y a deux semaines, plusieurs fois par semaine. C'est énergisant. J'adore rentrer après le dernier sprint de course et m'effouarer sur la causeuse pour simplement apprécier la folie de mon coeur et de ma respiration. Courir dans un boisé et avoir un compagnon de course, ce serait encore mieux.
En montagne, la marche, c'est encore plus génial! Les gens sont réellement sympathiques. Ai-je déja croisé des marcheurs sur la rue qui me saluent aussi gratuitement, en-dehors de l'hypersociabilité contagieuse du jour de la St-Jean-Baptiste?
En montagne, beaucoup de gens que l'on croise sur les sentiers nous saluent, nous donnent une petite tape dans le dos verbale en redescendant. De la montagne émane une sorte d'appel à la joie, à la solidarité. C'est merveilleux.
Je suis encore sur ce high délicieux. J'aimerais bien me faire plusieurs sommets chaque année. En général, les enfants suivent avec leur énergie et leur volonté (si on exclut Fils Aîné, sa peur des ours et ses incessantes plaintes).
Monter en amoureux, ça a une autre saveur, un autre rythme. Ça aussi, j'adore.
Rentrer à la maison sans hâte, faire souper le bébé, prendre un apéro zennement avec cette bonne fatigue agréable, ce sentiment d'accomplissement physique. Divin.
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Réflexions,
Tranches de vie
Jolies ennemies
Ainsi, on pourrait aisément dire: "Oh, les beaux lys en devenir!"
C'est effectivement le cas, ils seront magnifiques d'ici quelques semaines. Leur couleur orangée sera percutante le moment venu.
Sauf que...
Quand on cherche des bébittes, quand on soulève le feuillage, on les découvre, les superbes salopes. Les criocères, mes premières ennemies de l'année. Elles sont magnifiques, leur rouge intense contraste avec le vert tendre luisant des feuilles de lys.
Inévitablement, elles copulent. Mes ennemies, elles ne savent faire que ça, copuler, dévorer le feuillage, copuler et pondre d'horribles oeufs bruns gluants.
Impitoyablement, j'interrompts leurs extases et les noie dans l'eau sale.
Luxure et gourmandise. Les laisserais-je abuser des bons vices?
C'est effectivement le cas, ils seront magnifiques d'ici quelques semaines. Leur couleur orangée sera percutante le moment venu.
Sauf que...
Quand on cherche des bébittes, quand on soulève le feuillage, on les découvre, les superbes salopes. Les criocères, mes premières ennemies de l'année. Elles sont magnifiques, leur rouge intense contraste avec le vert tendre luisant des feuilles de lys.
Inévitablement, elles copulent. Mes ennemies, elles ne savent faire que ça, copuler, dévorer le feuillage, copuler et pondre d'horribles oeufs bruns gluants.
Impitoyablement, j'interrompts leurs extases et les noie dans l'eau sale.
Luxure et gourmandise. Les laisserais-je abuser des bons vices?
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jardinage
Un p'tit creux?
Je ne peux qu'avoir envie de vous présenter mon tout-petit, que je trouve particulièrement appétissant sur cette photo.
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Enfants
vendredi, mai 04, 2007
Affranchissement (ou appel au neuf)
Il est de ces moves en latence qui nous grugent de l'énergie, qui nous tirent du jus par leur simple état larvaire.
Que ce soit un rendez-vous à prendre que l'on retarde toujours, un courriel à répondre que l'on a pris le temps de marquer comme non lu en se disant qu'on prendra bien un moment pour y consacrer du temps dans les prochains jours, une démarche à entreprendre, une vieille querelle à régler, la passivité et l'inaction drainent.
C'est mon cas, depuis plusieurs mois, avec deux démarches tellement lourdes (symboliquement, surtout) qu'elles me confinent à l'inaction, que je ne trouve pas le courage de braver ma terreur et d'en finir une fois pour toutes.
Cette semaine, j'ai biffé de ma liste les deux pires objets de ma terreur. Ma mère m'a toujours dit que quand on voulait du neuf, il fallait d'abord faire du ménage dans le vieux. Pour avancer plus librement. Plus légèrement. Alors voilà, le processus est enclenché.
Bon débarras. J'attends maintenant le neuf.
P.S. L'image, c'est une oeuvre de Fils Aîné me représentant dans ma terreur. Pas mal pantoute, n'est-ce pas?
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Réflexions
mercredi, mai 02, 2007
Comble de l'humiliation maternelle
Selon vous, qu'est-ce?
Voici les choix proposés:
Premier choix: Deux jeunes garçons de dix et douze ans que leur mère estime normalement plutôt brillants choisissent le moment où cette dernière est en début de réunion de conseil d'établissement pour grimper en catimini sur le toît de l'école afin de venir récupérer balles et ballons qui pourraient s'y trouver.
Deuxième choix: L'aîné de ces deux garçons pénètre dans l'école (et donc dérange une douzaine d'adultes ayant déjà entamé l'ordre du jour) pour venir réclamer ce qu'il considère un dû (ou est-ce le prétexte à une malsaine curiosité?) fort audacieux.
Vêtu de son splendide culot, ce même fils ose demander à la directrice de l'école s'il peut récupérer le plat de bons biscuits fumants que sa mère vient d'apporter aux membres du C.É. sous prétexte "qu'elle les a tous apportés et que lui et ses frères en ont été privés à la maison".
Pour couronner le tout, la mère, déstabilisée par l'audace de son fils, commet l'horrible bévue d'entamer une ridicule explication devant quelques membres avant de sommer son fils de quitter les lieux immédiatement.
(Pathétique. Pauvre mère. Je n'aimerais pas me retrouver à sa place.)
Voici les choix proposés:
Premier choix: Deux jeunes garçons de dix et douze ans que leur mère estime normalement plutôt brillants choisissent le moment où cette dernière est en début de réunion de conseil d'établissement pour grimper en catimini sur le toît de l'école afin de venir récupérer balles et ballons qui pourraient s'y trouver.
Deuxième choix: L'aîné de ces deux garçons pénètre dans l'école (et donc dérange une douzaine d'adultes ayant déjà entamé l'ordre du jour) pour venir réclamer ce qu'il considère un dû (ou est-ce le prétexte à une malsaine curiosité?) fort audacieux.
Vêtu de son splendide culot, ce même fils ose demander à la directrice de l'école s'il peut récupérer le plat de bons biscuits fumants que sa mère vient d'apporter aux membres du C.É. sous prétexte "qu'elle les a tous apportés et que lui et ses frères en ont été privés à la maison".
Pour couronner le tout, la mère, déstabilisée par l'audace de son fils, commet l'horrible bévue d'entamer une ridicule explication devant quelques membres avant de sommer son fils de quitter les lieux immédiatement.
(Pathétique. Pauvre mère. Je n'aimerais pas me retrouver à sa place.)
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Enfants,
Réflexions
mardi, mai 01, 2007
Mots d'enfants, épisode III
Grand-Charme, 10 ans, tardait à terminer son assiette alors que toute la famille était déjà sortie de table.
"Maman, j'ai de la misère à couper mon bifteck!" s'exclama-t-il avant de soupirer profondément.
"Ce n'est pas du bifteck, mais du poulet", le corrigeai-je.
"Je sais, rétorqua-t-il en haussant les épaules, mais je préfère dire bifteck, je trouve que ça fait plus professionnel."
"Maman, j'ai de la misère à couper mon bifteck!" s'exclama-t-il avant de soupirer profondément.
"Ce n'est pas du bifteck, mais du poulet", le corrigeai-je.
"Je sais, rétorqua-t-il en haussant les épaules, mais je préfère dire bifteck, je trouve que ça fait plus professionnel."
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