Ado, alors que je marchais avec ma copine Ève, elle me confia qu'elle ne désirait pas avoir d'enfants lorsqu'elle serait adulte. Étonnée de sa position radicale, je l'ai questionnée et nous avons parlé du pouvoir parental qui la terrorisait tant. Un parent a tous les pouvoirs face à la vulnérabilité d'un enfant, qu'elle affirmait. Ce pouvoir lui faisait craindre toutes les possibilités qui s'offraient à un parent mal intentionné. Et si elle, un jour, utilisait ce pouvoir à mauvais escient? Elle se craignait elle-même en cas d'hypothétique dérape.
Je pense à elle souvent lorsque je me retrouve en position de force face à un de mes enfants. Par exemple, en "torturant" Béatrice pour qu'elle prenne le médicament qu'elle déteste tant, j'utilise mon pouvoir contre elle. Je vais à l'encontre de sa faiblesse (pour son bien -ce qu'elle ignore- mais tout de même) d'enfant.
Ce matin, en offrant un jus de pruneau peu appétissant à ma fille en simulant que ça allait être délicieux, j'ai abusé de mon pouvoir pour l'influencer. Pour son bien. J'ai encore pensé à Ève lorsque Béatrice s'est fiée entièrement à moi pour l'ingurgiter. Confiance absolue. Cette confiance totale et gratuite d'un enfant envers son parent est porteuse de toutes les possibilités.
On mise sur l'amour et la bonne foi du parent pour ne jamais utiliser cette confiance acquise contre la vulnérabilité, l'intégrité et le bien-être d'un enfant.
Ce pouvoir surpasse tous les types de pouvoirs. On n'a qu'à concevoir un enfant et hop, il nous appartient sans effort, sans validation qu'on l'utilisera uniquement de manière judicieuse. C'est un pouvoir absolu qui vient avec toute maternité.
On prend pour acquis que ce pouvoir vient avec l'amour et la bonne foi et ça devrait être le cas. Cependant, on sait que ce n'est pas le cas. N'est-ce pas terrible d'avoir un tel pouvoir à sa disposition?
6 commentaires:
On ne le réalise pas toujours... ce qui est triste, ce sont les parents qui en abuse...
Wow, je vais faire lire ça à des parents à l'école... ça leur ouvrirait peut-être les yeux !
Il y a aussi les ados, conscients du pouvoir qu'ils ont, sachant l'amour inconditionnel des parents, qui testent les limites des parents qui les manipulent. Il y aussi les parents qui, une fois vieillissant usent encore de ce pouvoir pour faire sentir leurs enfants coupables de ceci ou cela. Toute relation sous-entend un pouvoir, non?
Ça me fait penser à une phrase que je dis souvent 'n'importe quel con peut faire des enfants'.
Ce que je veux dire en fait, c'est que on devrait passer un test de QI minimum. On a tous autour de nous des exemples de parents inadéquats et c'est bien triste parce que souvent on ne peux rien faire , à moins que ce soit des cas de cruautés flagrants .
Il y a dans mon entourage une femme qui veut un enfant, et malgré la trentaine bien amorcée, je sais déjà qu'elle n'aura pas la maturité et les outils pour bien s'en occuper...
Quel beau billet! Tu as tellement raison!
Je trouve ça émouvant de voir la confiance que mes enfants m'accordent. C'est un privilège immense et à la fois, une responsabilité incroyable.
À nous d'utiliser ce pouvoir afin de faire de nos enfants de bonnes personnes, sereines et confiantes en la vie!
La vertu est au milie, affirmait Aristote. Le milieu, c'est l'équilibre, là où se trouve aussi le parent moyen. Pencher vers les extrêmes, c'est prendre des risques.
Marie, tu fais maintenant partie du clan qui en voit de toutes les couleurs. ;o)
ClaudeL, le danger est dans les extrêmes. Je suis d'accord avec votre dernière phrase. Ce que je trouve terrifiant avec le lien parent-enfant spécifiquement, c'est que ce lien de pouvoir est gratuit. L'emprise d'un parent sur son enfant est total puisque l'enfant dépend entièrement de l'adulte.
On espère la bonne foi.
Pur Bonheur....:o/
Anne-Lise, l'inverse est aussi puissant chez les parents bien intentionnés et remplis d'amour. Le don de soi, de confiance aveugle des enfants de parents aimants sont remuantes de beauté.
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