Depuis la mi-août, je mise sur le retour en classe pour instaurer à nouveau la routine de septembre toujours salutaire pour l'efficacité de notre tribu. Cette année, fiasco. Bah, on survit mais rien n'est optimal, il y a une grosse perte d'énergie que je travaille encore à tenter de récupérer.
Fils Aîné et Grand-Charme sont autonomes, rarement besoin de leur rappeler leurs responsabilités. Tout-Doux et Coco sont plutôt autonomes mais je dois pousser un peu pour les oublis et la gestion du temps.
Si par les années passées notre organisation avait plus de succès malgré qu'elle fut un espèce de chaos organisé, j'ai tenté cette année d'être plus structurée. Fred a débuté la pré-maternelle, son éducatrice à la garderie espérait des présences plus fixes pour mieux planifier sa semaine et moi j'ai toujours en tête d'atteindre l'objectif d'envoyer mon manuscrit à un éditeur max fin décembre. J'ai établi une routine et je m'en tiens à cela assez rigoureusement.
Chaque matin, donc, je suis décidée à opérer. J'ai instauré une routine mais quelle difficulté j'ai à la faire respecter par Frédéric! Demande, répète, pousse dans le dos, quémande, gère des crises de refus de coopérer, m'énerve, hausse le ton. On dit que les enfants ont besoin d'une routine (et moi, Reine du Chaos, je suis loin d'être la championne pour ça). Je constate depuis plusieurs semaines que plus je mets d'énergie à tenter de mieux organiser le temps, plus le jeune homme teste les limites, joue sur la ligne de ma patience, répond avec arrogance et/ou je-m'en-foutisme et/ou air nonchalant de "cause toujours, si je décide de te niaiser, te niaiser je ferai", cherche de l'attention de manière négative, exécute le contraire de ce que je lui demande en me dévisageant d'un air défiant qui attend ma riposte.
Respiiiiiiirer.
Nous testons depuis ce matin le calendrier de motivation. Grand-Homme a aimanté sur le frigo la routine à intégrer. Il faut entendre Fred, fébrile, parler de son calendrier et de ses responsabilités. Ce matin, même pas eu besoin de pousser dans le dos-m'obstiner-m'épuiser à demander. Il est autonome quand il veut. J'espère que la motivation sera suffisante pour créer à moyen terme une coopération qui me permettra d'économiser temps et énergie et de débarquer de la corde raide.
Je tente de prendre du recul pour avoir un regard d'ensemble sur le temps, comprendre ce qui cloche dans l'organisation. Pourquoi, en ayant des matinées mieux organisées (une fois le noeud passé), la routine du soir se décale jusqu'à 21h, 22h? Pourquoi lorsque je suis trop au-dessus de mes affaires durant la journée (genre repas déjà planifié ou à la mijoteuse), le soir est un fiasco? Pourquoi n'arrivons-nous pas à avoir le dessus sur un ordre minimal en la demeure? Je passe du temps de qualité avec ma fille, avec mon aîné qui cherche le dialogue et la proximité de sa mamounette d'amour mais je ne prends pas suffisamment de temps "plaisir" pour les quatre autres, je les bouscule, je ne vois presque pas mon amoureux en-dehors du chaos quotidien, je fais mes devoirs l'heure avant de partir à mon cours.
La moindre demande qui déborde du cadre d'une journée normale devient un poids écrasant. Prendre un rendez-vous chez le dentiste. Faire réparer mes lunettes. Faire le tri des bottes d'hiver. Faire installer les pneus d'hiver. Les enfants ont leurs exigences qu'ils nous rappellent sans arrêt (les multiples demandes se perdent parfois dans le chaos).
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Je tente d'instaurer des rituels et m'y tenir. Pas juste pour optimiser l'organisation mais aussi pour le plaisir. Mon café latté lorsque Bébé fait sa sieste. Pour les matins plus ardus, café latté Amarula. Mmm. Le luxe. Profiter d'une journée où mon homme a une période de libre juste avant le dîner pour m'enfuir en tête à tête avec lui clandestinement pendant que les enfants sont à l'école ou à la garderie. Au resto avec mon homme: pas d'enfants, pas de téléphone, pas d'ordi, pas d'interruption 14 fois au milieu d'une phrase, juste lui et moi, nous deux, nos quatre yeux et nos quatre mains.
Je ne me surprends plus à fantasmer sur un voyage. L'Italie me manque, je me remémore toutes ses merveilles et ce n'est pas assez, tellement pas assez. J'en veux plus, plus, plus. Découvrir encore et encore. Je m'enfuis en pensées dans une villa au bord de la mer en Espagne, dans un pub Irlandais, dans une interminable promenade dans les Highlands Écossais, sur une plage cubaine, à Banff pour un long trek, dans les Açores pour être perdue au milieu de l'océan. J'échappe au quotidien qui me dépasse mais qui me rattrape toujours.
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Bon, j'ai du boulot. Je vais mettre une énorme dinde au four, espérant être au-dessus de mes affaires ce soir. (Pas rapport, mais chaque fois que je manipule une dinde congelée, j'ai toujours peur de me l'échapper sur le pied. Et puis je me dis que je me casserais pour sûr quelques orteils et que je serais extrêmement gênée d'avouer au médecin que c'est une dinde morte qui m'a infligé cette ridicule blessure...aah, ces dindes, comme elles nous font divaguer parfois...)
8 commentaires:
Pour la dinde, si ça t'arrivait, tu ne serais certainement la première... LOL!!! C'est une conclusion pleine d'humour suite à ce texte plutôt sérieux.
Pour tes dîners en amoureux, sache que tu n'es pas la seule qui profite de ces seules heures de répit: chez nous aussi, c'est notre seul moment qui ne demande pas une immense organisation. :-)
Je te souhaite de trouver ta formule, celle qui sera la bonne pour ta réalité, celle de ta famille. Quand habituellement, nous sommes organisées, c'est difficile de se rendre compte que ça ne marche pas.
Je suis exactement au même point et, c'est décourageant. De mon côté, c'est la maladie qui complique les choses. Mais lentement, un pas à la fois, ça va mieux.
Courage, une maman solidaire.
*Ton billet m'a vraiment inspirée, merci de mettre en mots ce que je vis.
Plusieurs femmes ont des femmes de ménage et non pourtant le nombre d'enfants et les tâches associées que tu as ! Pourquoi pas une nounou ? Ca doit bien exister non ?...une de celle qui prendrait la relève sur plein de petites choses du quotidien et qui te permettrait alors d'organiser ce qui te tient à coeur à ta façon !
xx cricri
Accepter et faire ce que tu peux dans les circonstances.Tu me fais rire quand-même avec ta grosse dinde. On est mûres pour un petit café non?
Justement parfois je pense à toi... Je me dis que préparer chaque jour un super pour nourrir 8 personnes, ce doit être toute une job. Et il ne doit pas rester grand chose pour congeler des portions pour une autre fois, comme dans ma petite famille de 3 et bientôt 4 personnes en tout et partout... Quel luxe je vis de pouvoir faire une double recette qui permet de faire 3 soupers !!! Deux au congélo, un immédiatement dans les assiettes !
Lâche pas Grande dame. J'ai des amies qui se plaignent de ne pas avoir de temps pour aller sur Internet, qui ont deux enfants et une femme de ménage ! Dans ce temps-là, je pense à toi aussi :)
Quant à rêver voyages... on a la même maladie ! :)
J'aimerais ça avoir une recette (magique ?), t'envoyer un super plan, qui fonctionne bien.
Mais je ne vois pas. :)
Deux enfants de plus que moi... et deux boutchoux en plus.
Je pense avec écoeurement à MA lessive interminable, et j'imagine ton Everest à toi. Je regarde ma gigantesque épicerie de chez Costco, et je rajoute deux caisses pour ton épicerie, et toute cette bouffe à préparer.
En fait, ce qui te manque est une maison bi-génération, avec une belle-maman qui adore cuisiner et raffole de lessive.
(je sais, je suis désopilante).
J'ai déjà une copine qui avait une dame qui venait deux heures tous les matins, balayer, ramasser, faire une lessive, remettre à l'ordre.
Un fantasme en ce qui me concerne.
Hummm, en effet à part une aide-ménagère ou une nounou à temps partiel...
Moi je n'en ai jamais eu les moyens, mais c'est certes un luxe qui n'en serait pas un dans votre cas. M'enfin.
Je dirais qu'on ne peut sans doute pas organiser parfaitement la vie de famille, ou toute vie sur terre, de façon toujours organisée et, que dans une certaine forme de chaos, il y a bien sûr des désagréments, mais aussi la liberté suffisante pour les brins de folie, les situations comiques et l'expression de soi.
Je te comprends, malheureusement je suis moi-même en déficit absolu de plan parfait. Je suis, comme bien des «artistes» et ce même si je suis une mère de 6 enfants, fort libérale, nonobstant une base réaliste, en ce qui concerne la structure de l'organisation familiale. Personnellement, même si j'ai bien souvent la broue dans le toupet pour compenser, j'aime mieux m'en tenir à des règles de propreté de la maison, d'hygiène et d'entraide «de base», au lieu de devoir enrégimenter toute la maisonnée, moi la première, pour viser une , sommes toutes, virtuelle perfection (qui la vit donc? Et ceux qui la vivent, ont-ils le temps de vivre autre chose?) Perfection véhiculée, d'après moi, par les normes bon-chic-bon-genre de notre époque.(Comme ce fut d'ailleurs le cas à toutes les époques, mais selon des normes de perfection des rôles hommes, femmes et enfants, bien différentes) Remarque aussi que ces normes sont, bien souvent, calquées sur des gens qui ont très peu ou pas d'enfants (une maison impeccable, un plancher brillant, un décor de rêve...) ou dans les films américains (?)...
Je dirais, que sans te connaître, tu es vraiment perfectionniste (ce qui est une belle, mais exigente qualité!)et que ton désir se répercute partout autour de toi: Dans la belle éducation et les belles valeurs de tes enfants, dans les temps précieux que tu leur offres, dans le don de toi, mais aussi, dans ta naturelle fatigue...
Que te dire, un conseil de vieille routière: laisses tomber certaines attentes et concentres-toi sur «ton» essentiel.
C'est drôle ce que tu dis sur le chaos qui suit l'organisation parfaite d'un repas fait d'avance, les lunchs préparés, la maison rangée... J'ai remarqué cela lorsque je faisais des brunchs dans notre Auberge du Bas-du-Fleuve... Quand je me préparais plusieurs jours d'avance pour ce repas matinal et gargantuesque, on «ruschaient» toujours comme des malades lorsque les clients arrivaient pour bruncher. Ce qui faisait boule-de-neige et nous retardait pour le reste de la journée, jusqu'aux souper, parfois plus... En fait, c'est dans ces moments-là qu'on...étaient pas prêts!
J'y avais réfléchi à l'époque, peut être que cela s'applique aussi à toi? C'est simple, quand «presque» tout est prêt, il y a le «presque» qui cloche, et vu qu'on prend ça très mollo (tout est prêt), lorsque le temps arrive, le «presque» est pas fait et on rushe bien plus que si on avait gardé le rythme «soutenu» qu'on a habituellement! Trop simple. Il semblerait que le temps ait une tendance bêtement mathématique...
Prends soin!
France
Mamanbooh, on trouve où on peut.
Cricri, nous n'en avons guère les moyens mais je me demande si ça devrait être matière à réforme budgétaire. Ça mijote, en tout cas.
Marie, les restants, c'est vrai qu'il n'en reste pas grand chose ici. Je me rappelle d'il y a quelques années, la même recette de sauce à spaghetti me donnait quelque chose comme 7-8 repas. Aujourd'hui, nous en avons tout juste pour 3 avec mes ogres et ogres en devenir.
Les voyages, aaah, par procuration! :o)
Michèle, je sais pas si je dois m'inquiéter d'une suggestion qui me provienne d'une fille qui a littéralement agressé sa propre belle-mère. :OD
France, ici, l'ordre est très très "de base". Un tableau de tâches m'a été inspiré par une amie il y a deux semaines et je n'ai toujours pas pris le temps de le concevoir. Il y a tant de "en suspend" dans ma tête! :o/
Merci de ton commentaire, comme toujours, articulé et constructif.
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