L’accouchement est celui de la femme. Peu me contrediront à ce sujet, sauf peut-être un ancien collègue qui s’incluait naturellement dans tout ce qui concernait la grossesse de sa blonde : ON a des contractions, ON respire, ON focalise, ON devrait accoucher autour de telle date. C’en était un peu démesuré à mon avis de vouloir tout partager ce qui est intrinsèquement lié au corps de la femme et que l’homme ne peut vivre réellement que par compassion malgré la sincérité de son désir d’implication. Certains aspects de la grossesse appartiennent à la femme (mon ex-collègue aura beau dire ce qu’il voudra, c’est toujours bien sa douce et uniquement elle qui porte sur son corps les vestiges des grossesses aujourd’hui).
Au moment d’accoucher, c’est le corps de la femme qui fait tout le boulot, même si la présence de l’homme à ses côtés est capitale pour le soutien qu’il peut apporter. En dépit des encouragements de l’homme, son dévouement pour les mille exigences contradictoires de son amoureuse, son regard apaisant, ses caresses ou sa présence silencieuse, c’est la femme qui souffre, c’est la femme qui met au monde l’enfant.
La naissance, en revanche, même intimement liée à l’accouchement, « appartient » à l’enfant. Les deux parents pourraient donc parler à l’enfant de sa naissance d’une manière à peu près semblable (au niveau des faits) à partir du point de vue où ils se trouvaient. Pour ma part, la présence du papa est absolument nécessaire pour me permettre de remettre en ordre des détails qui m’ont échappé pendant que j’étais dans les brumes du pénible travail. En travail, mon besoin de mon amoureux est si grand que je le priverais de faire pipi, de respirer ou de manger pour l’avoir à mes côtés à chaque minute qui passe.
Où je veux en venir, c’est à mon étonnement vis-à-vis la dissociation accouchement/naissance que j’ai lue il y a quelques temps sur le blog d’un père. Selon mon interprétation de son billet, il y a moyen de distinguer nettement accouchement et naissance au point de focaliser sur l’enfant qui vient de naître en occultant toute la part de l’accouchement qui vient de se dérouler. En médecine, la scission entre les deux est nette : l’obstétricien s’occupe de la grossesse et de l’accouchement, le pédiatre s’occupe de l’enfant.
Au sein d’un couple, j’aurais espéré ces moments uniques, intouchables, indissociables. J’aurais espéré que pour le père, l’accouchement soit la partie essentielle, quoiqu’il arrive ultérieurement entre eux, qui amène à la merveilleuse naissance de cet enfant que les deux parents ont attendu si impatiemment. Selon ce que j’en ai compris, quand on déteste très fort son ex, on peut finir par préférer faire une distinction radicale entre l’accouchement et la naissance de manière à exclure la mère de la naissance de son enfant.
Ce billet m’a fait réfléchir car pour moi, l’accouchement et la naissance sont des moments d’une intensité inégalable au sein d’un couple. Je serais attristée qu’un jour, les deux pères de mes sept enfants aient le souhait de m’exclure de l’histoire de nos enfants au point de biffer toute l’intensité du moment qui a précédé leur naissance pour ne les faire exister qu’à partir du moment où ils étaient physiquement indépendant du corps de cette mère que le papa préfère maintenant n’importe où ailleurs que dans l’histoire de leur enfant commun.
Lorsque je parle à mes enfants de leur naissance, je leur raconte les détails qui donnent de la valeur au moment final et extatique de leur arrivée en ce monde. Ces détails incluent naturellement leur père et peu importe ce que pourrait devenir mon lien avec eux, je ne pourrais concevoir imaginer leur histoire sans eux.
7 commentaires:
Réflexion particulière en effet ! Pour ma part, je vis avec des enfants que ne sont pas "sortis de moi" avec un mari dont un des enfants est le sien... les autres, nous les avons adoptés...
Je n'ai donc accouchée d'aucun de mes enfants pour ainsi dire. Parfois, je me demande si ce fait m'avantage ou me désavantage...
Ce qui est certain, c'est que je n'ai pas le problème de la préférence ou du favoritisme! Ils sont tous égaux et occupent la même place.
J'ai un certain "recul" face à certaines situations... Pas facile à exprimer comme ça mais c'est là !!!
Merci pour cette réflexion !!!
Toujours intéressantes les réflexions de Grande Dame...
Ne me suis pas trop posée la question je l'avoue. En y repensant, j'ai quand même la sensation que l'accouchement n'était "qu'une" étape dans l'arrivée de Fille unique et préférée. Un passage obligé, auquel je savais ne pas pouvoir couper mais qui ne déclenchait pas beaucoup d'enthousiasme : ce que j'attendais - ainsi que son père - c'était la naissance de notre fille.
La vérité aura été que j'étais tellement épuisée par "l'étape" que je n'étais pas plus accueillante que cela finalement. Cela a été le moment de l'Homme qui enfin découvrait son enfant alors que j'essayais juste de surmonter ce qui venait de se passer physiquement...
Bref, peut être cela dépend-il de l'importance que l'on accorde à l'accouchement ???
Je ne peux qu'être d'accord avec toi.
Mon contrairement à ophise, j'adore accoucher. Bon c'est sur qu'il vient un moment où la douleur me scie carrément en deux et je perds totalement le contrôle. Je hurle (pas si fort que ça que mon chum me dit), je souffle, mais j'aime tout de même ça. :)
J'ai eu un gros frisson d'excitation en repensant à mes précédents accouchements et surtout à celui qui s'en vient. Wouarf!
ceci dit, bébé a déjà le contrôle sur nos vies. On dirait que ça prend d'autant plus d'ampleur au moment où les premières contractions se font sentir.
Chéri a toujours fait son possible pour vivre notre grossesse ensemble. Il prenait même beaucoup de poids en haut de la ceinture.
Et même s'il ne pouvait s'empêcher à chaque fois de s'évanouir derrière la table d'accouchement, ça me faisait chaud au coeur de voir à quel point il voulait participer (hihi).
(ça mobilisait une infirmière juste pour lui et lui mettre des compresses froides dans le visage).
C'est en tant que future grand-mère que j'ai vu changer le comportement de ma belle-fille au moment de la naissance de son premier enfant : douleur, émotion, elle a tout simplement mis "dehors physiquement et affectivement" tout autre personne qu'elle, et son enfant. Que s'est-il passé dans son esprit face à cette première naissance ? Nul ne le sait, c'est un mystère bien douloureux pour sa famille et sa belle-famille. Peut-être une jeune maman pourrait-elle nous l'expliquer, nous dire quel bouleversement a pu se passer pour qu'elle "oublie" toute l'affection que nous lui portons et que son mari lui porte ? Elle était seule et demeure "seule" face à cet enfant...Je ne sais comment exprimer ce qui s'est passé et les commentaires que je viens de lire me poussent à en parler bien que les cas exposés ne soient pas tout à fait les mêmes...Merci de pardonner cette intrusion. Une grand-mère perplexe.
Anonyme, vous croyez que c'est une question d'esprit? Pourquoi vous ne lui demandez pas naturellement, sans condamnation? Vous avez un beau lien avec elle?
Les grossesses et les accouchements sont différentes pour chacune d'entre nous. Perso, je suis vraiment très hormonale et plus j'ai d'enfants, pire c'est. Animale. Symbiotique. Émotive à l'os.
C'est peut-être décevant pour l'entourage qui réclame aussi "sa" part mais il me semble qu'il faut respecter le lien mère-enfant. Forcer cela ne ferait qu'empirer la situation...
Merci de votre réponse. Il n'est pas question de supprimer le lien mère-enfant, mais peut-être de faire comprendre que la mère n'est pas seule au monde devant cet enfant. Elle-même est née d'une mère et d'un père ; le compagnon, ou le mari, ou le chéri de cette femme qui accouche est bien pour quelque chose dans la "création" de l'enfant, non ? Et ce compagnon a lui-même ou a eu (décès possible) une mère et un père. Un bébé ne naît pas, la plupart du temps et dans notre cas surtout, seul. Il y a une famille, une belle-famille, non ? Alors, on annule tout ça ?
Oui, j'en ai parlé, ayant un lien affectif assez fort avec ma belle-fille. Le silence a été la seule réponse.
Je vous remercie encore de votre message. Le temps fera peut-être le bonheur de tous dans notre famille, un jour. Il nous permettra de réflechir, de comprendre et de moins souffrir.
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